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[25] "Prendre son temps est-ce le perdre?"

  • COMPTE-RENDU DE LA SÉANCE "PRENDRE SON TEMPS EST-CE LE PERDRE ?"

    Thème du débat : "Prendre son temps est-ce le perdre ?" 

    Date : 28 septembre 2012 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée.

    Le vendredi 28 septembre 2012, le café philosophique de Montargis faisait sa rentrée avec un sujet choisi par les participants du précédent rendez-vous : "Prendre son temps est-ce le perdre?" Environ 60 personnes étaient présentes pour ce nouveau débat.

    En préambule de cette 25ème séance, Claire et Bruno présentent les grandes lignes de cette quatrième saison.

    Si l’objectif et le fonctionnement du café philo restent le même, dit Claire, quelques changements seront apportés cette année. Un changement dans l’horaire d’abord : les séances auront toujours lieu un vendredi par mois (le dernier si possible) mais elles commenceront à 19 heures au lieu de 18 heures 30 et ce, pour des raisons personnelles, "afin de ne pas arriver ventre à terre, pris que nous sommes par le temps !" Ensuite, l’ambition des séances à venir est d’apporter au sein des débats de la Chaussée encore plus de références et de sujets philosophiques – et ce, même s’il est vrai qu’un sujet comme le temps peut-être autant considéré comme un thème philosophique classique, digne d’une épreuve de baccalauréat, qu’une interrogation très concrète ancrée dans notre vie quotidienne. Enfin, une nouvelle rubrique est instaurée dès cette séance de septembre : "Le bouquin du Mois" (voir aussi ce lien et la rubrique à gauche). Chaque mois, et dans la mesure du possible, une œuvre philosophique importante sera présentés en fin de débat. Pour cette première séance, le choix a été porté sur L’Existentialisme est un Humanisme de Jean-Paul Sartre, essai commenté par Claire en fin de débat (cf. infra).

    Bruno présente les prochains rendez-vous du café philosophique de Montargis : le 19 octobre 2012 (et non plus le 26 octobre comme nous l’annoncions précédemment), le 30 novembre 2012, le 21 décembre 2012 (un café philo intitulé provisoirement : "Fin du monde ou la peur peut-elle être bonne conseillère ?"), le 25 janvier 2013, le 22 février 2013, le 29 mars 2013 (séance co-animée par des élèves de Terminale), le 26 avril 2013, le 31 mai 2013 (une séance spéciale "Le café philo passe le bac") et enfin le 28 juin 2013 (un café philo spécial consacré à la violence conjugale). Ce calendrier est susceptible d’être modifié. Voir aussi la rubrique "Calendrier des prochaines séances" à droite.

    Cette séance de rentrée, intitulée "Prendre son temps est-ce le perdre?", commence par une première intervention d’une participante qui entend répondre par l’affirmatif à ce qui est une préoccupation ressentie par nombre de personnes : nous pouvons nous sentir bousculés dans notre quotidien par des obligations sociales et professionnelles. Il est souvent difficile de s’arrêter, de se poser et de prendre le temps de souffler, un luxe que peuvent se permettre notamment les personnes retraitées, libérées presque totalement d’obligations d’emploi du temps. Ainsi, nous passons notre temps et notre vie dans des préoccupations vaines et matérielles qui nous éloignent de l’essence de notre existence : prendre le temps de savourer le présent, s’écouter soi-même, méditer, une oisiveté que Montaigne qualifie lui-même, comme le dit un participant, d’excellent moyen de vivre sa vie (Essais, cf. lien vers cette oeuvre). D’emblée la notion de divertissement pascalienne prend tout son sens : "La seule chose qui nous console de nos misères est le divertissement ; et cependant c’est la plus grande de nos misères" (Pensées, 171-414). Une contradiction est apportée à cette critique de ce mouvement qui peut nous être imposer : se hâter dans des tâches – ne pas prendre son temps – est une obligation dans notre vie en société. Mon travail – en entreprise, dans une administration, avec mes clients, à l’école, etc. – doit être fait dans un certain laps de temps, sauf à considérer qu’autrui, cet autrui qui dépend de mon travail, qui y participe même – un collègue, un professeur, un élève, un client, etc. – ne soit lésé, voire aliéné !

    Cela pourrait donc signifier, appuie un troisième participant, que cette vitesse dont nous faisons les frais, est, quelque part, non pas aliénante, mais source de liberté. "La vitesse est la forme d'extase dont la révolution technique a fait cadeau à l'homme" dit Milan Kundera (La Lenteur), auteur qu’une personne dans l’assistance cite avec justesse.

    Prendre son temps interroge notre rapport au travail, résume Bruno, mais aussi à l’économie. Comme le dit Guy Debord, "Le temps pseudo-cyclique est celui de la consommation de la survie économique moderne, la survie augmentée, où le vécu quotidien reste privé de décision et soumis… à la pseudo-nature développée dans le travail aliéné."

    Les exemples sont nombreux de cette importance donnée à l’action immédiate. N’avons-nous pas, dit Claire, l’exemple de ces deux Présidents de la République : l’un, Nicolas Sarkozy ayant donné une place prépondérante à la réaction immédiate à tel ou tel événement d’actualité – et qui fut critiqué à de nombreuses reprises pour cela – et de l’autre son successeur à la tête de l’État, François Hollande, soucieux de réflexion et d’actions dans la durée, une position qui lui est tout autant critiquée ? Chacun voudrait des résultats là, tout de suite, chez l’un, lorsque chez l’autre on pouvait dénoncer la précipitation voire l’emportement dans ses décisions. 

    Cette dictature de l’immédiateté fait des victimes en nombre : abreuvés que nous sommes par les médias (encore pourrait-on les nommer "i-mmédias" !), nous avons le plus grand mal – et c’est encore plus vrai pour les jeunes générations – à prendre du recul sur l’actualité, à réfléchir en profondeur sur un sujet. Il apparaît que les jeunes générations sont particulièrement en première ligne de ce recul du sens critique. Le traitement de l’information, nous arrivant en flux ininterrompu, est réduit à sa portion congrue, alors même que les outils qui sont mises à notre disposition pourraient faire de nous des êtres extraordinairement bien in-formés

    Ces outils sont notre chance mais aussi, paradoxalement, une source d’aliénation. Bruno prend l’exemple des courriers électroniques qui ont grandement facilité notre vie quotidienne : combien de "temps perdu" avant l’apparition des e-mails et des SMS lorsque tel ou tel devait rédiger et envoyer une lettre ; aujourd’hui, au contraire, écrire se fait en quelques secondes, dans l’immédiateté. Ces technologiques relativement récentes nous ont, certes, permis de "libérer du temps". Cependant, tout se passe comme si ce temps libéré ne servait en propre qu’à nous assigner de nouvelles tâches. Ce n’est plus la liberté qui est érigée en maître mot de nos sociétés post-modernes mais l’efficacité et une gestion optimisée du temps et que nombre de cadres connaissent bien (ce sont les formations professionnelles ad hoc pour "optimiser le temps"). Un participant, singulièrement ancien chef d’entreprise, se fait critique sur cette priorité donnée, en milieu professionnelle, à l’accélération des tâches et à l’importance, vaine selon lui, du travail accompli dans la vitesse : "Travailler vite ne sert à rien : je le sais d’expérience… L’essentiel est que le travail soit fait et bien fait…

     

    Il est patent de constater que la lenteur a été encouragée par nombre de philosophes et de penseurs, de Montaigne ("Je passe le temps, quand il est mauvais et incommode ; quand il est bon, je ne le veux pas passer, je le retâte, je m'y tiens. Il faut courir le mauvais et se rasseoir au bon.") à Simone de Beauvoir ("Ils se contentent de tuer le temps en attendant que le temps les tue") en passant par Schopenhauer ("Tout ce qui est exquis mûrit lentement."). Plus près de nous, Hartmut Rosa, de l'université Friedrich-Schiller d'Iéna, parle dans son essai Accélération de "critique sociale du temps" en tant que source d’aliénation dans nos sociétés post-modernes (cf. ce lien pour aller plus loin). Un participant cite également l’essai Éloge de la Lenteur de Carl Honoré. Pourtant, il existe singulièrement un philosophe – et pas des moindres – qui a encouragé de son côté l’occupation pleine et entière du temps. Platon – puisque c’est de lui dont il s’agit – affirme ainsi : "Il faut que l'emploi du temps de tous les hommes libres soit réglé dans la totalité de sa durée, à commencer presque depuis l'aube du jour sans la moindre interruption jusqu'à l'aube du jour suivant." Voilà un projet qui étonne les participants du café philo ! Encore faut-il préciser, dit Bruno, que ce projet – digne de 1984 – visait les hommes libres, déjà déchargés du travail dévolu aux esclaves, aux femmes et aux étrangers (les metoikos)...

    Que le temps – notre temps – soit "perdu" revient à nous interroger sur ce qu’est ce temps et en quoi il est nôtre. Cette étape dans notre débat est essentielle mais particulièrement ardue, dit Claire en citant saint Augustin : "Qu'est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais : mais que je veuille l'expliquer à la demande, je ne le sais pas !" Le temps a-t-il réellement été bien défini par les philosophes, interroge une participante ? Le connaît-on réellement? Ce temps de l’horloge – cette horloge qui guide nos journées pour le meilleur et pour le pire – n’est-il pas un instrument artificiel ? Répondre par l’affirmatif c’est nier ce temps biologique qui fait que le jeune enfant réclame nourriture et sommeil à des intervalles précises. Le temps a été un sujet débattu depuis des lustres par les philosophes. Claire évoque Emmanuel Kant (Critique de la Raison pure) qui a cristallisé une définition du temps : il considère le temps comme ayant la forme a priori de notre sensibilité. Il est transcendant à tout, c’est-à-dire que tous les phénomènes présupposent son existence. Sa représentation nous est malgré tout (et c’est paradoxal !) bien différente : ce temps, facteur d’ordre et horizon indépassable, nous apparaît bien réel (ainsi, nous n’éprouvons pas le temps de nos rêves, bien qu’ils soient composés d’événements se succédant). Comment aller plus loin dans cette explication du temps ? Au XXème siècle, Henri Bergson affirme que ce temps transcendant est aussi un temps vécu. Il suppose que chacun expérimente sa propre appréhension du temps. C’est le temps-durée qui rend un événement extrêmement long lorsqu’il est considéré comme peu agréable (un cours ennuyeux, par exemple) ou (trop) court lorsque cet événement m’apporte satisfaction (un rendez-vous amoureux, un film passionnant, etc.), ce que chacun de nous a expérimenté, dit une participante. Ce temps-durée, notre temps-durée, est aussi le temps du mouvement et du changement continuel, ce changement inexorable qui nous approche de notre mort.

    C'est à l’aune de cette fin inéluctable que se mesure notre appréhension au temps et à la manière dont nous l’avons utilisé. N’est-ce pas la préoccupation de chacun d'entre nous ? L’utilisation de ce temps qui nous est imparti (un temps déifié, ajoute un participant pour qui Dieu est le Temps !) semble être la condition d’une vie bien remplie, ou, au contraire, d'une "vie bien ratée" – pour reprendre le titre d’un recueil de nouvelles de Pierre Autin Grenier (Toute une Vie bien ratée). Cette boutade ouvre en réalité la porte d’un formidable problème existentiel. Ce temps-durée s’écoulant sans cesse (cf. la célèbre citation d’Héraclite : "Tout s’écoule."), chaque seconde de notre existence est une seconde terminée, morte pour ainsi dire. En rejoignant le passé et ces autres souvenirs, il ne reste qu’une étroite fenêtre ouverte : celle du futur. Et quel futur ! Un futur angoissant au sens existentiel puisque chaque décision est le déchirement de devoir faire un choix inexorable et qui n’appellera aucun retour en arrière. Claire cite d'ailleurs une conversation récente avec un adolescent (et lycéen), angoissé littérallement par cette perspective. Prendre son temps est-ce le perdre ? A cette question, force est de constater que de toute manière "notre temps" est appelé à disparaître, à être perdu. Sauf, ajoute Claire, si l’on se prend à rêver de faire machine arrière et de revivre (voire de réparer) nos années passées, comme le montre si admirablement le film récent Camille redouble. Charmante et utopique solution ! 

    Finalement, notre seule arme véritable est dans l’action. L’existence précédant l’essence, comme le répétait Jean-Paul Sartre, il convient que nous nous construisions au milieu de nos semblables, grâce à ce temps qui nous est imparti. Notre temps, finalement, doit être celui de nos actions. Qu’on ne s’y trompe pas, précise Claire : la phrase sartrienne emblématique "L’enfer c’est les autres" n’est en rien un appel à la défiance envers mes contemporains : c’est la constatation que l’autre est celui ou celle par qui mon existence prend son sens. Je suis grâce à mes relations avec l’autre, cet autre qui me construit autant que je me construits. 

    Notre (premier) bouquin du mois

    Dans la continuité directe de ce débat, c’est une nouvelle fois Jean-Paul Sartre qui est évoqué, à travers une de ses œuvres les plus emblématiques : L’Existentialisme est un Humanisme (Pour aller plus loin, rendez-vous sur ce lien).

    Claire présente cet ouvrage éminemment important, publié après la sortie de l’œuvre majeure de Sartre L’Être et le Néant qui avait suscité incompréhension pour ne pas dire rejet. L’Existentialisme est un Humanisme, sorti en 1946, est la transcription d’une conférence donnée par Sartre en octobre 1945. Contre toute attente, cette conférence remporte un grand succès public. Quelques mois plus tard, parait le compte-rendu de cette conférence (intitulée : "L’existentialisme est un Humanisme").

    Ce livre constitue une présentation synthétique et claire de l’existentialisme, mal compris jusqu’alors. Sartre y développe sa conception de la liberté, intrinsèque à l’homme : "L’homme est condamné à être libre". Pour reprendre Dostoïevski, "si Dieu n’existe pas, tout est permis" car, en l’absence de tout projet divin il n’y a pas de nature humaine a priori qui déterminerait la condition de chaque homme. L’expérience religieuse, pour l’homme athée, n’est d’aucun secours : tout doit dépendre de la volonté et de l’action de chaque homme. Sartre résume cette position par cette phrase : "L’existence précède l’essence". L’existentialisme entend dévoiler en pleine lumière la liberté, dans toute sa puissance mais aussi toute sa crudité. Par là, puisque je suis libéré de toute intention transcendante, mes comportements me révèlent en tant qu’individu libre. Libre, souverain mais aussi solitaire dans cette attitude. Car cette liberté se construit également dans l’angoisse existentielle.

    Que l’existentialisme soit une philosophie de l’action individuelle (ce qui n’a pas été sans susciter des critiques de la part des théoriciens marxistes) n’en fait pas une théorie du repli sur soi. L’existentialisme est bien un humanisme, dit Sartre  dans le sens où chacun, en étant responsable de lui-même est aussi responsable de l’humanité toute entière : "Tout se passe comme si pour tout homme, toute l’humanité avait les yeux fixés sur ce qu'il fait". L’homme, à chaque instant, se projette en avant, dans ses projets. Il s’invente, sans la condition d’une force transcendantale qui le dépasserait. Nos actes prennent sens en tant qu’actes exemplaires qui ne nous engagent pas qu’individuellement : ils doivent être cohérents avec notre conception de l’humanité. Notre responsabilité l’engage. Finalement, la seule nature universelle de l’homme est celle d’être au monde, d’être au milieu des autres hommes et d’être mortel. 

    Ce premier café philosophique de la saison se termine par le choix du sujet de la séance du 19 octobre. Quatre sujets étaient proposés : "La vérité est-elle toujours bonne à dire ?", "Un bon citoyen peut-il être hors-la-loi ?", "Et si on parlait d’amour ?" et "La mort" (sujet proposé par une participante). Le sujet "La vérité est-elle toujours bonne à dire ?" est choisi à la majorité. Rendez-vous est pris pour ce débat le vendredi 19 octobre 2012 à 19H à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée.

     

     

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  • MERCI AUX PARTICIPANTS DE LA PREMIÈRE SÉANCE DE LA SAISON

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    Environ 60 participants étaient présents pour la quatrième rentrée du café philosophique de Montargis. Cette séance du 28 septembre 2012, intitulée "Prendre son temps est-ce le perdre", inaugure une nouvelle série de débats à la Chaussée qui auront désormais lieu une fois par mois le vendredi à 19H (au lieu de 18H30).

    Merci aux nombreux participants qui ont permis la réussite de ce débat philosophique. 

    Bientôt, sur ce site, le compte-rendu de cette séance.

    Le prochain café philosophique aura lieu le vendredi 19 octobre 2012. Il portera sur cette question : "La vérité est-elle toujours bonne à dire ?"

    Affiche de la prochaine séance.

    A bientôt.



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  • LE TEMPS EN QUESTIONS AU CAFÉ PHILO

    La République du Centre consacre un article sur le Café philosophique de MOntargis dans son édition d'aujourd'hui. Un extrait ici :

    tempsLe café philosophique fait sa quatrième rentrée ce soir. En moyenne, une cinquantaine de personnes se retrouvent pour échanger.

    Prendre son temps, est-ce le perdre ? C'est la question qui va être abordée ce soir au café philosophique de Montargis qui ouvre sa quatrième saison de discussions. Si le lieu ne change pas (la brasserie du centre commercial de La Chaussée), c'est l'horaire qui n'est plus le même. Pour des raisons de commodité dans leur organisation respective, Bruno et Claire, les animateurs et fondateurs du café philo, ont souhaité débuter les séances à 19 heures (et non plus à 18 h 30). Afin d'avoir un peu plus de temps et ne pas arriver ventre à terre.

    Une bonne entrée en matière pour indiquer à la cinquantaine de participants que le sujet du soir fait partie intégrante de la vie quotidienne.

    "Nous partons d'exemples concrets. Un café philo doit coller à la réalité. Le but rejoint la cause. Nous ne sommes pas dans la spéculation. Encore moins dans une tour d'ivoire », précise d'emblée Claire, prof de philo au lycée Saint-François à Gien..."

    LA SUITE ICI...

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  • PROCHAIN CAFÉ PHILOSOPHIQUE

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    Prochaine séance du café philosophique de Montargis : le vendredi 28 septembre 2012 à 19H (Attention : nouvel horaire !) à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée. Thème du débat : "Prendre son temps est-ce le perdre ?"

    A bientôt.

     

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  • PROCHAIN CAFÉ PHILOSOPHIQUE SUR LE TEMPS

    C'est le vendredi 28 septembre, à 19 heures (nouvel horaire), que le café philosophique de Montargis fait sa rentrée ! Pour l'ouverture de sa quatrième saison, Claire et Bruno vous accueilleront à la Brasserie du centre Commercial de La Chaussée et c’est le temps qui sera à l'honneur. "Prendre son temps est-ce le perdre ?" est la question qu'ont précédemment élue les participants du dernier débat pour cette nouvelle séance. 

    harold-lloyd-horloge-26e46.jpgAlors que l'urgence est le maître mot de notre société, la flânerie peut-elle avoir une place ? A quoi bon faire lentement ce que l'on peut bâtir en un jour ? "Prendre son temps" n'est-ce pas inutile autant qu'impossible ? Qu'est-ce que je prends lorsque je dis que je prends "mon" temps ?

    Les meilleurs moments ne sont-ils pas ceux que l'on savoure ? Ceux qui se révèlent à nous par leur simplicité, alors gage d'authenticité ? Comment "prendre" son temps dans une démarche relativiste, véritable, utopiste ? 

    Autant de questions, et bien d'autres, dont chacun pourra venir débattre vendredi 28 septembre, à 19 heures, à la Brasserie du Centre Commercial de La Chaussée. 

    Participation libre et gratuite.

     
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  • LA DURÉE BERGSONNIENNE

    Bergson_1959.jpg"Quand je suis des yeux, sur le cadran d'une horloge, le mouvement de l'aiguille qui correspond aux oscillations du pendule, je ne mesure pas de la durée, comme on paraît le croire; je me borne à compter des simultanéités, ce qui est bien différent. En dehors de moi, dans l'espace, il n'y a jamais qu'une position unique de l'aiguille et du pendule, car des positions passées, il ne reste rien. Au-dedans de moi, un processus d'organisation ou de pénétration mutuelle des faits de conscience se poursuit, qui constitue la durée vraie. C'est parce que je dure de cette manière que je me représente ce que j'appelle les oscillations passées du pendule, en même temps que je perçois l'oscillation actuelle. Or, supprimons pour un instant le moi qui pense ces oscillations du pendule, une seule position même de ce pendule, point de durée par conséquent. Supprimons, d'autre part, le pendule et ses oscillations; il n'y aura plus que la durée hétérogène du moi, sans moments extérieurs les uns aux autres, sans rapport avec le nombre. Ainsi, dans notre moi, il y succession sans extériorité réciproque; en dehors du moi, extériorité réciproque sans succession. "

    Henri Bergson

     

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  • SAINT AUGUSTIN : DES DIFFICULTÉS DE DÉFINIR LE TEMPS

    "Qu’est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais ; mais que je veuille l’expliquer à la demande, je ne le sais pas ! Et pourtant – je le dis en toute confiance – je sais que si rien ne se passait, il n’y aurait pas de temps passé, et si rien n’advenait, il n’y aurait pas d’avenir, et si rien n’existait, il n’y aurait pas de temps présent.

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    Mais ces deux temps, passé et avenir, quel est leur mode d’être alors que le passé n’est plus et que l’avenir n’est pas encore ? Quant au présent, s’il était toujours présent sans passer au passé, il ne serait plus le temps mais l’éternité. Si donc le présent, pour être du temps, ne devient tel qu’en passant au passé, quel mode d’être lui reconnaître, puisque sa raison d’être est de cesser d’être, si bien que nous pouvons dire que le temps a l’être seulement parce qu’il tend au néant...

    Enfin, si l’avenir et le passé sont, je veux savoir où ils sont. Si je ne le puis, je sais du moins que, où qu’ils soient, ils n’y sont pas en tant que choses futures ou passées, mais sont choses présentes. Car s’ils y sont, futur il n’y est pas encore, passé il n’y est plus. Où donc qu’ils soient, quels qu’ils soient, ils n’y sont que présents. Quand nous racontons véridiquement le passé, ce qui sort de la mémoire, ce n’est pas la réalité même, la réalité passée, mais des mots, conçus d’après ces images qu’elle a fixées comme des traces dans notre esprit en passant par les sens. Mon enfance par exemple, qui n’est plus, est dans un passé qui n’est plus, mais quand je me la rappelle et la raconte, c’est son image que je vois dans le présent, image présente en ma mémoire.

    En va-t-il de même quand on prédit l’avenir ? Les choses qui ne sont pas encore sont-elles pressenties grâce à des images présentes ? Je confesse, mon Dieu, que je ne le sais pas. Mais je sais bien en tout cas que d’ordinaire nous préméditons nos actions futures et que cette préméditation est présente, alors que l’action préméditée n’est pas encore puisqu’elle est à venir. Quand nous l’aurons entreprise, quand nous commencerons d’exécuter notre projet, alors l’action existera mais ne sera plus à venir, mais présente...

    Il est dès lors évident et clair que ni l’avenir ni le passé ne sont et qu’il est impropre de dire : il y a trois temps, le passé, le présent, l’avenir, mais qu’il serait exact de dire : il y a trois temps, un présent au sujet du passé, un présent au sujet du présent, un présent au sujet de l’avenir. Il y a en effet dans l’âme ces trois instances, et je ne les vois pas ailleurs : un présent relatif au passé, la mémoire, un présent relatif au présent, la perception, un présent relatif à l’avenir, l’attente. Si l’on me permet ces expressions, ce sont bien trois temps que je vois et je conviens qu’il y en a trois."

    Saint Augustin, Confessions (vers 400), trad. E Khodoss, livre XI, § XIV, XVIII et XX


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  • KANT : LE TEMPS, UNE RÉALITÉ TRANSCENDANTALE

    kant.jpg"Le temps n’est pas quelque chose qui existe en soi, ou qui soit inhérent aux choses comme une détermination objective, et qui, par conséquent, subsiste, si l’on fait abstraction de toutes les conditions subjectives de leur intuition ; dans le premier cas, en effet, il faudrait qu’il fût quelque chose qui existât réellement sans objet réel. Mais dans le second cas, en qualité de détermination ou d’ordre inhérent aux choses elles-mêmes, il ne pourrait être donné avant les objets comme leur condition, ni être connu et intuitionné a priori (…) ; ce qui devient facile, au contraire, si le temps n’est que la condition subjective sous laquelle peuvent trouver place en nous toutes les intuitions. Alors en effet cette forme de l’intuition interne peut être représentée avant les objets, et par suite, a priori."

    Emmanuel Kant, Critique de la Raison pure, "Esthétique transcendantale", §6

     

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  • UN GRAND MERCI À TOUS !

    Vendredi 6 juillet, le café philosophique de Montargis clôturait sa troisième saison avec le débat "Peut-on vraiment être en vacances ?"

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    Entre 35 et 40 personnes étaient présentes pour cette séance placée sous le signe de la convivialité et qui s'est clôturée par un blind-test. Bientôt, sur ce site, vous pourrez trouver le compte-rendu de ce débat.

    Claire et Bruno tiennent une nouvelle fois à remercier les participants de ce débat, comme d'ailleurs l'ensemble des participants des séances précédentes qui ont fait de cette saison 3 un joli succès.

    Un merci spécial également à Marc Lalande, le responsable de la Brasserie - qui nous a en plus régalé ce vendredi soir d'un généreux buffet - ainsi qu'au Centre commercial de la Chaussée pour leur soutien indéfectible à cette animation philosophique depuis sa création en 2009.

    Le café philosophique de Montargis fixe son prochain rendez-vous le vendredi 28 septembre prochain pour sa prochaine séance qui aura pour titre : "Prendre son temps est-ce le perdre ?

    Affiche de la prochaine séance

     

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