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Café philosophique de Montargis - Page 6

  • Augustin : Qu'est-ce que le mensonge ?

    Il faut voir en quoi consiste le mensonge. Il ne suffit pas de dire quelque chose de faux pour mentir, si par exemple on croit, ou si on a l'opinion que ce que l'on dit est vrai. Il y a d'ailleurs une différence entre croire et avoir une opinion : parfois, celui qui croit sent qu'il ignore ce qu'il croit, bien qu'il ne doute en rien de la chose qu'il sait ignorer, tant il y croit fermement ; celui qui, en revanche, a une opinion, estime qu'il sait ce qu'il ne sait pas. Or quiconque énonce un fait que, par croyance ou opinion, il tient pour vrai, même si ce fait est faux, ne ment pas. Il le doit à la foi qu'il a en ses paroles, et qui lui fait dire ce qu'il pense ; il le pense comme il le dit. Bien qu'il ne mente pas, il n'est pas cependant sans faute, s'il croit des choses à ne pas croire, ou s'il estime savoir ce qu'il ignore, quand bien même ce serait vrai. Il prend en effet l'inconnu pour le connu. Est donc menteur celui qui pense quelque chose en son esprit, et qui exprime autre chose dans ses paroles, ou dans tout autre signe.

    S. Augustin, Du mensonge (IVe s.)

    Photo : Pexels

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  • Platon : Nous devons faire le plus grand cas de la vérité

    Mais c'est un fait qu'il y a aussi la vérité, et que nous devons en faire le plus grand cas ! Car, si nous avons eu raison de dire tout à l'heure que, en réalité, tandis que la fausseté est inutilisable par les Dieux, elle est utilisable par les hommes sous la forme d'un remède, il est dès lors manifeste qu'une telle utilisation doit être réservée à des médecins, et que des particuliers incompétents n'y doivent pas toucher. — C'est manifeste, dit-il. — C'est donc aux gouvernants de l'État qu'il appartient, comme à personne au monde, de recourir à la fausseté, en vue de tromper, soit les ennemis, soit leurs concitoyens, dans l'intérêt de l'État ; toucher à pareille matière ne doit appartenir à personne d'autre. Au contraire, adresser à des gouvernants tels que sont les nôtres des paroles fausses est pour un particulier une faute identique, plus grave même, à celle d'un malade envers son médecin, ou de celui qui s'entraîne aux exercices physiques envers son professeur, quand, sur les dispositions de leur corps, ils disent des choses qui ne sont point vraies ; ou bien encore envers le capitaine de navire, quand, sur son navire ou sur l'équipage, un des membres de cet équipage ne lui rapporte pas ce qui est, eu égard aux circonstances, tant de sa propre activité que de celle de ses compagnons. — Rien de plus vrai, dit-il. — Concluons donc que tout membre particulier de l'équipage de l'État, pris en flagrant délit de tromperie, « quelle que soit sa profession, devin, guérisseur de maux, ou bien artisan du bois », sera châtié, pour introduire ainsi, dans ce que j'appellerais le navire de l'État, une pratique qui doit en amener le naufrage et la perte. — Châtié ? dit Adimante. Au moins le sera-t-il dans le cas où nos propos seront suivis de réalisation.

    Platon, La République (Ve s. av JC)

    Photo : Pexels - Ron Lach

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  • Arendt : Mensonge et récupérations

    Du-mensonge-a-la-violence.jpgLa tromperie, la falsification délibérée et le mensonge pur et simple employés comme moyens légitimes de parvenir à la réalisation d'objectifs politiques, font partie de l'histoire aussi loin qu'on remonte dans le passé. La véracité n'a jamais figuré au nombre des vertus politiques, et le mensonge a toujours été considéré comme un moyen parfaitement justifié dans les affaires politiques.

    Hannah Arendt, Du mensonge à la violence (1972)

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  • Malebranche : la recherche de la vérité

    9782080712882-475x500-1.jpgNous venons de voir qu’on ne tombe dans l’erreur, que parce que l’on ne fait pas l’usage qu’on devrait faire de sa liberté ; que c’est faute de modérer l’empressement et l’ardeur de la volonté pour les seules apparences de la vérité, qu’on se trompe, et que l’erreur ne consiste que dans un consentement de la volonté qui a plus d’étendue que la perception de l’entendement, puisqu’on ne se tromperait point si l’on ne jugeait simplement que de ce que l’on voit.

    I. Mais, quoiqu’à proprement parler il n’y ait que le mauvais usage de la liberté qui soit cause de l’erreur, on peut dire néanmoins que nous avons beaucoup de facultés qui sont cause de nos erreurs, non pas causes véritables, mais causes qu’on peut appeler occasionnelles. Toutes nos manières d’apercevoir nous sont autant d’occasions de nous tromper. Car puisque nos faux jugements renferment deux choses, le consentement de la volonté, et la perception de l’entendement ; il est bien clair que toutes nos manières d’apercevoir nous peuvent donner quelque occasion de nous tromper, puisqu’elles nous peuvent porter à des consentements précipités !

    Or, parce qu’il est nécessaire de faire d’abord sentir à l’esprit ses faiblesses et ses égarements, afin qu’il entre dans de justes désirs de s’en délivrer, et qu’il se défasse avec plus de facilités de ses préjugés, on va tâcher de faire une division exacte de ses manières d’apercevoir, qui seront comme autant de chefs à chacun desquels on rapportera dans la suite les différentes erreurs auxquelles nous sommes sujets.

    L’âme peut apercevoir les choses en trois manières, par l’entendement pur, par l’imagination, par les sens.

    Nicolas de Malebranche, De la recherche de la vérité (1674)

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  • Paul Ricoeur : "Histoire et vérité"

    On ne dira jamais assez combien notre sensibilité à la vérité a été instruite, éduquée et, pour tout dire, réjouie par l’idée que la vérité est un spectacle pour notre entendement- spectacle que l’ordre céleste déployait en outre à nos yeux charnels comme la beauté ordonnée où l’ordre mathématique s’incarne.

    Paul Ricoeur, Histoire et vérité (1955)

    Photo : Pexels - Pixabay

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  • Sarraute : Mensonge !

    Monsonge.jpgJEANNE : Pas du tout, j'ai horreur de mentir. Même dans les petites choses, je ne pourrais jamais...
    JACQUES : Pourquoi avez-vous souri, Pierre ?
    PIERRE : J'ai souri ?
    JACQUES : Oui, d'un air... On se demande toujours avec vous... Vous me faites tellement l'effet d'une machine à détecter le mensonge...
    PIERRE : Pourquoi ? Qui a menti ?
    JACQUES : Personne. Mais comme Jeanne a dit qu'elle ne mentait JAMAIS... C'est ce mot JAMAIS... Alors j'ai cru... comme c'est si rare... Il m'a semblé qu'en vous aussitôt... enfin... j'ai eu l'impression que ça recommençait... Vous avez souri...
    ROBERT : Oh, écoutez, ça suffit. C'est contagieux, c'est vous que ça prend maintenant...

    Nathalie Sarraute, Le mensonge (2005)

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  • Nietzsche : "Qu'est-ce donc que la vérité ?"

    Qu'est-ce donc que la vérité ? Une multitude mouvante de métaphores, de métonymies, d'anthropomorphismes, bref une somme de relations humaines qui ont été rehaussées, transposées, et ornées par la poésie et par la rhétorique, et qui après un long usage paraissent établies, canoniques et contraignantes aux yeux d'un peuple : les vérités sont des illusions dont on a oublié qu'elles le sont, des métaphores usées qui ont perdu leur force sensible, des pièces de monnaie qui ont perdu leur effigie et qu'on ne considère plus désormais comme telles mais seulement comme du métal.

    Friedrich Nietzsche, Vérité et mensonge au sens extra-moral (1896)

    Photo : Pexels - Anna Shvets

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  • La valise philosophique du mois : Café philo du 30 mai 2025

    Retrouvez notre traditionnelle "Valise philosophique" du mois. Elle est consacrée à la séance du vendredi 30 mai 2025 qui aura pour sujet : "Chacun sa vérité ?" Cette séance aura lieu à la Médiathèque de Montargis.

    Comme pour chaque séance, nous vous avons préparé (colonne de gauche) des documents, textes, extraits de films ou de musiques servant à illustrer et enrichir les débats mensuels.

    Restez attentifs : régulièrement de nouveaux documents viendront alimenter cette rubrique d'ici la séance.

    Photo : Pexels - Caffeine

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  • Wilde : Un bienfait du mensonge

    Le-Declin-du-Mensonge-Plume-Crayon-Poison-Etude-en-vert.jpg... En peu de mots, les doctrines de l'esthétique nouvelle.

    VIVIAN. - Les voici donc brièvement.

    1. L'Art n'exprime jamais que lui.

    2. Tout art mauvais vient d'un retour à la Vie et à la Nature et de leur élévation au titre d'idéal.

    3. La Vie imite l'Art beaucoup plus que qu l'Art n'imite la Vie.

    4. Le Mensonge, le récit de belles choses fausses, est le but même de l'Art.

    Oscar Wilde, Le Déclin du mensonge (1891)

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  • Kant : Connaissances et sceptisisme

    Il y a un principe du doute consistant dans la maxime de traiter les connaissances de façon à les rendre incertaines et à montrer l'impossibilité d'atteindre à la certitude. Cette méthode de philosophie est la façon de penser sceptique ou le scepticisme...

    Mais autant ce scepticisme est nuisible, autant est utile et opportune la méthode sceptique, si l'on entend seulement par là la façon de traiter quelque chose comme incertain et de le conduire au plus haut degré de l'incertitude dans l'espoir de trouver sur ce chemin la trace de la vérité. Cette méthode est donc à proprement parler une simple suspension du jugement. Elle est fort utile au procédé critique par quoi il faut entendre cette méthode de philosophie qui consiste à remonter aux sources des affirmations et objections, et aux fondements sur lesquels elles reposent, méthode qui permet d'espérer atteindre à la certitude.

    Emmanuel Kant, Logique (1800)

    Photo : Pexels - Cottonbro

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  • Kant : Du vrai

    L'acte de tenir pour vrai (la créance) est un fait de notre entendement qui peut reposer sur des raisons objectives, mais qui exige aussi des causes subjectives dans l'esprit de celui qui juge ; quand cet acte est valable pour chacun, pour peu qu'il ait seulement de la raison, la raison en est objectivement suffisante, et le fait de tenir pour vrai s'appelle alors conviction . Quand il a uniquement son fondement dans la nature particulière du sujet, on le nomme persuasion.

    La persuasion est une simple apparence, parce que le principe du jugement, qui réside simplement dans le sujet, est tenu pour objectif. Aussi un jugement de ce genre n'a-t-il qu'une valeur personnelle, et la créance ne se communique pas. Mais la vérité repose sur l'accord avec l'objet, et par conséquent, par rapport à cet objet, les jugements de tout entendement doivent être d'accord (consentientia uni tertio consentiunt inter se). La pierre de touche servant à reconnaître si la créance est une conviction ou une simple persuasion est donc extérieure : elle consiste dans la possibilité de la communiquer et de la trouver valable pour la raison de chaque homme ; car alors on peut au moins présumer que la raison de l'accord de tous les jugements, malgré la diversité des sujets entre eux, reposera sur un fondement commun, je veux dire sur l'objet, avec lequel, par suite, tous les sujets s'accorderont, prouvant par là même la vérité du jugement.

    La persuasion ne peut donc pas, à la vérité, se distinguer subjectivement de la conviction, si le sujet a devant les yeux la créance simplement comme un phénomène de son propre esprit ; l'épreuve que l'on fait sur l'entendement d'autrui des raisons qui sont valables pour nous, afin de voir si elles produisent sur une raison étrangère le même effet que sur la nôtre, est cependant un moyen qui, bien que purement subjectif, sert, non pas sans doute à produire la conviction, mais à découvrir la valeur toute personnelle au jugement, c'est-à-dire à découvrir en lui ce qui n'est que simple persuasion.

    Si l'on peut en outre expliquer les causes subjectives du jugement, causes que nous prenons pour des raisons  objectives de ce jugement, et par conséquent expliquer notre créance trompeuse comme un événement de notre esprit, sans avoir besoin pour cela de la nature de l'objet, nous mettons alors l'apparence à nu et nous ne serons plus trompés par elle, bien qu'elle puisse toujours nous tenter jusqu'à un certain point, si la cause subjective de cette apparence tient à notre nature.
    Je ne peux affirmer, c'est-à-dire exprimer comme un jugement nécessairement valable pour chacun, que ce qui produit la conviction. Je puis garder pour moi ma persuasion, si je m'en trouve bien, mais je ne puis ni ne dois vouloir la faire valoir hors de moi.

    La créance ou la valeur subjective du jugement par rapport à la conviction (qui a en même temps une valeur objective) présente les trois degrés suivants : l'opinion, la foi  et le savoir. L'opinion est une créance qui a conscience d'être insuffisante subjectivement aussi bien  qu'objectivement. Quand la créance n'est suffisante que subjectivement, et qu'en même temps, elle est tenue pour objectivement insuffisante, elle s'appelle foi. Enfin celle qui est suffisante subjectivement s'appelle savoir. La suffisance subjective s'appelle conviction (pour moi-même), la suffisance objective, certitude  (pour chacun). Je ne m'arrêterai pas à éclaircir des concepts aussi faciles à comprendre.

    Emmanuel Kant, Critique de la raison pure (1781)

    Photo : Pexels - Magda Ehlers

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  • Descartes : L'entendement

    Commençons par la considération des choses les plus communes, et que nous croyons comprendre le plus distinctement, à savoir les corps que nous touchons et que nous voyons. Je n'entends pas parler des corps en général, car ces notions générales sont d'ordinaire plus confuses, mais de quelqu'un en particulier. Prenons pour exemple ce morceau de cire qui vient d'être tiré de la ruche : il n'a pas encore perdu la douceur du miel qu'il contenait, il retient encore quelque chose de l'odeur des fleurs dont il a été recueilli ; sa couleur, sa figure, sa grandeur, sont apparentes ; il est dur, il est froid, on le touche, et si vous le frappez, il rendra quelque son. Enfin, toutes les choses qui peuvent distinctement faire connaître un corps se rencontrent en celui-ci.

    Mais voici que, cependant que je parle, on l'approche du feu : ce qui y restait de sa saveur s'exhale, l'odeur s'évanouit, sa couleur se change, sa figure se perd, sa grandeur augmente, il devient liquide, il s'échauffe, à peine le peut-on toucher, et quoiqu'on le frappe, il ne rendra plus aucun son. La même cire demeure-t-elle après ce changement ? Il faut avouer qu'elle demeure et personne ne le peut nier. Qu'est-ce donc que l'on connaissait en ce morceau de cire avec tant de distinction ? Certes ce ne peut être rien de tout ce que j'y ai remarqué par l'entremise des sens, puisque toutes les choses qui tombaient sous le goût, ou l'odorat, ou la vue, ou l'attouchement ou l'ouïe, se trouvent changées, et cependant la même cire demeure.

    Peut-être était-ce ce que je pense maintenant, à savoir que la cire n'était pas ni cette douceur de miel, ni cette agréable odeur de fleurs, ni cette blancheur, ni cette figure, ni ce son, mais seulement un corps qui un peu auparavant me paraissait sous ces formes, et qui maintenant se fait remarquer sous d'autres. Mais qu'est-ce, précisément parlant, que j'imagine, lorsque je la conçois en cette sorte ? Considérons-la attentivement, et éloignant toutes les choses qui n'appartiennent point à la cire, voyons ce qui reste. Certes il ne demeure rien que quelque chose d'étendu, de flexible et de muable. Or, qu'est-ce que cela : flexible et muable ? N'est-ce pas que j'imagine que cette cire, étant ronde, est capable de devenir carrée, et de passer du carré en une figure triangulaire ? Non certes, ce n'est pas cela, puisque je la conçois capable de recevoir une infinité de semblables changements et je ne saurais néanmoins parcourir cette infinité par mon imagination, et par conséquent cette conception que j'ai de la cire ne s'accomplit pas par la faculté d'imaginer.

    Qu'est-ce maintenant que cette extension ? N'est-elle pas aussi inconnue, puisque dans la cire qui se fond elle augmente, et se trouve encore plus grande quand elle est entièrement fondue, et beaucoup plus encore quand la chaleur augmente davantage ? Et je ne concevrais pas clairement et selon la vérité ce que c'est que la cire, si je ne pensais qu'elle est capable de recevoir plus de variétés selon l'extension, que je n'en ai jamais imaginé. Il faut donc que je tombe d'accord, que je ne saurais pas même concevoir par l'imagination ce que c'est que cette cire, et qu'il n'y a que mon entendement seul qui le conçoive ; je dis ce morceau de cire en particulier, car pour la cire en général, il est encore plus évident.

    Or quelle est cette cire qui ne peut être conçue que par l'entendement ou l'esprit ? Certes c'est la même que je vois, que je touche, que j'imagine, et la même que je connaissais dès le commencement. Mais ce qui est à remarquer, sa perception, ou bien l'action par laquelle on l'aperçoit n'est point une vision, ni un attouchement, ni une imagination, et ne l'a jamais été, quoiqu'il semblât ainsi auparavant, mais seulement une inspection de l'esprit, laquelle peut être imparfaite et confuse, comme elle était auparavant, ou bien claire et distincte, comme elle est à présent, selon que mon attention se porte plus ou moins aux choses qui sont en elle et dont elle est composée.

    René Descartes, Méditations métaphysiques (1641)

    Photo : Pexels - Ekaterina Bolovtsova

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  • Eco : Le fou, le stupide et la vérité

    CVT_Le-Pendule-De-Foucault_4435.pngLe fou, on le reconnaît tout de suite. C'est un stupide qui ne connaît pas les trucs. Le stupide, sa thèse, il cherche à la démontrer, il a une logique biscornue mais il en a une. Le fou par contre ne se soucie pas d'avoir une logique, il procède par courts-circuits. Tout, pour lui, démontre tout. Le fou a une idée fixe, et tout ce qu'il trouve va pour la confirmer. Le fou, on le reconnaît à la liberté qu'il prend par rapport au devoir de preuve, à sa disponibilité à trouver des illuminations. Et ça vous paraîtra bizarre, mais le fou, tôt ou tard, met les Templiers sur le tapis.

    Umberto Eco, Le Pendule de Foucault (1984)

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  • Pirandello : "Chacun sa vérité"

    81SyiQ9pxzS._UF1000,1000_QL80_.jpgC’est vous, ce n’est pas moi, qui avez besoin de données des faits, de documents pour affirmer ou pour nier. Moi, je n’en ai pas le moindre besoin. Pour moi, la réalité ne réside pas dans ces documents ; elle réside dans l’âme de ces deux êtres, et, cette âme, je ne puis espérer y pénétrer. Je n’ai qu’à croire ce qu’ils m’en racontent.

    Luigi Pirandello, Chacun sa vérité (1917)

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  • Prochaine séance : "Chacun sa vérité ?"

    Le Café Philosophique de Montargis fixe son prochain rendez-vous le vendredi 30 mai 19 heures à la Médiathèque de Montargis. 

    Le débat portera sur cette question : "Chacun  sa vérité ?"

    Affiche de la séance

    Photo : Pexels - Cottonbro

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  • Merci aux animatrices, animateurs et participants de la séance du vendredi 25 avril "Le Café Philo passe le Bac"

    Une trenttaine de personnes étaient présentes à la séance du 25 avril 2025 pour un débat intitulé : "Sommes-nous maîtres de nos technologies ?" Il s'agissait d'une séance spéciale "Le Café Philo passe le Bac". La séance était animé avec talent par une classe de Terminale du Lycée en Forêt.

    Merci à eux !

    Prochain rendez-vous le vendredi 20 mai 19 heures à la Médiathèque de Montargis pour un débat portant sur cette question : "Chacun sa vérité ?"

    A bientôt !

     

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  • "Le Café philo passe le Bac ! - Sommes-nous maîtres de nos technologies ?"

    "Le Café philo passe le Bac !"

    Le Café philosophique de Montargis du 25 avril sera animé par des lycéens du Lycée en Forêt 

    Le Café philosophique de Montargis propose un débat exceptionnel à la Médiathèque de Montargis le vendredi 25 avril 2025 à 19 heures. Ce seront des élèves de Terminale du Lycée en Forêt qui seront au micro pour animer un  débat qui aura pour sujet cette question : "Sommes-nous maîtres de nos technologies ?"

    La technologie fait d’autant plus partie de notre vie que, depuis quelques années, le développement de l’intelligence artificielle et de la robotique viennent nous interroger sur leurs impacts. À quoi servent les techniques ? Doivent-elles avoir des limites ? L’homme peut-il rivaliser face à des ordinateurs d’autant plus surpuissants qu’ils tiennent dans la poche ? Bien que l’homme ait créé toutes ces techniques, peut-il encore en maîtriser leurs développements ? Ne sommes-nous pas, au contraire, esclaves de ces technologies ? Devons-nous les craindre ?  

    Ce seront autant de points et de questions qui pourront être débattus lors de cette séance. Rendez-vous donc à l’Atrium de la Médiathèque de Montargis le vendredi 25 avril 2025 à 19 heures pour cette séance exceptionnelle.

    La participation sera libre et gratuite.  

    Photo : Pexels - Markus Spiske

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  • Ils ont dit, au sujet des techniques

    "Et que, pour bien diriger, il n’y a que deux choses, l’opinion vraie et la science ; et l’homme qui les possède est un bon guide." [Platon]

    "L’homme était en possession du savoir qui concerne la vie, mais il n’avait pas le savoir politique ; en effet, celui-ci se trouvait chez Zeus."
    [Platon]

    "La main semble être non pas un outil, mais plusieurs ? Car elle est pour ainsi dire un outil qui tient lieu de tous les autres. Car la main devient griffe, serre, corne ou lance ou épée, ou toute autre arme ou outil. Elle peut être tout, cela parce qu’elle est capable de tout saisir et de tout tenir." [Aristote]

    "Ne jamais manquer de volonté pour entreprendre et exécuter toutes les choses qu'il jugera être les meilleures." [René Descartes]

    "Mais l’on aura déjà compris à quoi j’en veux venir, à savoir que c’est encore et toujours une croyance métaphysique sur quoi repose notre croyance en la science." [Friedrich Nietzsche]

    "Dans la manufacture et le métier, l'ouvrier se sert de son outil ; dans la fabrique il sert la machine." 
    [Karl Marx]

    "En définitive, l’intelligence, envisagée dans ce qui paraît être la démarche originelle, est la faculté de fabriquer des objets artificiels, en particulier des outils à faire des outils, et d’en varier indéfiniment la fabrication." [Bergson]

    "Il est hélas devenu évident aujourd'hui que notre technologie a dépassé notre humanité."
    [Albert Einstein]

    "L'homme et sa sécurité doivent constituer la première préoccupation de toute aventure technologique." [Albert Einstein]

    "Le progrès technique est comme une hache qu’on aurait mis dans les mains d’un psychopathe." [Albert Einstein]

    "Un monde gagné pour la technique est perdu pour la liberté." [Georges Bernanos]

    "Des sciences de la nature est sortie la technique. Elle a tout d’abord été conforme à sa destination : elle a libéré l’homme de ses difficultés, et elle a suscité de nouveaux modes d’existence. Plus tard, elle est devenue ambiguë, dès l’instant où elle a développé parallèlement les chances de progrès et les risques de destruction. Pour finir, elle s’est pervertie, le jour où elle a fait de la production d’objets une fin en soi." [Karl Jaspers]

    "Le défi de notre siècle sera de formuler un pacte entre l’homme et la technologie. " [Pascal Chabot]

    "On peut définir la Science-Fiction comme la branche de la littérature qui se soucie des réponses de l'être humain aux progrès de la science et de la technologie." [Isaac Asimov]

    "Notre imprudence aveugle se joindra à notre puissance technologique pour produire des effets dévastateurs." [Michael Crichton]

    "La religion s'insère entre les fissures du mur de la technologie tel du lierre. Quel que soit l'état de la science, la question de la naissance de l'univers se posera toujours." [Ray Bradbury]

    “Je ne crois pas que la littérature ait quoi que ce soit à craindre de la technologie. Au contraire. Plus la technologie progressera, plus les gens s’intéresseront aux possibilités du seul esprit humain." [Isaac Bashevis Singer]

    "Les prouesses réalisées par des individus exceptionnels, grâce à leur art et à leur intelligence, tôt ou tard la technologie les rend possibles à tout le monde." [Roland Topor]

    "La technique nous écarterait-elle de notre passé, au point de nous le rendre inintelligible ?" [Alexis Philonenko]

    "Despote conquérant, le progrès technique ne souffre pas l'arrêt. Tout ralentissement équivalant à un recul, l'humanité est condamnée au progrès à perpétuité." [Alfred Sauvy]

    "L'invention technique procède de l'homme seul et non de ses besoins vitaux, mais de ses rêves, c'est-à-dire de ses vrais désirs." [Denis de Rougemont]

    "J'échangerai toute ma technologie pour un après-midi avec Socrate." [Steve Jobs] 

    "La science, c'est ce que le père enseigne à son fils. La technologie, c'est ce que le fils enseigne à son papa." [Michel Serres]

    "Nous avons construit un monde où l'intelligence est la premières des facultés, où la science et la technique nous tirent en avant et nous chutons, en produisant plus de misères, de famines, de maladies." [Michel Serres]

    "Face à la croissance explosive des techniques de communication de l'information, les capacités de notre cerveau d'acquérir, de stocker, d'assimiler et d'émettre de l'information sont restées inchangées." [Pierre Joliot]

    "S'appuyer sur l'expérience du passé devrait suffire à démontrer que la plupart des révolutions technologiques sont issues de recherches dont la seule motivation était le progrès de la connaissance." [Pierre Joliot]

    "Loin d’être le surveillant d’une troupe d’esclaves, l’homme est l’organisateur permanent d’une société des objets techniques qui ont besoin de lui comme les musiciens ont besoin du chef d'orchestre." [Gilbert Simondon]

    "Afin de se maintenir, l'économie est en permanence obligée de créer et de répandre davantage de technologie. C'est comme si l'enfant à naître dévorait sa mère dans le ventre de celle-ci." [Edward Bond]

    "Dans le passé la technologie a été un bienfait pour l'homme, maintenant elle devient un danger. Même en tant de paix elle commence à détruire la terre." [Edward Bond]

    "La vitesse est la forme d'extase dont la révolution technique a fait cadeau à l'homme." [Milan Kundera]

    "Grâce à la technologie des armes et des transports, le XXème siècle a découvert une barbarie que ni l'Antiquité ni le Moyen Âge n'avait connue, la guerre contre les enfants." [Boris Cyrulnik]

    "Avec des nouvelles technologies, ne sommes-nous pas en train d'assister à la disparition inéluctable de l'auteur ou du créateur au profit d'une marque ?" [Paul Virilio]

    "La science est devenue un moyen de la technique." [Jacques Ellul]

    "Nous sommes actuellement au stade d'évolution historique d'élimination de tout ce qui n'est pas technique." [Jacques Ellul]

    "La civilisation technique a un tort énorme : elle n'a pas encore supprimé la mort." [Jacques Ellul]

    "Tout ce qui est techniquement faisable et économiquement exploitable doit être mis en oeuvre sans détour préalable par la discussion." [Jürgen Habermas]

    "Nos institutions et nos technologies ont changé, mais nos émotions viennent de l’âge de pierre."
     [Yuval Noah Harari]
     
    "L’IA est la première technologie de l’histoire humaine qui ne soit pas un outil mais un agent.”
     [Yuval Noah Harari]

    "La technique est moins importante que les hommes ou que la société, l'important, c'est le projet humain qui est derrière." [Dominique Wolton]

    "Nous avons l'impression que les forces économiques, les marchés financiers, les nouvelles technologies, transforment notre vie de tous les jours bien davantage que nos ministres ou nos parlementaires." [Luc Ferry]

    "Avenir : Sombre, incertain, complexe mais aussi ouvert, flexible, changeant... Comme l’économie et comme les technologies." [Luc Fayard]

    "L’intelligence de l’Homme a progressé au niveau technologique, mais pas au niveau des sentiments." [Monica Bellucci]

    "Les jeunes, de nos jours, ne sont plus équipés pour un monde qui, pour l’essentiel, est d’une complexité technique bien supérieure à la formation que leur assure l’école. Personne ne reçoit plus les armes nécessaires pour s’en sortir, s’élever et trouver une structure qui permet de s’insérer dans un monde chaque jour plus cataclysmique." [David Bowie]

    "Tout le monde se réclame aveuglément du progressisme, alors que bien des progrès techniques peuvent s’assortir d’aliénations sociales redoutables." [Sylviane Agacinski]

    Photo : Pexels - Pavel Danilyuk

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  • Marcuse : Techniques et libido

    Dans cette société le temps que l'on passe sur les machines et avec les machines n'est pas exclusivement un temps de travail (c'est-à-dire un labeur déplaisant mais nécessaire) et l'énergie que la machine économise n`est pas exclusivement de l'énergie de travail. La mécanisation a aussi "sauvegardé" la libido, la force des instincts de vie - c`est-à-dire qu`elle lui a supprimé les formes antérieures de réalisation. C'est ce qu'exprime essentiellement le contraste romantique entre le voyageur moderne et le poète vagabond...

    L'environnement d'où l`individu pouvait tirer du plaisir (il pouvait l'érotiser presque comme une zone étendue de son corps) a été restreint... Il en résulte une localisation et une contraction de la libido, l'érotique se restreint à l'expérience et à la satisfaction sexuelles...

    En affaiblissant l'érotique et en renforçant l'énergie sexuelle, la société technologique établit des limites pour la sublimation. Elle restreint également le besoin de sublimer. Dans l'appareil mental, la tension entre ce qui est désiré et ce qui est permis semble beaucoup plus faible ; le principe de réalité ne semble plus requérir une transformation violente et douloureuse des besoins instinctuels. L'individu doit s'adapter à un monde qui ne semble pas exiger de lui un renoncement à ses besoins profonds - c'est un monde qui n'est pas essentiellement hostile.

    Ainsi l'organisme est conditionné au préalable à accepter spontanément ce qui lui est offert.

    Herbert Marcuse, L'Homme unidimensionnel (1966)

    Photo : Pexels - Moose Photos

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  • Trois fois où la terrifiante série "Black Mirror" est devenue réalité

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  • Rousseau : "Nos âmes se sont corrompues à mesure que nos sciences et nos arts se sont avancés à la perfection"

    Nos âmes se sont corrompues à mesure que nos sciences et nos arts se sont avancés à la perfection... On a vu la vertu s'enfuir à mesure que leur lumière s'élevait sur notre horizon, et le même phénomène s'est observé dans tous les temps et dans tous les lieux. […] les sciences, les lettres et les arts étendent des guirlandes de fleurs sur les chaînes de fer dont les hommes sont chargés, étouffent en eux le sentiment de cette liberté originelle pour laquelle ils semblaient être nés, leur font aimer leur esclavage et en forment ce qu'on appelle des peuples policés... qu'on ne se plaise à se rappeler l'image de la simplicité des premiers temps. C'est un beau rivage, paré des seules mains de la nature, vers lequel on tourne incessamment les yeux, et dont on se sent éloigner à regret. Quand les hommes innocents et vertueux aimaient à avoir les dieux pour témoins de leurs actions, ils habitaient ensemble sous les mêmes cabanes.

    Jean-Jacques Rousseau, Discours sur les Sciences et les Arts (1750)

    Photo : Pexels - Cottonbro

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  • Descartes : "... Comme maîtres et possesseurs de la nature"

    … Au lieu de cette philosophie spéculative qu’on enseigne dans les écoles, on en peut trouver une pratique, par laquelle, connaissant la force et les actions du feu, de l’eau, de l’air, des astres, des cieux et de tous les corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature. Ce qui n’est pas seulement à désirer pour l’invention d’une infinité d’artifices qui feraient qu’on jouirait sans aucune peine des fruits de la terre et de toutes les commodités qui s’y trouvent, mais principalement aussi pour la conservation de la santé, laquelle est sans doute le premier bien et le fondement de tous les autres biens de cette vie.

    René Descartes, Discours de la Méthode, Sixième partie (1637)

    Photo : Pexels - Bradley Hook

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