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Café philosophique de Montargis - Page 57

  • LE DERNIER HORS-SÉRIE DE "PHILOSOPHIE MAGAZINE"

    Le magazine Philosophie Magazine vient de sortir son dernier hors-série consacré aux philosophes face au nazisme. 

    couv_philomag-230x300.jpgCe numéro important et passionnant revient sur la manière dont la philosophie et les philosophes ont été confrontés à l'idéologie nazie. 

    Ce hors-série s'interroge par exemple avec justesse sur la lame de fond qu'a constitué l'Allemagne hitlérienne : comment le pays de Kant ou de Hegel a-t-il pu donner naissance à la folie meurtrière du nazisme ? 

    Ce numéro collectif retrace également la manière dont les philosophes de l'époque ont interprété (ou pourquoi ils ne l'ont pas ou mal fait !) les événéments de cette époque. De ce point de vue, la notion de responsabilité morale prend tout son sens. 

    Outre de nombreux extraits de philosophes, ce numéro est surtout intéressant pour les éclairages qu'il porte sur telle ou telle notion : l'antisémitisme dans l'histoire allemande, la pensée nazie, l'influence (vraie ou pas) de Nietzsche, Sartre et l'engagement, la métaphysique et la question de Dieu après Aushwitz. Une large partie de ce numéro - on ne s'en étonnera pas - est également consacrée à Martin Heidegger et à Hannah Arendt, deux figures majeures de la pensée, chacunes confrontées à leur manière à une idéologie que l'on ne finit pas de découvrir.

    Un numéro qui passionnera autant les passionnés d'Histoire que ceux de philosophie.

     

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  • GIORGIONE ET L'ÉNIGME DES TROIS PHILOSOPHES

    Giorgione Les trois philosophes.jpg

    On sait peu de chose de la vie de Zorzo da Castelfranco, dit Giorgione. Né en Vénétie vers 1478, il meurt prématurément de la peste à  Venise en 1510. Seules une trentaine de ses oeuvres nous sont connues, dont l'attribution fait encore l'objet de controverses.

    Le tableau que nous avons choisi comme emblème de Sophie's Lovers porte traditionnellement le titre Les Trois philosophes. Il date de la période de pleine maturité de l'artiste — un ou deux ans avant sa mort — et témoigne bien de sa manière si subtile d'intégrer la figure humaine au paysage. Pour les besoins de notre page d'accueil, nous avons dû en réduire les proportions, l'illustration ci-dessous permet de mieux les apprécier.

    Comme dans son tableau le plus célèbre — et aussi le plus énigmatique — La Tempête, Giorgione accorde une place importante aux éléments naturels qui occupent ici près des trois quarts de la composition. Les trois personnages sont rassemblés dans la partie droite et le plus jeune d'entre eux, vu de profil, semble absorbé dans la contemplation d'une grotte ou d'une caverne.

    Que peut bien représenter cette scène ? Qui sont ces trois personnages ?...

    LA SUITE ICI...

    Source : Sophie's Lovers

     

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  • MERCI AUX PARTICIPANTS DE LA DERNIÈRE SEANCE

    applause.gifMerci aux participants de la séance du café philosophique qui avait lieu le vendredi 24 février 2012. 

    Le débat avait pour titre : "L'école sert-elle à enseigner ou à éduquer ?"

    55 participants étaient présents. Merci à eux. 

    Bientôt, sur ce site, le compte-rendu de cette séance.

    Prochain débat le vendredi 30 mars 2012 à 18H30 à la brasserie du centre commercial de la Chaussée. Le sujet choisi aura pour titre : "Peut-on être jeune et heureux ?" Il s'agira d'un café philo spécial car pour l'occasion des élèves de Terminale L du Lycée Saint-François-de-Sales de Gien seront invités

    A bientôt !

    Affiche de la prochaine séance

    Flyer de la prochaine séance


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  • PROCHAIN CAFÉ PHILOSOPHIQUE

    prochainement.gifLe prochain café philosophique de Montargis se tiendra ce soir, vendredi 24 février, à partir de 18H30 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée.

    Cette nouvelle séance portera sur ce sujet : "L'école sert-elle à enseigner ou à éduquer ?"

     

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  • LA GAUCHE HÉGÉMONIQUE CHEZ DES ENSEIGNANTS DU PUBLIC CRISPÉS

    sondage politique.jpgLes enseignants ont l'intention de voter massivement et efficacement à gauche. C'est la principale leçon du sondage réalisé par l'IFOP pour Le Monde. Au premier tour de l'élection présidentielle, le 22 avril, 46 % des 712 enseignants représentatifs interrogés du 13 au 15 février, comptent voter pour le candidat socialiste François Hollande. Et au second tour, 79 % de ces enseignants du primaire, des collèges et des lycées ont l'intention de faire ce même choix. Le candidat Nicolas Sarkozy, lui, recueillerait 12,5 % de leurs suffrages au premier tour du scrutin et 21 % au second. Voici les sept leçons qui se dégagent de cette enquête, à 60 jours du premier tour.

    "Il n'y a pas d'autre catégorie professionnelle où 8 électeurs sur 10 ont l'intention de voter pour un même candidat au second tour. En 2007, les agriculteurs avaient opté à 70 % pour M. Sarkozy, et c'était exceptionnel", rappelle Jérôme Fourquet, directeur du département opinions à l'IFOP.

    Double prouesse, donc, pour le candidat socialiste. D'abord parce que ce taux est très élevé. Ensuite parce que François Hollande peut se targuer d'avoir réconcilié le corps enseignant avec le PS. Ses 46 % d'intentions de vote au premier tour sonnent comme une vraie victoire, si l'on se souvient que Ségolène Royal n'avait recueilli que 31,5 % du suffrage enseignant en 2007 et Lionel Jospin, 16 % en 2002.

    "Cette catégorie professionnelle, championne de la dispersion des voix aux deux précédents [scrutins] présidentiels, a décidé cette fois de jouer l'efficacité pour être sûre de ne pas retrouver Nicolas Sarkozy", estime l'analyste. Plus que d'une adhésion au projet socialiste, François Hollande bénéficie de la volonté d'en finir avec ce que les enseignants estiment être la "casse de l'école"...

    LA SUITE ICI...

    Source : Le Monde

     

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  • L’ÉCOLE SERT-ELLE À ENSEIGNER OU À ÉDUQUER ?

    Le prochain débat du café philosophique de Montargis aura lieu cette semaine, le vendredi 24 février à 18H30 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée. Cette séance aura pour titre : "L’école sert-elle à enseigner ou à éduquer ?"

    café philosophique,café philosophique de montargis,montargis,cafe philo,cafe philosophique,philosophieÀ cette question, qui prend une résonance particulière en cette période électorale, il serait aisé de répondre que ces deux fonctions sont indissolublement liées à l’école. Mieux, elles paraissent ne pouvoir se différencier l’une de l’autre. Est-ce si simple ? Enseigner c’est, littéralement, "marquer d’un signe". C’est développer un ensemble de connaissances, afin de rendre l’apprenant autonome, adulte, citoyen. Au départ, l’enseignement mêle instruction d’un savoir et éducation. Il s’agit d’élever l’apprenant (élève). Pourtant, il semblerait que ce métier soit de plus en plus décrit comme difficile par ceux qui l’exercent (selon M. Pochard, Livre vert sur l’évolution du métier d’enseignant, 2008 : "46% des enseignants du premier degré et 39% de ceux du second degré disent songer à quitter ce métier en raison du stress qu'il engendre", rapport en ligne sur ce lien) et mal fait par ceux qui le subissent. Alors, quel est le rôle de l’école ? Quel rapport doit-elle entretenir avec l’éducation parentale ? Ce rôle n’est-il pas en profond bouleversement ? Faut-il faire bouger "le mammouth" ? Est-ce possible ? Y a-t-il une perte d’autorité de nos professeurs ? Si oui comment la rétablir ? Le faut-il ? Le politique doit-il intervenir ? Quel est le rôle de l’école dans nos sociétés ? La culture générale, âprement débattue récemment, a-t-elle encore sa place ?  

    Claire et Bruno proposent à tous de venir débattre de ces points – et de bien d’autres encore – le vendredi 24 février à 18 h 30 lors du prochain café philosophique de Montargis, à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée. Participation libre et gratuite.

    Renseignements : cafephilo.montargis@yahoo.fr

     
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  • COMPTE RENDU DE LA DERNIÈRE SÉANCE

    Thème du débat : "Vivre seul(e) ou mal accompagné(e) ?" Débat sur cette question : "La vie est-elle trop courte pour s'ennuyer avec quelqu'un qui n'en vaut pas la peine ?" 

    Date : 27 janvier 2012 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée.

    Pour cette vingtième séance, et la première de l’année 2012, le café philosophique de Montargis rassemblait un public particulièrement nombreux – environ 70 personnes. Sans doute le titre et le thème de cette séance n’étaient-ils pas étrangers à cette affluence : "Vivre seul(e) ou mal accompagné (e) ?" Bruno précise que ce sujet, choisi lors de la séance de décembre et proposé d’ailleurs par un participant, porte en réalité sur cette question : "La vie est-elle trop courte pour s'ennuyer avec quelqu'un qui n'en vaut pas la peine ?"

    Claire et Bruno commencent le débat par un tour de table. À la question de savoir – comme le dit l’adage – s’il vaut mieux vivre seul que mal accompagné, une participante répond par l’affirmatif, tant il est vrai, ajoute-t-elle, qu’une vie à deux ne peut se concevoir sans épanouissement personnel. Sans cet épanouissement, à quoi bon s’évertuer à continuer avec un homme ou une femme ? Cela ne dispense en outre pas d’être accompagné, si ce n’est d’un compagnon ou d’une compagne, d’amis ou de relations plus éphémères, a fortiori si cette vie sociale de célibat assumée apporte bonheur et accomplissements personnels. Un autre participant, en écho à cette intervention, donne un autre son de cloche. Il souligne la difficulté à porter un jugement définitif sur la personne qui sera amenée à partager notre vie. Il prend pour exemple l’opéra de Mozart La Flûte enchantée : l’oiseleur Papageno désespère à l’idée de devoir se marier avec une sorcière hideuse, jusqu’à ce que, miraculeusement et à son grand bonheur, cette future épouse honnie se transforme en délicieuse Papagena, l’âme sœur de Papageno (vidéo ici).

     

    Une troisième intervenante souligne la difficulté de former un couple, tout en considérant que vivre seul ne peut se concevoir dans la durée. Le célibat paraît être une situation sociale non pérenne. Ce qui ne veut pas dire que vivre en couple le soit obligatoirement : plus qu’il y a quelques années, la vie à deux devient compliquée (pour aller plus loin, cliquez ici) et il n’y a pas de doute que la transformation idyllique de Papagena peut être vécue bien différemment : celui ou celle qui partage sa vie, considéré(e) au début comme son âme sœur, peut, avec les années, s’avérer être un compagnon ou une compagne bien encombrante. Accepter de faire sa vie avec un homme ou une femme ne va donc pas forcément de soi. 

    Cela nous amène à nous demander, s’interroge Claire, si nous ne sommes pas faits pour vivre seuls ("Il n’est pas bon que l’homme soit seul", lit-on dans le premier livre de la Genèse) :  "L’homme est un animal politique" écrit Aristote (Politiques, I, 1). Dès lors, qu’attendons-nous d’autrui ? Quelle est la fin de notre relation ? Quel est notre intérêt à vivre avec tel(le) ou tel ? Cette relation peut-elle être désintéressée ?

    Un participant suggère que le mot "intérêt" a certainement pris tout son sens dans les millénaires qui nous ont précédés ; il est d'ailleurs encore présent de nos jours. Bien souvent, c’est le gain qui est recherché et lorsque ce gain se fait inférieur à ce que l’on donne, on rompt. Il semble que la relation avec l’autre, dans nos sociétés modernes, soit fondée  sur une recherche de plaisir : il doit être présent sinon la relation perd son sens…

    Celui ou celle qui m’accompagne ne déboule pas dans ma vie simplement par hasard. Nombre de psychologues sont d’accord pour dire que la personne avec qui je choisis de partager ma vie vient en résonance avec mon passé comme avec mes attentes, ici et maintenant. 

    L’amour ne peut-il exister que par l’intérêt que la relation amoureuse m’apporte ? À ce sujet, Claire évoque l’exemple concret d’un couple actuel (documentaire "Couple : quand l'autre change de visage") qui s’est reconstruit de manière troublante : après des années de vie commune, ponctuées de fréquents déplacements à l’étrangers d'un homme, militaire de carrière,  ce dernier décide de se séparer de sa femme au moment de sa retraite. Problème – hélas ! – classique de notre société dans laquelle un mariage sur trois se conclut par un divorce… (pour aller plus loin, cliquez ici) Alors que le divorce est sur le point d’être prononcé, un médecin apprend à l’homme que sa femme (bientôt sa "future ex-femme") est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Contre toute attente, l’homme décide de rester avec cette dernière, mû par un sentiment autre que l’amour. Il s’agit d’une forme de reconnaissance. Reconnaissance de l’autre, de cet autre précis et singulier comme ayant donné et donnant encore un sens, le sens que je souhaite, à celui ou celle que je suis.

    Il y a en effet un rôle conséquent de l’autre dans celle ou celui que je suis ; ne me définit-il pas ? Au-delà des désirs et plaisirs charnels, la relation amoureuse n’est-elle pas celle où je m’expose tout entière, attendant que celui avec qui je vis me reconnaisse telle que je cherche à être : aimé(e) d’un autre, existant à travers ou dans ses yeux.

    "Ne confond-on donc pas "amour" et "désir" ?" s’interroge un participant. Il est patent que l’homme est aujourd’hui principalement devenu un être de désir. Notre société de consommation le pousse d’ailleurs à cet état de fait. Ce désir, qui est omniprésent dans la vie d’un jeune couple, s’amenuise avec les années. Et ce qui fait tenir un couple dans la durée c’est bien un amour désincarné et non pas un désir évanescent. Bruno va dans ce sens, ajoutant que l’on touche là le centre de la problématique du sujet de ce soir : "La vie est-elle trop courte pour s'ennuyer avec quelqu'un qui n'en vaut pas la peine ?" L’ennui – qui est par définition l’absence de désir – serait une justification suffisante de la désagrégation du couple.

    Ce mal absolu dans la vie à deux – ou du moins présumé tel – invite plusieurs participants à discuter autour du sexe – en se gardant bien de tout jugement moral, comme le souligne un participant. Sans doute, là, touchons-nous un point névralgique! Vivre à deux, demande Claire, implique une acceptation de l’abandon d’une liberté. C’est toute l’histoire de ces couples libertins. Une telle acceptation signifie aussi la mutilation d’une partie de ma liberté (n’est-ce pas toute la thèse du sulfureux Marquis de Sade ?).

    Alors, l’homme s’il est politique (selon Aristote), est-il naturellement fidèle ? Le véritable amour doit-il être exclusif ?

    Claire évoque Jean-Paul Sartre dans son questionnement sur l’aliénation qu’apporte mon amour passionné pour autrui : "Il arrive qu'un asservissement total de l'être aimé tue l'amour de l'amant… [L’amant] veut être aimé par une liberté et réclame que cette liberté comme liberté ne soit plus libre. Il veut à la fois que la liberté de l'Autre se détermine elle-même à devenir amour (…) et, à la fois, que cette liberté soit captivée par elle-même, qu'elle se retourne sur elle-même, comme dans la folie, comme dans le rêve, pour vouloir sa captivité. Et cette captivité doit être démission libre et enchaînée à la fois entre nos mains", L'Être et le Néant). Comme souvent, en se liant à autrui au sein d’un couple, le piège se renferme sur sa propre liberté.

    Reste à considérer une forme d’amour considérée par les Grecs comme plus noble que toutes : l’amitié. La philia ne s’encombre pas du pathos.  Ne serait-ce pas vers celle-ci que nous souhaiterions aller ? Parlant de l’amour, Socrate pose cette question à Lysis: "Mais que leur as-tu donc fait pour qu'ils t'empêchent avec tant de rigueur d'être heureux et de faire ce qu'il te plaît, pour qu'ils te tiennent toute la journée dans la dépendance de quelqu'un, en un mot dans l'impossibilité de faire à peu près rien de ce que tu peux désirer ?" Il faut au contraire, selon,  Socrate  s'efforcer de rendre humbles ceux que l’on aime plutôt que les louer immodérément par des poèmes... (Lysis)

    Combien peut être éloignée de cet idéal une vie de couple, parfois faite de frustrations ou, pire, de non-dits ! Une participante convient que la gestion de la vie à deux doit être un combat de chaque instant et que ce combat est aussi fait d’écoutes et de compromis. Elle ajoute que dans la vie à deux peut intervenir un facteur important : l’enfant ou les enfants. Encore ne faut-il pas qu’ils soient des alibis mais au contraire un ciment bienfaiteur. Le résultat de ces efforts – écoutes mutuelles et compromis – en vaut véritablement la chandelle, ajoute-t-elle. Il est aussi vrai que cet appel à la mesure peut choquer le discours ambiant : l’amour ne devrait-il être que passionné ? Une nouvelle preuve de la "dictature des passions", acquiesce Bruno, qui renvoie du même coup à un débat antérieur du café philosophique de Montargis (en savoir plus ici).

    Un autre participant propose de revenir sur la phrase à l’origine du débat : "La vie est-elle trop courte pour s'ennuyer avec quelqu'un qui n'en vaut pas la peine ?" Voilà une question particulièrement virulente qui fait peu cas justement de ce partenaire qui partage ma vie, juge-t-il ! Il serait à l’origine de cet ennui déflagrateur de mon couple. Or, si problème il y a (cet ennui en l’occurrence), ne viendrait-il pas justement de moi et de personne d’autre ? Par ailleurs, ajoute Bruno sous forme de boutade, cette proposition qui a été à l’origine du débat de ce soir, est sans doute erronée : vivre avec une personne ennuyeuse peut rendre au contraire la vie extrêmement longue !

    Il est question dès lors de se regarder et de s’étudier plutôt que de juger l’autre. Une participante rappelle que le couple ne sera déstructuré et destructeur que si l’on accepte et même travaille à ce qu’il le soit. Un autre participant affirme dès lors que pour réussir son couple, il faut d’abord savoir ce que l’on veut et est prêt à accepter ou pas d’autrui. Conscient que l’image que l’autre me renvoie est primordiale pour celle que je suis vraiment, j’ai à exiger que ma relation à l’autre, ma manière de l’aimer soit aussi déterminante de celui ou celle que je suis. Dès lors, la relation à l’autre doit révéler, davantage que l’autre lui-même, mon identité.

    L’amour c’est donc d’abord voir l’autre comme sa finalité, non comme un moyen pour parvenir à un accomplissement. En le considérant ainsi, je m’élève au-dessus d’un simple rapport charnel pour entrer dans une relation de partage et d’échange, forcément salvatrice en qu’elle m’apprend qui je suis et qui est l’homme, elle fonde l’humanité. 

    C’est sur cet appel à chercher au fond de soi cet ennui destructeur et à accepter de l’autre ses différences que s’achève ce vingtième café philosophique. 

    La soirée se termine par le vote du sujet de la séance du 24 février 2012. Le choix se porte sur ce débat : "L’école sert-elle à enseigner ou à éduquer ?"

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  • UN COUP DE PROJECTEUR VENU DES ANTILLES

    actu philo.pngLe café philosophique de Montargis a les honneurs du blog Actu Philo

    Un petit mot sur Actu Philo. Ce site Internet né en Guadeloupe, a pour objectif d"informer sur l’actualité philosophique, notamment rendre compte des publications, des conférences, des colloques… Actu Philo a également l’ambition de proposer un espace de dialogue et de partage sur ce que donne à penser l’actualité." 

    Merci à Actu Philo et à son responsable, Hervé Moine.

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  • PROCHAIN CAFÉ PHILOSOPHIQUE LE 24 FÉVRIER 2012

    Sans titre.pngLe prochain café philosophique de Montargis se tiendra le vendredi 24 février prochain 18H30 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée.

    Il aura pour titre : "L'école sert-elle à enseigner ou à éduquer ?

    A bientôt.

     

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  • MERCI AUX PARTICIPANTS DE LA DERNIÈRE SEANCE

    applause.gifMerci aux participants de la 20ème séance du café philosophique qui avait lieu le vendredi 27 janvier. 

    Le débat avait pour titre : "Vivre seul(e) ou mal accompagné(e) ?" Les participants étaient invités à discuter de cette question : "La vie est-elle trop courte pour s'ennuyer avec quelqu'un qui n'en vaut pas la peine ?" 

    Cette soirée philosophique a pour le moins inspiré les participants qui étaient venus  en nombre - pas moins de 70 personnes !

    Merci à eux. 

    Bientôt, sur ce site, le compte-rendu de cette séance.

    Prochain débat le vendredi 24 février 2012 à 18H30 à la brasserie du centre commercial de la Chaussée. Le sujet choisi aura pour titre : "L'école sert-elle à enseigner ou à éduquer ?

    A bientôt !

    Affiche de la prochaine séance

    Flyer de la prochaine séance


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  • PROCHAIN CAFÉ PHILOSOPHIQUE LE VENDREDI 27 JANVIER

    Nous vous donnons rendez-vous le vendredi 27 janvier, à 18H30 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée.

    Cette vingtième séance du café philosophique de Montargis est intitulée "Vivre seul(e) ou mal accompagné(e) ?" et proposera de discuter de cette question : "La vie est-elle trop courte pour s'ennuyer avec quelqu'un qui n'en vaut pas la peine ?"

    Participation libre et gratuite.


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  • CE QUE MADELINE A FAIT EN 2011...

    Durant l'année 2011, une jeune Américaine, Madeline, a filmé pendant un an, quotidennement, à Los Angeles et ailleurs, quelques instants de sa vie. Elle en a tiré un montage de 365 courtes séquences d'une seconde. Le résultat est cette vidéo, This is what Madeline did in 2011 : de courts instants de bonheur, seule, avec sa famille ou ses amis. Voici ce qu'elle dit sur son travail : "J'espère que cette vidéo vous donnera envie de chérir chaque jour de votre vie et de trouver des beaux et des bons moments même dans les pires journées..."

    Egalement sur ce lien : http://vimeo.com/34874881

     

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  • UNIVERS SURRÉALISTES ET DÉLIRES PHILOSOPHIQUES

    castafiore7.jpg

    Du vert, beaucoup de vert, un immense plateau vert pomme sur lequel évoluent d’énigmatiques vibrions colorés eighties, de la perruque et de la fringue décalée, six danseurs loufoques réunis donc dans un Système Castafiore plus vivant que jamais, et totalement déjanté.

    Karl Biscuit et Marcia Barcellos signent là une pièce millimétrée, explosive mais parfaitement maîtrisée. Composée de quatre-vingt personnages interprétés simultanément ou successivement par les six danseurs-acteurs du Système, cette encyclopédie élégamment Tatiesque utile le matériau sonore pour incarner la multitude de ses personnages chorégraphiés : fragments d’interviews france-cul, boucles radios d’un autre monde, extraits de films ou de séries tv, ces sources sonores mimées par les acteurs sont drôles, décalées, impeccablement ludiques, le tout dans une succession étourdissante d’apparitions-disparitions où la virtuosité des danseurs est servie par l’imagination débridée de la mise en scène.

    Pas de temps mort donc pour ce ballet très Monsieur Hulot, ultraspeedé, composé d’une mulitude de plans et d’arrières plans où rien n’est immobile, où se passe toujours quelque chose, si possible de parfaitement incongru. Cette Encyclopédie bruitiste et glamour se construit de fulgurances visuelles et de télescopages de sens, elle étalonne et mixe, organisant son déroulement mécanique de ballet futuriste comme un gigantesque cut-up sans fin, un collage magistral.

    C’est un regard parfaitement cynique jeté sur notre monde contemporain que nous propose cette encyclopédie-là, un digest de l’inanité du speed de nos sociétés, toujours plus véloces, rapides, agitées pour toujours moins de matière et de sens. Le remarquable travail sonore servant à merveille l’extravagante chorégraphie et le jeu brillant de ce petit ballet tout fou.

    Un spectacle très visuel, à la limite de la performance et toujours éminemment plastique. Même si le décor, le cadre plutôt, est résolument ascétique, minimaliste, le foisonnement des costumes, perruques et accessoires très colorés années 80, quasi Deschiens par moments, s’accorde extraordinairement avec le chromatisme sonore des archives, voix éclatées, voix multiples et parfois d’outre-tombe, extraits de conférences ou de talk-shows pontifiants, onomatopées et verbiages, tout y est pour tisser un croisement monstrueux de signes et de sens qui forment patiemment cette toile envoutante, réglée pour un format idéal : 65 minutes de pur délice qui se termine, comme il se doit, par la voix tressautante du Momo pour en finir avec le jugement de Dieu. Belle conclusion et aimable clin-d’œil au plus vital de nos poètes.

    Installée dans l’arrière-pays niçois, la compagnie était l’invitée des Hivernales d’été du festival, dont elle illustrait les visuels. Une belle proposition qui nous amenait à penser la danse contemporaine comme autre chose qu’un laboratoire un peu glacé, mais plutôt comme une fête où humour et émotion servent superbement un programme chorégraphique exigeant et une expérimentation riche en potentiel poétique. Que la Castafiore continue donc longtemps de rire en son mirroir !

    Marc Roudier 2008 (Avignon Off)


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  • PROCHAIN CAFÉ PHILOSOPHIQUE LE 27 JANVIER 2012

    herazeus.jpgLe prochain débat du café philosophique de Montargis aura lieu cette semaine, le vendredi 27 janvier à 18H30 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée. Le thème de cette séance, qui aura pour titre "Vivre seul(e) ou mal accompagné(e) ?", proposera de répondre à cette question : "La vie est-elle trop courte pour s'ennuyer avec quelqu'un qui n'en vaut pas la peine ?"

    Après avoir cherché le sens de sa vie durant plusieurs années, s’être affranchi de la société de consommation américaine, avoir fait fi de toutes les convenances, abandonné son diplôme, sa famille ou sa fiancée, Chris McCandless, aventurier américain devenu célèbre grâce au film de Sean Penn Into the Wild, a écrit en guise d’épitaphe : "Le bonheur ne vaut que s’il est partagé".

    Les participants du prochain café philosophique de Montargis seront invités à répondre à cette question. S’arrêter sur l’adage populaire qui affirme – peut-être un peu vite ? – qu’il vaut mieux vivre seul que mal accompagné c’est aussi se poser d’autres interrogations : l’être humain peut-il se passer d’autrui ? Quel est le rôle de ce dernier pour moi ? Est-il le sens de ma vie ou me gêne-t-il, m’encombre-t-il ? Peut-on parler d’Amour vrai et véritable ? Comment aimer absolument et de façon désintéressée ?

    Claire et Bruno proposent à tous de venir débattre de ces questions le vendredi 27 janvier à 18 h 30 lors du prochain café philosophique de Montargis, à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée. Participation libre et gratuite.

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  • LES 300 ANS DE JEAN-JACQUES ROUSSEAU

    portrait_rousseau_lacretelle.jpgCela fait des mois que, de la télévision à l’université, de l’inititative privée au grand spectacle, du débat pointu à la conversation autour d’un buffet campagnard, de l’Ile Saint-Pierre à New York, la Suisse bruisse de Rousseau.

    Le tricentenaire Rousseau? On aimerait écrire Rousseau avec un x final, pour marquer le pluriel. Celui de la multitude des facettes du Jean-Jacques que la Suisse s’apprête à célébrer. La Confédération étant une mosaïque où une grande part de la culture se décide à l’échelle des villes et des cantons, pas de programmation centralisée. Pas de figure «officielle» du personnage célébré...

    LA SUITE ICI...

    Source : Le Temps

     

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  • COMPTE RENDU DE LA DERNIÈRE SÉANCE

    Thème du débat : "Les riches le méritent-ils ?"

    Date : 9 décembre 2011 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée.

    Environ 50 personnes étaient présentes pour cette nouvelle séance du café philosophique intitulée "Les riches le méritent-ils ?"

    Une fois n’est pas coutume, cette séance commence par un blind test consacré au sujet de cette soirée :

    1.    Qui a dit : "Celui qui n’a pas une Rolex a cinquante ans a quand même raté sa vie !" ? Réponse : Jacques Séguéla

    2.    Qui a dit : "Avoir beaucoup vu et ne rien avoir, c’est avoir les yeux riches et les mains pauvres" ? Réponse : William Shakespeare

    3.    Qui est l’auteur des Recherches sur la nature et les causes de la Richesse des Nations… ? Réponse : Adam Smith (économiste écossais, 1723-1790)

    4.    Qui a dit : "Le premier qui, ayant enclos un terrain, s’avisa de dire : "ceci est à moi" et trouva assez de gens simples pour le croire fut le vrai fondateur de la société civile." ? Réponse : Jean-Jacques Rousseau

    5.    Quel cinéaste et intellectuel français est l’auteur de L’Argent ? Réponse : Robert Bresson

    6.    Qui a dit : "L'expérience prouve que jamais les peuples n'ont accru leur richesse et leur puissance sauf sous un gouvernement libre." Réponse : Nicolas Machiavel

    7.    Quel philosophe considère la richesse comme l’un des trois bienfaits de l’humanité (avec la santé et la beauté) ? Réponse : Platon

    8.    Qui a dit : "Les hommes sont mille fois plus acharnés à acquérir des richesses que la culture , bien qu’il soit parfaitement certain que le bonheur d’un individu dépend bien plus de ce qu’il est que de ce qu’il a" ? Réponse : Arthur Schopenhauer

    9.    Qui a dit : "La valeur diffère donc essentiellement de la richesse car elle ne dépend pas de l’abondance, mais de la difficulté ou de la facilité de production." Réponse : Karl Marx

    Le gagnant repart avec le nouvel ouvrage de Thomas Cathcart et Daniel Klein, Kant et son Kangourou franchissent les Portes du Paradis : Petite Philosophie de la Vie (et après) par les blagues. Félicitations à lui.

    Le débat de ce soir commence par un tour de table sur le sujet de ce soir, un sujet qu’une participante trouve polémique et problématisant mal un débat sur la richesse. Bruno répond que l’objectif d’une telle question ("les riches le méritent-ils ?", et qui sous-entendrait que les pauvres le mériteraient également...) est bien entendu de jouer la provocation. Notre café philosophique a pour habitude de proposer des sujets volontairement malicieux et de faire de ses rendez-vous des lieux de débat et non des smples cours de philosophie. Claire ajoute que l’objectif n’est pas de jeter aux gémonies les riches – une situation que certains souhaiterait atteindre alors que ces mêmes personnes seraient les premières à  se féliciter de faire fortune – mais bien de s’interroger sur la place du mérite. Il y a matière à s’interroger sur cette équation qui conduirait une personne digne d’éloge, de considération et de valeur morale à accéder à une fortune matérielle. Cette équation est-elle encore recevable de nos jours?

    Claire ajoute que les riches peuvent se caractériser dans trois grands groupes distincts : les héritiers d’une part (ce sont les Bettencourt, les Lagardère ou les Rothschild), les entrepreneurs ou hauts salariés d’autre part (chefs d’entreprise, actionnaires, traders, hauts fonctionnaires et cadres supérieurs) et enfin les personnes dotées d’un talent hors du commun (ce sont les grands artistes mais aussi certains sportifs de haut niveau). Il se trouve que le poids de ces riches ou "super riches" prend une place de plus en plus considérable. Le classement Forbes 2011 est marqué par un double record : celui du nombre de milliardaires d’une part (1210) et celui des fortunes cumulées d’autre part (4500 milliards de dollars). (Plus d'infos ici)

    Alors, les riches peuvent-ils mériter ces fortunes ?

    En réponse à cette question provocatrice, un débattant répond avec la même malice que les riches méritent certainement non seulement de l’être mais en plus de savoir conserver leur richesse intacte ! Ils mettent en tout cas beaucoup d’énergie et de talent à se soustraire à toute ponction financière (impôts, taxes ou autre). Il n’en reste pas moins vrai, ajoute-t-il, que l’acquisition de la richesse pose assurément question et débat, dans un monde où les inégalités ne cessent de croître. L’acquisition de la fortune obéit certes à des règles – une bonne scolarité, le travail, un environnement favorable – mais la part de l’opportunité, pour ne pas dire du hasard, jouent un rôle capital. C’est toute l’histoire des fortunes créées grâce aux nouvelles technologies (les Mark Zuckerberg et autres Steve Jobs).

    Parler du seul mérite dans la création de richesses, dit au autre participant, c’est oublier que dans un monde technologique les richesses sont aussi créées de manière ultra sophistiquée. C’est l’exemple de ces sociétés de bourse générant des actes d’achat et de vente à l’aide de logiciels performants où l’intervention de l’homme reste minime (système automatisé intégral).

    Bruno fait un aparté pour s’interroger sur le seuil à partir duquel on peut considérer tel ou tel comme riche. Il existe une définition statistique (en savoir plus ici). À l’instar du seuil de pauvreté qui correspond à 40 ou 60 % du revenu médian, le seuil de richesse correspond au double du revenu médian. En France, une personne seule gagnant au moins 3 000 euros (net) est donc considérée comme riche. Cette acception économique et statistique est considérée par les participants comme trop restrictive : la richesse n’est-elle pas très relative ? Pour preuve, alors qu’un participant considère la richesse comme cette possibilité de pouvoir s’octroyer le superflu, une autre répond qu’elle considère le superflu (un parfum onéreux, par exemple) comme un plus "indispensable" à l’existence humaine. Rien donc n’est simple lorsque l’on parle de richesse.

    La richesse est-elle question de culture? Accordons-nous dans nos sociétés occidentales une importance considérable à la richesse, contrairement à d’autres pays ? Bruno doute sur ce point : la mondialisation donne à tout être humain une envie d’acquérir la fortune, sinon comment expliquer que le besoin d’accéder à la fortune se fasse déplacer des millions d’êtres humains, ce qui paraît le plus naturel du monde ! La richesse apparaît en tout cas comme très souvent limitée à un aspect trop prosaïque : le mérite d’un professeur, souligne avec justesse un participant, apporte une richesse considérable.

    En tout état de cause, qu’elle soit méritée ou pas (et surtout si elle n’est pas méritée!) la richesse non seulement n’est pas source de bonheur mais serait son pire ennemi. Un participant rappelle qu’une enquête sur le bonheur (Enquête "Happy Life Years" de Ruut Veenhoven, université de Rotterdam) a placé les personnes riches comme potentiellement les plus imperméables à cette notion, un peu comme si la peur de perdre ses biens anéantissait tout "bénéfice" à cette fortune si convoitée.

    Évoquer le mérite qu’a tel ou tel dans l’acquisition de la richesse signifie d’abord surtout acceptation ou non qu’autrui acquiert une fortune démesurée dans un monde de plus en plus inégalitaire. Là, sans doute, est le nœud du débat. Un intervenant souhaite souligner qu’un super riche pourra être considéré – justement – avec considération alors que sa fortune est immense - voire démesurée - et pourrait heurter le commun des mortels. Prenant l’exemple de Bill Gates, le même intervenant souligne que son prestige est dû aux œuvres caritatives et de philanthropies importantes qui ont le "mérite" d’humaniser sa richesse (site de la Fondation Bill & Melinda Gates sur ce lien). Soulignons que ce blanc-seing accordé au fondateur de Microsoft est caractéristique : un riche est jugé moins pour ses actions passées qui l’ont conduit à la fortune que pour l’utilisation de sa fortune.

    Cela fait dire à un jeune participant que philosopher sur la notion de mérite et de richesse c’est se confronter à un mur : c’est d’emblée réduire le riche à sa situation matérielle et à lui dénier le statut de personne humaine ! Un autre participant rebondit sur cette constatation, affirmant qu’une telle réduction a trouvé dans l’histoire des réalités monstrueuses : les dictatures communistes. Cette idéologie, héritée du philosophe Karl Marx, en proclamant le riche comme "ennemi de la société" (un ennemi qui, précisément, ne méritait pas sa fortune), a commis des crimes de masse, parmi les pires pratiqués dans l’Histoire (Goulag de l'ancienne URSS, Cambodge de Pol Pot, Chine de Mao, etc.). Dans ces pays communistes d’ailleurs, une classe de gens riches, pas plus méritoires d’ailleurs, remplaçait celle qui avait été exterminée !

    La fortune peut-elle être bénéfique et méritée ? La question, dit un autre participant, semble ne pas se poser en tout cas pas pour ces "super riches", formant une caste, une nomenklatura cooptée, fréquentant les mêmes écoles, les mêmes salons et se retrouvant dans les mêmes conseils d’administration. Quelle est la place du mérite pour ces "super riches" ? Nulle ou négligeable, ajoute-t-il. Voire, répond un autre intervenant : il y a d’abord ces responsabilités écrasantes que peu d’entre nous pourraient assurément assumer. Il ne faut pas nier non plus la valeur intrinsèque de tel ou tel individu explique pour une part ces fortunes (Michel Pébereau, ancien responsable de BNP Paribas, par exemple). D’ailleurs, plusieurs personnes conviennent que la prise d’importantes responsabilités peut être extrêmement lourde : "Qui serait prêt à sacrifier tout ou partie de sa vie personnelle ou familiale ?" résume Claire.

    En tout état de cause, les fortunes, méritées ou pas, doivent être mises au service de la communauté, avance un participant. Finalement, ce qui est passionnément débattu en fin de séance n’est pas tant la question du droit à être riche ou très riche (droit acquis grâce à son mérite, ses talents ou un art, quel qu’il soit, ou bien à cause de sa naissance...) que le devoir qu’entraîne cette richesse : participer à la vie de la Cité à hauteur de ses moyens, participation qui implique d’accepter de se voir grever une infime minorité de sa richesse. Il est, hélas, patent, affirment plusieurs participants, que la générosité est pour le moins un sentiment peu répandu au sommet de la pyramide économique et financière (cf. théorie du "trickle down"), comme si la cohésion des hommes de pouvoir ne pouvait admettre tout coup de canif à des richesses démesurées ! Un intervenant rappelle une citation du milliardaire Warren Buffet : "La lutte des classes existe et nous sommes en train de la gagner" (citation datée de 2008, précise Bruno).

    Détester la pauvreté plutôt que mépriser les riches !

    Bruno conclut ce débat. S’interroger sur la richesse, dit-il, et sur la valeur de la richesse, c’est ne pas en faire une simple question de comptabilité. Je peux vouer une admiration sans borne à Bill Gates dont la richesse me paraît méritée et moralement acceptable ; à l’inverse, combien sont plus aléatoires ces rémunérations de traders ! De même, un footballeur payé des millions d’euros mais à la carrière très courte et apportant prestige, notoriété et richesse à son club, aura-t-il une rémunération moralement moins acceptable qu’un chef d’entreprise à la tête d’une entreprise du CAC 40 où les responsabilités sont diluées ? On peut en douter ! La richesse doit donc résulter d’une rémunération juste au terme d’un contrat conclut entre deux parties. Dans l’idéal. Mais ce même mérite comme voie vers la richesse rencontre très souvent comme obstacle la modestie (c’est le philosophe David Hume qui le dit) et est détrôné tout autant par ces cancers de la société que sont le népotisme et tous ces systèmes de préférence en fonction de la naissance.

    Un autre facteur, social et économique, doit être pris en compte : celui d’une aliénation via l’argent et de la non-distribution de la richesse en dépit du mérite de tel ou tel (Karl Marx). Cette non-distribution est expliquée par la dilution des responsabilités  et par le développement de l’automatisation de la création des richesses (exemple des systèmes informatiques boursiers).

    Le mot de la fin est pour Hume qui est parvenu à disséquer les heurs et les malheurs de la fortune : "les qualités bonnes ou mauvaises de l’homme sont les causes de sa bonne ou mauvaise fortune" (encore que ce terme de "fortune" désigne essentiellement la fortuna, autrement dit la providence). C’est finalement à chacun qu’il appartient de refuser de mépriser les riches mais préférer détester la pauvreté et de travailler à son propre mérite, avec courage et sans modestie ! Ayons enfin à l’esprit que le véritable mérite est, pour reprendre Hume, de procurer du bonheur à la société des hommes - plutôt que d'acquérir la richesse !

    Le café philo se conclut par le vote du sujet de la séance du 27 janvier 2012. Les participants élisent à une écrasante majorité le sujet : "La vie est-elle trop courte pour s'ennuyer avec quelqu'un qui n'en vaut pas la peine ?" Nous l'intitulerons ainsi : "Vivre seul(e) ou mal accompagné (e) ?"

     

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  • ALBERT CAMUS, LE PHILOSOPHE

    ordre-libertaire.jpgMichel Onfray sort en ce moment une biographie sur Albert Camus, intitulée : L’ordre libertaire : la vie philosophique d’Albert Camus (éd. Flammarion). 

    C'est l'occasion de s'intéresser à Camus, intellectuel exceptionnel et singulièrement mal aimé en France en tant que philosophe. Le site Philonet retrace le parcours de cet écrivain et philosophe tragiquement disparu en 1960 : 

    Romancier, dramaturge, essayiste, journaliste et résistant, Albert Camus est peut-être par excellence la figure de l'écrivain et de l'intellectuel français d'après-guerre. Profondément engagé dans les luttes et les débats de son temps, il continue, malgré les malentendus que sa renommée même a valus à son œuvre lucide et sincère, de jouer un rôle majeur dans la littérature du XXe siècle.

    Le souvenir d'une jeunesse misérable semble avoir définitivement orienté une sensibilité que les honneurs n'ont pas détournée: en 1957, à Stockholm, face aux têtes couronnées, le nouveau prix Nobel de littérature rendra, à la tribune, hommage à son instituteur...

    LA SUITE ICI...

     

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  • PROCHAIN CAFÉ PHILOSOPHIQUE

    Affiche la vie est elle trop courte mini.pngLe prochain café philosophique, le premier de l'année 2012, aura lieu le vendredi 27 janvier à 18H30 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée, à Montargis.

    Le débat proposé aura pour titre "Vivre seul(e) ou mal accompagné(e) ?" Claire et Bruno proposeront aux participants de discuter autour de cette question : "La vie est-elle trop courte pour s'ennuyer avec quelqu'un qui n'en vaut pas la peine ?"


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  • LA VIE EST-ELLE TROP COURTE POUR S’ENNUYER AVEC QUELQU’UN QUI N’EN VAUT PAS LA PEINE ?

    ennui-couple.jpgUne note d’optimisme, sur ce sujet ardu, délicat : l’avantage de vivre avec quelqu’un avec qui l’on s’ennuie c’est que la vie vous paraît plus longue !

    Philosopher c’est aussi chercher  les angles d’approches en différentes questions, regarder la question "sous toutes ses coutures".

    Et pourquoi ne pas se questionner ainsi : D’où vient l’ennui, de qui vient l’ennui ? Serait-on plus sûr de retrouver du plaisir, de la gaieté avec une autre personne ? Autrement dit, ne serais-je pas la source de cet ennui ? Et, question primordiale, est-ce que je suis bien en accord avec moi-même ? Il n’y a pas d’amour des autres sans un minimum "d’amour", d’estime de soi. Est-ce que les désaccords du "moi" avec moi, ou parce que je ne "m’aime pas", ne seraient pas la source cachée à l’origine de mes problèmes relationnels avec les autres ?

    Allez ! Allonge-toi sur ton divan, serait-on tenté de dire, et fais ton autoanalyse ; et, après, si les choses ne vont pas vers une amélioration, alors peut-être faudra-t-il que j’emprunte un autre chemin, puisqu’il n’appartient qu’à moi de "faire le chemin".

    Guy Louis Pannetier

    Café-philo de Chevilly-Larue et de L'Haÿ-les-Roses

    Débat sur ce sujet le vendredi 27 janvier 2012 à 18H30, à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée, à Montargis.

     

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  • EDGAR MORIN REVIENT SUR LES PHILOSOPHES QUI ONT MARQUÉ SA PENSÉE

    A quatre vingt dix ans, le sociologue français Edgar Morin revient sur "ses" philosophes, les auteurs qui ont jalonné son existence et ses recherches, tout au long des phases de sa vie.

    Dans ce panorama d'intellectuels, on retrouve des classiques de la pensée philosophique, comme Héraclite, Descartes, Pascal ou encore Spinoza, des figures religieuses comme Jésus ou Bouddha, des écrivains de littérature, comme Dostoïevski ou encore Proust, des scientifiques ou des épistémologues...

    LA SUITE ICI...

    Source : Mediapart

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  • RETOUR EN ARRIÈRE

    Alors que Noël approche à grands pas, il ne paraît pas inutile de faire un bond un an en arrière : en décembre 2010, le café philosophique de Montargis choisissait, non sans malice, de consacrer son dernier dernier débat de l'année au Père Noël ! Le titre de cette séance s'intitulait : "Le Père Noël est-il un imposteur ?"

    Tout un programme...

    Pour en savoir plus sur ce débat, et notamment pour lire le compte-rendu de ce cette séance, rendez-vous sur ce lien.

    pere-noel-origines-affiche-880x385.jpg


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  • CRONENBERG : FREUD VS JUNG

    Adapté d'une pièce de Christopher Hampton, créée en France en 2009 sous le titre Parole et guérison, A Dangerous Method ne ressemble en rien au reste de l'oeuvre de David Cronenberg : c'est un film en costumes, la violence physique en est presque absente, et presque toutes les images baignent dans une lumière exquise, estivale et helvétique. Cette élégance formelle, qui pourrait presque passer pour du conservatisme, est l'écrin tout neuf des éternelles obsessions du cinéaste : la lutte entre le désir et la raison, les pulsions et la loi, le monde réel et le monde rêvé.

    Les premiers plans de A Dangerous Method montrent une jeune femme aux mains de gardiens qui tentent de la maîtriser pendant qu'une voiture à cheval l'emporte vers ce que l'on suppose être un lieu de détention. Sabina Spielrein (Keira Knightley) doit être internée dans un hôpital psychiatrique près de Zurich. Là, un jeune et beau médecin, Carl Jung (Michael Fassbender), essaie une nouvelle méthode thérapeutique, inspirée des travaux de son collègue viennois Sigmund Freud (Viggo Mortensen).

    LA SUITE ICI...

    Source : Le Monde

     

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  • LA PHILO EN VOGUE À CAEN

    Boulanger, infirmier ou chômeur, ils sont un millier à assister chaque lundi au cours que donne Michel Onfray pour la dixième année à "l'université populaire" de Caen (nord-ouest de la France), destiné à tous ceux qui n'étaient pas "sociologiquement programmés pour la philosophie".

    Pour Pascale, 48 ans, sans emploi, "ça m'aide au quotidien à vivre ma vie. Quand tu es décalée, tu te heurtes à de l'incompréhension. Je me sens très proche de lui, de son hédonisme, il met des mots là où je n'en ai pas".

    Lancée en 2002, cette université gratuite, non reconnue, est la réponse du philosophe français Michel Onfray à l'arrivée du candidat d'extrême droite Jean-Marie Le Pen au second tour de l'élection présidentielle la même année.

    "Si les gens sont racistes, c'est par manque de culture", estime Michel Onfray, 52 ans, auteur d'un "Antimanuel de philosophie", qui prône une éducation collective libertaire et gratuite, qui passe d'abord par la lecture des auteurs, en rupture avec l'enseignement habituel.

    Avec succès: l'université populaire, volontairement implantée en province, loin des cercles intellectuels parisiens, dans la région d'origine du philosophe, auteur d'une cinquantaine d'ouvrages diffusés dans 25 pays, a essaimé dans plusieurs autres villes de France, comme Lyon et Grenoble (centre-est)...

    LA SUITE ICI...

    Source : 20 minutes

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  • PROCHAIN CAFÉ PHILOSOPHIQUE

    Affiche la vie est elle trop courte.pngLa prochaine séance du café philosophique de Montargis aura lieu le vendredi 27 janvier à 18H30 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée. Il posera cette question : "La vie est-elle trop courte pour s'ennuyer avec quelqu'un qui n'en vaut pas la peine ?"

    A bientôt.

    Flyer de cette séance ici

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  • MERCI AUX PARTICIPANTS DE LA DERNIERE SEANCE

    applause.gifMerci aux participants de la dernière séance du café philosophique qui avait lieu le vendredi 9 décembre 2011. Le débat, passionné comme nous le pensions, portait sur cette question volontairement provocatrice :  - passionnant - avait justement pour titre : "Les riches le méritent-ils ?"

    Bientôt, sur ce site, le compte-rendu de cette séance.

    Prochain débat le vendredi 27 janvier 2012 à 18H30 à la brasserie du centre commercial de la Chaussée. Le sujet choisi posera cette question : "La vie est-elle trop courte pour s'ennuyer avec quelqu'un qui n'en vaut pas la peine ?"

    A bientôt.

     

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  • PROCHAIN CAFÉ PHILOSOPHIQUE CE SOIR

    prochainement.gifLe prochain café philosophique de Montargis se tiendra ce soir, vendredi 9 décembre, à partir de 18H30 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée. Pour cette dernière séance de l'année 2011, le sujet portera sur cette question : "Les riches le méritent-ils ?"

     

    Lien permanent Catégories : =>Saison 3, [19] "Les riches le méritent-ils ?" Imprimer 0 commentaire Pin it!
  • BIENTÔT LE PROCHAIN CAFÉ PHILOSOPHIQUE

    Le prochain débat du café philosophique de Montargis aura lieu cette semaine, le vendredi 9 décembre à 18H30 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée. Le thème de discussion philosophique proposé promet pour le moins d’être passionné puisqu’il posera cette question : "Les riches le méritent-ils ?"

    Richesses-0107f.jpgSi tel était le cas, les pauvres le mériteraient également… Alors, que penser ?

    Vit-on réellement dans un système méritocrate ? La hiérarchisation des richesses se fait-elle uniquement sur le mérite, c’est-à-dire sur ce qui rend une personne digne d'estime, d'éloge, de considération ou de récompense au regard de sa conduite ou des obstacles surmontés ?

    La richesse financière, économique, est-elle le résultat de comportements dignes ou nobles ?

    Le riche n’est-il pas, au contraire, l’arriviste qui, tel George Duroy (le Bel-Ami de Maupassant), est prêt à tout pour réussir ? Le Prince de Machiavel l’affirme et le souligne : lorsqu’il est question de réussir "la fin justifie toujours les moyens".

    Sur ce vaste sujet et toutes ces questions, Claire et Bruno proposeront à chacun de venir en découdre le vendredi 9 décembre à 18 h 30 au café philosophique de La Chaussée. Participation libre et gratuite – bien que toujours très enrichissante !

     

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  • COMPTE RENDU DE LA DERNIÈRE SÉANCE

    Thème du débat : "Mes passions sont-elles des entraves à ma liberté?"

    Date : 4 novembre 2011 à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée.

    De 45 à 50 personnes étaient présentes pour ce café philosophique consacré aux passions.

    Claire et Bruno commencent cette séance par un tour de table et poser cette double question : qui a une passion et cette passion peut-elle être un obstacle à la liberté individuelle ? Deux participants interviennent et évoquent leur passion respective. L’un des deux considère que sa passion peut devenir chronophage si l’on n’y prend pas garde. La liberté de s’adonner à une activité "passionnante" peut du même coup nous enferrer et condamner tout autre aspect de la vie. En ce sens, la passion devient aliénante et devient un obstacle à notre liberté. Une participante insiste sur le fait que la passion est ce qui nous construit. S’y consacrer librement c’est choisir de donner un sens à notre vie. Elle peut aussi être un moyen de dépassement : "Rien de grand dans le monde ne s’est accompli sans passion." (Hegel). Un participant considère à son tour sa passion comme un aspect constructif de son existence mais aussi comme un extrême danger pour sa vie personnelle et pour sa liberté individuelle. La passion peut assurément détruire et mettre en danger des couples et des familles. Par ailleurs, il convient de prendre à contre-pied la posture traditionnelle qui considère la passion comme une force d’inertie. Au contraire, il apparaît que la passion n’a rien de passive : elle agit et motive l’action (Kant, Anthropologie, §80). Elle est le fruit de l’intellect. Rappelons que les animaux n’ont pas de passion.

    Dans la droite lignée de cette réflexion une question apparaît : peut-on n’avoir aucune passion ? Est-ce possible et souhaitable ? Une participante répond par l’affirmatif : son absence de passion ne l’empêche pas de se sentir pleinement en accord avec elle-même. Si elle n’a pas à proprement parlé de passions, ses centres d’intérêts sont par contre nombreux. Une autre personne abonde dans ce sens, ajoutant que faute de passion, tel(le) ou tel(le) s’ouvrira librement – et plus librement sans doute que certains passionnés – vers des centres d’intérêt variés. Plus tard dans la séance, l’accent sera mis sur cette notion de centre d’intérêt parfois confondu avec la notion de passion, la passion se caractérisant, selon Bruno, par la notion d’intensité. L’absence de passion est d’emblée une affirmation et une posture surprenante, pour ne pas dire provocatrice. La passion semble être devenu un fait majeur de nos sociétés occidentales. Une opinion courante semble imposer que tout un chacun règle sa vie à ce diapason : on doit être passionné dans sa vie amoureuse, dans sa vie professionnelle (n’est-ce pas un non-sens ?) et cultiver ses passions : qui vit sans passion "n’est pas digne de vivre" pour paraphraser Molière (Don Juan)

    Un participant objecte que si la passion est importante dans notre société c’est qu’elle est un puissant indicateur de la valeur potentielle d’un individu, dans une entreprise par exemple. Pour preuve, les CV contiennent une rubrique "centre d’intérêt" (où, d’ailleurs, singulièrement, les "passions" trouveront leur place) destinée à décrire les potentielles passions du candidat. Cette rubrique est si peu anecdotique que les jeunes diplômés sont très souvent jugés d’après celle-ci. Sans nul doute, la passion façonne un individu autant qu’elle est un marqueur social.

    Une autre question est de savoir si une passion peut se choisir ou si elle nous choisit. Claire propose de revenir à la définition stricto sensu de ce terme. La passion (du latin passio ; pathos - πάθος - en grec) évoque la souffrance (la "Passion du Christ"). Il y a derrière cette acception quelque chose de mystique dans la passion. La liberté, au contraire, est de l’ordre du rationnel et de l’intentionnel. N’est-ce pas antinomique ? Or, ce serait aller vite en besogne que de restreindre la passion à un concept indépendant de notre volonté, de notre liberté. En effet, le désir (de sidus, "l’astre perdu") de la passion, contingent par nature, est de l’ordre de l’élection, s’oppose au besoin à satisfaire, nécessaire et dont font partie le boire ou le manger. Ce qui ne veut pas dire que la passion ne soit pas ressentie comme un "besoin" presque vital, comme une pulsion psychique qui nous déborde. Les théories de Freud peuvent nous aider à comprendre la puissance de ces forces.  

    Oui, la passion semble, aux dires des participants, nous tomber dessus ! D’ailleurs, le propre du pathos est d’être subi. Peut-on comprendre autrement que le crime passionnel soit en général moins sévèrement puni ? La notion de responsabilité – et, par là, de liberté – se pose. La passion nous submergerait comme elle accapare le tueur en série (Dexter !), incapable de lutter. Cet exemple extrême cache mal le bonheur que tel ou tel ressent lorsqu’il découvre sa passion (ou ses passions) et s’y adonne corps et âmes. La déception peut bien entendu être au rendez-vous, tels ces "artistes du dimanche" enthousiastes mais peu doués à qui l’on souhaiterait conseiller d’abandonner cette voie, mus par une pulsion parfois indicible.

    "Le passionné est-il fatalement chiant ?"

    Car le passionné, qui peut susciter admiration et fascination, est parfois ce personnage hors de la société, obnubilé par cette activité qui guide sa vie. "Le passionné est-il fatalement chiant ?" Ou bien n’est-ce pas d’abord qu’une question de personnalité ? La personne timide ou réservée va avoir tendance à taire ce qui meut sa vie ; cela n’augure pas la force de sa passion. 

    Un participant souhaite catégoriser la passion en deux grands types : la passion assumée telle quelle, comme un choix. Ce sera l’artisan ne comptant pas ses heures ou bien la passionnée d’animaux choisissant de consacrer sa vie professionnelle à une activité en rapport avec eux. D’autre part, il y a la passion aliénante : ce coup de foudre qui vous frappe, source de bonheur autant que de souffrance. De telles passions regorgent dans la littérature et le cinéma (un exemple ici). Une question est posée : il semblerait que la passion ait suscité la méfiance, pour ne pas dire la défiance ; en a-t-il été autrement ? Bruno répond que malgré les propos sévères de certains penseurs – tel Alain qui a une mauvaise opinion de l’amour et de la passion qui n’engendrerait que mesquinerie et médiocrité – certains philosophes se sont fait les défenseurs de la passion : Hegel par exemple. Pour en savoir plus, cliquez ici.

    Si la passion peut être une contrainte à notre liberté, la solution ne pourrait-elle pas être de la maîtriser, la contraindre dans des bornes ? Véronique Ovaldé, écrivain, a dit, par exemple, qu’elle avait aménagé chez elle un minuscule bureau sous un escalier et travaillait à sa passion la nuit, en dehors de son travail pour un important éditeur. Pour la plupart des gens présents, la passion doit s’appréhender de cette manière, en la contenant dans des bornes spatiales et/ou temporelles, afin qu’elle ne vampirise pas le passionné et/ou ses proches. Une participante objecte que si la passion est maîtrisée, elle perd du même coup sa faculté de passion. L’est-elle toujours ? Voire. La passion, rappelle-t-elle, est souffrance. Une passion réfrénée aurait tendance à s’édulcorer et à ne devenir qu’un centre d’intérêt plus ou moins vif. Faute d’intensité, sans doute la passion perd-elle de sa nature ; peut-être même en perd-elle même la nature.

    Pour conclure, Bruno insiste sur le fait que les passions, non content d’être intimement liées à la liberté individuelle, nous construisent personnellement. Existe-t-il de bonnes ou de mauvaises passions ? La question n’a pas de sens car les passions sont avant tout un mouvement. D’ailleurs, si l’on va sur ce chemin, la classification des passions n’est qu’historique (cf. Barthes : "Ce n’est plus le sexuel qui est indécent, mais le sentimental", Roland Barthes, Fragments d’un Discours amoureux). Les passions sont donc toutes bonnes par nature comme le dit Descartes. Finalement, rejeter la passion n’a pas de sens car cela équivaudrait à adopter à son tour une attitude passionnée à leur encontre ! Il convient de dédramatiser les passions et de les comprendre. Les penser. Les rationaliser afin qu'elles ne soient pas un obstacle à notre liberté. Ce faisant, cela implique de rattacher nos passions à la nécessité comme le dit Spinoza. C’est comprendre leur origine, être capable de les prévoir et de les maîtriser. Nos passions deviennent alors des actions que nous cessons de subir. Pour Hegel, la passion en soi n’a pas d’intérêt : elle n’est qu’un instrument, certes parfois magnifié. La passion doit être l’instrument de la raison !

    Le débat se termine par le choix du sujet suivant. La majorité de l’assistance vote pour le sujet "Les riches le méritent-ils ?" Rendez-vous est pris le vendredi 9 décembre, même lieu, même heure.

    Lien permanent Catégories : =>Saison 3, Comptes-rendus des débats, Philo-galerie, [18] "Mes passions, entraves à ma liberté" Imprimer 0 commentaire Pin it!