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  • Platon : Le gouvernement du plus fort

    9782081488113.jpgEt chaque gouvernement établit les lois pour son propre avantage : la démocratie des lois démocratiques, la tyrannie des lois tyranniques et les autres de même ; ces lois établies, ils déclarent juste, pour les gouvernés, leur propre avantage, et punissent celui qui le transgresse comme violateur de la loi et coupable d'injustice.

    Voici donc, homme excellent, ce que j'affirme : dans toutes les cités le juste est une même chose : l'avantageux au gouvernement constitué; or celui-ci est le plus fort, d'où il suit, pour tout homme qui raisonne bien, que partout le juste est une même chose : l'avantageux au plus fort.

    Platon, La République (Ve. s. av JC)

    Lien permanent Catégories : =>Saison. 14, Documents, Textes et livres, [101] "Une cité sans hommes est-elle souhaitable ? Imprimer 0 commentaire Pin it!
  • Platon : L'Anneau de Gygès

    Il était une fois un berger au service d'un roi ; au cours d'un violent orage accompagné d'un séisme, la terre se fendit et une ouverture béante apparut près de l'endroit où il faisait paître ses troupeaux. Voyant l'abîme et s'émerveillant, il descendit et vit, parmi bien d'autres merveilles, un cheval d'airain, creux, avec des ouvertures, à travers lesquelles, en se penchant, il aperçut un cadavre qui paraissait plus grand que celui d'un homme, et qui ne portait rien d'autre que, à la main, un anneau d'or, qu'il lui déroba. Et il s'en fut.

    Lorsqu'arriva le jour de la réunion des bergers, en vue d'aller faire au roi le rapport mensuel sur l'état des troupeaux, il y vint portant cet anneau au doigt. Alors qu'il était assis au milieu des autres, il lui arriva par hasard de tourner la bague autour de son doigt, vers l'intérieur de sa main. Il devint soudain invisible à ceux qui étaient assis avec lui, et ils parlaient de lui comme s'il était parti. Et lui de s'émerveiller et, manipulant de nouveau à tâtons l'anneau, il le tourna vers l'extérieur et, en le tournant, redevint ainsi visible. Réfléchissant à l'expérience après la réunion, il refit l'essai avec l'anneau pour voir s'il avait bien ce pouvoir et en arriva à la conclusion qu'en tournant la bague vers l'intérieur, il devenait invisible, vers l'extérieur, visible. Fort de cette découverte, il fit aussitôt en sorte de devenir l'un des messagers auprès du roi et, sitôt arrivé, ayant séduit sa femme, il s'appliqua avec elle à tuer le roi et prit ainsi le pouvoir. L'invisibilité lui ouvrit bien des aisances pour réaliser son forfait.

    Ainsi donc, on peut conclure de cette histoire que si on donnait l'invisibilité à un homme juste, il ne resterait pas fidèle à la justice. Il ne pourrait s'empêcher de voler, de faire au gré de ses désirs. Invisible, le juste aurait toutes les ressemblances d'un homme injuste. La justice n'est donc pas un choix individuel mais une obligation donnée par un groupe. Tous les hommes pensent en réalité que l'injustice est beaucoup plus avantageuse que la justice. Ceux qui penseraient le contraire seraient considérés par les autres comme les plus malheureux et les plus ridicules des hommes.

    Platon La République, III (Ve s. av JC)

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  • Platon : La maïeutique

    Théétète — Mais sache-le bien, Socrate, maintes fois déjà j'ai entrepris cet examen, excité par tes questions, dont l'écho venait jusqu'à moi. Malheureusement, je ne puis ni me satisfaire des réponses que je formule, ni trouver, en celles que j'entends formuler, l'exactitude que tu exiges, ni, suprême ressource, me délivrer du tourment de savoir.

    Socrate — C'est que tu ressens les douleurs, ô mon cher Théétète, douleurs non de vacuité, mais de plénitude.

    Théétète — Je ne sais, Socrate, je ne fais que dire ce que j'éprouve.

    Socrate — Or çà, ridicule garçon, n'as-tu pas ouï dire que je suis fils d'une accoucheuse, qui fut des plus imposantes et des plus nobles, Phénarète ?

    Théétète — Je l'ai ouï dire.

    Socrate — Et que j'exerce le même art, l'as-tu ouï dire aussi ?

    Théétète — Aucunement.

    Socrate — Sache-le donc bien, mais ne va pas me vendre aux autres. Ils sont, en effet bien loin, mon ami, de penser que je possède cet art. Eux, qui point ne savent, ce n'est pas cela qu'ils disent de moi, mais bien que je suis tout à fait bizarre et ne crée dans les esprits que perplexités. As-tu ouï dire cela aussi ?

    Théétète — Oui donc.

    Socrate — T'en dirai-je la cause ?

    Théétète — Je t'en prie absolument.

    Socrate — Rappelle-toi tous les us et coutumes des accoucheuses, et tu saisiras plus facilement ce que je veux t'apprendre... Mon art de maïeutique a mêmes attributions générales que le leur. La différence est qu'il délivre les hommes et non les femmes et que c'est les âmes qu'il surveille en leur travail d'enfantement, non point les corps. Mais le plus grand privilège de l'art que, moi, je pratique est qu'il sait faire l'épreuve et discerner, en toute rigueur, si c'est apparence vaine et mensongère qu'enfante la réflexion du jeune homme, ou si c'est fruit de vie et de vérité. J'ai, en effet, même impuissance que les accoucheuses [3]. Enfanter en sagesse n'est point en mon pouvoir, et le blâme dont plusieurs déjà m'ont fait opprobre, qu'aux autres posant question je ne donne jamais mon avis personnel sur aucun sujet et que la cause en est dans le néant de ma propre sagesse, est blâme véridique. La vraie cause, la voici : accoucher les autres est contrainte que le dieu m'impose ; procréer est puissance dont il m'a écarté. Je ne suis donc moi-même sage à aucun degré et je n'ai, par-devers moi, nulle trouvaille qui le soit et que mon âme à moi ait d'elle-même enfantée. Mais ceux qui viennent à mon commerce, à leur premier abord, semblent, quelques-uns même totalement, ne rien savoir. Or tous, à mesure qu'avance leur commerce et pour autant que le dieu leur en accorde faveur, merveilleuse est l'allure dont ils progressent, à leur propre jugement comme à celui des autres. Le fait est pourtant clair qu'ils n'ont jamais rien appris de moi, et qu'eux seuls ont, dans leur propre sein, conçu cette richesse des beaux pensers qu'ils découvrent et mettent au jour.

    Platon, Théétète (Ve s. av JC)

    Photo : Pexels - Magda Ehlers

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  • Platon : Persuader la foule

    9782711628278-475x500-1.jpgL’ÉTRANGER
    Et maintenant, à quelle science attribuerons-nous le pouvoir de persuader la foule et la populace en leur contant des fables au lieu de les instruire ?

    SOCRATE LE JEUNE
    Il est clair, je pense, qu’il faut l’attribuer à la rhétorique.

    L’ÉTRANGER
    Et le pouvoir de décider s’il faut faire telle ou telle chose et agir envers certaines personnes, en employant la persuasion ou la violence, ou s’il faut ne rien faire du tout, à quelle science l’attribuerons-nous ?

    SOCRATE LE JEUNE
    À celle qui commande à l’art de persuader et à l’art de dire.

    L’ÉTRANGER
    Et celle-là n’est pas autre, je pense, que la capacité du politique.

    SOCRATE LE JEUNE
    C’est fort bien dit.

    L’ÉTRANGER
    Nous avons eu vite fait, ce me semble, de séparer de la politique cette fameuse rhétorique, en tant qu’elle est d’une autre espèce, mais subordonnée à elle.

    SOCRATE LE JEUNE
    Oui.

    Platon, Le Politique (Ve s. av. JC)

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  • Platon : Connais-toi toi-même

    9782080710062-475x500-1.jpgCRITIAS : J'irais même jusqu'à dire que c'est précisément à se connaître soi-même que consiste la sagesse, d'accord en cela avec l'auteur de l'inscription de Delphes. (...) C'est ainsi que le dieu s'adresse à ceux qui entrent dans son temple, en des termes différents de ceux des hommes, et c'est ce que pensait, je crois, l'auteur de l'inscription : à tout homme qui entre il dit en réalité : « Sois sage ». Mais il le dit, comme un devin, d'une façon un peu énigmatique ; car « Connais-toi toi-même » et « Sois sage », c'est la même chose...
    SOCRATE : Dis moi donc ce que tu penses de la sagesse.
    CRITIAS : Eh bien, je pense que seule de toutes les sciences, la sagesse est la science d'elle-même et des autres sciences.
    SOCRATE : Donc, elle serait aussi la science de l'ignorance, si elle l'est de la science.
    CRITIAS : Assurément.
    SOCRATE : En tout cas, le sage seul se connaîtra lui-même et sera seul capable de juger ce qu'il sait et ce qu'il ne sait pas, et il sera de même capable d'examiner les autres et de voir ce qu'ils savent et croient savoir, alors qu'ils ne le savent pas, tandis qu'aucun autre n'en sera capable. En réalité, donc, être sage, la sagesse et la connaissance de soi-même, c'est savoir ce qu'on sait et ce qu'on ne sait pas. Est-ce bien là ta pensée ?
    CRITIAS : Oui.
    SOCRATE : Vois donc, camarade, quelle étrange théorie nous nous chargeons de soutenir. Essaye de l'appliquer à d'autres objets et tu verras, je pense, qu'elle est insoutenable.
    CRITIAS : Comment cela, et à quels objets ?
    SOCRATE : Voici. Demande-toi si tu peux concevoir une vue qui ne soit pas la vue des choses qu'aperçoivent les autres vues, mais qui serait la vue d'elle-même et des autres vues et aussi de ce qui n'est pas vue, qui ne verrait aucune couleur, bien qu'elle soit une vue, mais qui se percevrait elle-même et les autres vues. Crois-tu qu'une pareille vue puisse exister ?
    CRITIAS : Non, par Zeus...
    SOCRATE : Mais à propos de science, nous affirmons, à ce qu'il paraît, qu'il en est une qui n'est la science d'aucune connaissance, mais la science d'elle-même et des autres sciences.
    CRITIAS : Nous l'affirmons, en effet.

    Platon, Charmide (Ve s. av. JC)

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  • Platon : Socrate : hédonisme ou tempérance ?

    CALLICLÈS – si on veut vivre comme il faut, il faut laisser aller ses propres passions, si grandes soient-elles, au lieu de les réprimer. Au contraire, il faut être capable de mettre son courage et son intelligence au service de si grandes passions  et de les assouvir, elles et tous les désirs qui les accompagnent. Mais cela n’est pas, je suppose, à la portée de tout le monde. C’est pourquoi la masse des gens blâme les hommes qui vivent ainsi, gênée qu’elle est de devoir dissimuler sa propre incapacité à le faire. La masse déclare donc bien haut que l’intempérance est une vilaine chose.  C’est ainsi qu’elle réduit à l’état d’esclave les hommes dotés d’une plus forte nature que celle des hommes de la masse ; et ces derniers, qui sont eux-mêmes incapables de se procurer les plaisirs qui les combleraient, font la louange de la tempérance et de la justice à cause de leur propre lâcheté. Car pour ceux qui ont hérité du pouvoir ou qui sont dans la capacité de s’en emparer (…) Pour ces hommes-là, qu’est-ce qui serait plus mauvais que la tempérance ? Ce sont des hommes qui peuvent jouir de leurs biens, sans que personne n’y fasse obstacle... La vérité, que tu prétends chercher, Socrate, la voici : si la vie facile, l’intempérance, et la liberté de faire ce qu’on veut, demeurent dans l’impunité, ils font l’excellence et le bonheur. Tout le reste, ce ne sont que de belles idées, des convention faites par les hommes et contraires à la nature, rien que des paroles en l’air, qui ne valent rien.                                                                                          

    SOCRATE— Ce n’est pas sans noblesse, Calliclès, que tu as exposé ton point de vue, tu as parlé franchement. Toi, en effet, tu as exposé clairement ce que les autres pensent et mais ne veulent pas dire. Je te demande donc de ne céder à rien, en aucun cas ! Comme cela, le genre de vie qu’on doit avoir paraîtra tout à fait évident. Alors explique-moi : tu dis que, si l’on veut vivre tel qu’on est, il ne faut  pas réprimer ses passions, aussi grandes soient-telles, mais se tenir prêt à les assouvir par tous les moyens. Est-ce bien en cela que consiste l’excellence ?                                

    CALLICLÈS- Oui, je l’affirme !

    SOCRATE- On a donc tort de dire que ceux qui n’ont besoin de rien sont heureux.

    CALLICLÈS- Oui, car, à ce compte, les pierres et les cadavres seraient très heureux.

    Platon, Gorgias (Ve s. av. JC)

    Photo : Pexels - Daniel Torobekov 

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  • Platon : Modération

    51BH2lE2OaL.jpg– Dès lors Socrate prit place sur le lit, et quand lui et les autres convives eurent achevé de dîner, on fit des libations, on célébra le dieu, enfin, après toutes les autres cérémonies habituelles, on se mit en devoir de boire.
    Alors, Pausanias prit la parole en ces termes : "Allons, amis, voyons comment nous régler pour boire sans nous incommoder ? Pour moi, je vous déclare que je suis réellement fatigué de la débauche d’hier et que j’ai besoin de respirer, comme aussi, je pense, la plupart d’entre vous ; car vous étiez de la fête d’hier. Avisez donc à boire de façon à nous ménager".
    Aristophane répondit : "C’est bien dit, Pausanias, il faut absolument nous donner du relâche ; car moi aussi je suis de ceux qui se sont largement arrosés hier. "

    Platon, Le Banquet (Ve s. av. JC)

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  • Platon : Le Banquet

    Socrate — Imagine encore que cet homme redescende dans la caverne et aille s'asseoir à son ancienne place. N'aura-t-il pas les yeux aveuglés par les ténèbres en venant brusquement du plein soleil ?

    Glaucon — Assurément si.

    Socrate — Et s'il lui faut entrer de nouveau en compétition, pour juger ces ombres, avec les prisonniers qui n'ont point quitté leurs chaînes, dans le moment où sa vue est encore confuse et avant que ses yeux se soient remis (puisque l'accoutumance à l'obscurité demandera un certain temps), ne va-t-on pas rire à ses dépens, et ne diront-ils pas qu'étant allé là-haut il en est revenu avec la vue ruinée, de sorte que ce n'est même pas la peine d'essayer d'y monter ? Et si quelqu'un tente de les délier et de les conduire en haut, et qu'ils puissent le tenir en leurs mains et tuer, ne le tueront-ils pas ?

    Glaucon — Sans aucun doute.

    Socrate — Maintenant, mon cher Glaucon, il faut appliquer point par point cette image à ce que nous avons dit plus haut, comparer le monde visible au séjour de la prison, et la lumière du feu qui l'éclaire à la puissance du soleil. Quant à la montée dans la région supérieure et à la contemplation de ses objets, si tu la considères comme l'ascension de l'âme vers le lieu intelligible, tu ne te tromperas pas sur ma pensée, puisque aussi bien tu désires la connaître. Dieu sait si elle est vraie. Pour moi, telle est mon opinion : dans le monde intelligible l'Idée du Bien est perçue la dernière et avec peine, mais on ne la peut percevoir sans conclure qu'elle est la cause de tout ce qu'il y a de droit et de beau en toutes choses ; qu'elle a, dans le monde visible, engendré la lumière et le souverain de la lumière ; que, dans le monde intelligible, c'est elle-même qui est souveraine et dispense la vérité et l'intelligence ; et qu'il faut la voir pour se conduire avec sagesse dans la vie privée et dans la vie publique.

    Platon, La République, Livre VI ( IVe s. av. J.-C.)

    Photo : Pexels - Joel Nevius

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  • Platon : La raison et le désordre des passions

    Socrate — Eh bien, voici une autre image qui vient de la même école. Examine si les deux genres de vie, celle du sage et celle du désordonné, ne sont pas comparables à la condition de deux hommes dont chacun aurait à sa disposition de nombreux tonneaux : ceux du premier seraient en bon état et remplis de vin, de miel, de lait, et ainsi de suite, toutes choses rares, coûteuses, qu'on ne se procure pas sans difficultés et sans peine ; mais, une fois ses tonneaux pleins, notre homme n'aurait plus rien à y verser ni à s'en occuper ; il serait, à cet égard, parfaitement tranquille. L'autre homme, comme le premier, aurait le moyen de se procurer, non sans peine, des liquides divers, mais ses tonneaux seraient en mauvais état et fuiraient, de sorte qu'il serait forcé de travailler nuit et jour à les remplir, sous peine des plus dures privations. Ces deux manières de vivre sont exactement celles de l'intempérant et de l'homme sage : lequel des deux te paraît le plus heureux ? Ai-je réussi par mon discours à te persuader qu'une vie bien réglée vaut mieux qu'une vie désordonnée : oui ou non ?

    Calliclès — Tu n'y as point réussi, Socrate. L'homme aux tonneaux pleins n'a plus aucun plaisir, et c'est justement là ce que j'appelais tout à l'heure vivre à la façon d'une pierre : une fois les tonneaux remplis, on n'a plus ni joie ni peine ; mais ce qui fait l'agrément de la vie, c'est de verser le plus possible."

    Platon, Gorgias (Ve s. av JC)

    Photo : Pexels - Marek Piwnicki

    Lien permanent Catégories : =>Saison. 13, Documents, Textes et livres, [94] "Sait-on ce que l'on désire?" Imprimer 0 commentaire Pin it!
  • Ils ont dit, au sujet du désir

    "Mieux vaut l’ordre de l’âme que les désirs insatiables opposés à la raison." [Platon]

    "quiconque éprouve le désir de quelque chose, désire ce dont il ne dispose pas et ce qui n’est pas présent." [Platon]

    "L'homme aux tonneaux pleins n'a plus aucun plaisir, et c'est justement là ce que j'appelais tout à l'heure vivre à la façon d'une pierre : une fois les tonneaux remplis, on n'a plus ni joie ni peine." [Platon]

    "Le désir est l’appétit de l’agréable." [Aristote]

    "Il faut se rendre compte que parmi nos désirs les uns sont naturels, les autres vains, et que, parmi les désirs naturels, les uns sont nécessaires et les autres naturels seulement." [Épicure] 

    "Parmi les choses, les unes dépendent de nous, les autres n’en dépendent pas." [Épictète] 

    "Ce n'est pas par la satisfaction du désir que s'obtient la liberté, mais par la destruction du désir." [Épictète] 

    "Il faut changer ses désirs plutôt que l’ordre du monde." [René Descartes]

    "Le désir est l’appétit accompagné de la conscience de lui-même." [Baruch Spinoza]

    "Le désir qui naît de la joie est plus fort que le désir qui naît de la tristesse." [Baruch Spinoza]

    "Les hommes sont conscients de leurs désirs et ignorants des causes qui les déterminent." [Baruch Spinoza]

    "Nous ne désirons aucune chose parce que nous la trouvons bonne mais, au contraire, nous jugeons qu’une chose est bonne parce que nous la désirons." [Baruch Spinoza]

    "Les hommes sont conduits plutôt par le désir aveugle que par la raison." [Baruch Spinoza]

    "Malheur à qui n'a plus rien à désirer ! Il perd pour ainsi dire tout ce qu'il possède. On jouit moins de ce qu'on obtient que de ce qu'on espère et l'on n'est heureux qu'avant d'être heureux." [Jean-Jacques Rousseau] 

    "L’homme est conscience de soi et capacité de dire « Je »." [Emmanuel Kant]

    "L’homme se définit comme désir négateur, lequel permet d’accéder à la conscience de soi." [Emmanuel Kant]

    "Ce n'est pas dans la jouissance que consiste le bonheur, c'est dans le désir, c'est à briser les freins qu'oppose à ce désir." [Sade]

    "L’homme est conscience de soi, cette conscience est déchirée." [Hegel]

    "L’homme vacille ainsi entre peine et souffrance." [Arthur Schopenhauer]

    "Le désir est énergie mais aussi vie dans l’instant pur." [Soren Kierkegaard]

    "Le désir est signe de guérison ou d'amélioration." [Friedrich Nietzsche]

    "Nous n'arrivons pas à changer les choses suivant notre désir, mais peu à peu notre désir change." [Marcel Proust]

    "Par source de la pulsion, on entend le processus somatique qui est localisé dans un organe ou une partie du corps et dont l'excitation est représentée dans la vie psychique par la pulsion." [Sigmund Freud]

    "Le rêve est la satisfaction d’un désir." [Sigmund Freud]

    "“L'homme est une création du désir, non pas une création du besoin." [Gaston Bachelard]

    "Le désir est manque et dépassement de son manque." [Jean-Paul Sartre]

    "Le désir est une conduite d'envoûtement." [Jean-Paul Sartre]

    "Tout désir naît d’un manque et représente un cycle sans fin." [Jean-Paul Sartre]

    "L’homme doit assumer son désir et agir en conformité avec lui." [Jacques Lacan]

    "Le désir est inextinguible." [Jacques Lacan]

    "Tout se réduit en somme au désir et à l’absence de désir. Le reste est nuance." [Emil Cioran]

    "Peut-être aucun autre type de société n'a jamais accumulé, et dans une histoire relativement si courte, une telle quantité de discours sur le sexe. De lui, il se pourrait bien que nous parlions plus que de toute autre chose." [Michel Foucault]

    Photo : Pexels – Marcela Oliveira

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  • Platon : "Pour bien vivre, il faut laisser prendre à ses passions tout l'accroissement possible"

    Gorgias.jpgCALLICLES - Voici ce qui est beau et juste suivant la nature, je te le dis en toute franchise, c'est que pour bien vivre, il faut laisser prendre à ses passions tout l'accroissement possible, au lieu de les réprimer, et, quand elles ont atteint toute leur force, être capable de leur donner satisfaction par son courage et son intelligence et de remplir tous ses désirs à mesure qu'ils éclosent.

    Mais cela n'est pas, je suppose, la portée du vulgaire. De là vient qu'il décrie les gens qui en sont capables, parce qu'il a honte de lui-même et veut cacher sa propre impuissance. Il dit que l'intempérance est une chose laide, essayant par là d'asservir ceux qui sont mieux doués par la nature, et ne pouvant lui même fournir à ses passions de quoi les contenter, il fait l'éloge de la tempérance et de la justice à cause de sa propre lâcheté... La vérité que tu prétends chercher, Socrate, la voici : le luxe, l'incontinence et la liberté, quand ils sont soutenus par la force, constituent la vertu et le bonheur ; le reste, toutes ces belles idées, ces conventions contraires à la nature, ne sont que niaiseries et néant.

    Platon, Gorgias (Ve s. av. JC)

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  • Platon : "Jamais nous ne posséderons en suffisance l'objet de notre désir"

    Aussi longtemps que nous aurons notre corps et que notre âme sera pétrie avec cette chose mauvaise, jamais nous ne posséderons en suffisance l'objet de notre désir. Or cet objet, c'est disons-nous, la vérité. Et non seulement mille et mille tracas nous sont en effet suscités par le corps à l'occasion des nécessités de la vie ; mais, des maladies surviennent-elles, voilà pour nous de nouvelles entraves dans notre chasse au réel ! Amours, désirs, craintes, imaginations de toute sorte, innombrables sornettes, il nous en remplit si bien, que par lui (oui, c'est vraiment le mot connu) ne nous vient même, réellement, aucune pensée de bon sens ; non, pas une fois ! Voyez plutôt : les guerres, les dissensions, la bataille, il n'y a pour les susciter que le corps et ses convoitises ; la possession des biens, voilà en effet la cause originelle de toutes les guerres, et, si nous sommes poussés à nous procurer des biens, c'est à cause du corps, esclaves attachés à son service ! Par sa faute encore, nous mettons de la paresse à philosopher à cause de tout cela.

    Mais ce qui est le comble, c'est que, sommes-nous arrivés enfin à avoir de son côté quelque tranquillité, pour nous tourner alors vers un objet quelconque de réflexion, nos recherches sont à nouveau bousculées en tous sens par cet intrus qui nous assourdit, nous trouble et nous démonte, au point de nous rendre incapables de distinguer le vrai. Inversement, nous avons eu réellement la preuve que, si nous devons jamais savoir purement quelque chose, il nous faudra nous séparer de lui et regarder avec l'âme en elle-même les choses en elles-mêmes. C'est alors, à ce qu'il semble, que nous appartiendra ce dont nous nous déclarons amoureux : la pensée ; oui, alors que nous aurons trépassé, ainsi que le signifie l'argument, et non point durant notre vie !

    Platon, Phédon (V s. av. JC)

    Photo : Pexels - Mariana Ayumi

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  • Ils ou elles ont dit au sujet du voyage

    "Un bon voyageur n’a ni plans établis ni destination." [Lao Tseu]

    "Un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas." [Lao Tseu]

    "Plus on voyage au loin, moins on se connaît." [Lao Tseu]

    "La foule ne sait pas que sans cette revue universelle, sans ce vagabondage, il est impossible de rencontrer la vérité […]. Moi aussi, au souvenir du passé, je me sens saisi de crainte et me demande comment il me faudra traverser à la nage un si rude et si vaste océan de discours. [Platon]

    "L’aventure en vaut la peine." [Aristote]

    "Toute la vie n'est qu'un voyage vers la mort." [Sénèque]

    "Le monde est un livre et ceux qui ne voyagent pas n’en ont lu qu’une page." [s. Augustin]

    "Le voyage est donc une double rencontre, celle d'autres que moi et celle de moi-même, comme un autre aux yeux des autres." [Montaigne]

    "Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage." [Joachim Du Bellay] 

    "Il faut voyager pour frotter et limer sa cervelle contre celle d'autrui." [Montaigne]

    "Le voyage à l'étranger est une invitation à devenir soi-même un étranger pour les autres." [Montaigne]

    "Avec le temps, la passion des grands voyages s'éteint, à moins qu'on n'ait voyagé assez longtemps pour devenir étranger à sa patrie." [Gérard de Nerval]

    "Voyager est fatal aux préjugés, à l’intolérance et à l’étroitesse d’esprit." [Mark Twain]

    "En vérité, je ne voyage pas, moi, pour atteindre un endroit précis, mais pour marcher : simple plaisir de voyager." [Robert Louis Stevenson]

    "Rien ne développe l’intelligence comme les voyages." [Émile Zola]

    "Si vous ne savez pas où vous allez, n’importe quel chemin vous y mènera." [Lewis Carroll]

    "Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux." [Marcel Proust]

    "Le voyage pour moi, ce n'est pas arriver, c'est partir. C’est l'imprévu de la prochaine escale, c'est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose, c'est demain, éternellement demain." [Roland Dorgelès]

    "Le voyage n'est nécessaire qu'aux imaginations courtes." [Colette]

    "Il faut que la pensée voyage et contemple, si l'on veut que le corps soit bien." [Alain]

    "Tous ceux qui errent ne sont pas perdus." [JRR Tolkien]

    "Rien ne vaut la recherche lorsqu’on veut trouver quelque chose." [JRR Tolkien]

    "Une destination n’est jamais un lieu, mais une nouvelle façon de voir les choses." [Henry Miller]

    "Je ne hais pas les voyages, je hais les conditions, pour un pauvre intellectuel, de voyager. Peut-être que si je voyageais autrement, j’adorerais les voyages." [Gilles Deleuze]

    "Un voyage s'inscrit simultanément dans l'espace, dans le temps, et dans la hiérarchie sociale." [Claude Lévi-Strauss]

    "N’hésitez jamais à partir loin, au-delà de toutes les mers, toutes les frontières, tous les pays, toutes les croyances." [Amin Maalouf]

    "Certains pensent qu'ils font un voyage, en fait, c'est le voyage qui vous fait ou vous défait." [Nicolas Bouvier]

    "Le plus beau voyage, c'est celui qu'on n’a pas encore fait." [Loïck Peyron]

    "Un voyage, c’est une folie qui nous obsède, nous emporte dans le mythe." [Sylvain Tesson]

    "Le voyage est une fuite contre la routine, la monotonie, la familiarité, la soumission à la régulation du gouvernement collectif." [Sylvain Tesson]

    Photo : Pexels - Andrea Piacquadio

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  • Platon : Les lois, la cité et la guerre

    Trois personnages, un Athénien, qui n'est autre que Pluton, un Crétois nommé Clinias et un Lacédémonien nommé Mégillos, partent de Cnossos, la ville de Minos, pour aller visiter dons la montagne de Dictè l'antre où Zens fut nourri par des abeilles et le temple qui lui a été consacré. Chemin faisant, l'Athénien met la conversation sur les lois de Minos et de Lycurgue et demande à Clinias la raison des repas en commun, qui sont d'usage en Crète et à Lacédémone. C'est en vue de la guerre qu'ils ont été institués, répond Clinias, parce que, lorsque les citoyens sont en campagne, le soin de leur sûreté les oblige à prendre leur repas tous ensemble. Mais cette institution n'a-t-elle en vue que la guerre ? demande l'Athénien. A côté de la guerre avec les ennemis du dehors, n'y a-t-il pas aussi des guerres intestines au sein d'un même État, et au sein même des individus ? Et n'est-il pas nécessaire qu'un bon législateur règle tout ce qui concerne la guerre en vue de la paix, plutôt que de subordonner la paix à la guerre ? Et c'est là une œuvre qui demande plus de vertu que la guerre. Celle-ci n'exige que le courage ; l'autre exige, avec le courage, la justice, la tempérance et la prudence. Si donc la législation de Minos a été inspirée par un dieu, il faut croire que Minos n'a pas eu en vue le courage seul, mais aussi toutes les espèces de vertu. Une bonne législation doit en effet procurer aux hommes tous les biens, les biens humains, comme la santé, la beauté, la vigueur, la richesse, mais avant tout les biens divins, dont le premier est la prudence, le second la tempérance, le troisième la justice et le quatrième le courage. C'est sur ce principe que doit reposer une bonne législation.

    Platon, Les Lois (Ve s. av. JC)

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  • Ils ont dit, au sujet du féminisme et de la femme

    "Primitivement, il y avait trois espèces d'hommes, les uns tout hommes, les autres tout femmes, les troisièmes homme et femme, les Androgynes, espèce tout à fait inférieure aux deux premières." [Platon]

    "Les hommes nés des hommes doubles s'aiment entre eux, comme les femmes nées des femmes doubles s'aiment entre elles, comme les femmes nées des Androgynes aiment les hommes, et comme les hommes nés de ces mêmes Androgynes ont de l'amour pour les femmes." [Platon]

    "Malheureuse, tu as crié « ma belle ». Tu aurais fait du joli si tu avais dit ça à l’assemblée !" [Aristophane]

    "La femme est un être occasionnel et accidentel" [Thomas d'Aquin]

    "Je réponds qu'il était nécessaire qu’une femme soit faite, ainsi que le disent les Écritures, une aide pour l’homme ; en réalité pas comme une compagne aidant à d’autres travaux, car on dit que l’homme peut être plus efficacement aidé par un autre homme dans d’autres travaux ; mais elle est une aide au travail de reproduction." [Thomas d'Aquin]

    "Par le mariage la femme devient libre, par lui, l’homme perd sa liberté." [Emmanuel Kant]

    "Il n’y a que les femmes qui sachent aimer; les hommes n’y entendent rien." [Denis Diderot]

    "Le seul aspect de la femme révèle qu’elle n’est
 destinée ni aux grands travaux de l’intelligence, ni aux
 grands travaux matériels. Elle paie sa dette à la vie non
 par l’action mais par la souffrance, les douleurs de l’enfantement, les soins inquiets de l’enfance ; elle doit
 obéir à l’homme, être une compagne patiente qui le 
rassérène." [Arthur Schopenhauer]

    "En tout cas, puisque les lois ont accordé aux femmes les mêmes droits qu’aux hommes, elles auraient bien dû aussi leur conférer une raison virile." [Arthur Schopenhauer]

    "Une moitié de l’espèce humaine est hors de l’égalité, il faut l’y faire rentrer : donner pour contrepoids au droit de l’homme le droit de la femme." [Victor Hugo]

    "Ce qui dans la femme inspire le respect et bien souvent la crainte, c’est sa nature, plus « naturelle » que celle de l’homme (...) [et] le caractère insaisissable (...) de ses désirs et de ses vertus." [Friedrich Nietzsche]

    "A supposer que la vérité soit femme, n’a-t-on pas lieu de soupçonner que tous les philosophes, pour autant qu’ils furent dogmatiques, n’entendent pas grand-chose aux femmes ?" [Friedrich Nietzsche]

    "On ne fonde pas le mariage sur « l’amour », on le fonde sur l’instinct de l’espèce, sur l’instinct de propriété (la femme et les enfants étant des propriétés), sur l’instinct de la domination qui sans cesse s’organise dans la famille en petite souveraineté." [Friedrich Nietzsche]

    "Tout homme porte en soi l’image de la femme qui lui vient de sa mère. C’est elle qui le détermine à respecter les femmes en général ou bien à les mépriser ou bien à ne sentir pour toutes qu’indifférence." [Friedrich Nietzsche]

    "L’amour devient immense, nous ne songeons pas combien la femme réelle y tient peu de place." [Marcel Proust]

    "De tout temps les hommes se sont creusé la tête sur l’énigme de la féminité... Vous aussi, vous ne vous êtes sans doute pas exclus de cette réflexion ; dans la mesure où vous êtes des hommes ; on ne l’attend pas des femmes qui se trouvent parmi vous, elles sont elles-mêmes cette énigme." [Sigmund Freud]

    "Il nous faut maintenant reconnaître que la petite fille est un petit homme." [Sigmund Freud]

    "Les femmes, c'est le continent noir." [Sigmund Freud]

    "Après trente ans passés à étudier la psychologie féminine, je n’ai toujours pas trouvé de réponse à la grande question: Que veulent-elles au juste?" [Sigmund Freud]

    "Appeler les femmes “le sexe faible” est une diffamation ; c’est l’injustice de l’homme envers la femme. Si la non-violence est la loi de l’humanité, l’avenir appartient aux femmes." [Gandhi]

    "Le masculin et le féminin sont les créations culturelles d’une société fondée, entre autres hiérarchies, sur une hiérarchie de genre." [Pierre Bourdieu]

    "On ne naît pas femme : on le devient." [Simone de Beauvoir]

    "La passivité qui caractérisera essentiellement la femme "féminine" est un trait qui se développe en elle dès ses premières années. Mais il est faux de prétendre que c'est là une donnée biologique ; en vérité, c'est un destin qui lui est imposé par ses éducateurs et par la société." [Simone de Beauvoir]

    "[L'homosexualité est] pour la femme une manière parmi d'autres de résoudre les problèmes posés par sa condition en général, par sa situation érotique en particulier." [Simone de Beauvoir]

    "Les femmes se forgent à elles-mêmes les chaînes dont l’homme ne souhaite pas les charger." [Simone de Beauvoir]

    Les droits abstraits sont bien loin d'être partout intégralement reconnus aux femmes : en Suisse, elles ne votent pas encore ; en France la loi de 1942 maintient sous une forme atténuée les prérogatives de l'époux. Et les droits abstraits, nous venons de le dire, n'ont jamais suffi à assurer à la femme une prise concrète sur le monde : entre les deux sexes, il n'y a pas aujourd'hui encore de véritable égalité." [Simone de Beauvoir]

    "On persuade l'enfant que c'est à cause de la supériorité des garçons qu'il leur est demandé davantage ; pour l'encourager dans le chemin difficile qui est le sien, on lui insuffle l'orgueil de sa virilité." [Simone de Beauvoir]

    "Les femmes : j'aimais les couleurs de leurs vêtements ; leur démarche ; la cruauté de certains visages ; de temps en temps, la beauté presque parfaite d'un autre visage, totalement et superbement féminin." [Charles Bukowski]

    "Aliénant et culpabilisant pour les femmes, le mythe de l'instinct maternel se révèle ravageur pour les enfants, et en parti[culier pour les fils." [Élisabeth Badinter]

    "L'amour maternel est infiniment complexe et imparfait. Loin d'être un instinct, il faut plutôt un petit miracle pour que cet amour soit tel qu'on nous le décrit." [Élisabeth Badinter]

    Il faut être ignorant des problèmes identitaires pour croire qu'une même génération d'hommes, élevée dans l'ancien modèle, réussirait d'un coup le triple saut périlleux : la remise en question d'une virilité ancestrale, l'acceptation d'une féminité redoutée et l'invention d'une autre masculinité compatible avec elle." [Élisabeth Badinter]

    Bander est le symbole de sa puissance et le pénis est une arme, disent les radicales américaines, dont l'homme se sert pour posséder et rabaisser la femme." [Élisabeth Badinter]

    "Nous avons rappelé qu’une femme n’est pas femme du fait de sa nature biologique, mais d’abord du fait de sa place dans le système symbolique qui organise les sociétés et les lois de la parole et du langage." Markos Zafiropoulos]

    "Penser la différence sexuelle, c’est jeter le doute, et permettre de libérer la phrase de la pensée. Libérer la pensée de la pensée." [Mireille Calle-Gruber]

    "Cette affirmation de supériorité liée à des métaphores viriles, transparaît assez constamment dans les œuvres de la tradition philosophique." [Michèle Le Doeuff]

    "Je dis "vagin" parce que je veux que cessent ces horreurs." [Eve Ensler]

    "Nous n'avons jamais une relation simple, transparente, indéniable au sexe biologique." [Judth Butler]

    "Nous ne pouvons pas ignorer la sédimentation des normes sexuelles. Nous avons besoin de normes pour que le monde fonctionne, mais nous pouvons chercher des normes qui nous conviennent mieux." [Judth Butler]

    Photo : Elina Krima - Pexels

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  • Platon : Le mensonge comme remède

    Mais c'est un fait qu'il y a aussi la vérité, et que nous devons en faire le plus grand cas ! Car, si nous avons eu raison de dire tout à l'heure que, en réalité, tandis que la fausseté est inutilisable par les Dieux, elle est utilisable par les hommes sous la forme d'un remède, il est dès lors manifeste qu'une telle utilisation doit être réservée à des médecins, et que des particuliers incompétents n'y doivent pas toucher. — C'est manifeste, dit-il. — C'est donc aux gouvernants de l'État qu'il appartient, comme à personne au monde, de recourir à la fausseté, en vue de tromper, soit les ennemis, soit leurs concitoyens, dans l'intérêt de l'État ; toucher à pareille matière ne doit appartenir à personne d'autre. Au contraire, adresser à des gouvernants tels que sont les nôtres des paroles fausses est pour un particulier une faute identique, plus grave même, à celle d'un malade envers son médecin, ou de celui qui s'entraîne aux exercices physiques envers son professeur, quand, sur les dispositions de leur corps, ils disent des choses qui ne sont point vraies ; ou bien encore envers le capitaine de navire, quand, sur son navire ou sur l'équipage, un des membres de cet équipage ne lui rapporte pas ce qui est, eu égard aux circonstances, tant de sa propre activité que de celle de ses compagnons. — Rien de plus vrai, dit-il. — Concluons donc que tout membre particulier de l'équipage de l'État, pris en flagrant délit de tromperie, « quelle que soit sa profession, devin, guérisseur de maux, ou bien artisan du bois », sera châtié, pour introduire ainsi, dans ce que j'appellerais le navire de l'État, une pratique qui doit en amener le naufrage et la perte. — Châtié ? dit Adimante. Au moins le sera-t-il dans le cas où nos propos seront suivis de réalisation.

    Platon, La République (IVe s. av. JC)

    Lien permanent Catégories : =>Saison. 11, Documents, Textes et livres, [88] "Peut-on mentir?" Imprimer 0 commentaire Pin it!
  • Platon : Le mensonge

    Mais c'est un fait qu'il y a aussi la vérité, et que nous devons en faire le plus grand cas ! Car, si nous avons eu raison de dire tout à l'heure que, en réalité, tandis que la fausseté est inutilisable par les Dieux, elle est utilisable par les hommes sous la forme d'un remède, il est dès lors manifeste qu'une telle utilisation doit être réservée à des médecins, et que des particuliers incompétents n'y doivent pas toucher. — C'est manifeste, dit-il. — C'est donc aux gouvernants de l'État qu'il appartient, comme à personne au monde, de recourir à la fausseté, en vue de tromper, soit les ennemis, soit leurs concitoyens, dans l'intérêt de l'État ; toucher à pareille matière ne doit appartenir à personne d'autre. Au contraire, adresser à des gouvernants tels que sont les nôtres des paroles fausses est pour un particulier une faute identique, plus grave même, à celle d'un malade envers son médecin, ou de celui qui s'entraîne aux exercices physiques envers son professeur, quand, sur les dispositions de leur corps, ils disent des choses qui ne sont point vraies ; ou bien encore envers le capitaine de navire, quand, sur son navire ou sur l'équipage, un des membres de cet équipage ne lui rapporte pas ce qui est, eu égard aux circonstances, tant de sa propre activité que de celle de ses compagnons. — Rien de plus vrai, dit-il. — Concluons donc que tout membre particulier de l'équipage de l'État, pris en flagrant délit de tromperie, « quelle que soit sa profession, devin, guérisseur de maux, ou bien artisan du bois », sera châtié, pour introduire ainsi, dans ce que j'appellerais le navire de l'État, une pratique qui doit en amener le naufrage et la perte. — Châtié ? dit Adimante. Au moins le sera-t-il dans le cas où nos propos seront suivis de réalisation."

    Platon, La République (IVe s. av. JC)

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  • Platon : Les poètes sérieux

    Pour les poètes qu’on appelle sérieux, c’est-à-dire pour les poètes tragiques, si jamais quelques-uns venaient chez nous et nous posaient cette question : « Etrangers, pouvons-nous fréquenter chez vous, dans votre ville et votre pays, pour y apporter et représenter nos pièces ? Qu’avez-vous décidé sur ce point ? » Que répondrions-nous, pour bien faire, à ces hommes divins ? Pour moi, voici la réponse que je leur ferais : « Ô les meilleurs des étrangers, nous sommes nous-mêmes auteurs de la tragédie la plus belle et la meilleure que nous puissions faire. Notre plan de gouvernement n’est qu’une imitation de ce que la vie a de plus beau et de meilleur, et nous prétendons que cette imitation est la tragédie la plus vraie. Vous êtes poètes, et nous aussi dans le même genre. Nous sommes vos rivaux et vos concurrents dans le plus beau drame, celui qu’une loi vraie est seule capable de produire, comme nous en avons l’espoir. Ne comptez donc pas que nous vous permettrons jamais si facilement de dresser votre théâtre sur notre place publique, d’y introduire des acteurs doués d’une belle voix, qui parleront plus fort que nous, qui harangueront les enfants et les femmes et tout le peuple, et, au lieu de tenir sur les mêmes institutions le même langage que nous diront le plus souvent tout le contraire, car on pourrait dire que nous sommes complètement fous, mous et toute la cité, si nous vous permettions de faire ce que vous demandez à présent, avant que les magistrats aient examiné si le contenu de vos pièces est bon et convenable à dire en public, ou s’il ne l’est pas. Commencez donc, enfants des Muses voluptueuses, par montrer vos chants aux magistrats, pour qu’ils les comparent aux nôtres, et, s’ils jugent que vous dites les mêmes choses ou de meilleures, nous vous donnerons un chœur ; sinon, mes amis, nous ne saurions le faire.

    Platon, Lois (Ve s. av. JC)

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  • Compte-rendu du débat "Un bon philosophe a-t-il toujours raison?"

    Le vendredi 4 octobre 2019, le café philosophique de Montargis se réunissait au Belman pour une séance spéciale 10e anniversaire. C’est en effet en octobre 2009, le 3 octobre précisément, qu’était créé au centre commercial de La Chaussée une animation philosophique, animée par Claire et Bruno. 10 ans plus tard, contre toute attente, le café philosophique de Montargis continue sa route. Bruno communique un message de Claire pour saluer les animateurs et les participants du café philo : "Je souhaite un très joyeux anniversaire au café philo de Montargis ! Il y a 10 ans c’était une idée un peu singulière, voire carrément folle et aujourd’hui il semble entré dans les mœurs. Ce café est une sublime aventure. Je garde de magnifiques souvenirs des premières séances faites en toute intimité, comme de celles plus polémiques et bondées (vous rappelez vous des lettres nous dissuadant de continuer ? Des tensions amenées par certaines interventions et par certains intervenants ?). Demeurent surtout l’impression de parole libérée, de tolérance, de soutien aussi, de déploiement d’une pensée commune, bigarrée certes, mais nous grandissant les uns et les autres. J’en parle encore souvent aujourd’hui, comme de retrouvailles entre amis, au café, un soir par mois pour échanger, rire mais parfois aussi s’émouvoir et être ému. Je pense très souvent à vous tous (Isabelle, Pascal, Gilles, Jean Marie et Marthe, Dominique, Bruno bien sur, et tous les autres que je n’ai pas oubliés mais la liste est longue). Vous m’accompagnez toujours dans mes cours et m’avez beaucoup apporté. Régulièrement je me dis qu’il me manque vos sourires, vos regards et nos échanges. Merci à tous d’avoir été là dès le début ou un peu plus tard…"

    aPour cette séance spéciale, c’est de philosophie et de philosophes dont il sera question. Qu’est-ce qu’un philosophe et qu’est-ce qu’un bon philosophe ? Une autre question est posée : est-ce que dans un café philo on philosophe ?

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    Lien permanent Catégories : =>Saison. 11, Comptes-rendus des débats, [84] Séance spéciale 10 ans du café philo Imprimer 0 commentaire Pin it!
  • Platon : Les tonneaux

    Socrate : Considère si tu ne pourrais pas assimiler chacune des deux vies, la tempérante et l’incontinente, au cas de deux hommes, dont chacun posséderait de nombreux tonneaux, l’un des tonneaux en bon état et remplis, celui-ci de vin, celui-là de miel, un troisième de lait et beaucoup d’autres remplis d’autres liqueurs, toutes rares et coûteuses et acquises au prix de mille peines et de difficultés ; mais une fois ses tonneaux remplis, notre homme n’y verserait plus rien, ne s’en inquiéterait plus et serait tranquille à cet égard. L’autre aurait, comme le premier, des liqueurs qu’il pourrait se procurer, quoique avec peine, mais n’ayant que des tonneaux percés et fêlés, il serait forcé de les remplir jour et nuit sans relâche, sous peine des plus grands ennuis. Si tu admets que les deux vies sont pareilles au cas de ces deux hommes, est-ce que tu soutiendras que la vie de l’homme déréglé est plus heureuse que celle de l’homme réglé ? Mon allégorie t’amène-t-elle à reconnaître que la vie réglée vaut mieux que la vie déréglée, ou n’es-tu pas convaincu ?

    Calliclès : Je ne le suis pas, Socrate. L’homme aux tonneaux pleins n’a plus aucun plaisir, et c’est cela que j’appelais tout à l’heure vivre à la façon d’une pierre, puisque, quand il les a remplis, il n’a plus ni plaisir ni peine ; mais ce qui fait l’agrément de la vie, c’est d’y verser le plus qu’on peut... Mais voici ce qui est beau et juste suivant la nature, je te le dis en toute franchise : pour bien vivre, il faut entretenir en soi-même les plus fortes passions au lieu de les réprimer, et, quand elles ont atteint toute leur force, il faut être capable de leur donner satisfaction par son courage et son intelligence et de remplir tous ses désirs à mesure qu’ils éclosent... Le luxe, l’intempérance et la liberté, quand ils sont soutenus par la force, constituent la vertu et le bonheur.

    Platon, Gorgias (Ve s. av. JV)

    Photo : Darry Lin

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  • Platon : Socrate et la philosophie

    Admettons que, malgré cela, vous me teniez ce langage : "Socrate, nous ne voulons pas en croire Anytos, nous voulons t’acquitter, à une condition toutefois : c’est que tu ne passeras plus tout ton temps à examiner ainsi les gens, ni à philosopher. Si on t’y reprend, tu mourras." Cette condition là, juges, si pour m'acquitter, vous vouliez me l'imposer, je vous dirais: "Athéniens, je vous sais gré et je vous aime; mais j'obéirai au dieu plutôt qu'à vous; et tant que j'aurai un souffle de vie, tant que j'en serai capable, soyez sûrs que je ne cesserai de philosopher, de vous exhorter, de faire la leçon à qui de vous que je rencontrerai.

    Et je lui dirai comme j'ai coutume de le faire: "Quoi! cher ami, tu es Athénien, citoyen d'une ville qui est plus grande, plus renommée qu'aucune autre pour sa science et sa puissance, et tu ne rougis pas de donner tes soins à ta fortune, pour l'accroître le plus possible, ainsi qu'à ta réputation et à tes honneurs ; mais quant à ta raison, quant à la vérité, quant à ton âme qu'il s'agirait d'améliorer sans cesse, tu ne t'en soucies pas, tu n'y songes pas!

    Et si quelqu'un de vous conteste, s'il affirme qu'il en a soin, ne croyez pas que je vais le lâcher et m'en aller immédiatement: non, je l'interrogerai, je l'examinerai, je discuterai à fond. Alors, s'il me paraît certain qu'il ne possède pas la vertu, quoi qu'il en dise, je lui reprocherai d'attacher si peu de prix à ce qui en a le plus, tant de valeur à ce qui en a le moins. jeunes ou vieux, quel que soit celui que j'aurai rencontré, étranger ou concitoyen, c'est ainsi que j’agirai avec lui, et surtout avec vous, mes concitoyens, puisque vous me tenez de plus près par le sang. Car c'est là ce que m'ordonne le dieu, entendez-le bien; et, de mon côté, je pense que jamais rien de plus avantageux n'est échu à la cité que mon zèle à exécuter cet ordre.

    Ma seule affaire, c'est en effet d'aller par les rues pour vous persuader, jeunes et vieux, de ne vous préoccuper ni de votre corps, ni de votre fortune aussi passionnément que de votre âme, pour la rendre aussi bonne que possible; oui, ma tâche est de vous dire que la fortune ne fait pas la vertu; mais que de la vertu provient la fortune et tout ce qui est avantageux, soit auxparticuliers, soit à l'État. Si c'est par ce langage que je corromps les jeunes gens, il faut donc que cela soit nuisible. Quant à prétendre que ce n'est pas là ce que je dis, quiconque l'affirme ne dit rien qui vaille." Là-dessus, dirais-je, croyez Anytos ou ne le croyez pas, Athéniens, acquittez-moi ou ne m'acquittez pas - mais tenez pour certain que je ne changerai jamais de conduite, quand je devrais mille fois m'exposer à la mort.

    Platon, Apologie de Socrate (Ve s. av. JC)

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  • "Le banquet"

    Lien permanent Catégories : =>Saison. 11, Documents, Vidéos, [84] Séance spéciale 10 ans du café philo Imprimer 0 commentaire Pin it!
  • Compte-rendu du débat "Les apparences sont-elles toujours trompeuses?"

    Le café philosophique de Montargis se réunissait le 19 juillet 2019 pour une nouvelle séance, portant sur le sujet "Les apparences sont-elles toujours trompeuses ?" Ce sujet s’inspire d’un lieu commun, une formule "populaire" (les "apparences trompeuses" ; "l’habit ne fait pas le moine"), qu’il s’agit de remettre en question.

    Une courte vidéo publicitaire est diffusée en début de séance : en ce qu’elle thématise des apparences trompeuses et cocasses, cette publicité nous introduit dans le sujet.

    Un premier intervenant affirme que les apparences sont parfois trompeuses, parfois non. Par ailleurs, il souligne le lien entre apparences et perception : l’apparence est d’abord une question de "sens" (la vue, l’ouï, le goût, etc.) ; or nos sens sont imparfaits et variables en fonction des individus. Il faut donc se demander, d’une part, si nos sens sont fiables ; d’autre part, si l’interprétation qu’on donne de nos sensations est correcte. Sachant que cette interprétation est soumise à nos croyances, à nos préjugés, etc. on peut penser que notre façon d’appréhender la réalité est biaisée, voire très peu fiable.

    Un deuxième intervenant rebondit : notre perception du monde est prisonnière de nos dispositifs sensoriels et cérébraux – qui sont foncièrement limités. Nous captons une toute petite partie des ondes lumineuses et sonores, et à partir de cela, nous interprétons le monde. Or cette interprétation ne peut qu’être partielle. Par ailleurs, la science démontre que la réalité est souvent contre-intuitive (c’est-à-dire que le monde "perçu" ne correspond souvent pas à la réalité des choses, comme étant décrite par la science : apparemment, la terre est plate ; apparemment, c’est le Soleil qui tourne autour de la terre, et non vice-versa).

    Un troisième intervenant déplace alors le débat, en s’interrogeant sur les rapports entre "apparence" et "image". L’"apparence" est d’abord l’"image". Or l’image, ce n’est pas la réalité : ce n’est qu’une "partie" de la réalité. Cela ne peut que renvoyer à la théorie de la perception d’Henri Bergson (Le Rire, 1900), selon laquelle le sujet percevant "découpe", par ses sens, des portions de réel. Le fruit d’un tel "découpage" est, donc, une "image". L’intervenant poursuit avec un exemple : lorsqu’on se regarde dans un miroir, on s’aperçoit que notre main droite est devenue notre main gauche. Pourtant, cet être symétrique par rapport à nous (apparence), c’est bien nous-mêmes (réalité) ! Dès lors, comment aller au-delà de l’image ? L’intervenant conclut en disant que les apparences sont toujours trompeuses, puisque essentiellement partielles.

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  • Compte-rendu du débat: "Est-on possesseur de son corps ?"

    Le café philosophique de Montargis se réunissait le 22 mars 2019 pour une nouvelle séance qui portait sur ce sujet : "Est-on possesseur de son corps ?"

    D’emblée, une première réponse est donnée par une personne du public : mon corps m’appartient bien, du moment qu’il ne gêne pas les autres. Mais si je suis contaminé, c’est la société qui s’en occupe afin que je ne contamine pas les autres. Si mon corps me lâche, intervient une personne du public, je suis presque en lutte avec, avec la notion d’âge qui fait que j’use de mon corps avec plus ou moins de zèle. Ne dit-on pas : "Être en pleine possession de ses moyens ?" Quoique là, on parle plus de possession physique que psychologique. Pour une personne du public, le corps nous appartient pour notre vie entière si on sait l’écouter, via des exercices de respiration par exemple ou de la méditation.

    Puis-je faire de mon corps ce que je veux ? Pour répondre à cette question, est-il dit, il y a deux visions du corps : une vision qui viserait à subir son corps et une autre qui propose un effort pour s’en occuper. "Notre corps (…) est l’enveloppe de l’âme, qui, de son côté, en est la gardienne et la protectrice" écrivait Lucrèce. Une personne du public fait aussi remarquer que physiologiquement, une grande partie de mon propre corps ne m’appartient pas car il est constitué de corps étrangers, de bactéries notamment.

    Une personne souhaite que l’on ne confonde pas la possession de son corps avec l’amour qu’on lui porte et l’entretien de celui-ci. Ce n’est pas parce que l’on n’aime pas son corps qu’il ne nous appartient pas, ajoute-t-il. Or, intervient un animateur, le fait que l’on se dise possesseur de son corps est peut-être le risque de se faire déposséder. Se poser cette question c’est déjà ouvrir une brèche, qui peut être le premier pas vers une forme d’esclavage.

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  • Compte-rendu du débat: "Le désir n'est-il que le manque?"

    Le café philo de Montargis se réunissait au Belman le vendredi 18 janvier 2019 pour un débat portant sur cette question : "Le désir n’est-il que le manque ?"

    Le désir, est-il dit pour commencer, est une forme d’idéalisation. Il naîtrait d’un fantasme et d’un inconscient qui pourrait nous commander. Le désir procéderait d’une tension et se porte sur un objet. Mais de quel objet parle-t-on ? D’une personne, d’un bien matériel ? En quoi donc, le désir viendrait-il d’un manque ?

    Une personne parle d’amour, "d’élégance dans son mode de vie", d’affection dans son environnement et de milliers de choses définissables. Des désirs sont atteignables, d’autres non. Certains sont raisonnables, ou pas. Parfois, nous pouvons être dans un prisme déformant, et le désir, par le manque qu’il provoque, nous rend vide, tendu et frustré. "Ce qu'on n'a pas, ce qu'on n'est pas, ce dont on manque, voilà l'objet du désir" écrivait Platon.
    Certains désirs pourraient-il être moins orientés sur le manque, qui seraient donc maîtrisés ? Cela peut être un désir sublimé.

    Beaucoup de désirs peuvent être une volonté orientée, par exemple dans le cadre d’un projet que l’on a souhaité mener. Cela peut être un désir intellectualisé, dans le domaine artistique par exemple.

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  • Compte-rendu du débat: "Faut-il vivre comme si nous ne devions jamais mourir?"

    Le vendredi 13 avril, le café philosophique de Montargis se délocalisait exceptionnellement à la Médiathèque de Montargis pour un nouveau débat qui avait pour thème : "Faut-il vivre comme si nous ne devions jamais mourir ?" L’équipe de la médiathèque avait mis les petits plats dans les grands pour accueillir un public d’une soixantaine de personnes venus débattre.

    Ce sujet est capital en philosophie, comme le disait en substance Albert Camus. Pour un premier participant, la question du débat semblerait poser problème dans sa formulation. Deux autres intervenants abordent le sujet de ce soir comme un appel à avoir en finalité notre mort future, sans perdre de vue pour autant cette vie qui nous est donnée et dont nous devons tirer profit. Si "philosopher c’est apprendre à mourir" comme le disait Montaigne, cela ne doit pas être une obsession ni nous empêcher d’agir – dans la mesure de nos moyens – choisir nos actions à entreprendre, avec le minimum d’impacts sur notre planète.

    La question du débat de ce soir interpelle une autre personne du public. "Faut-il vivre comme si nous ne devions jamais mourir ?" : le "comme si" interpelle. C’est un "comme si" qui implique une forme de mensonge ou d’illusion puisque de toute manière nous mourrons tous un jour.

    Par ailleurs, pour une autre personne du public, la question ne se pose pas au conditionnel : quand on naît, on vit et il y a par la suite un instinct de vie qui nous fait avancer lorsque nous sommes enfants. La pensée de la mort viendrait après – et en tout cas pas.

    Finalement, est-il encore dit, dans la question de ce soir, "Faut-il vivre comme si nous ne devions jamais mourir ?", chacun de ces termes pose problème, et, mis bout à bout, nous serions hors-sujet. La proposition de ce soir, intervient un animateur du café philo, est aussi celle que nous propose la société de consommation dans laquelle nous sommes. Dans des temps plus anciens, la mort était par contre plus présente qu’aujourd’hui, ne serait-ce que parce que les guerres étaient plus présentes.

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  • Compte-rendu du débat : "La vérité finit-elle toujours par triompher?"

    Le café philosophique de Montargis se réunissait au Belman le vendredi 19 janvier pour un débat portant sur cette question : "La vérité finit-elle toujours par triompher ?" Une soixantaine de personnes étaient présentes pour cette nouvelle séance.

    Pour commencer ce débat, les animateurs proposent une définition et une étymologie de la vérité : le terme de vérité, de veritas en latin ("vraie"), peut la définir dans trois dimensions: une vérité ontologique, la réalité dans sa quintessence, dans son intensité et sa pureté (comme l’or dans la joaillerie), il y aurait ensuite cette vérité définie par Thomas d’Aquin, qui serait l’adéquation entre l’esprit et la chose, c’est-à-dire une conformité entre mon jugement et la réalité ("Ce que l'homme appelle vérité, c'est toujours sa vérité, c'est-à-dire l'aspect sous lequel les choses lui apparaissent", Protagoras), et enfin la vérité logique dans le théorème scientifique ou mathématiques, qui serait dans l’ordre de la cohérence logique mais qui, pour le coup, peut ne pas correspondre à une réalité (les propriétés du triangle sont vraies quand bien même il n’existerait pas de triangles dans la nature).

    S’agissant de ce thème du triomphe de la vérité, il y a l’un des exemples les plus fameux : celui du de l’affaire Dreyfus et du J’Accuse d’Émile Zola.Un premier intervenant réagit au sujet du débat de ce soir. Une telle question sous-entend que quelqu’un cache la vérité, que ce soit une personne, un groupe de personnes ou un système. C’est le cas de l’Affaire Dreyfus par exemple. S’agissant de cette cas historique, il y a dichotomie entre la vérité et la justice. Pour que cette vérité triomphe, il faut l’investissement d’une personne pugnace, a fortiori lorsqu’il s’agit d’enjeux importants. Dans ce cas le triomphe de la vérité serait compliqué.

    Pour un autre intervenant, la vérité serait d’abord vivante et fonction de telle ou telle personne, tel ou tel sujet. Chacun a sa propre vérité et cette vérité bouge constamment au cours de notre vue. La vérité sur Dieu change, y compris dans notre existence. Une vérité immuable devient quelque chose de non-libre, voire dictatoriale. La recherche de la vérité doit être active tout au long de notre vie, selon les philosophes comme Socrate ou Platon.

    Dans ce qui est dit, réagit une autre personne du public, il y a une sorte de pluralité dans la notion de vérité. Or, comment différencier cela d’un simple avis, d’un simple avis ? Cela constituerait d’emblée un obstacle à sa recherche.

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  • Compte-rendu de la séance "Les sciences vont-elles trop loin?"

    Pour cette première séance de la saison à laquelle assistaient entre 35 et 40 personnes, l’équipe du café philo invitait Thierry Berlanda, philosophe, conférencier et romancier, auteur notamment d’un thriller paru récemment, Nadja (éd. du Rocher). Le sujet de ce débat portait sur cette question : "Les sciences vont-elles trop loin ?" Ce roman a pour sujet une enquête policière qui mène deux enquêteurs jusqu’au Nigeria où une multinationale a fait des biotechnologies un inquiétant projet scientifique autant qu’économique. Thierry Berlanda met en scène sur un plan romanesque un thème qui, philosophiquement, est important : le devenir de l’homme avec les révolutions techno-scientifiques et les périls qu’elles peuvent charrier.

    Cette question présente aujourd’hui, et depuis longtemps dans la littérature et le cinéma, n’est plus l’effet d’une mode ou d’un engouement médiatique. Ce n’est plus un épiphénomène : elle nous concerne d’une manière paradoxale. En effet, cette révolution techno-scientifique, la plupart d’entre-nous nous n’y comprenons pratiquement rien et nous n’y adhérons pas. D'autre part, nous ne nous sommes pas appropriés éthiquement cette question. De ce fait, nous sommes doublement dépassés d’un point de vue intellectuel et d’un point de vue moral.

    Thierry Berlanda insiste sur la notion de vie. Notre vie, dit-il, "dans laquelle nous ne nous sommes pas apportés nous-même" comme le dit en substance le philosophe Michel Henry, nous précède toujours et nous dépasse. Et pourtant, elle nous concerne très intimement. La techno-science, la révolution biotechnologique, la "prothètisation du vivant" nous dépassent à la fois par la compréhension que nous en avons – ou pas – et par l’appropriation de ce sujet.

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  • Cycliste du tour de France et philosophe

    À quelques jours du Tour de France, Libération publie le portrait d’un coureur atypique de la Grande Boucle. Guillaume Martin, grimpeur normand de 24 ans de l’équipe belge Wanty-Groupe Gobert, peut en effet au mieux incarner l’image du "sportif intello", lui qui a signé il y a trois ans un mémoire de Master 2 en philosophie au sujet détonnant : Le sport moderne : une mise en application de la philosophie nietzschéenne ? Le journaliste Pierre Carrey consacre deux pages à ce sportif de haut niveau peu connu du grand public et qui semble incarner l’idéal du mens sana in corpore sano.

    L’ancien étudiant en philosophie à Nanterre, aujourd’hui coureur professionnel aux résultats encourageants (18e du dernier Dauphiné Libéré), fait bien mieux qu’endosser le rôle d’"intello du peloton" – un cliché utilisé il y a quelques décennies au sujet de Laurent Fignon, sous prétexte que le double vainqueur du Tour était titulaire d’un bac, aimait lire et… portait des lunettes. Guillaume Martin assume et revendique sa passion pour la philosophie : il cite Nietzsche, son auteur fétiche, pour parler du sport moderne, et en premier lieu du cyclisme professionnel. Comme le rapporte Pierre Carrey, au début du XXe siècle le sport est venu remplacer la religion après cette "mort de Dieu" proclamée par le "philosophe au marteau". Guillaume Martin considère que "La pensée de Nietzsche offre une nouvelle relation au corps et au sport, différente de l’héritage judéo-chrétien."

    Voilà donc l'auteur d'Ainsi parlait Zarathoustra convoqué pour permettre au sport de retrouver des "fondamentaux" sportifs, bien loin des travers connus des compétitions modernes (professionnalisation, dopage, financiarisation, nationalisme et comportements haineux du supporter). Le sport doit retrouver son essence profonde – et nietzschéenne : plaisir de la confrontation pacifique, désir d’affirmation de soi, dépassement de soi pour devenir un Surhomme (et non pas une "mutant" dopé aux produits de synthèse) : "Il nous a semblé que la philosophie de Nietzsche pouvait permettre de penser le sport de manière plus authentique que ne le permet la morale qui le gouverne de nos jours".

    Féru de philosophie, de savoirs et de culture autant que passionné par son sport, Guillaume Martin n’oublie pas de prévoir pour les trois semaines de la Grande Boucle de s’alimenter en livres, que le journaliste énumère : Informatique céleste de Mark Alizart, 2000 ans d’Histoire gourmande Patrice Gélinet, un récit de voyage dans les Rocheuses au début du XIXe siècle et Les Affinités électives de Goethe.

    Singulièrement, aucun ouvrage philosophique n’accompagnera les soirées du cycliste philosophe durant le Tour de France. Philosophe et écrivain car, pour brouiller encore plus les pistes, le sportif se fait aussi homme de lettres et dramaturge. Il vient d’écrire une pièce de théâtre, Platon VS Platoche, bien entendu sur son sujet de prédilection, avec en guest-star Socrate et Diogène.

    Pas de quoi cependant désarçonner ce sportif talentueux, à quelques jours du début du Tour. Guillaume Martin entend bien mettre entre parenthèses pendant quelques jours la chose philosophique contre guidons, plateaux ou dérailleurs. Cycliste perché ? Le grimpeur de la Wanty-Groupe Gobert a ce mot plein d’esprit : "Moi, nietzschéen ? N’est-ce pas contre-nietzschéen que de se dire nietzschéen ?"

    Pierre Carrey, "Guillaume Martin, le Nietzsche dans le Guidon", Libération, 27 juin 2017
    "Le philosophe aux plateaux", Bla Bla Blog

     

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  • Compte-rendu du débat: "L’État a-t-il tous les droits ?"

    Le café philosophique de Montargis se réunissait le 12 mai 2017 à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée pour un débat intitulé "L’État a-t-il tous les droits ?"

    En ouverture de ce débat, une définition de l’État est donnée : "L’État est une autorité souveraine qui s’exerce sur l’ensemble d’un peuple et sur un territoire donné." L’État aurait tous les droits que la constitution lui donne. Cependant, les droits de l’État sont évolutifs, avec le jeu démocratique de l’exécutif, du législatif et de la justice, des jeux qui peuvent être fluctuants, orientés, avec une part parfois de corruptibilité.

    L’État a pour vocation de garantir les droits des individus, une vocation qui est au centre du contrat social de Jean-Jacques Rousseau. L’État a plusieurs définitions et a évolué au fil des siècles. Il naît d’une opposition violente entre plusieurs ordres de pouvoirs (l’Église, le pouvoir impérial et les ordres féodaux). Cette naissance naît de cette opposition, une naissance "dans la douleur." Par la suite, les rapports de force vont venir s’intégrer, avec aussi des notions nouvelles comme ce "Contrat social" de Rousseau et des critiques comme le risque d’autoritarisme (Montesquieu).

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    Lien permanent Catégories : =>Saison 8, Comptes-rendus des débats, [64] "L'État a-t-il tous les droits?" Imprimer 0 commentaire Pin it!