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Café philosophique de Montargis - Page 54

  • NOTRE SÉANCE DU VENDREDI 1ER MARS 2013

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    La prochaine séance du café philosophique de Montargis aura lieu le vendredi 1er mars 2013 à 19H à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée.

    Le débat sera intitulé : "Puis-je savoir qui je suis ?"

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  • NOS DEUX PROCHAINS RENDEZ-VOUS

    Notez bien les deux prochains rendez-vous du café philosophique de Montargis :

    - Le débat du vendredi 1er mars 2013 est intitulé : "Puis-je savoir qui je suis ?"

    - La séance suivante est fixée le vendredi 22 mars. Elle sera co-animée par des élèves de Terminale littéraire du Lycée Saint-François-de-Sales de Gien. Le sujet sera choisi lors de la séance précédente.  

    Ces deux séances auront lieu comme d'habitude à 19 heures à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée.

     

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  • DÉCÈS D'ALESSANDRO FONTANA, PHILOSOPHE ET PIVOT DES ÉTUDES FOUCALDIENNES

    Alors qu'il terminait le travail de publication des cours de Michel Foucault, celui qui fut l'un de ses disciples vient de décéder le 17 février dernier. Retour sur son parcours grâce à un article paru dans Le Monde.

    Alessandro Fontana naît le 25 mars 1939 dans une famille de la bourgeoisie cultivée de la Vénétie. Orphelin de mère à l'âge de quatre ans, il est élevé d'abord par des tantes puis par son père, proviseur de lycée à Sacile, une petite ville de la campagne vénète.

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    Après des études de lettres et philosophie à l'Université de Padoue où il soutient un mémoire de fin d'études sur la notion de mythe, il part pour la France comme assistant de langue italienne à Montpellier, puis rejoint rapidement Paris au milieu des années 1960, là où se situe pour lui l'espace intellectuel le plus stimulant.

    Il devient rapidement lecteur à la section d'italien de l'Ecole Normale supérieure de Saint-Cloud, puis maître de conférences et professeur à l'ENS de Fontenay-Saint-Cloud (suivant enfin l'Ecole à Lyon à partir de 2001). Des années 1960 jusqu'aux années 2000, il va dispenser ses cours à des générations de normaliens et d'auditeurs : cette tâche sera la sienne jusqu'à sa retraite en 2007, et il la poursuivra ensuite en tant que professeur invité à la Faculté de droit de l'Université de Trente...

    LA SUITE ICI...

     

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  • PROCHAIN CAFÉ PHILOSOPHIQUE VENDREDI PROCHAIN : "PUIS-JE SAVOIR QUI JE SUIS ?"

    Le vendredi 1er mars 2013 à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée, les participants du prochain café philosophique de Montargis auront à s’interroger… sur eux-mêmes ! 

    Mary nolan reflet.jpg"Puis-je savoir qui je suis ?" Telle sera la question qui leur sera posée et autour de laquelle ils débattront.

    Dans la mesure où chaque être humain est doué d’une conscience – c’est-à-dire qu’il sait qu’il pense et agit en plus du fait de penser – il est un sujet capable de dire qui il est, plus que n’importe qui d’autre. Et pourtant, à quoi tient cette sagesse ? De quels éléments est-elle constituée ? Est-ce vraiment une sagesse de soi-même ou simplement une croyance, voire une simple sensation de soi que la conscience permet ?

    Ce sont autant d’interrogations qui seront débattues au cours de cette nouvelle séance, ouverte à tous et animée par Claire et Bruno.

    Rendez-vous pour ce café philosophique le vendredi 1er mars 2013 à 19 heures à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée de Montargis.

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  • COMPTE-RENDU DE LA SÉANCE "OSER LA GENTILLESSE"

    Thème du débat : "Oser la gentillesse : est-ce encore possible ?" 

    Date : 1er février 2013 à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée.

    Le 1er février 2013, de 75 à 80 personnes étaient invitées à débattre, au cours de cette 29ème séance du café philosophique de Montargis, d’un sujet relativement peu étudié en philosophie : la gentillesse. Ce thème avait été proposé en novembre 2012 par une participante. Pour expliquer cette suggestion, elle estime que la gentillesse, comportement rare et positif, a tendance à se raréfier de nos jours. Il s’agit même, d’après elle, d’une qualité peu mise en valeur voire moquée. Claire interroge l’assistance au sujet de cette attitude à l’altruisme peu en vogue, semble-t-il, de nos jours. "Oser la gentillesse : est-ce encore possible ?" Dit autrement, le gentil est-il ringard?

    Un intervenant réagit en s’interrogeant d’emblée sur le qualificatif de "positif" s’agissant de la gentillesse. En est-on si sûrs ? Qu’une telle attitude – être gentil – soit parée de certaines qualités, personne ne le niera ; il n’en reste pas moins que dans la vie sociétale, être gentil n’est pas le nec plus ultra. Dans la vie en entreprise – pour ne prendre que cet exemple – la gentillesse a difficilement sa place. La gentillesse est dans ce milieu une aberration pour ne pas dire une tare. "Être trop gentil" c’est se mettre en état d’infériorité. La vie économique ne fait pas cas des sentiments ni de la morale. Un autre intervenant va dans ce sens : être gentil est une qualité indéniable ; cependant, être gentil partout, tout le temps, n’est pas souhaitable sauf à vouloir être une "victime" perpétuelle. Ce même intervenant considère d’ailleurs que le gentil porte de lourdes responsabilités dans les périodes difficiles de notre Histoire. Les grandes dictatures, dit-il, s’appuient le plus souvent sur l’indolence des gentils pour asseoir leur pouvoir. Le café philosophique avait débattu précédemment sur la question "La vérité est-elle toujours bonne à dire ?" A cette occasion, le débat avait porté sur le "mensonge par humanité" théorisé par Emmanuel Kant. On peut poser une question similaire au sujet de la gentillesse : "La gentillesse est-elle toujours bonne à montrer ?" La réponse semble être a priori : non.

    Avant d’aller plus loin, Claire et Bruno proposent de s’intéresser à cette définition de la gentillesse. Comment la définir ? Bonté ? Bienveillance ? Claire reprend une définition du Larousse : "Gentil, ille (adjectif) : Qui manifeste de la bienveillance ; aimable, complaisant". Dans notre imaginaire, le gentil est cet être incongru, brave mais sans intelligence dont on se moque aisément. Il y a par exemple ce terme péjoratif de "gentillet", facilement usité. Paradoxalement, le gentleman, son pendant anglais, serait paré de toutes les qualités : humain, élégant, vertueux, "classieux". Force est de constater, dit encore Claire, que la gentillesse est considérée avec dédain par les philosophes en général. Ce n’est ni une vertu (ou, au mieux, ajoute Bruno, "une petite vertu"), ni une sagesse ni un concept intéressant a priori: le mot "gentillesse" n’apparaît même pas dans le célèbre Dictionnaire vocabulaire technique et philosophique d'André Lalande. En France, un philosophe, Emmanuel Jaffelin, a cependant consacré plusieurs essais sur cette "petite vertu" souvent considérée avec mépris (Éloge de la Gentillesse et Petit Éloge de la Gentillesse, cf. son site Internet : http://gentillesse.blogspot.fr). Pour tout dire, il est difficile de définir exactement la gentillesse, tant le terme nous échappe : bonté ? Bienveillance ? Générosité ? Altruisme ?

    Bien que nous ne soyons pas dans un "café historique" mais dans un café philosophique, Bruno souhaite s’arrêter rapidement sur cette histoire du gentil à travers les âges ainsi que sur son étymologie. Le gentil vient à l’origine du mot latin gens qui désignait ces lignées familiales nobles qui possédaient un ancêtre commun. Par la suite, les juifs ont employé le terme de "gentil" ceux qui ne croyaient pas en Yahvé – à ne pas confondre avec les "païens" qui étaient ceux qui croyaient en des dieux qualifiés d’impies. On passe les siècles. Au XVIème siècle, le philosophe humaniste Guillaume Budé invente le terme de "gentilhomme". Il créé ainsi le modèle de l’homme idéal qui est remarquable par ses attitudes et son style de vie. Ce gentilhomme est sensé être le pendant du noble. Ce terme va faire florès. On le retrouve traduit en anglais sous l’appellation de "gentleman". Or, alors que le gentleman continuera longtemps d’être utilisé, notamment dans les pays anglo-saxons, le "gentilhomme" disparaît à partir de la Révolution française de notre société et de notre vocabulaire. Le mot est même dénaturé sous le terme de "gentil". Or, qu’est devenu aujourd’hui ce gentil – ex "gentilhomme" – sinon le gentillet ? Au contraire du gentleman considéré comme respectable et exemplaire, le gentil est "ce (ou cette) brave qui ne peut rien refuser et qui passe tout", au risque de devenir victime de quolibets ou, pire, d’abus : "trop bon, trop con" dit l’expression populaire ! L’un des personnages les plus emblématiques du gentil semble être celui de François Pinon, anti-héros involontaire du Dîner de Cons, interprété magistralement par Jacques Villeret (cf. c lien). On le voit, le terme de "gentil" a subi toutes les avanies au point d’avoir été dévalorisé. 

    Dévalorisé mais pas rejeté cependant. En effet, depuis 2009, la France adopte la journée de la gentillesse, fixée chaque 13 novembre (http://journee-de-la-gentillesse.psychologies.com). Cette journée est née au Japon sous le terme de "Small Kindness Movement", officialisée en 1998 : voilà donc venue l’heure de la revanche du gentil ! Cette journée s’est symptomatiquement développée en France en 2007, au début du quinquennat d’un Président de la République réputé pour son sens de la pugnacité et de l’égotisme – Nicolas Sarkozy. Il est cocasse d’apprendre, dit Claire, que, comme chaque année, le prix remis au Gentil de l’Année a été décerné en 2012 à… un autre Président de la République : François Hollande. Mais, ça, dit Bruno sous forme de boutade, c’était avant l’intervention militaire de la France au Mali!

    Le gentil serait donc, en dépit des qualités qu’on veut bien lui attribuer, cet être en décalage avec notre société obnubilée par la réussite, l’argent et la compétition sous toutes ses formes. Un être considéré, du moins dans notre pays, comme sous-évalué. 

    En est-on certain ? demande un participant. Des expériences scientifiques menées sur des animaux tendent à prouver que plus la cohésion d’un groupe ethnologique ou éthologique est forte, plus la solidarité y est importante et plus ce groupe voit ses chances de survie s’accroître. L’idée selon laquelle la gentillesse serait un frein à la réussite d’une société ou d’une entreprise économique paraît largement infondée. Une étude, rappelle un nouveau participant, affirme que "Les sociétés qui comptent le plus fort pourcentage de salariés engagés ont collectivement accru leur bénéfice d'exploitation de 19 % et leur bénéfice par action de 28 % d'un exercice à l'autre" (étude du Cabinet Towers Perrin, citation d’Emmanuel Jaffelin, cf. cet article). Être gentil semblerait donc n’être pas une incongruité dans la jungle du monde économique. Tout le monde aurait même à y gagner : dirigeants, actionnaires, salariés, familles de salariés et toute la société ! Bruno cite Woody Allen à ce sujet : "Dans votre ascension professionnelle, soyez toujours très gentil pour ceux que vous dépassez en montant. Vous les retrouverez au même endroit en redescendant."

    Un participant intervient pour témoigner sur la difficulté des gentils à assumer parfois leurs comportements : on agit avec altruisme dans telle ou telle situation, sans état d’âme ; savoir qu’on a été ensuite floué, pour ne pas dire trahi, devient douloureux. Dans ce cas, être qualifié de "gentil" prend une notion aussi péjorative que si la personne en face nous avait traité avec condescendance de "gentillet" !

    Un intervenant appuie sur la nécessité de faire de la gentillesse une qualité à user avec précaution. L’expérience de Milgram dans les années 60 (une expérience de conditionnement de citoyens ordinaires à infliger de pseudos tortures à l’électricité à des cobayes inconnus) prouve s’il en était que faire de la docilité un style de vie peut être dangereux. De même, la vie en entreprise prouve que savoir dire non est une absolue nécessité pour ne pas devenir victime. 

    Si l’on parle d’ambition et de compétition – dans le milieu sportif, à l’école, lors de concours, etc. – la gentillesse n’est pas le comportement adéquat non plus. Pour tout dire, non seulement elle n’est pas la bienvenue mais elle est en plus en terre inconnue. Si je participe à une course importante, je n’ai pas à considérer mon adversaire autrement que comme un adversaire à battre. La gentillesse n’a pas son mot à dire. Pour autant, comme le constate un nouveau participant, la compétition sportive n’exclut pas le respect de l’autre et c’est sans doute par le fair-play que la gentillesse se manifeste. Pour aller dans ce sens, Bruno fait référence au Tournoi des VI Nations et à cette fameuse définition du rugby : "Un sport de voyous joué par des gentlemen" !   

    Claire oriente le débat sur l’intitulé de cette séance : "Oser la gentillesse". "Oser" : ce verbe entendrait montrer qu’être gentil ne va pas de soi, que cela nécessite une forme d’effort. La question est de savoir si cette qualité est naturelle ou bien culturelle. Dit autrement, "l’homme est-il naturellement bon ?" comme l’affirmait Jean-Jacques Rousseau ou bien "l’homme est-il un loup pour l’homme ?" comme l’écrivait au contraire Thomas Hobbes. Il semblerait au vu du débat qui a cours autour de cette question que la culture a un rôle déterminant dans le développement de la gentillesse. 

    L’un des plus beaux terrains d’observation de cette gentillesse en construction se trouve sur les cours de récréation, durant les premiers âges de la vie. Claire évoque à ce sujet une anecdote : une enfant de deux ans bousculée par un petit camarade de jeux et au sujet duquel la maman se félicitait de ses capacités à se battre. La jeune victime, en revanche, avait le tort de ne pas être suffisamment pugnace ou, dit autrement, d’être "trop gentille". Nous avons tous été témoins de ces scènes familières autour de bacs à sable, de toboggans et autres balançoires : les tout petits auraient très vite des comportements sociaux qui les distinguent les uns des autres. Ces comportements, plusieurs participants – enseignants dans le cycle élémentaire – sont d’accord pour dire qu’ils sont façonnés par le culturel. L’enfant est amoral dès son jeune âge. C’est par l’expérience et en côtoyant ses semblables qu’il se construit. En somme, pour reprendre une célèbre expression de Simone de Beauvoir, on ne naît pas gentil : on le devient ! Encore que beaucoup d’entre nous ont constaté que deux éducations identiques – le mot "identique" est cependant fortement à nuancer – voient plusieurs frères et sœurs adopter des comportements différents : l’un(e) pourra être gentil(le), l’autre pas. Nature et culture restent, encore une fois, des sujets de débat, voire de controverse.         

    La gentillesse semblerait s’acquérir par l’expérience. L’un des aspects de ce comportement se manifeste par la non-violence, cette faculté à réagir à une agression par le pacifisme. Bruno rappelle qu’il y a un moins de trois ans, le café philosophique de Montargis traitait de cette non-violence. À l’époque, l’intervenant, Vincent Roussel, de la Coordination française pour la Décennie, avait insisté sur l’éducation des enfants à la non-violence afin de dégoupiller les conflits en classe et sur les cours de récréation. Cette recommandation n’est, hélas, toujours qu’un vœu pieu !

    L’assistance du café philosophique poursuit sa discussion sur la place du culturel dans notre appréhension de la gentillesse. Une participante, de nationalité anglaise, porte un éclairage intéressant sur le gentil tel qu’il est vu en France. Nous avons dit que le "gentilhomme" avait disparu de notre paysage sociétal et que le gentil, son lointain avatar français, avait mauvaise presse. Cette participante confirme qu’elle a constaté chez beaucoup de nos concitoyens cette propension à déconsidérer la gentillesse. La mauvaise humeur et l’esprit râleur sont des caractéristiques françaises que nombre d’étrangers stigmatisent chez nous. Au contraire, en Grande-Bretagne, être gentil n’est pas une tare, loin de là. Être "kind" (de "kindness" : gentillesse) est une qualité appréciée, sans être dévalorisée. Ce n’est pas un hasard si le mot "gentleman" soit encore utilisé là-bas, alors que le "gentilhomme" est mort depuis longtemps en France. Bruno avance une explication à cette désaffection : après la Révolution française, en même temps que la société d’Ancien Régime disparaît (dont le gentilhomme), le besoin légitime d’égalité dans la société devient soif d’égalitarisme et méfiance vis-à-vis de notre voisin. Suis-je vraiment à égalité avec lui ? Si je montre altruiste, n’y a-t-il pas le risque que je sois "volé" par celui que je viendrais aider ? Emmanuel Jaffelin affirme ceci : "En France c'est plus difficile qu'ailleurs, la faute à la Révolution française qui a inscrit dans notre ADN un égalitarisme forcené, on pense qu'on s'abaisse en donnant, alors qu'en donnant, on se grandit" (cf. cet article). Loin d’être portée au pinacle, la gentillesse peut facilement être considérée avec méfiance ("Une certaine qualité de gentillesse est toujours signe de trahison" disait François Mauriac). 

    Il appartient sans doute à chacun de nous, dit un nouvel intervenant, de travailler à cette gentillesse. Comme il le rappelle à travers une fable indienne : deux loups luttent en nous, un bon et un mauvais ; le gagnant sera celui que nous nourriront. 

    Résultat d’un apprentissage, la gentillesse ou son absence peuvent également être dans certains cas le fruit d’un caractère inné, comme le rappelle une participante. C’est l’exemple – certes, extrême – des psychopathes, des cas pathologiques incapables de ressentir autre chose que l’envie, la colère, la haine mais jamais des sentiments empathiques, sauf à vouloir dissimuler ou mentir. 

    Un participant apporte un nouvel éclairage sur la gentillesse, un éclairage religieux et culturel ! Évoquer le pacifisme du gentil vient en résonance de l’invite de Jésus dans les Évangiles à "tendre la joue droite lorsque quelqu’un frappe la joue gauche" ("Vous avez appris qu'il a été dit: Œil pour œil et dent pour dent. Et moi, je vous dis de ne pas tenir tête au méchant; mais si quelqu'un te frappe sur la joue droite, tends-lui encore l'autre. Et à celui qui veut t'appeler en justice pour avoir ta tunique, abandonne encore ton manteau…" Évangile de Mathieu, V, 38-40). À l’instar de Gandhi, en se faisant l’apôtre (sic) de la non-violence, Jésus encourage chaque homme à accepter docilement une situation de conflit. N’est-ce pas aussi la caractéristique chez le gentil ? Un autre passage biblique évoque la figure légendaire d’un homme désintéressé se sacrifiant pour aider autrui (ou son prochain) : le "bon Samaritain". Cette fable nous conte l’histoire d’un homme blessé par des brigands qu’un étranger passant par là vient secourir sans état d’âme : le texte de cette fable ce trouve sur ce lien.

    Cette parabole a été commentée par Françoise Dolto. La célèbre psychanalyste, prouve, s’il en est, que la gentillesse n’a pas été totalement oubliée du milieu philosophique. Dans son ouvrage L’Évangile au risque de la Psychanalyse, elle dit ceci au sujet de ce Bon Samaritain : "Notre prochain, c'est tous ceux qui, à l'occasion du destin, se sont trouvés là quand nous avions besoin d'aide, et nous l'ont donnée, sans que nous l'ayons demandée, et qui nous ont secourus sans même en garder le souvenir. Ils nous ont donné de leur plus-value de vitalité. Ils nous ont pris en charge un temps,' en un lieu où leur destin croisait notre chemin." Ce Bon Samaritain a eu un comportement exemplaire et édifiant. Est-ce pour autant jouable dans la vie de tous les jours ? Jacques Prévert ne disait-il pas, non sans cynisme, en parlant du geste de charité de l’évêque saint Martin de Tours partageant son manteau avec un pauvre frigorifié que "saint Martin a donné la moitié de son manteau à un pauvre : comme ça, ils ont eu froid tous les deux" ? 

    Mais c’est surtout de l’autre côté de l’Atlantique que nous vient l’apport le plus décisif au sujet de la gentillesse. Des philosophes contemporains ont étudié ce thème via l’éthique du Care (du verbe "to care" qui signifie : "soigner", "s’occuper de"). Ce mouvement philosophique née aux États-Unis (avec des spécialistes des sciences humaines telles Carol Gillian, Francesca Cancian ou Joan Tronto) durant les années 80 s’est développé en Europe ces dernières années, et plus particulièrement en France depuis une dizaine d’années (Paulette Guinchard, Sandra Laugier ou Patricia Paperman). L’éthique du Care a pour ambition de s’intéresser à l’altruisme et d’allier la raison à l’émotion. Les spécialistes du Care expliquent que nous sommes fondamentalement des êtres relationnels en perpétuelle interdépendance. En fin de compte, résume Bruno, l’ambition de l’éthique du Care est, dans une société contemporaine moulée dans l’individualisme, de "réparer le monde". Cf. interview de Carol Gillian sur notre site et cet article d’éclairage sur l’Éthique du Care

    Ce mouvement philosophique, qui n’en est qu’à ses débuts – et qui reste malgré tout encore très critiqué – place la gentillesse non plus comme un mouvement sentimental désuet propre à rire, ni comme une faiblesse dont il faudrait se méfier, mais comme une authentique vertu : une "petite vertu" comme le dit une certaine littérature un peu maladroitement, tant cette expression a une autre connotation… Bref, la gentillesse appartient à ces actes moraux désintéressés dont beaucoup peuvent regretter le délitement mais qui ne demande qu’à se développer.      

    Cette séance du café philosophique se termine par la mise au vote de trois propositions de sujets pour le prochain débat : "Justice : surveiller, punir ou guérir ?", "Et si on parlait d’amour ?" et "Puis-je savoir qui je suis ?" C’est ce dernier sujet qui est choisi. Rendez-vous le vendredi 1er mars 2013 pour une nouvelle séance du café philo, même lieu, même heure. Claire rappelle enfin que la séance qui suivra (programmée le 29 mars 2013, à confirmer) sera, comme en 2012 à la même époque, co-animée par des élèves de Terminale littéraire du Lycée Saint François de Sales de Gien

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  • QUI SUIS-JE POUR MOI ET POUR LES AUTRES ?

    Hume s’est intéressé à l’identité. L’humain, nous dit-il, pense qu’il traverse toute sa vie avec une identité, alors que nous ne somme "nous" que par instants, par périodes, des périodes de notre vie.

    qui-suis-je-post.jpgNotre identité serait à projeter sur de nombreuses périodes et c’est comme faire un diaporama d’une personnalité qui ne sera pas exactement celle de l’instant où la question se pose. C’est un ensemble persistant de ce "moi évolutif", ce qu’Hegel nomme cette "conscience de soi". La vie est continuelle mobilité. Notre identité est à ce point changeante que nous n’avons pas précisément le même génome toute notre vie.

    Et si je change, si je brise l’armure, si je rejette le formatage que j’ai accepté, même à mon insu, je deviendrai enfin "moi" ; et en agissant différemment d’aujourd’hui je ne me trahirai pas sauf aux yeux de quelques uns. "Notre vrai moi n’est pas tout entier en nous", nous disait Jean-Jacques Rousseau. Autrement dit,  mon identité est en grande partie la résultante de l’endroit où je suis né, en quelle époque, dans quel milieu. Mon identité est en grande partie, une contingence, "une reproduction de l’autre" comme nous le dit Michel Foucault, dans son œuvre, Le Gouvernement de Soi et des Autres.

    Pouvons-nous nous montrer aux autres tels que nous sommes ? Ou, ne pas trop se découvrir, se cacher plus ou moins, mettre le masque  pour se protéger? Si je montre quelles sont mes faiblesses, quelle propension j’ai à m’émouvoir, ou à m’attrister, ou ma compassion envers les autres, je prends le risque que des personnes utilisent ces éléments, m’utilisent en tant que moyen pour leurs propres buts : "Tout esprit profond a besoin d’un masque… un être caché a besoin de la parole pour se taire et pour taire… et veut esquiver la communication, en fait un masque vagabonde à son effigie dans le cœur de sa tête et de ses amis (Nietzsche. Par delà le Bien et le Mal)".

    Guy Louis Pannetier, Café philo de Chevilly-Larue et L'Haÿ-les-Roses

    Avec les remerciements du Café philosophique de Montargis

     

     
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  • PHILOSOPHIE DES JEUX VIDÉOS

    Mathieu Triclot propose une réflexion autour de l’expérience vidéoludique. L’ouvrage se compose de huit chapitres pouvant être divisés en trois parties.

    SIDE_3629626_7_apx_470_.jpgDans la première, l’auteur présente les "Play Studies" qui seraient "tournées vers la fabrique des expériences, les positions de sujets avec lesquelles jouent les jeux" (p. 25), en référence et par opposition aux « Game Studies » anglo-saxonnes et, notamment, aux travaux de Jesper Juul (e. g. A clash between game and narrative, thèse en théorie des jeux vidéo, it Université de Copenhague, 1999). L’auteur se réfère à la distinction anglaise, entre game et play, qui renverrait à une distinction entre le jeu en tant que structure et le jeu en temps qu’attitude. L’argument est alors que les Game Studies s’intéressent surtout à la structure de jeu, notamment le courant ludologique, et que cela est insuffisant pour caractériser les expériences vidéoludiques.

    Pour cela, l’auteur souhaite proposer une théorie qui tiendrait compte des sujets et non seulement des objets. Il renvoie aux travaux de Jacques Henriot, et à son premier ouvrage, Le jeu (Paris, Presses universitaires de France, 1969), dans lequel le philosophe propose une théorie dans laquelle il distingue l’attitude et la structure ludique. Dans le second chapitre, Mathieu Triclot revient principalement sur la théorie de Roger Caillois (Les jeux et les hommes, Paris, Gallimard, 1958) et sur sa classification des jeux – entre agôn ("compétition"), alea ("hasard"), mimicry ("simulacre") et ilinx ("vertige") – qu’il explique et discute au regard des son propre objet d’étude. Cependant, les théories de Roger Caillois sont présentes dans les études sur les jeux vidéo depuis longtemps et ont déjà été discutées à maintes reprises...

    LA SUITE ICI...


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  • MERCI AUX PARTICIPANTS DE LA SÉANCE DU 1ER FÉVRIER 2013

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    De 70 à 75 personnes étaient présentes à la séance du 1er février du café philosophique de Montargis. Cette séance avait pour titre : "Oser la gentillesse : est-ce encore possible ?"

    Merci aux participants d'être venus en nombre pour débattre d'un sujet, la gentillesse, que la philosophie semble traiter trop peu.  

    Bientôt, sur ce site, le compte-rendu de cette séance.

    Claire et Bruno fixent le prochain rendez-vous le vendredi 1er mars 2013 à 19 heures à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée.

    Ce débat, dont le sujet a été choisi par les participants, aura pour titre : "Puis-je savoir qui je suis ?".

    Affiche de la prochaine séance

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  • NOTRE PROCHAINE SÉANCE : LE 1ER FÉVRIER 2013

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    La prochaine séance du café philosophique de Montargis aura lieu le vendredi 1er février 2013 à 19H à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée.

    Le débat sera intitulé : "Oser la gentileesse : est-ce encore possible ?"


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  • ON PARLE DU CAFÉ PHILO ICI

    gentillesseLa République du Centre parle de nortre prochaine séance sur son site Internet.

    Rendez-vous sur ce lien ici.

    L'excellent site Gatinais-info nous fait également (comme à son habitude !) l'honneur d'un coup de projecteur sur son site. Merci également à eux.


     

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  • PROCHAIN DÉBAT DU CAFÉ PHILOSOPHIQUE SUR LA GENTILLESSE, VENDREDI 1ER FÉVRIER

    Le café philosophique de Montargis propose le 1er février 2013 à 19 heures à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée son prochain débat. Il aura pour titre: "Oser la gentillesse : est-ce encore possible ?"

    VAN-GOGH-le-bon-samaritain.jpgEntre Noël et la Saint-Valentin, c’est à cette qualité qu’est la gentillesse que les participants du café philo sont décidés à s’attaquer. Toujours attendu et souvent oublié, le gentil est aujourd’hui moqué, tant cette qualité semble superflue autant qu’inutile dans un monde où seule l’efficacité du gain importe. La bonté apparaît souvent frustrée et frustrante étant donnée la dévalorisation qu’elle subit. Pourtant, pendant que le gentil se trouve « bien brave » de faire ce que l’on refuse, le gentleman, lui, impose sa classe et suppose admiration. Il est le vertueux auquel on ne peut rien refuser. Alors, oser la gentillesse aujourd’hui est-ce possible ? Est-ce un devoir d’être gentil ou bien ne se doit-on de l’être qu’avec ceux qui l’ont été avec nous ? Finalement, l’acte moral est-il désintéressé ?

    Ce sont quelques-unes des questions au sujet desquelles les participants du café philosophique de Montargis seront invités à débattre.

    Rendez-vous pour cette séance le vendredi 1er février 2013 à 19 heures à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée de Montargis.

     

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  • CAROL GILLIAN ET LA PHILOSOPHIE DU CARE (INTERVIEW)

    Nous traduisons ici de larges extraits de l'interview de la philosophe américaine Carol Gillian réalisée pour le site Internet Ethics Of Care (trad. café philosophique de Montargis).

    Ethic of Care : Où travaillez-vous en ce moment ? 

    Carol Gilian : Je suis professeur d'université à l’université de New York, enseignante à l'École de Droit de la Steinhardt School of Culture, Education and Human Development et à la Graduate School of Arts and Sciences.

    Pouvez-vous nous parler de votre recherche et de sa relation avec l’éthique du care ?

    Mes recherches sur l'identité et sur le développement moral m'a conduit à identifier l'éthique du care  comme "voix différente", une voix qui allie le moi avec autrui et la raison avec l'émotion. En transcendant ces binômes on est passé au paradigme de la théorie psychologique et moral. L'éthique du care part du principe que nous, êtres humains, nous sommes fondamentalement des êtres relationnels, des êtres sensibles, et que la condition humaine implique l’interconnexion et l'interdépendance.

    cg.jpgComment avez-vous été impliqué dans l'éthique du care ?

    Je suis venu à écrire sur une éthique du care après avoir écouté la façon dont les gens parlent de leurs expériences de conflit moral et des choix auxquels ils sont confrontés. Ma recherche a porté sur des situations réelles, plutôt qu’hypothétiques, de conflits moraux et de choix... J'ai été poussé à écrire sur une éthique du care suite aux contradictions que j'ai remarquées lorsque s’exprimaient les théoriciens de la morale et les gens de la rue.

    Comment définiriez-vous l'éthique du care

    Comme une éthique fondée sur la parole et sur les relations humaines, comme sur l'importance de chacun d'avoir une voix, d'être écouté attentivement (en leur nom propre et sans dénaturer leurs propos) et d’être entendu avec respect. Une éthique du care oriente notre attention vers la nécessité de réactivité les relations humaines (attention, écoute, réponse) et vers le coût du manque de communication avec nous-même ou avec autrui. La logique du care est inductive, contextuelle, psychologique, plutôt que déductive ou mathématique.

    Quelle est la chose la plus importante que vous avez appris de l'éthique du care

    Que la morale est fondée sur une logique psychologique. Elle reflète la façon dont nous nous connaissons nous-même grâce à nos relations avec autrui. Elle nous parle aussi des origines du mensonge moral dans les relations humaines car elles donnent lieu à des préoccupations au sujet de l'injustice et de l'insouciance. En étudiant son développement, j'ai réalisé que les préoccupations concernant l'oppression et celles au sujet de l'abandon sont intégrées dans le cycle de la vie humaine, que le pouvoir agit différemment avec les enfants et avec les adultes et enfin que les soins sont essentiels pour la survie humaine. L’éthique du care parle de ces préoccupations.

    Qui considérez-vous comme spécialistes le(s) plus important(s) dans ce domaine? 

    Les personnes qui ont participé à ma recherche sont de grands artistes : auteurs dramatiques, romanciers et poètes. Ils ont amélioré notre compréhension de la condition humaine à travers le temps et les cultures. Dans l'élaboration de ma réflexion sur l'éthique du care, j'ai aussi beaucoup appris des écrits de philosophes moraux tels que Hannah Arendt, Simone Weil, Iris Murdoch, Suzanne Langer, Martha Nussbaum, Stanley Cavell et David Hume.

    Quel travail sur l'éthique du care vous semble le plus important? 

    À l'heure actuelle, les écrits de Michael Slote, ainsi que le travail fait à Paris par la philosophe morale Sandra Laugier et la sociologue Patricia Paperman.

    Parmi vos livres ou articles, lesquels nous conseillez-vous ? 

    Joining the Resistance (2011, non traduit en français), en particulier le premier et le dernier chapitre, mais également Une Voix différente (1982, éd. Champs Flammarion, 2008) et The Birth of Pleasure (2002, non traduit en français). Pour l'éthique du care appliqué à la démocratie et à la résistance au patriarcat, je voudrais également recommander le livre que j’ai publié en 2009 avec David A.J. Richards (un collègue de l’Université de New-York, expert en droit constitutionnel et philosophe de la morale) : The Deepening Darkness: Patriarchy, Resistance, and Democracy’s Future (Cambridge University Press). [Les Temps obscurs : Le Patriarcat, la Résistance, et le Futur de la Démocratie, non traduit en français].

    Quelles sont les questions importantes à soulever pour l’avenir de l'éthique du care

    D’abord, répondre à la question de savoir pourquoi l'éthique du care est encore attaquée (en particulier aux États-Unis mais aussi maintenant en Europe). Ensuite, examiner l'éthique du care à la lumière des nouveaux éléments de preuve dans les sciences humaines, à savoir que nous, humains, nous sommes par nature empathiques ainsi que des êtres sensibles et programmés pour la coopération. Plutôt que de demander comment nous pouvons être capables de prendre soin d’autrui, les grandes questions sont plutôt : comment ne parvenons-nous pas à prendre soin d’autrui et comment pouvons-nous perdre la capacité d'empathie et de compréhension mutuelle ? Il est également essentiel de préciser que dans un cadre patriarcal, l'éthique du care est une éthique "féminine", alors que dans le cadre démocratique il y a une éthique humaine fondée sur les valeurs démocratiques fondamentales: l'importance de chacun d'avoir une voix et d'être écouté avec soin et avec respect. De là, ce principe d'égalité permettant de traiter les conflits dans les relations humaines. La multitude de voix devient alors partie intégrante de la vitalité d'une société démocratique.

    L’éthique féministe du care est une éthique de la résistance aux injustices inhérentes au patriarcat (associer soins et compassion avec les femmes plutôt que qu’avec l’ensemble des hommes, la féminisation du travail de soins, la prestation de soins en tant que simple élément de la justice - en faire une simple question d'obligations spéciales ou de relations interpersonnelles). Une éthique féministe du care oriente la lutte historique pour la démocratie sans le patriarcat : c'est l'éthique d'une société démocratique. Il transcende les particularités entre les sexes et les hiérarchies qui structurent les institutions patriarcales et les cultures. Une éthique du care est essentielle à la survie humaine et aussi à la réalisation d'une société mondiale...

     

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  • COMPTE-RENDU DE LA SÉANCE "CATASTROPHE ! LA FIN DU MONDE ? LA PEUR PEUT-ELLE ÊTRE BONNE CONSEILLÈRE ?"

    Thème du débat : "Catastrophe ! La fin du monde ? La peur peut-elle être bonne conseillère ?" 

    Date : 21 décembre 2012 à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée.

    Pour cette dernière séance de l’année 2012, veille de départ en vacances, environ 50 personnes étaient présentes pour un débat intitulé : "Catastrophe ! La fin du monde ? La peur peut-elle être bonne conseillère ?"

    Bruno explique qu’en préparant les séances de cette saison, Claire et lui-même se sont rendus compte que ce rendez-vous de décembre tombait précisément le jour au cours duquel une fin du monde, prévue par les Mayas (pour en savoir plus sur cette prédiction, rendez-vous sur ce lien), devait advenir – du moins, à en croire plusieurs mouvements apocalyptiques ! L’occasion était trop belle : organiser un débat philosophique, non pas tant sur la fin du monde que sur la peur, avait tout son sens. Comme souvent, c’est à partir d’une expression populaire ("La peur est mauvaise conseillère") que le débat philosophique s’oriente.

    Un premier participant réagit à cette expression par deux types de réactions que l’on peut avoir face à la peur. Le marin ne part-il pas en haute mer avec une dose de peur certaine ? Cette peur peut être certes tétanisante lorsqu’un coup dur survient ; mais que cette peur disparaisse et le marin, par manque de vigilance, sera surpris par un événement dont il n’aura su ou pu se méfier. Sur ce simple exemple est concentré toute l’ambivalence de la peur, bonne ou mauvaise conseillère selon les cas de figure.

    Un deuxième participant souhaite réhabiliter la peur qui a bien mauvaise presse. Oui, la peur fait intrinsèquement partie de l’homme ! Elle nous suit et peut nous aider à faire les bons choix. "Seuls les fous n’ont pas peur !" ajoute-t-il. Rebondissant sur cette remarque, quelqu’un émet la remarque que la folie est un terme psychiatrique difficile à manier. Il affirme par ailleurs que la peur, plutôt que d’être simplement prise comme une fatalité, doit être au contraire domptée et vaincue. Cette domestication de ce réflexe primaire n’a rien d’irréaliste. Il existe même des procédés thérapeutiques et comportementaux ad hoc. Est-ce encore possible ? Car, après tout, dit Bruno, on a d’abord peur de ce que l’on ne connaît pas : qu’est-ce qui nous effraie dans la mort sinon la peur de l’inconnue après elle ?  

    Un nouvel intervenant, Jean-Dominique Paoli, co-animateur de la séance précédente sur la mémoire, souhaite faire un éclaircissement sur la manière dont le cerveau réagit dans une situation de peur. Que se passe-t-il face à un événement anxiogène ? Le cerveau a deux attitudes. Dans un premier temps, il a un réflexe de défense. Le corps se tétanise un court laps de temps afin de mieux se protéger par la suite. Dans un second temps, une autre partie du cerveau s’active afin d’analyser la situation et interpréter cet éventuel danger et comment y échapper. C’est dans ce deuxième temps simplement que la peur se manifeste.

    Considéré de cette manière, la peur apparaît comme un mécanisme primaire de défense, qui ne distinguerait pas l’homme de l’animal. La peur, en tant que phénomène de défense, tétanise, on l’a dit. Des régimes totalitaires l’ont bien compris qui l’utilisent à seule fin d’annihiler la résistance des populations. Il y aurait a priori, dit Claire, une sorte d’universalité dans ce sentiment commun à tous. Chacun peut même lister ces peurs communes capables de nous tétaniser et nous hérisser les poils : peur des araignées, des souris, des serpents, du vide, etc. La peur est-elle donc si universelle que cela ?

    Non, répond un nouvel intervenant, pour qui la peur, loin d'être commune à tous, est avant tout un phénomène culturel. Ces exemples considérés comme universels (reptiles, rats, serpents, etc.) ne sont que des phobies très occidentales. Il ajoute que dans le pays d’où il est originaire – la Centrafrique – ces facteurs de peurs n’existent pas. Craindre une souris a, dans son pays d'origine, moins de sens que sursauter au son d’une cuillère tombée sur le sol. Par contre, il est extrêmement fréquent qu’un bruit soudain, une sirène, une voiture assourdissante ou même un uniforme de policier apeurent un habitant de ce pays, que ce soit là-bas ou ici.

    Cette fameuse fin du monde rabattue ad nauseam dans les médias ne participe-t-elle pas d’un semblable mouvement culturel ? Pourquoi y croire et pourquoi ne pas y croire ? La fin de notre monde (et non pas la fin du monde) surviendra, assurément, dans un laps de temps plus ou moins (très) long, poursuit ce participant. Il y a eu des fins de mondes par le passé – entendons des grandes extinctions massives, comme celles des dinosaures (cf. ce lien). Celle de notre monde humain n’y échappera sans doute pas, même si ce terme se calcule en milliers voire millions d’années.  Il y a même fort à parier que nous n’en serons pas les témoins. Cette prévision apocalyptique n’est pas la première : elle a été précédée de quelque 180 annonces similaires depuis l’époque romaine ! Elle s’inscrit dans une sorte de culture eschatologique que ne partagent pas la totalité de la population mondiale. Ce qui n’empêche pas, affirme Claire, que l’annonce d’une apocalypse le 21 décembre 2012 suscite un engouement extraordinaire pour un petit village de l’Aude, Bugarach, considéré par certains comme une base extra-terrestre.

    "Comment vaincre notre peur ?" demande une dame, qui ne cache pas s’être fait violence en affrontant sa propre peur de réagir en public. Finalement, au cœur de cette question se trouve notre capacité en tant qu’homme à reconnaître ce sentiment et à le comprendre pour mieux l’affronter et le dépasser.

    Là, sans doute, se trouve la clé d’une peur bénéfique. Claire ne cache pas avoir été surprise, en préparant cette séance, de voir tout le bienfait accordé par les pédopsychiatres à ces contes terrifiants pour enfants (plus d'informations sur cet article). La peur est utilisée à des fins pédagogiques pour les plus petits. Les héros de notre enfance affrontent, pour notre plus grand bienfait, des situations épouvantables, voire sanglantes. Le jeune lecteur vit et accompagne cette situation par procuration jusqu’à la clôture de l’histoire : la peur était bien là mais elle a été dépassée. Tout cela n’était qu’imagination, sans risque malgré l’histoire apeurante ! Ce sentiment est sans doute similaire au ressenti des adolescents – et aussi des moins jeunes ! – à la vision d’un film d’horreur…

    Affronter sa peur c’est sans doute en comprendre les ressorts. S’éduquer grâce à la peur, on le voit avec les exemples précédents, c’est affronter ses propres démons, se dépasser, grandir, s’endurcir et entrer dans  le monde des adultes. Les terreurs nocturnes ne sont-elles pas avant tout l’apanage de l’enfant ou de l’adolescent, se demande Claire ? Ces peurs irrationnelles doivent être dépassées pour permettre sa construction personnelle.

    Un participant évoque un autre aspect bénéfique de cette peur : celle des adeptes de sports extrêmes (pour aller plus loin, rendez-vous sur cette page) capables et surtout friands de dépasser leur peur pour réaliser des exploits hors norme. Récemment, le milieu sportif a été endeuillé par la mort de Patrick Edlinger. Cet alpiniste de l’extrême spécialiste de l’escalade à mains nus, avait fait du risque et de la peur son quotidien. Depuis plusieurs années cependant, ce sportif célèbre ne pratiquait quasiment plus suite à un accident qui avait failli lui coûter la vie. N’est-il pas poignant de constater qu’après avoir risqué la mort, Patrick Edlinger s’était contraint à abandonner peu à peu sa passion. En abandonnant sa passion, en choisissant de ne plus risquer sa vie et de ne plus affronter sa peur, n’est-il pas mort une première fois ?  

    Au terme de ce café philosophique, il a été dessiné un panorama de la peur, sentiment complexe à géométrie variable, largement évoquée et utilisée dans le cadre de cette fin du monde annoncée - et qui, finalement, n’a pas eu lieu ! 

    Blind-test

    La séance se termine par un blind-test – le premier de cette saison – consacré à la peur:

    - Combien d’inscriptions mayas ont prédit la fin du monde ? Réponse: 0

    - Qui a dit : "N’ayez pas peur ! De quoi faut-il ne pas avoir peur ? Avant tout de faire la vérité sur nous-mêmes." Réponse: Jean-Paul II

    - Lars Von Trier est l’auteur d’un film récent et remarqué sur la fin du monde. Quel est ce film? Réponse : Melancholia

    - Quel romancier français a dit : "La vraie peur, c’est quelque chose comme une réminiscence des terreurs fantastiques d’autrefois"? Réponse : Maupassant

    - Quel homme d’État et médecin français est l’auteur des Prophéties ? Réponse : Nostradamus

    - Sous quel nom français est connu le film d’épouvante JawsRéponse : Les Dents de la Mer

    - Qui a dit : « "Que de fois nous mourons de notre peur de mourir." Réponse : Sénèque

    - Baudelaire a traduit en français les nouvelles de cet écrivain américain spécialiste de l’épouvante. Qui est-il ? Réponse : Edgar Allan Poe

    - En 1938, ce réalisateur américain a créé une panique monstrueuse aux USA en adaptant pour la radio La Guerre des Mondes. Qui est-il? Réponse : Orson Welles

    - Qui a dit : "La fin du monde n'est pas encore pour demain." Réponse : Tite-Live

    La gagnante repart avec le dernier livre de Michel Onfray, Rendre la Raison populaire. Félicitations à elle.

    La prochaine séance du café philosophique aura lieu le 1er février 2013 (même lieu, même heure) au lieu du 25 janvier comme prévu initialement (ce changement de date ayant été décidé afin de ne pas léser l’association des Cramés de la Bobine qui tient son assemblée générale le dernier vendredi de janvier). Le sujet de la séance du 1er février sera consacré à la gentillesse : "Oser la gentillesse : est-ce encore possible ?"

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  • ATTENTION, RETENEZ BIEN NOTRE PROCHAINE DATE !

    La prochaine séance du café philosophique de Montargis aura lieu le vendredi 1er février 2013 à 19H à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée.

    Habituellement, nos rendez-vous se déroulent le dernier vendredi de chaque mois. Exceptionnellement, nous avons choisi de décaler d'une semaine le débat qui devait se dérouler initialement le 25 janvier afin de ne pas concurrencer l'assemblée générale de nos amis des Cramés de la Bobine.

    Notre séance du 1er février aura pour titre : "Oser la gentillesse !"

     

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  • "EN 2013, IL FAUDRA PLUS ENCORE SE MÉFIER DE LA DOCTE IGNORANCE DES EXPERTS" (EDGAR MORIN)

    Hélas, nos dirigeants semblent totalement dépassés : ils sont incapables aujourd'hui de proposer un diagnostic juste de la situation et incapables, du coup, d'apporter des solutions concrètes, à la hauteur des enjeux. Tout se passe comme si une petite oligarchie intéressée seulement par son avenir à court terme avait pris les commandes." (Manifeste Roosevelt, 2012.)

    "Un diagnostic juste" suppose une pensée capable de réunir et d'organiser les informations et connaissances dont nous disposons, mais qui sont compartimentées et dispersées.

    morin hollande.jpgUne telle pensée doit être consciente de l'erreur de sous-estimer l'erreur dont le propre, comme a dit Descartes, est d'ignorer qu'elle est erreur. Elle doit être consciente de l'illusion de sous-estimer l'illusion. Erreur et illusion ont conduit les responsables politiques et militaires du destin de la France au désastre de 1940 ; elles ont conduit Staline à faire confiance à Hitler, qui faillit anéantir l'Union soviétique.

    Tout notre passé, même récent, fourmille d'erreurs et d'illusions, l'illusion d'un progrès indéfini de la société industrielle, l'illusion de l'impossibilité de nouvelles crises économiques, l'illusion soviétique et maoïste, et aujourd'hui règne encore l'illusion d'une sortie de la crise par l'économie néolibérale, qui pourtant a produit cette crise. Règne aussi l'illusion que la seule alternative se trouve entre deux erreurs, l'erreur que la rigueur est remède à la crise, l'erreur que la croissance est remède à la rigueur.

    L'erreur n'est pas seulement aveuglement sur les faits. Elle est dans une vision unilatérale et réductrice qui ne voit qu'un élément, un seul aspect d'une réalité en elle-même à la fois une et multiple, c'est-à-dire complexe.

    Hélas. Notre enseignement qui nous fournit de si multiples connaissances n'enseigne en rien sur les problèmes fondamentaux de la connaissance qui sont les risques d'erreur et d'illusion, et il n'enseigne nullement les conditions d'une connaissance pertinente, qui est de pouvoir affronter la complexité des réalités.

    Notre machine à fournir des connaissances, incapable de nous fournir la capacité de relier les connaissances, produit dans les esprits myopies, cécités. Paradoxalement l'amoncellement sans lien des connaissances produit une nouvelle et très docte ignorance chez les experts et spécialistes, prétendant éclairer les responsables politiques et sociaux.

    LA SUITE ICI...

     

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  • MERCI AUX PARTICIPANTS DE LA SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 2012

    applause.gif

    En cette veille de départ en vacances (et aussi jour programmé pour une fin du monde... qui n'a pas eu lieu !), environ 50 personnes étaient présentes pour séance 21 décembre 2012 intitulée : "Catastrophe ! La fin du monde ? La peur peut-elle être bonne conseillère ?"

    Merci aux participants qui ont une nouvelle fois permis de mener un débat intéressant et très ouvert.

    Bientôt, sur ce site, le compte-rendu de cette séance.

    Claire et Bruno fixent le prochain rendez-vous le vendredi 1er février 2013 à 19 heures à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée. Ce débat portera sur le thème de la gentillesse

    Affiche ici.

     

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  • UN COUP DE PROJECTEUR DE LA RÉPUBLIQUE DU CENTRE SUR NOTRE SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE

    Sans titre.PNGLa République du Centre (édition de Montargis) parle dans son édition d'aujourd'hui de notre séance du vendredi 21 décembre 2012, intitulée : "Catastrophe ! La fin du monde ? La peur peut-elle être bonne conseillère ?".

    Pour en savoir plus, cliquez sur ce lien.

    L'Eclaireur du Gâtinais daté du 20 décembre consacre également un article à cette séance. Un grand merci également à eux.

     

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  • LE SPORT EXTRÊME OU LE PLAISIR D'AFFRONTER SA PEUR

    Par Maude Landreville

    Dangerous-Extreme-Sports-Wallpapers-15.jpgIl faudrait martyriser longtemps un skater  pour lui faire avouer qu’il est en fait un sportif. En effet, son passe-temps, peut-être sa passion, est inclus dans ce que l’on nomme les sports extrêmes.  Certains diront que l’émergence de ces sports dits aussi de glisse n’est qu’un pot-pourri de pratiques dont la principale caractéristique semble être de vouloir mourir jeune.  Pourtant, plus qu’un simple loisir, la pratique d’activités comme le parapente, la planche à neige, le surf et autres semble être un phénomène croissant.  Plutôt que d’en traiter d’un point de vue anthropologique en tant que sous-culture, il s’agira ici de faire la genèse des événements ou des courants qui ont mené à cette révolution dans le monde des activités physiques.  Par un survol du mouvement, je tenterai de démontrer comment le phénomène prend ou perd de l’ampleur selon qu’on l’analyse à travers une lunette d’approche plus spécifique et économique ou par celle, plus globalisante, de la psychologie.

    Une recherche d’absolu

    Tout d’abord, la racine du mot “sport” est anglaise: on part de desport  pour en arriver  en français à s’amuser. L’étymologie nous amène à remarquer la dimension ludique dans les sports extrêmes comparativement aux sports tels que nous les connaissons avec leurs règles et leurs records.  En effet, il n’y a pas de définition comme telle des X  sports. On les différencie entre autres par leur manque de résultats.  L’importance est mise non pas dans la pratique à long terme d’un sport en vue de produire une performance, mais dans l’exécution, dans ce qu’elle contient en elle-même d’absolu.  Faute de définition, voici une liste (un peu longue, mais incomplète) de ces pratiques et qui laisse quelques interrogations: surf, patins à roues alignées, windsurf (planche à voile), deltaplane, parachute, bodysurf, rafting, canyonning, benji, vtt, skate-board, snakeboard, footbag, vol libre, hydrospeed, ultramarathon, nage en eau vive, escalade, parapente, cerf-volant acrobatique, freesby, skysurf, monoski, ski extrême, via ferrata (“lignes de vie”, randonnée à la cime des montagnes avec cables et échelles), snowscoot, boomerang, etc.  La plupart de ces sports alternatifs sont nés après 1970 et continuent de procréer. Ils sont en général en rapport direct avec la nature, se pratiquent en solo et pas par n’importe qui.  C’est qu’ils imposent une certaine attitude (rebelle?), un langage particulier et un look.  Alain Loret (1995) parle même d’une génération glisse dans son livre.  Est-ce que toute cette mode ne serait en fait qu’une facette d’une société de consommation, qu’une preuve de plus de l’emprise de la culture américaine?  L’argent serait-il encore le coupable? La question mérite d’être soulevée.

    LA SUITE ICI...

     

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  • NOTRE PROCHAINE SÉANCE

    Affiche fin du monde jpeg.JPG

    La prochaine séance du café philosophique de Montargis aura lieu le vendredi 21 décembre 2012 à 19H à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée.

    En clin d'oeil à cette date, le débat sera intitulé : "Catastrophe ! La fin du monde ? La peur peut-elle être bonne conseillère ?"


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  • COMPTE-RENDU DE LA SÉANCE "MÉMOIRE, MÉMOIRES..."

    Thème du débat : "Mémoire, mémoires... Cette mémoire qui nous construit, cette mémoire qui nous détruit" 

    Date : 30 novembre 2012 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée.

    brainphysiology.jpgPour ce café philosophique spécial intitulé "Mémoire, mémoires… Cette mémoire qui nous construit, cette mémoire qui nous détruit" entre 80 et 90 personnes étaient présentes. Pour l’occasion, Claire et Bruno étaient accompagnés de Jean-Dominique Paoli. 

    Bruno le présente : Jean-Dominique Paoli, ancien professeur agrégé en économie et gestion, consacre depuis plusieurs années son temps libre dans l’étude de la mémoire et dans son entraînement quotidien. Il précise qu’il n’est certes pas spécialiste mais qu’il souhaite partager ses connaissances et son expérience sur les formidables capacités cognitives du cerveau. Notre invité entend faire de cette séance du café philosophique de Montargis un moyen de montrer que n’importe qui peut "muscler" son cerveau (quoique le terme de "muscle" n’est pas approprié pour cette partie du corps humain) et que, surtout, les petits accidents de la vie quotidienne (la perte d’un trousseau de clés ou celle d’un nom) ne sont pas dramatiques. Il s’agit également, ajoute Bruno, d’un café philo qui entendra rendre hommage au cerveau, mal connu, de taille modeste (1 % environ de la masse corporelle) mais puissamment irrigué : 20 à 25 % de notre sang passe par le cerveau !

    Puisque nous sommes dans le cadre d’une animation philosophique, en ce début de séance, Claire propose au public de faire fonctionner ses méninges en citant de mémoire une liste de vingt philosophes qu’ils ont pu retenir. Cette liste est inscrite sur un tableau: 

    Nietzsche (n°1), Platon (n°2), Spinoza (n°3), Bergson (n°4), Kierkegaard (n°5), Schopenhauer (n°6), Descartes (n°7), Lavarède (sic) (n°8), Pascal (n°9), Kant (n°10), Teilhard de Chardin (n°11), Épicure (n°12), Sartre (n°13), Husserl (n°14), Socrate (n°15), Confucius (n°16), Alain (n°17), Marx (n°18), Montaigne (n°19), Lao Tseu (n°20).

    Jean-Dominique Paoli mémorise pendant quelques minutes cette liste tout en continuant de converser avec les participants - ce qui rend l'exercice particulièrement difficile. Puis le tableau est retourné et caché. 

    IMG_2337.JPGJean-Dominique ne cache pas que l’utilisation de nos jours de la mémoire pose problème : alors que les maladies invalidantes – type Alzheimer – ont tendance à nous inquiéter, tout se passe comme si nous nous désintéressions de nos capacités mnémoniques. Il y a une explication à cela : notre vie quotidienne est de plus en plus riche d’instruments qui facilitent notre vie quotidienne – téléphones portables, Internet, moteurs de recherche, répertoires électroniques, etc. – au risque de rendre notre cerveau dépendant de ces machines. Combien sommes-nous à ignorer jusqu’à notre propre numéro de téléphone ? L’objet de cette séance sera donc nous ouvrir les yeux sur l’importance de cette mémoire. 

    Il est d’ailleurs remarquable de constater que même chez étudiants et les adolescents, les plus à même d’utiliser la mémoire – voire de bien l’utiliser étant donné les qualités optimales de leur cerveau à leur âge –, cette faculté est inhibée. Qui n’a pas connu, les veilles d’examens, l’expérience de l’angoisse à l’idée que toutes les connaissances que l’on a mémorisées vont disparaître devant une copie blanche ? Il existe pourtant des moyens de gérer sa mémoire, réagit Jean-Dominique Paoli, tout en concédant que le stress (bien compréhensible dans le cas d’un examen) est délétère pour le cerveau. Ce dernier n’est jamais aussi efficace que lorsqu’il travaille dans le plaisir et le "politiquement incorrect". À ce sujet, il est frappant, remarque notre intervenant non sans humour, que parmi les premiers mots appris par les jeunes enfants figurent en bonne place le "vocabulaire du "pipi-caca" !

    Rebondissant sur l’intervention d’une participante, il est entendu, dit Claire, que le sujet de ce soir entend parler de la mémoire personnelle, même si les concepts de mémoire historique ou de mémoire familiale ne sont pas déconnectés du sujet qui nous occupe, sujet qui mériterait à lui seul bien d’autres débats...

    IMG_2332.JPGJean-Dominique Paoli définit la mémoire en la montrant comme multiple et plurielle. Une différence est faite entre mémoire rétrograde et de mémoire antérograde (la mémoire antérograde est la mémoire qui acquiert les informations nouvelles alors que la mémoire rétrograde celle qui a conservé les informations passées).

    Maintenir ces souvenirs acquis n’est cependant pas garantir leur perpétuation intacte et exacte. Nous nous construisons grâce à notre passé autant que nous reconstruisons ce passé ! Nos souvenirs sont perpétuellement revus, réexaminés, voire "reliftés". Bruno prend pour exemple une anecdote tragique narrée par Boris Cyrulnik dans son autobiographie récente Sauve-toi, la vie t’appelle (éd. Odile Jacob, 2012). Ce spécialiste de la résilience garde le souvenir de son arrestation avec ses parents le 18 juillet 1942. Alors qu’il n’a que cinq ans, il est enfermé dans la synagogue de Bordeaux. Une infirmière le dissimule sous un matelas où gît déjà une femme mourante, ce qui le sauvera de la mort. Or, la mémoire de l’enfant conserve le souvenir d’un soldat allemand entrant dans la synagogue. Pendant des années, Boris Cyrulnik a été persuadé que ce militaire avait vu le petit garçon mais qu’il n’avait rien dit pour ne pas le dénoncer – par humanité. Ce n’est que plus tard qu’il apprendra la vérité crue : le "soldat bienveillant" n’a en réalité pas vu l’enfant mais, tombant sur la femme mourante, il lui a lancé : "Qu’elle crève ici ou ailleurs, ce qui compte c’est qu’elle crève". Tout se passe comme si la mémoire du jeune enfant avait reconstruit un souvenir afin de rendre son passé plus supportable. Sa santé psychique était sans doute à ce prix. 

    Même s’il est peu abordé au cours de cette séance, l’oubli fait partie de nos capacités cognitives : "Il est possible de vivre presque sans souvenir et de vivre heureux, comme le démontre l'animal, mais il est impossible de vivre sans oublier" affirme Nietzsche. Plus tard, Sigmund Freud a démontré que l’oubli est indispensable pour rendre notre vie psychique saine et stable. Parmi ces oublis, étudiés par le plus célèbre des psychanalystes, figurent en bonne place les actes manqués et les lapsus.

    Parler de mémoire, dit Jean-Dominique Paoli, c’est avoir en tête que sa compréhension est relativement récente. Pendant très longtemps, son étude s’est cantonnée aux réflexions de philosophes (Cicéron, s. Augustin ou Malebranche pour ne citer qu’eux). Est-ce à dire que cette faculté a été déconsidérée ? Non : pendant des centaines d’années, l’ars memoriae faisait partie des matières enseignées sous l’Antiquité (chez Platon ou Cicéron par exemple, cf. cet extrait de texte de Platon) comme sous l’époque médiévale (pour aller plus loin, lire ce document en ligne).

    IMG_2339.JPG

    Depuis trente ans environ, l’arrivée et le développement de l’imagerie médicale (nombre de personnes se souviennent de l’événement que constituait il y a quelques années l’investissement dans tel ou tel hôpital d’un appareil IRM) a bouleversé notre connaissance du cerveau. Aujourd’hui, il est possible de suivre en temps réel l’activité du cerveau, ce qui laisse augurer pour les années à venir des progrès fulgurants dans la connaissance de cet organe hors du commun.

    Qu’est-ce que la mémoire ? Blaise Pascal résume en disant qu’"elle est nécessaire à toutes les opérations de l’esprit". Et pas seulement de l’esprit : elle régit notre motricité ("Les jambes, les bras sont pleins de souvenirs engourdis" dit Marcel Proust) autant que nos capacités cognitives, y compris celles les plus enfouies. D’emblée, pour un tel sujet, on se situe dans un vocabulaire en miroir : 

    Mémoire / cerveau

    |

    Psychisme / physiologique

    |

    Conscient / inconscient

    La mémoire à court terme est chargée de trier des informations provenant des cinq sens : visuelles, auditives, olfactives, gustatives et tactiles. Ce tri est constant et quasi instantané. Sans cesse renouvelé, il est nécessaire au bon fonctionnement de notre psychisme. J’ai un numéro de téléphone à composer. Mon cerveau enregistre ce numéro momentanément. À peine tapé au clavier, j’ai déjà oublié ce numéro, du moins si sa mémorisation ne m’est pas utile. C’est l’hippocampe qui gère ce tri et qui procède soit à l’élimination, soit à la conservation de cette information. Dans ce cas, celle-ci est en quelque sorte étiquetée et rangée à l’intérieur de mon cerveau pour une éventuelle réutilisation.

    Qui décide du tri ? En principe, dit encore Jean-Dominique Paoli, l’inconscient décide de ce qui doit être éliminé ; le conscient décide de son côté ce que l’on doit conserver dans la mémoire à long terme.

    Il y a cependant une nuance de taille : l’inconscient peut décider seul de conserver l’information lorsqu’elle s’accompagne d’une émotion. L’amygdale, structure par laquelle toutes les émotions passent, donne alors une injonction à l’hippocampe. L’inconscient joue son rôle à plein, au point que la personne ignore cette conservation d’information.

    Ce n’est que fortuitement que ce souvenir pourra se réveiller et se révéler à la personne. Claire cite Henri Bergson, théoricien de la mémoire involontaire : "La mémoire (...) n’est pas une faculté de classer des souvenirs dans un tiroir ou de les inscrire sur un registre... En réalité le passé se conserve de lui-même, automatiquement."

    Mais, ajoute notre invité, qui mieux que Marcel Proust a parlé de notre mémoire dans son œuvre fleuve À la Recherche du Temps perdu ? La "madeleine de Proust" est l’exemple parfait pour parler de cette procédure mentale de mémoire involontaire :

    "Et tout d'un coup le souvenir m'est apparu. Ce goût c'était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l'heure de la messe), quand j'allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m'offrait après l'avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. La vue de la petite madeleine ne m'avait rien rappelé avant que je n'y eusse goûté ; peut-être parce que, en ayant souvent aperçu depuis, sans en manger, sur les tablettes des pâtissiers, leur image avait quitté ces jours de Combray pour se lier à d'autres plus récents ; peut-être parce que de ces souvenirs abandonnés si longtemps hors de la mémoire, rien ne survivait, tout s'était désagrégé ; les formes - et celle aussi du petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel, sous son plissage sévère et dévot - s'étaient abolies, ou ensommeillées, avaient perdu la force d'expansion qui leur eût permis de rejoindre la conscience. Mais, quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir." (Proust, Du côté de chez Swann, 1913)

    Ce célèbre texte lu par Bruno rend compte de manière admirable comment un souvenir peut rester à jamais enfoui dans la mémoire si rien ne vient le réveiller. 

    IMG_2325.JPGUn aspect important à souligner est encore le rôle de la mémoire dans la compréhension du langage. La mémoire à court terme permet de mémoriser le début d’une phrase de manière à ce que l’on en comprenne la fin.

    En fin de compte, que deviennent ces informations une fois stockées ? Nous avons dit qu’elles pouvaient passer dans la mémoire à long terme soit grâce à un acte conscient de la mémorisation, soit suite à une procédure inconsciente en présence d’une émotion. Elles peuvent aussi disparaître purement et simplement. Toutefois, on pourra les retrouver en reconstituant le contexte. Là encore, la notion de tri est centrale car il faut laisser la place aux millions d’informations qui assaillent la mémoire à court terme.

    S’agissant des petits troubles de la mémoire, faut-il s’en inquiéter ? Où sont mes clés ? Mes lunettes ? Que suis-je venu faire dans cette pièce ? Si je refais le chemin géographique, trouverai-je la réponse ? Rien n’est moins sûr… Suis-je en train de perdre la mémoire ? C’est grave, docteur ? Ce sont autant de situations – les plaintes mnésiques – qui inquiètent. Il convient de se rassurer : les professionnels consultés au sujet de la mémoire considèrent que tant qu’il y a plainte mnésique il n’y a pas de réel problème puisque la personne est consciente de ses défaillances.   

    Ces oublis, certes gênants dans la vie quotidienne, ne sont que des problèmes mineurs liés au fonctionnement de la mémoire à court terme d’une part et à un manque de concentration et à des gestes machinaux d’autre part : lorsque l’on pose ses clés, un geste machinal, la mémoire à court terme élimine l’information dans les secondes qui suivent. Cela n’a a priori pas de rapport avec une maladie neurodégénérative.

    À ce stade du débat et après près d’une heure d’explication, Bruno propose de mettre Jean-Dominique Paoli à l’épreuve. Les participants avaient en début de séance listé 20 noms de philosophes. Ces noms, Jean-Dominique parvient devant le public à les retrouver, qui plus est dans l’ordre où ils ont été donnés :

    Nietzsche (n°1), Platon (n°2), Spinoza (n°3), Bergson (n°4), Kierkegaard (n°5), Schopenhauer (n°6), Descartes (n°7), Lavarède (n°8), Pascal (n°9), Kant (n°10), Teilhard de Chardin (n°11), Épicure (n°12), Sartre (n°13), Husserl (n°14), Socrate (n°15), Confucius (n°16), Alain (n°17), Marx (n°18), Montaigne (n°19), Lao Tseu (n°20). 

    Il a suffi d’une poignée de minutes à notre invité pour mémoriser – dans l’ordre et sans avoir cessé son intervention ! – cette liste ardue, composée qui plus de noms peu courants. Ce travail de mémorisation s’appuie sur des aides mnémotechniques : des personnages facilement identifiables (les Chinois Confucius ou Lao Tseu ou bien encore Montaigne, le plus célèbre des Bordelais), de noms mis en scène ("Platon assiste à un banquet"), d’anecdotes sur tel ou tel personnage (Nietzsche, ses relations avec Richard Wagner et le dévoiement de certaines de ses théories – le Surhomme – récupérées par l’idéologie nazie) ou de jeux de mots (chope-> Schopenhauer !)... N’oublions pas que le cerveau n’aime rien de mieux que le politiquement incorrect ! L’intervenant précise l’importance, à la condition d’être en état de relâchement, du travail de son inconscient, lequel a enregistré les informations en arrière-plan et les restitue de manière quasi automatique. (Claire et Bruno témoignent d’ailleurs que bien après cette séance, jusqu’à trois jours plus tard, cette liste a pu être récitée parfaitement par notre intervenant, la mémoire s’étant consolidée). 

    IMG_2328.JPGJean-Dominique Paoli tient à montrer que cette performance n'est pas exceptionnelle et que tout un chacun peut parvenir à entraîner sa mémoire de la même façon. Une condition essentielle est d’adopter un mode de vie saine, en incluant le sport (la marche quotidienne pour notre invité) et en excluant drogues et alcool. Celui-ci insiste également sur une autre notion, que viennent corroborer plusieurs participants du public (dont un médecin) : l’importance du lâcher prise que nos sociétés contemporaines tendent à gommer. L’utilisation de plus en plus fréquente de la sophrologie – si elle est bien pratiquée par des personnes compétentes et qualifiées – peut être un outil intéressant d’aide à ce lâcher prise. (pour en savoir plus, rendez-vous sur cette page consacrée à la sophrologie). Il existe enfin des procédés mnémotechniques connus et facilement trouvables sur l’Internet.

    La séance se termine par la communication de l’adresse mail de Jean-Dominique Paoli. Il se déclare prêt à renseigner les personnes qui sont intéressées. Claire et Bruno le remercient une nouvelle fois pour son intervention brillante au cours de cette séance spéciale du café philosophique qui aura été, pour l’occasion, moins riche en débat mais particulièrement instructive.  

    Claire et Bruno fixent rendez-vous pour le prochain débat qui aura lieu le 21 décembre 2012. Des mouvements apocalyptiques ayant fixé la fin du monde à cette date, ce n’est pas sans malice que le café philosophique de Montargis a choisi de consacrer sa prochaine séance à ce sujet : "Catastrophe ! La fin du monde ? La peur peut-elle être bonne conseillère ?" Il ne reste plus qu’à espérer, conclut Bruno, que ce jour-là nous serons suffisamment de survivants – et nous le fêterons devant un verre ! – pour mener notre débat sur ce sentiment ancestral et universel qu’est la peur…

    Pour aller plus loin dans ce débat, lire aussi l'interview de Jean-Dominique Paoli.

    Pour en savoir plus sur la mémoire, voir cette bibliographie

    Photos de Bernard Croissant, avec son aimable autorisation


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  • APRÈS LA SÉANCE SUR LA MÉMOIRE : ENTRETIEN AVEC JEAN-DOMINIQUE PAOLI POUR ALLER PLUS LOIN DANS LE DÉBAT

    CAFÉ PHILO - Bonjour Jean-Dominique, nous nous retrouvons pour faire le bilan de la soirée "mémoire, mémoires" du 30 novembre dernier. Qu’en as-tu pensé ?

    JEAN-DOMINIQUE PAOLI - Bonjour. Je pense que les participants ont été intéressés par ce qui a été développé ce soir là. Les retours que j’en ai eus vont dans ce sens.

    CAFÉ PHILO - N’avons-nous pas manqué de temps pour traiter plus complètement ce sujet ?

    mise en page portrait black.JPGJDP - Evidemment. Nos objectifs étaient plutôt ambitieux au regard du temps dont nous disposions. Un premier objectif était d’expliquer le fonctionnement de la mémoire à court terme et dans la foulée de rassurer tout le monde sur les petites défaillances de notre mémoire. Cet objectif a été rempli, et de manière complète. Mais nous avions aussi l’objectif de montrer combien notre identité est liée à notre mémoire. Nous n’avons pu qu’effleurer le sujet. Car cela nécessitait de mettre l’éclairage sur la mémoire à long terme. Nous n’en avons pas eu le temps.

    CAFÉ PHILO - Peux-tu nous préciser ce point en quelques mots ?

    JDP -  La  mémoire à long terme est celle qui s’inscrit dans la durée et ce jusqu’à notre disparition. Elle comprend trois types de mémoire : la mémoire des gestes vitaux (respirer, manger, etc.), des gestes appris (marcher, lacer ses chaussures, faire du vélo, pratiquer un sport, etc.). On parle de mémoire procédurale. La mémoire des évènements, des épisodes de notre vie, c’est la mémoire épisodique. La mémoire de tout ce que nous avons appris dans notre vie, c’est la mémoire sémantique. La somme de ces trois mémoires constitue notre identité, car personne d’autre n’a vécu exactement comme nous, n’a appris comme nous. La discussion aurait pu être intéressante sur cet aspect plus philosophique de la mémoire.

    CAFÉ PHILO - Vois-tu d’autres points que nous aurions pu aborder ?

    JDP - Oui, le sujet de la soirée comportait la phrase "cette mémoire qui nous détruit". Il y avait là matière à parler des traumatismes qui peuvent nous poursuivre, des idées que nous ruminons, des symptômes chers à la psychanalyse, etc. 

    CAFÉ PHILO - Lors de la soirée tu as évoqué rapidement la question de l’entretien de notre mémoire. Mais là encore le temps a manqué. Peux-tu développer pour nos lecteurs du site ?

    JDP : Bien sûr. Il y a d’abord un aspect santé. Une mémoire n’est bonne que dans un cerveau en bonne santé. Le cerveau est un organe prodigieux, il est important de le dorloter. Et un cerveau n’est en bonne santé que si le corps est bien entretenu. On retrouve alors les conseils classiques d’une vie saine : se nourrir de manière équilibrée, éviter les excès, notamment le tabac et l’alcool. Avoir une activité physique régulière : point n’est besoin de faire du sport à haute dose, mais faire de la marche, de la danse, de la zumba, nager... Peu importe, cela permet au système circulatoire de rester performant et d’irriguer toutes les parties du corps, notamment le cerveau (qui a besoin de beaucoup de carburant : ce "petit" organe d’un kilo et demi consomme 20% de l’oxygène, 25% du glucose utilisés par  notre corps). Bien dormir : le sommeil permet au cerveau de se régénérer. Eviter le stress, qui envoie des hormones inhibitrices dans les connexions du cerveau. Eviter, ou en tout cas n’utiliser qu’avec parcimonie, les médicaments psychotropes (successeurs des barbituriques) : somnifères, anti-anxiolytiques, anti-dépresseurs, dont des études récentes montrent qu’ils sont de véritables poisons pour le cerveau si on les utilise inconsidérément. Est-il besoin de préciser que les diverses drogues sont à fuir ? Le problème de notre vie moderne est que beaucoup de gens sont stressés, ne trouvent pas le temps d’avoir une activité physique, dorment mal, prennent des psychotropes, etc.

    CAFÉ PHILO - Soit, mais toi-même, tu ne te contentes pas de cet entretien, tu entraînes ton cerveau à mémoriser.

    citation-21-L-ZVUnJL.jpegJDP - Certes, je m’entraîne tous les jours. Mais pas longtemps, une demi-heure maximum. Comme c’est intense, le cerveau sature vite. Cela m’est nécessaire si je veux rester performant dans mes deux spectacles d’effets de mémoire, ou dans les "conférences" comme l’autre soir. Mais franchement, cet entraînement, que je compare aux gammes que s’inflige un musicien, n’est pas passionnant, et ne se comprend que dans un contexte de performance mnésique. Pour monsieur ou madame Toulemonde qui veulent simplement conserver une bonne mémoire, il leur suffit de faire travailler leur cerveau dans la curiosité, le ludique, le convivial.

    CAFÉ PHILO - De quelle manière ?

    JDP - Le cerveau doit être actif : lecture, mots croisés, sudoku, musique, faire du théâtre, jouer aux échecs,  au bridge, aller au cinéma, etc. Mais aussi le bricolage et le jardinage. Et aussi les jeux vidéos, etc. Etre toujours curieux et, c’est important, sortir de ce qu’on appelle notre « zone de confort », aller voir ailleurs que nos activités habituelles. Tout ce qui fait travailler nos neurones est bénéfique. Les diverses activités cérébrales nous obligent à nous documenter, à échanger, à réfléchir, essayer de comprendre, pratiquer, etc. Tout cela entretient notre mémoire.

    CAFÉ PHILO - Tu insistes aussi sur la nécessité des relations sociales.

    JDP - Oui, le cerveau, ou plutôt notre personnalité, a besoin de contacts sociaux, d’échanges. A travers les échanges, le langage, la réflexion, les émotions en commun, les circuits neuronaux s’activent et contribuent au bon fonctionnement cérébral, à une mémoire performante. L’idéal est de conjuguer activités cérébrales et contacts sociaux. De nombreuses activités que j’ai citées tout à l’heure le permettent. Une remarque au passage : l’agglomération de Montargis est riche de possibilités, dans les médiathèques, le cinéma, les spectacles de l’AME et autres. Par exemple, le soir du café philo, il y avait simultanément un conteur canadien très connu à la salle Jean Vilar, un réalisateur venu présenter à l'AlTiCiné son film pour les Cramés de la bobine et encore autre chose à la médiathèque d’Amilly. Et à Courtenay, le cinéaste Yves Boisset était l’invité d’un café littéraire. La veille, j’avais assisté au Belman à un très chouette spectacle autour des chansons de Brassens. Et le  lendemain  du  café philo un certain nombre de manifestations se sont déroulées, dont un salon du livre à Châlette. C’est l’embarras du choix pour qui veut faire fonctionner ses neurones de manière agréable et enrichissante.

    CAFÉ PHILO - Penses-tu que cet entretien de la mémoire peut avoir un effet préventif sur les maladies neuro-dégénératives que chacun craint ?

    JDP - Je l’ai bien précisé lors de la soirée, même si j’ai fait des recherches approfondies sur la mémoire, je ne suis pas thérapeute. Mais je peux répondre à cette question en me basant sur les travaux des spécialistes. Lesquels sont en général prudents, utilisent le conditionnel, sur ce sujet des maladies touchant la mémoire. Mais quand même, il se dégage une constante : la personne qui respecte l’essentiel des conseils que j’ai indiqués tout à l’heure, a de très fortes chances de conserver longtemps ses facultés mnésiques. J’aime bien prendre comme exemple les acteurs, notamment de théâtre. Mais aussi les écrivains. En tout cas ceux qui ont une vie « saine » et qui continuent leur activité cérébrale, qui font travailler leur cerveau de manière intensive malgré leur âge avancé. Leurs facultés intellectuelles, donc leur mémoire, sont intactes. Vous les voyez jouer des pièces chaque soir, écrire des livres, etc… comme si l’âge n’était pas là.

    CAFÉ PHILO - Finalement, il y avait encore plein de choses à dire sur la mémoire après la fin de la soirée !

    JDP - Certainement, nous aurions pu y passer une partie de la nuit l

    Très bientôt, sur ce site, le compte-rendu de cette séance sur la mémoire.


     
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  • POURQUOI LES ENFANTS AIMENT AVOIR PEUR

    Un des sujets préférés des contes pour les juniors restent les angoisses enfantines. Pourquoi ce ressort fonctionne-t-il encore de nos jours?

    536291.jpgLe 20e Salon du livre de jeunesse et de la presse de Montreuil rend hommage au Petit Chaperon rouge à travers l'exposition Dans la gueule du loup. Plus de trois siècles après sa création, le conte s'avère une source inépuisable d'inspiration. Du classique Gustave Doré à la contemporaine Lisbeth Zwerger (Nord-Sud), du résolument stylisé Rascal (Pastel) aux photographies de Sarah Moon (Grasset Jeunesse), cette histoire aux mille et une versions fascine toujours. Pourquoi? Sans nul doute Le Petit Chaperon rouge délivre-t-il un message d'une portée universelle. En soulevant la peur du loup, il enseigne aux petits la méfiance envers l'inconnu. Dans les récits d'antan, la peur était un ressort essentiel de l'éducation. N'avait-on pas recours aux ogres et autres croque-mitaines pour rendre les enfants sages? Un procédé banni des méthodes d'aujourd'hui. Pourtant, les peurs ancestrales restent bien ancrées chez les bambins du troisième millénaire. D'où viennent-elles? Pourquoi nos enfants les subissent-ils encore? Le livre a-t-il toujours un rôle à jouer? Christophe André, médecin psychiatre à l'hôpital Sainte-Anne, à Paris, répond à Lire Junior. Spécialisé dans le traitement de la peur, il vient de signer son huitième livre, Psychologie de la peur (Odile Jacob).

    La peur des enfants est-elle normale?

    CHRISTOPHE ANDRÉ. Oui, elle est une fonction naturelle de l'être humain. Sans la peur, la survie de l'espèce ne serait pas assurée. Certaines peurs sont stockées dans la mémoire génétique de l'espèce: la peur de l'eau, des gros animaux, de l'inconnu, du tonnerre, etc. Elles sont des signaux d'alarme qui mobilisent nos ressources face au danger et jouent donc un rôle d'éducation. Si vous marchez sur un sentier escarpé, la crainte du vide vous empêchera de tomber. Seule exception, les enfants casse-cou! Leur absence de peur les expose davantage aux accidents.

    LA SUITE ICI...

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  • UNE SEMAINE AVANT LA FIN DU MONDE (LE DÉBAT !)

    Le compte à rebours a commencé : il reste une semaine avant la fin du monde… du moins si les prédictions de plusieurs prophètes s’avèrent véridiques.

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    Rien n’est moins sûr : les prophéties apocalyptiques sont légion dans l’histoire de l’humanité : pas moins de 180 comptabilisées (pour en savoir plus, rendez-vous sur ce lien). 

    L’occasion était trop bonne pour le café philosophique de Montargis qui, hasard du calendrier, organisera son prochain débat ce jour-là : pour ce nouveau rendez-vous, il sera moins question de discuter sur cette fin du monde annoncée (signalons au passage que si cette prophétie s’annonce vraie, nous ne serons sans doute plus là pour en discuter !) que de débattre sur un sentiment commun à tout homme : la peur.

    Rendez-vous donc le vendredi 21 décembre 2012 à 19 heures à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée de Montargis pour ce débat intitulé : "Catastrophe ! La fin du monde ? La peur peut-elle être bonne conseillère ?"   

     

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  • FIN DU MONDE 2012 : ET SI GÉRARD PALAPRAT AVAIT VU JUSTE?

    Le calendrier maya annonce la fin du monde pour le 21 décembre prochain. EN 1971, Gérard Palaprat avait lui aussi envisagé cette possibilité.

    "Pour la fin du monde, prends ta valise et va là-haut sur la montagne". Et si cette montagne en question dont nous parle Gérard Palaprat était celle de Bugarach ? Ce petit village situé dans l’Aude serait, selon de nombreuses hypothèses, l’unique endroit au monde pour échapper à la fin du monde prévue pour le 21 décembre prochain.

    Cette chanson composée en 1971 par Gérard Palaprat prend aujourd’hui tout son sens. C’est d’ailleurs à quelques kilomètres de Bugarach, en Lozère, que Gérard avait composé cette chanson.

    LA SUITE ICI...

     
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  • FIN DU MONDE LE 21 DÉCEMBRE 2012 : AU FAIT, QUE DISENT RÉELLEMENT LES MAYAS ?

    Rarement une date et un événement hypothétique (et hautement improbable) aura autant fait parler de lui :

    Films, livres, émissions de télévisions, articles de presse et jusqu’à nos conversations quotidiennes font de ce 21 décembre 2012 une date remarquable. Le café philosophique de Montargis lui-même, qui avait programmé cette date pour son dernier débat de l’année, ne pouvait pas ne pas faire un clin d’œil à cette prophétie aussi inquiétante que troublante. C’est pourquoi le débat de ce jour aura pour thème de discussion la peur ("Catastrophe ! La fin du monde ? La peur peut-elle être bonne conseillère ?").

    Mais au fait, pourquoi cette date du 21 décembre 2012 est-elle devenue celle d’une fin du monde programmée ?

    1.pngCette annonce prend pour hypothèse une inscription (et une seule inscription) maya découverte sur le monument 6 de Tortuguero au Costa Rica, un site modeste dont il reste peu de choses. Ces inscriptions (glyphes) sur une grande dalle verticale ont pour objet les divers épisodes de la vie d’un souverain local du VIIème siècle. Sur un côté de ces scènes sont inscrites ces mentions : "Il adviendra le bak’tum 4 Ahaw 3 K’ank’in". Les dernières mentions de ce texte ont disparu mais il n’est nulle part fait mention de fin du monde. Que veut dire ce texte et pourquoi fait-il couler tant d'encres ?

    Pour répondre à cette question, il convient de se pencher sur le système de calendrier des Mayas.

    Pour ce peuple d’Amérique, apparu vers 2000 avant JC  avant de s’éteindre sous la conquête espagnole (il reste cependant près de 7 millions de Mayas), le temps était cyclique. Le calendrier (tzolk’in) comprenait 260 jours, décomposés en 13 fois 20 jours, nommés par des noms divers (animaux, végétaux et symboles), fastes ou néfastes. C’est cette combinaison de chiffres (de 1 à 13) et de nom qui désignait la qualité ou non de tel ou tel jour. 

    À ce comput, s’ajoutait le calendrier solaire que les Mayas connaissaient bien. Ils divisaient l’année en 18 mois de 20 jours, soit 360 jours. Pour compléter le calendrier solaire, cinq jours "perdus", considérés comme néfastes, étaient ajoutés en fin de cycle. Chaque jour était désigné par le nom du mois auquel on ajoutait un chiffre de 1 à 19. Le dernier jour du mois (le vingtième) était qualifié comme "fondateur" du mois suivant.

    Cette particularité de double calendrier inégal faisait que chaque jour (calculé et nommé de deux manières différentes) se répétait au bout de 18 980 jours (le plus petit multiple commun de 260 et 365), soit 52 années de 365 jours ou encore 73 cycles de 260 jours. La fin d’un cycle était observé avec attention si ce n’est vénération, voire terreur.  

    fin du monde,peur,maya,calendrierÀ ce cycle court, s’ajoutait un compte long organisé lui aussi en cycles. On date sa création à plus de 2500 ans. Ce compte long n’a été découvert qu’au XIXème siècle grâce à l’examen d’inscriptions de l’époque classique (de 250 à 950 environ) composées de colonnes de chiffres ne dépassant jamais 20 et disposés sous un glyphe dit "introducteur". Sur ce document épigraphique, la plus petite unité, en bas de la colonne, désigne le jour (k’in ou "soleil"). Au-dessus, se trouve le mois de 20 jours (winal), puis vient la désignation de l’année (tun ou "pierre"). L’année a une durée de 18 mois soit 360 jours. Au-dessus du tun vient le k’atun (correspondant à 20 tun) et au-dessus du k’atum se situe la plus large et la dernière des unités de ce système : le bak’tun, équivalent à 20 k’atun, soit 400 ans. 

    Ce comput a un point d’origine que les spécialistes font démarrer au 11 août 3114 avant JC. Tout, ensuite, est affaire de mathématiques : au bout du 13ème bak’tun (13 fois 400 ans à partir de cette date originelle), nous dit l’inscription de Tortuguero, un cycle s’achève bien en décembre 2012. Il est probable qu’ensuite commencerait un nouveau cycle et non pas une fin du monde, jamais annoncée de fait à cette date.

    Jusque dans les années 70, la référence d’une fin du monde à cette date n’est d'ailleurs mentionnée nulle part. L’écrivain américain du New Age José Argüelles y fait référence le premier. Il popularise cette idée dans son livre à succès The Mayan Factor (Le Facteur Maya) en 1987. Mais la popularité du 21 décembre 2012 sera surtout le fait du cinéma commercial américain avec le film de Roland Emmerich : 2012, sorti en 2009. Mort en 2011, José Argüelles ne saura jamais si ses prédictions, qu’il doit en partie de ses propres aveux à des prises de LSD, se réaliseront.

    Quant à nous, il nous reste encore une semaine avant de savoir si les supposées prédictions des Mayas vont se concrétiser.

     

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  • VRAIES EXTINCTIONS MASSIVES ET FAUSSES FIN DU MONDE : UN RAPIDE HISTORIQUE

    Chutes de météorites, raz de marées, invasions extraterrestres, retournements des pôles, apocalypses nucléaires, guerres mondiales, chutes de stations spatiales et même... trou noir provoqué par le cyclotron du CERN : l'histoire humaine est riche de prédictions toutes aussi terrifiantes les unes que les autres.

    image fin du monde.jpgA l'heure où de nombrteux mouvements annoncent une fin du monde le 21 décembre prochain - qui sera aussi la date de notre prochain café philosophique consacré à la peur ! - il n'est pas inutile de rappeler que les prévisions et prophéties de tout poil annonçant la fin de l'humanité ont été légion : pas moins de 180 annonces ont émaillé notre histoire - et toutes se sont trompées... Gageons que celle du 21 décembre 2012 en fera partie. Sinon, nous serons tous dans de beaux draps !

    Il n'est par contre pas inutile, pour se faire peur autant que pour se rassurer, de faire un petit historique des vraies extinctions massives survenues sur Terre comme de faire un panorama des petites et grandes prédictions apocalyptiques - un panorama non exhaustif.

    - 500 millions d'années environ (Cambrien) : Disparition d'un grand nombre d'espèces de trilobites, brachiopodes et conodontes.

    - 440 millions d'années environ (entre l'Ordovicien et le Silurien) : Deuxième extinction massive suite à une grande période de glaciation.

    - 365 millions d'années environ (Dévonien) : Troisième extinction massive de 70 % des espèces mais sur une période de plusieurs millions d'années.

    - 250 millions d'années environ (Permien) : Quatrième extinction massive de la presque totalité de la vie sous-marine et de 70 % des espèces terrestres animales et végétales. Il s'agit de l'extinction la plus importante.

    - 200 millions d'années environ (Trias-jurassique) : Cinquième extinction massive de 75 % de la vie marine et de près de 30 % des familles d'animaux. Facturation de la Pangée.   

    peur,fin du monde,apocalypse- 65 millions d'années environ (Crétacé) : Sixième extinction massive de 50 % des espèces, suite à l'écrasement d'une météorite sur Terre dans l'actuel Mexique (Chicxulub).

    - 13 000 ans et après : Extinction de l'Holocène due à la colonisation de la terre par l'homme. Nous sommes toujours dans cette ère.

    VIème siècle avant JC : textes bibliques apocalyptique d'Ezéchiel et de Joël. 

    - 165 : Le Livre de Daniel inaugure réellement le genre apocalyptique. Il décrit l'avènement du royaume messianique à la fin des temps.

    Vers 95 : Apocalypse de Jean de Patmos. Ce texte qui conclue le Nouveau Testament annonce la fin des temps et l'avènement du Royaume de Dieu. Plusieurs interprétations ont cours sur ce texte obscur (explications symbolistes, historiques, prétéristes et futuristes).

    1000 : Grande peur de la fin du monde, considérée après coup par des médiévistes comme largement surévaluée.

    1260 : Panique provoquée par les "flagellants" à l'approche d'une fin du monde.

    1525 : Le pasteur millénariste Münzer lance une révolte de paysans contre le Saint Empire Romain Germanique afin de créer une théocratie à l'imminence du Jugement Dernier. Sa révolte est vaincue et Münzer est mis à mort.

    5 avril 1534 : Persuadé que cette date marque la fin du monde, le prédicateur néerlandais Jan Matthijs provoque les autorités catholiques qui assiègent Münster où il s'est enfermé avec des fidèles. Jan Matthijs meurt écartelé.

    1555 : Première édition des Centuries astrologique de Nostradamus dont les prédictions s'arrêtent en 3797.

    1898 : Sortie de La Guerre des Mondes du Britannique HG Wells.

    1910 : Le passage de la comète de Halley suscite la panique.

    peur,fin du monde,apocalypse30 octobre 1938 : Orson Welles provoque un mouvement de terreur aux Etats-Unis en raison de la vraisemblance de sa fiction radiophonique inspirée du livre La Guerre des Mondes (photo). 

    1947 : Création à Chicago de l'horloge de l'Apocalypse où "minuit" représente la fin des temps. En 2012, son cadran affiche 23h55.

    1960 : Le physicien Heinz von Foerster prédit que le nombre d'habitants en 2026 rendra la vie sur terre impossible.

    1962 : Crise des missiles de Cuba d'une gravité telle que le monde faillit basculer dans une guerre nucléaire entre les Etats-Unis et l'URSS.

    1978 : Le gourou Jim Jones, hanté par le spectre de l'apocalypse, entraîne ses 914 membres dans un suicide collectif.

    1993 : Incendie de Waco et mort de 82 fidèles de la secte des Davidiens dirigée par le gourou David Koresh.

    1999 : Le couturier Paco Rabanne annonce la fin du monde pour le 11 août, à l'occasion de l'éclipse solaire.

    2000 : A l'occasion du passage au nouveau millénaire, aucune prédiction catastrophique n'a lieu.

    11 septembre 2001 : L'attentat contre le Wall Trade Center fait craindre une nouvelle guerre mondiale.

    peur,fin du monde,apocalypse2007 : Le roman post-apocalyptique La Route de Cormac McCarthy reçoit le prix Pulitzer. Il sera adapté par la suite au cinéma (photo). Voir aussi ce lien au sujet du livre et cet autre lien au sujet du film.

    L'Union internationale pour la conservation de la nature évalue qu'une espèce d'oiseaux sur huit, un mammifère sur quatre, un amphibien sur trois et 70 % de toutes les plantes sont en péril.

    2008 : Inquiétudes autour de la mise en service de l'accélérateur de particules du CERN qui pourrait provoquer la création d'un trou noir.

    2009 : Le film 2012 de Roland Emmerich popularise et commercialise l'hypothèse selon laquelle les Mayas auraient prédit la fin du monde pour le 21 décembre 2012. 

    Sur cette page, retrouvez d'autres prédictions.

     

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  • UN SIÈCLE DE PHILOSOPHIE

    13534117682_GDSH_29_258.jpgLe café philosophique de Montargis souhaite faire un coup de projecteur sur le numéro de décembre 2012-janvier 2013 des "Grands Dossiers des Sciences Humaines". Ce numéro passionnant est consacré à un siècle de philosophie. Henri Bergson, Hanna Arendt, Jean-Paul Sartre, Albert Camus, Michel Foucault mais aussi Ludwig Wittgenstein, Jürgen Habermas, Carol Gilligan ou Peter Sloterdijk font l'objet d'articles synthétiques présentant leurs oeuvres principales et leurs apports à la philosophie. 

    Ce numéro de vulgarisation sur des oeuvres parfois difficiles d'accès est forcément incomplet et subjectif mais il ravira les curieux de la philosophie et leur donnera envie d'aller plus loin.

    En vente en kiosques 

     

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  • LA PRESSE PARLE DE NOTRE DERNIÈRE SÉANCE SUR LA MÉMOIRE...

    L'édition montargoise de la République du Centre (datée du 3 décembre 2012) se fait l'écho du dernier débat en date qui avait lieu le vendredi 30 novembre ("Mémoire, mémoires...").

    Pour en savoir plus, rendez-vous sur ce lien.

    Un grand merci bien entendu à la République du Centre pour ce coup de projecteur !

     

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