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[10] "Le Père Noël est-il un imposteur?"

  • RETOUR EN ARRIÈRE

    Alors que Noël approche à grands pas, il ne paraît pas inutile de faire un bond un an en arrière : en décembre 2010, le café philosophique de Montargis choisissait, non sans malice, de consacrer son dernier dernier débat de l'année au Père Noël ! Le titre de cette séance s'intitulait : "Le Père Noël est-il un imposteur ?"

    Tout un programme...

    Pour en savoir plus sur ce débat, et notamment pour lire le compte-rendu de ce cette séance, rendez-vous sur ce lien.

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  • COMPTE-RENDU DE LA DERNIÈRE SÉANCE SUR LE PÈRE NOËL

    Thème du débat : "Le Père Noël est-il un imposteur ?"

    Date : 17 décembre 2010 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée.

    Environ 25 personnes étaient présentes pour cette séance intitulée "Le Père Noël est-il un imposteur ?", un café philosophique "spécial fêtes de fin d'année".

    Le thème choisi est un clin d’œil à cette période de fin d’année unanimement célébrée comme un moment de fête, de rencontres et, pour nombre de croyants chrétiens, de commémoration d’un événement religieux. Mais est-ce si évident ? demande Claire. Et d’abord, qu’est-ce qui se cache derrière Noël et le Père Noël ?

    Bruno commence par faire une brève histoire du 25 décembre, dont la fixation comme date marquant la naissance du Christ, est loin d’être simple ni non plus évidente : pendant les premiers siècles, non seulement on ne célébrait pas la date de naissance de Jésus mais en plus cette date, même approximative, est inconnue. Théologiquement, il n’y avait d’ailleurs aucun intérêt particulier à la connaître. Il est même probable que ce Jésus ne soit même pas né en hiver car, nous disent les Évangiles, il est né dans une étable vide (donc sans animaux, partis sans doute en transhumance, soit approximativement du mois de mars à la fin octobre)…

    Cette fixation de Noël date de 326. On la doit à l’initiative de l’empereur Constantin qui n’était pas, contrairement à ce que l’on croit, le premier empereur chrétien puisqu’il ne s’est fait baptiser que sur son lit de mort. En réalité, il a été pendant tout son magistère un souverain dans la droite ligne de la religion traditionnelle romaine (païenne). Par contre, il a été soucieux d’instaurer une réconciliation entre chrétiens et non chrétiens après des siècles de persécutions. La fixation de Noël comme date anniversaire est un symbole fort : le 25 décembre a été choisi car elle correspondait à une fête païenne populaire, celle du Sol Invictus. Cette fête vient de Perse (actuelle Iran) et a été ramenée par les soldats romains au cours du Ier siècle ap. JC. Le 25 décembre, on célébrait la naissance de Mithra, dieu solaire né après le solstice d’hiver dans une grotte et dont la mère… était une vierge (tout comme la mère de Jésus, selon les croyances chrétiennes). On a par la suite confondu cette célébration de Mithra avec une autre divinité, syrienne celle-là, le Soleil Invaincu (ou Sol Invictus). Comme le remarque une participante, Noël a donc été une fête qui s’est substituée (plus précisément "juxtaposée" précise Bruno) à une fête païenne. Pour avoir plus d’informations sur cette histoire du 25 décembre sur ce lien.

    S’agissant du Père Noël, Claire avoue qu’en préparant ce café philosophique elle est allée de surprise en surprise en découvrant la complexité de ce personnage archiconnu, et sans doute le dernier "dieu magique" de notre civilisation. Plus d’informations sur l’histoire mouvementée du Père Noël cliquez sur ce lien.

    Pour comprendre ce bon vieux Père Noël, il convient de faire un peu d’ethnologie, grâce à Claude Lévi-Strauss, qui l’a étudié suite à un fait divers insolite survenu à Dijon le 24 décembre 1951. À l’époque, pour protester contre un personnage jugé "païen", l’archevêque de l’époque décide de brûler publiquement un mannequin du Père Noël en place publique. Bruno précise que début novembre, les actualités internationales ont été témoins d’un fait divers analogue, un archevêque argentin ayant proclamé devant ses ouailles (y compris devant des enfants !) "la non-existence du Père Noël"… cf. cette brève d’actualité.

    L’archevêque avait-il en tête une idée plus politique ? Il ne fait pas oublier qu'au lendemain de la seconde guerre mondiale, l'Europe voir sur son territoire la domination pacifique mais néanmoins outrageante des États-Unis. Le Père Noël apparaît comme une "créature américaine", héritée du Santa Clauss ou s. Nicolas. Elle est née au milieu du XIXème siècle et est devenue populaire au cours des années 30 grâce à l’essor de la publicité : la dominante rouge du costume du Père Noël ne vient-il pas de publicités imprimées de la firme Coca-Cola, soucieuse de donner envie aux petits Américains (et plus tard les Européens) de boire leur célébrissime boisson pendant l’hiver et non pas seulement en été ? Certes, ajoute Claire, cette explication relativement connue est séduisante ; pour autant, n’oublions pas que rien n’est simple s’agissant du Père Noël : son costume vient autant du fameux Coke que d’une lointaine tradition d’un s. Nicolas portant le costume pourpre, couleur symbolique du pouvoir royal ou impérial. Voilà qui fait du Père Noël un souverain beaucoup moins bienveillant que l'imagerie traditionnelle ! De la même manière, ajoute Bruno, les traditions et coutumes entourant Noël ont une histoire riche et compliquée (on l’a vu avec l’histoire du 25 décembre) : la bûche, symbole de vie éternelle, devait brûler toute la nuit et était un symbole de vie éternelle ; les guirlandes sont une tradition romaine (on se déguisait le 25 décembre lors des Saturnales, en l’honneur du Sol Invictus)...

    Mieux, Claude Lévi-Strauss, ajoute Bruno en citant des passages de l’article du célèbre ethnologue, voit dans la figure du "très occidental" Père Noël, popularisé pendant la période du Plan Marshall, une figure non seulement beaucoup plus ancienne mais aussi beaucoup plus lointaine : la tribu des Pueblos en Amérique du sud célèbre les kachinas, personnages mythiques chargés de récompenser les enfants et qui sont finalement, ajoute l’auteur de Tristes Tropiques, en charge de l’initiation des jeunes pour le passage à l’âge adulte : "On voit tout de suite que la croyance au Père Noël n’est pas seulement une mystification infligée plaisamment par les adultes aux enfants ; c'est, dans une très large mesure, le résultat d'une transaction fort onéreuse entre les deux générations." Plus d'informations sur l'étude de Lévi-Strauss ici.

    Le Père Noël est au diapason, pour ne pas dire au croisement de ces traditions multiséculaires dont l’origine reste souvent pour la plupart obscure.

    Alors, pourquoi croire au Père Noël, personnage imaginaire et magique venant chaque année à date fixe récompenser les bons enfants ? Et d’abord, s'interroge Claire, n’est-ce pas terrible de cultiver le mensonge de cette croyance irrationnelle, "raconter des histoires" à seule fin d’encourager nos progénitures à se tenir sage ? Pour cela, on utiliserait un artifice astucieux et imparable : un bonhomme imaginaire à qui on ne peut rien cacher et qui viendrait récompenser ceux qui le méritent (les kachinas ne sont plus très loin). Y a-t-il une morale dans cette croyance ?

    La réponse de nombre de participants est que cette croyance, pour amorale qu’elle soit, participe à une sorte de "magie de Noël", des souvenirs que beaucoup ont eu - voire construisent de toute pièce ! - lorsqu’ils étaient enfant. Cet imaginaire construit en quelque sorte les adultes en devenir. Le Père Noël serait-il, comme pour les indiens Pueblo un personnage initiatique ? Sont échangés au cours de ce café philo des souvenirs de Noël qui montrent toute l’importance du Père Noël, même si – et chacun le regrette – Noël apparaît comme une fête commerciale jusqu’à l’excès !

    Cet aspect très moderne et aussi le fait que Noël reste un événement toujours très marqué du sceau du christianisme pourrait entraîner une certaine désaffection, même minoritaire, de cette fête. Or, il n’en est rien : non seulement, tel un tabou, cette célébration reste plébiscitée mais en plus, ajoute une personne de l’assistance, celui ou celle qui, volontairement, refuserait de changer ses habitudes le 25 décembre peut difficilement s’empêcher de marquer le coup à cette période de l’année, même si c’est un 22 ou un 23 décembre : le symbole est donc toujours là !

    Une personne suggère que l’importance que l’on accorde à cette date vient du solstice d’hiver, de cette fête ancestrale célébrée à l’occasion du Sol Invictus : à partir du 24 décembre, les hommes célèbreraient le rallongement des jours et "le passage des ténèbres à la Lumière" (un symbole puissant récupéré par les Pères de l’Église pour parler de la naissance de Jésus). Ne serait-on pas sensible à cette importance de l’année ?

    Finalement, l’homme du XXIe siècle n’est-il pas toujours modelé inconsciemment par des croyances anciennes ?

    Bruno revient sur ce fait-divers de 1951 au cours duquel un ecclésiastique avait brûlé un mannequin de cet "imposteur de Père Noël" : en le brûlant, paradoxalement, il a fait renaître une autre divinité… païenne : Saturne. Celui-ci, un autre ancêtre de notre bon vieux Père Noël voyait en effet son effigie solennellement sacrifiée. Lévi Strauss commente ainsi : "grâce à l'autodafé de Dijon, voici donc le héros reconstitué avec tous ses caractères, et ce n'est pas le moindre paradoxe de cette singulière affaire qu'en voulant mettre fin au Père Noël, les ecclésiastiques dijonnais n'aient fait que restaurer dans sa plénitu­de, après une éclipse de quelques millé­naires, une figure rituelle dont ils se sont ainsi chargés, sous prétexte de la détruire, de prouver eux-mêmes la pérennité."

    Le Blind-test du café philo

    La dernière partie du café philosophique consistait en un blind-test, spécial philosophie (bien sûr !). Voici les questions et les réponses de ce jeu-concours :

    1. Quel philosophe est l’auteur de cette phrase "Je pense donc je suis" ? Réponse  : René Descartes

    2. Quel penseur français a écrit Les Provinciales ? Réponse : Blaise Pascal

    3. Qui a ordonné à l’être humain de penser par lui-même et a, par là, prôné la philosophie des Lumières ? Réponse : Emmanuel Kant

    4. Un compositeur français a transcrit en musique de larges extraits de Platon dans l’œuvre lyrique Socrate. Quel est ce compositeur ? Réponse : Erik Satie

    5. Quel philosophe français présente l’émission "Philosophie" sur Arte ? Réponse : Raphaël Enthoven

    6. Quelle est la seule sagesse de Socrate ? Réponse : qu’il ne sait rien

    7. D’après le philosophe anglais Hobbes, qu’est-ce que l’homme pour l’homme ? Réponse : un loup

    8. Selon Hegel, quel mouvement doit prendre la pensée pour se faire philosophie ? Réponse : le mouvement dialectique

    9. Qui a dit : "Rira bien qui rira le dernier" ? Réponse : Friedrich Wilhelm Nietzsche

    10. Dans le roman Le Nom de la Rose d'Umberto Eco quel philosophe est au centre des crimes qui ensanglantent une abbaye médiévale ? Réponse : Aristote

    11. Question subsidiaire : combien de cafés philosophiques ont eu lieu à Montargis ? (avec celui-ci) Réponse : 10

    Un grand bravo au gagnant qui repart avec l’excellent essai de François Châtelet, Une Histoire de la Raison.

    Claire et Bruno concluent ce café philosophique par fixer rendez-vous le vendredi 28 janvier 2011. Cette nouvelle séance portera sur un sujet que les participants proposent de laisser libre aux animateurs.

     

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  • LE PÈRE NOËL VIENT DE LOIN

    Si certains ne savent pas très bien ce que l’on fête à Noël, nul n’ignore le Père Noël, figure emblématique de la société de consommation. Le Père Noël a une longue histoire, associée à la fête de Noël.

    LA SUITE ICI...

     

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  • MERCI AUX PARTICIPANTS DU CAFÉ PHILO

    Le dernier café philosophique de la saison 2010 s'est déroulé dans une belle ambiance. Merci aux participants d'avoir joué le jeu dans ce débat très atypique sur le Père Noël.

    Bientôt, sur ce site, le compte-rendu des débats ainsi que les questions et les réponses du blind-test.

     

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  • HISTOIRES DE PÈRE NOËL…

    6a00d8341ce44553ef0120a71c92ae970b-320wi.jpgEn Europe, les rituels liés à l’arrivée de l’hiver (et donc à la renaissance de la nature) sont ancestraux.

    Au Moyen Age, l’Église catholique remplace les figures païennes par des Saints. En tête saint Nicolas. Ce saint est inspiré de Nicolas de Myre, véritable homme bienveillant né en Turquie au IV ème siècle. Après son décès le 6 décembre 343, Nicolas est enterré à Myre mais ses ossements sont volés et on en retrouve une partie en Italie à Bari. A la suite de cette découverte on attribue plusieurs miracles à ses reliques, notamment la résurrection de trois enfants morts torturés par un boucher (qui deviendra le Père Fouettard).  Ce miracle fait de Nicolas le saint des enfants avant tout. (Au Xème siècle plusieurs pays fêtent ce saint dans la nuit du 5 au 6 décembre en distribuant des friandises aux enfants.)

    Déjà au XIIème siècle c’est le Vieux Noël qui préside le cortège des Saints qui défilent à l’arrivée de l’hiver. Puis à la Réforme les Luthériens remplacent Saint Nicolas par l’Enfant Jésus. Aux Pays-Bas  Saint Nicolas se transforme en personnage semi-laïc.

    À partir des XV-XVIème siècles donc on trouve une séparation entre le noël « religieux » qui fête la Nativité avec l’Enfant Jésus et le noël « profane » qui fête plutôt l’arrivée de l’hiver avec une figure emblématique qui déjà ressemble à une sorte de Père Noël. Paradoxalement, ce Père Noël peut encore être appelé « Saint », il est alors Santa Claus par exemple.

    Au XVIIème siècle les hollandais calvinistes partent pour le Nouveau Monde en emmenant Saint Nicolas dans leurs bagages.

    Au XVIIIème siècle, les souverains allemands entament un processus de laïcisation : les figures chrétiennes sont remplacées par d’anciens symboles germaniques. Des fées des elfes et le « vieil homme de Noël » refont leur apparition. Ce vieil homme de noël distribue en traîneau des sapins décorés de cadeaux.

    C’est au XIXème siècle que l’on remarque plusieurs apparitions du Père Noël dans le monde.

    noel.jpgEn 1809 : W. Irving raconte l’odyssée d’un équipage hollandais quittant Amsterdam au XVIIème pour rejoindre l’Amérique. Saint Nicolas est leur figure de proue. Alors qu’ils font naufrage, l’un des marins rêve de devenir propriétaire dans le Nouveau Monde et Saint Nicolas lui apparaît en songe. Ce dernier lui fait part du désir qu’il a de voir s’établir ces émigrants hollandais afin qu’ils construisent une ville à l’endroit signalé par la fumée de sa pipe : il s’agit de Manhattan. En échange, Santa Claus leur promet de leur rendre visite une fois par an sur son char céleste et de descendre par les cheminées de cette ville pour livrer des cadeaux à leurs enfants. Cette odyssée emporte un sérieux succès.

    En 1821 : Clément Clarke Moore écrit La nuit avant Noël dans lequel le Père Noël apparaît dans son traîneau tiré par des rennes.

    Le 23 décembre 1823 le même auteur publie La visite de Saint Nicolas dans la revue new yorkaise Sentinel.

    En 1850 on célèbre Saint Nicolas le 24 décembre au Royaume Uni car Charles Dickens impose cette date dans ses Livres de Noël.

    En 1855 : George Sand dit que le Père Noël était présent dans la banlieue parisienne.

    En 1863 : Thomas Nast illustre le Harper’s Illustrated Weekly d’un Santa Claus en costume garni de fourrure blanche et portant un large ceinturon de cuir. Chaque année il recommencera, et ce, durant 30 ans. 

    En 1885 : Nast ajoute le parcours de Santa Claus au Harper’s. Ce dernier va du pôle Nord (devenue résidence principale) aux Etats-Unis.

    En 1891 : le poème de Moore est publié en Angleterre.

    En 1915 : le Père Noël remplace le Père Janvier en Saône et Loire.

    noel.jpgEn 1931 : Coca Cola va participer à l’extension de l’image du Père Noël.

    En France il faut attendre le lendemain de la seonde guerre mondiale pour que Santa Claus s’impose. Problème : la croyance des enfants à cette figure emblématique est considérée comme une nouvelle hérésie et une « tentative délibérée d’amollissement de l’âme enfantine » par l’Eglise.

    En 1939 : dans le Dauphiné les catholiques ont l’Enfant Jésus et les Protestants le Père Noël.

    En 1951 : sur le parvis de la cathédrale de Dijon on brûle Santa Claus, devant des centaines d’enfants médusés, le matin du 24 décembre. Il est alors officiellement condamné pour « usurpation et hérésie ». Mais le soir-même à 18h un communiqué officiel de la vielle annonce sa résurrection. « Comme chaque année e les enfants de Dijon sont convoqués place de la Libération. Le Père Noël leur parlera du haut des toits de l’hôtel de Ville ». Lévi Strauss affirme alors que le Héros est restauré dans toute sa plénitude.

    En 1970 : Saint Nicolas est fait apocryphe par Vatican II.

     

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  • UNE HISTOIRE DU 25 DÉCEMBRE : L'INVENTION DE NOËL

    Le café philosophique souhaite faire une petite histoire du 25 décembre, célébrée par les chrétiens comme celle de la naissance de Jésus. Noël a en effet une histoire complexe.

    Jésus n’est pas né en décembre…

    naissance-jesus-christ-280x211.jpgRappelons tout d’abord que les historiens sont incapables de définir la date de la naissance de Jésus. Il paraît cependant très probable qu’elle n’ait même pas eu lieu… en hiver. En effet, en naissant dans une étable vide d’animaux (la présence d’un âne et d’un bœuf est une invention folklorique du Moyen-Âge…), nous pouvons supposer que le bétail devait paître dehors, ce qui n’est possible que durant la période du printemps et de l’été. Jésus n’aurait donc pu naître que de mars à fin octobre. CQFD. D’ailleurs, au IIIe siècle, l’historien Hippolyte de Rome fixe la date de naissance de Jésus au 25… mars (Traditions apostoliques).

    L’heure de naissance du Christ (minuit) est elle aussi sujette à précautions puisqu’on l’établit à partir de textes bibliques (« Un silence paisible enveloppait tous les êtres et la nuit était au milieu de la Course » dit le livre de la Sagesse (18, 13-16).

    Pour être juste, il faut ajouter que connaître la date de naissance de Jésus n’a eu pendant les trois premiers siècles que peu d’importance théologique pour les chrétiens qui voyaient dans la période de Pâques (la mort et la résurrection de Jésus) la seule période digne de célébration.

    Noël : une date politique pour un syncrétisme religieux

    constantin.jpgLa fixation de Noël comme date religieuse est en réalité politique. On doit cette décision à l’empereur Constantin (272-337). Il faut préciser que ce dernier n’a jamais été chrétien pendant son magistère puisqu’il ne s’est fait baptiser que sur son lit de mort. Par contre, son souci était de réconcilier païens et chrétiens (et par là mettre fin aux persécutions des adeptes de Jésus).

    On croit un peu trop vite que la date du 25 décembre a été choisie pour remplacer une fête païenne par une fête religieuse. Ce n'est pas si simple.

    Le 25 décembre correspond à une commémoration très ancienne, celle du Sol Invictus (Soleil Invaincu), qui a été adoptée avec succès par les Romains depuis plusieurs siècles. En réalité, lorsqu’en 326 Constantin décide de fixer Noël le 25 décembre, il cherche moins à remplacer cette fête du Soleil par la commémoration de la naissance de Jésus qu’à faire coïncider, dans un esprit de syncrétisme voire de réconciliation, ces deux cérémonies. Le résultat sera le même puisque Noël (déformation de natalis ou de dies natalis) supplantera le Sol Invictus.

    En 354, le calendrier liturgique de Dionysius Philocalus est la première mention de ce changement dans le calendrier. Pour preuve de la cohabitation de ces deux dates Noël/Sol Invictus, en date du 25 décembre, il est fait mention en parallèle de ces deux expressions : natalis solis invicti (anniversaire de Sol Invictus) et natus Christus in Bethleem (Christ né à Bethléem). Preuve supplémentaire de la conjonction de ces deux fêtes, il existe de nombreuses représentations du Christ incarné en Soleil monté sur un char.

    D’où vient le Sol Invictus ?

    Mithra.jpgAu Ier siècle, le dieu iranien Mithra a été ramené de Perse par les soldats romains à partir du moment où les troupes de Pompée font campagne en Orient (67 av. JC).

    Mithra, un dieu qui est à l’origine l’incarnation de la lumière du soleil, est connu et célébré dans le bassin méditerranéen. Rome, qui n’hésite pas à adopter des religions qui ne lui font pas ombrage, adopte avec enthousiasme le mithriacisme. Cette religion populaire dans l’Empire, qui prône le courage, la force et la loyauté, promet le salut pour ses initiés (à l’exception notoire des femmes, toutefois). Le mithriacisme est particulièrement fêté le 25 décembre.

    Pourquoi cette date ? Parce qu’elle a lieu après le solstice d’hiver. Mithra, d’après la légende, naît à cette date au moment où les jours s’allongent. Des cérémonies ont lieu pour aider le soleil à reprendre de la vigueur : on éclaire la nuit, on allume de grands feux. Le 25 décembre est associé pour les Romains à la fête de la lumière. Ce n’est donc pas un hasard si cette date a aussi été adoptée par les chrétiens pour célébrer Jésus, celui qui, d'après les croyants chrétiens, doit mener le monde des ténèbres à la lumière…

    Mithras-solinvictus.jpgOr, il existe à l'époque en Syrie un dieu similaire nommé Sol Invictus et dont l’empereur Héliogabale (203-222) a été le grand prêtre. Il l’introduit à Rome, construit un temple, délaisse les divinités latines anciennes et offre un sacrifice chaque jour à ce dieu solaire. Au IIIe siècle, le syncrétisme faisant, les Romains identifient totalement Mithra à ce Sol Invictus.

    L’empereur Aurélien (207-275) va plus loin. Il veut unifier l’empire. Pour y parvenir, il choisit notamment de faire du Sol Invictus un dieu universel et du culte solaire une tradition rassembleuse. Des prêtres assurent son culte et est temple est dédié au Sol Invictus sur le Quirinal, temple dédié le 24 décembre 274. Le 25 décembre devient donc pour les Romains le dies natalis Solis invicti

    L’adoption  de cette date du 25 décembre n’a finalement pas été de soi. La célébration de la naissance de Jésus a été pendant des siècles, bien après la mort de Constantin, célébrée le jour de l’Épiphanie (6 janvier), un jour qui reste encore aujourd’hui une date importante pour nombre de personnes. La raison pour laquelle la Papauté a imposé, non sans difficulté, Noël comme une date de commémoration tient au fait que le 6 janvier est également marquée par deux fêtes… païennes (Dyonisos et Osiris) ! Encore une histoire de paganisme, en somme.

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  • EN PLEINE MESSE, DES ENFANTS APPRENNENT QUE LE PÈRE NOËL N'EXISTE PAS

    Lors de la messe organisée dimanche dernier dans l'église de la ville de Resistencia, en Argentine, l'archevêque Fabriciano Sigampa a dévoilé le consensus commun sur le Père Noël. Durant son sermon, il a dévoilé aux enfants que le Père Noël n'existait pas, et que les cadeaux qu'ils découvraient le soir de Noël résultaient en fait d'énormes efforts faits par leur parents.

    LA SUITE ICI...

     

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  • LE PÈRE NOËL AU BANC DES ACCUSÉS !

    Affiche Le Père Noel est-il un imposteur.png

    Spécial Fêtes de fin d'année

    Titre du prochain débat : "Le Père Noël est-il un imposteur ?"

    C’est à notre bon vieux Père Noël que les participants du prochain café philosophique de Montargis s’intéresseront le vendredi 17 décembre, à 18h30, à la brasserie du centre commercial de La Chaussée.

    Pourquoi s’attaquer au Père Noël ?

    Tout d’abord parce qu’en cette période de l’année il est presque de rigueur de l’étudier, mais surtout parce que Noël semble pouvoir faire un concept très intéressant. En effet, Noël c’est la naissance de l’enfant Jésus, fête religieuse, mais aussi une date qui, petit à petit, s’est laïcisée au point de rassembler tout le monde autour de cette figure (devenue emblématique) qu’on appelle le Père Noël. Avec lui, Noël signe l’altruisme prôné (presque à outrance), le partage, l’échange, le don de sa personne…

    Mais est-ce un concept effectif ? Sommes-nous vraiment plus tolérants à Noël ou à son approche ? Avons-nous seulement besoin d’une date pour nous faire plus « humains » ou moraux ? Le commerce foisonnant et plus que lucratif autour de cette date n’en fait-il pas un écran de fumée, une date qui sépare plus qu’elle ne rassemble ? Où est passée la religion chrétienne dans ce Père Noël ?

    Claire et Bruno seront à la brasserie du centre commercial de La Chaussée, le vendredi 17 décembre à 18h30, pour discuter avec vous de ces questions, et de bien d’autres. Participation libre et gratuite.

     

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  • PROCHAIN CAFÉ PHILOSOPHIQUE

    Logo café philo spécial Noel 2010.jpgLe prochain café philosophique de Montargis aura lieu le vendredi 17 décembre à 18H30 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée.

    En ces froides journées, ce sera une séance spéciale fêtes de fin d'année. Au menu, Claire et Bruno ont préparé des surprises autour d'un débat intitulé "Le Père Noël est-il un imposteur ?"

    L'ambition est de discuter du concept philosophique de Noël.

    Bientôt, d'autres informations sur ce site en attendant un café philo que les organisateurs espèrent convivial, voire festif !

     

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