Café philo décembre 100e
Platon : Les lois, la cité et la guerre
Trois personnages, un Athénien, qui n'est autre que Pluton, un Crétois nommé Clinias et un Lacédémonien nommé Mégillos, partent de Cnossos, la ville de Minos, pour aller visiter dons la montagne de Dictè l'antre où Zens fut nourri par des abeilles et le temple qui lui a été consacré. Chemin faisant, l'Athénien met la conversation sur les lois de Minos et de Lycurgue et demande à Clinias la raison des repas en commun, qui sont d'usage en Crète et à Lacédémone. C'est en vue de la guerre qu'ils ont été institués, répond Clinias, parce que, lorsque les citoyens sont en campagne, le soin de leur sûreté les oblige à prendre leur repas tous ensemble. Mais cette institution n'a-t-elle en vue que la guerre ? demande l'Athénien. A côté de la guerre avec les ennemis du dehors, n'y a-t-il pas aussi des guerres intestines au sein d'un même État, et au sein même des individus ? Et n'est-il pas nécessaire qu'un bon législateur règle tout ce qui concerne la guerre en vue de la paix, plutôt que de subordonner la paix à la guerre ? Et c'est là une œuvre qui demande plus de vertu que la guerre. Celle-ci n'exige que le courage ; l'autre exige, avec le courage, la justice, la tempérance et la prudence. Si donc la législation de Minos a été inspirée par un dieu, il faut croire que Minos n'a pas eu en vue le courage seul, mais aussi toutes les espèces de vertu. Une bonne législation doit en effet procurer aux hommes tous les biens, les biens humains, comme la santé, la beauté, la vigueur, la richesse, mais avant tout les biens divins, dont le premier est la prudence, le second la tempérance, le troisième la justice et le quatrième le courage. C'est sur ce principe que doit reposer une bonne législation.
Platon, Les Lois (Ve s. av. JC)