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Café philosophique de Montargis - Page 47

  • Michel Onfray dans une vidéo de Daesh : la réaction du philosophe

    Dans une vidéo de Daesh, des extraits d'interviews du philosophe sont utilisés où il condamne la politique étrangère française. Il s'est expliqué sur Itélé.

    "Nous devrions, nous la France, cesser de bombarder les populations musulmanes sur la totalité de la planète", avait déclaré Michel Onfray sur LCI, une phrase reprise en boucle par Daesh.

    C'est la cinquième vidéo de revendication des attentats de Paris, publiée par l'État islamique. Particularité de celle-ci : elle contient notamment des extraits de plusieurs interviews du philosophe Michel Onfray. Au début de la vidéo, on voit François Hollande, lors d'une allocution où il évoque des "vols de reconnaissance au-dessus de la Syrie". Puis très vite apparaît Michel Onfray, interviewé sur RMC et BFM TV.

    Plusieurs passages sont repris, et sous-titrés, par l'État islamique. À la fin de la vidéo de propagande apparaît un autre court extrait d'une interview de Michel Onfray datant du début du mois de septembre. Le philosophe est alors sur LCI interrogé par Audrey Crespo-Mara, un entretien également publié sur Le Point.fr. Il déclare : "Nous devrions, nous la France, cesser de bombarder les populations musulmanes sur la totalité de la planète." La vidéo de l'EI s'achève avec cette dernière phrase, répétée en boucle...

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  • Spinoza : "la fin de l’État est en réalité la liberté"

    Suite aux attentats de Paris du 13 novembre, avec les explosions autour du Stade de France, les mitraillages dans les rues de Paris et l'attaque contre le Bataclan, il nous paraissait que ce texte de Spinoza donnait un éclairage philosophique aux événements que nous vivons.

    2048x1536-fit_place-republique-paris-16-novembre-2015.jpg"Ce n’est pas pour tenir l’homme par la crainte et faire qu’il appartienne à un autre, que l’Etat est institué; au contraire, c’est pour libérer l’individu de la crainte, pour qu’il vive autant que possible en sécurité, c’est-à-dire conserve aussi bien qu’il se pourra, sans dommage pour autrui, son droit naturel d’exister et d’agir. Non, je le répète, la fin de l’Etat n’est pas de faire passer les hommes de la condition d’êtres raisonnables à celles de brutes ou d’automates, mais au contraire, il est institué pour que leur âme et leur corps s’acquittent en sûreté de toutes leurs fonctions, pour qu’eux-mêmes usent d’une raison libre, pour qu’ils ne luttent point de haine, de colère ou de ruse, pour qu’ils se supportent sans malveillance les uns les autres. La fin de l’Etat est donc en réalité la liberté."

    Baruch Spinoza, Traité Théologico-politique (1670)

     

     

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  • Voltaire : contre le fanatisme

    250px-Dubois-massacre-détail.jpg"Le fanatisme est à la superstition ce que le transport est à la fièvre, ce que la rage est à la colère. Celui qui a des extases, des visions, qui prend des songes pour des réalités, et ses imaginations pour des prophéties, est un fanatique novice qui donne de grandes espérances; il pourra bientôt tuer pour l'amour de Dieu.

    Barthélemy Diaz fut un fanatique profès. Il avait à Nuremberg un frère, Jean Diaz, qui n'était encore qu'enthousiaste luthérien, vivement convaincu que le pape est l'antéchrist, ayant le signe de la bête. Barthélemy, encore plus vivement persuadé que le pape est Dieu en terre, part de Rome pour aller convertir ou tuer son frère: il l'assassine; voilà du parfait: et nous avons ailleurs rendu justice à ce Diaz.

    Polyeucte, qui va au temple, dans un jour de solennité, renverser et casser les statues et les ornements, est un fanatique moins horrible que Diaz, mais non moins sot. Les assassins du duc François de Guise, de Guillaume prince d'Orange, du roi Henri III, du roi Henri IV, et de tant d'autres, étaient des énergumènes malades de la même rage que Diaz.

    Le plus grand exemple de fanatisme est celui des bourgeois de Paris qui coururent assassiner, égorger, jeter par les fenêtres, mettre en pièces, la nuit de la Saint-Barthélemy, leurs concitoyens qui n'allaient point à la messe. Guyon, Patouillet, Chaudon, Nonotte, l'ex-jésuite Paulian, ne sont que des fanatiques du coin de la rue, des misérables à qui on ne prend pas garde: mais un jour de Saint-Barthélemy ils feraient de grandes choses.

    Il y a des fanatiques de sang-froid: ce sont les juges qui condamnent à la mort ceux qui n'ont d'autre crime que de ne pas penser comme eux; et ces juges-là sont d'autant plus coupables, d'autant plus dignes de l'exécration du genre humain, que, n'étant pas dans un accès de fureur comme les Clément, les Chastel, les Ravaillac, les Damiens, il semble qu'ils pourraient écouter la raison.

    Il n'est d'autre remède à cette maladie épidémique que l'esprit philosophique, qui, répandu de proche en proche, adoucit enfin les mœurs des hommes, et qui prévient les accès du mal; car dés que ce mal fait des progrès, il faut fuir et attendre que l'air soit purifié. Les lois et la religion ne suffisent, pas contre la peste des âmes; la religion, loin d'être pour elles un aliment salutaire, se tourne en poison dans les cerveaux infectés. Ces misérables ont sans cesse présent à l'esprit l'exemple d'Aod qui assassine le roi Églon; de Judith qui coupe la tête d'Holopherne en couchant avec lui; de Samuel qui hache en morceaux le roi Agag; du prêtre Joad qui assassine sa reine à la porte aux chevaux, etc., etc., etc. Ils ne voient pas que ces exemples, qui sont respectables dans l'antiquité, sont abominables dans le temps présent: ils puisent leurs fureurs dans la religion même qui les condamne.

    Les lois sont encore très impuissantes contre ces accès de rage: c'est comme si vous lisiez un arrêt du conseil à un frénétique. Ces gens-là sont persuadés que l'esprit saint qui les pénètre est au-dessus des lois, que leur enthousiasme est la seule loi qu'ils doivent entendre.

    Que répondre à un homme qui vous dit qu'il aime mieux obéir à Dieu qu'aux hommes, et qui en conséquence est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant?

    Lorsqu'une fois le fanatisme a gangrené un cerveau, la maladie est presque incurable. J'ai vu des convulsionnaires qui, en parlant des miracles de saint Pâris, s'échauffaient par degrés parmi eux: leurs yeux s'enflammaient, tout leur corps tremblait, la fureur défigurait leur visage, et ils auraient tué quiconque les eût contredits.

    Oui, je les ai vus ces convulsionnaires, je les ai vus tendre leurs membres et écumer. Ils criaient: "Il faut du sang". Ils sont parvenus à faire assassiner leur roi par un laquais, et ils ont fini par ne crier que contre les philosophes.
    Ce sont presque toujours les fripons qui conduisent les fanatiques, et qui mettent le poignard entre leurs mains; ils ressemblent à ce Vieux de la montagne qui faisait, dit-on, goûter les joies du paradis à des imbéciles, et qui leur promettait une éternité de ces plaisirs dont il leur avait donné un avant-goût, à condition qu'ils iraient assassiner tous ceux qu'il leur nommerait. Il n'y a eu qu'une seule religion dans le monde qui n'ait pas été souillée par le fanatisme, c'est celle des lettrés de la Chine. Les sectes des philosophes étaient non seulement exemptes de cette peste, mais elles en étaient le remède; car l'effet de la philosophie est de rendre l'âme tranquille, et le fanatisme est incompatible avec la tranquillité. Si notre sainte religion a été si souvent corrompue par cette fureur infernale, c'est à la folie des hommes qu'il faut s'en prendre."

    Voltaire, "Fanatisme", Dictionnaire philosophique portatif (1764)

     

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  • Apres les événements du week-end

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    Au café philosophique de Montargis, nous pensons aux plusieurs centaines de victimes qui ont eu lieu à Paris ce week-end.

    Ces actes commis par des "fous de Dieu" sont destinés autant à instiller dans notre pays la peur qu'à mettre à mal le modèle de nos sociétés, basé sur la raison, la liberté, la laïcité, la solidarité entre personnes de toutes origines mais aussi la culture, la vie et la jeunesse (car ce sont des jeunes qui ont été les premières victimes de ces actes odieux). 

    Et ne nous trompons pas de cible : "Ce n'est pas le monothéisme qui favorise l'intolérance, mais la volonté de l'imposer comme foi universelle" (Gérard Haddad). 

     

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  • Sans commentaire

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  • Mort d'André Glucksmann

    825065-portrait-culture.jpgLe philosophe André Glucksmann est mort dans la nuit de lundi à mardi, à l’âge de 78 ans. Ancien assistant de Raymond Aron à la Sorbonne, proche de Jean-Paul Sartre, André Glucksmann faisait partie, avec Bernard-Henri Lévy, du mouvement des «nouveaux philosophes». Militant de la démocratie et des droits de l'homme, il avait plaidé pour les «boat people» face à Valery Giscard d'Estaing, et, plus récemment, avait pris position pour un meilleur traitement des Roms en France. Il a toujours pris fait et cause contre toutes les formes de totalitarisme. Il a soutenu notamment l’intervention contre la Serbie au moment de la guerre du Kosovo en 1999.

    Philosophe antitotalitaire après avoir été proche des «maos» français, André Glucksmann, né le 19 juin 1937, avait rompu spectaculairement avec le marxisme en 1975 en publiant La cuisinière et le mangeur d’homme. Il avait, en 2007, soutenu Nicolas Sarkozy, avant de se raviser et de faire son autocritique. Ancien militant maoïste, puis défenseur des dissidents d’Europe de l’Est et du peuple tchétchène, il avait alors été rangé parmi les néoconservateurs français...

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  • Merci aux participants et à Catherine Armessen pour cette séance du 6 novembre

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    Le vendredi 6 novembre 2015, le café philosophique de Montargis se réunissait autour du sujet "Œil pour œil, dent pour dent". Catherine Armessen était invitée pour discuter avec les participants, venus nombreux une fois de plus (environ 90 personnes), sur le thème de la vengeance et du pardon.

    Merci à tous pour votre participation. Bientôt, sur ce site, vous pourrez retrouver le compte-rendu de cette séance.

    Le café philo donne rendez-vous pour le 53e débat qui aura lieu le vendredi 4 décembre 2015, à 19 heures. Le sujet élu par les participants du 6 novembre portera sur cette question : "La pauvreté est-elle le mal absolu ?

     

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  • Café philosophique de Montargis : "Œil pour œil, dent pour dent ?"

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    La prochaine séance du café philosophique de Montargis aura lieu le vendredi 6 novembre 2015 à 19 heures, à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée.

    Le débat pour cette séance sera intitulé : "Oeil pour œil, dent pour dent?"

    Pour cette séance, Catherine Armessen interviendra en tant qu'invitée exceptionnelle.

     
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  • Décès de René Girard

    Nous publions hier sur ce site un texte de René Girard au sujet de la vengeance. Par un étrange et triste hasard, nous apprenons aujourd'hui le décès de ce philosophe internationalement reconnu.

    Le journal Libération revient sur la carrière de l'académicien. 

    Le philosophe et académicien français René Girard est décédé mercredi à l'âge de 91 ans aux Etats-Unis.

    L’académicien René Girard est mort
    Il était surnommé «le nouveau Darwin des sciences humaines». Le philosophe et académicien français René Girard est décédé mercredi à l’âge de 91 ans aux Etats-Unis, a annoncé l’université de Stanford où il a longtemps enseigné.

    "Le renommé professeur français de Stanford, l’un des 40 immortels de la prestigieuse Académie française, est décédé à son domicile de Stanford mercredi des suites d’une longue maladie», a indiqué l’université californienne dans un communiqué...

    La suite ici...

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  • Qui sont les Érinyes ?

    bienveillantes2.jpgDans la mythologie grecque, ces trois sœurs, Mégère, Tisiphone et Allecto, appelées Furies chez les Romains, sont les filles d’Ouranos, nées de la terre et du sang versé par leur père lors de son assassinat et de sa mutilation.

    Personnages méprisés par les dieux de l’Olympe et craints par les hommes, elles personnifient la vengeance et ont pour mission de punir les auteurs de crimes pendant la vie de son auteur. Aucune prière ou sacrifice ne peut les émouvoir ou ne doit les écarter de leur mission.

    Eschyle conte dans sa pièce Les Euménides l’assaut des Érinyes contre Oreste après le meurtre de sa mère (qui elle-même avait assassiné son mari Agamemnon). Oreste se réfugie à Athènes pour se mettre sous la protection d’Athéna. Les Érinyes acceptent que cette dernière statue sur son cas. Un tribunal constitué de citoyens se prononce en faveur d’Oreste. Il reste que les Érinyes voient leur vocation vengeresse leur échapper – chose qui n’est pas acceptable pour elles. Athéna leur propose de changer cette vocation : les Érinyes deviennent les Bienveillantes à qui un culte et un temple sont fondés.

    Bruno Chiron

     

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  • Œil pour œil, dent pour dent

    72prud'hon3.jpgLe café philosophique de Montargis propose une nouvelle séance le vendredi 6 novembre 2015, à 19 heures, à la brasserie du centre commercial de La Chaussée. Le débat sera intitulé "Œil pour œil, dent pour dent ?" et aura pour thème la vengeance et le pardon. Pour cette séance, l'équipe du café philosophique de Montargis aura pour invitée exceptionnelle Catherine Armessen.

    Médecin et auteure de romans documentaires, celle-ci viendra discuter avec le public du café philosophique de la vengeance, au centre de son dernier roman Tu me reviendras (éd. Feuillage). La vengeance semble être omniprésente dans l'histoire de l'humanité. Quels sont les ressorts et les enjeux de ce type de comportement ? Quels éclairages la psychologie et la philosophie peuvent-elles nous apporter ? La vengeance peut-elle être réduite à une forme d'hostilité ? Qu'est-ce qui alimente le désir de se venger ? Quelle est l'utilité du pardon ? Est-il toujours possible ? 

    Ce sont autant de points qui pourront être discutés avec Catherine Armessen, le vendredi 6 novembre, à partir de 19 heures à la brasserie du Centre Commercial de La Chaussée de Montargis.

    La participation sera libre et gratuite.

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  • Compte-rendu du café philosophique de Montargis : "De quoi sommes-nous responsables ?"

    Thème du débat : "De quoi sommes-nous responsables?" 

    Date : 2 octobre 2015 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée

    Bruno commence cette soirée et cette 51e séance par présenter aux 80 personnes présentes la nouvelle équipe qui s'est constituée après le départ de Claire Durand pour raisons personnelles. Bruno présente les deux animateurs qui vont l'accompagner pour cette première séance : d'abord, Gilles Poirier, un des plus fidèles du café philo, qui a suivi les séances depuis sa création. L'autre personne qui animera le premier débat de cette septième saison est Claire Bailly, qui a découvert récemment l'animation de la Chaussée et s'est lancée dans cette aventure. Pascal Weber, toujours fidèle au café philo, complète l'équipe de ce soir.

    Pour lancer le débat, un premier participant parle du titre de la séance "De quoi sommes-nous responsables ?" Cette question en appelle d'autres : "Comment philosopher et comment relativiser ? Comment définir la philosophie que l'on emprunte ? Comment définir le champ d'idée ?" Pour aller plus loin, un autre intervenant souhaite poser la question de la responsabilité d'un individu vis-à-vis d'une société avec ses lois ou vis-à-vis de son éthique propre.

    A ce sujet, Claire souhaite faire une distinction entre responsabilité civile et responsabilité morale. La responsabilité civile a ses limites, vis-à-vis de la loi : ce qui est légal et ce qui ne l'est pas. Il s'agit d'une responsabilité unique. La responsabilité morale est une notion abstraite car elle est propre à chaque individu. Elle déborde sur le champ de la conscience : quelqu'un va se sentir responsable d'un acte alors qu'une autre personne face à un même acte, ne se sentira pas responsable car elle n'a ni la même conscience, ni les mêmes valeurs.

    Gilles souhaite s'arrêter sur les définitions de la responsabilité (Le Robert) : "Qui doit réparer les dommages qu'il a causés par sa faute... Qui doit subir le châtiment par la loi". Responsable est à la fois un substantif et un adjectif. La deuxième acception est : "Qui doit rendre des comptes de ses actes ou de ceux d'autrui en vertu de la morale admise" La troisième signification est :"Qui est auteur, qui est la cause volontaire de quelque chose et en porte la responsabilité morale." La quatrième variante : celui qui est "chargé de", celui qui prend les décisions dans une organisation. La cinquième acception : "Qui est la cause et la raison suffisante de quelque chose". Et la sixième, qui est plus récente, est issue du terme anglais "responsible", à savoir "raisonnable", "réfléchi, "qui mesure les conséquences de ses actes, qui a une attitude raisonnable."

    Dans la notion de responsabilité il pourrait également être question d'instinct. Mes comportements pourraient être conditionnés par ces instincts qui mettent d'emblée la question de la responsabilité en questionnement. 

    Nous pourrions être responsables de tout ce que nous entreprenons, est-il encore dit. Nous sommes à 100 % responsables de ce que nous entreprenons si nous entreprenons à 100 % cette chose. Je peux être responsable d'un examen que je passe mais je ne suis pas à 100 % responsable de son résultat. Certains critères m'échappent qui sont de la responsabilité d'une tierce personne. Un autre exemple est pris : celui des accidents de la route qui peuvent être autant dû à des négligences et une forme d'irresponsabilité qu'à des facteurs autres qui me dédouaneraient, ou bien me donneraient quelques circonstances atténuantes. Pour cet intervenant, "tout le malheur du monde est le manque d'auto-responsabilité", à force de toujours chercher "les limites vis-à-vis d'autrui". Le contournement de la loi et le judiciaire utilisé à mauvais escient aurait tendance à permettre à tel ou tel de se déresponsabiliser vis-à-vis de la loi commune à tous.

    À travers ces interventions, dit Bruno, il apparaît que la notion de responsabilité est une notion vaste et sinueuse qui nous amène dans beaucoup de directions différentes : responsabilités vis-à-vis des autres, vis-à-vis de soi-même. Bruno revient au cœur de la question posée ce soir. La phrase "De quoi sommes-nous responsables ?" nous met en accusation. C'est une notion injonctive : la responsabilité a beaucoup à voir avec le pénal, alors que la responsabilité est beaucoup plus vaste. Bruno cite l'exemple d'une œuvre marquante de la littérature : Le Procès de Franz Kafka, dans lequel le personnage principal, Joseph K. (que l'on peut du reste identifier à l'auteur) est accusé de quelque chose dont le lecteur ne saura rien (voir cet extrait). Désigné responsable (puis coupable), un procès se déroule dans une ambiance mystérieuse, procès qui aboutira à une fin tragique. La responsabilité est là : c'est une notion forte et écrasante. Or, il apparaît qu'aujourd'hui nous sommes responsables de tout et de rien. La responsabilité est très vaste, illimitée, mais en même temps, nous pouvons nous sentir à maints égards irresponsables de ce qui peut nous arriver. Un participant cite l'exemple de la famille qui induit une responsabilité à l'égard de ses enfants, de ses proches, de ses parents. La responsabilité est engagée dès lors qu'il y a un conflit. Les enjeux sociaux nous engagent, jusqu'au conflit : "Nous avons la responsabilité d'être un être humain". Mais être responsable, dans l'acception courate, c'est assumer sa liberté même si cela peut être difficile voire "chiant" ! Être responsable, ce serait "répondre" en conscience – plutôt que "réagir" – à une situation, fruit certainement d'un héritage plus ou moins imposant. 

    La responsabilité a souvent avoir, dit une intervenante, avec la notion de responsabilité civile et la notion de culpabilité. Or, être responsable ce n'est pas forcément être coupable (voir ce lien). Cela pervertit même le sens de responsabilité, qui doit contenir une acception "civilisatrice", tel le Petit Prince qui doit être responsable de sa rose car il l'a apprivoisée (Saint-Exupéry). Dans l'étymologie, le mot responsabilité vient de l'expression "répondre à" : on répond de nos choix plutôt qu'on les assume. C'est une philosophie personnelle qui nous engage face aux autres.

    Encore faut-il que nous soyons de fait en état d'être responsables. Bruno évoque à ce sujet la psychanalyse. L'inconscient peut nous dicter via des lapsus, des actes manqués, des vérités qui nous dépassent. La psychanalyse tend depuis Freud à baliser le champ de cet inconscient qui nous contraint ("Le Moi n'est plus maître dans sa propre maison"). 

    L'homme a une conscience réfléchie, dit une autre intervenante, et la notion de choix est capitale pour comprendre celle de responsabilité. Il n'y a pas de responsabilité s'il n'y a pas de liberté et de choix. Claire fait un point étymologique sur le mot "responsabilité" qui vient du latin "respondere" qui veut dire "se porter garant de" et du mot "sponsio" qui veut dire "promesse". Donc, au final, la responsabilité est littéralement "assumer ses choix". Pour qu'il y ait responsabilité, il faut qu'il y ait deux fondements : la liberté et la conscience. Je dois donc me poser cette double question : est-ce que je suis libre de mon choix et est-ce que je suis conscient de mon choix ? Claire prend l'exemple de l'ivrogne et du somnambule. L'un et l'autre sont dans la rue, l'un est endormi et l'autre est ivre. Or, chacun fait tomber par inadvertance une personne dans l'eau qui se noie. La question à se poser est : sont-ils responsables ? Les deux personnes sont toutes les deux inconscientes, l'un à cause du sommeil, l'autre à cause de l'alcool. Or, c'est là que la notion de liberté prend son sens : l'ivrogne avait le choix de cette inconscience alors que le somnambule ne l'était pas. Parler de liberté nous renvoie à Sartre : L'homme est "condamné à être libre". Cette phrase apparaît de manière négative. La liberté n'est pas si douce. Elle est une angoisse d'avoir des choix constants à faire et de ne pas être acteurs des événements qui nous contraignent. N'être pas passifs nous impose. Nous sommes libres de faire nos choix. On ne naît pas libre, réagit une personne du public, mais nous avons la possibilité de le devenir. 

    Un intervenant intervient sur cette notion de responsabilité qui peut être à la fois enivrante (être responsable d'une entreprise, par exemple) et parfois vaine ("on n'est responsables de rien"), tant le déterminisme nous contraint. Nous agissons face à, la nécessité (Spinoza), en accord avec la mouvance sociale autour de nous, de notre passé et de notre héritage, d'autrui également. La responsabilité est une question dialectique.

    Bruno cite Épictète : "Il y a ce qui dépend de nous, il y a ce qui ne dépend pas de nous. Dépendent de nous l’opinion, la tendance, le désir, l’aversion, en un mot toutes nos œuvres propres ; ne dépendent pas de nous le corps, la richesse, les témoignages de considération, les hautes charges, en un mot toutes les choses qui ne sont pas nos œuvres propres." Bruno revient sur la notion de responsabilité juridique, déjà débattue : un tribunal civil ou pénal punit un acte commis, plutôt que putatif, comme le disait Hans Jonas : un acte doit être exécuté pour être puni.

    Pour un autre intervenant, l'histoire impose que la notion de responsabilité ait évolué avec te temps, en plus d'être tributaire de cultures différentes : on a pu parler de responsabilité imposée par le cosmos, puis sous l'angle des religions, avant d'apporter la conscience et la connaissance humaine avec la démocratie et le droit positif. Un intervenant parle de la notion d'héritage. Il se pourrait aussi que nous devions répondre de nos actions devant deux sortes de tribunaux : le civil (mais quelle est la légitimité d'un village mettant en accusant tel ou tel, comme dans le film Coup de Chaud ?) et notre conscience morale, si tant est que celle-ci n'a pas été "dégénérée", à l'exemple de ces marchands d'arme continuant leurs affaires sans état d'âme.

    Aux propos d'une dame parlant de la notion de responsabilité historique de la seconde guerre mondiale pesant sur les épaules des jeunes générations allemandes, Bruno pose la question de savoir si on peut différencier responsabilité individuelle et responsabilité collective. Pour un intervenant, les deux termes sont en interaction entre le je et le tu ou entre le nous et le vous. Cette notion de culpabilité collective, voire de péché originel, semblerait peser lourdement dans les consciences, comme si la culpabilité de nos aïeux devait être portée par les générations suivantes. Bruno cite le film Amnesia, qui raconte l'histoire d'une femme allemande qui refuse son passé, sa langue et sa culture, en raison de cette responsabilité collective insupportable. Or, cette notion semblerait inadéquate. Hannah Arendt, qui a suivi le procès d'Adolf Eichmann, établit que la responsabilité collective n'a aucun sens, et en tout cas elle n'est pas moralement établie si je n'ai pas accompli d'actes : "Deux conditions doivent être présentes pour qu'il y ait responsabilité collective : je dois être tenu pour responsable de quelque chose que je n'ai pas fait et la raison expliquant ma responsabilité doit être ma participation à un groupe (un collectif) qu'aucun acte volontaire de ma part ne peut dissoudre, c'est-à-dire une participation qui n'a rien à voir avec un partenariat commercial, que je peux dissoudre à volonté. La question de la "faute en groupe par complicité" doit être laissée en suspens parce que toute participation est déjà non déléguée. Cette forme de responsabilité est selon moi toujours politique, qu'elle prenne la forme ancienne où toute une communauté se juge responsable de ce que l'un de ses membres a fait ou bien si une communauté est tenue pour responsable de ce qui a été fait en son nom.

    Claire revient sur la responsabilité civile qui a pour principe de mettre une limite à nos actes afin de maintenir une certaine cohésion sociale, avec le risque de se déresponsabiliser en pointant du doigt autrui ou un groupe. Sartre disait ceci : "L'homme qui se croit déterminé se masque sa responsabilité". Comment alors, se demande Bruno, être responsable dans un monde complexe, multi-connecté avec beaucoup de choses qui nous échappent ? Pour une participante, le degré de responsabilisation n'est pas uniforme d'un individu à un autre, surtout dans un monde de plus en plus vaste, et avec des élites de plus en plus puissantes et souvent impunies. La contrainte sociale semblerait nous déresponsabiliser : "Soyez le changement que vous voudriez voir dans le monde" invitait Gandhi pour une prise de conscience générale. Seulement, "comment aimer un monde qui n'est pas aimable" et comment imposer sa responsabilité dans des sociétés où l'individu a du mal à se faire entendre ?

    De là, Gilles évoque le danger d'une déresponsabilisation sociale due à un amoncellement de lois. Le philosophe, sociologue et historien Cornelius Castoriadis (voir aussi ce lien) ne dit pas autre chose lorsqu'il stigmatise ce déficit en responsabilisation : "Il y a donc une contre-éducation politique. Alors que les gens devraient s’habituer à exercer toutes sortes de responsabilités et à prendre des initiatives, ils s’habituent à suivre ou à voter pour des options que d’autres leur présentent. Et comme les gens sont loin d’être idiots, le résultat, c’est qu’ils y croient de moins en moins et qu’ils deviennent cyniques." Le cynisme semblerait être un aboutissement à cette déresponsabilisation. Bruno rappelle que le cynisme vient du grec kunikos, chien : "ceux qui déchiquettent les opinions", qui se mettent à l'écart de la société - tel Diogène - par déception, indignation et apathie. 

    En tout état de cause, avance un autre intervenant, il semblerait que ce soit la responsabilité qui structure l'être humain, avec une obligation morale d'assumer ses actes. À ce sujet, un proverbe portugais dit ceci : "Nos malheurs entrent toujours par des portes que nous ouvrons". La notion de liberté et de choix est toujours présente. Cependant, penser que tous nos actes nous engagent et engagent la vie peut vite "rendre la vie impossible", et cela pourrait nous tétaniser. La philosophie pratique ne devrait-elle pas nous imposer une ataraxie, à la manière d’Épicure ? Sans doute, faudrait-il plutôt tenter de ne pas créer de malheur. "Un homme ça s'empêche" disait Albert Camus : pourquoi ne chercherions-nous pas, modestement, "à éviter de faire plutôt qu'à chercher à faire" ? 

    Une personne du public revient sur l'acception religieuse de la responsabilité, en rappelant qu'il a été un moment question de péché originel. Elle fait référence à l'encyclique Laudato Si du pape François sur l'environnement et sur les conséquences de nos actions, et de celles des entreprises prévaricatrices du milieu naturel - non sans notre complicité. L'homme n'a pas à être un pion irresponsable, dit-elle encore, mais un "maillon intégré dans le système" pour évaluer le bout de la chaîne, qui sont les milliards d'êtres humains qui n'ont ni eau, ni nourriture, ni électricité. Ces propos, dit Bruno, font écho au philosophe Hans Jonas qui a écrit un ouvrage de référence, Le Principe Responsabilité (voir aussi ce lien)Jonas répondait, en quelque sorte, à cette citation provocatrice de David Hume : "Je peux préférer la destruction du monde à une égratignure sur mon doigt". Jonas pose le principe de responsabilité devant la nature, avec une nouvelle éthique. Le philosophe nous met face à des choix moraux. Devant le futur (même si le terme de "génération future" est mis à toutes les sauces), Jonas nous parle de la nécessité d'avoir peur. Une peur non pas aliénante mais qui devient valeur positive, source de connaissance plutôt que d'aveuglément (car "nous sommes responsables de notre ignorance", comme le dit un autre intervenant). Jonas parle de nouveaux impératifs catégoriques de la responsabilité : "Agis de telle sorte que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d'une vie authentiquement humaine sur terre ; agis de telle sorte que les effets de ton action ne soient pas des destructeurs pour la possibilité future d'une telle vie ; Ne compromet pas les conditions de la survie indéfinie de l'humanité sur terre..." Nous sommes face à une responsabilité individuelle pour faire des choix qui engagent l'humanité toute entière, en sachant que nous pouvons être responsables de nos inactions et de nos silences. L'injonction kantienne "Tu peux donc tu dois" se transforme chez Jonas en un "Tu dois donc tu peux"! (voir aussi ce lien)

    L'engagement, on le voit, est au centre de cette notion de responsabilité. Gilles cite à ce sujet Toni Negri, qui s'adresse à chacun d'entre nous : "Chaque fois que l'on fait quelque chose, on en accepte la responsabilité. Cette action vit pour toujours dans l'éternité. Il n'y a pas de renvoi de responsabilité. Chacun de nous est responsable de sa singularité, de son présent, de l'intensité de sa vie, de la jeunesse et de la vieillesse qu'il y investit. Et c'est l'unique moyen d'éviter la mort. Il faut saisir le temps, le tenir, le remplir de responsabilité."

    Bruno considère en conclusion que derrière chaque responsabilité, il y a un acte, un choix, de courtes décisions que l'on prend à certains moments de notre vie. Ce sont des décisions pour autant capitales car elles mettent en jeu notre passé, celui de nos aïeux, celui de notre inconscient (assez peu évoqué au cours de cette séance), notre monde et autrui (l'existentialisme). Et ces enjeux nous conduisent à nous porter vers le monde, vers la transformation du monde, voire à le réparer comme le conceptualise la philosophie du Care (Carol Giligan, Michael Slote ou Sandra Laugier). La réparation est souvent évoquée dans le cadre judiciaire. Elle peut l'être dans le cadre environnemental, sociétal ou économique. C'est de l'ordre de notre responsabilité individuelle, l'individu étant devenue la norme dans nos sociétés car "de notre position de sujet, nous sommes toujours responsables" (Jacques Lacan). Êtres fondamentalement libres, nous sommes invités à nous engager, ce qui est une responsabilité écrasante, comme on peut le voir dans Le Procès de Kafka ou chez un personnage comme Hamlet. Pour autant qu'elle soit lourde, cette responsabilité est noble : "La responsabilité demande du courage parce qu'elle nous place à la pointe extrême de la décision agissante" (Vladimir Jankélévitch).

    La séance suivante aura lieu le vendredi 6 novembre à 19 heures. Il s'agira d'une séance exceptionnelle puisque le débat intitulé "Œil pour œil, dent pour dent", sur le thème de la vengeance, sera co-animé en présence de Catherine Armessen

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  • Merci pour cette première séance

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    Le vendredi 2 octobre 2015, le café philosophique de Montargis faisait sa rentrée pour sa septième saison. Une rentrée qui marquait aussi un renouvellement du café philosophique de Montargis, avec une nouvelle équipe renouvelée.

    Le public a répondu présent pour cette nouvelle édition, pour un débat intitulé : "De quoi sommes-nous responsables?" Environ 80 personnes étaient présentes. 

    Le café philo donne d'ores et déjà rendez-vous pour le 52e débat qui aura lieu le vendredi 6 novembre 2015, à 19 heures. Catherine Armessen viendra en invitée pour une soirée intitulée "Œil pour œil, dents pour dents?

     

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  • Café philosophique de Montargis : "De quoi sommes-nous responsables?"

    Affiche De quoi sommes nous responsables.png

    La prochaine séance du café philosophique de Montargis aura lieu le vendredi 2 octobre 2015 à 19 heures, à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée.

    Notez-bien que cette séance marque le départ d'une nouvelle saison du café philosophique de Montargis, avec une nouvelle équipe, qui restera fidèle à l'esprit qui anime le café philo depuis 2009 !

    Le débat pour cette première séance de la saison 7 sera intitulé : "De quoi sommes-nous responsables ?"

     
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  • De quoi sommes-nous responsables ?

    forum_Richard_Arens_speaking_from_the_podium.jpgLe café philosophique de Montargis fait sa rentrée le vendredi 2 octobre 2015, à 19 heures, à la brasserie du centre commercial de La Chaussée. 

    Cette 7e saison marque un virage important pour l'animation philosophique de la Chaussée, avec la création d'une équipe élargie à la tête de ce café philo, maintenant bien connu des Montargois. Le café philo ne déroge cependant pas à son objectif et à ses habitudes : proposer chaque mois, à la Brasserie de la Chaussée, un débat philosophique ouvert à tous, dans la liberté et le respect de la parole de chacun. 

    Pour cette première séance, la 51e de l'animation de la Chaussée, le sujet discuté portera autour de cette question : "De quoi sommes-nous responsables ?"

    Poser cette question n'est-ce pas s'interroger sur ce dont je ne suis pas responsable ? De quoi je parle lorsqu'il est question de responsabilité ? De moi comme sujet ? De mon histoire ? De mes passions ? De mon environnement social ? Que recouvre le champ de la responsabilité ? Quelle est la place du devoir ? La notion de responsabilité est-elle liée à celle de la culpabilité ? Peut-on parler de responsabilité collective ?

    Ce sont autant de questions qui pourront être discutés le vendredi 2 octobre, à partir de 19 heures à la brasserie du Centre Commercial de La Chaussée de Montargis.

    La participation sera libre et gratuite.

     

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  • Weber : fonctionnaires, raison d’état et responsabilité

    weber.jpg"Le véritable fonctionnaire - et cette remarque est décisive pour juger notre ancien régime - ne doit pas faire de politique, justement en vertu de sa vocation : il doit administrer, avant tout de façon non partisane. Cet impératif vaut également pour les soi-disant fonctionnaires "politiques", du moins officiellement, dans la mesure où la "raison d'État", c'est-à-dire les intérêts vitaux de l'ordre établi, n'est pas en jeu. Il doit s'acquitter de sa tâche sine ira et studio, "sans ressentiment et sans parti pris". Par conséquent il ne doit pas faire ce que l'homme politique, aussi bien le chef que ses partisans, est contraint de faire sans cesse et nécessairement, à savoir combattre. En effet prendre parti, lutter, se passionner - ira et studium - sont les caractéristiques de l'homme politique. Et avant tout du chef politique. L'activité de ce dernier est subordonnée à un principe de responsabilité totalement étranger, voire même opposé, à celui du fonctionnaire. L'honneur du fonctionnaire consiste dans son habileté à exécuter consciencieusement un ordre sous la responsabilité de l'autorité supérieure, même si - au mépris de son propre avis - elle s'obstine à suivre une fausse voie. Il doit plutôt exécuter cet ordre comme s'il répondait à ses propres convictions. Sans cette discipline morale, dans le sens le plus élevé du terme, et sans cette abnégation, tout l'appareil s'écroulerait. L'honneur du chef politique par contre, celui de l'homme d'État dirigeant, consiste justement dans la responsabilité personnelle exclusive pour tout ce qu'il fait, responsabilité qu'il ne peut ni ne doit répudier ou rejeter sur un autre."

    Max Weber, Le Métier et la Vocation d'Homme politique (1919)

     

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  • Notez bien la programmation d'une nouvelle séance en novembre

    72prud'hon3.jpgLe 2 octobre 2015, le café philosophique de Montargis fera sa rentrée avec une première séance intitulée "De quoi sommes-nous responsables ?"

    Vous pouvez déjà noter la date de la séance suivante : le vendredi 6 novembre 2015, toujours à la Brasserie du Centre commercial de La Chaussée, le café philo organisera une soirée qui portera sur cette question : "Œil pour œil, dent pour dent ?" Il s'agira d'un débat sur le thème de la vengeance et du pardon. Il sera co-animé avec Catherine Armessen.

    A bientôt.

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  • Bilan de la saison 6 en attendant la saison 7

    montage café philo.png

    Alors que la 7ème saison du café philosophique de Montargis se profile, un bilan de la saison 6 s'impose. Pour l'année 2014-2015, l'animation de la Chaussée a confirmé son succès. Avec huit séances, de septembre 2014 à juin 2015, totalisant en tout 740 personnes, en moyenne les débats du café philo ont réuni plus de 90 personnes (contre 75, pour la saison précédente).

    Rappelons que les séances du café philosophique de Montargis sont gratuites et ouvertes à tous. 

    Le café philosophique de Montargis proposait huit débats : "Existe-t-on quand personne ne nous regarde ?" (le 27 septembre 2014, avec 75 participants), "Le monstre est-il parmi nous?" (le 14 novembre 2014, avec 65 participants), "Doit-on tout faire pour être heureux ?" (le 12 décembre 2014,  100 participants), "Le langage trahit-il la pensée ?" (le 30 janvier 2015, 80  participants), "Autrui, antidote à la solitude ?" (le 20 mars 2015, 80 participants), "Suis-je ce que mon passé fait de moi?" (le 17 avril 2015, 120  participants), "Est-il raisonnable de croire en Dieu ?" (le 22 mai 2015, 130 participants) et "La philosophie a-t-elle une quelconque utilité ?" (le 19 juin 2015, avec 90  participants).

    Contrairement aux saisons précédentes, Claire et Bruno n'ont pas proposé de séances exceptionnelles, mise à part la dernière séance, la 50e, sur laquelle nous reviendrons.

    Lors des années précédentes, le café philo avait pris pour habitude d'ouvrir les soirées philosophiques vers des thèmes et des intervenants exceptionnelles (la non-violence en 2010, les sectes en 2011, la mémoire en 2012 ou la manipulation en 2013. De même, en 2013, le café philo s'était délocalisé à l'AGART d'Amilly pour une séance sur l'art ("Un bon artiste est-il le Surhomme ?"). Rien de tel lors de cette saison 6, avec un café philo qui n'a pas dérogé à son fonctionnement classique : des débats ouverts au plus grand nombre.

    Une séance particulière a cependant été organisée, et pas n'importe laquelle. Pour marquer la 50e séance du café philosophique de Montargis, créé en octobre 2009 par Claire Durand et Bruno Chiron, les deux animateurs ont voulu marquer le coup : pour débattre du sujet qui avait été opportunément choisi par les participants, "La philosophie a-t-elle une quelconque utilité ?", un blind-test exceptionnel et des remerciements ont marqué la soirée. Une soirée qui a également été ponctuée par l'annonce de changements. Claire annonçait en effet qu'en raison d'un déménagement imminent, elle n'allait pas pouvoir poursuivre l'animation du café philo. De chaleureux remerciements, amis aussi des regrets, ont répondu à cette annonce. Claire a cependant précisé qu'elle restait très attachée à ce café philo construit avec Bruno et qu'elle suivrait avec intérêt son développement futur.

    Dès la rentrée 2015, le café philo va entamer une nouvelle étape avec une nouvelle équipe, un nouveau fonctionnement et avec, espérons-le, toujours la même fidélité des Montargois pour une animation qui a réussi à s'imposer au cours de ses six ans d'existence.

    Bientôt, sur ce site, vous retrouverez plus d'informations sur cette future saison 7 et sur le premier débat qui devrait avoir lieu courant octobre 2015.

     

    Lien permanent Catégories : => Saison 1, => Saison 2, =>Saison 4, =>Saison 5, =>Saison 6, =>Saison 7, [05] "L'éducation à la non-violence...", [15] "Pensées sectaires : Où s'arrête ma liberté?", [27] "Mémoire, mémoires...", [33] "Manipulation dans le couple...", [37] "Un bon artiste est-il le Surhomme?", [43] "Existe-t-on quand personne ne nous regarde?", [44] "Le monstre est-il parmi nous?", [45] "Doit-on tout faire pour être heureux?", [46] "Le langage trahit-il la pensée?", [47] "Autrui, antidote à la solitude?", [48] "Suis-je ce que mon passé fait de moi?", [49] "Est-il raisonnable de croire en Dieu?", [50] "La philosophie a-t-elle une utilité?" Imprimer 0 commentaire Pin it!
  • Compte-rendu de la 50e séance : "la philosophie a-t-elle une quelconque utilité?"

    Thème du débat : "La philosophie a-t-elle une quelconque utilité ?" 

    Date : 19 juin 2015 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée

    Le vendredi 19 juin 2015, le café philosophique de Montargis se réunissait à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée pour sa 50e séance, et aussi la dernière de sa saison 6. À cette occasion, le débat proposé, et choisi par les participants de la séance précédente, portait sur cette question: "La philosophie a-t-elle une quelconque utilité ?"

    Au préalable, Bruno rappelle la genèse et les grands événements qui ont marqué les six années et les 50 séances du café philo. Il insiste sur la naissance mouvementée de l'animation de la Chaussée, ses débuts difficiles, les sujets polémiques qui ont émaillé son histoire (Dieu, la mort ou... le Père Noël), la fierté des animateurs et médiateurs de voir l'engouement autour du café philo mais aussi les émissions de radio "La Philosophie au Comptoir" (en 2014) qui ont marqué le café philosophique de Montargis.  

    Pour lancer le débat, outre le sujet du débat de ce soir, "La philosophie a-t-elle une quelconque utilité ?" Bruno pose aux participants deux autres questions : "Fait-on de la philosophie lors d'un café philo ?" et "Que venez-vous faire ici, au café philo ?"

    Un premier intervenant réagit en citant Michel de Montaigne pour justifier l'utilité de la philosophie : "Philosopher c'est apprendre à mourir". Pour lui, alors que le débat sur la la fin de vie fait des remous, la philosophie semble avoir une très grande utilité. Claire rebondit sur cette intervention. Il y a une distinction entre utilité et nécessité, dit-elle, car, souvent, on a tendance à commettre un abus de langage : on considère comme utile ce qui est nécessaire, or ce n'est pas le cas. L'utilité vise "l'outil". La question peut donc se poser ainsi : est-ce que la philosophie mène à quelque chose ? Et si la philosophie est un outil, quelle est sa finalité ?   

    Pour un autre intervenant, la philosophie a une utilité indéniable ; encore faut-il savoir de quelle philosophie l'on parle : il peut y avoir autant des courants de pensées hermétiques peu appréciés que des pratiques philosophiques, plus terre-à-terre, pragmatiques et qui peuvent intéresser tout un chacun. Finalement, cette dernière intervention pose cette question : la philosophie est un moyen pour faire quoi ? La philosophie, qui est étymologiquement l'amour de la sagesse, trouve sa finalité dans l'apprentissage de la mort et dans l'orientation de ses actions pratiques afin de réfléchir à certains sujets pour ensuite les vivre, et vivre mieux ("Nous vivre mieux") . L'amour de la sagesse n'est pas l'amour du savoir. Le sage n'est pas celui qui sait tout mais plutôt "celui qui ne sait rien" (Socrate). Dès lors, philosopher c'est sans doute commencer à s'interroger et remettre en question ce qui fait notre existence et notre identité. Au sein du café philo, chacun réfléchit à comment agir, avec la morale, à l'orientation pratique de notre vie, de nos actions, ici et maintenant.

    Au sein du café philo, la question est bien de savoir si dans le cadre des débats on est dans un moyen d'atteindre ces objectifs philosophiques. Michel Onfray refuse par exemple d'admettre que l'on philosophe au sein d'un café philosophique. Une intervenante réagit en regrettant la durée des séances : souvent, un deuxième débat pourrait être utile, remarque-t-elle, tant les questions appellent d'autres questions et aussi des demandes d'approfondissements. Bruno ajoute toutefois que les animateurs sont là pour susciter des questions et pas d'apporter des réponses comme le feraient des gourous de sectes ! Philosopher, comme le dit une participante, "c'est exploiter la capacité que l'humain a de se poser des questions auxquelles il ne peut pas répondre". C'est aussi un échappatoire à l'uniformité des discussions triviales, afin d'éviter "la stagnation de l'esprit".

    La philosophie ne consiste pas à apporter des solutions abouties à des questions posées, réagit un participant. Pour Claire, les philosophes dits "systématiques" ont pour rôle de répondre à des questions. Le café philo, dans ce sens, est "non-philosophique", dans le sens où le café philo n'apporte pas des éléments pour répondre à des questions. Pour autant, nous pourrions dire qu'au sein du café philo nous pratiquons un "philosopher", dans le sens où le café philo sert à cheminer dans une pensée. Certaines interventions nous renvoient d'autres pensées. "La pratiques collective" de la réflexion est en effet un élément capital, réagit une autre personne du public car cela peut peut permettre d'approfondir des sujets. Par toutes nos expériences, réagit une autre participante, par nos différences, "mettre en commun nos idées, les confronter à l'exemple de la maïeutique (Platon), ce n'est pas nous permettre d'avoir tous la même mais d'avoir tous la nôtre."

    Une participante s'exprime ainsi : "La philo n'est ni dans l'action ni dans la morale mais Jean-Paul Sartre a dit qu'elle nous apprenait à être libre et responsable de nos actes". La philosophie a bien une utilité, affirme un intervenant : même si elle n'est pas poussée, elle nous permet de côtoyer des gens différents, de s'exprimer, d'échanger dans le respect, de se frotter à la réalité et d'affiner ses opinions au contact des autres. La philosophie antique, dans l'agora, est, quelque part, ressuscitée au sein des cafés philos – qui pourraient aussi bien se passer dans d'autres lieux publics.   

    La réflexion collective permettrait de passer de l'opinion, qui est de l'ordre de la représentation individuelle, à l'idée, qui est collective. L'idée est forte de justification et l'altérité, en apportant la contradiction à notre opinion, permet d'asseoir notre jugement grâce aux arguments et presque en savoir. Claire rappelle que la différence entre le croire et le savoir n'est pas tant la véracité de la représentation mais c'est dans le fait que le croire est une représentation qui est tenue pour vraie sans capacité de la justifier alors que le savoir implique qu'une représentation est tenue pour vraie car il existe des justifications, des raisons d'être. On peut se sentir un peu plus fort de ses principes si un philosophe vient à notre rescousse ("Descartes l'a dit...") ou si la confrontation avec les idées collectives et les opinions d'autrui viennent appuyer ce que je peux penser. "Les débats philosophiques permettent de s'enrichir au niveau de l'être.

    L'utilité cathartique du café philo est également avérée : prendre la parole, s'approprier un micro ("un bâton de parole") et confronter ses idées avec celles des autres est au cœur de nos débats. Le café philo peut être aussi une pratique de la démocratie, dans un cercle de citoyens différents, de tous âges. Jean-Pierre Vernant affirme d'ailleurs que la raison naît dans le cadre de la naissance de la première cité démocratique grecque. Or, dans cette société, deux groupes de pensées s'opposent : les "instituteurs de la République" – les sophistes – qui visent à apprendre aux citoyens à parler et qui visent l'utilisation d'un langage pour s'exprimer. Dès lors, l'objectif pour ces sophistes est d'apprendre à parler bien plutôt que de parler vrai. Or, contre eux, les philosophes vont s'insurger, et parmi eux, Socrate. Pour ces philosophes, parler bien c'est utiliser le langage en l'enlevant de sa sa valeur. Celui qui ne chercher que la communication et la beauté le rend caduc car l'homme doué de langage se doit de chercher la vérité. Le philosophe ne va pas chercher de réponse mais il va s'interroger sans cesse pour nuancer et s'approcher de la réalité et de la vérité.  

    Un participant nuance ces propos : est-ce que pour parler vrai il ne faut pas parler bien ? Cette question fait aussi référence à un précédent débat : "Le langage trahit-il la pensée ?" Pour Michel Onfray, justement, dans la philosophie il y a une forme d'académisme et d'exigence. Michel Onfray ne dénie pas l'utilité démocratique des cafés mais ils sont pour lui plus "citoyens" que "philosophiques". Philosopher implique des bases, des lectures, des connaissances, l'acquisition de lettres de noblesse (parler correctement). Certains philosophes inaccessibles peuvent du reste se targuer d'être inaccessibles. Certains auteurs peuvent être lisibles et claires (Albert Camus) ; d'autres hermétiques (Critique de la Raison Pure de Hegel ou L'Être et le Néant de Sartre). Ces problèmes de compréhension apparaissent comme susceptible de dénaturer la pensée philosophique affirme Ludwig Wittgenstein ("Ce dont on  ne peut pas parler, il faut le taire"). Il y a aussi cette idée que la philosophie touche aux hautes sphères de l'intellect (la métaphysique par exemple) et peut donc faire fuir une grande partie de la population. Le café philosophique de Montargis a, par contre, eut très vite pour ambition d'amener la philosophie dans la Cité et de la rendre accessible 

    Un participant rappelle l'étymologie de "philosophie", qui est "l'amour de la vérité". On est philosophe non pas quand on détient la vérité mais lorsqu'on la recherche. Au sein, Un café philosophique qui a pour objectif de rechercher – avec curiosité – la vérité fait donc, n'en déplaise à Michel Onfray, de la philosophie.   

    Claire conclut cet échange par deux citations. La première est de Platon : "Sans raisonnement, tu mèneras l'existence non pas d'un homme mais d'une éponge ou de ces êtres marins qui habitent dans des coquillages" (Philète). Descartes, lui, affirmait dans Principes de la Philosophie (Préface) : "C'est précisément avoir les yeux fermés, sans jamais tâcher de les ouvrir, que de vivre sans philosopher."  

    La seconde partie de ce 50e café philosophique est consacré à un blind-test, un jeu proposé à l'assistance que le café philo avait proposé par le passé :

    - Qu'est-ce que la maïeutique ? Réponse : l'art d'accoucher les esprits, les âmes (Socrate)

    - Qui a écrit le Tractatus logico-philosophicus ? Réponse : Ludwig Wittgenstein

    - Pourquoi appelle-t-on les disciples d'Aristote les Péripatéticiens ? Réponse : parce que dans le peripatos grec, le "promenoir" littéralement, les philosophes du Lycée d'Aristote philosophaient en marchant. On les appelait donc les péripatéticiens.

    - Qui a parlé de l'homme comme d'"une invention récente" ? Réponse : Michel Foucault

    - Quand on traite de la philosophie, on dit que l'une des formules principales du philosopher est "gnoti seauton". Qu'est-ce que ça signifie ? Réponse : "Connais-toi toi-même

    - Qui est le concepteur de la dialectique du maître et de l'esclave ? Réponse : Hegel

    - Qu'est-ce qu'une tautologie ? Réponse : "Dire deux fois la même chose", la répétition de deux expressions signifiant une chose identique

    - La philosophe Hannah Arendt a été la maîtresse d'un philosophe controversé. Qui est-il?  Réponse : Martin Heidegger 

    - Qu'est ce que l'ataraxie. Réponse : "La paix de l'âme"

    - Quel philosophe anglais est l'auteur de La Nouvelle Atlantide, roman sur l'île utopique Bensalem ?  Réponse : Francis Bacon

    - De quel philosophe anglais se sont inspirés les auteurs de la série Lost pour la création de l'un de leur personnage ? Réponse : John Locke

    - Qui a parlé de la religion comme d'une "névrose obsessionnelle de l'Humanité ?"  Réponse : Sigmund Freud

    - Quel philosophe est tourné en dérision dans Les Nuées ?  Réponse : Socrate

    - Qui a dit : "Les hommes se trompent en ce qu'ils se pensent être libres ?"  Réponse : Baruch Spinoza

    - Qui est l'auteur de la Lettre à Newcastle ?  Réponse : Descartes

    - Que signifie "Sapere aude" ? Réponse : "Aie le courage de te servir de ton propre entendement"

    - Avec quel compositeur et ami Friedrich Nietzsche s'est-il brouillé dans les dernières années de sa vie ?  Réponse : Richard Wagner

    - Quel philosophe français, romancier et homme politique révolutionnaire est l'auteur de l'ouvrage "Français, encore un effort !si vous voulez être Républicains" ?  Réponse : Le Marquis de Sade

    - Quel philosophe tchèque est le fondateur de la phénoménologie contemporaine et le concepteur de l'intentionnalité ?  Réponse : Edmund Husserl

    - Quel compositeur français est l'auteur de l'ouvrage lyrique Socrate ?  Réponse : Erik Satie

    - De qui d'Aristote a-t-il été le précepteur ?  Réponse : Alexandre Le Grand ?

    montaigne,socrate,onfray,platon,sartre,descartes,camus,hegel,wittgenstein,aristote,locke,bacon,foucault,arendt,heidegger,freud,spinoza,nietzsche,sade,husserlExceptionnellement, aucun sujet n'est proposé pour la prochaine séance.

    Claire remercie chaleureusement les personnes présentes et exprime sa fierté d'avoir pu participer avec Bruno à cette belle aventure du café philosophique de Montargis. Ce dernier remercie à son tour Claire pour son travail et son implication au sein du café philo.

    La première séance de la saison 7 sera fixée ultérieurement en septembre ou octobre 2015.

     

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  • Le penseur allemand Jürgen Habermas juge l'accord grec "toxique"

    792807--.jpgDans un entretien au «Guardian», le philosophe et sociologue allemand Jürgen Habermas juge l'accord signé lundi entre la Grèce et ses créanciers «toxique», et se montre très critique vis-à-vis du gouvernement d'Angela Merkel.

    L’accord conclu lundi entre la Grèce et ses créanciers est «toxique». Dans un entretien au Guardian publié jeudi, le philosophe et sociologue allemand Jürgen Habermas, qui commente peu l’actualité politique, s’attaque pêle-mêle à la gestion de la crise grecque et au gouvernement allemand. Selon lui, l’accord signé lundi, qui prévoit un nouveau plan d’aide pour la Grèce en échange de mesures d’austérité rejetées par le référendum du 5 juillet est "destructeur".

    Cet accord "contredit ouvertement les principes démocratiques de l’Union européenne» et n’a pas de sens d’un point de vue économique, juge le penseur, figure du mouvement étudiant allemand de la fin des années 1960. Il y voit un «mélange toxique entre des réformes structurelles nécessaires et des mesures néolibérales qui décourageront complètement un peuple grec déjà épuisé, et tuera dans l’œuf tout élan de croissance". "Forcer le gouvernement grec à donner son accord à un fonds de privatisation, économiquement discutable et éminemment symbolique, ne peut être compris que sous l’angle d’un châtiment décrété contre un gouvernement de gauche", analyse le philosophe, qui réclame une restructuration de la dette grecque...

    LA SUITE ICI

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  • Au sujet de la dette grecque... Au VIe siècle avant JC

    solon_360x450.jpg"Après cela, il survint entre l’aristocratie et le peuple un conflit qui fut de longue durée. En effet, leur constitution était en tout point oligarchique ; et, en particulier, les pauvres étaient les esclaves des riches, aussi bien les hommes que les femmes et les enfants. On les appelait clients et hectémores (soumis au paiement du sixième) ; car c’était moyennant ce fermage des cinq sixièmes qu’ils travaillaient les terres des riches.

    Toute la terre était entre les mains de quelques-uns ; et, si les paysans ne s’acquittaient pas de leur fermage, on pouvait les emmener en captivité, eux et leurs enfants ; et les prêts, pour tous, étaient garantis par la personne du débiteur jusqu’à la venue de Solon, premier chef du parti populaire.

    Donc, ce qu’il y avait de plus pénible, de plus amer dans la constitution, c’était, pour le plus grand nombre, l’esclavage. Toutefois, les autres dispositions étaient aussi un sujet de mécontentement : car, pour ainsi dire, le peuple n’avait aucune part aux affaires... 

    Telle était l’organisation de la constitution ; le plus grand nombre était l’esclave de la minorité : aussi le peuple se souleva contre l’aristocratie. Comme le conflit était violent et que, depuis longtemps, ils se faisaient face les uns et les autres, d’un commun accord, on choisit Solon comme médiateur on lui donna pour mission de réformer la constitution, après qu’il eut écrit une élégie dont voici le début :

    "Je comprends ce qu’il en est et, dans mon cœur, je ressens de la douleur en voyant la plus vieille terre d’Ionie que l’on est en train d’assassiner."

    Dans cette élégie, il lutte et discute avec les deux partis dans l’intérêt de chacun d’eux et après cela, il les exhorte en commun à mettre fin à leur rivalité actuelle. Solon, par sa naissance et sa renommée, faisait partie des premiers de la cité, mais par sa fortune et son activité, il appartenait à la classe moyenne, comme les autres auteurs le reconnaissent et comme lui-même l’atteste dans le poème que voici, où il exhorte les riches à ne pas prendre plus que leur part :

    "Vous, apaisez dans votre poitrine la violence de votre cœur, vous qui en êtes arrivés au dégoût de nombreux biens, disposez à la modération votre esprit hautain : car nous n’obéirons pas et tout ne se conformera pas à vos désirs."

    Et, d’une façon générale, il rejette la responsabilité du conflit sur les riches…

    Placé à la tête des affaires, Solon libéra le peuple pour le présent et pour l’avenir en défendant de prendre pour gage la personne du débiteur ; il établit des lois, il annula les dettes tant privées que publiques, ce que l’on appelle du nom de "seisachtie" (levée du fardeau), voulant signifier par là que l’on s’était débarrassé de son fardeau."

    Aristote, Constitution d'Athènes (IVe s. av JC)

    Voir aussi ce lien : http://www.ouvroir.info/zinc/spip.php?article56

     

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  • BIENTÔT SUR CE SITE LE COMPTE-RENDU DE LA DERNIÈRE SÉANCE

    Bientôt sur ce site, vous pourrez trouver le compte-rendu de la dernière séance, la 50e du café philosophique de Montargis.

    Le débat était intitulé : "La philosophie a-t-elle une quelconque utilité ?" Il était suivi d'un blind-test, qui sera également mis en ligne.

     

     

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  • TOURNÉE DES CAFÉS PHILOS : UNE VIRÉE À HAÏTI

    1966779_622846197768628_703838316_n.jpgDans le cadre de sa tournée des cafés philosophiques, le café philosophique de Montargis souhaite faire un coup de projecteur sur les cafés culturels, philosophiques et scientifiques du GRETAS (Groupe de réflexion, d'étude et d'action sociale), à Haïti.

    Ces cafés ont lieu chaque dernier samedi du mois à Petit-Goâve, une ville située à l'ouest d'Haïti. Ces animations sont à la croisée des chemins entre la philosophie et les sciences humaines et sociales. L'ambition du GRETAS est de permettre d'ouvrir la population haïtienne - et en particulier les jeunes - à d'importants débats. 

    Le GRETAS a vu le jour à Port-au-Prince en 2013 et est reconnue par le ministère des affaires sociales et du travail (MAST). Professeurs d'université, spécialistes en sciences humaines, écrivains et artistes participent à ces cafés scientifiques et culturels, avec des sujets comme "Démocratie et Etat de Droit", "Pensée haïtienne et modernité occidentale", "Négritude et émancipation dans les Caraïbes", "Réseaux sociaux et éthique" ou encore "Apprendre à philosopher entre l’a priori et la sensibilité". 

    Le café philosophique de Montargis ne peut que saluer l'ambition de cette association encore très jeune mais qui est parvenue à rassembler plus de 1000 participants au cours d'une journée "Environnement et développement en Haïti" le 5 juin 2013. Voilà ce que disent les organisateurs au sujet de leurs animations aux succès qui ne sont pas près de s'arrêter : "Aujourd’hui, nous savons que les études et la réflexion représentent des facteurs déterminants dans le développement des sociétés modernes. Cependant, en Haïti on tend à négliger ces facteurs... Nous croyons profondément que nos actions citoyennes collectives peuvent nous aider à recoudre le tissu social, à faciliter la cohésion sociale entre nos concitoyens."

    Page Facebook de GRETAS HAÏTI

     

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  • CELA A-T-IL UN SENS DE PHILOSOPHER DE NOS JOURS ?

    En novembre 2010, lors de sa deuxième saison, le café philosophique de Montargis proposait un débat intitulé : "Cela a-t-il un sens de philosopher de nos jours ?"

    Retrouvez les références, les documents et le compte-rendu de cette séance sur ce lien.

     

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  • CAFÉ PHILOSOPHIQUE DE MONTARGIS : "LA PHILOSOPHIE A-T-ELLE UNE QUELCONQUE UTILITÉ ?"

    Affiche La philosophie a-t-elle une quelconque utilité 2.png

    La prochaine séance du café philosophique de Montargis aura lieu le vendredi 19 juin 2015 à 19 heures, à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée.

    Il s'agira d'une séance spéciale 50e café philo !

    Le débat sera intitulé : "La philosophie a-t-elle une quelconque utilité ?"

     
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  • APPRENDRE LA PHILOSOPHIE À L'ECOLE : UNE EXCEPTION FRANÇAISE ?

    o-BAC-PHILO-facebook.jpgLa philosophie est obligatoire au lycée en France, ce qui en fait un modèle remarquable, même s'il n'est pas unique.

    Ainsi, en Europe, ce choix n'a pas réellement d'équivalent comme le remarque la journaliste Annabelle Laurent dans un article paru dans Slate : "La France, l'Italie, l'Espagne, le Portugal font partie  des quelques pays d'Europe où il est obligatoire d'étudier la philosophie au lycée. Si elle n'est pas pour autant absente des enseignements ailleurs, la rendre obligatoire, et dans le cas de la France la donner en épreuve du bac, c'est lui reconnaître une vraie mission éducative et exiger de tous les citoyens qu'ils soient confrontés, au moins quelques heures dans leur vie, à des questions philosophiques... Sans philo, dans la vie adulte tu n'entreras pas."

    Dans l'autres pays européens - la Grande-Bretagne, l'Allemagne, la Suède, ou la Suisse - l'apprentissage de la philosophie est optionnel. Commentaire de la journaliste : "On peut s'étonner que l'Allemagne et l'Angleterre n'aient pas accordé une place aussi importante que la France à la philosophie à l'école, étant donné leur apport pourtant considérable (Hobbes, Hume, Kant, Hegel, Nietzsche, etc, etc,) à la philosophie. L'explication réside dans la particularité de l'histoire française: la philosophie des Lumières a appuyé la constitution de l'Etat."

    Le modèle français n'est pas une exception comme le rappelle le site Defibac : "L'enseignement de la philosophie dans le monde s'est étendu sur les bases de ce modèle. C'est ainsi que dans les pays d'Amérique latine, d'Afrique et d'Europe de l'Est, qui sont pour la plupart sortis de systèmes dictatoriaux, la philosophie assure la sensibilisation des jeunes aux principes de liberté de la pensée. Son enseignement y est perçu comme un élément durable du processus de démocratisation."

    http://www.defibac.fr/l-enseignement-de-la-philosophie-dans-le-monde

    http://www.slate.fr/story/23119/pourquoi-la-france-tient-tant-la-philo

     

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  • LES SUJETS DE PHILOSOPHIE PROPOSÉS CETTE ANNÉE AU BAC

    tocqueville,cicéron,spinozaLes sujets du bac S

    - "Une œuvre d'art a-t-elle toujours un sens ?"

    - "La politique échappe-t-elle à une exigence de vérité ?"

    Les élèves ont aussi été invités à réfléchir sur un texte de Cicéron :

    "Comment peut-on prévoir un événement dépourvu de toute cause ou de tout  indice qui explique qu'il se produira ? Les éclipses du soleil et de la lune sont  annoncées avec beaucoup d'années d'anticipation par ceux qui étudient à l'aide de calculs les mouvements des astres. De fait, ils annoncent ce que la loi naturelle réalisera. Du mouvement invariable de la lune, ils déduisent à quel moment la lune, à l'opposé du soleil, entre dans l'ombre de la terre, qui est un cône de ténèbres, de telle sorte qu'elle s'obscurcit nécessairement. Ils savent aussi quand la même lune en passant sous le soleil et en s'intercalant entre lui et la terre, cache la lumière du soleil à nos yeux, et dans quel signe chaque planète se trouvera à tout moment, quels seront le lever ou le coucher journaliers des différentes constellations. Tu vois quels sont les raisonnements effectués par ceux qui prédisent ces événements.

    Ceux qui prédisent la découverte d'un trésor ou l'arrivée d'un héritage, sur quel indice se fondent-ils ? Ou bien, dans quelle loi naturelle se trouve-t-il que cela arrivera ? Et si ces faits et ceux du même genre sont soumis à pareille nécessité, quel est l'événement dont il faudra admettre qu'il arrive par accident ou par pur hasard ? En effet, rien n'est à ce point contraire à la régularité rationnelle que le hasard, au point que même un dieu ne possède pas à mes yeux le privilège de savoir ce qui se produira par hasard ou par accident. Car s'il le sait, l'événement arrivera certainement ; mais s'il se produit certainement, il n'y a plus de hasard ; or le hasard existe : par conséquent, il n'y a pas de prévision d'événements fortuits."

    Cicéron, De la divination (Ier siècle avant J.-C.)

    Les sujets du bac ES

    - "La conscience de l'individu n'est-elle que le reflet de la société à laquelle il appartient?"

    - "L'artiste donne-t-il quelque chose à comprendre ?"

    Le commentaire de texte porte sur un extrait de Spinoza :

    "Dans un Etat démocratique, des ordres absurdes ne sont guère à craindre, car il est presque impossible que la majorité d’une grande assemblée se mette d’accord sur une seule et même absurdité. Cela est peu à craindre, également, à raison du fondement et de la fin de la démocratie, qui n’est autre que de soustraire les hommes à la domination absurde de l’appétit et à les maintenir, autant qu’il est possible, dans les limites de la raison, pour qu’ils vivent dans la concorde et dans la paix. Ôté ce fondement, tout l’édifice s’écroule aisément. Au seul souverain, donc, il appartient d’y pourvoir ; aux sujets, il appartient d’exécuter ses commandements et de ne reconnaître comme droit que ce que le souverain déclare être le droit. Peut-être pensera-t-on que, par ce principe, nous faisons des sujets des esclaves ; on pense en effet que l’esclave est celui qui agit par commandement et l’homme libre celui qui agit selon son caprice. Cela cependant n’est pas absolument vrai ; car en réalité, celui qui est captif de son plaisir, incapable de voir et de faire ce qui lui est utile, est le plus grand des esclaves, et seul est libre celui qui vit, de toute son âme, sous la seule conduite de la raison."

    Baruch Spinoza, Traité théologico-politique (1670)

    Les sujets du bac L

    - "Respecter tout être vivant, est-ce un devoir moral ?"

    - "Suis-je ce que mon passé a fait de moi ?"

    Le commentaire de texte porte sur un extrait de Alexis de Tocqueville :

    "Les croyances dogmatiques sont plus ou moins nombreuses, suivant les temps. Elles naissent de différentes manières et peuvent changer de forme et d’objet ; mais on ne saurait faire qu’il n’y ait pas de croyances dogmatiques, c’est-à-dire d’opinions que les hommes reçoivent de confiance et sans les discuter. Si chacun entreprenait lui-même de former toutes ses opinions et de poursuivre isolément la vérité dans des chemins frayés par lui seul, il n’est pas probable qu’un grand nombre d’hommes dût jamais se réunir dans aucune croyance commune. 

    Or, il est facile de voir qu’il n’y a pas de société qui puisse prospérer sans croyances semblables, ou plutôt il n’y en a point qui subsistent ainsi ; car, sans idées communes, il n’y a pas d’action commune, et, sans action commune, il existe encore des hommes, mais non un corps social. Pour qu’il y ait société, et, à plus forte raison, pour que cette société prospère, il faut donc que tous les esprits des citoyens soient toujours rassemblés et tenus ensemble par quelques idées principales ; et cela ne saurait être, à moins que chacun d’eux ne vienne quelquefois puiser ses opinions à une même source et ne consente à recevoir un certain nombre de croyances toutes faites. 

    Si je considère maintenant l’homme à part, je trouve que les croyances dogmatiques ne lui sont pas moins indispensables pour vivre seul que pour agir en commun avec ses semblables."

    Alexis de Tocqueville, De la Démocratie en Amérique (1840)

    Le café philosophique que l'un de nos derniers débats s'intéressait lui aussi à l'un des sujets proposés : "Suis-je ce que le passé fait de moi ?" Voir le compte-rendu de cette séance ici.

     

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  • LE BAC DE PHILO : SES LÉGENDES URBAINES...

    Alors que le bac de philosophie a lieu ce matin, retour sur quelques idées reçues autour de cette épreuve (source : 20 Minutes)...

    Est-il raisonnable de croire aux anecdotes rocambolesques racontées sur le Web ? Si le sujet du bac de philo de ce mercredi devrait être tout autre, les lycéens de terminale seraient tout de même avisés de se poser sérieusement la question. Surtout s’ils comptaient jouer leur va-tout sur les légendes urbaines et les idées reçues qui circulent sur la Toile au sujet de l’épreuve de philosophie… A lire certains échanges sur les forums et les réseaux sociaux, il semblerait en effet que collent encore aux basques des professeurs de philosophie de drôles d’a priori...

    LA SUITE ICI...

     

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  • COMPTE-RENDU DE LA SÉANCE : "EST-IL RAISONNABLE DE CROIRE EN DIEU?"

    Thème du débat : "Est-il raisonnable de croire en Dieu?" 

    Date : 22 mai 2015 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée

    Cafe_philo_anges_raphael.jpgLe 22 mai 2015, la 49ème séance du café philosophique de Montargis portait sur cette question : "Est-il raisonnable de croire en Dieu ?" Cette séance est co-animée par Marie Tellier et de Katharina Kim, élèves de Terminale du lycée Saint-François de Sales de Gien. D'emblée, Bruno remarque qu'un tel  sujet, particulièrement d'actualité, est particulièrement clivant. Les organisateurs du café philo ne souhaitent cependant pas faire du débat de la soirée une discussion polémique sur les religions ou sur Dieu, comme cela avait pu être le cas quelques années plus tôt pour le débat "La religion : opium du peuple ?" Le but n'est pas de parler de ses opinions, de ses croyances mais de philosopher sur la religion et la raison. 

    Un premier participant commence par dédramatiser ce sujet. Dieu peut parfois servir à justifier des petits tracas de la vie quotidienne – une tartine de beurre qui tombe du bon côté ou bien un verre qui tombe mais ne se casse pas. Dans ce cas "il y a un bon Dieu" ! Pourquoi le choix de ce terme "raisonnable" plutôt que "rationnel", s'interroge-t-il ? Dans "raisonnable" il y a une connotation morale. L'intitulé du sujet, dit un autre participant, pose problème en effet. "Dans "Est-il raisonnable de croire en Dieu ?", les termes de raison et de passion  (la foi) s'opposent. "C'est un peu un oxymore." La question, quelque part est soit mal posée soit provocatrice, tant il ne peut pas être raisonnable de croire en Dieu ! Pour un nouveau participant, le sujet interroge et, avec un peu plus de malice, il aurait pu s'intituler : "Est-il bien raisonnable de croire en Dieu ?" Pour un autre intervenant, cela aurait pu être : "Est-il sensé de croire en Dieu ?

    la-cene-david-lachapelle.jpgUn membre du public veut sortir de cette question du titre et pose cette autre question : "Est-il raisonnable de croire ?", de croire en quoi que ce soit : Dieu, cette chaise, voire la physique des particules. Cette physique des particules, justement, est considérée comme démontrée scientifiquement bien que l'on ne puisse jamais la voir en action. De la même manière, face au doute que peut nous inspirer Dieu, le mystique répondra : "Si Dieu existe, Dieu fonctionne et la foi a du sens." Qu'est-ce qui pèche donc lorsque l'on parle de l'existence des trous noirs que personne n'a observé ? Comment, plus généralement, se positionne la raison lorsque l'on parle de choses que l'on ne peut pas voir et quelle est la différence entre le prêtre et le scientifique ? Un intervenant réfute cette vision car, selon lui, tout est question de méthodes scientifiques et critiques et de théories prouvées ou non, avec des expérimentations et des faits. Par contre, le religieux décrète. C'est un axiome : "C'est comme ça : je crois en Dieu !" et, d'emblée, elle n'est pas en posture d'accepter la critique. Flaubert a dit que prêcher Dieu "c'est expliquer l'incompréhensible par l'absurde." Dit autrement, Dieu peut être une justification facile et incongrue à des questions qui nous dépassent.   

    Pour Claire, ce sujet du café philosophique de Montargis entend distinguer le rationnel du raisonnable. René Descartes définit la raison comme la faculté de discerner le vrai du faux et le bien du mal (voir ce texte). Et en cela, il distingue le caractère rationnel (vrai/faux) et le caractère raisonnable (bien/mal). Le mot raisonnable a été choisi car il semblerait qu'il est rationnel de croire, dans le sens où la croyance est une tentative d'explication du monde. Auguste Comte dit que lorsque l'homme se met à vouloir donner du sens à la réalité en l'expliquant (en y incluant Dieu, par exemple), lorsqu'il énonce une vérité, il rationalise. C'est donc utiliser sa raison que de croire. La question est ensuite de savoir si le raisonnable impose des enjeux beaucoup plus importants que ce que le côté rationnel suppose. S'interroger sur le caractère raisonnable d'une croyance c'est se demander si, "quant aux conséquences du croire,  je vis mieux..." Par là, puis-je atteindre une forme de bonheur et de morale grâce à la croyance ? De même la distinction entre le croire et le savoir n'est pas au niveau de la vérité. La foi dans quelque chose vient du latin "fides" qui signifie "avoir confiance". La différence entre celui qui croit et celui qui sait est une question de démonstration. Ce n'est pas la vérité qui est en jeu ici : on peut croire dans quelque chose de vrai. Mais celui qui croit ne demande pas de justification ou de preuve. Croire en Dieu c'est croire en une vérité révélée, c'est avoir confiance, avoir foi, et de manière exhaustive et absolue. 

    Un intervenant se fait moins polémique que caustique en brocardant Dieu : entité masculine et justification d'actes violents (cf. ce texte de Michel Onfray). "Si Dieu existe, tout est permis", dit SartreUne intervenante réagit en citant Saint-Exupéry : "Que m'importe que Dieu n'existe pas. Dieu donne à l'homme de la divinité." La raison est capitale à l'homme. Dieu est l'incarnation, non de la divinité, mais d'un idéal en dehors de toute religion. Est-ce que nous n'avons pas besoin de croire en quelque chose qui nous dépasse, et ce depuis le début des civilisations ?

    b-lachapelle-intervention-web1.jpgLes dieux de l'Antiquité étant cités, Bruno remarque que selon plusieurs spécialistes, dont Paul Veynes, les citoyens romains ou grecs ne croyaient pas stricto sensu dans leurs dieux, que ce suit Jupiter, Diane ou Hermès (voir cet article). Il s'agissait plus d'entités lointaines que l'on pouvait invoquer par une sorte de superstition. Cette vision diffère de notre posture par rapport à Dieu, qui est plus vu comme une présence, qu'elle soit lointaine ou non et ce, même s'il y a un continuum entre les religions polythéistes et les religions monothéistes. Pour une participante, la croyance impose non des preuves mais plutôt des signes – comme en amour.  

    Croire en Dieu, dit une autre participante, participe d'une volonté d'élévation de l'esprit – de l'âme, pour les croyants. La question du libre-arbitre est posée, à laquelle Blaise Pascal répond par "le pari de Dieu". La croyance en Dieu serait sensée mener au bonheur. Pour un participant, ce serait "tout bénef" de croire en Dieu. Or, si j'en viens à croit à un au-delà, à tort car cet au-delà n'existe pas, au final, et contrairement au "pari de Pascal", la perte n'est pas nulle. On a tendance à moins modifier le monde si l'on se dit qu'il y a mieux ailleurs. Toute une mouvance philosophique du XIXe siècle prône cela : Nietzsche, Alain, Sartre, etc. Lorsque quelqu'un comme Nietzsche dit que "Dieu est mort", il affirme par là que c'est ici et maintenant qu'il s'agit de créer sa vie (voir aussi ce texte). Il faut s'extraire de cette forme de rédemption et de rachat mais également s'échapper de cette idée que ma route serait toute tracée  car c'est ici et maintenant que l'on est responsable. Dans ce monde là, c'est à l'homme décrire son sens, à l'exemple de Sartre.   

    La question, dit une autre participante, n'est pas tant l'existence de Dieu mais la foi. Celle-ci peut-elle me permettre, de manière individuelle d'avancer dans la vie ? Dans les familles élevées dans la religion, Dieu peut être considéré comme une tradition qui se transmet et qui nous rattache, en tant qu'individu, à nos origines. Pour un participant, il paraît difficile d'admettre que l'idée abstraite de Dieu nous aide à vivre ; par contre, les messages transmis via les religions (les Évangiles par exemple) le peuvent. Ce qui explique d'ailleurs pourquoi les religions ont cherché à "humaniser Dieu", afin que cette idée soit plus proche de nous. 

    Claire réagit, considérant qu'en philosophie "le relativisme est toujours de mauvais aloi." Les différenciations n'ont pas lieu d'être, même pour un sujet comme celui-ci. Pour l'homme philosophe, est-ce que cela apporte quelque chose – bonheur, morale, etc. – de croire ? Est-ce que l'homme peut être homme si l'on cesse de croire, que ce soit en Dieu ou en autre chose ? Pour une participante, la croyance apparaît comme nécessaire, que ce soit en une entité divine, les droits de l'homme ou au Surhomme nietzschéen. 

    david_la_chapelle_-_Jesus-is-my-homeboy-600x391.jpgLa raison mais aussi la science sont au centre de ce débat. "La science est le contraire de Dieu", même si, comme le rappelle Einstein, "Un peu de science éloigne de Dieu, beaucoup l'en approche". Un participant remarque que nombre de grands scientifiques étaient de fervents croyants. Pour un autre intervenant, des indices dans la nature peuvent nous interroger sur une présence divine en action dans le monde : la vie sur terre, l'agencement de l'univers, l'algorithme dans la nature (la suite de Fibonacci). Voltaire lui-même affirmait : "Je ne puis, en contemplant cette horloge, croire qu'il n'y ait point d'horloger."  Il voulait aussi que tout le monde puisse croire en Dieu, y compris son tailleur car cela lui permettait de moins courir le risque d'être volé !

    La question posée est aussi celle du doute dans la vie de l'homme. La différence entre la démonstration scientifique et la démonstration du religieux, qui affirment tous deux une connaissance et un savoir, c'est que la démonstration scientifique admet le doute. Chaque nouvelle connaissance scientifique est une réponse à une contradiction qui est ensuite dépassée (par exemple la physique quantique par rapport à la physique de Newton). Il y a construction et déconstruction permanente. Or, la connaissance religieuse n'admet pas le doute : elle affirme, en se basant sur des écrits "stables et jamais remis en question", au risque que cela freine l'homme dans le progrès et de contraindre nos sociétés. Bruno ajoute que ce doute peut bel et bien être présent dans les religions, certes sous une autre forme (Thérèse de Lisieux ou Jean de la Croix, cf. cet article). 

    Un autre intervenant considère que la croyance en Dieu nous interroge lorsqu'elle dépasse la sphère privée et s'impose à nous, dans la sphère publique. Claire remarque aussi que le discours anti-Dieu vient souvent de personnes qui s'en sont libérés. Un discours affirmerait que le salut de l'homme se trouverait dans cette fin des religions, qui peuvent effrayer. Voire. Des enfants sans éducation religieuse se trouvent de nos jours face à une incapacité à comprendre, traduire et interpréter certains œuvres artistiques. Sans rapport à la foi, proche ou lointaine, un homme peut avoir du mal à exercer sa vie d'homme. Le besoin de spiritualité est même croissant aujourd'hui. Dans la nature humaine, la religion peut apporter la conscience morale, ce qui est un socle important, y compris pour une meilleure vie en société. Pour autant, dit un intervenant, l'ensemble des religions monothéistes peuvent apparaître écrasantes, aliénantes, voire violentes. S'agissant des valeurs transmises par les religions, la charité peut être louable ; mais elle est aussi la marque d'une incapacité, voire d'une indifférence d'un État à résoudre la misère humaine. 

    artwork_images_424157556_176230_DavidLaChapelle111.jpgUne co-animatrice réagit par la différence entre les dogmes qui sont imposées par les religions et les valeurs qui peuvent nous construire.

    Arrivé à cette étape du débat, Claire souhaite rappeler l'étymologie du mot "religion" (religio), qui vient de "religare" et de "religere" qui signifient l'assemblée d'une part (comme l'église ou la synagogue), le lien entre les hommes et ensuite le recueillement. Il s'agit de s'interroger sur ce qui fait d'un homme un être humain et donc de donner du sens. Comme il a été dit, il est rationnel de croire puisque c'est une tentative de donner une explication et un sens. Dès lors, il y a une interrogation dans le recueillement mais force est de constater qu'il faut distinguer entre le dogme qui s'impose et qui ne laisse pas de place au doute et la valeur qui est l'idée que l'on souhaite donner à sa vie. Le mot sens signifie donner une direction mais aussi une signification. 

    Parler d'un Dieu et parler de religion ne sont pas exactement la même chose, dit une autre personne du public. La fonction de la vérité (divine, scientifique, etc.) est importante dans un monde où de plus en plus de vérités coexistent, tentent de s'affirmer les unes par rapport aux autres ; et la vérité scientifique en est une. L'étymologie du mot religion fait également sens. La religion (au sens de "relier") peut avoir une fonction raisonnable car elle suppose une notion de "vivre ensemble", de relier les personnes, ce qui a peut-être permis de souder les individus entre eux, voire de "sauver l'humanité". Pour un autre participant, derrière le mot foi, tout le monde ne croit pas à la même chose. Des dogmes ne sont pas unilatéralement partagés, contrairement aux consensus que les religions veulent croire comme acquis. La réalité est à géométrie variable, à commencer par les dogmes des églises. À travers l'Histoire, les religions ont autant uni que divisé.     

    Mais les dogmes, dit un participant, sont avant tout des connaissances données au commun des mortels, sans autre explication. Ce qui ne veut pas dire que cela se limite à cela. Les religieux dépassent ces dogmes, cet exotérisme, pour aller vers l'ésotérisme. L'ésotérisme est très présent dans certaines religions; comme le montre René Guénon. Cette métaphysique pure qui n'est pas dénuée d'intérêt. 

    alachapelle.jpgDans la religion, il y a également la question du verbe, du langage et du symbole. Qu'est-ce qui peut faire sens pour tout le monde ? Qu'est-ce qui peut être le dénominateur commun capable de rassembler ? L'idée de Dieu peut permettre de rassembler car elle peut amener à des abstractions importantes et permettre à chacun de vivre une expérience individuelle et de vivre ensemble sur une même planète. Les dogmes religieux peuvent d'ailleurs, remarque une intervenante, fonder des lois morales durables, comme le jeun – pour préserver la nourriture disponible – ou la monogamie – qui a indéniablement des vertus sanitaires. Il y a une utilité pragmatique aux valeurs de la religion : dans ce point de vue, il est raisonnable de croire en Dieu ! 

    En dehors de cet aspect utilitaire, les dogmes imposés par ces religions peuvent aussi être considérées comme des bornes pour les personnes incapables de donner elles-mêmes un sens à leur vie. La religion peut donner des réponses, qu'elles soient contestables ou non. Ces règles de vie peuvent avoir une réelle utilité sociale et personnelle. L'idée, vraie ou non, qu'une présence supérieure veuille sur soi peut responsabiliser l'individu. L'absence de doute que l'homme de raison peut reprocher à l'homme croyant peut, certes, être critiquable. Pour autant, cette absence de doute signifie aussi la peur de la perte de sens, ce qui n'est pas déraisonnable dans le fond. Un participant pointe du doigt les dérives des religions – croisades, persécutions ou guerres. Pour autant, répond une intervenante, parler de ces dérives pour stigmatiser les religions n'a aucun sens dans la mesure où le but des religions est d'aider l'homme à atteindre un idéal. Si l'on pose l'hypothèse de l'existence d'un Dieu qui permettrait de faire progresser l'Humanité, force est de constater que le bilan des valeurs humaines (liberté, libération de la femme, droits de l'homme) est positif depuis une cinquantaine d'année, au moins dans nos sociétés occidentales, une opinion que ne partagent pas une partie de l'assistance. 

    En conclusion, un participant remarque que pendant tout ce café philo, on a, sans surprise, parlé de religion pour parler de Dieu, "tout comme on a bien du mal à manger un yaourt sans cuillère" ! Il a été opposé la science et la religion. Il y a la physique et la métaphysique et, derrière cette métaphysique, il est question d'un ordonnateur, de Dieu ou du grand Horloger. La science propose des modèles, régulièrement remis en cause, et qui a eu sa période obscurantiste comme l'a prouvé le procès de Galilée. La science a eu ses dogmes, tout comme la religion en a ; peut-être qu'à l'avenir le concept de Dieu va échapper à ces dogmes pour que nous puissions avoir une compréhension  métaphysique du Dieu qui nous rapproche et qui nous relie. 

    Le débat se termine par le vote du sujet du prochain débat, qui aura lieu le vendredi 19 juin 2015, qui sera 50ème débat du café philosophique de Montargis. Quatre sujets sont proposés : "Doit-on prendre ses rêves pour la réalité ?", "La philosophie a-t-elle une quelconque utilité ?", "Le souci de la beauté révèle-t-il à l'homme son humanité ?" et "De quelle laïcité parlons-nous ?" C'est le sujet "La philosophie a-t-elle une quelconque utilité ?" qui est élu "démocratiquement" comme sujet pour le 50ème débat du café philosophique, qui sera le dernier de cette saison.        

     

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  • LA PHILOSOPHIE A-T-ELLE UNE QUELCONQUE UTILITÉ ?

    Waterhouse-Diogenes.jpgLe 19 juin 2015, le café philosophique de Montargis fêtera dignement sa 50ème séance, à 19 heures, à la brasserie du centre commercial de La Chaussée. 

    Pour cette occasion, et entre autres surprises, les participants s'interrogeront sur la philosophie puisqu’il s'agira de penser et de discuter de la question de savoir si "la philosophie possède, ou non, une quelconque utilité." 

    Alors, à quoi sert-il de philosopher ? Est-ce un moyen ou une fin ? Réfléchir, est-ce utile ? Et méditer ? Que fait-on dans un café philo ? Et pourquoi tant de fidèles y participent à Montargis ?

    Autant de questions et d'autres desquelles vous pourrez discuter vendredi 19 juin, à partir de 19 heures à la brasserie du Centre Commercial de La Chaussée de Montargis.

    La participation sera libre et gratuite.

     

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