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Documents - Page 3

  • Mèmeteau : le dilemme du "plan cul"

    MèmeteauDans la culture du plan cul (hooking up), on entame des relations sexuelles en tentant délibérément de refuser tout investissement émotionnel. Plutôt que de dire que l'on vit à une époque de débauche généralisée, on ferait aussi bien de dire que l'on vit une généralisation du paradoxe classique du dilemme du prisonnier. Pour se prémunir de revers amoureux, chacun parie sur la trahison de l'autre et contribue ainsi à produire collectivement le pire résultat possible : un monde où l'amour est ce dont on doit se détacher.

    Richard Mèmeteau, Sex friends (2019)

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  • Ovide : "Le devoir me retient, et l'amour m'entraîne"

    9782253089032-001-T.jpegMalheureuse ! repousse, si tu le peux, étouffe cette flamme qui s'allume dans ton cœur. Ah ! si je le pouvais, je serais plus tranquille. Mais je ne sais à quelle force irrésistible j'obéis malgré moi. Le devoir me retient, et l'amour m'entraîne. Je vois le parti le plus sage, je l'approuve, et je suis le plus mauvais. Eh ! quoi, née du sang des rois, tu brûles pour un étranger ! tu veux suivre un époux dans un monde qui t'est inconnu! Mais les états de ton père ne peuvent-ils t'offrir un objet digne de ton amour ? Que Jason vive, ou qu'il meure, que t'importe ! C'est aux dieux d'ordonner de son sort. Qu'il vive toutefois ! Sans aimer Jason, je puis former ce vœu. Car enfin, quel crime a-t-il commis ? Où donc est le barbare que ne pourraient émouvoir et sa jeunesse, et sa naissance, et sa vertu ? et n'eût-il pour lui que sa beauté, sa beauté suffirait pour intéresser et plaire ; et, je l'avouerai, je n'ai pu me défendre contre sa beauté ! 

    Ovide, Les Métamorphoses (Ier s. ap. JC)

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  • Augustin : "La mauvaise conscience est-elle chose bienfaisante ?"

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  • Collodi : Les Aventures de Pinocchio

    9782253154792-001-T.jpegMalheur aux enfants qui se révoltent contre leurs parents et abandonnent par caprice la maison paternelle ! Jamais ils ne trouveront le bien en ce monde et, tôt ou tard, ils s'en repentiront amèrement.
    - Cause toujours, mon Grillon, tant qu'il te plaira : moi je sais que demain, à l'aube, je partirai d'ici car si je reste, il m'arrivera ce qui arrive à tous les enfants. C'est à dire qu'ils m'enverront à l'école et, que cela me plaise ou non, on m'obligera à étudier. Or moi, je te le dis en confidence, étudier ne me va pas du tout. Cela m'amuse beaucoup plus de courir derrière les papillons et de grimper dans les arbres pour dénicher les oiseaux.
    - Pauvre petit sot ! Tu ne sais donc pas qu'en agissant ainsi tu deviendras le plus beau des ânes et que tout le monde se paiera ta tête ?

    Carlo Collodi, Les Aventures de Pinocchio (1883)

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  • "The Logical Song"

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  • Kant : La conscience de l'Etat

    De même donc que l’on peut dire des plantes (par exemple des pommes de terre) et des animaux domestiques qu’on peut en faire usage, les consommer, et les détruire (les faire abattre) parce que, sous le rapport de l’abondance, ils sont l’œuvre de l’homme, de même, semble-t-il, on pourrait ainsi dire de la puissance suprême dans l’Etat, le souverain, qu’il a le droit de conduire ses sujets, qui en majeure partie sont son propre produit, à la guerre comme à la chasse et à une bataille rangée comme à une partie de plaisir.

    Emmanuel Kant, Métaphysique des mœurs, Doctrine du droit (1797)

    Photo : Pexels - Kris Møklebust 

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  • Cabana : Les comédies de la mauvaise conscience

    les-comedies-de-la-bonne-conscience.jpgLa mauvaise conscience m'est d'autant plus chère que je suis horrifiée par les tours et détours de la bonne conscience. Le mécanisme est aussi vieux que le monde : parce qu'elle est un confort, un repos de l'esprit, souvent une paresse, une pensée automatique sûre d'elle-même, la bonne conscience est l'alibi de tous les conformismes. Leur simple énumération suffit à révéler l'étendue des dégâts : le politiquement correct, l'intellectuellement correct, l'écologiquement correct, le médiatiquement correct, l'hygiéniquement correct, l'universitairement correct. Autant de maux d'époque nourris par les passions tristes des donneurs de leçons. Leur moraline fait une victime : la liberté. La vôtre, la mienne, la nôtre. C'est peu de dire que tout cela donne envie de se précipiter dans les bras de la mauvaise conscience.

    Anna Cabana, Les comédies de la mauvaise conscience (2023)

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  • "Requiem pour un fou"

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  • Popper : "Toute vie est résolution de problèmes"

    Certains animaux ont sans aucun doute une personnalité ; ils possèdent quelque chose d'analogue à la fierté et à l'ambition, et ils apprennent à réagir à un nom. La conscience de soi humaine, en revanche, est ancrée dans le langage et (explicitement comme implicitement) dans des théories formulées. Un enfant apprend à utiliser son nom pour lui-même et, finalement, à employer un mot comme « ego » ou « je, », et il en apprend l'usage avec la conscience de la continuité de son corps et de son moi... La grande complexité et la non-indépendance de l'âme humaine, ou de l'ego humain, sont particulièrement manifestes quand on considère qu'il existe des cas où des personnes ont oublié qui elles sont ; elles ont oublié tout ou partie de leur histoire passée, tout en ayant conservé, ou peut-être recouvré, une partie de leur ego. Dans un certain sens, leur mémoire n'a pas disparu, car elles se souviennent de la façon de marcher, de manger, et même de parler. Mais elles ne se souviennent pas qu'elles viennent de Bristol, ou alors de leur nom et de leur adresse. Comme elles ne savent plus rentrer chez elles (ce que les animaux savent faire en principe), leur conscience de soi est même tombée en deçà du niveau normal de la mémoire animale. Mais si elles n'ont pas perdu la faculté de parler, une conscience humaine supérieure à celle de l'animal est demeurée intacte.

    Karl Popper, Toute vie est résolution de problèmes (1994)

    Photo : Pexels - Mariana Montrazi

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  • La valise philosophique du mois : Café philo du 31 janvier 2025

    Retrouvez notre traditionnelle "Valise philosophique" du mois. Elle est consacrée à la séance du vendredi 31 janvier  2025 qui aura pour sujet : "Faut-il toujours suivre sa conscience ?" Cette séance aura lieu à la Médiathèque de Montargis.

    Comme pour chaque séance, nous vous avons préparé (colonne de gauche) des documents, textes, extraits de films ou de musiques servant à illustrer et enrichir les débats mensuels.

    Restez attentifs : régulièrement de nouveaux documents viendront alimenter cette rubrique d'ici la séance.

    Photo : Mikhail Nilov- Pexels

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  • Bergson : Conscience de l'animal et conscience humaine

    Radicale aussi, par conséquent, est la différence entre la conscience de l'animal, même le plus intelligent, et la conscience humaine. Car la conscience correspond exactement à la puissance de choix dont l'être vivant dispose ; elle est coextensive à la frange d'action possible qui entoure l'action réelle : conscience est synonyme d'invention et de liberté. Or, chez l'animal, l'invention n'est jamais qu'une variation sur le thème de la routine. Enfermé dans les habitudes de l'espèce, il arrive sans doute à les élargir par son initiative individuelle ; mais il n'échappe à l'automatisme que pour un instant, juste le temps de créer un automatisme nouveau : les portes de sa prison se referment aussitôt ouvertes ; en tirant sur sa chaîne il ne réussit qu'à l'allonger. Avec l'homme, la conscience brise la chaîne.

    Henri Bergson, L'Evolution créatrice (1907)

    Photo : Pexels - Anastasia Bekker

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  • Feuerbach : "Mais quelle est cette différence essentielle entre l'homme et l'animal ?"

    Quelle est donc la différence essentielle entre l'homme et l'animal ? La plus simple et la plus générale des réponses à cette question est aussi la plus populaire : c'est la conscience. Mais la conscience au sens strict, car la conscience entendue comme sentiment de soi, capacité de distinguer les objets sensibles, de percevoir et même de juger des choses extérieures d'après des caractères sensibles déterminés, une telle conscience ne peut être refusée à l’animal. Mais la conscience au sens le plus strict n'existe que pour un être qui a pour objet sa propre espèce, sa propre essence. L'animal est sans doute objet pour lui-même en tant qu'individu (et c'est pourquoi il a le sentiment de soi), mais non en tant qu'espèce (et c'est pourquoi il lui manque la conscience, dont le nom vient de science). Là où il y a conscience, il y a capacité de science. La science est la conscience des espèces. Dans la vie, nous avons affaire à des individus, dans la science à des espèces. Or seul un être qui a pour objet sa propre espèce, sa propre essence, est susceptible de constituer en objets, selon leurs significations essentielles, des choses et des êtres autres que lui.

    Ludwig Feuerbach, L'Essence du christianisme (1841)

    Photo : Pexels - Nona Reyni Marshanda

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  • Kertész : Faire de sa vie sa propre vie

    Il y a dans la vie d'un homme un moment où il prend conscience de lui-même et où ses forces se libèrent ; c'est à partir de cet instant que nous pouvons considérer être nous-mêmes, c'est à cet instant là que nous naissons. Le génie est en germe dans chacun. Mais tout homme n'est pas capable de faire de sa vie sa propre vie.

    Imre Kertész, Journal de galère (2004)

    Photo : Pexels - Alex- Gamaliel

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  • Dostoïevski : "Crime et Châtiment"

    71Up9AC54QL._AC_UF1000,1000_QL80_.jpg– Assez, Sonia, Arrête ! Ne me torture pas ! lui demanda-t-il d’une voix pleine de souffrance.

    Il ne pensait pas du tout, mais du tout le lui dire comme ça, mais c’était comme ça que c’était venu.

    Comme inconsciente, elle bondit et, se tordant les bras, elle arriva jusqu’au milieu de la chambre ; mais elle revint très vite et se rassit auprès de lui, son épaule touchant presque la sienne. Soudain, comme transpercée, elle tressaillit, poussa un cri et se jeta, sans trop elle-même savoir pourquoi, à genoux devant lui.

    – Oh, qu’est-ce que vous vous êtes fait, qu’est-ce que vous vous êtes fait ! murmura-t-elle, désespérée et, se redressant d’un bond, elle se jeta à son cou, le prit dans ses bras et le serra contre elle de toutes ses forces.

    Raskolnikov eut un recul et la regarda avec un sourire triste :

    – Tu es étrange, toi, Sonia – tu me prends dans tes bras, tu m’embrasses quand je viens de te dire ça. Tu n’as pas toute ta tête.

    – Il n’y a personne, personne de plus malheureux au monde que toi maintenant ! s’exclama-t-elle, comme dans un état second, sans entendre sa remarque et, soudain, elle se mit à pleurer, en sanglots, comme prise d’une crise d’hystérie.

    Un sentiment qu’il ne connaissait plus depuis longtemps jaillit comme une vague dans son âme et l’adoucit d’un seul coup. Il ne lui résista pas : deux larmes se formèrent sur ses yeux et se figèrent sur ses cils.

    – Alors, tu ne me laisseras pas, Sonia ? dit-il, en la regardant presque avec espoir.

    – Non, non, jamais et nulle part ! s’écria Sonia, je te suivrai partout, j’irai partout ! Oh mon Dieu !… Oh, comme je suis malheureuse !… Et pourquoi, pourquoi je ne t’ai pas connu avant ? Pourquoi tu n’es pas venu avant ? Oh, mon Dieu.

    – Voilà, je suis venu.

    – Maintenant ! Mais, maintenant, que faire !… Ensemble, ensemble ! répétait-elle, comme inconsciente (et, de nouveau, elle l’enserrait), je te suivrai au bagne ! Soudain, il eut un soubresaut, et son sourire de tout à l’heure, son sourire détestable, presque hautain, s’imprima de tout son poids sur ses lèvres.

    – Mais, Sonia, moi, le bagne, je n’ai pas encore envie, peut-être, d’y aller, dit-il.

    Sonia le regarda très vite.

    Après la première compassion, passionnée, torturante envers le malheureux, l’idée effrayante du meurtre la saisit à nouveau. Dans ce ton transformé de ses paroles, elle venait soudain d’entendre l’assassin. Elle le regardait sidérée. Elle ne savait encore rien, ni pourquoi, ni comment, ni au nom de quoi. A présent, toutes ces questions jaillirent d’un coup dans sa conscience. Et, de nouveau, elle fut incapable d’y croire : "Lui, lui, un assassin ! Mais est-ce possible ?"

    Fiodor Dostoïevski, Crime et Châtiment (1866)

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  • "Faut-il toujours suivre sa conscience ? Un mal peut-il être un bien ?" (webinaire)

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  • Moussorgski : "Boris Godounov"

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  • Jankélévitch : Qu'est-ce que la mauvaise conscience ?

    jankélévitchLa mauvaise conscience est rare ; si rare qu’elle est, en somme, à peine une expérience psychologique de la bonne conscience…  En dehors de Boris Godounov et de Macbeth, tout le monde a en général bonne conscience. Personne ne se reconnaît de torts, cela est assez connu, ni ne s'estime le moins du monde coupable ; chacun est convaincu de son bon droit, et de l'injustice des autres à son égard. Méchants ou non, les égoïstes sont en général bien contents, très satisfaits de ce qu'ils font, et ils jouissent le plus souvent d'un excellent sommeil ; ils ne regrettent jamais leurs mesquineries… Malgré son caractère ambigu, la mauvaise conscience, conscience honteuse d'elle-même, est une exaltation de la conscience en général.

    Vladimir Jankélévitch, La Mauvaise conscience (1933)

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  • Schopenhauer : Le libre-arbitre

    Interrogez un homme tout à fait sans préjugés : voici à peu près en quels termes il s’exprimera au sujet de cette conscience immédiate que l’on prend si souvent pour garante d’un prétendu libre arbitre : « Je peux faire ce que je veux. Si je veux aller à gauche, je vais à gauche ; si je veux aller à droite, je vais à droite. Cela dépend uniquement de mon bon vouloir : je suis donc libre. » Un tel témoignage est certainement juste et véridique ; seulement il présuppose la liberté de la volonté, et admet implicitement que la décision est déjà prise : la liberté de la décision elle-même ne peut donc nullement être établie par cette affirmation. Car il n’y est fait aucune mention de la dépendance ou de l’indépendance de la volition (1) au moment où elle se produit, mais seulement des conséquences de cet acte, une fois qu’il est accompli, ou, pour parler plus exactement, de la nécessité de sa réalisation en tant que mouvement corporel. C’est le sentiment intime qui est à la racine de ce témoignage qui seul fait considérer à l’homme naïf, c’est-à-dire sans éducation philosophique (ce qui n’empêche pas qu’un tel homme puisse être un grand savant dans d’autres branches), que le libre arbitre est un fait d’une certitude immédiate : en conséquence, il le proclame comme une vérité indubitable, et ne peut même pas se figurer que les philosophes soient sérieux quand ils le mettent doute. (…) Aussi est-il malaisé de faire concevoir à l’homme qui ne connaît point la philosophie la vraie portée de notre problème, et de l’amener à comprendre clairement que la question ne roule pas sur les conséquences, mais sur les raisons et les causes de ses volitions. Certes, il est hors de doute que ses actes dépendent uniquement de ses volitions ; mais ce que l’on cherche maintenant à savoir, c’est de quoi dépendent ces volitions elles-mêmes, ou si peut-être elles seraient tout à fait indépendantes.

    Arthur Schopenhauer, Essai sur le libre arbitre (1838)

    Photo : Pexels - Amin Mlk

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  • Cynthia : "Conscience"

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  • Nietzsche : Mauvaise conscience et morbidité

    Je considère la mauvaise conscience comme le profond état morbide où l’homme devait tomber sous l’influence de cette transformation, la plus radicale qu’il ait jamais subie, — de cette transformation qui se produisit lorsqu’il se trouva définitivement enchaîné dans le carcan de la société et de la paix. Tels des animaux aquatiques contraints de s’adapter à la vie terrestre ou à périr, ces demi-animaux si bien accoutumés à la vie sauvage, à la guerre, aux courses vagabondes et aux aventures, — virent soudain tous leurs instincts avilis et « rendus inutiles ». On les forçait, dès lors, d’aller sur leurs pieds et à « se porter eux-mêmes », alors que jusqu’à présent l’eau les avait portés : un poids énorme les écrasait. Ils se sentaient inaptes aux fonctions les plus simples ; dans ce monde nouveau et inconnu ils n’avaient pas leurs guides d’autrefois, ces instincts régulateurs, inconsciemment infaillibles, — ils en étaient réduits à penser, à déduire, à calculer, à combiner des causes et des effets, les malheureux ! ils en étaient réduits à leur « conscience », à leur organe le plus faible et le plus maladroit ! Je crois que jamais sur terre il n’y eut pareil sentiment de détresse, jamais malaise aussi pesant !

    Friedrich Nietzsche, La Généalogie de la morale (1887)

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  • Jankélévitch : "La conscience n'est autre chose que l'esprit"

    9782081473911.jpgLa conscience n'est autre chose que l'esprit. L'acte par lequel l'esprit se dédouble et s'éloigne à la fois de lui-même et des choses est un acte si important qu'il a fini par donner son nom à la vie psychique toute entière; ou plutôt "la prise de conscience" ne désigne pas un acte distinct, mais une fonction où l'âme totale figure à quelque degré ce qui est propre à l'attitude philosophique.

    Vladimir Jankélévitch, La mauvaise conscience (1992)

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  • Hugo : "Une tempête sous un crâne"

    Hugo2.jpgIl ralluma brusquement sa bougie.

    – Eh bien quoi ! se dit-il, de quoi est-ce que j'ai peur ? qu'est-ce que j'ai à songer comme cela ? Me voilà sauvé. Tout est fini. Je n'avais plus qu'une porte entrouverte par laquelle mon passé pouvait faire irruption dans ma vie ; cette porte, la voilà murée ! à jamais ! Ce Javert qui me trouble depuis si longtemps, ce redoutable instinct qui semblait m'avoir deviné, qui m'avait deviné, pardieu ! et qui me suivait partout, cet affreux chien de chasse toujours en arrêt sur moi, le voilà dérouté, occupé ailleurs, absolument dépisté  ! Il est satisfait désormais, il me laissera tranquille, il tient son Jean Valjean ! Qui sait même, il est probable qu'il voudra quitter la ville ! Et tout cela s'est fait sans moi ! Et je n'y suis pour rien ! Ah çà, mais ! qu'est-ce qu'il y a de malheureux dans ceci ? Des gens qui me verraient, parole d'honneur ! croiraient qu'il m'est arrivé une catastrophe ! Après tout, s'il y a du mal pour quelqu'un, ce n'est aucunement de ma faute. C'est la providence qui a tout fait. C'est qu'elle veut cela apparemment ! Ai-je le droit de déranger ce qu'elle arrange ? Qu'est-ce que je demande à présent ? De quoi est-ce que je vais me mêler ? Cela ne me regarde pas. Comment ! Je ne suis pas content ! Mais qu'est-ce qu'il me faut donc ? Le but auquel j'aspire depuis tant d'années, le songe de mes nuits, l'objet de mes prières au ciel, la sécurité, je l'atteins ! C'est Dieu qui le veut. Je n'ai rien à faire contre la volonté de Dieu. Et pourquoi Dieu le veut-il ? Pour que je continue ce que j'ai commencé, pour que je fasse le bien, pour que je sois un jour un grand et encourageant exemple, pour qu'il soit dit qu'il y a eu enfin un peu de bonheur attaché à cette pénitence que j'ai subie et à cette vertu où je suis revenu ! Vraiment je ne comprends pas pourquoi j'ai eu peur tantôt d'entrer chez ce brave curé et de tout lui raconter comme à un confesseur, et de lui demander conseil, c'est évidemment là ce qu'il m'aurait dit. C'est décidé, laissons aller les choses ! laissons faire le bon Dieu !
    Il se parlait ainsi dans les profondeurs de sa conscience, penché sur ce qu'on pourrait appeler son propre abîme. Il se leva de sa chaise, et se mit à marcher dans la chambre. – Allons, dit-il, n'y pensons plus. Voilà une résolution prise ! – Mais il ne sentit aucune joie.

    Au contraire.

    On n'empêche pas plus la pensée de revenir à une idée que la mer de revenir à un rivage. Pour le matelot, cela s'appelle la marée ; pour le coupable, cela s'appelle le remords. Dieu soulève l'âme comme l'océan.
    Au bout de peu d'instants, il eut beau faire, il reprit ce sombre dialogue dans lequel c'était lui qui parlait et lui qui écoutait, disant ce qu'il eût voulu taire, écoutant ce qu'il n'eût pas voulu entendre, cédant à cette puissance mystérieuse qui lui disait : pense ! comme elle disait il y a deux mille ans à un autre condamné  : marche !

    Avant d'aller plus loin et pour être pleinement compris, insistons sur une observation nécessaire.

    Il est certain qu'on se parle à soi-même, il n'est pas un être pensant qui ne l'ait éprouvé. On peut dire même que le verbe n'est jamais un plus magnifique mystère que lorsqu'il va, dans l'intérieur d'un homme, de la pensée à la conscience et qu'il retourne de la conscience à la pensée. C'est dans ce sens seulement qu'il faut entendre les mots souvent employés dans ce chapitre, il dit, il s'écria. On se dit, on se parle, on s'écrie en soi-même, sans que le silence extérieur soit rompu. Il y a un grand tumulte, tout parle en nous, excepté la bouche. Les réalités de l'âme, pour n'être point visibles et palpables, n'en sont pas moins des réalités.
    Il se demanda donc où il en était. Il s'interrogea sur cette "résolution prise". Il se confessa à lui-même que tout ce qu'il venait d'arranger dans son esprit était monstrueux, que "laisser aller les choses, laisser faire le bon Dieu", c'était tout simplement horrible. Laisser s'accomplir cette méprise de la destinée et des hommes, ne pas l'empêcher, s'y prêter par son silence, ne rien faire enfin, c'était faire tout ! c'était le dernier degré de l'indignité hypocrite ! c'était un crime bas, lâche, sournois, abject, hideux !
    Pour la première fois depuis huit années, le malheureux homme venait de sentir la saveur amère d'une mauvaise pensée et d'une mauvaise action.

    Il la recracha avec dégoût.

    Il continua de se questionner. Il se demanda sévèrement ce qu'il avait entendu par ceci : "Mon but est atteint !" Il se déclara que sa vie avait un but en effet. Mais quel but ? cacher son nom ? tromper la police ? Était-ce pour une chose si petite qu'il avait fait tout ce qu'il avait fait ? Est-ce qu'il n'avait pas un autre but, qui était le grand, qui était le vrai ? Sauver, non sa personne, mais son âme. Redevenir honnête et bon. Être un juste ! est-ce que ce n'était pas là surtout, là uniquement, ce qu'il avait toujours voulu, ce que l'évêque lui avait ordonné  ? – Fermer la porte à son passé  ? Mais il ne la fermait pas, grand Dieu ! il la rouvrait en faisant une action infâme ! mais il redevenait un voleur, et le plus odieux des voleurs ! il volait à un autre son existence, sa vie, sa paix, sa place au soleil ! il devenait un assassin ! il tuait, il tuait moralement un misérable homme, il lui infligeait cette affreuse mort vivante, cette mort à ciel ouvert, qu'on appelle le bagne ! Au contraire, se livrer, sauver cet homme frappé d'une si lugubre erreur, reprendre son nom, redevenir par devoir le forçat Jean Valjean, c'était là vraiment achever sa résurrection, et fermer à jamais l'enfer d'où il sortait ! Y retomber en apparence, c'était en sortir en réalité  ! Il fallait faire cela ! il n'avait rien fait s'il ne faisait pas cela ! toute sa vie était inutile, toute sa pénitence était perdue, et il n'y avait plus qu'à dire : à quoi bon ? Il sentait que l'évêque était là, que l'évêque était d'autant plus présent qu'il était mort, que l'évêque le regardait fixement, que désormais le maire Madeleine avec toutes ses vertus lui serait abominable, et que le galérien Jean Valjean serait admirable et pur devant lui. Que les hommes voyaient son masque, mais que l'évêque voyait sa face. Que les hommes voyaient sa vie, mais que l'évêque voyait sa conscience. Il fallait donc aller à Arras, délivrer le faux Jean Valjean, dénoncer le véritable ! Hélas ! c'était là. le plus grand des sacrifices, la plus poignante des victoires, le dernier pas à franchir mais il le fallait. Douloureuse destinée ! il n'entrerait dans la sainteté aux yeux de Dieu que s'il rentrait dans l'infamie aux yeux des hommes !

    – Eh bien, dit-il, prenons ce parti ! faisHons notre devoir ! sauvons cet homme !

    Il prononça ces paroles à haute voix, sans s'apercevoir qu'il parlait tout haut.

    Victor Hugo, Les Misérables (1862)

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  • Les frères ennemis : "Bonne ou mauvaise conscience"

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  • De Mello : "Lorsqu'on lutte contre quelque chose, on lui reste attaché pour toujours"

    CVT_Quand-la-conscience-seveille_5611.jpgLorsqu'on lutte contre quelque chose, on lui reste attaché pour toujours. Tant que nous luttons contre une chose, nous lui donnons le plein pouvoir sur nous-même, autant de pouvoir que celui qu'on utilise pour lutter contre elle.

    Ce que je veux dire c'est que vous devez "accueillir" vos démons, car lorsque vous luttez contre eux vous leur donnez le plein pouvoir sur vous même. Ne vous a-t-on jamais dit celà ? Lorsque vous renoncez à une chose, vous vous liez à cette chose. Le seul moyen de s'en défaire n'est pas d'y renoncer, mais de voir clairement cette chose. Si vous arrivez à connaître sa valeur réelle, elle se détachera tout simplement d'elle-même. Mais si vous ne comprenez pas cela, si vous restez hypnotisé par cette chose, au point de croire qu'il n'y a pas de bonheur sans elle, vous resterez son prisonnier.

    Anthony De Mello, Quand la conscience s'éveille (2002)

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  • Alain : "La conscience est le savoir revenant sur lui-même"

    La conscience est le savoir revenant sur lui-même et prenant pour centre la personne humaine elle-même, qui se met en demeure de décider et de se juger. Ce mouvement intérieur est dans toute pensée; car celui qui ne dit pas finalement: "Que dois-je penser? " ne peut être dit penser. La conscience est toujours implicitement morale; et l'immoralité consiste toujours à ne point vouloir penser qu'on pense, et à ajourner le jugement intérieur. On nomme bien inconscients ceux qui ne posent aucune question d'eux-mêmes à eux-mêmes. Ce qui n'exclut pas les opinions sur les opinions et tous les savoir-faire, auxquels il manque la réflexion, c'est-à-dire le recul en soi-même qui permet de se connaître et de se juger ; et cela est proprement la conscience.

    Rousseau disait bien que la conscience ne se trompe jamais, pourvu qu'on l'interroge. Exemple : ai-je été lâche en telle circonstance ? Je ne le saurai si je veux y regarder. Ai-je été juste en tel arrangement ? Je n'ai qu'à m'interroger ; mais j'aime mieux m'en rapporter à d'autres.

    Alain, Les Arts et les Dieux (+1958)

    Photo : Pexels - Luca Nardone

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