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Café philosophique de Montargis - Page 4

  • Hume : Impressions et idées

    Toutes les perceptions de l’esprit humain se répartissent en deux genres distincts, que j’appellerai impressions et idées. La différence entre ces perceptions consiste dans les degrés de force et de vivacité avec lesquels elles frappent l’esprit et font leur chemin dans notre pensée ou conscience. Les perceptions qui entrent avec le plus de force et de violence, nous pouvons les nommer impressions ; et sous ce terme, je comprends toutes nos sensations, passions et émotions, telles qu’elles font leur première apparition dans l’âme. Par idées, j’entends les images affaiblies des impressions dans la pensée et le raisonnement. Telles sont, par exemple, toutes les perceptions excitées par le présent discours, à l’exception seulement de celles qui proviennent de la vue et du toucher, et à l’exception du plaisir immédiat ou du désagrément qu’il peut occasionner.

    David, Hume, Traité de la nature humaine (1739)

    Photo : Pexels - KoolShooters

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  • Campagna : Prostitution et dignité

    51kmjuO26LL._AC_UF1000,1000_QL80_.jpgOn est en droit de se demander ce que les autorités publiques auraient fait s'il n'y avait pas toujours eu des femmes qui acceptaient d'avoir des rapports prostitutionnels. Seraient-elles allées jusqu'à obliger certaines femmes à se prostituer ¹ ? Aurait-il été pire de voir se propager les viols de femmes honnêtes et les actes homosexuels ou de forcer certaines femmes à se prostituer ? À ma connaissance, les glossateurs et commentateurs n'ont pas abordé cette question. Après tout, il y avait toujours suffisamment de femmes qui se prostituaient.


    1. On peut par exemple songer à des filles et des femmes qui auraient été faites prisonnières lors de guerres. Si les nations chrétiennes s'étaient mises d'accord entre elles pour abolir la mise en esclavage des prisonniers de guerre, cette entorse au ius gentium en vigueur au Moyen Âge ne valait pas pour les guerres entreprises contre des nations non chrétiennes.

    Norbert Campagna, Prostitution et dignité (2008)

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  • Styron : Le choix de Sophie

    Le-choix-de-Sophie.jpgAu camp, les gens se comportaient de manières très différentes, certains de façon lâche ou égoïste, d'autres avec beaucoup de bravoure et de noblesse. Il n'y avait pas de règle. Non. Mais c'était un endroit tellement abominable, Auschwitz, Stingo, tellement abominable qu'on a peine à y croire, qu'à dire vrai on n'avait pas le droit de dire que telle ou telle personne aurait dû faire preuve de plus de générosité ou de noblesse, comme dans l'autre monde. Si un homme ou une femme venait à faire quelque chose de noble, alors on pouvait les admirer comme on les aurait admirés n'importe où, mais les Nazis étaient des assassins et quand ils cessaient d'assassiner les gens c'était pour les transformer en animaux malades, si bien que si les gens faisaient des choses qui n'étaient pas très nobles et même s'ils se transformaient en animaux, eh bien, il fallait le comprendre, avec horreur peut-être mais aussi avec pitié, parce que chacun savait qu'il suffisait d'un rien pour qu'il se comporte lui aussi comme un animal.

    William Styron, Le choix de Sophie (1979)

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  • Browning: Des bourreaux volontaires et ordinaires

    4723.1658484402.jpgJ'ai bien peur que nous ne vivions dans un monde où la guerre et le racisme sont omniprésents, où les pouvoirs de mobilisation et de légitimation du gouvernement sont puissants et croissants, où le sentiment de la responsabilité personnelle est toujours plus atténué par la spécialisation et la bureaucratisation, et où le groupe de pairs exerce des pressions considérables sur la conduite de chacun et fixe les normes morales. Dans un pareil monde, je le crains, les gouvernements modernes qui souhaitent commettre un meurtre collectif échoueront rarement dans leurs efforts par incapacité à amener des "hommes ordinaires" à devenir leurs "bourreaux volontaires".

    Christopher R. Browning, Des hommes ordinaires : Le 101e bataillon de réserve de la police allemande et la Solution finale en Pologne (1994)

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  • "I comme Icare. L'expérience Milgram racontée par Henri Verneuil"

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  • Ogien : "L'Influence de l'odeur des croissants chauds sur la bonté humaine"

    CVT_Linfluence-de-lodeur-des-croissants-chauds-sur-l_4205.jpgAu vue de certaines recherches récentes en psychologie morale, on pourrait penser que les humains sont non seulement plus moraux qu’on a tendance à le dire, mais beaucoup trop moraux, c’est-à-dire beaucoup trop enclins à juger les autres, à faire la police morale, à fouiner dans la vie des gens, à se prendre pour des saints.

    C’est ce que John Stuart Mill suggérait déjà lorsqu’il écrivait : « Il n’est pas difficile de montrer, par de nombreux exemples, qu’étendre les limites de ce qu’on peut appeler la police morale, jusqu’à ce qu’elle empiète sur la liberté la plus incontestablement légitime de l’individu, est, de tous les penchants humains, l’un des plus universels.

    Ruwen Ogien, L'Influence de l'odeur des croissants chauds sur la bonté humaine (2011)

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  • Mauron : expériences de pensée

    Supposons que vous trouviez un anneau magique qui vous permette, en pivotant le chaton sur votre doigt, de vous rendre invisible à volonté. Donneriez-vous libre cours à vos mauvais penchants pour devenir un pickpocket insaisissable, pour ne jamais prendre de billet de train, pour tricher au casino ni vu ni connu ou encore pour strausskahniser incognito ? Ou allez-vous continuer de marcher droit, le ciel étoilé au-dessus de vous et la loi morale inscrite au dedans ? Autre expérience de pensée : un tramway dont les freins ont brusquement lâché dévale une voie qui descend dans une tranchée étroite. En aval, cinq ouvriers travaillent sur la voie et ne pourront pas se mettre à l’abri faute de place. Mais un peu au-dessus du groupe d’ouvriers, il y a un aiguillage qui pourrait faire bifurquer le tramway sur une autre voie, où travaille un ouvrier, lui aussi coincé par l’exiguïté des lieux. Vous promenant innocemment dans ces parages, vous êtes en position d’actionner l’aiguillage, sauvant ainsi cinq vies au prix du sacrifice d’une vie ? Le faites-vous ?

    Alex Mauron, in Revue médicale suisse
    https://www.revmed.ch

    Photo : Pexels - Fox

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  • Aristote : L’acte volontaire et le choix    

    Étant donné que ce qui est fait sous la contrainte ou par ignorance est involontaire, l’acte volontaire semblerait être ce dont le principe réside dans l’agent lui-même connaissant les circonstances particulières au sein desquelles son action se produit… Après avoir défini à la fois l’acte volontaire et l’acte involontaire, nous devons ensuite traiter en détail du choix car cette notion semble bien être étroitement apparentée à la vertu, et permettre, mieux que les actes, de porter un jugement sur le caractère de quelqu’un. 
    Le choix est manifestement quelque chose de volontaire, tout en n’étant pas cependant identique à l’acte volontaire, lequel a une plus grande extension. En effet, tandis qu’à l’action volontaire enfants et animaux ont part, il n’en est pas de même pour le choix ; et les actes accomplis spontanément nous pouvons bien les appeler volontaires, mais non pas dire qu’ils sont faits par choix… En effet, le choix n’est pas une chose commune à l’homme et aux êtres dépourvus de raison, à la différence de ce qui a lieu pour la concupiscence et l’impulsivité… Le choix n’est pas non plus un simple souhait, bien qu’il en soit visiblement fort voisin. Il n’y a pas de choix, en effet, pour les choses impossibles, et si on prétendait faire porter son choix sur elles, on passerait pour insensé ; au contraire, il peut y avoir souhait des choses impossibles, par exemple de l’immortalité. D’autre part, le souhait peut porter sur des choses (possibles) qu’on ne saurait d’aucune manière mener à bonne fin par soi-même, par exemple faire que tel ou tel athlète remporte la victoire ; au contraire, le choix ne s’exerce jamais sur de pareilles choses, mais seulement sur celles qu’on pense pouvoir produire par ses propres moyens. En outre, le souhait porte plutôt sur la fin, et le choix, sur les moyens pour parvenir à la fin : par exemple, nous souhaitons être en bonne santé, mais nous choisissons les moyens qui nous feront être en bonne santé ; nous pouvons dire encore que nous souhaitons d’être heureux, mais il est inexact de dire que nous choisissons de l’être : car, d’une façon générale, le choix porte, selon toute apparence, sur les choses qui dépendent de nous.

    Aristote, Ethique à Nicomaque, III (IVe s. av JC)

    Photo : Pexels - Andres Ayrton

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  • Platon : La maïeutique

    Théétète — Mais sache-le bien, Socrate, maintes fois déjà j'ai entrepris cet examen, excité par tes questions, dont l'écho venait jusqu'à moi. Malheureusement, je ne puis ni me satisfaire des réponses que je formule, ni trouver, en celles que j'entends formuler, l'exactitude que tu exiges, ni, suprême ressource, me délivrer du tourment de savoir.

    Socrate — C'est que tu ressens les douleurs, ô mon cher Théétète, douleurs non de vacuité, mais de plénitude.

    Théétète — Je ne sais, Socrate, je ne fais que dire ce que j'éprouve.

    Socrate — Or çà, ridicule garçon, n'as-tu pas ouï dire que je suis fils d'une accoucheuse, qui fut des plus imposantes et des plus nobles, Phénarète ?

    Théétète — Je l'ai ouï dire.

    Socrate — Et que j'exerce le même art, l'as-tu ouï dire aussi ?

    Théétète — Aucunement.

    Socrate — Sache-le donc bien, mais ne va pas me vendre aux autres. Ils sont, en effet bien loin, mon ami, de penser que je possède cet art. Eux, qui point ne savent, ce n'est pas cela qu'ils disent de moi, mais bien que je suis tout à fait bizarre et ne crée dans les esprits que perplexités. As-tu ouï dire cela aussi ?

    Théétète — Oui donc.

    Socrate — T'en dirai-je la cause ?

    Théétète — Je t'en prie absolument.

    Socrate — Rappelle-toi tous les us et coutumes des accoucheuses, et tu saisiras plus facilement ce que je veux t'apprendre... Mon art de maïeutique a mêmes attributions générales que le leur. La différence est qu'il délivre les hommes et non les femmes et que c'est les âmes qu'il surveille en leur travail d'enfantement, non point les corps. Mais le plus grand privilège de l'art que, moi, je pratique est qu'il sait faire l'épreuve et discerner, en toute rigueur, si c'est apparence vaine et mensongère qu'enfante la réflexion du jeune homme, ou si c'est fruit de vie et de vérité. J'ai, en effet, même impuissance que les accoucheuses [3]. Enfanter en sagesse n'est point en mon pouvoir, et le blâme dont plusieurs déjà m'ont fait opprobre, qu'aux autres posant question je ne donne jamais mon avis personnel sur aucun sujet et que la cause en est dans le néant de ma propre sagesse, est blâme véridique. La vraie cause, la voici : accoucher les autres est contrainte que le dieu m'impose ; procréer est puissance dont il m'a écarté. Je ne suis donc moi-même sage à aucun degré et je n'ai, par-devers moi, nulle trouvaille qui le soit et que mon âme à moi ait d'elle-même enfantée. Mais ceux qui viennent à mon commerce, à leur premier abord, semblent, quelques-uns même totalement, ne rien savoir. Or tous, à mesure qu'avance leur commerce et pour autant que le dieu leur en accorde faveur, merveilleuse est l'allure dont ils progressent, à leur propre jugement comme à celui des autres. Le fait est pourtant clair qu'ils n'ont jamais rien appris de moi, et qu'eux seuls ont, dans leur propre sein, conçu cette richesse des beaux pensers qu'ils découvrent et mettent au jour.

    Platon, Théétète (Ve s. av JC)

    Photo : Pexels - Magda Ehlers

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  • Prochaine séance : la 100e du Café Philo

    La prochaine séance du Café philosophique de Montargis se déroulera à la Médiathèque de Montargis le vendredi 19 janvier prochain à 19 heures.

    Au menu, non pas UN mais DES débats sur les expériences de pensée, mais aussi des surprises que nous vous concoctons. 

    A bientôt !

    Photo : Pexels - Karolina Grabowska

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  • "Connaissez-vous les expériences de pensée ?"

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  • Borges : L'Aleph

    CVT_cvt_LAleph_4933.jpgLa pensée la plus fugace obéit à un dessein invisible et peut couronner, ou commencer, une forme secrète. J'en connais qui faisaient le mal pour que le bien en résulte dans les siècles à venir ou pour qu'il en soit résulté dans les siècles passés... A cette lumière, tous nos actes sont justes, mais ils sont aussi indifférents. Il n'y a pas de mérites moraux ou intellectuels. Homère composa l'Odyssée ; aussitôt accordé un délai infini avec des circonstances et des changements infinis, l'impossible était de ne pas composer, au moins une fois, l'Odyssée. Personne n'est quelqu'un, un seul homme immortel est tous les hommes. Comme Corneille Agrippa, je suis dieu, je suis héros, je suis philosophe, je suis démon et je suis monde, ce qui est une manière fatigante de dire que je ne suis pas.

    Jorge Luis Borges, L'Aleph (1944-1952)

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  • Prochaine séance, le vendredi 19 janvier 2024

    La prochaine séance du café philosophique de Montargis aura lieu le vendredi 19 janvier 2024 à la Médiathèque de Montargis.

    Il s'agira d'une séance spéciale puisque nous fêterons notre 100e séance. Au menu, plusieurs débats sur des expériences de pensée mais aussi des surprises que nous allons vous concocter. 

    A bientôt !

    Affiche

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  • Merci aux participants de la séance du 24 novembre

    Le vendredi 24 novembre, une cinquantaine de personnes était présente pour la séance à la Médiathèque de Montargis consacrée à ce sujet : "Nos actes nous engagent-ils plus que nos paroles ?"

    Merci à la Médiathèque de Montargis de nous avoir accueilli.

    La séance suivante aura lieu le 19 janvier à 19 heures, toujours à la Médiathèque. Il s'agira d'une 100e séance. Pour l'occasion, il y aura non pas un  mais plusieurs débats autour d'expériences de pensées, avec également des surprises !

    A bientôt ! 

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  • Café philo à la Médiathèque de Montargis, ce soir

    Le Café philosophique de Montargis fixe son prochain rendez-vous à la Médiathèque de Montargis ce vendredi 24 novembre prochain, à 19 heures. Dans le cadre d’une thématique nationale intitulée "Prendre la parole", le Café philosophique de Montargis a choisi de proposer ce sujet pour son prochain débat : "Nos actes nous engagent-ils plus que nos paroles ?"

    La parole est propre à l’homme et a acquis une importance culturelle et civilisatrice exceptionnelle. Communiquer, échanger, séduire, mais aussi commander, menacer ou tromper : le pouvoir de la parole est réel. Cependant, depuis Sartre, agir sembleraient être au centre de tout engagement.  

    Poser la question "Nos actes nous engagent-ils plus que nos paroles ?" interroge aussi sur le discours moral. La valeur d’un individu ne se juge-t-elle d’abord que par ses actes ? Un dicton ne dit-il pas que "C’est plus facile à dire qu’à faire" ? Quelle valeur éthique peut-on accorder aux mots et à la parole ? Certains mots – par exemple le "Oui" lors de la cérémonie du mariage – ne nous engagent-ils pas ? Parler ne serait-ce pas agir ?  

    Voilà quelques questions qui pourront être débattues lors de cette future séance. Rendez-vous donc à l’Atrium de la Médiathèque de Montargis le vendredi 24 novembre 2023 à 19 heures pour cette nouvelle séance.

    La participation sera libre et gratuite.  

    https://www.agorame.fr

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  • Goethe : engagement personnel

    Tant qu’on ne s’est pas engagé, persistent l’hésitation, la possibilité de se retirer et toujours aussi dès
    qu’il s’agit de prendre des initiatives ou de création, (créer). Cela nous maintient dans une certaine inefficacité. Il y a une vérité élémentaire dont l’ignorance tue quantité d’idées et de projets magnifiques : dès l’instant où l’on s’engage totalement, la Providence bouge aussi.

    Toutes sortes de choses se produisent qui viennent à l’aide de celui qui s’est mis sur sa voie, alors qu’elles ne se seraient jamais révélées autrement. Toute une série d’événements découlant de cette décision se mettent au service de l’individu, aplanissant les incidents imprévus, favorisant des rencontres et l’assistance matérielle que l’on n’aurait jamais osé rêver d’obtenir. Quoi que vous puissiez faire, Quoi que vous rêviez de faire, entreprenez-le ! L’audace donne du génie, de la puissance et de la magie. Mais commencez maintenant !

    Johan Wolfgang Von Goethe

    Photo - Pexels - Rosemary Ketchum

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  • Jonas : Le principe responsabilité

    le_principe_responsabilite_une_ethique_pour_la_civilisation_technologique-34832-264-432.jpgLe Prométhée définitivement déchaîné, auquel la science confère des forces jamais encore connues et l’économie son impulsion effrénée, réclame une éthique qui, par des entraves librement consenties, empêche le pouvoir de l’homme de devenir une malédiction pour lui. La thèse liminaire de ce livre est que la promesse de la technique moderne s’est inversée en menace, ou bien que celle-ci s’est indissolublement liée à celle-là. Elle va au-delà du constat d’une menace physique. La soumission de la nature destinée au bonheur humain a entraîné par la démesure de son succès, qui s’étend maintenant également à la nature de l’homme lui-même, le plus grand défi pour l’être humain que son faire ait jamais entraîné. Tout en lui est inédit, sans comparaison possible avec ce qui précède, tant du point de vue de la modalité que du point de vue de l’ordre de grandeur : ce que l’homme peut faire aujourd’hui et ce que par la suite il sera contraint de continuer à faire, dans l’exercice irrésistible de ce pouvoir, n’a pas son équivalent dans l’expérience passée. Toute sagesse héritée, relative au comportement juste, était taillée en vue de cette expérience. Nulle éthique traditionnelle ne nous instruit donc sur les normes du « bien » et du « mal » auxquelles doivent être soumises les modalités entièrement nouvelles du pouvoir et de ses créations possibles. La terre nouvelle de la pratique collective, dans laquelle nous sommes entrés avec la technologie de pointe, est encore une terre vierge de la théorie éthique. Dans ce vide (qui est en même temps le vide de l’actuel relativisme des valeurs) s’établit la recherche présentée ici. Qu’est-ce qui peut servir de boussole ? L’anticipation de la menace elle-même ! C’est seulement dans les premières lueurs de son orage qui nous vient du futur, dans l’aurore de son ampleur planétaire et dans la profondeur de ses enjeux humains, que peuvent être découverts les principes éthiques, desquels se laissent déduire les nouvelles obligations correspondant au pouvoir nouveau.

    Hans Jonas, Le Principe de responsabilité (1990)

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  • Sartre : Lâche ou héros

    81tN65jFHVL._AC_UF1000,1000_QL80_.jpgCe que les gens veulent, c’est qu’on naisse lâche ou héros. Un des reproches qu’on fait le plus souvent aux Chemins de la liberté, se formule ainsi : mais enfin, ces gens qui sont si veules( 2), comment en ferez-vous des héros ? Cette objection prête plutôt à rire car elle suppose que les gens naissent héros. Et au fond, c’est cela que les gens souhaitent penser : si vous naissez lâches, vous serez parfaitement tranquilles, vous n’y pouvez rien, vous serez lâches toute votre vie, quoique vous fassiez ; si vous naissez héros vous serez parfaitement tranquilles, vous serez héros toute votre vie, vous boirez comme un héros, vous mangerez comme un héros. Ce que dit l’existentialiste, c’est que le lâche se fait lâche, que le héros se fait héros ; il y a toujours une possibilité pour le lâche de ne plus être lâche, et pour le héros de cesser d’être un héros. Ce qui compte, c’est l’engagement total, et ce n’est pas un cas particulier, une action particulière qui vous engage totalement.

    Jean-Paul Sartre, L’existentialisme est un humanisme (1946)

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  • Chomsky : Langage et pensée

    Il est important de comprendre quelles propriétés du langage frappaient le plus Descartes et ses disciples. La discussion de ce que j'ai appelé « l'aspect créateur de l'utilisation du langage » tourne autour de trois observations importantes. La première est que l'utilisation normale du langage est novatrice, en ce sens qu'une grande part de ce que nous disons en utilisant normalement le langage est entièrement nouveau, que ce n'est pas la répétition de ce que nous avons entendus auparavant, pas même un calque de la structure - quel que soit le sens donné aux mots « calque » et « structure » - de phrases ou de discours que nous avons entendus dans le passé. C'est un truisme, mais un truisme important, souvent oublié et bien des fois nié au cours de la période behaviouriste de la linguistique, durant laquelle on proclamait presque universellement qu'on peut représenter la connaissance qu'a une personne du langage comme une réserve de modèles (patterns) appris par une constante répétition et un minutieux entrainement, l'innovation n'y étant tout au plus qu'un problème d'« analogie ». On peut tenir pour acquis, cependant, que le nombre de phrases de la langue maternelle qu'on comprendra immédiatement sans aucune impression de difficulté ou d'étrangeté est astronomique. Le nombre de modèles sous-tendant notre utilisation normale du langage et correspondant à des phrases douées de sens et facilement compréhensibles atteint également un ordre de grandeur supérieur au nombre de secondes dans une vie humaine. C'est en ce sens que l'utilisation du langage est novatrice.

    Noam Chomsky, Le langage et la pensée (1970)

    Photo : Pexels - Angela Roma

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  • Bergson : Quelle est la fonction primitive du langage ?

    bergsonD'où viennent les idées qui s'échangent ? Quelle est la portée des mots ? Il ne faut pas croire que la vie sociale soit une habitude acquise et transmise. L'homme est organisé pour la cité comme la fourmi pour la fourmilière, avec cette différence pourtant que la fourmi possède les moyens tout faits d'atteindre le but, tandis que nous apportons ce qu'il faut pour les réinventer et par conséquent pour en varier la forme. Chaque mot de notre langue a donc beau être conventionnel, le langage n'est pas une convention, et il est aussi naturel à l'homme de parler que de marcher. Or, quelle est la fonction primitive du langage ? C'est d'établir une communication en vue d'une coopération. Le langage transmet des ordres ou des avertissements. Il prescrit ou il décrit. Dans le premier cas, c'est l'appel à l'action immédiate ; dans le second, c'est le signalement de la chose ou de quelqu'une de ses propriétés, en vue de l'action future. Mais, dans un cas comme dans l'autre, la fonction est industrielle, commerciale, militaire, toujours sociale. Les choses que le langage décrit ont été découpées dans le réel par la perception humaine en vue du travail humain. Les propriétés qu'il signale sont les appels de la chose à une activité humaine. Le mot sera donc le même, comme nous le disions, quand la démarche suggérée sera la même, et notre esprit attribuera à des choses diverses la même propriété, se les représentera de la même manière, les groupera enfin sous la même idée, partout où la suggestion du même parti à tirer, de la même action à faire, suscitera le même mot. Telles sont les origines du mot et de l'idée.

    Henri Bergson, La pensée et le mouvant (1922)

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  • Cynthia Fleury : "La philosophie de l'engagement"

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  • Breton : Paroles et engagement

    Chacun d'entre nous est engagé dans ce qu'il dit. Notre parole « parle pour nous ». Toutes les paroles tenues n'engagent bien sûr pas de la même façon et il faut tenir compte ici du niveau d'intensité d'une parole. Une parole forte engage la personne qui la tient mais, paradoxalement plus une parole est forte, c'est-à-dire comporte d'implications pour l'interlocuteur, plus celui-ci aura tendance, la plupart du temps, à oublier celui qui l'a tenue pour se concentrer sur l'effet ressenti. L'auteur d'une parole forte tend à disparaître derrière elle.  Il n'empêche que prendre la parole, du point de vue de celui qui parle, mobilise toute la géographie personnelle de l'implication et de l'engagement. Toute la panoplie est là, qui accompagne la parole, jusqu'à la plus petite d'entre elles : le désir, le plaisir, la peur, le stress. Il n'y a pas de parole sans désir, sans une tension vers l'autre et, dans le dialogue intérieur, vers soi-même. Le désir est l'énergie de la parole et celle-ci s'atténue avec celle-là. Qu'est-ce que la solitude, sinon le produit d'une absence de désir ? Qu'est-ce que la dépression, cette « panne de projet », sinon une suspension du désir ? On ne parle pas parce qu'on est solitaire, on est solitaire parce qu'on ne parle pas. La « fatigue d'être soi », que nous décrit Alain Ehrenberg  comme un mal contemporain lié à l'angoisse de la performance, est aussi une fatigue de la parole.
     Le plaisir lié à la parole peut certes être trouble. N'y a-t-il pas une jouissance à tenir une parole dominatrice, mais aussi, dans l'autre sens, un plaisir à tenir une parole pacifiée ? II faudra s'interroger plus avant sur le fait que le plaisir, dans nos sociétés, semble encore plus associé à l'exercice de la domination qu'à celui, peut-être, d'une parole juste. C'est que celle-ci est souvent un renoncement et que les représentations que nous avons du plaisir et qui en conditionnent en partie le ressenti l'associent plus à un déploiement sans retenue, à une sorte d'abondance quantitative qu'à une restriction. C'est aussi que nous voyons mal les bénéfices de la restriction, qui libère des possibilités inédites.

     La prise de parole, notamment la prise de parole en public, est en soi source de plaisir, pour ceux qui sont à l'aise dans l'exercice, mais aussi, et plus souvent sans doute, une source d'angoisse, de stress non souhaité. Nous avons là un des symptômes les plus évidents du caractère globalement mobilisant et engageant de la parole. Si nous avons peur de parler en public, c'est que notre parole nous révèle, nous met à nu. Cette métaphore de la mise à nu revient très fréquemment dans le propos de ceux pour qui la parole en public recouvre un problème majeur, parfois insurmontable.
    Jerilyn Ross, présidente de l'association américaine des troubles anxieux, témoigne ainsi de cette difficulté : "Imaginez qu'en rentrant dans cette salle, vous vous aperceviez soudain que vous êtes tout nu... Imaginez bien tout ce que vous ressentiriez alors... Sans doute de la gêne, de la honte. Que feriez-vous ? Chercheriez-vous à fuir, à vous dérober aux regards des gens ? Et si, peu après, vous deviez rencontrer à nouveau les personnes vous ayant vu ainsi, dans quelles dispositions seriez-vous ? Tout cela c'est ce que vivent, avec plus ou moins d'intensité, il est vrai, les anxieux et les phobiques sociaux, mais dans des situations d'une banalité extrême, comme prendre la parole devant un groupe d'amis, où aller acheter une baguette."

    La parole est ici doublement associée au corps — mis à nu — et à l'engagement. Nous sommes là dans une caractéristique essentielle de la parole, déjà soulignée par Gusdorf, lorsqu'il nous dit que la « parole donnée manifeste la capacité humaine de s'affirmer soi-même en dépit de toutes les contraintes matérielles. Elle est le dévoilement de l'être dans sa nudité essentielle, la transcription de la valeur dans l'existence ».

    Toute la personne est contenue dans sa parole et toute la parole est visible. C'est donc tout l'être qui est rendu transparent. La parole constitue un tunnel entre les personnes qui donne accès à l'être de chacun. Dans la prise de parole en public, l'autre n'est pas toujours vécu comme un partenaire attentif et indulgent, mais à peu près systématiquement comme un juge, qui va évaluer et éventuellement punir une mauvaise performance, laquelle ne serait ainsi que la façade d'une parole mal fondée, donc d'un être peu assuré.

    Philippe Breton, Éloge de la parole (2003)

    Photo : Pexels - Sora Shimazaki

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  • La valise philosophique du mois : Café philo du 24 novembre

    Retrouvez notre traditionnelle "Valise philosophique" du mois. Elle est consacrée à la séance du vendredi 24 novembre 2023 qui aura pour sujet : "Nos actes nous engagent-ils plus que nos paroles ?" Cette séance aura lieu à la Médiathèque de Montargis.

    Comme pour chaque séance, nous vous avons préparé (colonne de gauche) des documents, textes, extraits de films ou de musiques servant à illustrer et enrichir les débats mensuels.

    Restez attentifs : régulièrement de nouveaux documents viendront alimenter cette rubrique d'ici la séance.

    Photo : Mikhail Nilov- Pexels

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  • Nietzsche : "Les mots sont des symboles sonores pour désigner des idées"

    9782080278036.jpgQu'est-ce en fin de compte que l'on appelle "commun" ? Les mots sont des symboles sonores pour désigner des idées, mais les idées sont des signes imagés, plus ou moins précis, de sensations qui viennent fréquemment et simultanément, de groupes de sensations. Il ne suffit pas, pour se comprendre mutuellement, d'employer les mêmes mots ; il faut encore employer les mêmes mots pour désigner la même sorte d'expériences intérieures, il faut enfin avoir en commun certaines expériences. C'est pourquoi les gens d'un même peuple se comprennent mieux entre eux que ceux qui appartiennent à des peuples différents, même si ces derniers usent de la même langue ; ou plutôt, quand des hommes ont longtemps vécu ensemble dans des conditions identiques, sous le même climat, sur le même sol, courant les mêmes dangers, ayant les mêmes besoins, faisant le même travail, il en naît quelque chose qui "se comprend" : un peuple. Dans toutes les âmes un même nombre d'expériences revenant fréquemment a pris le dessus sur des expériences qui se répètent plus rarement : sur elles on se comprend vite, et de plus en plus vite - l'histoire du langage est l'histoire d'un processus d'abréviation....

    On en fait l'expérience même dans toute amitié, dans toute liaison amoureuse : aucune n'est durable si l'un des deux découvre que son partenaire sent, entend les mêmes mots autrement que lui, qu'il y flaire autre chose, qu'ils éveillent en lui d'autres souhaits et d'autres craintes...

    A supposer à présent que la nécessité n'ait depuis toujours rapproché que des gens qui pouvaient indiquer par des signes identiques des besoins et des expériences identiques, il en résulte au total que la facilité avec laquelle une nécessité se laisse communiquer, c'est-à-dire, au fond, le fait de n'avoir que des expériences médiocres et communes, a du être la plus forte de toutes les puissances qui ont jusqu'ici déterminé l'homme.

    Friedrich Nietzsche, Par-delà le bien et le mal, § 268 (1886)

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