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Café philosophique de Montargis - Page 46

  • INTERVIEW SUR C2L POUR LA SÉANCE DU 28 MARS 2014


    podcast

    Interview de Bruno sur C2L, à l'occasion de la séance "Famille(s) je vous aime, famille(s) je vous hais". 

     

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  • CAFÉ PHILOSOPHIQUE : "FAMILLE(S) JE VOUS AIME, FAMILLE(S) JE VOUS HAIS"

    Affiche Familles je vous aime familles je vous hais2.png

    La prochaine séance du café philosophique de Montargis aura lieu le vendredi 28 mars 2014 à 19H à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée

    Le débat sera intitulé : "Famille(s) je vous aime, famille(s) je vous hais"

     
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  • "LA PHILOSOPHIE AU COMPTOIR" SUR C2L : "L'AMOUR PEUT-il SE PASSER DE NORMES ?"

    Valent1.jpgClaire et Bruno proposent le lundi 24 mars 2014 un nouveau numéro de "La Philosophie au Comptoir", sur C2L (89.3 et sur c2l-radio.fr). Pascal Weber à la réalisation.

    Cette émission, intitulée "L'amour peut-il se passer de normes ?", est basée sur la séance du café philosophique de Montargis du 3 mai 2013.

     

     

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  • PROCHAIN CAFÉ PHILOSOPHIQUE : "FAMILLE(S) JE VOUS AIME, FAMILLE(S) JE VOUS HAIS"

    Famille_jim_daily.jpgLe prochain café philo de Montargis se tiendra le 28 mars, à partir de 19 heures, à la Brasserie du Centre commercial de La Chaussée. La famille sera au centre des débats puisque les participants seront invités à discuter autour de ce sujet : "Famille(s) je vous aime, famille(s) je vous hais."

    "Avoir", "Construire", "Être" une famille. Que désigne précisément cette notion ? Est-elle signe d'amour, de protection et d'éducation ? Doit-on la suivre, tout faire pour la préserver ou peut-on s'en défaire ? Quelle voie est-elle la plus souhaitable ? Quel statut, quelle valeur cette institution doit-elle revêtir ? Quant à l'individu, quel rapport peut-il avoir avec sa famille ? 

    Autant de questions, et bien d'autres, sur chacun pourra échanger le vendredi 28 mars, à partir de 19 heures, à la Brasserie du Centre commercial de La Chaussée. Participation libre et gratuite.

     

     

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  • COMPTE-RENDU DE LA SÉANCE "LA RAISON A-T-ELLE A S'OCCUPER DE L'IRRATIONNEL ?"

    Thème du débat : "La raison a-t-elle à s'occuper de l'irrationnel ?" 

    Date : 14 février 2014 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée

    Entre 40 et 50 personnes étaient présentes le 14 février 2014 pour cette séance du café philosophique de Montargis pour une séance intitulée "La raison a-t-elle à s'occuper de l'irrationnel ?"

    Un premier intervenant considère que la raison a certes des raison de s'attaquer à l'irrationnel, souvent synonyme d'excès, de tromperies et d'abus. La raison permettrait de déjouer et de contrer l'irrationnel, reposant sur des spéculations, des notions subjectives et à l'origine de peurs infondées ou de croyances fausses ou infondées. 

    Cette première intervention, dit Claire, éclaire une démarche scientifique en ce que l'homme, "animal doué de raison" (Aristote) doit "s'occuper" et supprimer toute dimension irrationnelle. L'irrationnel est considéré comme limite de la raison et doit être repoussé en tant que forme d'ignorance. Cette démarche s'apparente au rationalisme dogmatique : "Tout rationnel est réel et tout réel est rationnel", pour reprendre l'expression de Hegel. L'homme doit avoir pour objectif de supprimer toute forme d'irrationalité en tant que carence dans l'entreprise humaine et qui s'apparenterait à une forme d'obscurantisme. Nous devons, en tant qu'êtres doués de raison, avoir pour objectif d'expliquer le monde. Comme le disait René Descartes, "La raison est la chose au monde la mieux partagée" (Discours de la Méthode).  

    Finalement, rationnel et irrationnel, dit Bruno, semblent appartenir à deux sphères différentes totalement irréductibles et irréconciliables. 

    Or, l'irrationnel est-il réellement péjoratif ? Car, derrière cet obscurantisme, l'irrationnel porte différents apparats :  le rêve, l'art, le hasard, le chaos, les rumeurs, le conspirationnisme ou l'imaginaire. Une participante cite Gaston Bachelard qui voyait l'importance de l'irrationnel dans les sciences – dans l'art et le rêve par exemple.  L'existence humaine elle-même paraît toute entière être modelée par cet irrationnel  : qui suis-je ? D'où viens-je ? Où vais-je ? L'Histoire elle-même peut être vue comme raisonnable, avoir un sens (Hegel) mais aussi être considérée comme quelque chose d'irrationnel. Hegel, dans cette notion de dogmatisme rationnel, englobe dans la raison la distinction du vrai et du faux mais également ce qui est la forme de mon action – le raisonnable. Or, peut-on tout expliquer et tout contrôler, y compris les rêves, les sentiments, voire l'amour (cette présente séance a lieu un 14 février !) ? Ce qui est inexpliqué est-il inexplicable ? Prenons l'exemple du rêve. Ce dernier a longtemps été considéré comme une notion quasi divine (le songe). Cependant, il a été étudié par Sigmund Freud au cours du XXème siècle. Ce dernier va postuler la notion d'inconscient et justifier ce postulat comme scientifique : il considère que l'entreprise humaine doit tout rationaliser, y compris les rêves, jusqu'à créer une science, la psychanalyse. Autre exemple : la folie. Cette forme d'irrationalité n'est pas de l'illogisme. Ainsi, un psychotique est tout à fait rationnel dans sa démarche, tout comme le rêve est très rationnel même s'il est non-réel, fictif.  

    Il est dit que la raison a intérêt à repousser les limites de l'incompréhension. Des faits jugés longtemps comme irrationnels (l'univers, l'inconscient, etc.) sont ainsi tombés au cours des siècles dans la sphère de la raison. Claire cite Les Lumières, successeurs de Descartes, pour qui la raison humaine doit être impulsée afin que, le progrès aidant, l'Humanité se porte mieux (Kant). La raison est érigée comme rempart contre toute forme de barbarie. La peur sociologique de l'étranger entre de plein pied dans cette incompréhension de l'autre, de cet autre que je ne comprends pas. Les Grecs, à ce sujet, ont inventé un terme pour qualifier cet étranger : c'est le barbare, celui que l'on ne comprend pas, qui ne sait pas parler grec, qui parle par onomatopée, par des "ba ba" !  

    S'agissant de l'antiquité grecque, la raison vient du terme ratio, qui est le "calcul". Pour les grecs, la raison c'est le logos, qui est le même mot pour dire "raison" que pour dire "discours". 

    Quelque part, ajoute Claire, on en vient à confondre rationalité et "raisonnabilité". L'homme, en en sachant davantage va pouvoir devenir plus vertueux. Seulement, ce dogmatisme rationnel atteint ses limites lorsque, à l'instar de ce qui s'est passé au XXème siècle, la raison et les sciences dures sont utilisées à des fins destructrices : guerres mondiales, génocides  planifiés voire industrialisés, armes nucléaires, etc.

    Blaise Pascal se met dans une distance critique par rapport à la raison : "Le cœur a ses raisons que la raison ignore." Il parle là de foi et non d'amour et, ajoute-t-il, "la raison est bien trop faible si elle ne reconnaît pas ses limites." Dit autrement, quelqu'un qui pense qu'il doit tout expliquer n'est pas un homme ! Il y a des choses qui sont de l'ordre de l'indicible et du mystère, de l'ordre du "cœur". C'est bien de foi qu'il s'agit, au sens de la fides latine, une croyance qui se suffit à elle-même et qui n'a pas besoin d'explications, de réglementations et de limites. En assumant au contraire ces choses qui nous dépassent, l'on se placerait dans une posture humble et, quelque part, vertueuse.     

    Une question est posée au sujet de l'instinct : appartient-il à la sphère de l'irrationnel ? Ce qui est de l'ordre de l'innée semble être cassé par tout entreprise scientifique. Pour Freud, il n'y a pas d'instinct. Pour lui, le seul instinct humain est celui de l'acquisition de la culture, du savoir, de l'apprentissage et de la rationalité. Il considère que si on ne met pas du sens là dedans, on ne se comprend pas, on ne se connait pas et on ne répond pas à l'impératif socratique : "Connais-toi toi-même." Nous sommes là au cœur même du principe philosophique : celui de la suppression de toute notion instinctive, en l'expliquant. L'on peut également parler de la peur, une réaction reptilienne a priori irrationnelle : celle-ci peut être battu en brèche par la raison. Les mécanismes physiologiques de la peur sont bien connus de la science. Pour Freud, le corps "pense". On fait preuve de rationalité même lorsque c'est le corps qui réagit a priori spontanément – la peur, l'instinct, le rêve, etc. – car c'est le cerveau qui nous gouverne.    

    Pour un participant, le rationnel est évolutif. La raison évolue à travers les siècles. L'irrationnel, au contraire, serait une notion pérenne que rien ne peut combattre. Claire cite l'exemple de la Théorie du Genre : une expression créée de toute pièce par un homme politique à partir de l'expression "égalité des genres", une expression qui a écorchée, interprétée puis récupérée et amplifiée via les réseaux sociaux. Cette notion d'irrationnel est soumise à la foi et à des croyances solides et a sa vie propre en dehors de la raison. 

    Pour un autre intervenant, "on ne manquera jamais d'irrationalité" car l'irrationnel est une construction personnelle. Cette notion baigne dans notre vie et est omniprésente, qu'on le veuille ou non. D'où viendrait l'irrationnel ? Le corps a sa place : il impose sa propre logique et veut des signes pour combler un vide (un vide suite à un décès par exemple : longtemps après sa mort, Jane Birkin voulait voir son ancien compagnon Serge Gainsbourg partout, par une sorte de nécessité). On croit voir car on veut voir, mus par un besoin. Par contre, ajoute le même intervenant, étendre sa connaissance et sa raison apparaît bien plus nécessaire dans notre société. D'autant plus, est-il dit, que l'irrationnel est clairement utilisé par tous les pouvoirs en place pour faire adhérer tel ou tel peuple à telle ou telle politique ("Réenchanter le rêve", disait un homme politique). Pour autant, plusieurs participants regrettent le déficit d'irrationnel dans nos sociétés, et notamment parmi les jeunes générations : l'irrationalité serait une arme contre le formatage. Lorsque l'on parle de raison, tout se passe comme si il y avait une tendance une injonction morale pour des cadres rigides et des réalisations "raisonnables" – avec son lot de jugement moral ("Non, ma fille, sois raisonnable : tu ne pourras pas devenir actrice !").

    Le besoin de réaliser ses rêves est à ce point ancré en chacun de nous qu'un personnage comme Candide (Voltaire) refuse de rester dans le pays utopique d'Eldorado car, là, tous les rêves ont été réalisés (cf. débat du 10 janvier 2014 sur l'utopie, ainsi que ce texte). Dans le Projet pour une Paix perpétuelle de Kant, ce dernier explique que l'homme a besoin des autres pour survivre et atteindre le bonheur. Et ce bonheur passe aussi par cet élan vers le rêve et la folie.  

    La raison peut certes combattre l'irrationnel – "s'en occuper" dans un sens combatif – mais elle peut aussi y répondre voire se nourrir de l'irrationnel, pour ne pas dire l'exploiter. Un participant cite le surréalisme qui est "la rencontre fortuite d'une table de dissection d'un parapluie et d'une machine à coudre" selon André Breton. Ce faisant, l'irrationnel n'est plus à combattre mais devient un domaine riche de sens. 

    L'art (technè) reste une technique, faisant donc appel à un raisonnement, l'œuvre d'art est considérée comme autonome dont le but premier est d'interpeller le public. Pour un intervenant, l'oeuvre d'art est de l'ordre d'un langage propre, langage que les mots peuvent avoir du mal à expliquer, ce qui rend l'art stricto sensu, indicible. Claire prend pour exemple Séraphine de Senlis, peintre analphabète mais à la technique maîtrisée. Or, une réalisation artistique a beau être contrôlée, les idées procédant à ces réalisations restent de l'ordre de l'irrationnel, faisant d'une œuvre d'art non pas une simple création technique mais une œuvre ouverte (Umberto Eco) pouvant échapper à son créateur. Une intervenante cite également la biodynamie, une théorie incompréhensible utilisée dans l'agriculture.

    L'expression "s'occuper de l'irrationnel" peut aussi être vue dans un sens plus noble : "s'occuper" c'est "prendre soin de". La raison aurait tout à gagner à entretenir une forme d'irrationnel comme condition de dépassement et de prise de risque. Le lâcher prise serait dans ce cas salvateur : à trop vouloir chercher une finalité à tout et tout expliquer, l'on perd une forme de spontanéité qui serait propice au dépassement et au bonheur.      

    Pour Ludwig Feuerbach, ajoute Claire, le devoir de la raison de s'occuper de l'irrationalité peut nous faire entrer dans une idéologie qui peut être nocive car l'on s'empêche de vivre spontanément des choses non-inscrites dans un cadre, sans qu'il y ait un sens donné. Vivre un rêve incompréhensible, sans contrôle et pleinement, n'est-ce pas le rendre encore plus beau ? 

    La raison est cette faculté de discerner le vrai du faux et le bien du mal (Descartes). Je juge la valeur de mon action si je discerne ce qui est réel de ce qui ne l'est pas. Dans l'irrationalité il y a l'idée de l'irréalisable et de l'irraisonnable. Pour Henri Bergson, penseur de l'individu, il y aurait l'idée courante qu'il existe un ensemble de possibles qui précéderaient le réel ; la raison permettrait de faire ses choix parmi un ensemble de possibilités. Or, pour Bergson justement, cela ne se passe pas ainsi. On se nourrit sans cesse d'irrationnel car on rend possible des choix qui étaient impossibles au départ. Pour nous construire, il y a d'abord un ensemble de vides ("Entre le Tout et le Rien, c'est le rien qui l'emporte car il contient intrinsèquement le Tout", dit une participante).qui nous permet d'avancer. Il n'est certes pas absurde de désirer l'impossible car ce que nous réalisons était au départ impossible. Je me nourrit de l'irréalisé.  L'acte véritablement libre ne serait-ce pas celui que j'accomplis contre toute raison, l'acte fou et déraisonnable ? Dans ce sens, la raison s'occupe de l'irrationnel en le comblant et en y mettant sa patte.

    La théorie scientifique, exemple le plus marqué de la raison, est discuté en cours de débat. La théorie scientifique établit des règles à partir de ce qui marche et qui peuvent être discutées et remises en question quelques années plus tard. Or, les théories scientifiques ne sont sans doute qu'une partie de cette raison sur laquelle nous discutons.  Il y a en réalité plusieurs strates de raisons, de l'acratie (acrasia) aristotélicienne (je désire fortement une pâtisserie, alors même que ma raison m'ordonne que cela est mauvais) jusqu'aux sciences dures, construites patiemment grâce à la raison. S'agissant justement des théories scientifiques, celles-ci s'approchent dangereusement de l'irrationnel : théories du chaos, physiques quantiques, ce qui fait dire à Bruno que la frontière rationnel/irrationnel est ténu et que le  curseur rationnel et irrationnel est mouvant. Non seulement le rationnel est à géométrie variable mais il peut intégrer des notions aussi abstraites que le rêve, l'imagination ou le hasard (Gaston Bachelard).  

    Le rationnel dérange l'irrationnel et l'inverse n'est pas forcément vrai. Le but de la raison n'est pas de convaincre mais de comprendre, dit encore un participant. Le dernier mot resterait finalement à la critique qui servirait à naviguer entre rationnel et irrationnel, une critique qui nous permet de ne pas nous perdre et de vivre notre vie d'homme debout (Alain). 

    En fin de séance, quatre sujets sont proposés pour la saison du 28 mars 2014 : "Famille(s) je vous aime, famille(s) je vous hais", "L'État est-il une violence institutionnalisée ?", "Doit-on désacraliser le sacré ?" (un sujet proposé sur Facebook par un participant du café philosophique) et "Pourquoi fait-on des enfants ?" C'est le sujet "Famille(s) je vous aime, famille(s) je vous hais" qui est élu par les participants de cette séance.  

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  • DES ENFANTS SAUVAGES DANS UNE FAMILLE DE LA COURNEUVE

    Une famille avec un nourrisson et trois garçons de moins de 6 ans vivant en "enfants sauvages", n’ayant aucun contact avec l'extérieur , sans école ni soins, a été découverte début février par la police dans un appartement de la cité des 4.000 à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), a révélé jeudi 20 mars RTL. 

    Les enfants retrouvés sont des garçons de 6 ans, 5 ans et demi et 2 ans, ainsi qu’une fillette de bientôt trois mois. Deux d’entre eux seraient handicapés de naissance. Privés de soins, les aînés présentaient "des troubles majeurs du développement", incapables par exemple de marcher ou de parler correctement, et ont dû être tout d'abord hospitalisés à la demande des juges.

    La suite ici...

     

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  • NOTEZ BIEN LE PROCHAIN NUMÉRO DE "LA PHILOSOPHIE AU COMPTOIR"

    Le prochaine numéro de "La Philosophie au Comptoir" sur Radio C2L aura lieu le lundi 24 mars (et non pas le 17 mars comme prévu initialement) à 20 heures : "L'amour peut-il se passer de normes ?"

    Cette émission est également trouvable sur le site de C2L

    Cette nouvelle émission fera écho au débat du café philosophique de Montargis du 3 mai 2013 qui portait sur cette question. Pour en savoir plus, cliquez ici.

     

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  • "LA PHILOSOPHIE AU COMPTOIR" : PROCHAINE ÉMISSION LE LUNDI 17 FÉVRIER

    La prochaine émission de "La Philosophie au Comptoir" sera diffusée sur radio C2L (ex Radio Châlette) le lundi 17 février à 20 heures.

    Thème de ce nouveau numéro : "Puis-je faire ce que je veux de mon corps ?"

    Cette nouvelle émission, animée par Claire et Bruno, avec Pascal à la réalisation et au montage, reprend des enregistrements de la séance du café philosophique le 22 mars 2013, avec des extraits musicaux et audios. 

    Cette émission est également podcastable sur le site de C2L

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  • MERCI AUX PARTICIPANTS DE LA SÉANCE DU 14 FÉVRIER 2014

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    Le café philosophique de Montargis a réuni pour sa séance du 14 février 2014 septembre de 45 à 50 personnes. Le débat s'intitulait : "La raison a-t-elle à s'occuper de l'irrationnel ?"

    Claire et Bruno tiennent à remercier les personnes présentes. Bientôt, sur ce site, vous retrouverez comme d'habitude le compte-rendu de cette séance.

    La prochaine séance du café philosophique de Montargis aura lieu le vendredi 28 mars 2014 à 19 heures, à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée pour un débat intitulé : "Famille(s) je vous aime, famille(s) je vous hais"

    Notez également que la seconde émission de "La Philosophie au Comptoir" aura lieu le lundi 17 février à 20 heures su C2L. Titre de cette nouvelle émission du café philo : "Puis-je faire ce que je veux de mon corps ?

     

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  • CAFÉ PHILOSOPHIQUE : "LA RAISON A-T-ELLE À S'OCCUPER DE L'IRRATIONNEL ?"

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    La prochaine séance du café philosophique de Montargis aura lieu le vendredi 14 février 2014 à 19H à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée

    Le débat sera intitulé : "La raison a-t-elle à s'occuper de l’irrationnel ?"

     
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  • INTERVIEW SUR C2L

    Interview de Bruno pour radio C2L au sujet de la séance du café philosophique de Montargis "La raison a-t-elle à s'occuper de l'irrationnel ?"

    podcast

     

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  • "NOTRE MONDE INTÉRIEUR EST UN MONDE BIEN PLUS RICHE, PLUS VASTE"

    350.jpgQu’il soit enfant, adolescent, adulte, qu’il / qu’elle, soit conteur / conteuse, ou bien philosophe, l’individu emprunte parfois les sentiers de la rêverie, ces chemins innombrables et sans balises, que l’on nomme aussi son monde intérieur.  "Il est perdu dans ses pensées", "Il rêvasse",  "Il est ailleurs",  "Il est dans la lune", "Elle est dans les nuages", "Il est aux oiseaux", peut-on entendre. Tous, nous laissons quitter leurs branches à ces oiseaux que sont nos idées ; et là, dans un autre espace-temps, nous échafaudons des scénarios, des scénarios où pour toute logique président nos souhaits intimes, révélés ou non.

    Comme lorsque nous étions enfants, nous sommes dans des jeux de rôle. Un instant la bride est lâchée, nous voilà dans la déambulation de l’imagination, nous voilà sortis du quotidien. "Notre monde intérieur est un monde bien plus riche, bien plus vaste", écrit Nietzsche évoquant Leibniz.

    Dans cette divagation, l’être intelligible cède la place à l’être sensible. Ainsi, cette faculté de notre esprit à s’embarquer vers des lieux qui n’existent pas, semble montrer qu’une part de nous reste irréductible aux règles de la logique, de cette logique qui devrait guider notre vie. C’est comme une sorte de manifestation d’indépendance en nous-mêmes ; nous sortons du programme. C’est une façon de se retrouver, d’être en soi et à soi, comme le préconisaient déjà les philosophes Épicure et Sénèque : "C’est surtout lorsque tu es contraint d’être au milieu de la foule, que tu dois te retirer en toi-même". Ou encore, pour le dire à la façon de Montaigne : "Il se faut réserver une arrière-boutique toute nôtre, toute franche".

    Guy-Louis Pannetier

    Café philo de Chevilly-Larue et L'Haÿ-les-Roses

     

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  • BIENTÔT LE DEUXIÈME NUMÉRO DE "LA PHILOSOPHIE AU COMPTOIR"

    Bientôt, sur Radio C2L (ex Radio Châlette), vous pourrez retrouver le deuxième numéro de "La Philosophie au Comptoir", l'émission de radio du Café philosophique de Montargis. 

    Thème de cette émission : "L'amour peut-il se passer de normes ?"

    Le numéro 1 de "La Philosophie au Comptoir", "Puis-je savoir qui je suis ?", est toujours disponible en podcast sur le site de C2L.

     

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  • PROCHAIN CAFÉ PHILOSOPHIQUE : "LA RAISON A-T-ELLE A S'OCCUPER DE L'IRRATIONNEL"

    6a00d8341c026953ef017c32ca526f970b.jpgLe vendredi 14 février le café philosophique de Montargis proposera sa prochaine séance. Les participants seront invités à répondre à cette question: "La raison a-t-elle à s'occuper de l'irrationnel ?"

    Quoi de plus éloigné que raison et irrationnel ? Alors que la raison est à la base même de la philosophie, l'irrationnel semblerait y être étranger et n'aurait finalement aucune... raison d'être. Pour autant, force est de constater que l'irrationnel reste omniprésent : folies, religions, rêves, hallucinations, pratiques ou expériences paranormales, etc. La raison est-elle définitivement mise hors-jeu dans l'appréhension de cet irrationnel ? Et si la philosophie s'intéresse à l'irrationnel, risque-t-elle de se désavouer ? Ou bien peut-on trouver dans cet irrationnel des solutions pour une compréhension du monde réel ?

    Ce sont autant de questions qui seront débattues le vendredi 14 février, à partir de 19h, à la Brasserie du Centre commercial de La Chaussée.

    Participation libre et gratuite.

     

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  • COMPTE-RENDU DE LA SÉANCE "L'UTOPIE EST-ELLE DENUEE DE TOUTE VALEUR ?"

    Thème du débat : "L'utopie est-elle dénuée de toute valeur ?" 

    Date : 10 janvier 2014 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée

    Le vendredi 10 janvier 2014, le café philosophique de Montargis se réunissait pour une nouvelle séance intitulée "L'utopie est-elle dénuée de toute valeur ?" Environ 70 personnes étaient présentes pour ce nouveau rendez-vous, le 38e de l'animation philosophique de La Chaussée.

    Cette séance commence par une définition de l'utopie – à aussi mettre en parallèle avec son contraire, la dystopie (contre-utopie). Ce mot d'utopie, dit une intervenante, vient étymologiquement du grec ou ("non") et topos ("lieu"). Il a été créé par Thomas More dans son ouvrage Utopia (cf. ce texte), qui parlait justement d'un monde imaginaire et d'une société idéale, quelques siècles après la République de Platon (cf. également ici). Dans le langage courant, ce terme a également pris une connotation péjorative : être utopique c'est croire en une chose irréalisable. 

    Il est dit, en ouverture de ce rendez-vous, que l'utopie est la projection individuelle d'un rêve qui serait destiné à un groupe de personnes. Cela peut prendre la forme d'un lieu, d'une société et de projets qui vont, a priori, dans un sens de progrès vers l'Humanité. Un participant évoque l'utopie comme moteur vers le progrès technique : que l'on pense à des inventions dans l'aéronautique ou dans la conquête spatiale. Jules Verne apparaît d'ailleurs comme l'un des maîtres de cette littérature utopique (Paris au XXe siècle).  

    L'utopie recouvre également l'utopie politique ou sociétale. Or, ce que d'aucuns pourraient considérer comme utopique dans la construction d'une société (on pense notamment au communisme au cours du XXe siècle) peut au contraire être considéré comme contre-utopique, à savoir la transformation d'une société rêvée en un cauchemar à l'échelle d'un pays (dictature du prolétariat se transformant en dictature tout court, élimination physique des opposants à une idéologie sensée apporter le bonheur sur terre, etc.). Il semblerait, ajoute Bruno, que le terme "utopie" contient avec lui son pendant "contre-utopie". Un programme de société idéale, où les habitants vivraient heureux, en harmonie, sans guerre, sans famine, sans malheur, paraît d'emblée drainer une forme de suspicion. Si bien que lorsque l'on parte d'utopie, on reste méfiant jusqu'à parler presque systématiquement de contre-utopie, à l'exemple de 1984 de George Orwell (cf. ce texte) ou Le Meilleur des Mondes d'Aldous Huxley.  Cette méfiance peut s'expliquer par l'échec de grandes utopies au XXe siècle : l'utopie communiste ou le nazisme en premier lieu.     

    Quand on parle d'utopie, dit Claire, cela peut avoir autant une connotation péjorative (de grandes idéologies criminelles) ou méliorative (les progrès techniques). Toutefois, derrière ce concept se cache cette question : doit-on accomplir ses rêves ou bien sont-ils faits pour rester à l'état de fantasme ? Car, finalement, mes rêves ne sont pas forcément ceux de mes semblables. Doit-on désirer l'impossible et ces désirs assouvis ne sont-ils pas forcément un bien pour certains et un mal pour d'autres ? Dit autrement, les utopies sont-elles appelées à ne pas se réaliser ? L'utopie semblerait être autotélique : elle porte en elle-même sa propre fin même si elle a pour but la réalisation de cet idéal. Elle naît d'un rêve a priori inaccessible à un instant T et vise son assouvissement. Nos désirs d'impossible doivent-ils être domptés ? Pouvons-nous être nous-mêmes si on ne tente pas de faire de l'utopie une réalité ? Quelle est finalement la valeur de l'utopie ? J'ai des rêves et j'essaie de les réaliser, de leur donner vie. Dans ce cas, ne serait-ce pas là la valeur de l'utopie ? Ne porte-t-elle pas en elle-même sa propre valeur ? L'utopie se fonde sur les imperfections. On ne peut jamais être sûr que l'utopie le restera ou non. 

    Finalement de quoi parle l'utopie sinon de notre réalité, ici et maintenant ? Un intervenant évoque comme valeur utopique la naissance d'idées que chacun pourrait prendre à son compte en dépit des résistances. Finalement, la valeur de l'utopie serait sa contre-utopie. Elle nous tend un miroir : serais-je prêt à accepter ce monde idéal ou non ? Claire cite à ce sujet Raymond Trousson : d'après lui, lorsque l'on repense à telle ou telle utopie qui s'est réalisé, on peut être amené à se demander si elle était souhaitable, et si sa valeur n'était pas justement de ne pas être réalisé. Un monde utopique peut ainsi vouloir réaliser sur terre l'égalité pour tous. Mais l'envers de cette égalité ne serait-elle pas l'uniformité, avec toutes ces dérives comme le souligne Jean-Jacques Rousseau ? Ce dernier peut bien condamner la propriété. Cependant, à partir du moment où l'on met décrète l'égalité, on fonde la société mais on se gangrène aussi parce que l'on aura tous le droit à des biens. Est-ce souhaitable dans cette société idéale ?  

    Toutes les utopies sociales et politiques, dont les mises en place ont d'ailleurs souvent apporté leur lot de violences, ne se valent pas forcément. Finalement, l'utopie technique poserait moins de problème moral dans la mesure où les progrès scientifiques ou médicaux (l'hygiène, les moyens de transport, etc.) semblent aller vers un progrès a priori bénéfique à tous. En ce qui concerne, les utopies politiques ou sociétales, les choses se compliquent : l'utopie d'un seul ou de quelques uns qui serait imposée à tous, uniformément, est considérée avec méfiance. Dans Candide, Voltaire met en avant le départ de l'Eldorado afin que Candide redevienne lui-même. Chacun aurait besoin de sa propre utopie pour se réaliser. Le résultat est que certaines utopies collectives seraient fatalement pourvoyeuses de contre-utopies. S'agissant de sociétés idéales, Bruno précise que les grands utopistes imaginaient souvent des sociétés finalement réduites (quelques 100 000 personnes pour l'île d'Utopia chez Thomas More). Un intervenant rebondit en considérant qu'aujourd'hui les utopies sont appelées au contraire à devenir planétaires et véritablement universelles (l'écologie par exemple). Cela dit, "les petites utopies n'empêchent pas les grandes utopies", permettant d'améliorer le genre humain.  

    L'utopie peut certes prendre plusieurs visages, dit un autre participant : utopie sociale, politique, technique. Mais n'y a-t-il des utopies morales ? L'amour, la non-violence, voire les religions. L'un des premiers utopistes est s. Augustin avec la Cité idéale (La Cité de Dieu), une idée qui a fait son chemin jusque dans de grands empire (l'Empire carolingien par exemple).  

    Pour un participant, une utopie reste une utopie à partir du moment où elle n'a pas été réalisée. Et le jour où cette utopie prend vie, finalement elle n'a jamais été une utopie car elle a pour essence d'être irréalisable. Bruno, comme d'autres intervenants, se place en porte-à-faux en citant le philosophe Karl Mannheim (cf. ce texte ici). Ce dernier dégage une caractéristique de l'utopie qui est la non-congruence : un récit utopique parle d’une organisation politique ou sociale dont l’existence n'est pas attestée par la science historique de son temps. Ainsi, dans les années 1970, l'utopie de voir un ordinateur dans chaque foyer est reste utopique au moment où elle est énoncée, même si quarante ans plus tard cela ne l'est plus (en savoir plus ici). 

    Une autre caractéristique de l'utopie, par rapport aux œuvres imaginaires en générale, est l'engagement de l'auteur pour la mise en place de l'utopie qu'il a imaginée : L’utopie a une part de revendication de l’auteur ("La raison devient utopique quand cette protestation contre le pouvoir en place ne trouve pas d’issue historique" disait Paul Ricoeur).

    Mettre une utopie à l'état de projet c'est déjà vouloir lui donner une existence rationnelle, c'est croire qu'un autre monde est possible. C'est mettre dépasser les limites et imaginer quelque chose qui n'existe pas encore. Les utopistes, affirme un intervenant, sont des penseurs qui bousculent la société pour pousser cette dernière à changer de modèle, de paradigme. L'utopie pourrait être une vitamine intellectuelle dans le sens où sont proposés des solutions à des problèmes donnés. L'utopie a vocation à être incarnée : des idées sont mises en branle par des personnes passionnées, des intellectuelles qui la défendent, qui la portent. Un participant prend pour exemple la démocratie. Il y a également le projet utopique européen. Cette construction, mal en point et critiquée de nos jours, reste une idée majeure et pensée par de nombreux intellectuels depuis plusieurs siècles. Emmanuel Kant en avait par exemple dessiné les contours :  dès avant la Révolution française, l'union politique du contient européen lui paraissait inéluctable (Une histoire universelle du point de vue cosmopolitisme). 

    Il y a une nécessité utopique, dit un participant : "Ils ne savaient pas ce que c'était impossible; donc ils l'ont fait" selon Mark Twain. L'utopie a du sens car elle permet de lutter contre des idées d'une époque et de se projeter dans l'avenir. En réalité, l'utopie peut être considérée comme bénéfique et encouragée (l'utopie technique, par exemple, représenté par Jules Verne, cf. ce texte) mais elle peut aussi bien être considérée comme gênante lorsqu'elle dérange les idées d'une époque ou bien les habitudes d'une société. Des réalisations révolutionnaires peuvent capoter en raison de leur violence (le nazisme) mais elles peuvent aussi aller à contre-courant de l'économie ou de la politique."Rien n'est plus fort qu'un idée dont l'heure est venue", disait Victor Hugo.

    Des intervenants évoquent également des exemples d'organisations utopiques à plus petite échelle : l'AMAP de Cortrat (voir ce lien), près de Montargis (la première AMAP du Loiret)  des jardins collectifs,  des "incroyables cosmétiques" des SCOP (Rouville), des économies parallèles au préalable généreuses et altruistes. Ce sont des idées qui vont à contre-courant du système. Mais pour que cela se réalise, il faut mettre en place des règles de fonctionnement. Avec la différence de taille avec beaucoup de sociétés c'est que l'adhésion est libre.    

    Claire met en avant l'importance de penser chaque utopie comme une chose réalisable. Gustave Le Bon dans La Psychologie des Foules, affirme que l'être humain reste mû, même physiologiquement, par ses désirs d'impossible et par la réalisations de ses rêves. Et, ajoute-t-il, lorsque des hommes sont réunis, il suffit de les faire rêver, mettre entre parenthèse leur raison, pour les manipuler. C'est aussi le sujet du film Inception (cf. bande annonce), de nombreuses publicités ou des campagnes politiques. La valeur du rêve et de l'utopie pourrait être le dépassement et le progrès. L'importance serait d'avancer. L'utopie serait "l'autorisation de rêver" - si ce n'est "l'obligation de rêver". 

    Cette puissance de l'imagination doit être le départ d'une longue marche vers de nouveaux paradigmes, pour pouvoir créer les meilleurs des mondes.   

    La séance se termine par le vote du sujet du prochain café philo, le vendredi 14 février à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée, à 19 heures. Trois sujets sont proposés par Claire et Bruno : "La raison a-t-elle à s’occuper de l’irrationnel ?", "Les morts ont-ils droit de Cité ?" et "L'État est-il une violence institutionnalisée?" C'est le premier sujet qui est choisi : "La raison a-t-elle à s’occuper de l’irrationnel ?" 

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  • LE CAFE PHILO DANS "LE MAG" SUR RC2L

    william.JPGRetrouvez sur ce lien l'interview de Bruno pour radio C2L dans "Le Mag" du samedi 18 janvier 2014, présenté par William (photo). Il y était question du café philosophique de Montargis mais également de la nouvelle émission sur C2L "La Philosophie au Comptoir" (première diffusion le 20 janvier avec le premier numéro : "Puis-je savoir qui je suis ?" ).

    "Le Mag" en podcast.

     

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  • CE SOIR : "LA PHILOSOPHIE AU COMPTOIR"

    Chaque mois depuis plusieurs années, le Café philosophique de Montargis donne rendez-vous à la Brasserie du Centre Commercial de La Chaussée pour un débat. La nouvelle émission "La Philosophie au Comptoir" propose aux auditeurs de C2L de s’arrêter sur une question discutée lors d’un précédent débat autour d’extraits de ces séances, d’interventions de Claire et de Bruno sous forme de conversations et d’extraits musicaux, de citations ou de scènes de films.

    Premier numéro le lundi 20 janvier à partir de 20 heures sur C2L : "Puis-je savoir qui je suis ."

    Pour en savoir plus, cliquez sur ce lien

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  • EN PRÉAMBULE DE "LA PHILOSOPHIE AU COMPTOIR"

    Et, en amuse-bouche, sur C2L, dans la Quotidienne de lundi, de 9 heures à 10 heures puis de 18 heures à 19 heurs, un reportage sur le café philo. Où certains se reconnaîtront...

     

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  • LE CAFÉ PHILOSOPHIQUE À LA RADIO : "LA PHILOSOPHIE AU COMPTOIR"

    C2L.JPGLe café philosophique de Montargis fixe un nouveau rendez-vous, cette fois à la radio

    Sur C2L (ex Radio Châlette), le lundi 20 janvier 2014, à partir de 20 heures, aura lieu la première émission "La Philosophie au Comptoir". 

    Chaque mois, le café philosophique de Montargis proposera aux auditeurs de C2L de s'arrêter sur une question discutée lors d'un de ses précédents débats. Les émissions seront constituées d'extraits de ces séances, d'interventions de Claire et de Bruno sous forme de conversations et d'extraits musicaux et audios. 

    Le premier numéro de "La Philosophie au Comptoir" sera intitulé "Puis-je savoir qui je suis?", sujet d'un débat le 1er mars 2013 (pour en savoir plus, cliquez sur ce lien).

    Cette émission sera également disponible en podcast sur le site de C2L.

    Réalisation et Montage : ¨Pascal Weber, avec Claire Durand et Bruno Chiron  

     

     

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  • MERCI AUX PARTICIPANTS DE LA SÉANCE DU 10 JANVIER 2014

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    Le café philosophique de Montargis a réuni pour sa séance du 10 janvier 2014 septembre de 60 à 70 personnes. Le débat s'intitulait : "L'utopie est-elle dénuée de toute valeur ?"

    Claire et Bruno tiennent à remercier les personnes présentes. Bientôt, sur ce site, vous retrouverez comme d'habitude le compte-rendu de cette séance.

    La prochaine séance du café philosophique de Montargis aura lieu le vendredi 14 février 2014 (et non pas le 21 février comme annoncé précédemment !) à 19 heures, à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée pour un débat intitulé : "La raison a-t-elle à s'occuper de l'irrationnel ?"

    Bientôt, également, le café philosophique fixe rendez-vous à la radio, sur C2L (ex Radio Châlette). Plus d'informations sur ce site dans quelques jours.

     

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  • PROCHAIN CAFÉ PHILOSOPHIQUE : "L'UTOPIE EST-ELLE DÉNUÉE DE TOUTE VALEUR?"

    Utopie visuel café philo.jpgLe vendredi 10 janvier aura lieu le premier café philosophique de 2014, et c'est à une dimension onirique que ses participants ont choisi de s'attaquer ! "L'utopie est-elle dénuée de toute valeur ?" : ce sera le sujet du prochain café philosophique de Montargis.

    A priori l'utopie désigne un monde parfait, exempt de problème. Elle signifie donc, au contraire, une civilisation qui a atteint le bonheur collectif, ou comme le disait Aristote, le "Souverain Bien". Pourtant, lorsque Candide découvre l'Eldorado, et alors qu'il est invité à y rester, décide, malgré son optimisme, de l'abandonner ; de son propre aveu, il ne pourra y être lui-même (voir ce texte). Alors, l'utopie est-elle souhaitable ? Faut-il réaliser ses rêves ou au contraire les laisser au stade de fantasmes ? Les utopies ne sont-elles pas là pour nous rappeler que le rêve doit rester un projet ? 

    Ce sont autant de questions qui seront débattues le vendredi 10 janvier, à partir de 19 heures, à la Brasserie du Centre commercial de La Chaussée.

    Participation libre et gratuite.

     
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  • CES PRÉDICTIONS DE 1900 QUI SE SONT RÉVÉLÉES EXACTES

    Un journal américain a ressorti de ses archives un article datant de 1900 qui tentait d'imaginer le monde tel qu'il serait à la fin du prochain siècle. Cent-douze ans plus tard, la plupart des prédictions se sont réalisées.

    1900.jpgEn décembre 1900, un ingénieur américain nommé John Elfreth Watkins Jr publie dans le supplément féminin du Saturday Evening Post, un article intitulé «ce qui pourrait arriver dans les cent prochaines années». «Ces prophéties peuvent paraître étranges, voire improbables. Pourtant, elles proviennent des esprits les plus savants d'Amérique», expliquait l'auteur en introduction.

    John Elfreth Watkins Jr a demandé à l'aube du XXe siècle «aux esprits les plus sages de nos plus grandes institutions scientifiques» quelles seraient les prochains axes de recherche de leur domaine de compétence «avant la fin 2001». Plus d'un siècle plus tard, le journal a exhumé cet article de ses archives. Les résultats sont étonnants.

    Les prophéties qui se sont réalisées ...

    • L'air climatisé et le chauffage central: "Tout comme nous utilisons les robinets d'eau chaude et d'eau froid pour réguler l'eau de notre bain, nous pourrons régler la température de la maison avec des robinets d'air chaud et froid", écrit John Elfreth Watkins Jr. "Plus besoin de se lever tôt pour nourrir le feu. Les maisons n'auront plus de cheminées, car il n'y aura plus de fumée".

    • Les plats préparés...

    LA SUITE ICI...

     

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  • COMPTE-RENDU DE LA SÉANCE "UN BON ARTISTE EST-IL LE SURHOMME ?"

    Thème du débat : "Un bon artiste est-il le Surhomme ?" 

    Date : 29 novembre 2013 à l'AGART d'Amilly.

    Le 29 novembre 2013, le café philosophique de Montargis (qui, exceptionnellement, devrait plutôt s’appeler "Café philosophique d’Amilly") se décentralisait à la galerie d’art d’Amilly l’AGART pour un sujet intitulé "Un bon artiste est-il le Surhomme ?" Cette séance se déroulait au milieu de l’exposition "Recouvrement", constituée d'oeuvres de Marcel Dupertuis, Claudie Laks et Ernesto Riveiro.

    Le premier point qui est posé est celui de cette définition du Surhomme. De quoi parle-t-on ? d’un "Superman" ou d’un "James Bond" pour reprendre les réflexions d’Umberto Eco dans son essai De Superman au Surhomme (cf. cet article) ? Ce concept de Surhomme est en réalité emprunté à Nietzsche (Übermensch). Pour une première participante, ce terme de "Surhomme" est troublant car il a historiquement subi les avanies de l’Histoire – on pense, évidemment et hélas, au Nazisme, qui a récupéré et instrumentalisé ce mot. Qui dit Surhomme, ajoute cette participante, dit hiérarchie entre les hommes. C’est par là même considérer qu’il y a des "sur hommes" et des "hommes inférieurs". Et si l’on se place sur le terrain de l’art, parler de Surhomme c’est nier les capacités artistiques de tout un chacun.

    Pour une autre intervenante, le Surhomme n’est pas à voir comme un individu au-dessus de la mêlée, dominateur et conquérant, mais comme une personne "enveloppant" ses contemporains. L’artiste pourrait être celui ou celle s’entourant de l’art pour exister. L’artiste a une vision différente, dit un nouveau participant, qu’il exprime au travers d’un médium qui peut aussi bien être la peinture, la sculpture, la musique, la littérature ou le cinéma. Car au centre de la définition de l’artiste, il y a d’abord la création d’une œuvre d’art.   

    Alborada, 207x243.jpgDans notre inconscient, de quoi parle-t-on lorsque l’on évoque le terme Surhomme ? Sans doute d’invocation, d’un pouvoir de surpassement quasi divin. Tel un "fakir", l’artiste aurait reçu un don quasi mystique qu’il peut maîtriser. Il est patent, dit une participante, que la découverte des arts premiers soit aussi celle de créations en rapport avec des religions, voire à des fonctions magiques. Bruno cite à ce sujet Piet Mondrian : "L'art étant surhumain, il cultive l'élément surhumain en l'homme et se trouve être, par conséquent, un moyen d'évolution de l'humanité au même titre que la religion". Un participant réagit ainsi : "Ce qui est magique c’est ce que l’on n’attendait pas." Or, il apparaît qu’il y a bien de la rationalité dans ces créations transcendantes. Au XXe siècle, le Cubisme, invention ahurissante à l’époque, n’est jamais que le fruit d’un travail et de réflexions. "C’est un jeu de l’esprit et de la sensibilité" poussé en profondeur.

    Dans les propos nietzschéens, il n’y a pas l’idée que le Surhomme vient écraser les autres. Il est d’abord question d’un dépassement. Par ailleurs, et pour reprendre les propos d’Henri Bergson, les artistes savent s’extraire de la réalité pour la voir autrement. En quelque sorte, ils bâtissent un monde entre la nature et la culture et élèvent l’Humanité. En cela ils peuvent être définis comme des Surhommes. Ce surpassement, est-il dit, ne doit pas être l’apanage des seuls créateurs. Chacun a la possibilité, dans la mesure de ses capacités, de devenir ce Surhomme nietzschéen.

    IMG_2750[1].jpgQuelle est la finalité esthétique de l’artiste, s’interroge Claire ? Il a été dit que ce qui se joue est d’abord la création d’une œuvre. Cela étant, l’artiste voit-il la réalité différemment du "commun des mortels" ? Est-il "doué" d’un don que le commun des mortels n’a pas et qu’il aurait su exploiter et travailler ? Mozart écrivait d’ailleurs ceci : "Quand je me sens bien et que je suis de bonne humeur […], les pensées me viennent en foule et le plus aisément du monde. D’où et comment m’arrivent-elles ? Je n’en sais rien, je n’y suis pour rien." Il y a cette idée que quelque part l’artiste le devient comme une évidence, par vocation ou, mieux, par orientation. 

    Si l’on parle du don quasi divin reçu par tel ou tel créateur, il ne faudrait pas oublier la place du travail, de l’éveil et de la culture de ce don. Mozart peut bien mettre en valeur la source mystérieuse de son talent, les œuvres naissent en général à la sueur du front. Ainsi, Serge Gainsbourg avait beau présenter ses musiques comme "des œuvres mineures", sorties ex nihilo, il s’avère en réalité que ses plus grandes chansons (Initials BB, notamment. Cf. ce lien) étaient travaillées de manière extrêmement rigoureuses. Une œuvre est souvent un long cheminement, qui n’a rien à voir avec une démarche merveilleuse ou divine.

    Un artiste présent dans la salle réagit : finalement, n’est-ce pas la société qui souhaite voir tel ou tel musicien, plasticien ou cinéaste comme un "être d’exception" ? Le respect pour l’artiste est certes indéniable dans nos sociétés. Dans le même temps, elle souhaite aussi qu’il n’y en ait pas trop ! Le marché de l’art est dans la même posture, cette fois pour des raisons économiques. De grandes créations sont considérées par de nombreux investisseurs comme des marchandises et des placements, au même titre que des actions ou des immeubles. L’artiste, qu’il soit célèbre ou au contraire anonyme, peut considérer que son supplément d’âme le place au-dessus du commun des mortels. La société lui renvoie et lui inspire cette idée que le créateur a une mission qui le transcende, au point qu’il doit être détaché des contingences matérielles. Établir une comptabilité pour la gestion de son atelier d’artiste, par exemple, a été longtemps considéré par des artistes comme une aberration. Ce n’est plus vrai aujourd’hui, pour le meilleur mais aussi pour le pire. L’économie et l’argent sont omniprésents dans le domaine de l’art. Des créations sont mercantilisées parfois jusqu’à l’absurde : une œuvre de Vincent Van Gogh est de nos jours vendue à des prix astronomiques alors que l’artiste a été ignorée à son époque et est mort pauvre et seul. La finance a un pouvoir délétère sur les créations, commente une intervenante, au point que l’artiste peut être parfois considéré comme un "sous-homme". L’art, longtemps considéré comme gratuit, se trouve "dévalorisé" par l’argent, par ventes aux enchères et par des grands salons d’art contemporain – FIAC ou autres. Les œuvres sont devenues des marchandises  part entière et des artistes sont devenus des marques (Jeff Koons), étouffant par ailleurs toute forme de différence. Certes, le côté mercantile est bien présent, réagit Claire, mais cet aspect est loin d’être prégnant dans cette exposition "Recouvrement" de l’AGART, au milieu de laquelle se déroule cette séance du café philosophique de Montargis !  

    riveiro.jpgComment pourrait-on définir un bon artiste ? Un participant suggère que le bon artiste pourrait s’apparenter au "bon sauvage" de Rousseau. Pour un autre intervenant, le bon artiste pourrait être celui qui aurait trouvé son bon mode d’expression, au point de le sublimer. Pour une participante, un artiste suscite la rencontre, à une certaine époque, entre une émotion artistique et un talent. Vecteur de pensées positives – si tant est que l’émotion peut être positive. L’artiste doit respecter ses brillants prédécesseurs, dit une participante, sans pour autant les ménager car sans cela il n’y aurait pas d’impulsion dans l’art nouveau. Les vrais et bons artistes sont rares. Ce sont ceux qui vont nous amener vers une autre dimension que la condition humaine. Ce sont aussi ceux qui s’extraient de la tentation de créer dans la virtuosité pure – dit autrement : "faire du tapage" – pour proposer une œuvre d’art "consistante" – un "fond". L’artiste ne serait-il pas celui qui créé grâce à l’expression de soi ? Cette expression passe par un langage unique et différent qui interroge le public, voire le fait rêver. 

    L’autre question à se poser, dit Claire, c’est si l’artiste a un message à transmettre. Dit autrement, en quoi telle ou telle création apporte quelque chose d’inédit. Le surnaturel n’a rien à voir là-dedans : on découvre quelque chose que l’on ne connaissait pas, qui est le fruit d’un travail. Et ce message, cette invention, n’est pas souvent facile à décrypter : il faut parfois un "mode d’emploi" et être "éduqué". 

    S’il peut paraître aisé "d’entrer dans certaines œuvres" (un tableau de Vinci ou un concerto de Mozart), la chose peut est moins aisé pour d’autres créations : la musique dodécaphonique ou un tableau de Francis Bacon. Or, la compréhension peut être affaire de temps : tel ou tel va être hermétique à un livre ou un film à un certain âge puis va y être réceptif quelques années plus tard. Les jeunes enfants, hypersensibles sans préjugés, sont un modèle, dit une participante, en ce qu’ils parviennent à approcher des œuvres d’art avec souvent intérêt et clairvoyance.

    Marcel Dupertuis.jpgQue recouvre l’art au final ? Peut-on dire qu’un cuisinier est un artiste ? Cette question posée par une participante rejoint, dit Bruno, une autre question beaucoup plus large : celle de la différence entre artiste et artisan, bien que ces deux mots viennent du même terme "art" – technè. Un cuisinier est un artisan, dans le sens où c’est une personne qui créé quelque chose – un plat, une assiette, etc. – qui peut être esthétique, mais avec une vocation utilitaire. L’artisan produit et surtout reproduit. Pour Platon (La République), l’artisan est digne de vivre dans la Cité alors que l’artiste ne sert à rien. Ses créations sont vaines dans le sens où il fait une imitation de la nature qui est elle-même une imitation du monde des Idées. L’art est la production du beau qui doit être inutile, dans le sens économique du terme. L’artiste est finalement une invention moderne (La Renaissance). Leonard de Vinci était certainement avant tout scientifique et artisan. Ce n’est qu’au XVIIIe siècle que la distinction artiste/artisan apparaît. Un peu plus tard, ajoute une intervenante, survient la première Révolution industrielle. À partir de ce moment, l’assiette de l’artisan peut être produite à grande échelle et l’art entre dans une nouvelle échelle, jusqu’à être légiférée.

    Chez Platon, précise Claire, il y a une réelle ambivalence : une république idéale a des problèmes avec les artistes considérés comme peu utiles. Dans le même temps, les œuvres sans finalité esthétique, sans fonction économique ou sociale, doivent être distinguées car elles posent problème. Elles sont certes le fruit de la Muse : il y a un rapport avec les dieux, Hermès ou l’herméneutique. L’artiste est celui qui favorise l’épitunia. Cependant, dans une cité qui doit se tenir débout, l’artiste n’a pas sa place, ajoute le philosophe antique. La gratuité littérale de l’art pose problème pour Platon. "C'est chose légère que le poète, ailée, sacrée: il n'est pas en état de créer avant d'être inspiré par un dieu, hors de lui, et de n'avoir plus sa raison; tant qu'il garde cette faculté, tout être humain est incapable de faire oeuvre poétique et de chanter des oracles", écrivait-il.

    delhi-2012-198-x-230-cm.jpgEn s’intéressant à cette ambivalence platonicienne, le public du café philosophique de Montargis (ou, plutôt, pour ce soir, "d’Amilly" !) s’interroge sur la fonction "d’utilité" que l’on prête ou non à l’art. Un participant souligne qu’au XIXe siècle nombreux étaient ceux qui estimaient que le peuple avait autant besoin de pain que d’art. "L’art sauvera le monde" disait Fiodor Dostoïevski ! Le terme "utile" est à voir ici dans le sens salvateur du terme, répond Claire. La distinction entre besoin et désir, entre les besoins naturels et ceux qui ne le seraient pas – et donc considérés comme vains – est en réalité caduque. Un chef cuisinier transcende d’ailleurs cette différence entre art et artisanat. Si être homme c’est se tenir debout, comme le disait Alain, sans l’art on le peut difficilement. Il est dit que les œuvres des arts premiers avaient une fonction religieuse, voire magique. Que l’on pense au premier vers d’Homère dans L’Iliade : "Muse, chante la colère du fils de Pélée." Il y a aussi une question ethnologique dans l’appréhension dans ces arts. 

    La notion de beauté est brièvement débattue. Autant le classicisme et l’académisme a mis cette notion au centre de toute production artistique, autant aux XX et XXIe siècles ce concept n’est généralement pas la préoccupation première des artistes (le Fluxus dans les arts plastiques, le réalisme au cinéma, le Nouveau Roman en littérature ou le sérialisme en musique contemporaine). Parler de canons de beauté c’est établir un constat de subjectivité, du moins depuis la deuxième moitié du XXe siècle. Pour autant, cette notion  de beauté aurait tendance à revenir.

    La notion de temps joue : l’époque qui accueille l’artiste – en bien, en mal ou pas du tout – mais aussi l’époque ou les époques qui influencent l’artiste. L’artiste est "artiste dans la Cité". En musique contemporaine, les mouvements d’avant-garde, le dodécaphonisme sériel pour ne citer que celui-ci, ont été créés en réaction à des mouvements antérieurs – le classicisme et le romantisme. 

    img_9620.jpgCette idée de rupture peut se rapprocher, dit Bruno, avec celle de Surhomme nietzschéen. Le point de départ de ce concept est cette notion émise par le "philosophe au marteau" : "Dieu est mort". Avec la fin de cette puissance, sa créature, l’homme, se trouve sans créateur. Esseulée. Privé d’une chimère qu’il invoquait pendant des siècles, l’être humain n’aurait d’autre choix que de s’affirmer lui-même, librement. Il doit reprendre en main sa propre vie ("Devenir celui qu’il est."), se transformant pour le coup en Surhomme. Il n’est donc pas question ici de "super homme", de "Superman" ou de "James Bond" mais de dépassement individuel, à la manière d’un ermite éloigné de ses contemporains, tel Zarathoustra. C’est le sage qui trouve sa propre voie dans le monde, après s’être libéré des chaînes d’un maître omnipotent et chimérique : "Je vous enseigne le Surhumain. L'homme est quelque chose qui doit être surmonté." Le Surhomme étant pour Nietzsche le stade supérieur de l’homme comme l’homme l’est par rapport au singe, ajoute le philosophe ("Qu'est-ce que le singe pour l'homme ? Un objet de risée ou une honte douloureuse. Et c'est exactement cela que l'homme doit être pour le surhumain : un objet de risée ou une honte douloureuse"). L’artiste en tant que Surhomme n’est pas au-dessus des hommes dans une position hiérarchique – et verticale – mais celui qui est à côté, tel le célèbre ermite Zarathoustra.

    Chacun a vocation à devenir Surhomme, précise Claire. Nous avons "à bosser... à ne pas rester paresseux" afin d’aspirer à cette condition. Dans Ainsi Parlait Zarathoustra, ce sont les autres les imbéciles, ceux qui ne voient pas et qui n’y aspirent pas. Pour Nietzsche , ajoute Bruno, le Surhomme n’existe (toujours) pas. En revanche, dans l’Histoire de l’Humanité, certains hommes se sont rapprochés de cet idéal : GoetheVinci et Shakespeare. Tous des artistes !

    12toac15030002b.jpgÊtre dans le monde est la qualité première de l’artiste qui traite des problématiques de l’époque, qu’il soit en avance ou en retard sur celle-ci. Ainsi, l’Impressionnisme est un mouvement qui a touché l’ensemble d’une génération. Une époque retiendra ou non tel ou tel artiste. L’acte créateur comme un acte inspiré doit être démystifié, affirme un membre de l’assistance, dans le sens où c’est sous le prisme social que doit être compris le geste artistique. Il n’y a certes plus de courants esthétiques au XXIe siècle, comme ont pu exister le Romantismel’Impressionnisme ou le Cubisme, mais cette problématique de l’artiste comme d’un être de son époque reste valable. Ce qui ne veut pas dire qu’une œuvre d’art ne transcende pas les époques : les arts premiers mettent la lumière sur des créations anciennes d’autres civilisations (le Musée du Quai Branly, par exemple) que l’on "découvre" (littéralement "enlever une couverture"). 

    Il est affirmé au cours de cette séance que le bon artiste parvient à transcender sa position le citoyen tel qu’il est. Comme le cite une intervenante et artiste, "L’art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art" (Robert Filliou). Tel le Surhomme nietzschéen, l’artiste est au milieu de ses contemporains – qui peuvent être son public – mais en tant qu’être unique, souvent solitaire dans sa création, il trace une route unique, construit un univers autonome, à qui la société donne une certaine valeur – qu’elle soit marchande ou non. L’artiste voit différemment. Il transmet sa vision que le spectateur, le lecteur ou l’auditeur peut comprendre ou non. Pour Hegel, l’art est le dépassement de l’humanité, c’est la transcendance, c’est ce qui élève l’homme. L’art c’est partager quelque chose via la matière, la nature. Il y a quelque chose de l’ordre de l’idéal esthétique. C’est dans ce sens que l’artiste est un homme d’exception. Un participant réagit ainsi : ne peut-on pas d’abord parler "d’œuvre d’exception" plutôt que "d’artiste d’exception" ?

    img_9623.jpgComment voir cette œuvre d’expression ? Cette question fait débat. Il a été fait référence au langage inédit de tel ou tel artiste pour s’exprimer – comme la littérature passe par les mots. Or, pour comprendre le langage pictural ou musical, il est affirmé que la notion de pédagogie ou d’éducation doivent être mis en avant : "On apprend à lire ; on a jamais appris à lire une peinture !"  Encore faudrait-il savoir si l’artiste veut exprimer quelque chose ou s’il n’est pas dans une forme d’autotélisme, ce qui semble être particulièrement vrai dans l’art du XXe siècle. De quel message parlons-nous ? Ne serait-ce pas une forme de "soulagement" et l’expression de sentiments traduits sous le biais de la création. Une jeune participante cite l’œuvre de Ron Mueck "Mon Père", sculpture hyperréaliste et bouleversante évoquant le deuil du père du plasticien. Cette émotion intime devient universelle par la seule force du geste technique (technè) de l’artiste. Elle nous touche et nous fait rêver, avec ou sans éducation. Être touché émotionnellement participe à quelque chose de l’ordre de l’instinct. Jusqu’à faire de cette émotion une nourriture qui va construire l’observateur d’une œuvre d’art, l’auditeur d’un opéra ou le spectateur d’un long-métrage.  "L'artiste a le pouvoir de réveiller la force d'agir qui sommeille dans d'autres âmes", disait Nietzsche

    Le bon artiste "Surhomme", sans finalité, sans mission, est celui qui puise en lui ce qu’il a déjà mais différemment des autres pour proposer une "créationdécouverte", si l’on veut faire un néologisme. Il s’inscrit dans une rupture pour susciter un certain éveil en nous.  

    L’artiste, au contraire de l’artisan dont la vocation est la production et la reproduction, crée une œuvre unique. Il invente. Mais, pour être artiste, sans doute faut-il d’abord être artisan, comme le revendiquaient les artistes du Bauhaus, et ce afin de maîtriser la technè. Dans l’art contemporain, l’intérêt est que les artistes viennent d’univers différents et parviennent ainsi à créer en utilisant des paramètres différents, comme Calder ou Takis. Ils sortent d’un académisme et de critères de lecture figés. Cela a des conséquences sur l’auditeur, le lecteur ou le spectateur : tel(le) ou tel(le) va peut-être rester goguenard devant une œuvre accrochée aux cimaises d’un musée ; mais si cette œuvre est présentée dans un autre lieu, elle suscitera peut-être de l’émerveillement : "Qui saurait reconnaître un Van Gogh dans un poulailler ?" interroge une personne dans l’assistance. L’artiste, nous l’avons dit, doit créer quelque chose d’unique. Partant, il doit aboutir ailleurs, provoquant ainsi des ruptures – jusqu’à la provocation – comme l’art du XXe siècle nous a habitués avec les ruptures académiques et classiques. En cela, l’artiste peut être le Surhomme, cet être libéré des contraintes d’un dieu chimérique et omniscient ("Dieu est mort"). Il trace son chemin au milieu des hommes, ses semblables, tel le sage Zarathoustra en exil permanent.

    "Finalement, conclut un participant sous forme de boutade, l’artiste est un surhomme car les 60 premières années sont quand même difficiles !"

    dsc06904.jpg

    En fin de séance, trois sujets sont mis au vote pour le prochain débat : "L’histoire a-t-elle un sens ?", "La raison a-t-elle à s’occuper de l’irrationnel ?", "L’utopie est-elle dénuée de toute valeur ?"  C’est ce dernier sujet qui est choisi pour le débat du 10 janvier 2014, qui sera de retour à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée. 

    Philo-galerie

    Les illustrations de ce compte-rendu sont tirées de l’exposition "Recouvrement", avec des œuvres de Marcel DupertuisClaudie Laks et Ernesto Riveiro.

    Retrouvez les photos de cette séance sur ce lien ainsi que sur notre dossier port-folio.

     

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  • WELLS : UN AVENIR SYNONYME DE PROGRÈS ?

    machine.jpg"Après tout, l’activité d’aujourd’hui, les conditions sanitaires et l’agriculture en sont encore à l’âge rudimentaire. La science de notre époque ne s’est attaquée qu’à un minuscule secteur du champ des maladies humaines, mais malgré cela elle étend ses opérations d’une allure ferme et persistante. Notre agriculture et notre horticulture détruisent à peine une mauvaise herbe ici et là, et cultivent peut-être une vingtaine de plantes saines, laissant les plus nombreuses compenser, comme elles peuvent, les mauvaises. Nous améliorons nos plantes et nos animaux favoris – et nous en avons si peu ! – par la sélection et l’élevage ; tantôt une pêche nouvelle et meilleure, tantôt une grappe sans pépins, tantôt une fleur plus belle et plus parfumée, tantôt une espèce de bétail mieux adaptée à nos besoins. Nous les améliorons graduellement, parce que nos vues sont vagues et hésitantes, et notre connaissance des choses très limitée ; parce qu’aussi la Nature est timide et lente dans nos mains malhabiles. Un jour tout cela ira de mieux en mieux. Tel est le sens du courant, en dépit des reflux. Le monde entier sera intelligent, instruit et recherchera la coopération ; toutes choses iront de plus en plus vite vers la soumission de la Nature. A la fin, sagement et soigneusement nous réajusterons l’équilibre de la vie animale et de la vie végétale pour qu’elles s’adaptent à nos besoins humains.

    Ce réajustement, me disais-je, doit avoir été fait et bien fait" : fait, à vrai dire, une fois pour toutes, dans l’espace du temps à travers lequel ma machine avait bondi. Dans l’air, ni moucherons, ni moustiques ; sur le sol, ni mauvaises herbes, ni fongosités ; des papillons brillants voltigeaient de-ci, de-là.

    H.-G. Wells, La Machine à explorer le Temps (1895)

     

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  • UTOPIE : DÉFINITION

    Trinquons.jpgUtopie, nom féminin (de Utopia, mot créé par Thomas More, du grec ou, non, et topos, lieu)

    Construction imaginaire et rigoureuse d'une société, qui constitue, par rapport à celui qui la réalise, un idéal ou un contre-idéal.

    Projet dont la réalisation est impossible, conception imaginaire : Une utopie pédagogique.

    Référence : http://www.larousse.fr

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  • GEORGE ORWELL : "1984"

    big-brother-1984.jpg"À chaque palier, sur une affiche collée au mur, face à la cage de l’ascenseur, l’énorme visage vous fixait du regard. C’était un de ces portraits arrangés de telle sorte que les yeux semblent suivre celui qui passe. Une légende, sous le portrait, disait : BIG BROTHER VOUS REGARDE. À l’intérieur de l’appartement de Winston, une voix sucrée faisait entendre une série de nombres qui avaient trait à la production de la fonte. La voix provenait d’une plaque de métal oblongue, miroir terne encastré dans le mur de droite. Winston tourna un bouton et la voix diminua de volume, mais les mots étaient encore distincts. Le son de l’appareil (du télécran, comme on disait) pouvait être assourdi, mais il n’y avait aucun moyen de l’éteindre complètement. Winston se dirigea vers la fenêtre. Il était de stature frêle, plutôt petite, et sa maigreur était soulignée par la combinaison bleue, uniforme du Parti. Il avait les cheveux très blonds, le visage naturellement sanguin, la peau durcie par le savon grossier, les lames de rasoir émoussées et le froid de l’hiver qui venait de prendre fin.

    Au-dehors, même à travers le carreau de la fenêtre fermée, le monde paraissait  froid. Dans la rue, de petits remous de vent faisaient tourner en spirale la poussière et le papier déchiré. Bien que le soleil brillât et que le ciel fût d’un bleu dur, tout semblait décoloré, hormis les affiches collées partout. De tous les carrefours importants, le visage à la moustache noire vous fixait du regard. Il y en avait un sur le mur d’en face. BIG BROTHER VOUS REGARDE, répétait la légende, tandis que le regard des yeux noirs pénétrait les yeux de Winston. Au niveau de la rue, une autre affiche, dont un angle était déchiré, battait par à-coups dans le vent, couvrant et découvrant alternativement un seul mot : ANGSOC. Au loin, un hélicoptère glissa entre les toits, plana un moment, telle une mouche bleue, puis repartit comme une flèche, dans un vol courbe. C’était la patrouille qui venait mettre le nez aux fenêtres des gens. Mais les patrouilles n’avaient pas d’importance. Seule comptait la Police de la Pensée.

    Derrière Winston, la voix du télécran continuait à débiter des renseignements sur la fonte et sur le dépassement des prévisions pour le neuvième plan triennal. Le télécran recevait et transmettait simultanément. Il captait tous les sons émis par Winston au-dessus d’un chuchotement très bas. De plus, tant que Winston demeurait dans le champ de vision de la plaque de métal, il pouvait être vu aussi bien qu’entendu. Naturellement, il n’y avait pas moyen de savoir si, à un moment donné, on était surveillé. Combien de fois, et suivant quel plan, la Police de la Pensée se branchait-elle sur une ligne individuelle quelconque, personne ne pouvait le savoir. On pouvait même imaginer qu’elle surveillait tout le monde, constamment. Mais de toute façon, elle pouvait mettre une prise sur votre ligne chaque fois qu’elle le désirait. On devait vivre, on vivait, car l’habitude devient instinct, en admettant que tout son émis était entendu et que, sauf dans l’obscurité, tout mouvement était perçu."

    George Orwell, 1984 (1948)

     

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