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[37] "Un bon artiste est-il le Surhomme?"

  • Bilan de la saison 6 en attendant la saison 7

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    Alors que la 7ème saison du café philosophique de Montargis se profile, un bilan de la saison 6 s'impose. Pour l'année 2014-2015, l'animation de la Chaussée a confirmé son succès. Avec huit séances, de septembre 2014 à juin 2015, totalisant en tout 740 personnes, en moyenne les débats du café philo ont réuni plus de 90 personnes (contre 75, pour la saison précédente).

    Rappelons que les séances du café philosophique de Montargis sont gratuites et ouvertes à tous. 

    Le café philosophique de Montargis proposait huit débats : "Existe-t-on quand personne ne nous regarde ?" (le 27 septembre 2014, avec 75 participants), "Le monstre est-il parmi nous?" (le 14 novembre 2014, avec 65 participants), "Doit-on tout faire pour être heureux ?" (le 12 décembre 2014,  100 participants), "Le langage trahit-il la pensée ?" (le 30 janvier 2015, 80  participants), "Autrui, antidote à la solitude ?" (le 20 mars 2015, 80 participants), "Suis-je ce que mon passé fait de moi?" (le 17 avril 2015, 120  participants), "Est-il raisonnable de croire en Dieu ?" (le 22 mai 2015, 130 participants) et "La philosophie a-t-elle une quelconque utilité ?" (le 19 juin 2015, avec 90  participants).

    Contrairement aux saisons précédentes, Claire et Bruno n'ont pas proposé de séances exceptionnelles, mise à part la dernière séance, la 50e, sur laquelle nous reviendrons.

    Lors des années précédentes, le café philo avait pris pour habitude d'ouvrir les soirées philosophiques vers des thèmes et des intervenants exceptionnelles (la non-violence en 2010, les sectes en 2011, la mémoire en 2012 ou la manipulation en 2013. De même, en 2013, le café philo s'était délocalisé à l'AGART d'Amilly pour une séance sur l'art ("Un bon artiste est-il le Surhomme ?"). Rien de tel lors de cette saison 6, avec un café philo qui n'a pas dérogé à son fonctionnement classique : des débats ouverts au plus grand nombre.

    Une séance particulière a cependant été organisée, et pas n'importe laquelle. Pour marquer la 50e séance du café philosophique de Montargis, créé en octobre 2009 par Claire Durand et Bruno Chiron, les deux animateurs ont voulu marquer le coup : pour débattre du sujet qui avait été opportunément choisi par les participants, "La philosophie a-t-elle une quelconque utilité ?", un blind-test exceptionnel et des remerciements ont marqué la soirée. Une soirée qui a également été ponctuée par l'annonce de changements. Claire annonçait en effet qu'en raison d'un déménagement imminent, elle n'allait pas pouvoir poursuivre l'animation du café philo. De chaleureux remerciements, amis aussi des regrets, ont répondu à cette annonce. Claire a cependant précisé qu'elle restait très attachée à ce café philo construit avec Bruno et qu'elle suivrait avec intérêt son développement futur.

    Dès la rentrée 2015, le café philo va entamer une nouvelle étape avec une nouvelle équipe, un nouveau fonctionnement et avec, espérons-le, toujours la même fidélité des Montargois pour une animation qui a réussi à s'imposer au cours de ses six ans d'existence.

    Bientôt, sur ce site, vous retrouverez plus d'informations sur cette future saison 7 et sur le premier débat qui devrait avoir lieu courant octobre 2015.

     

    Lien permanent Catégories : => Saison 1, => Saison 2, =>Saison 4, =>Saison 5, =>Saison 6, =>Saison 7, [05] "L'éducation à la non-violence...", [15] "Pensées sectaires : Où s'arrête ma liberté?", [27] "Mémoire, mémoires...", [33] "Manipulation dans le couple...", [37] "Un bon artiste est-il le Surhomme?", [43] "Existe-t-on quand personne ne nous regarde?", [44] "Le monstre est-il parmi nous?", [45] "Doit-on tout faire pour être heureux?", [46] "Le langage trahit-il la pensée?", [47] "Autrui, antidote à la solitude?", [48] "Suis-je ce que mon passé fait de moi?", [49] "Est-il raisonnable de croire en Dieu?", [50] "La philosophie a-t-elle une utilité?" Imprimer 0 commentaire Pin it!
  • BILAN DE LA SAISON 5 (EN ATTENDANT LA SAISON 6)

    Claire_Bruno_Cafe_Philo.jpgAu démarrage de la cinquième saison du café philosophique de Montargis, qui vient de s'achever, beaucoup d'incertitudes régnaient au sujet de l'animation de la Chaussée. Des raisons professionnelles et personnelles pouvant entraîner l'arrêt de l'animation de la Chaussée, il avait été un temps question de transformer profondément, sinon d'arrêter, le café philo en cours de saison. 

    Il n'en a finalement rien été et, au contraire, le café philosophique de Montargis, à la croisée des chemins, a connu une saison particulièrement riche avec des nouveautés importantes. 

    Il y a eu huit séances cette année : "Justice : surveiller punir ou guérir ?", "Qu'est ce que l'amitié ?", "Un bon artiste est-il le surhomme ?", "L'utopie est-elle dénuée de toute valeur ?", "La raison a-t-elle à s'occuper de l'irrationnel ?", "Famille(s) je vous aime famille(s) je vous hais", "Faut-il trouver un sens à chaque chose ?" et "Avons-nous ce que nous méritons ?" Ces débats ont été particulièrement suivis, en plus d'être riches en moments passionnants et forts. La fréquentation des rendez-vous de la Chaussée a été sensiblement la même que pour l'année  précédente : plus de 75 personnes par séance, avec des pics à plus de 100 personnes pour les plus suivies (l'amitié et l'art).

    La saison 4 avait été placée sous le signe de l'identité et de l'introspection ("Puis-je savoir qui je suis ?", "Puis-je faire ce que je veux de mon corps ?", "Mémoire, mémoires...", "Qu'est-ce qu'une vie réussie ?", etc.). La saison 5, elle, a surtout fait la part belle à notre place dans le monde : la justice, l'art, les utopies, le mérite, l'amitié ou la famille.

    De toutes ces séances, il faut sans doute s'arrêter sur deux débats exceptionnels. 

    WP_000869.jpgLe premier, "Un bon artiste est-il le surhomme ?", était particulier en ce qu'il s'agissait du premier café philo décentralisé. Il avait lieu à l'AGART d'Amilly. Pour une fois, Claire et Bruno avaient choisi de quitter la Brasserie du centre commercial de la Chaussée, le berceau du café philo, pour la galerie d'art d'Amilly. Cette séance a réuni un nouveau public en plus des fidèles de la Chaussée. 

    Le second rendez-vous était une séance co-animée par des élèves de Terminale ("Faut-il trouver un sens à chaque chose ?"). Cette expérience de donner à des futurs bacheliers l'opportunité d'animer un café philo (même si Claire et Bruno n'étaient jamais très loin !) avait déjà été faite en 2012 et 2013. Nulle doute qu'elle devrait se renouveler par la suite.    

    L'année 2014 aura été marquée par une nouveauté importante : le café philosophique de Montargis fait désormais l'objet d'une émission radio sur C2L. "La Philosophie au Comptoir", animée par Claire et Bruno, et réalisée par Pascal, est une création originale basée sur des séances passées du café philo mais aussi d'une discussion enregistrée entre Claire et Bruno et d'extraits audios (musiques, extraits de films, séries, etc.). En 2014, six émissions ont été enregistrées et diffusées : "Puis-je savoir qui je suis ?", "Puis-je faire ce que je veux de mon corps ?", "L'amour peut-il se passer de normes ?", "Manipulations dans le couple", "Qu'est-ce qu'une vie réussie ?" et "Faut-il trouver un sens à chaque chose ?" Ces émissions, diffusées chaque dernier lundi du mois sur C2L sont disponibles sur leur site Internet, sur ce lien.

    Un petit mot enfin sur ce site Internet, en augmentation constante. Depuis octobre 2013, le nombre de visiteurs uniques a presque doublé : plus de 5 000 visiteurs uniques en janvier 2014 contre 2 428 un an plus tôt. Au total, en moyenne, notre blog a reçu 4220 visiteurs par mois, soit plus de 420 visiteurs uniques par jour, 9380 visites totales mensuelles équivalant à 2088 pages lues. 

    Cette saison 5 aura été l'année de grands changements mais aussi de la confirmation de implantation du café philosophique à Montargis et de l'attachement des Montargois à l'animation de la Chaussée.

    Voilà qui est de bonne augure pour la future saison 6 !     

     

    Lien permanent Catégories : =>Saison 5, =>Saison 6, [35] "Justice : surveiller, punir ou guérir?", [36] "Qu'est-ce que l'amitié?", [37] "Un bon artiste est-il le Surhomme?", [38] "L’utopie est-elle dénuée de toute valeur?", [39] "La raison et l'irrationnel", [40] "Famille(s) je vous aime, famille(s) je vous , [41] "Faut-il trouver un sens à chaque chose?", [42] "Avons-nous ce que nous méritons?" Imprimer 0 commentaire Pin it!
  • COMPTE-RENDU DE LA SÉANCE "UN BON ARTISTE EST-IL LE SURHOMME ?"

    Thème du débat : "Un bon artiste est-il le Surhomme ?" 

    Date : 29 novembre 2013 à l'AGART d'Amilly.

    Le 29 novembre 2013, le café philosophique de Montargis (qui, exceptionnellement, devrait plutôt s’appeler "Café philosophique d’Amilly") se décentralisait à la galerie d’art d’Amilly l’AGART pour un sujet intitulé "Un bon artiste est-il le Surhomme ?" Cette séance se déroulait au milieu de l’exposition "Recouvrement", constituée d'oeuvres de Marcel Dupertuis, Claudie Laks et Ernesto Riveiro.

    Le premier point qui est posé est celui de cette définition du Surhomme. De quoi parle-t-on ? d’un "Superman" ou d’un "James Bond" pour reprendre les réflexions d’Umberto Eco dans son essai De Superman au Surhomme (cf. cet article) ? Ce concept de Surhomme est en réalité emprunté à Nietzsche (Übermensch). Pour une première participante, ce terme de "Surhomme" est troublant car il a historiquement subi les avanies de l’Histoire – on pense, évidemment et hélas, au Nazisme, qui a récupéré et instrumentalisé ce mot. Qui dit Surhomme, ajoute cette participante, dit hiérarchie entre les hommes. C’est par là même considérer qu’il y a des "sur hommes" et des "hommes inférieurs". Et si l’on se place sur le terrain de l’art, parler de Surhomme c’est nier les capacités artistiques de tout un chacun.

    Pour une autre intervenante, le Surhomme n’est pas à voir comme un individu au-dessus de la mêlée, dominateur et conquérant, mais comme une personne "enveloppant" ses contemporains. L’artiste pourrait être celui ou celle s’entourant de l’art pour exister. L’artiste a une vision différente, dit un nouveau participant, qu’il exprime au travers d’un médium qui peut aussi bien être la peinture, la sculpture, la musique, la littérature ou le cinéma. Car au centre de la définition de l’artiste, il y a d’abord la création d’une œuvre d’art.   

    Alborada, 207x243.jpgDans notre inconscient, de quoi parle-t-on lorsque l’on évoque le terme Surhomme ? Sans doute d’invocation, d’un pouvoir de surpassement quasi divin. Tel un "fakir", l’artiste aurait reçu un don quasi mystique qu’il peut maîtriser. Il est patent, dit une participante, que la découverte des arts premiers soit aussi celle de créations en rapport avec des religions, voire à des fonctions magiques. Bruno cite à ce sujet Piet Mondrian : "L'art étant surhumain, il cultive l'élément surhumain en l'homme et se trouve être, par conséquent, un moyen d'évolution de l'humanité au même titre que la religion". Un participant réagit ainsi : "Ce qui est magique c’est ce que l’on n’attendait pas." Or, il apparaît qu’il y a bien de la rationalité dans ces créations transcendantes. Au XXe siècle, le Cubisme, invention ahurissante à l’époque, n’est jamais que le fruit d’un travail et de réflexions. "C’est un jeu de l’esprit et de la sensibilité" poussé en profondeur.

    Dans les propos nietzschéens, il n’y a pas l’idée que le Surhomme vient écraser les autres. Il est d’abord question d’un dépassement. Par ailleurs, et pour reprendre les propos d’Henri Bergson, les artistes savent s’extraire de la réalité pour la voir autrement. En quelque sorte, ils bâtissent un monde entre la nature et la culture et élèvent l’Humanité. En cela ils peuvent être définis comme des Surhommes. Ce surpassement, est-il dit, ne doit pas être l’apanage des seuls créateurs. Chacun a la possibilité, dans la mesure de ses capacités, de devenir ce Surhomme nietzschéen.

    IMG_2750[1].jpgQuelle est la finalité esthétique de l’artiste, s’interroge Claire ? Il a été dit que ce qui se joue est d’abord la création d’une œuvre. Cela étant, l’artiste voit-il la réalité différemment du "commun des mortels" ? Est-il "doué" d’un don que le commun des mortels n’a pas et qu’il aurait su exploiter et travailler ? Mozart écrivait d’ailleurs ceci : "Quand je me sens bien et que je suis de bonne humeur […], les pensées me viennent en foule et le plus aisément du monde. D’où et comment m’arrivent-elles ? Je n’en sais rien, je n’y suis pour rien." Il y a cette idée que quelque part l’artiste le devient comme une évidence, par vocation ou, mieux, par orientation. 

    Si l’on parle du don quasi divin reçu par tel ou tel créateur, il ne faudrait pas oublier la place du travail, de l’éveil et de la culture de ce don. Mozart peut bien mettre en valeur la source mystérieuse de son talent, les œuvres naissent en général à la sueur du front. Ainsi, Serge Gainsbourg avait beau présenter ses musiques comme "des œuvres mineures", sorties ex nihilo, il s’avère en réalité que ses plus grandes chansons (Initials BB, notamment. Cf. ce lien) étaient travaillées de manière extrêmement rigoureuses. Une œuvre est souvent un long cheminement, qui n’a rien à voir avec une démarche merveilleuse ou divine.

    Un artiste présent dans la salle réagit : finalement, n’est-ce pas la société qui souhaite voir tel ou tel musicien, plasticien ou cinéaste comme un "être d’exception" ? Le respect pour l’artiste est certes indéniable dans nos sociétés. Dans le même temps, elle souhaite aussi qu’il n’y en ait pas trop ! Le marché de l’art est dans la même posture, cette fois pour des raisons économiques. De grandes créations sont considérées par de nombreux investisseurs comme des marchandises et des placements, au même titre que des actions ou des immeubles. L’artiste, qu’il soit célèbre ou au contraire anonyme, peut considérer que son supplément d’âme le place au-dessus du commun des mortels. La société lui renvoie et lui inspire cette idée que le créateur a une mission qui le transcende, au point qu’il doit être détaché des contingences matérielles. Établir une comptabilité pour la gestion de son atelier d’artiste, par exemple, a été longtemps considéré par des artistes comme une aberration. Ce n’est plus vrai aujourd’hui, pour le meilleur mais aussi pour le pire. L’économie et l’argent sont omniprésents dans le domaine de l’art. Des créations sont mercantilisées parfois jusqu’à l’absurde : une œuvre de Vincent Van Gogh est de nos jours vendue à des prix astronomiques alors que l’artiste a été ignorée à son époque et est mort pauvre et seul. La finance a un pouvoir délétère sur les créations, commente une intervenante, au point que l’artiste peut être parfois considéré comme un "sous-homme". L’art, longtemps considéré comme gratuit, se trouve "dévalorisé" par l’argent, par ventes aux enchères et par des grands salons d’art contemporain – FIAC ou autres. Les œuvres sont devenues des marchandises  part entière et des artistes sont devenus des marques (Jeff Koons), étouffant par ailleurs toute forme de différence. Certes, le côté mercantile est bien présent, réagit Claire, mais cet aspect est loin d’être prégnant dans cette exposition "Recouvrement" de l’AGART, au milieu de laquelle se déroule cette séance du café philosophique de Montargis !  

    riveiro.jpgComment pourrait-on définir un bon artiste ? Un participant suggère que le bon artiste pourrait s’apparenter au "bon sauvage" de Rousseau. Pour un autre intervenant, le bon artiste pourrait être celui qui aurait trouvé son bon mode d’expression, au point de le sublimer. Pour une participante, un artiste suscite la rencontre, à une certaine époque, entre une émotion artistique et un talent. Vecteur de pensées positives – si tant est que l’émotion peut être positive. L’artiste doit respecter ses brillants prédécesseurs, dit une participante, sans pour autant les ménager car sans cela il n’y aurait pas d’impulsion dans l’art nouveau. Les vrais et bons artistes sont rares. Ce sont ceux qui vont nous amener vers une autre dimension que la condition humaine. Ce sont aussi ceux qui s’extraient de la tentation de créer dans la virtuosité pure – dit autrement : "faire du tapage" – pour proposer une œuvre d’art "consistante" – un "fond". L’artiste ne serait-il pas celui qui créé grâce à l’expression de soi ? Cette expression passe par un langage unique et différent qui interroge le public, voire le fait rêver. 

    L’autre question à se poser, dit Claire, c’est si l’artiste a un message à transmettre. Dit autrement, en quoi telle ou telle création apporte quelque chose d’inédit. Le surnaturel n’a rien à voir là-dedans : on découvre quelque chose que l’on ne connaissait pas, qui est le fruit d’un travail. Et ce message, cette invention, n’est pas souvent facile à décrypter : il faut parfois un "mode d’emploi" et être "éduqué". 

    S’il peut paraître aisé "d’entrer dans certaines œuvres" (un tableau de Vinci ou un concerto de Mozart), la chose peut est moins aisé pour d’autres créations : la musique dodécaphonique ou un tableau de Francis Bacon. Or, la compréhension peut être affaire de temps : tel ou tel va être hermétique à un livre ou un film à un certain âge puis va y être réceptif quelques années plus tard. Les jeunes enfants, hypersensibles sans préjugés, sont un modèle, dit une participante, en ce qu’ils parviennent à approcher des œuvres d’art avec souvent intérêt et clairvoyance.

    Marcel Dupertuis.jpgQue recouvre l’art au final ? Peut-on dire qu’un cuisinier est un artiste ? Cette question posée par une participante rejoint, dit Bruno, une autre question beaucoup plus large : celle de la différence entre artiste et artisan, bien que ces deux mots viennent du même terme "art" – technè. Un cuisinier est un artisan, dans le sens où c’est une personne qui créé quelque chose – un plat, une assiette, etc. – qui peut être esthétique, mais avec une vocation utilitaire. L’artisan produit et surtout reproduit. Pour Platon (La République), l’artisan est digne de vivre dans la Cité alors que l’artiste ne sert à rien. Ses créations sont vaines dans le sens où il fait une imitation de la nature qui est elle-même une imitation du monde des Idées. L’art est la production du beau qui doit être inutile, dans le sens économique du terme. L’artiste est finalement une invention moderne (La Renaissance). Leonard de Vinci était certainement avant tout scientifique et artisan. Ce n’est qu’au XVIIIe siècle que la distinction artiste/artisan apparaît. Un peu plus tard, ajoute une intervenante, survient la première Révolution industrielle. À partir de ce moment, l’assiette de l’artisan peut être produite à grande échelle et l’art entre dans une nouvelle échelle, jusqu’à être légiférée.

    Chez Platon, précise Claire, il y a une réelle ambivalence : une république idéale a des problèmes avec les artistes considérés comme peu utiles. Dans le même temps, les œuvres sans finalité esthétique, sans fonction économique ou sociale, doivent être distinguées car elles posent problème. Elles sont certes le fruit de la Muse : il y a un rapport avec les dieux, Hermès ou l’herméneutique. L’artiste est celui qui favorise l’épitunia. Cependant, dans une cité qui doit se tenir débout, l’artiste n’a pas sa place, ajoute le philosophe antique. La gratuité littérale de l’art pose problème pour Platon. "C'est chose légère que le poète, ailée, sacrée: il n'est pas en état de créer avant d'être inspiré par un dieu, hors de lui, et de n'avoir plus sa raison; tant qu'il garde cette faculté, tout être humain est incapable de faire oeuvre poétique et de chanter des oracles", écrivait-il.

    delhi-2012-198-x-230-cm.jpgEn s’intéressant à cette ambivalence platonicienne, le public du café philosophique de Montargis (ou, plutôt, pour ce soir, "d’Amilly" !) s’interroge sur la fonction "d’utilité" que l’on prête ou non à l’art. Un participant souligne qu’au XIXe siècle nombreux étaient ceux qui estimaient que le peuple avait autant besoin de pain que d’art. "L’art sauvera le monde" disait Fiodor Dostoïevski ! Le terme "utile" est à voir ici dans le sens salvateur du terme, répond Claire. La distinction entre besoin et désir, entre les besoins naturels et ceux qui ne le seraient pas – et donc considérés comme vains – est en réalité caduque. Un chef cuisinier transcende d’ailleurs cette différence entre art et artisanat. Si être homme c’est se tenir debout, comme le disait Alain, sans l’art on le peut difficilement. Il est dit que les œuvres des arts premiers avaient une fonction religieuse, voire magique. Que l’on pense au premier vers d’Homère dans L’Iliade : "Muse, chante la colère du fils de Pélée." Il y a aussi une question ethnologique dans l’appréhension dans ces arts. 

    La notion de beauté est brièvement débattue. Autant le classicisme et l’académisme a mis cette notion au centre de toute production artistique, autant aux XX et XXIe siècles ce concept n’est généralement pas la préoccupation première des artistes (le Fluxus dans les arts plastiques, le réalisme au cinéma, le Nouveau Roman en littérature ou le sérialisme en musique contemporaine). Parler de canons de beauté c’est établir un constat de subjectivité, du moins depuis la deuxième moitié du XXe siècle. Pour autant, cette notion  de beauté aurait tendance à revenir.

    La notion de temps joue : l’époque qui accueille l’artiste – en bien, en mal ou pas du tout – mais aussi l’époque ou les époques qui influencent l’artiste. L’artiste est "artiste dans la Cité". En musique contemporaine, les mouvements d’avant-garde, le dodécaphonisme sériel pour ne citer que celui-ci, ont été créés en réaction à des mouvements antérieurs – le classicisme et le romantisme. 

    img_9620.jpgCette idée de rupture peut se rapprocher, dit Bruno, avec celle de Surhomme nietzschéen. Le point de départ de ce concept est cette notion émise par le "philosophe au marteau" : "Dieu est mort". Avec la fin de cette puissance, sa créature, l’homme, se trouve sans créateur. Esseulée. Privé d’une chimère qu’il invoquait pendant des siècles, l’être humain n’aurait d’autre choix que de s’affirmer lui-même, librement. Il doit reprendre en main sa propre vie ("Devenir celui qu’il est."), se transformant pour le coup en Surhomme. Il n’est donc pas question ici de "super homme", de "Superman" ou de "James Bond" mais de dépassement individuel, à la manière d’un ermite éloigné de ses contemporains, tel Zarathoustra. C’est le sage qui trouve sa propre voie dans le monde, après s’être libéré des chaînes d’un maître omnipotent et chimérique : "Je vous enseigne le Surhumain. L'homme est quelque chose qui doit être surmonté." Le Surhomme étant pour Nietzsche le stade supérieur de l’homme comme l’homme l’est par rapport au singe, ajoute le philosophe ("Qu'est-ce que le singe pour l'homme ? Un objet de risée ou une honte douloureuse. Et c'est exactement cela que l'homme doit être pour le surhumain : un objet de risée ou une honte douloureuse"). L’artiste en tant que Surhomme n’est pas au-dessus des hommes dans une position hiérarchique – et verticale – mais celui qui est à côté, tel le célèbre ermite Zarathoustra.

    Chacun a vocation à devenir Surhomme, précise Claire. Nous avons "à bosser... à ne pas rester paresseux" afin d’aspirer à cette condition. Dans Ainsi Parlait Zarathoustra, ce sont les autres les imbéciles, ceux qui ne voient pas et qui n’y aspirent pas. Pour Nietzsche , ajoute Bruno, le Surhomme n’existe (toujours) pas. En revanche, dans l’Histoire de l’Humanité, certains hommes se sont rapprochés de cet idéal : GoetheVinci et Shakespeare. Tous des artistes !

    12toac15030002b.jpgÊtre dans le monde est la qualité première de l’artiste qui traite des problématiques de l’époque, qu’il soit en avance ou en retard sur celle-ci. Ainsi, l’Impressionnisme est un mouvement qui a touché l’ensemble d’une génération. Une époque retiendra ou non tel ou tel artiste. L’acte créateur comme un acte inspiré doit être démystifié, affirme un membre de l’assistance, dans le sens où c’est sous le prisme social que doit être compris le geste artistique. Il n’y a certes plus de courants esthétiques au XXIe siècle, comme ont pu exister le Romantismel’Impressionnisme ou le Cubisme, mais cette problématique de l’artiste comme d’un être de son époque reste valable. Ce qui ne veut pas dire qu’une œuvre d’art ne transcende pas les époques : les arts premiers mettent la lumière sur des créations anciennes d’autres civilisations (le Musée du Quai Branly, par exemple) que l’on "découvre" (littéralement "enlever une couverture"). 

    Il est affirmé au cours de cette séance que le bon artiste parvient à transcender sa position le citoyen tel qu’il est. Comme le cite une intervenante et artiste, "L’art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art" (Robert Filliou). Tel le Surhomme nietzschéen, l’artiste est au milieu de ses contemporains – qui peuvent être son public – mais en tant qu’être unique, souvent solitaire dans sa création, il trace une route unique, construit un univers autonome, à qui la société donne une certaine valeur – qu’elle soit marchande ou non. L’artiste voit différemment. Il transmet sa vision que le spectateur, le lecteur ou l’auditeur peut comprendre ou non. Pour Hegel, l’art est le dépassement de l’humanité, c’est la transcendance, c’est ce qui élève l’homme. L’art c’est partager quelque chose via la matière, la nature. Il y a quelque chose de l’ordre de l’idéal esthétique. C’est dans ce sens que l’artiste est un homme d’exception. Un participant réagit ainsi : ne peut-on pas d’abord parler "d’œuvre d’exception" plutôt que "d’artiste d’exception" ?

    img_9623.jpgComment voir cette œuvre d’expression ? Cette question fait débat. Il a été fait référence au langage inédit de tel ou tel artiste pour s’exprimer – comme la littérature passe par les mots. Or, pour comprendre le langage pictural ou musical, il est affirmé que la notion de pédagogie ou d’éducation doivent être mis en avant : "On apprend à lire ; on a jamais appris à lire une peinture !"  Encore faudrait-il savoir si l’artiste veut exprimer quelque chose ou s’il n’est pas dans une forme d’autotélisme, ce qui semble être particulièrement vrai dans l’art du XXe siècle. De quel message parlons-nous ? Ne serait-ce pas une forme de "soulagement" et l’expression de sentiments traduits sous le biais de la création. Une jeune participante cite l’œuvre de Ron Mueck "Mon Père", sculpture hyperréaliste et bouleversante évoquant le deuil du père du plasticien. Cette émotion intime devient universelle par la seule force du geste technique (technè) de l’artiste. Elle nous touche et nous fait rêver, avec ou sans éducation. Être touché émotionnellement participe à quelque chose de l’ordre de l’instinct. Jusqu’à faire de cette émotion une nourriture qui va construire l’observateur d’une œuvre d’art, l’auditeur d’un opéra ou le spectateur d’un long-métrage.  "L'artiste a le pouvoir de réveiller la force d'agir qui sommeille dans d'autres âmes", disait Nietzsche

    Le bon artiste "Surhomme", sans finalité, sans mission, est celui qui puise en lui ce qu’il a déjà mais différemment des autres pour proposer une "créationdécouverte", si l’on veut faire un néologisme. Il s’inscrit dans une rupture pour susciter un certain éveil en nous.  

    L’artiste, au contraire de l’artisan dont la vocation est la production et la reproduction, crée une œuvre unique. Il invente. Mais, pour être artiste, sans doute faut-il d’abord être artisan, comme le revendiquaient les artistes du Bauhaus, et ce afin de maîtriser la technè. Dans l’art contemporain, l’intérêt est que les artistes viennent d’univers différents et parviennent ainsi à créer en utilisant des paramètres différents, comme Calder ou Takis. Ils sortent d’un académisme et de critères de lecture figés. Cela a des conséquences sur l’auditeur, le lecteur ou le spectateur : tel(le) ou tel(le) va peut-être rester goguenard devant une œuvre accrochée aux cimaises d’un musée ; mais si cette œuvre est présentée dans un autre lieu, elle suscitera peut-être de l’émerveillement : "Qui saurait reconnaître un Van Gogh dans un poulailler ?" interroge une personne dans l’assistance. L’artiste, nous l’avons dit, doit créer quelque chose d’unique. Partant, il doit aboutir ailleurs, provoquant ainsi des ruptures – jusqu’à la provocation – comme l’art du XXe siècle nous a habitués avec les ruptures académiques et classiques. En cela, l’artiste peut être le Surhomme, cet être libéré des contraintes d’un dieu chimérique et omniscient ("Dieu est mort"). Il trace son chemin au milieu des hommes, ses semblables, tel le sage Zarathoustra en exil permanent.

    "Finalement, conclut un participant sous forme de boutade, l’artiste est un surhomme car les 60 premières années sont quand même difficiles !"

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    En fin de séance, trois sujets sont mis au vote pour le prochain débat : "L’histoire a-t-elle un sens ?", "La raison a-t-elle à s’occuper de l’irrationnel ?", "L’utopie est-elle dénuée de toute valeur ?"  C’est ce dernier sujet qui est choisi pour le débat du 10 janvier 2014, qui sera de retour à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée. 

    Philo-galerie

    Les illustrations de ce compte-rendu sont tirées de l’exposition "Recouvrement", avec des œuvres de Marcel DupertuisClaudie Laks et Ernesto Riveiro.

    Retrouvez les photos de cette séance sur ce lien ainsi que sur notre dossier port-folio.

     

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  • MERCI AUX PARTICIPANTS DE LA SÉANCE DU 29 NOVEMBRE, A L'AGART

    WP_000870.jpgLe café philosophique de Montargis réunissait pour sa séance du 29 novembre 2013, qui avait lieu exceptionnellement à l'AGART d'Amilly,  de 90 à 100 personnes. Pour la première fois, le café philosophique de Montargis se décentralisait et devenait, l'espace d'un soir "le café philosophique d'Amilly"!

    Le débat, qui avait lieu dans cette remarquable galerie d'art, s'intitulait : "Un bon artiste est-il le Surhomme ?"

    Claire et Bruno tiennent à remercier les personnes qui étaient présentes. Bientôt, sur ce site, vous retrouverez comme d'habitude le compte-rendu de cette séance.

    La prochaine séance du café philosophique de Montargis aura lieu le vendredi 10 janvier 2014.Le débat sera intitulé : "L'utopie est-elle dénuée de toute valeur ?"


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  • PROCHAIN CAFÉ PHILOSOPHIQUE : "UN BON ARTISTE EST-IL LE SURHOMME ?"

    Affiche Ag art normal.jpg

    La prochaine séance du café philosophique de Montargis aura lieu le vendredi 29 novembre 2013 à 19 heures.

    Attention ! Exceptionnellement, cette séance sera décentralisée car elle aura lieu à l'AGART. 

    Le débat sera intitulé : "Un bon artiste est-il le Surhomme ?"

    Contacts de l'AGART

    35, rue Raymond Tellier, 45200, Amilly. Tél. : 07 81 27 36 26 ou 02 38 85 79 09 
    Adresse mail : 
    contact@galerieagart.com
    Site Internet : 
    http://www.galerieagart.com.

      

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  • RETOUR EN ARRIÈRE

    Lors de sa deuxième saison, le café philosophique de Montargis avait débattu sur l'art. La séance du 18 février 2011 posait cette question : "L'art : à quoi ça sert?"

    Pour en savoir plus, rendez-vous sur ce lien.

     

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  • FERRÉ : "MÉTAMEC"

    Lien externe

    Paroles de cette chanson sur ce lien

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  • CAFÉ PHILOSOPHIQUE À L'AGART d'AMILLY : "UN BON ARTISTE EST-IL LE SURHOMME?"

    C’est un café philosophique tout à fait exceptionnel qui est proposé le vendredi 29 novembre à 19 heures.

    carton-recouvrement-2.jpgPour la première fois en effet, l’animation philosophique de la Chaussée se délocalisera à la Galerie d’art d’Amilly L’AGART.

    C’est dans ce lieu que se réuniront les participants du café philo pour un débat intitulé "Un bon artiste est-il le Surhomme ?"

    Un tel sujet, volontairement provocateur, interroge d’abord sur la notion d’artiste. À quoi sert-il ? Qu’est-ce qu’un "bon" artiste ? Peut-on l’identifier à un simple artisan sachant utiliser toutes ses techniques pour créer ? Un "bon artiste" ne serait-il finalement qu’un "bon technicien" ? Ou bien est-ce un être à part, une sorte de démiurge dont le génie renverrait à des talents surnaturels ? Dans ce cas un "bon artiste" ne serait-il pas un Surhomme ? Les participants du café philosophique de Montargis auront à s’interroger sur ce terme de "Surhomme". Ce vocable, emprunté à l’œuvre de Nietzsche, "le philosophe au marteau", a suscité des interprétations très souvent erronées et utilisées parfois à mauvais escient. Que recouvre cette notion de Surhomme et en quoi elle peut définir l’artiste ?

    Ce sont autant de questions de points qui pourront être débattus au cours de ce café philosophique du 29 novembre à 19 heures, à l’AGART d’Amilly. 

    Renseignements également auprès de L’AGART, 35 rue Raymond Tellier, 45200 Amilly
    Tél. 07 81 27 36 26 / 02 38 85 79 09 
    Mail : contact@galerieagart.com et http://www.galerieagart.com

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  • MERCI AUX PARTICIPANTS DE LA SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 2013

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    Le café philosophique de Montargis réunissait pour sa séance du 8 novembre 2013 environ 120 personnes.

    Le débat s'intitulait : "Qu'est-ce que l'amitié ?"

    Claire et Bruno tiennent à remercier les personnes présentes. Bientôt, sur ce site, vous retrouverez comme d'habitude le compte-rendu de cette séance.

    La prochaine séance du café philosophique de Montargis aura lieu le vendredi 20 novembre 2013. 

    Le débat sera intitulé : Un bon artiste est-il le Surhomme ?"

    Il aura exceptionnellement lieu à l'AGART d'Amilly le 29 novembre 2013 à 19 heures.


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  • L'AGART PRÉSENTE : LA SÉANCE DU CAFÉ PHILO DU 29 NOVEMBRE 2013

    La galerie d'art de l'AGART d'Amilly propose la séance du café philosophique de Montargis le 29 novembre 2013 dans ses locaux.

    Pour en savoir plus, cliquez sur l'image ci-dessous.

    ag art page du site.JPG

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  • LE CAFÉ PHILOSOPHIQUE DE MONTARGIS SE DÉPLACE A LA GALERIE D'ART DE L'AGART LE 29 NOVEMBRE 2013

    carton-recouvrement-2.jpgNotez-biens sur vos agendas que le vendredi 29 novembre 2013, le café philosophique de Montargis proposera une séance décentralisée à la galerie d'art de l'AGART à Amilly pour un débat qui sera intitulé : "Un bon artiste est-il le Surhomme ?"

    Plus d'infos sur ce lien

    Contacts de l'AGART

    35, rue Raymond Tellier, 45200, Amilly. Tél. : 07 81 27 36 26 ou 02 38 85 79 09
    Adresse mail :
    contact@galerieagart.com.
    Site Internet : 
    http://www.galerieagart.com.

      

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