Café philo janvier 2025
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Kant : La logique
Il y a un principe du doute consistant dans la maxime de traiter les connaissances de façon à les rendre incertaines et à montrer l'impossibilité d'atteindre à la certitude. Cette méthode de philosophie est la façon de penser sceptique ou le scepticisme...
Mais autant ce scepticisme est nuisible, autant est utile et opportune la méthode sceptique, si l'on entend seulement par là la façon de traiter quelque chose comme incertain et de le conduire au plus haut degré de l'incertitude dans l'espoir de trouver sur ce chemin la trace de la vérité. Cette méthode est donc à proprement parler une simple suspension du jugement. Elle est fort utile au procédé critique par quoi il faut entendre cette méthode de philosophie qui consiste à remonter aux sources des affirmations et objections, et aux fondements sur lesquels elles reposent, méthode qui permet d'espérer atteindre à la certitude.
Emmanuel Kant, Logique (1800)
Photo : Pexels - Tima Miroshnichenko
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Kant : La persuasion
L'acte de tenir pour vrai (la créance) est un fait de notre entendement qui peut reposer sur des raisons objectives, mais qui exige aussi des causes subjectives dans l'esprit de celui qui juge ; quand cet acte est valable pour chacun, pour peu qu'il ait seulement de la raison, la raison en est objectivement suffisante, et le fait de tenir pour vrai s'appelle alors conviction . Quand il a uniquement son fondement dans la nature particulière du sujet, on le nomme persuasion.
La persuasion est une simple apparence, parce que le principe du jugement, qui réside simplement dans le sujet, est tenu pour objectif. Aussi un jugement de ce genre n'a-t-il qu'une valeur personnelle, et la créance ne se communique pas. Mais la vérité repose sur l'accord avec l'objet, et par conséquent, par rapport à cet objet, les jugements de tout entendement doivent être d'accord (consentientia uni tertio consentiunt inter se). La pierre de touche servant à reconnaître si la créance est une conviction ou une simple persuasion est donc extérieure : elle consiste dans la possibilité de la communiquer et de la trouver valable pour la raison de chaque homme ; car alors on peut au moins présumer que la raison de l'accord de tous les jugements, malgré la diversité des sujets entre eux, reposera sur un fondement commun, je veux dire sur l'objet, avec lequel, par suite, tous les sujets s'accorderont, prouvant par là même la vérité du jugement.
La persuasion ne peut donc pas, à la vérité, se distinguer subjectivement de la conviction, si le sujet a devant les yeux la créance simplement comme un phénomène de son propre esprit ; l'épreuve que l'on fait sur l'entendement d'autrui des raisons qui sont valables pour nous, afin de voir si elles produisent sur une raison étrangère le même effet que sur la nôtre, est cependant un moyen qui, bien que purement subjectif, sert, non pas sans doute à produire la conviction, mais à découvrir la valeur toute personnelle au jugement, c'est-à-dire à découvrir en lui ce qui n'est que simple persuasion.
Si l'on peut en outre expliquer les causes subjectives du jugement, causes que nous prenons pour des raisons objectives de ce jugement, et par conséquent expliquer notre créance trompeuse comme un événement de notre esprit, sans avoir besoin pour cela de la nature de l'objet, nous mettons alors l'apparence à nu et nous ne serons plus trompés par elle, bien qu'elle puisse toujours nous tenter jusqu'à un certain point, si la cause subjective de cette apparence tient à notre nature.
Je ne peux affirmer, c'est-à-dire exprimer comme un jugement nécessairement valable pour chacun, que ce qui produit la conviction. Je puis garder pour moi ma persuasion, si je m'en trouve bien, mais je ne puis ni ne dois vouloir la faire valoir hors de moi.La créance ou la valeur subjective du jugement par rapport à la conviction (qui a en même temps une valeur objective) présente les trois degrés suivants : l'opinion, la foi et le savoir. L'opinion est une créance qui a conscience d'être insuffisante subjectivement aussi bien qu'objectivement. Quand la créance n'est suffisante que subjectivement, et qu'en même temps, elle est tenue pour objectivement insuffisante, elle s'appelle foi. Enfin celle qui est suffisante subjectivement s'appelle savoir. La suffisance subjective s'appelle conviction (pour moi-même), la suffisance objective, certitude (pour chacun). Je ne m'arrêterai pas à éclaircir des concepts aussi faciles à comprendre.
Emmanuel Kant, Critique de la raison pure (1781)
Photo : Pexels - Pressmaster
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Hegel : Philosophie et vérité
Il semble que l'on fait consister proprement la possession de la philosophie dans le manque de connaissances et d'études, et que celles-ci finissent quand la philosophie commence. On tient souvent la philosophie pour un savoir formel et vide de contenu. Cependant, on ne se rend pas assez compte que ce qui est Vérité selon le contenu, dans quelque connaissance ou science que ce soit, peut seulement mériter le nom de Vérité si la philosophie l'a engendré ; que les autres sciences cherchent autant qu'elles veulent par la ratiocination à faire des progrès en se passant de la philosophie il ne peut y avoir en elles sans cette philosophie ni vie, ni esprit, ni vérité.
Hegel, Phénoménologie de l'esprit (1807)
Photo : Pexels - İlkin Efendiyev
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Galilée : Entendements
SALVIATI - Il convient de recourir à une distinction philosophique et de distinguer deux modes d'entendement suivant qu'il est pris intensive ou extensive. Extensive, c'est-à-dire eu égard à la multitude des intelligibles, qui est infinie, l'entendement humain est comme nul, fût-il capable d'entendre mille propositions, puisque mille, par rapport à l'infini, est autant que zéro ; mais si le terme « est pris intensive, signifiant alors la compréhension intensive, c'est-à-dire parfaite, d'une proposition donnée, je dis que l'entendement humain en comprend quelques-unes aussi parfaitement et en a une certitude aussi absolue que la nature elle-même ; telles sont, par exemple, les propositions des sciences mathématiques pures, à savoir la géométrie et l'arithmétique ; l'intellect divin en connait un nombre infiniment plus grand puisqu'il les connaît toutes, mais si l'intellect humain en connait peu, je crois que la connaissance qu'il en a s'égale en certitude objective à la connaissance divine parce qu'il arrive à en comprendre la nécessité et que c'est là le plus haut degré de la certitude.
SIMPLICIO - C'est là, me semble-t-il, un langage bien assuré et bien audacieux.
SALVIATI - C'est le langage du sens commun, sans ombre de témérité ou d'audace ; il ne porte aucune atteinte à la majesté de la sagesse divine, de même qu'on ne diminue en rien la toute puissance de Dieu en disant qu'Il ne peut faire que ce qui est fait ne soit pas fait. Mais je soupçonne, signor Simplicio, que vous prenez ombrage de ce que j'ai dit parce que vous avez mal entendu le sens de mes paroles. Aussi vais-je essayer de m'expliquer mieux : la vérité dont les démonstrations mathématiques nous donnent connaissance est celle même que connait la sagesse divine ; mais je suis tout prêt à vous accorder que le mode suivant lequel Dieu connait l'infinité des propositions est souverainement plus excellent que le mode suivant lequel nous en connaissons quelques-unes : le nôtre est un procédé discursif, un cheminement de conclusion en conclusion, alors que le Sien est une intuition simple 43. Ainsi, par exemple, pour acquérir la notion de quelques propriétés du cercle, lesquelles sont en nombre infini, nous partons de l'une des plus simples et, l'ayant prise comme définition, nous passons par raisonnement à une autre, de celle-ci à une troisième, puis à une quatrième et ainsi de suite ; tandis que l'intellect divin, par simple appréhension de l'essence du cercle, saisit, sans nul discours déroulé dans le temps, le nombre infini des propriétés de cette figure, lesquelles d'ailleurs, comme celles de toute figure, sont virtuellement contenues dans la définition et, pour infinies qu'elles soient, ne sont peut-être qu'une seule en leur essence et dans la pensée de Dieu. Cette connaissance intuitive n'est pas elle-même tout à fait étrangère à l'intellect humain, mais elle est obscurcie par un profond et épais brouillard, lequel se raréfie et s'éclaircit un peu quand nous nous sommes rendus maîtres d'un certain nombre de conclusions fermement démontrées et quand nous les avons si bien présentées à l'esprit que nous pouvons très rapidement les parcourir. Car, après tout, que dans un triangle rectangle le carré opposé à l'angle droit soit égal à la somme des deux carrés adjacents, qu'est-ce autre chose sinon que les parallélogrammes construits sur une base commune et entre les mêmes parallèles sont égaux entre eux ? Et ceci, pour finir, qu'est-ce autre chose sinon que deux surfaces appliquées l'une sur l'autre et contenues dans les mêmes limites sont égales ? Or, ces passages que notre intellect opère dans le temps et en avançant pas à pas, l'intellect divin, prompt comme la lumière, les fait en un instant, ce qui revient à dire que tous lui sont présents à la fois. J'en arrive donc à cette conclusion que notre entendement, en ce qui concerne tant le mode de connaissance que la multiplicité des choses connues, est séparé de l'entendement divin par un intervalle infini, mais je ne l'abaisse pas au point de le réputer absolument nul ; bien plus, quand je considère combien sont nombreuses et merveilleuses les choses que les hommes ont comprises, découvertes et opérées, je connais et conçois clairement que l'esprit humain est œuvre de Dieu, et l'une des plus excellentes.
Galilée, Dialogue des grands systèmes (1632)
Photo : Pexels - Juan Martin Lopez
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Descartes : Perception et entendement
Commençons par la considération des choses les plus communes, et que nous croyons comprendre le plus distinctement, à savoir les corps que nous touchons et que nous voyons. Je n'entends pas parler des corps en général, car ces notions générales sont d'ordinaire plus confuses, mais de quelqu'un en particulier. Prenons pour exemple ce morceau de cire qui vient d'être tiré de la ruche : il n'a pas encore perdu la douceur du miel qu'il contenait, il retient encore quelque chose de l'odeur des fleurs dont il a été recueilli ; sa couleur, sa figure, sa grandeur, sont apparentes ; il est dur, il est froid, on le touche, et si vous le frappez, il rendra quelque son. Enfin, toutes les choses qui peuvent distinctement faire connaître un corps se rencontrent en celui-ci.
Mais voici que, cependant que je parle, on l'approche du feu : ce qui y restait de sa saveur s'exhale, l'odeur s'évanouit, sa couleur se change, sa figure se perd, sa grandeur augmente, il devient liquide, il s'échauffe, à peine le peut-on toucher, et quoiqu'on le frappe, il ne rendra plus aucun son. La même cire demeure-t-elle après ce changement ? Il faut avouer qu'elle demeure et personne ne le peut nier. Qu'est-ce donc que l'on connaissait en ce morceau de cire avec tant de distinction ? Certes ce ne peut être rien de tout ce que j'y ai remarqué par l'entremise des sens, puisque toutes les choses qui tombaient sous le goût, ou l'odorat, ou la vue, ou l'attouchement ou l'ouïe, se trouvent changées, et cependant la même cire demeure.
Peut-être était-ce ce que je pense maintenant, à savoir que la cire n'était pas ni cette douceur de miel, ni cette agréable odeur de fleurs, ni cette blancheur, ni cette figure, ni ce son, mais seulement un corps qui un peu auparavant me paraissait sous ces formes, et qui maintenant se fait remarquer sous d'autres. Mais qu'est-ce, précisément parlant, que j'imagine, lorsque je la conçois en cette sorte ? Considérons-la attentivement, et éloignant toutes les choses qui n'appartiennent point à la cire, voyons ce qui reste. Certes il ne demeure rien que quelque chose d'étendu, de flexible et de muable. Or, qu'est-ce que cela : flexible et muable ? N'est-ce pas que j'imagine que cette cire, étant ronde, est capable de devenir carrée, et de passer du carré en une figure triangulaire ? Non certes, ce n'est pas cela, puisque je la conçois capable de recevoir une infinité de semblables changements et je ne saurais néanmoins parcourir cette infinité par mon imagination, et par conséquent cette conception que j'ai de la cire ne s'accomplit pas par la faculté d'imaginer.
Qu'est-ce maintenant que cette extension ? N'est-elle pas aussi inconnue, puisque dans la cire qui se fond elle augmente, et se trouve encore plus grande quand elle est entièrement fondue, et beaucoup plus encore quand la chaleur augmente davantage ? Et je ne concevrais pas clairement et selon la vérité ce que c'est que la cire, si je ne pensais qu'elle est capable de recevoir plus de variétés selon l'extension, que je n'en ai jamais imaginé. Il faut donc que je tombe d'accord, que je ne saurais pas même concevoir par l'imagination ce que c'est que cette cire, et qu'il n'y a que mon entendement seul qui le conçoive ; je dis ce morceau de cire en particulier, car pour la cire en général, il est encore plus évident.
Or quelle est cette cire qui ne peut être conçue que par l'entendement ou l'esprit ? Certes c'est la même que je vois, que je touche, que j'imagine, et la même que je connaissais dès le commencement. Mais ce qui est à remarquer, sa perception, ou bien l'action par laquelle on l'aperçoit n'est point une vision, ni un attouchement, ni une imagination, et ne l'a jamais été, quoiqu'il semblât ainsi auparavant, mais seulement une inspection de l'esprit, laquelle peut être imparfaite et confuse, comme elle était auparavant, ou bien claire et distincte, comme elle est à présent, selon que mon attention se porte plus ou moins aux choses qui sont en elle et dont elle est composée.
René Descartes, Méditations métaphysiques (1641)
Photo : Pexels - Anete Lusina
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"Cézanne peint"
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"Van Gogh"
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Bergson : Philosophie et art
La philosophie n'est pas l'art, mais elle a avec l'art de profondes affinités. Qu'est-ce que l'artiste ? C'est un homme qui voit mieux que les autres car il regarde la réalité nue et sans voiles. Voir avec des yeux de peintre, c'est voir mieux que le commun des mortels. Lorsque nous regardons un objet, d'habitude, nous ne le voyons pas; parce que ce que nous voyons, ce sont des conventions interposées entre l'objet et nous ; ce que nous voyons, ce sont des signes conventionnels qui nous permettent de reconnaître l'objet et de le distinguer pratiquement d'un autre, pour la commodité de la vie. Mais celui qui mettra le feu à toutes ces conventions, celui qui méprisera l'usage pratique et les commodités de la vie et s'efforcera de voir directement la réalité même, sans rien interposer entre elle et lui, celui-là sera un artiste. Mais ce sera aussi un philosophe, avec cette différence que la philosophie s'adresse moins aux objets extérieurs qu'à la vie intérieure de l'âme.
Henri Bergson, "Conférence de Madrid sur l'âme humaine" , in Mélanges (1885-1892)
Photo : Pexels - Jose Antonio Gallego Vázquez
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Hegel : Artiste et/ou philosophe
Si l'artiste pense à la manière du philosophe, il produit alors une oeuvre précisément opposée à celle de l'art, quant à la forme sous laquelle l'idée nous apparaît; car le rôle de l'imagination se borne à révéler à notre esprit la raison et l'essence des choses, non dans un principe ou une conception générale, mais dans une forme concrète et dans une réalité individuelle. Par conséquent tout ce qui vit et fermente dans son âme, l'artiste ne peut se le représenter qu'à travers les images et les apparences sensibles qu'il a recueillies, tandis qu'en même temps il sait maîtriser celles-ci pour les approprier à son but et leur faire recevoir et exprimer le vrai en soi d'une manière parfaite. Dans ce travail intellectuel qui consiste à façonner et à fondre ensemble l'élément rationnel et la forme sensible, l'artiste doit appeler à son aide à la fois une raison active et fortement éveillée et une sensibilité vive et profonde. C'est donc une erreur grossière de croire que des poèmes comme ceux d'Homère se sont formés comme un rêve pendant le sommeil du poète. Sans la réflexion qui sait distinguer, séparer, faire un choix, l'artiste est incapable de maîtriser le sujet qu'il veut mettre en oeuvre, et il est ridicule de s'imaginer que le véritable artiste ne sait pas ce qu'il fait.
Hegel, Esthétique (1835)
Photo : Pexels - Như Vân (Wind’s Buddha)
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Hegel : Le but de l'art
Le but de l'art, son besoin originel, c'est de produire aux regards une représentation, une conception née de l'esprit, de la manifester comme son œuvre propre; de même que, dans le langage, l'homme communique ses pensées et les fait comprendre à ses semblables. Seulement, dans le langage, le moyen de communication est un simple signe, à ce titre, quelque chose de purement extérieur à l'idée et d'arbitraire.
L'art, au contraire, ne doit pas simplement se servir de signes, mais donner aux idées une existence sensible qui leur corresponde. Ainsi, d'abord, l'œuvre d'art, offerte aux sens, doit renfermer en soi un contenu. De plus, il faut qu'elle le représente de telle sorte que l'on reconnaisse que celui-ci, aussi bien que sa forme visible, n'est pas seulement un objet réel de la nature, mais un produit de la représentation et de l'activité artistique de l'esprit. L'intérêt fondamental de l'art consiste en ce que ce sont les conceptions objectives et originelles, les pensées universelles de l'esprit humain qui sont offertes à nos regards.
Hegel, Esthétique (1835)
Photo : Pexels - Una Laurencic
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"Orange mécanique"
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Machiavel : Qu'est-ce qu'un gentilhomme ?
Pour expliquer ce que j'entends par gentilhomme, je dirai qu'on appelle ainsi tous ceux qui vivent sans rien faire, du produit de leurs possessions, et ne d'adonnent ni à l'agriculture, ni à aucun autre métier ou profession. De tels hommes sont dangereux dans toute république et dans tout État.
- Nicolas Machiavel, Discours sur la première décade de Tite-Live, I, Ch. LV (1531)
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"Prendre son temps" (une publicité)
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"Un jour sans fin"
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Devienne : Buller !
S’ennuyer, quel bonheur ! Quand l’ennui monte à l’abordage, accueillez-le plutôt que de le fuir à tout prix. Grâce à lui, vous apprendrez mieux à vous connaître, à écouter vos besoins profonds et à développer votre créativité. L’ennui est tout sauf une perte de temps désagréable. Nous sommes dépositaires de ressources intérieures fabuleuses, insoupçonnées, encore faut-il leur accorder l’espace de se manifester. L’ennui réactive le désir en nous, celui qui nous porte à son tour vers l’action. C’est pourquoi il faut optimiser les périodes au cours desquelles l’ennui s’invite en nous. C’est ça, buller malin. Ce livre, riche en exercices et en témoignages, vous aidera à apprivoiser votre ennui pour en faire votre meilleur atout.
Emilie Devienne, Buller malin, ne rien faire et le faire bien (2019)
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"Somewhere"
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Ils ont dit, au sujet du temps
"Jouis du jour présent, sans te fier le moins du monde au lendemain." [Horace]
"Le passé et le présent sont nos moyens ; le seul avenir est notre fin." [Blaise Pascal]
"Le Temps est hors de ses gonds." [William Shakespeare]
"Tout s’anéantit, tout périt, tout passe : il n’y a que le monde qui reste, il n’y a que le temps qui dure." [Denis Diderot]
"L'avenir est ce qu'il y a de pire dans le présent." [Gustave Flaubert]
"Personne n'a vécu dans le passé, personne ne vivra dans le futur ; le présent est le mode de toute vie." [Arthur Schopenhauer]
"Au lieu de nous occuper sans cesse exclusivement de plans et de soins d’avenir, ou de nous livrer, à l’inverse, aux regrets du passé, nous devrions ne jamais oublier que le présent seul est réel, que seul, il est certain, et qu’au contraire l’avenir se présente presque toujours autre que nous ne le pensions." [Arthur Schopenhauer]
"Tu dois vivre dans le présent, te lancer au-devant de chaque vague, trouver ton éternité à chaque instant." [Henry David Thoreau]
"L'avenir n'est jamais que du présent à mettre en ordre. Tu n'as pas à le prévoir, mais à le permettre." [Antoine de Saint-Exupéry]
"La seule chose que l'on puisse décider est quoi faire du temps qui nous est imparti." [JRR Tolkien]
"Le présent n’est pas un passé en puissance, il est le moment du choix et de l’action." [Simone de Beauvoir]
Photo : Pexels - Karolina Grabowska
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"Viens chez moi, j'habite chez une copine"
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Tesson : "L’ennui ne me fait aucune peur"
L’ennui ne me fait aucune peur. Il y a morsure plus douloureuse : le chagrin de ne pas partager avec un être aimé la beauté des moments vécus. La solitude : ce que les autres perdent à n’être pas auprès de celui qui l’éprouve. A Paris, avant le départ, on me mettait en garde. L’ennui constituerait mon ennemi mortifère ! J’en crèverais ! J’écoutais poliment. Les gens qui parlaient ainsi avaient le sentiment de constituer à eux seuls une distraction formidable. "Réduit à moi seul, je me nourris, il est vrai, de ma propre substance, mais elle ne s’épuise pas…" écrit Rousseau dans les Rêveries.
Sylvain Tesson, Dans les forêts de Sibérie (2011)
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Schopenhauer : Seul le présent est réel
Au lieu de nous occuper sans cesse exclusivement de plans et de soins d’avenir, ou de nous livrer, à l’inverse, aux regrets du passé, nous devrions ne jamais oublier que le présent seul est réel, que seul, il est certain, et qu’au contraire l’avenir se présente presque toujours autre que nous ne le pensions.
Arthur Schopenhauer
Photo : Pexels - Engin Akyurt
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"Où court-il ?"
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"The lazy song"
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Honoré : Eloge de la lenteur
Dans un monde professionnel où tout va très vite, où les informations pleuvent et les délais courent à toute allure, nous sommes tous mis en demeure de penser vite. Plus que la réflexion, c'est la réaction qui est à l'ordre du jour. pour rentabiliser notre temps au maximum et éviter l'ennui, nous remplissons chaque moment disponible par de la stimulation mentale - à quand remonte la dernière fois où vous vous êtes assis(e) sur une chaise et avez fermé les yeux, juste pour vous détendre ?
Carl Honoré, Eloge de la lenteur (2007)
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Rosa : Le triomphe de l'accélération
On peut donc tirer trois conclusions de l'histoire du conflit culturel autour des technologies de l'accélération. Premièrement, le processus d'accélération technologique ne se déroule pas uniformément, mais par à-coups, en se heurtant à des obstacles, des résistances et des mouvements de réaction qui le ralentissent, l'interrompent et peuvent même, à l'occasion, en inverser le sens.
Deuxièmement, une poussée d'accélération est presque toujours suivie d'un discours sur l'accélération et la décélération, dans lequel l'appel à la décélération et l'aspiration nostalgique à un retour au "monde lent" - lenteur qui ne devient une qualité distincte que dans cette vision rétrospective - l'emportent généralement sur l'enthousiasme à l'égard des rythmes plus élevés (...)
Troisièmement, en dépit de l'hégémonie du discours des partisans de la décélération, chacun de ces conflits culturels s'est jusqu'à présent soldé par une victoire des adeptes de l'accélération, c'est-à-dire par l'introduction et l'implantation victorieuse de la technologie nouvelle.Hartmut Rosa, Accélération, Une critique sociale du temps (2010)
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Rozenfeld : Contempler un lever de soleil...
Il scrutait le ciel qui s’éclaircissait doucement, à mesure que le soleil, énorme boule orange pâle, se levait derrière la Skyline qui se découpait en ombre chinoise sur la lumière vive. Le cockpit s’assombrit automatiquement afin de tempérer l’éclat, mais Elon n’y prêta aucune attention. Perché à huit kilomètres d’altitude, étourdi de silence et de solitude, il assistait à son premier lever de soleil. Le soleil… Jusqu’ici, il ne l’avait vu qu’en images sur l’écran géant de l’amphithéâtre, quand il apparaissait dans un film ou une photo.
Carina Rozenfeld, Les sentinelles du futur (2013)
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La valise philosophique du mois : Café philo du 27 juin 2025
Retrouvez notre traditionnelle "Valise philosophique" du mois. Elle est consacrée à la séance du vendredi 27 juin 2025 qui aura pour sujet : "Prendre son temps est-ce le perdre ?" Cette séance aura lieu à la Médiathèque de Montargis.
Comme pour chaque séance, nous vous avons préparé (colonne de gauche) des documents, textes, extraits de films ou de musiques servant à illustrer et enrichir les débats mensuels.
Restez attentifs : régulièrement de nouveaux documents viendront alimenter cette rubrique d'ici la séance.
Photo : Pexels - Caffeine
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Rimbaud : Derniers vers
Oisive jeunesse
A tout asservie,
Par délicatesse
J’ai perdu ma vie.
Ah ! Que le temps vienne
Où les coeurs s’éprennent.Je me suis dit : laisse,
Et qu’on ne te voie :
Et sans la promesse
De plus hautes joies.
Que rien ne t’arrête,
Auguste retraite.J’ai tant fait patience
Qu’à jamais j’oublie ;
Craintes et souffrances
Aux cieux sont parties.
Et la soif malsaine
Obscurcit mes veines.Ainsi la prairie
A l’oubli livrée,
Grandie, et fleurie
D’encens et d’ivraies
Au bourdon farouche
De cent sales mouches.Ah ! Mille veuvages
De la si pauvre âme
Qui n’a que l’image
De la Notre-Dame !
Est-ce que l’on prie
La Vierge Marie ?Oisive jeunesse
A tout asservie,
Par délicatesse
J’ai perdu ma vie.
Ah ! Que le temps vienne
Où les coeurs s’éprennent !Arthur Rimbaud
Photo : Pexels - Milada Vigerova
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"Elle attend"
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Perry : l'art de remettre au lendemain
Mais, de la procrastination ou du perfectionnisme, lequel est cause de l'autre ?
A mon avis, c'est le perfectionnisme qui mène à la procrastination...Souvent, les procrastinateurs ne savent pas qu'ils sont perfectionnistes pour la bonne raison qu'ils n'ont jamais rien accompli de parfait. Personne ne nous dit jamais que notre travail est parfait et nous-mêmes, nous n'avons pas l'impression qu'il l'est.
Nous nous imaginons que, pour être perfectionniste, il faut forcément s'acquitter parfaitement d'une tâche.
Ce raisonnement passe à côté de la logique même du perfectionnisme...Qu'est-ce que le perfectionnisme ? Il s'agit moins de produire un travail parfait, ou presque parfait, que de prendre prétexte de travaux en cours pour alimenter ses fantasmes de perfection.
En quoi le fantasme de perfection est-il propice à la procrastination ? Tout simplement parce qu'il n'est pas si simple de faire les choses à la perfection. (C'est du moins ce que je suppose. Si jamais je parviens un jour à produire quelque chose de parfait, je vous en dirai plus.) J'imagine qu'il faut y passer du temps et que les conditions optimales soient réunies.
John Perry, La Procrastination: Perry : l'art de remettre au lendemain (2012)