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  • Machiavel : Dangers du joug matrimonial

    CVT_CVT_Histoire-du-diable-qui-prit-femme_3986.pngÀ ce tapage Roderigo ouvrit de grandes oreilles ; et ne sachant ce que cela voulait dire, dans son étonnement il demanda, plein de trouble, à Giov. Matteo, ce que tout ce tumulte signifiait. Giov. Matteo, feignant une grande frayeur, lui répondit aussitôt : « Hélas ! mon cher Boderigo, Dieu me pardonne, c'est ta femme qui vient te trouver. » C'est vraiment merveille de voir à quel point l'esprit de Roderigo fut épouvanté en entendant prononcer le nom seul de sa femme : sa frayeur fut si grande, que, sans réfléchir s'il était possible ou raisonnable que ce fût elle, sans répondre un seul mot, il s'enfuit tout tremblant, délivrant ainsi la jeune fille, et aimant mieux retourner en enfer rendre compte de ses actions, que de se soumettre de nouveau aux ennuis, aux désagréments et aux dangers qui accompagnent le joug matrimonial.

    Nicolas Machiavel, Histoire du diable qui prit femme (1515)

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  • Ils ont dit, au sujet de la peur

    "Le sage, au contraire, ne fait pas fi de la vie et il n'a pas peur non plus de ne plus vivre." [Epicure]

    "Le courage est le juste milieu entre la peur et l’audace." [Aristote]

    "Le raisonnement vaut aussi pour le courage ; en nous accoutumant à mépriser la peur et en supportant les dangers, nous devenons courageux." [Aristote]

    "Cependant ils se gardent bien d'ajouter : « Mais le regret de tous ces biens ne te suit pas, et ne pèse plus sur toi dans la mort". Si l'on avait pleine conscience de cette vérité, si l'on y conformait ses paroles, on libèrerait son esprit d'une angoisse et d'une crainte bien grandes »." [Marc-Aurèle]

    " c'est plutôt la vaine crainte des dieux qui tourmente la vie des mortels, et la peur des coups dont le destin menace chacun de nous." [Lucrèce]

    "Il ne faut cependant pas qu'un prince ait peur de son ombre, et écoute trop facilement les rapports effrayants qu'on lui fait." [Machiavel]

    " Tantôt la peur nous donne des ailes aux pieds, comme pour les deux premiers ; tantôt elle nous cloue sur place." [Montaigne]

    "La mort est moins à craindre que rien, s'il y avait quelque chose de moins... Elle ne vous concerne ni mort, ni vif ; vif parce que vous êtes ; mort parce que vous n'êtes plus. Nul ne meurt avant son heure." [Montaigne]

    "Pour ce qui est de la peur ou de l’épouvante, je ne vois point qu’elle puisse jamais être louable ni utile." [René Descartes]

    " Et parce que la principale cause de la peur est la surprise, il n’y a rien de meilleur pour s’en exempter que d’user de préméditation et de se préparer à tous les événements, la crainte desquels la peut causer." [René Descartes]

    " Les hommes ont mépris pour la religion. Ils en ont haine et peur qu’elle soit vraie. Pour guérir cela il faut commencer par montrer que la religion n’est point contraire à la raison." [Blaise Pascal]

    "La peur est le Désir d'éviter par un moindre mal un mal plus grand, que nous craignons." [Baruch Spinoza]

    "La peur de la mort est naturelle à tous les hommes, et fût-ce au plus sage, n'est pas un frémissement d'horreur devant le fait de périr, mais comme le dit justement Montaigne, devant la pensée d'avoir péri." [Emmanuel Kant]

    " Il ne faut pas avoir peur de la vérité parce qu'elle seule est belle." [Henri Poincaré]

    " L’étude des rêves, des fantasmes et des mythes nous a encore appris que la crainte pour les yeux, la peur de devenir aveugle, est un substitut fréquent de la peur de la castration." [Sigmund Freud]

    " Imagine-toi deux nuits et un jour à vivre dans l’angoisse ! Nous ne pensions à rien, restions assis là dans l’obscurité totale car Madame, de peur, avait complètement dévissé l’ampoule, les voix chuchotaient, à chaque craquement on entendait des « chut, chut »." [Anne Franck]

    "L'Homme, dit-on, a un sentiment religieux inné : mais on peut interpréter celui-ci comme étant originellement de la peur, ou la recherche obscure d'une causalité théologique." [Lucien Cuénot]

    "L'existentialiste déclare volontiers que l'homme est angoisse." [Jean-Paul Sartre]

    "Cédant de nouveau à la peur, le christianisme rétablit l'autre monde, ses espoirs, ses menaces et son dernier jugement. Il ne reste plus à l'Islam qu'à lui enchaîner celui-ci." [Claude Lévi-Strauss]

    "Le dernier dieu disparaîtra avec le dernier des hommes. Et avec lui la crainte, la peur, l'angoisse, ces machines à créer des divinités." [Michel Onfray]

    "Vivre en permanence dans la peur peut avoir de graves conséquences." [Tinneke Beeckman]

    Photo : Pexeks - David Fagundes

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  • Machiavel : Un prince doit-il être craint ?

    81lUcdWpIkL.jpgUn prince doit évidemment désirer la réputation de clémence, mais il doit prendre garde à l'usage qu'il en fait. César Borgia passa pour cruel, mais c'est à sa cruauté qu'il dut l'avantage de réunir la Romagne à ses États, et de rétablir dans cette province la paix et la tranquillité dont elle était privée depuis longtemps. Et, tout bien considéré, on avouera que ce prince fut plus humain que le peuple de Florence qui, pour éviter de paraître cruel, laissa détruire Pistoia.

    Quand il s'agit de contenir ses sujets dans le devoir, on ne doit pas se mettre en peine du reproche de cruauté. D'autant qu'à la fin, le prince se trouvera avoir été plus humain en faisant un petit nombre d'exemples nécessaires que ceux qui, par trop d'indulgence, encouragent les désordres et provoquent finalement le meurtre et le brigandage ; car ces tumultes bouleversent l'État au lieu que les peines infligées par le prince ne portent que sur quelques particuliers... 

    Il ne faut cependant pas qu'un prince ait peur de son ombre, et écoute trop facilement les rapports effrayants qu'on lui fait. Il doit au contraire être lent à croire et à agir en mêlant la douceur à la prudence ; il y a un milieu entre une folle sécurité et une défiance déraisonnable.

    On a demandé s'il valait mieux être aimé que craint, ou craint qu'aimé ?

    Je crois qu'il faut de l'un et de l'autre. Mais comme ce n'est pas chose aisée que de réunir les deux quand on est réduit à un seul de ces deux moyens, je crois qu'il est plus sûr d'être craint que d'être aimé. Les hommes, il faut le dire, sont généralement ingrats, changeants, dissimulés, timides et âpres au gain ; tant qu'on leur fait du bien, ils sont tout entier à vous ; ils vous offrent leurs biens, leur sang, leur vie et jusqu'à leurs propres enfants, comme je l'ai déjà dit, lorsque l'occasion est éloignée, mais si elle se présente, ils se révoltent contre vous. Et le prince qui, faisant fond sur de si belles paroles, néglige de se mettre en garde contre les évènements, courre risque de périr parce que les amis qu'on se fait à prix d'argent, et non par les qualités de l'esprit et de l'âme sont rarement à l'épreuve des revers de la fortune, et vous abandonnent dès que vous avez besoin d'eux.

    Les hommes en général sont plus portés à ménager celui qui se fait craindre que celui qui se fait aimer. La raison en est que l'amitié étant un lien simplement moral de reconnaissance ne peut tenir contre les calculs de l'intérêt, au lieu que la crainte a pour base un châtiment dont l'idée reste toujours vivante.

    Cependant le prince doit se faire craindre de telle sorte que s'il n'est pas aimé, du moins, il ne soit pas haï. Or il suffit, pour ne point se faire haïr, de respecter les propriétés de ses sujets et l'honneur de leurs femmes. Et s'il se trouve dans la nécessité de faire punir de mort, il doit en exposer les motifs et surtout ne pas toucher aux biens des condamnés, car les hommes, il faut l'avouer, oublient plutôt la mort de leurs parents que la perte de leur patrimoine. D'ailleurs, il se présente tant de tentations de s'emparer des biens, lorsqu'une fois on a commencé à vivre de rapines, au lieu que les occasions de répandre le sang sont rares et manquent plutôt.

    Mais lorsque le prince est à la tête de son armée, et qu'il a à commander à une multitude de soldats, il doit se mettre peu en peine de passer pour cruel, parce que cette réputation lui est utile pour maintenir ses troupes dans l'obéissance et pour prévenir toute espèce de faction.

    Machiavel, Le Prince (1532)

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  • Machiavel : L'art de la guerre

    Je reviens à ce que vous disiez, qu'à la guerre, qui est mon métier, je n'avais adopté aucun usage des Anciens. À cela je réponds que la guerre faite comme métier ne peut être honnêtement exercée par les particuliers, dans aucun temps ; la guerre doit être seulement le métier des gouvernements, républiques ou royaumes. Jamais un État bien constitué ne permit à ses citoyens ou à ses sujets de l'exercer pour eux-mêmes, et jamais enfin un homme de bien ne l'embrassa comme sa profession particulière. Puis-je, en effet, regarder comme un homme de bien celui qui se destine à une profession qui l'entraîne, s'il veut qu'elle lui soit constamment utile, à la violence, à la rapine, à la perfidie et à la foule d'autres vices qui en font nécessairement un malhonnête homme ! Or, dans ce métier, personne, grand ou petit, ne peut s'échapper à ce danger, puisqu'il ne les nourrit dans la paix, ni les uns ni les autres. Pour vivre, ils sont alors forcés d'agir comme s'il n'y avait point de paix, à moins qu'ils ne se soient engraissés pendant la guerre de manière à ne pas redouter la paix. Certes, ces deux moyens d'exister ne conviennent guère à un homme de bien. De là naissent les vols, les assassinats, les violences de toute espèce, que de semblables soldats se permettent sur leurs amis comme sur leurs ennemis. Leurs chefs ayant besoin d'éloigner la paix imaginent mille ruses pour faire durer la guerre, et si la première arrive enfin, forcés de renoncer à leur solde et à la licence de leurs habitudes, ils lèvent une bande d'aventuriers et saccagent sans pitié des provinces entières.

    Machiavel, L'Art de la Guerre (1519/1520)

    Photo : Maksim Istomin - Pexels

    Lien permanent Catégories : =>Saison. 12, Documents, Textes et livres, [90] "Guerre et nature humaine" Imprimer 0 commentaire Pin it!
  • Machiavel : Le mensonge en politique

    On pourrait alléguer des exemples innombrables dans le temps présent, montrer combien de traités, combien d'engagements sont partis en fumée par la déloyauté des princes ; et celui qui a su le mieux user du renard en a tiré les plus grands avantages. Toutefois, il est bon de déguiser adroitement ce caractère, d'être parfait simulateur et dissimulateur. Et les hommes ont tant de crédulité, ils se plient si servilement aux nécessités du moment que le trompeur trouvera toujours quelqu'un qui se laisse tromper...

    Il n'est donc pas nécessaire à un prince de posséder toutes les vertus énumérées plus haut ; ce qu'il faut, c'est qu'il paraisse les avoir. Bien mieux, j'affirme que s'il les avait et les appliquait toujours, elles lui porteraient préjudice ; mais si ce sont de simples apparences, il en tirera profit. Ainsi, tu peux sembler - et être réellement - pitoyable, fidèle, humain, intègre, religieux : fort bien ; mais tu dois avoir entraîné ton cœur à être exactement l'opposé, si les circonstances l'exigent. Si bien qu'un prince doit comprendre - et spécialement un prince nouveau - qu'il ne peut pratiquer toutes ces vertus qui rendent les hommes dignes de louanges, puisqu'il lui faut souvent, s'il veut garder le pouvoir, agir contre la foi, contre la charité, contre l'humanité, contre la religion.

    Nicolas Machiavel, Le Prince (1532)

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  • Compte-rendu du débat: "Les hommes ont-ils besoin d’être gouvernés?"

    Le café philosophique de Montargis se réunissait le 14 juin 2019 pour un débat portant sur le sujet : "Les hommes ont-ils besoin d’être gouvernés ?" La soirée commence par la diffusion d’un extrait du Seigneur des Anneaux ("Un anneau pour les gouverner tous").

    Un premier participant s’arrête sur quelques termes de ce sujet, a priori "sans objet" pour lui. Le terme "d’hommes", pour lui, est une traduction sujette à caution puisque les Anglais parlent de "human beings". Du reste, pourquoi ne pas parler aussi de "femmes", relate un animateur, en écho aux réactions qu’il a pu entendre. La question de l’espèce homo sapiens, qui a une dimension dans le temps et l’espace, laisse apparaître, dit ce premier intervenant, que l’homme a produit des systèmes sans gouvernement. Ou plutôt des êtres humains avec des modèles imparfaits. Que signifie gouverner ? Ne confond-on pas gouvernance et gouvernement ? La gestion ne l’est pas tout autant. Que signifie le gouvernement ? Est-il question de gouvernance étatique, de pouvoir ou d’autorité ? L’autorité peut aussi qualifier cette autorité qu’un homme de savoir peut avoir et qui peut m’être utile.
    Derrière ce sujet, il y a en effet, dit un animateur, la distinction entre gouverner et gérer, entre gouvernement et gouvernance. Étant donné que dans l’histoire il y a eu des communautés humaines qui ont semblé être sans gouvernement, la question interroge : ces communautés ne semblent pas vouées à disparaître ou à retourner dans un mode d’existence soumis à un certain gouvernement. N’y aurait-il besoin que ces communautés aient besoin d’une forme de gouvernement, après un passage accidentel et temporaire sans gouvernement. La question du débat de ce soir, assez classique philosophiquement, est en réalité intéressante car pleine de présupposés et de possibilités de discussions.

    Une participante parle de ce terme de besoin et de la forme passive du verbe gouverner ("être gouverné"), ce qui présuppose une forme de soumission (que notamment les femmes, ajoute-t-elle, ne veulent surtout plus !). Qu’en est-il du besoin ? Parle-t-on d’un besoin naturel ? 

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  • Compte-rendu du débat: "L’État a-t-il tous les droits ?"

    Le café philosophique de Montargis se réunissait le 12 mai 2017 à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée pour un débat intitulé "L’État a-t-il tous les droits ?"

    En ouverture de ce débat, une définition de l’État est donnée : "L’État est une autorité souveraine qui s’exerce sur l’ensemble d’un peuple et sur un territoire donné." L’État aurait tous les droits que la constitution lui donne. Cependant, les droits de l’État sont évolutifs, avec le jeu démocratique de l’exécutif, du législatif et de la justice, des jeux qui peuvent être fluctuants, orientés, avec une part parfois de corruptibilité.

    L’État a pour vocation de garantir les droits des individus, une vocation qui est au centre du contrat social de Jean-Jacques Rousseau. L’État a plusieurs définitions et a évolué au fil des siècles. Il naît d’une opposition violente entre plusieurs ordres de pouvoirs (l’Église, le pouvoir impérial et les ordres féodaux). Cette naissance naît de cette opposition, une naissance "dans la douleur." Par la suite, les rapports de force vont venir s’intégrer, avec aussi des notions nouvelles comme ce "Contrat social" de Rousseau et des critiques comme le risque d’autoritarisme (Montesquieu).

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  • Ce que Machiavel nous dit de la présidentielle 2017

    Le spécialiste de la Renaissance Patrick Boucheron revient avec un récit sur Machiavel. Son portrait de l’auteur du Prince passionne par ses résonances avec l’actualité.

    Patrick Boucheron, spécialiste de la Renaissance, directeur de L'Histoire mondiale de la France (Seuil), phénoménal succès en librairies, est aussi professeur au Collège de France. Il signe un récit inédit sur Machiavel, riche en leçons sur la présidentielle de 2017. "Lorsqu'aujourd'hui diffère d'hier, on peut prendre appui sur avant-hier pour comprendre ce qui va se passer demain", juge l'historien. Patrick Boucheron estime que Machiavel "peut toujours se lire au présent", car il "retrouve son actualité dans les moments d'orages politiques."

    Etes-vous un historien engagé?
    Il existe un pacte implicite entre l'auteur et le lecteur : l'auteur doit expliciter sa position en répondant à cette vieille question de 1968 : d'où tu parles? C'est une affaire de point de vue – donc une question machiavélienne. Il y a des sujets où je parle en spécialiste de l'Italie de la fin du Moyen Âge et d'autres où je fais appel plus généralement à mon métier d'historien comme, par exemple, avec L'Histoire mondiale de la France. Je suis donc un historien engagé dans le sens où je suis engagé dans un travail intellectuel. En ce cas, un historien engagé est bien le contraire d'un historien militant : il travaille à penser contre lui-même. En tant qu'historien qui travaille sur l'Italie de la Renaissance, Machiavel est au centre de ce que j'espère savoir ; mais si j'y trouve des ressources d'intelligibilité pour penser le présent, c'est aussi parce qu'il est un maître en inconfort.

    Machiavel excède donc son époque?
    Dès le XVIe siècle, on a voulu se débarrasser de Machiavel en inventant le machiavélisme. On cherchait alors à l'enfermer dans son temps, rendant impossible l'actualisation de sa pensée. Machiavel a voulu décrire son époque avec beaucoup de précision, de lucidité, et même de méchanceté puisqu'il le fait de manière désenchantée. Mais c'est bien parce qu'il a posé un diagnostic sur l'aujourd'hui que Machiavel peut toujours se lire au présent.

    La suite ici...

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  • COMPTE RENDU DE LA DERNIÈRE SÉANCE

    Thème du débat : "Peut-on vraiment être en vacances ?" 

    Date : 6 juillet 2012 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée.

    Cette séance vient clôturer la troisième saison du café philosophique de Montargis. Avant de prendre ses quartiers d’été, le café philo propose un sujet consacré aux… vacances. Pour cette séance, un buffet froid nous était généreusement offert par la Brasserie du centre commercial de la Chaussée. Merci à Marc !

    Avant de commencer le débat, Claire tient à faire une parenthèse sur l’épreuve de philosophie du baccalauréat. Après avoir rappelé les sujets (lien ici) qui avaient été proposés aux élèves de Terminale (dont plusieurs sur le travail, un thème traité lors d’une séance du "Café philo passe le bac"), elle félicite les Lycéens présents ce vendredi soir pour leurs résultats excellents. Elle s’en réjouit d’autant plus que plusieurs de ces jeunes bacheliers, non contents d’être venus à plusieurs reprises assister aux séances du café philosophique de Montargis, ont co-animé en plus le débat "Peut-on être jeune et heureux ?"

    Le débat de ce soir commence par un tour de table autour de la question de ce soir : "Peut-on vraiment être en vacances ?" Le terme "vraiment" n’est pas sans importance, ajoute Claire : il sous-entendrait toute la difficulté pendant une certaine période de se mettre en vacances, en retrait. Est-ce réellement possible ? Est-ce également souhaitable ? Bruno ajoute que l’étymologie du mot "vacances" n’est pas anodine : mot d’origine latine, vacans signifie "néant", un mot dont est issue singulièrement le terme "vacance" pour désigner, par exemple, "la vacance du pouvoir". Partir en vacances signifierait se mettre délibérément à l’écart de la société : est-ce une posture réservée à quelques-uns ?

    Dès lors, les "vacances" désignent d'abord le moment - ou la période - non travaillés, durant lesquels le vacancier n'a rien à faire. Plusieurs participants rejettent dès le début cette idée. Selon eux, les vacances ne sont pas faites de "néant" mais d'abord d'une rupture par rapport au quotidien, d'un changement de rythme. "Les vacances, affirme l'un d'eux, c'est tout d'abord faire la même chose qu'en week-end mais en prenant d'avantage le temps." 

    Vacances = néant ?

    Être en vacances reviendrait donc avant tout à savourer ce qui, le reste de l'année, se fait dans l'urgence. Ainsi, une participante suggère que les vacances permettent souvent, en prenant le temps, de se reposer, de se ressourcer même, en faisant un bilan de la période les précédant et revenir plein de résolutions pour la suivante.  En citant le vacancier tout juste revenu de congé vantant ses vacances devant ses collègues, un participant affirme que les vacances sont aussi une mode et une manière de se "situer" socialement. Les vacances sont d'ailleurs devenues un business, plusieurs entreprises spécialisées dans ce domaine étant florissantes. Dans ce sens, ces entreprises cherchent d'ailleurs à se spécialiser dans "une vision" des vacances, chacune définissant ce qu'elles entendent par là. Et alors, lesquelles sont-elles dans "le vrai" ?

    Pour beaucoup, ce n'est pas forcément le sable blanc et les cocotiers qui signifient les vacances, "les vraies". Par contre, il est important, voire primordial, de sortir de chez soi, d'en partir. "Pour être en vacances il faut y partir !" affirme l'un d'entre nous. Une participante suggère alors une définition des vacances : se libérer de ses tracas quotidien, de ses habitudes, faire peau neuve. 

    Liberté est sans doute le maître mot qui définirait nos "chères vacances". Chacun se fait son propre idéal de cette période : pour certains, vacances riment avec dépaysement et voyages ; pour d’autres, sortir quelques kilomètres de chez soi et planter sa tente dans un coin proche et familier constitue déjà une coupure bénéfique. Pour d’autres encore, obligés à voyager toute l’année pour des raisons professionnelles, "partir" en vacances c’est au contraire "rester" chez soi et profiter de ses proches. Certains enfin choisissent au contraire de profiter de ces vacances pour s’éloigner de la famille et des enfants afin de se retrouver seuls.

    Oui, chacun a sa propre lecture de ce temps mais, sans nul doute, ce temps doit être avant tout un temps de liberté, de rupture et de changement de rythme social, biologique ou familial. Rupture et non pas néant, comme le suggérerait le mot vacans latin.

    Au vu de ces interventions, il apparaît que limiter les vacances à la simple récompense d’un travail serait trop simple. Alors qu’une participante avoue son plaisir ineffable de profiter de vacances alors qu’elle est à la retraite, une autre dit comprendre la soif de vacances que peut ressentir un demandeur d’emploi, sans activité professionnelle.

    Sans aucun doute, ceux-ci, parce que le souci de leur situation sociale les taraude jour après jour, non seulement "peuvent" se mettre en vacances quelques temps mais le "doivent" sans doute pour leur santé. 

    "L’oisiveté est la mère de la philosophie"  

    Les vacances sont considérées sans doute à tort comme un temps de farniente et de nonchalance. Voire, répond un participant : c’est oublier les tâches qu’attendent un vacancier : préparation pratique, bagages, caravanes ou tentes à planter pour certains, voyages harassants en voiture. Être en vacances n'est assurément pas une mince affaire ! Chacun peut également relater des souvenirs de vacances aux corvées bien plus nombreuses que de coutume : locations aux conforts spartiates ou matériels électroménagers frustres voire inexistants. Une participante fait un sort à une autre idée reçue : celle de vacances que l’on réserverait exclusivement à la vie familiale, gage de vacances "réussies". La réalité peut être moins rose. Plusieurs personnes s’interrogent : partir en vacances n’est-ce pas d’abord se retrouver - égoïstement - soi-même plutôt qu’autrui, même si cela peut être au détriment d’un(e) conjoint(e) ou d'enfants, obstacles à cette période conçue comme une plage de liberté ?

    Le café philosophique de ce soir permet en outre une confrontation – non dénuée de taquineries – entre, d'une part, des adultes désireux de s’affranchir des contraintes de l’éducation de leurs progénitures pendant le temps des vacances et, d'autre part, des jeunes présents ce soir en quête de liberté pour eux-mêmes durant cette période (aventureuse s’il en est) qu’ils attendent avec impatience après leur année scolaire. Cette discussion est la marque sans doute d’une nouvelle pierre d’achoppement entre deux générations qui, finalement, ont d’abord soif de se faire comprendre mutuellement : un adulte peut-il être en vacances au milieu des contraintes eu égard à leur rôle de parents et un jeune peut-il l’être de son côté lorsque la sphère familiale le bride et le contraint pendant sa période de vacances ? Nous voyons que la soif de liberté est toujours au centre de ce "besoin" de vacances !

    Une participante s’interroge ensuite sur ce "néant" (vacans) évoqué plus tôt : cette rupture pendant les vacances ne serait-elle pas propice, bien plus qu’au farniente ou à la distraction, à un repli constructif sur soi-même ? Quelle meilleure période, propice à la lenteur et au calme, pour réfléchir, être dans l’introspection, philosopher ? Bruno va dans ce sens, ajoutant qu’en un sens, depuis des siècles, les philosophes se sont intéressés aux vacances, ou plus exactement à l’oisiveté. Ainsi, selon Thomas Hobbes,  "L’oisiveté est la mère de la philosophie" alors que Søren Kierkegaard affirme que "l'oisiveté, loin d'être la mère du mal, est plutôt le vrai bien."

     

    C’est sur cette exigence d’accomplissement dans l’oisiveté que se termine le débat proprement dit de cette dernière séance de la saison du café philosophique de Montargis. Bruno conclut par deux citations. La première de Marcel Proust : "Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux" et la seconde de la conférencière Patricia Fripp :"Il est étonnant de voir que les gens passent plus de temps à préparer leurs prochaines vacances que leur avenir." 

    Cette séance se termine par un désormais classique du café philo : un blind-test consacré à la philosophie et en particulier aux séances de cette saison 3. Voici les questions et les réponses de ce jeu :

    1. Qui a affirmé que la principale qualité pour un Président est "de ne pas cligner des yeux ?" Réponse : Barack Obama (cf. lien vers la séance correspondante)

    2. Que signifie "éduquer" ?  Réponse : Guider, conduire vers : littéralement rendre autonome (cf. lien vers la séance correspondante)

    3. Qui a dit : que "l’on peut s’opposer [au tyran] tout de même ainsi qu’à tout autre qui envahirait de force le droit d’autrui" ?   Réponse  : John Locke (cf. lien vers la séance correspondante)

    4. Qui a dit : "Avoir beaucoup vu et ne rien avoir c’est avoir les yeux riches et les mains pauvres" ?  Réponse  : Shakespeare (Comme il vous plaira, As You Like It) (cf. lien vers la séance correspondante)

    5. Qui a estimé que l’étonnement, l’une des conséquences du hasard, est la première étape de la philosophie ?  Réponse  : Platon (cf. lien vers la séance correspondante)

    6. Qui a dit : "Rien de grand dans le monde ne s’est accompli sans passion" ?  Réponse  : Hegel (cf. lien vers la séance correspondante)

    7. Au sujet de quelles institutions avons-nous philosopher en février dernier ?  Réponse  : l’école (cf. lien vers la séance correspondante)

    8. Qui a dit : "Mieux vaut changer mes désirs plutôt que l’ordre du monde" ? Réponse : Descartes (cf. lien vers la séance correspondante)

    9. Sur quel document public se sont appuyés Claire et Bruno pour le débat "Qu’est-ce qu’un bon Président ?"  Réponse  : un sondage (cf. lien vers la séance correspondante)

    10. Dans quelle mesure peut-on dire que l’homme heureux est forcément un chanceux ?  Réponse : "bon-heur" = "bonne fortune" (cf. lien vers la séance correspondante)

    hessel.jpg11. Durant le débat de décembre, quel "ennemi de la société" risque, si on n’y prend garde, d’être réduit à sa situation matérielle et ainsi de se voir dénier le statut de personne humaine ?  Réponse  : le riche (cf. lien vers la séance correspondante)

    12. Qui a dit : "(En politique) La fin justifie toujours les moyens" ?  Réponse  : Machiavel (cf. lien vers la séance correspondante)

    13. Qui a affirmé que la passion doit être l’instrument de la raison ?  Réponse  : Hegel (cf. lien vers la séance correspondante)

    14. Combien y a t il eu de séances du café philo durant cette 3ème saison ?  Réponse  : 8 (24 depuis le début) 

    La gagnante repart avec l’essai de Hessel et Morin, Le Chemin de l'Espérance

    La prochaine séance aura lieu le vendredi 28 septembre 2012. Les participants votent en majorité pour ce sujet : "Prendre son temps est-ce le perdre ?

    Claire et Bruno clôturent cette séance par des remerciements aux personnes qui les ont accompagnées durant cette saison et adressent une nouvelle fois un merci particulier au propriétaire de la Brasserie du centre commercial de la Chaussée pour son soutien comme pour le buffet qu'il a offert aux participants de ce soir. 

    Bonnes vacances à tous !

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  • COMPTE RENDU DE LA DERNIÈRE SÉANCE

    Thème du débat : "Qu'est-ce qu'un bon Président ?" 

    Date : 20 avril 2012 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée.

    Entre 40 et 45 personnes étaient présentes, en cette avant-veille de premier tour des élections présidentielles, pour répondre à cette question : "Qu’est-ce qu’un bon Président ?" Il s’agit du 23ème débat du café philosophique de Montargis et l’avant-dernier de cette saison 3. 

    Claire et Bruno précisent qu’il ne s’agira nullement lors de cette séance d’évoquer tel ou tel candidat, et encore moins de faire du prosélytisme pour l’un des postulants à l’Élysée mais bien de discuter de ce que représente aujourd’hui le Président de la Vème République, de parler du sens de la démocratie ou de morale en politique. Aussi, les animateurs proposent qu’en guise d’exemples soient privilégiés des anciens résidents de l’Élysée (en savoir plus ici). Durant ce débat, cette consigne de mettre de côté ses propres convictions sera très largement respectée !

    Le débat proprement dit commence par un tour de table sur les qualités attendues d’un Président de la République : sens de l’intérêt général, garant des institutions, un Président "guide" ("paternaliste" pour une participante, voire "éducateur"), ayant le sens de l’autorité, équilibré, garant de "valeurs", rassembleur, représentant de la population et capable d’assurer une politique pérenne. Ce dernier argument est développé par un participant : un chef d’État doit être capable d’avoir une vision à long terme d’un pays et penser la politique de son pays sur une durée longue, de quinze ou vingt ans. Un Président ne doit pas se contenter de gérer un court terme un pays dont il a la charge mais bien plus d’avoir une vision prospective afin d’anticiper de grandes évolutions économiques, sociales ou techniques – avec, cependant, le risque d’une dérive vers une forme d’autocratie. 

    Une intervenante émet l’opinion que se demander ce qu’est un bon Président revient, aujourd’hui, à s’interroger sur les qualités d’un Président dans un monde traversé par des crises profondes, sources de conflits y compris armés – conflits qu’une démocratie protège malgré tout (Bruno rappelle que jamais dans nos époques modernes une démocratie n’a déclarée la guerre à une autre démocratie). On voit donc que la question débattue ce soir prend toute son acuité et toute son actualité !   

    À la question de Claire de savoir si les programmes présidentiels sont réellement lus par les citoyens qui vont désigner leur représentant, il apparaît que la personnalité des candidats compte autant voire plus que les déclarations de foi et les projets de tel(le) ou tel(le).

    Claire apporte ensuite un élément d’analyse sur le sujet de cette séance : elle cite un sondage effectué par TNS Sofres pour le magazine Philosophie Magazine (sondage effectué du 20 au 21 juillet 2011 auprès de 975 personnes) dans un dossier qui avait précisément pour titre "Qu’est-ce qu’un bon Président ?" (octobre 2011). Or, il apparaît que les réponses apportées à ce sondage ont laissé apparaître des réponses pour le moins claires et tranchées sur ce qu’attendent les citoyens : 92 % des personnes souhaitent que celui ou celle qui les représente soit un homme ou une femme de terrain, pragmatique, pour 89 % quelqu’un capable de prendre des mesures de droite ou de gauche selon les circonstances, 67 % être une personne avec le même style de vie que la majorité des Français et 51 % avoir une personnalité hors du commun.

    Il convient, pour répondre à la question de ce soir, dit un autre participant, de revenir aux principes de cette institution actuellement sous les feux de l’actualité. À cet égard, la Constitution de la Vème République est éclairante : "Le Président de la République veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'État. Il est le garant de l'indépendance nationale, de l'intégrité du territoire et du respect des traités. (article 5)" Il est le garant des institutions et de la séparation des pouvoirs. Un bon Président de la République n’est-il pas d’ailleurs un chef de l’État qui veille à ces principes ?

    Cette fonction et ces tâches impliquent une détermination et un certain courage politique. Le recours à la violence fait par exemple partie de ses prérogatives : "Lorsque les institutions de la République, l'indépendance de la nation, l'intégrité de son territoire ou l'exécution de ses engagements internationaux sont menacées d'une manière grave et immédiate et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics constitutionnels est interrompu, le Président de la République prend les mesures exigées par ces circonstances (article 16)".

    Cette possibilité fait écho aux propos de Machiavel qui, dans Le Prince, considère l’usage de la violence comme un instrument incontournable dans l’exercice de l’autorité : "Il faut donc qu'un prince qui veut se maintenir apprenne à ne pas être toujours bon, et en user bien ou mal, selon la nécessité", dit-il dans Le Prince (cliquez ici pour aller plus loin).

    Évoquer l’auteur italien de la Renaissance si souvent décrié (par Kant par exemple) mais toujours d’actualité, lance une discussion passionnée sur un des défauts que l’on peut imputer à la fonction présidentielle dans une démocratie : un usage régalien de la violence, même si cet usage doit être pris, en théorie, avec discernement. Un participant objecte que dans l’exercice de la fonction présidentielle, le "feu nucléaire" – pour ne prendre que cet exemple – ne peut être déclenché par le seul chef de l’État. Avant de déclencher une guerre, il le chef de l’État est assisté d’un aréopage de conseillers militaires et politiques.

    Il n’empêche que, muni de pouvoirs aussi étendus, un Président de la République doit-il être un homme "normal" comme l’a affirmé un candidat récemment ? L’est-il ? Ne possède-t-il pas une immunité de fait qui en fait un personnage "au-dessus des lois" ? Cette question est âprement débattue. Un intervenant précise qu’en réalité le Président de la République peut être poursuivi en cas de crimes ou d’intelligence avec l’ennemi mais qu’en dehors de ces faits son mandat le protège de toute action judiciaire. Il peut, certes, être poursuivi, comme n’importe quel citoyen, mais seulement après son mandat. Finalement, le statut pénal du Président de la République n’a d’autre fonction que protéger une institution républicaine (pour aller plus loin). Il n’en est pas moins vrai, dit Bruno, que cette protection judiciaire fait du Président de la République un citoyen avec des droits extra-ordinaires, bénéficiant, parmi ses prérogatives, d’un droit régalien d’amnistie et de droit de grâce, héritage de l’Ancien Régime. Le système moderne de désignation d’un citoyen par l’ensemble des Citoyens pour les représenter est, en France, bel et bien imprégné de symboles monarchiques. 

    Cette délégation de pouvoir pose assurément un problème, que soulève un nouvel intervenant. En désignant une personne chargée de gérer le pays, la tentation est grande pour chacun de ses citoyens de se sentir débiteur et d’attendre du responsable désigné que le pouvoir délégué réponde à ses souhaits, ici et maintenant. Là, la démocratie se heurte sans doute à un mur : voilà un régime, représenté par un Président de la République aux pouvoirs étendus (largement hérités de la monarchie), chargé de respecter la volonté du peuple tout en prenant sans cesse en considération l’intérêt de l’État, au détriment des intérêts particuliers voire d’une partie de la population. La tâche est considérable et, pour tout dire, impossible !

    En vérité, un contrat social lie les citoyens à ce souverain élu : contre le chaos susceptible de mettre à mal la société des hommes, ceux-ci concluent entre eux un pacte social destiné à assurer la paix et la sécurité de tous. C’est le Léviathan de Thomas Hobbes (1651) : "Aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tienne tous en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, et cette guerre est guerre de chacun contre chacun."

    De toute manière, continue un participant, est-ce vraiment à cet homme ou cette femme qui nous représente d’être en charge de régler les innombrables problèmes inhérents à la vie d’un pays ? D’ailleurs, répondre aux attentes de l’ensemble de la population est une tâche impossible, tant par son ampleur que par la versatilité de l’opinion (dixit Aristote).

    Justement, dans ces mouvements d’humeur, le Président se situe dans un milieu, comme arbitre. Cet homme politique providentiel n’est jamais que, par définition, celui qui "préside", celui qui "est assis devant" (prae sidium). Dans le sondage présenté par Claire, 57 % des personnes interrogées ne dénient d’ailleurs pas à celui ou celle qui les représente la possibilité d’aller contre l’opinion des Français – et plus précisément des sondages – lorsque l’intérêt commun l’exige ! Il est dit que la tentation peut être grande de "renverser la table" à chaque élection, tant est vivace la passion de la Révolution en France. Pour autant, dit Bruno, il apparaît flagrant que c’est au bien au centre que se gouverne notre pays depuis 1945 ; certes, un centre plus ou moins à droite ou plus ou moins à gauche. 

    Bruno s’étonne que parmi les qualités d’un bon Président aucun participant n’ait considéré que le chef de l’État doive être un intellectuel ou une personne cultivée - une qualité pourtant citée par 88 % de sondés dans l’enquête de Philosophie Magazine. Plusieurs personnes conviennent que des qualités intellectuelles sont indispensables pour une telle charge. Mais il y a bien plus, appuie Claire : tel le sage philosophe platonicien, le chef de l’État de notre pays doit aussi être, dans l’inconscient collectif, un penseur, un intellectuel, un sage. Le premier Président de la Vème République, Charles de Gaulle, n’est-il pas enseigné à l’école en cours… de français (ses Mémoires de Guerre sont, en 2012, au programme du baccalauréat – ce qui n’a pas été sans susciter des polémiques). L’un de ses successeurs, François Mitterrand, se considérait lui aussi comme homme de lettres (et écrivain contrarié !) autant qu’homme d’État. Appréhende-t-on différemment la fonction élyséenne ? On peu en douter : qu’à l’inverse un Président de la République manifeste un certain dédain pour la culture (que l’on songe à ce débat sur la Princesse de Clèves) et le voilà cloué au piloris !

    À ce moment du débat, une participante intervient avec passion pour s’étonner que la représentation du Président de la République apparaisse sous l’aspect d’un monarque tout puissant, presque monarchique alors que, précisément, l’institution élyséenne n’est qu’un des pouvoirs qui fondent notre démocratie. Elle rappelle que les lois sont votées par les députés et les sénateurs et que les collectivités locales sont gérées par des conseillers régionaux, généraux et municipaux. L’ensemble des participants se montre en accord avec cette intervention. Bruno précise que le débat de ce soir, centré sur la Présidence, n’entendait pas évoquer les autres institutions républicaines. Il apparaît toutefois que cette personnification du pouvoir présidentielle peut apparaître comme posant effectivement problème au sens de la représentativité. La France est dans un régime démocratique "semi-présidentiel" où le chef de l’État est élu au suffrage universel direct (à la différence, par exemple, des États-Unis). Voilà tout le paradoxe du Président de la République tel qu’il est présenté dans le sondage de Philosophie Magazine : un chef de l’État à la fois "de terrain" (92 %), "ordinaire" (67 %) et "hors du commun" (51 %) ! Le grand danger de cette personnification est d’enlever à ce Président ce statut de simple représentant des citoyens et d’oublier les autres corps qui régissent le gouvernement de l’État. Or, n’est-ce pas justement cela le problème, semble-nous dire Platon ? Celui qui a théorisé sur une République idéale n’appelle-t-il pas de ses vœux un souverain aux qualités exceptionnelles, ce sage philosophe capable de conduire – seul ! – la Cité ? Voilà ce qu'il dit : "Les maux ne cesseront pas pour les humains avant que la race des purs et authentiques philosophes n'arrive au pouvoir ou que les chefs des cités, par une grâce divine, ne se mettent à philosopher réellement" (Platon, lettre VII). Voir également ce lien.

    Allons justement en Grèce, propose Bruno. Et plus précisément dans la Grèce des Vème siècle avant notre ère. On y trouvera une jeune démocratie capable de nous éclairer sur ce que peut être un chef de l’État "idéal". Au-delà des qualités requises, le plus important n’est-il pas que le Prince placé au sommet des citoyens soit débiteur devant eux de ses actes ? Un homme politique a laissé une trace profonde dans l’histoire de l’Humanité : Périclès (495 av. JC – 429 av. JC). À Athènes, il présida la Cité pendant trente ans d’affilés, pratiquement sans interruption, réélu à une exception près tous les ans par ses concitoyens ! Finalement, c’est à eux que revient en ultime ressort le choix de leur représentant au nom de ce contrat social théorisé par Thomas Hobbes (Léviathan). Bien plus, il leur reviendra de destituer le cas échéant, y compris par la force, celui qui s’avèrera être un tyran. John Locke dit que "l’on peut s’opposer [au tyran] tout de même ainsi qu’à tout autre qui envahirait de force le droit d’autrui" (Traité du Gouvernement civil, XVIII, 1690).

    Que celui qui préside et surveille doit être lui-même surveillé, en quelque sorte ("Quis custodiet ipsos custodes ?" autrement dit : "Qui garde les gardiens eux-mêmes ?"). C’est d’ailleurs sur cette notion de vigilance que souhaite conclure Claire. Un Président a déjà répondu en partie à la question débattue ce soir à Montargis. Lorsqu’on lui demandait quelles étaient les qualités pour assumer la plus haute fonction d’un État, le Président américain Barack Obama a répondu ceci : "Le vrai truc pour être Président, c’est qu’il ne faut pas cligner des yeux. Moi, je ne cille pas. C’est vraiment la chose la plus importante !" (15 août 2011).

    La soirée se termine par le choix d’un sujet proposé par un participant : "Peut-on réellement être en vacances ?" Rendez-vous est fixé le vendredi 8 juillet 2012 pour le dernier café philosophique de la saison 3. 

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  • COMPTE RENDU DE LA DERNIÈRE SÉANCE

    Thème du débat : "Les riches le méritent-ils ?"

    Date : 9 décembre 2011 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée.

    Environ 50 personnes étaient présentes pour cette nouvelle séance du café philosophique intitulée "Les riches le méritent-ils ?"

    Une fois n’est pas coutume, cette séance commence par un blind test consacré au sujet de cette soirée :

    1.    Qui a dit : "Celui qui n’a pas une Rolex a cinquante ans a quand même raté sa vie !" ? Réponse : Jacques Séguéla

    2.    Qui a dit : "Avoir beaucoup vu et ne rien avoir, c’est avoir les yeux riches et les mains pauvres" ? Réponse : William Shakespeare

    3.    Qui est l’auteur des Recherches sur la nature et les causes de la Richesse des Nations… ? Réponse : Adam Smith (économiste écossais, 1723-1790)

    4.    Qui a dit : "Le premier qui, ayant enclos un terrain, s’avisa de dire : "ceci est à moi" et trouva assez de gens simples pour le croire fut le vrai fondateur de la société civile." ? Réponse : Jean-Jacques Rousseau

    5.    Quel cinéaste et intellectuel français est l’auteur de L’Argent ? Réponse : Robert Bresson

    6.    Qui a dit : "L'expérience prouve que jamais les peuples n'ont accru leur richesse et leur puissance sauf sous un gouvernement libre." Réponse : Nicolas Machiavel

    7.    Quel philosophe considère la richesse comme l’un des trois bienfaits de l’humanité (avec la santé et la beauté) ? Réponse : Platon

    8.    Qui a dit : "Les hommes sont mille fois plus acharnés à acquérir des richesses que la culture , bien qu’il soit parfaitement certain que le bonheur d’un individu dépend bien plus de ce qu’il est que de ce qu’il a" ? Réponse : Arthur Schopenhauer

    9.    Qui a dit : "La valeur diffère donc essentiellement de la richesse car elle ne dépend pas de l’abondance, mais de la difficulté ou de la facilité de production." Réponse : Karl Marx

    Le gagnant repart avec le nouvel ouvrage de Thomas Cathcart et Daniel Klein, Kant et son Kangourou franchissent les Portes du Paradis : Petite Philosophie de la Vie (et après) par les blagues. Félicitations à lui.

    Le débat de ce soir commence par un tour de table sur le sujet de ce soir, un sujet qu’une participante trouve polémique et problématisant mal un débat sur la richesse. Bruno répond que l’objectif d’une telle question ("les riches le méritent-ils ?", et qui sous-entendrait que les pauvres le mériteraient également...) est bien entendu de jouer la provocation. Notre café philosophique a pour habitude de proposer des sujets volontairement malicieux et de faire de ses rendez-vous des lieux de débat et non des smples cours de philosophie. Claire ajoute que l’objectif n’est pas de jeter aux gémonies les riches – une situation que certains souhaiterait atteindre alors que ces mêmes personnes seraient les premières à  se féliciter de faire fortune – mais bien de s’interroger sur la place du mérite. Il y a matière à s’interroger sur cette équation qui conduirait une personne digne d’éloge, de considération et de valeur morale à accéder à une fortune matérielle. Cette équation est-elle encore recevable de nos jours?

    Claire ajoute que les riches peuvent se caractériser dans trois grands groupes distincts : les héritiers d’une part (ce sont les Bettencourt, les Lagardère ou les Rothschild), les entrepreneurs ou hauts salariés d’autre part (chefs d’entreprise, actionnaires, traders, hauts fonctionnaires et cadres supérieurs) et enfin les personnes dotées d’un talent hors du commun (ce sont les grands artistes mais aussi certains sportifs de haut niveau). Il se trouve que le poids de ces riches ou "super riches" prend une place de plus en plus considérable. Le classement Forbes 2011 est marqué par un double record : celui du nombre de milliardaires d’une part (1210) et celui des fortunes cumulées d’autre part (4500 milliards de dollars). (Plus d'infos ici)

    Alors, les riches peuvent-ils mériter ces fortunes ?

    En réponse à cette question provocatrice, un débattant répond avec la même malice que les riches méritent certainement non seulement de l’être mais en plus de savoir conserver leur richesse intacte ! Ils mettent en tout cas beaucoup d’énergie et de talent à se soustraire à toute ponction financière (impôts, taxes ou autre). Il n’en reste pas moins vrai, ajoute-t-il, que l’acquisition de la richesse pose assurément question et débat, dans un monde où les inégalités ne cessent de croître. L’acquisition de la fortune obéit certes à des règles – une bonne scolarité, le travail, un environnement favorable – mais la part de l’opportunité, pour ne pas dire du hasard, jouent un rôle capital. C’est toute l’histoire des fortunes créées grâce aux nouvelles technologies (les Mark Zuckerberg et autres Steve Jobs).

    Parler du seul mérite dans la création de richesses, dit au autre participant, c’est oublier que dans un monde technologique les richesses sont aussi créées de manière ultra sophistiquée. C’est l’exemple de ces sociétés de bourse générant des actes d’achat et de vente à l’aide de logiciels performants où l’intervention de l’homme reste minime (système automatisé intégral).

    Bruno fait un aparté pour s’interroger sur le seuil à partir duquel on peut considérer tel ou tel comme riche. Il existe une définition statistique (en savoir plus ici). À l’instar du seuil de pauvreté qui correspond à 40 ou 60 % du revenu médian, le seuil de richesse correspond au double du revenu médian. En France, une personne seule gagnant au moins 3 000 euros (net) est donc considérée comme riche. Cette acception économique et statistique est considérée par les participants comme trop restrictive : la richesse n’est-elle pas très relative ? Pour preuve, alors qu’un participant considère la richesse comme cette possibilité de pouvoir s’octroyer le superflu, une autre répond qu’elle considère le superflu (un parfum onéreux, par exemple) comme un plus "indispensable" à l’existence humaine. Rien donc n’est simple lorsque l’on parle de richesse.

    La richesse est-elle question de culture? Accordons-nous dans nos sociétés occidentales une importance considérable à la richesse, contrairement à d’autres pays ? Bruno doute sur ce point : la mondialisation donne à tout être humain une envie d’acquérir la fortune, sinon comment expliquer que le besoin d’accéder à la fortune se fasse déplacer des millions d’êtres humains, ce qui paraît le plus naturel du monde ! La richesse apparaît en tout cas comme très souvent limitée à un aspect trop prosaïque : le mérite d’un professeur, souligne avec justesse un participant, apporte une richesse considérable.

    En tout état de cause, qu’elle soit méritée ou pas (et surtout si elle n’est pas méritée!) la richesse non seulement n’est pas source de bonheur mais serait son pire ennemi. Un participant rappelle qu’une enquête sur le bonheur (Enquête "Happy Life Years" de Ruut Veenhoven, université de Rotterdam) a placé les personnes riches comme potentiellement les plus imperméables à cette notion, un peu comme si la peur de perdre ses biens anéantissait tout "bénéfice" à cette fortune si convoitée.

    Évoquer le mérite qu’a tel ou tel dans l’acquisition de la richesse signifie d’abord surtout acceptation ou non qu’autrui acquiert une fortune démesurée dans un monde de plus en plus inégalitaire. Là, sans doute, est le nœud du débat. Un intervenant souhaite souligner qu’un super riche pourra être considéré – justement – avec considération alors que sa fortune est immense - voire démesurée - et pourrait heurter le commun des mortels. Prenant l’exemple de Bill Gates, le même intervenant souligne que son prestige est dû aux œuvres caritatives et de philanthropies importantes qui ont le "mérite" d’humaniser sa richesse (site de la Fondation Bill & Melinda Gates sur ce lien). Soulignons que ce blanc-seing accordé au fondateur de Microsoft est caractéristique : un riche est jugé moins pour ses actions passées qui l’ont conduit à la fortune que pour l’utilisation de sa fortune.

    Cela fait dire à un jeune participant que philosopher sur la notion de mérite et de richesse c’est se confronter à un mur : c’est d’emblée réduire le riche à sa situation matérielle et à lui dénier le statut de personne humaine ! Un autre participant rebondit sur cette constatation, affirmant qu’une telle réduction a trouvé dans l’histoire des réalités monstrueuses : les dictatures communistes. Cette idéologie, héritée du philosophe Karl Marx, en proclamant le riche comme "ennemi de la société" (un ennemi qui, précisément, ne méritait pas sa fortune), a commis des crimes de masse, parmi les pires pratiqués dans l’Histoire (Goulag de l'ancienne URSS, Cambodge de Pol Pot, Chine de Mao, etc.). Dans ces pays communistes d’ailleurs, une classe de gens riches, pas plus méritoires d’ailleurs, remplaçait celle qui avait été exterminée !

    La fortune peut-elle être bénéfique et méritée ? La question, dit un autre participant, semble ne pas se poser en tout cas pas pour ces "super riches", formant une caste, une nomenklatura cooptée, fréquentant les mêmes écoles, les mêmes salons et se retrouvant dans les mêmes conseils d’administration. Quelle est la place du mérite pour ces "super riches" ? Nulle ou négligeable, ajoute-t-il. Voire, répond un autre intervenant : il y a d’abord ces responsabilités écrasantes que peu d’entre nous pourraient assurément assumer. Il ne faut pas nier non plus la valeur intrinsèque de tel ou tel individu explique pour une part ces fortunes (Michel Pébereau, ancien responsable de BNP Paribas, par exemple). D’ailleurs, plusieurs personnes conviennent que la prise d’importantes responsabilités peut être extrêmement lourde : "Qui serait prêt à sacrifier tout ou partie de sa vie personnelle ou familiale ?" résume Claire.

    En tout état de cause, les fortunes, méritées ou pas, doivent être mises au service de la communauté, avance un participant. Finalement, ce qui est passionnément débattu en fin de séance n’est pas tant la question du droit à être riche ou très riche (droit acquis grâce à son mérite, ses talents ou un art, quel qu’il soit, ou bien à cause de sa naissance...) que le devoir qu’entraîne cette richesse : participer à la vie de la Cité à hauteur de ses moyens, participation qui implique d’accepter de se voir grever une infime minorité de sa richesse. Il est, hélas, patent, affirment plusieurs participants, que la générosité est pour le moins un sentiment peu répandu au sommet de la pyramide économique et financière (cf. théorie du "trickle down"), comme si la cohésion des hommes de pouvoir ne pouvait admettre tout coup de canif à des richesses démesurées ! Un intervenant rappelle une citation du milliardaire Warren Buffet : "La lutte des classes existe et nous sommes en train de la gagner" (citation datée de 2008, précise Bruno).

    Détester la pauvreté plutôt que mépriser les riches !

    Bruno conclut ce débat. S’interroger sur la richesse, dit-il, et sur la valeur de la richesse, c’est ne pas en faire une simple question de comptabilité. Je peux vouer une admiration sans borne à Bill Gates dont la richesse me paraît méritée et moralement acceptable ; à l’inverse, combien sont plus aléatoires ces rémunérations de traders ! De même, un footballeur payé des millions d’euros mais à la carrière très courte et apportant prestige, notoriété et richesse à son club, aura-t-il une rémunération moralement moins acceptable qu’un chef d’entreprise à la tête d’une entreprise du CAC 40 où les responsabilités sont diluées ? On peut en douter ! La richesse doit donc résulter d’une rémunération juste au terme d’un contrat conclut entre deux parties. Dans l’idéal. Mais ce même mérite comme voie vers la richesse rencontre très souvent comme obstacle la modestie (c’est le philosophe David Hume qui le dit) et est détrôné tout autant par ces cancers de la société que sont le népotisme et tous ces systèmes de préférence en fonction de la naissance.

    Un autre facteur, social et économique, doit être pris en compte : celui d’une aliénation via l’argent et de la non-distribution de la richesse en dépit du mérite de tel ou tel (Karl Marx). Cette non-distribution est expliquée par la dilution des responsabilités  et par le développement de l’automatisation de la création des richesses (exemple des systèmes informatiques boursiers).

    Le mot de la fin est pour Hume qui est parvenu à disséquer les heurs et les malheurs de la fortune : "les qualités bonnes ou mauvaises de l’homme sont les causes de sa bonne ou mauvaise fortune" (encore que ce terme de "fortune" désigne essentiellement la fortuna, autrement dit la providence). C’est finalement à chacun qu’il appartient de refuser de mépriser les riches mais préférer détester la pauvreté et de travailler à son propre mérite, avec courage et sans modestie ! Ayons enfin à l’esprit que le véritable mérite est, pour reprendre Hume, de procurer du bonheur à la société des hommes - plutôt que d'acquérir la richesse !

    Le café philo se conclut par le vote du sujet de la séance du 27 janvier 2012. Les participants élisent à une écrasante majorité le sujet : "La vie est-elle trop courte pour s'ennuyer avec quelqu'un qui n'en vaut pas la peine ?" Nous l'intitulerons ainsi : "Vivre seul(e) ou mal accompagné (e) ?"

     

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  • BIENTÔT LE PROCHAIN CAFÉ PHILOSOPHIQUE

    Le prochain débat du café philosophique de Montargis aura lieu cette semaine, le vendredi 9 décembre à 18H30 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée. Le thème de discussion philosophique proposé promet pour le moins d’être passionné puisqu’il posera cette question : "Les riches le méritent-ils ?"

    Richesses-0107f.jpgSi tel était le cas, les pauvres le mériteraient également… Alors, que penser ?

    Vit-on réellement dans un système méritocrate ? La hiérarchisation des richesses se fait-elle uniquement sur le mérite, c’est-à-dire sur ce qui rend une personne digne d'estime, d'éloge, de considération ou de récompense au regard de sa conduite ou des obstacles surmontés ?

    La richesse financière, économique, est-elle le résultat de comportements dignes ou nobles ?

    Le riche n’est-il pas, au contraire, l’arriviste qui, tel George Duroy (le Bel-Ami de Maupassant), est prêt à tout pour réussir ? Le Prince de Machiavel l’affirme et le souligne : lorsqu’il est question de réussir "la fin justifie toujours les moyens".

    Sur ce vaste sujet et toutes ces questions, Claire et Bruno proposeront à chacun de venir en découdre le vendredi 9 décembre à 18 h 30 au café philosophique de La Chaussée. Participation libre et gratuite – bien que toujours très enrichissante !

     

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