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=>Saison 4 - Page 2

  • QUELQUES CHIFFRES AU SUJET DE LA VIOLENCE CONJUGALE

    violence-conjugale.jpgLes violences au sein du couple représentent plus du quart de l’ensemble des actes de violence.

    En France, une femme meurt en moyenne tous les 3 jours.

    47 573 faits ont été enregistrés par la gendarmerie et la police en 2008.

    156 Femmes sont mortes sous les coups de leurs conjoints.

    27 Hommes sont morts tués par leurs compagnes mais les trois quarts battaient leurs femmes.

    25 % de toutes les morts violentes ont eu lieu dans le cadre du couple.

    38 %  des crimes conjugaux sont liés à la séparation.

    37 % des auteurs masculin d’homicides se sont suicidés après leurs actes.

    20 % des homicides sont commis sous l’emprise de l’alcool ou de produits stupéfiants.

    Pour en savoir plus, lire également ce document

     

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  • COMPTE-RENDU DE LA SÉANCE "PUIS-JE FAIRE CE QUE JE VEUX DE MON CORPS ?"

    Thème du débat : "Puis-je faire ce que je veux de mon corps ?"

    Date : 22 mars 2013 à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée.

    Environ 130 personnes étaient réunies pour cette séance du 22 mars 2013, une séance exceptionnelle en ce qu’elle était co-animée par Claire, Bruno et surtout des élèves de Terminale littéraire pour un sujet sur le corps. "Puis-je faire ce que je veux de mon corps ?" : voilà la question posée au public venu en nombre à cette séance.

    Un tel sujet pose la question du corps et de son rapport avec notre propre identité. Dit autrement, le corps est-il sacré ou n’est-il que l’enveloppe corporelle de mon esprit ? Dans ce cas, en quoi la libre disposition de ce corps poserait-elle problème, étant entendu que chaque corps est unique et a priori inaliénable ? Il est vrai que le corps nous accompagne toujours et partout, comme le rappelle Michel Foucault (cf. également ce lien), y compris lorsque ce corps est traumatisé ou à l’état végétatif. Mieux, notre personne se construit autour de notre corps. Chacun peut en apprendre beaucoup sur lui-même grâce à lui. Même s’il peut nous nous trahir, le corps a souvent des messages importants à véhiculer à propos de notre attitude, de nos vêtements, de notre sourire, etc.

    À la question "Puis-je faire ce que je veux de mon corps ?", un premier participant répond que cette liberté que je peux revendiquer vis-à-vis de ce corps qui m’appartient est d’emblée limitée : "La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres" (Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen, art. 4), rappelle-t-il. Je suis bien entendu propriétaire de mon corps mais ce corps fait également partie intégrante de la société qui peut avoir son mot à dire. L’État légifère sur la santé, l’éthique, le handicap, la gestation pour autrui, les dons d’organes, etc. Au final, la libre disposition du corps est surveillée et encadrée. Elle est dans les faits soumise à des normes sinon des limites. Tout se passe comme si nos sociétés avaient édicté elles-mêmes des règles pour l’utilisation du corps.  

    Une des co-animatrices s’interroge d’emblée sur cette limite. Elle y voit une contradiction avec le Code civil pour qui le corps est inviolable. Cf. cet article. Cette inviolabilité me rendrait maître de cette enveloppe dont j’ai la possession pleine et entière. Possession ou usufruit ? s’interrogent en substance plusieurs participants.  

    Quels sont les faits qui me permettraient de disposer de mon corps à ma guise ? Cette libre utilisation recouvre des réalités bien différentes et aux conséquences multiples. La première citée par les participants du café philo est celle de la grossesse, un événement courant mais non exempt de dangers. Lorsque je suis enceinte, mon corps est soumis à une épreuve longue et difficile pour le corps physique, épreuve que, généralement, je choisis afin de donner la vie à un être. Cet être ne sera autonome et libre qu’après les neuf mois de ma grossesse. Il est dit que le bébé ne fait pas partie de mon corps : il l’habite. Je choisis de donner la vie à un autre que moi-même qui a lui-même ses propres limites. La grossesse est ce moment où le corps est contraint, avec son lot de douleurs pendant l’accouchement. Mais c’est aussi, rappelle une intervenante, un moment pendant laquelle, très souvent, l’esprit est en harmonie car libre de ce choix. 

    Cette liberté d’utiliser mon de corps pour procréer est traitée de manière frontale dans le film 17 Filles. Inspiré d’un fait divers survenu aux États-Unis en 2008, cette fiction raconte le choix fait par 17 adolescentes encore mineures de tomber enceinte en même temps (bande annonce ici). L’État aurait-il son mot à dire pour interdire cette décision ? Rien n’est moins sûr : dans ce film, un professeur rappelle que ni le législateur ni les parents ne peuvent contraindre une jeune fille ou jeune femme à avorter. La libre disposition du corps à cette fin est donc entière, même si elle peut susciter la réprobation.

    Parler de cet exemple nous conduit inévitablement à parler d’un sujet d’actualité : la gestation pour autrui, interdite par la loi. Le législateur justifie cela pour des raisons éthiques : outre les effets secondaires (psychologiques notamment), le risque est que le corps se marchandise comme n’importe quel bien, avec tous les abus que cela entraîne. Nous y reviendrons plus loin en cours de débat.    

    La libre utilisation du corps recouvre d’autres réalités discutées par les co-organisateurs et les participants. Ceux-ci évoquent la sexualité. Je peux faire le choix d’user librement et gratuitement de mon corps à des fins sexuelles, comme le décrit Catherine Millet dans son récit La Vie sexuelle de Catherine M. Mais je peux également choisir – ce qui est infiniment plus controversé – de louer mon corps à des fins mercantiles. C’est le cas de la prostitution : dans ce cas, je tarife mon corps à des fins sexuelles, une liberté que moralement la société réprouve, voire peut condamner – encore que la personne incriminée peut être autant sinon plus le client que le "prestataire", comme le rappellent plusieurs participants. Cette utilisation du corps à ma guise est d’ailleurs réclamée par un "Syndicat des travailleurs du sexe" (STRASS) pour qui la prostitution est une profession comme une autre, répondant à un besoin spécifique, voire à "une utilité publique" : "En quoi il y a de mal à se payer du plaisir lorsque l’on n’est pas très beau ?" demande une participante.

    Certes, pour parler de ce sujet polémique, le corps devient un outil de travail mais ne l’est-il pas également s’agissant d’autres professions que la société accepte ? Les mannequins imposent un régime sévère à des fins mercantiles afin de coller à certains canons de beauté. Elles peuvent mettre leur santé en jeu lorsque des régimes draconiens leur sont imposé (cf. cet article). Les artistes – l’Homme-lézard pour prendre l’exemple cité par un participant – mettent en scène leur corps – souvent pour le plus grand plaisir du public. Nous pourrions même dire "mettent en danger leur corps" lorsqu’il s’agit de performances extrêmes (cf. cet exemple). L'exemple des acteurs exhibant leur corps au pour le cinéma ou le théâtre est également cité au cours de cette séance. Dans ces cas, la libre disposition du corps ne pose pas de problème à la société car celle-ci considère que ses principes moraux ne sont pas mis en jeu. Puis-je remodeler mon corps par un chirurgien esthétique ? Rien ni personne ne me l’interdit, mise à part certaines conditions (cf. cet extrait de la série Nip/tuck). Des cabinets ont pignon sur rue. Même chose pour les salles de musculation. 

    La société va par contre légiférer contre des pratiques qu’elle considère comme dangereuse pour ses fondements : le suicide, l’euthanasie, la prise de drogue ou la gestation pour autrui posent la question de la liberté, une liberté que l’État et la société met en balance avec ses propres règles collectives, sa morale,  mais aussi avec la protection du ou des individus. Une protection très relative : la consommation de drogues douces comme le cannabis est interdite alors que la consommation d’alcool – qui peut faire des ravages incalculables – est tolérée sinon défendue ; je peux également m’exhiber librement sur un blog ou sur ma page Facebook sans que la société y ait à redire, sauf si cela pose un problème flagrant de protection ou de sécurité la protection des mineurs, par exemple, cf. cet article). De manière bien différente, le port du voile pose des questions d’ordre éthique : liberté religieuse contre défense de la liberté individuelle laïque ; défense de la pratique religieuse contre défense du féminisme (cf. ce lien). 

    Qu’est-ce qui se joue donc dans cette liberté consentie ou non par la société ? Il apparaît que le maître-mot est celui de morale et plus précisément de morale judéo-chrétienne, acceptée en France unanimement pendant des siècles avant d’être discutée voire combattue durant notre période contemporaine. Toute société civilisée impose des règles, qu’elles soient écrites ou non. La pratique de la prostitution heurte de plein fouet une religion catholique traditionnellement dogmatique et mal à l’aise avec la sexualité en général. "Puis-je faire ce que je veux de mon corps ?" Les autorités religieuses semblent répondre par la négative car, comme le rappelle Claire,  derrière le "puis-je", il y a le "dois-je".  

    Un autre facteur intervient : l’argent. Claire pose cette question : peut-on choisir librement lorsque l’argent est la finalité ? Il semble que la morale ne soit pas le seul critère à l’aune duquel la société juge l’utilisation du corps. Autrement dit, je peux juger choquant le témoignage de Catherine Millet lorsqu’elle parle de son choix d’une sexualité débridée, sans que j’aie à y redire toutefois ; mais je peux avoir beaucoup plus de mal à accepter la "vente" ou la "location" du corps de telle ou tel. Une jeune participante parle, certes, du choix pleinement assumé – voire de plaisir ! – de certaines prostituées – femmes ou hommes – à exercer leur métier ; il n’en reste pas moins que, s’agissant de la prostitution, l’argent est toujours la condition sine qua non de cette pratique largement désapprouvée. Ce qui se joue dans cette libre disposition de mon corps est le désintéressement de l’acte. De la même manière, les dons d’organes ou de gamètes sont libres et gratuits en France, contrairement à d’autres pays (comme les États-Unis ou la Grande-Bretagne) : or, singulièrement, c’est dans notre pays que les dons sont les plus faibles si on les compare avec les nations ou les dons sont payés – et même mal payés ! En clair, l’utilisation du corps n’est pas librement consentie lorsque l’argent voire le trafic mercantile (le proxénétisme pour la prostitution) entre en jeu. Un participant cite l’exemple de Fantine dans Les Misérables de Victor Hugo, obligée pour des raisons financières de vendre une partie de son corps, ses cheveux en l’occurrence, pour survivre !

    Oui, l’argent peut être un facteur faussant, voire aliénant (Karl Marx n’est pas loin !), ma liberté de disposer de mon corps. Ce facteur peut être tout autant cruel lorsqu’il devient au contraire un frein à cette liberté : la réflexologie, la sophrologie ou le massage ne sont pas accessibles à tous ne serait-ce que pour des raisons financières.

    Ce qui est encore débattu au cours de ce débat est la question de la relation entre corps et esprit : "Le corps pense", dit Freud. La communication non verbale est parfois bien plus parlante que des mots. Mieux, Emmanuel Levinas rappelle que la première relation – sinon la relation essentielle – que nous pouvons avoir autrui c’est à travers le corps de l’autre. Or, si je choisis de faire de mon corps un outil, dit un participant, je dissocie le corps et l’esprit. Pour d’autres participants, il n’y a pas dissociation : on peut toucher mon corps mais on ne touchera pas à mon esprit. Claire se demande à ce sujet si le scandale qui a eu lieu il y a quelques années à l’occasion de l’exposition "Our Bodies", une exhibition de cadavres à des fins esthétiques, ne tenait pas autant à la présentation de corps morts (issus sans doute d’anciens condamnés à mort chinois, ce qui a indubitablement choqué le public : cf. ce lien) que de leur mise en scène morbide. Installer des corps humains dans des situations grotesques car réservées habituellement à des vivants (par exemple sur une bicyclette), voilà qui heurta bien plus nos concitoyens que la simple présentation de corps sans vie. Bruno rappelle à ce sujet que les archéologues ont l’habitude de déterrer des restes humains sans que cela ne suscite d’émotion particulière. 

    Jusqu’où va la violation du corps, en définitif ? "Il n’est un corps que par homonymie" dit Aristote. On pourrait donc faire de lui ce qu’on veut après notre mort. Pour un croyant, lorsque le corps est décédé l’esprit doit être dissocié, ce qui n’est pas courant dans la tradition judéo-chrétienne. 

    Il apparaît pour plusieurs intervenants qu’il y a symbiose entre le corps et l’esprit. Nous parlions de l’identité lors de la séance précédente (Débat "Puis-je savoir qui je suis ?). Nous y sommes de nouveau car la conscience de l’Être met aussi en scène le corps. Dans notre société, c’est d’abord le corps que nous voyons d’autrui. Mon corps c’est moi : s’il y a asymétrie entre ce que je voudrais que les autres voient de moi et ce qu’ils voient, finalement ne suis-je pas d’abord que ce que les autres voient de moi ? 

    La fin du débat est brièvement consacrée à cette question : lorsque mon corps est une prison, puis-je m’en libérer ? Il apparaît que dans ce cas la société est autorisée à décider pour moi et à m’imposer, pour des raisons éthiques, l’acceptation d’une situation que je peux considérer comme inacceptable. Elle impose que mon corps soit préservé et que je ne puisse pas m’en libérer. L’humoriste Guillaume Bats, un homme déformé par le handicap, en a fait son cheval de bataille, pour ne pas dire la source de son inspiration comique. Oui, nos sociétés imposent que l’individu soit protégé, y compris lorsque le corps est un handicap insurmontable ! Pour pouvoir le surmonter, des expédients seraient proposés afin de permettre une meilleure intégration des personnes handicapées, ne pouvant user librement de leur corps. Une intervenante parle de "fable", tant la société ignore l’adaptation des personnes handicapées : celles-ci "font avec" dans la vie quotidienne, tant les outils mis à leur disposition font souvent peu cas des personnes en état de handicap (distributeurs de billets trop hauts, voies publiques impraticables, feux rouges pour les personnes malvoyantes et aveugles). Puis-je faire ce que je veux de mon corps ? Dans ce cas, la réponse est clairement non !  

    En fin de séance, trois sujets sont mis au vote pour le rendez-vous du café philo du 3 mai 2013 : "Justice : surveiller, punir ou guérir ?", "Histoire contre devoir de mémoire" et "L’amour peut-il se passer de normes ?" Les participants choisissent de désigner ce dernier sujet. 

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  • CHANGEMENT DE DATE DE NOTRE PROCHAINE SÉANCE !

    ATTENTION !

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    Notez bien que la prochaine séance du café philosophique de Montargis aura lieu le vendredi 7 juin 2013 à 19 heures à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée (et non pas le 31 mai comme annoncé précédemment).

    Cette séance, intitulée "Manipulation dans le couple : pourquoi rester ? Comment partir ?", verra la participation exceptionnelle de Catherine Armessen.

    Merci de votre attention et à bientôt !

     

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  • LE CAFÉ PHILO BIENTÔT SUR RADIO CHÂLETTE

    Le café philosophique de Montargis sera bientôt présent sur Radio Chalette dans une série d'émissions intitulées (non sans malice !) "Philosophie de comptoir".

    chalette.jpgLa première émission intitulée "Puis-je savoir qui je suis ?" portera sur le débat qui avait eu lieu à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée le 1er mars 2013. Elle sera composée de larges extraits de ce café philo, d'interventions de Claire et de Bruno ainsi que d'extraits audios et musicaux.

    Très bientôt, sur ce site, nous vous en dirons plus.

     

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  • MERCI AUX PARTICIPANTS DE LA SÉANCE DU 3 MAI 2013

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    Le café philosophique de Montargis du vendredi 3 mai 2013 réunissait environ 80 personnes pour un débat qui s'intitulait : "L'amour peut-il se passer de normes ?"

    Claire et Bruno tiennent à remercier les personnes présentes. Bientôt, sur ce site, vous retrouverez comme d'habitude le compte-rendu de cette séance. Notez bien que le compte-rendu de la séance précédente sera également très bientôt en ligne...

    La prochaine séance du café philosophique de Montargis aura lieu le vendredi 7 juin 2013 (changement de date) à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée. Pour l'occasion, Claire et Bruno seront exceptionnellement accompagnés de Catherine Armessen, médecin et auteur de La Marionnette (éd. Feuillages). Le débat sera intitulé : "Manipulation dans le couple : pourquoi rester ? Comment partir ?"

     

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  • SÉANCE DU 3 MAI 2013 : L'AMOUR PEUT-IL SE PASSER DE NORMES ?

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    La prochaine séance du café philosophique de Montargis aura lieu le vendredi 3 mai 2013 à 19H à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée.

    Le débat sera intitulé : "L'amour peut-il se passer de normes ?"

    Illustration de l'affiche du café philo de ce mois : Thomas Valentin, Couple d'amoureux (détail), avec son aimable autorisation. Voir également cet article


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  • PROCHAIN CAFÉ PHILOSOPHIQUE VENDREDI PROCHAIN : "L'AMOUR PEUT-IL SE PASSER DE NORMES ?"

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    Après le corps, l'amour sera au centre des discussions du prochain café philosophique de Montargis, le 3 mai 2013, à 19 heures, à la brasserie du Centre Commercial de La Chaussée. Le débat sera intitulé : "L’amour peut-il se passer de normes ?"


    L'amour est un sentiment maintes fois décliné, aux significations différentes voire contradictoires. Possède-t-il alors des règles ? L'amour se résume-t-il à un tendre attachement ou bien se retrouve-t-il dans les actes ? Le véritable amour, quel est-il ? D'une mère pour son enfant, de bénévolence, de concupiscence ? Quel rôle y joue l'être aimé ? Le choisit-on ? Nous "tombe"-t-il dessus ? 

    Alors, l'amour peut-il se passer de normes ? Telle sera la question qui sera débattue par les participants du prochain café philo, le vendredi 3 mai 2013, à 19 heures, à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée.

    Participation libre et gratuite.

     
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  • STENDHAL : "LE ROUGE ET LE NOIR"

    "A six heures, le marquis le fit demander, il regarda avec une peine évidente les bottes de Julien : J'ai un tort à me reprocher, je ne vous ai pas dit que tous les jours à cinq heures et demie, il faut vous habiller.

    le_rouge_et_le_noir_1954,0.jpgJulien le regardait sans comprendre.

    — Je veux dire mettre des bas. Arsène vous en fera souvenir ; aujourd'hui je ferai vos excuses.

    En achevant ces mots, M. de La Mole faisait passer Julien dans un salon resplendissant de dorures. Dans les occasions semblables, M. de Rênal ne manquait jamais de doubler le pas pour avoir l'avantage de passer le premier à la porte. La petite vanité de son ancien patron fit que Julien marcha sur les pieds du marquis, et lui fit beaucoup de mal à cause de sa goutte. Ah ! il est balourd par-dessus le marché, se dit celui-ci. Il le présenta à une femme de haute taille et d'un aspect imposant. C'était la marquise. Julien lui trouva l'air impertinent, un peu comme Mme de Maugiron, la sous-préfète de l'arrondissement de Verrières, quand elle assistait au dîner de la saint Charles. Un peu troublé de l'extrême magnificence du salon, Julien n'entendit pas ce que disait M. de la Mole. La marquise daigna à peine le regarder. Il y avait quelques hommes parmi lesquels Julien reconnut avec un plaisir indicible le jeune évêque d'Agde, qui avait daigné lui parler quelques mois auparavant à la cérémonie de Bray-le-Haut. Ce jeune prélat fut effrayé sans doute des yeux tendres que fixait sur lui la timidité de Julien, et ne se soucia point de reconnaître ce provincial… 

    Les hommes réunis dans ce salon semblèrent à Julien avoir quelque chose de triste et de contraint ; on parle bas à Paris, et l'on n'exagère pas les petites choses.

    Un joli jeune homme, avec des moustaches, très pâle et très élancé, entra vers les six heures et demie ; il avait une tête fort petite.

    — Vous vous ferez toujours attendre, dit la marquise, à laquelle il baisait la main.

    Julien comprit que c'était le comte de La Mole. Il le trouva charmant dès le premier abord.

    Est-il possible, se dit-il, que ce soit là l'homme dont les plaisanteries offensantes doivent me chasser de cette maison !

    A force d'examiner le comte Norbert, Julien remarqua qu'il était en bottes et en éperons ; et moi je dois être en souliers apparemment comme inférieur. On se mit à table. Julien entendit la marquise qui disait un mot sévère, en élevant un peu la voix. Presque en même temps il aperçut une jeune personne extrêmement blonde et fort bien faite, qui vint s'asseoir vis-à-vis de lui. Elle ne lui plut cependant point ; en la regardant attentivement, il pensa qu'il n'avait jamais vu des yeux aussi beaux ; mais ils annonçaient une grande froideur d'âme. Par la suite, Julien trouva qu'ils avaient l'expression de l'ennemi qui examine, mais qui se souvient de l'obligation d'être imposant. Mme de Rênal avait cependant de bien beaux yeux, se disait-il, le monde lui en faisait compliment ; mais ils n'avaient rien de commun avec ceux-ci. Julien n'avait pas assez d'usage pour distinguer que c'était du feu de la saillie que brillaient de temps en temps les yeux de Mlle Mathilde, c'est ainsi qu'il l'entendit nommer. Quand les yeux de Mme de Rênal s'animaient, c'était du feu des passions, ou par l'effet d'une indignation généreuse au récit de quelque action méchante. Vers la fin du repas, Julien trouva un mot pour exprimer le genre de beauté des yeux de Mlle de la Mole : Ils sont scintillants, se dit-il. Du reste, elle ressemblait cruellement à sa mère, qui lui déplaisait de plus en plus, et il cessa de la regarder. En revanche, le comte Norbert lui semblait admirable de tous points. Julien était tellement séduit, qu'il n'eut pas l'idée d'en être jaloux et de le haïr, parce qu'il était plus riche et plus noble que lui."

    Stendhal, Le Rouge et le Noir (1830)

     

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  • OVIDE : NARCISSE OU L'AMOUR DE SA PROPRE IMAGE

    narcisse.jpg"Je suis séduit, je vois, mais ce que je vois et qui me séduit, je ne puis le saisir ; si grande est l’erreur qui m’abuse dans mon amour. Et, pour ajouter encore à ma douleur, ni l’immensité de la mer ne nous sépare, ni une longue route, ni des mon­tagnes, ni des murailles aux portes closes : une mince couche d’eau est tout ce qui empêche notre union. Il aspire lui-même à mon étreinte ; car, chaque fois que j’ai tendu les lèvres à ces ondes limpides, lui, chaque fois, de sa bouche renversée, il a cherché à atteindre la mienne. On croirait qu’on peut le toucher, bien faible est l’ob­stacle entre nos ardeurs. Qui que tu sois, sors, viens ! Pourquoi, enfant sans pareil, te joues-tu de moi ? Quand je te cherche, quelle est ta retraite ? Certes, je ne suis ni d’un air ni d’un âge à te faire fuir ! Des nymphes m’ont aimé, moi aussi. Sur ton visage chéri tu me laisses lire je ne sais quel espoir, et, quand je te tends les bras, tu me les tends de ton côté ; à mon sourire répond ton sourire, et souvent aussi j’ai vu couler tes larmes quand j’en versais ; d’un signe de tête tu réponds aussi à mes signes ; et, autant que je le devine au mouvement de ta bouche charmante, tu me renvoies des mots qui n’arrivent pas à mes oreilles ! — Tu n’es autre que moi-même, je l’ai compris ; je ne suis plus dupe de ma propre image. C’est pour moi que je brûle d’amour, et cette ardeur, je la provoque à la fois et la ressens. Que faire ? Être sollicité ou solliciteur ? Et que solliciter désormais ? Ce que je désire, je le porte en moi-même, mon dénûment est venu de ma richesse. Oh ! si je pouvais me dissocier de mon propre corps ! Souhait insolite chez un amant, ce que j’aime, ce que j’aime, je voudrais en être séparé. Et voici que la douleur m’enlève mes forces ; il ne me reste plus longtemps à vivre et je m’éteins à la fleur de mon âge. Mais mourir ne m’est pas à charge, puisqu’en mourant je déposerai le fardeau de ma douleur. Pour celui qui est l’objet de ma tendresse, j’aurais souhaité une plus longue vie. Maintenant, tous deux, unis de cœur, nous exhalerons ensemble notre dernier souffle.é

    Ovide, Les Métamorphoses, III (v. 1 ap. JC)

     

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  • "LE CAKE D'AMOUR" ("PEAU D'ÂNE" DE JACQUES DEMY)

    Lien externe

    Clin d'oeil à l'exposition sur Jacques Demy à la Cinémathèque : pour en savoir plus, cliquez ici


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  • DUBY : LA COURTOISIE OU L'AMOUR BRIDÉ PAR L'ÉGLISE

    amour,courtoisie"Les efforts de l'Église pour dompter la courtoisie étaient par­venus au XIIIe siècle à susciter quelques poèmes qui déviaient la démarche amoureuse de son but charnel et qui la transféraient vers le mysticisme. Cette transmutation religieuse et abstraite culmina vers 1300 dans le dolce stil nuovo. Mais dans le commun des rites de cour, l'amour vit de l'espoir d'un triomphe final qui conduira la dame à se livrer tout entière, d'une victoire secrète et périlleuse sur l'interdit majeur et sur les châtiments promis aux étreintes adultères. Toutefois, tant que dure l'attente, et il convient qu'elle se prolonge très longtemps, le désir doit se satisfaire de peu. A l'amant qui veut conquérir l'élue, il importe de se maîtriser. De toutes les épreuves que l'amour lui impose, celle qui porte le symbole le plus clair des nécessités du délai consenti, est "l'essai" que célèbrent les chansons des troubadours : la dame commande au chevalier de se coucher auprès d'elle, dans leur commune nudité, et pourtant de dominer son désir. L'amour se renforce dans cette discipline, et dans les joies imparfaites des attouchements mesurés. Ses plaisirs deviennent alors de sentiment. L'étincelle amoureuse ne réunit pas des corps, mais des cœurs."
     
    Georges Duby, Le Temps des Cathédrales (1976)
     

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  • PLATON : LES PLAISIRS ET LES DÉSIRS ILLÉGITIMES

    "- Parmi les plaisirs et les désirs non nécessaires, certains me semblent illégitimes ; ils sont probablement innés en chacun de nous mais réprimés par les lois et les désirs meilleurs, avec l'aide de la raison, ils peuvent, chez quelques uns, être totalement extirpés ou ne rester qu'en petit nombre et affaiblis, tandis que chez les autres, ils subsistent plus forts et nombreux.

    scene-erotique-entre-un-jeune-homme-et-une-prostituee-grecque.jpg- Mais de quels désirs parles-tu ?

    - De ceux, répondis-je, qui s'éveillent pendant le sommeil, lorsque repose cette partie de l'âme qui est raisonnable, douce et faite pour commander à l'autre, et que la partie bestiale et sauvage, gorgée de nourriture et de vin, tressaille, et après avoir secoué le sommeil, part en quête de satisfactions à donner à ses appétits. Tu sais qu'en pareil cas elle ose tout, comme si elle était délivrée et affranchie de toute honte et de toute prudence. Elle ne craint point d'essayer, en imagination, de s'unir à sa mère, ou à qui que ce soit, homme, dieu ou bête, de se souiller de n'importe quel meurtre, et de ne s'abstenir d'aucune sorte de nourriture ; en un mot, il n'est point de folie, point d'imprudence dont elle ne soit capable."

    Platon, La République, IX, 571 b-d.

     

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  • MERCI AUX PARTICIPANTS - ET AUX CO-ORGANISATEURS - DE LA SÉANCE DU 22 MARS 2013

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    Le café philosophique de Montargis de ce vendredi 22 mars a réuni environ 130 participants pour un débat qui s'intitulait : "Puis-je faire ce que je veux de mon corps ?"

    Claire et Bruno tiennent à remercier les personnes présentes mais aussi les co-organisateurs de cette séance spéciale, des lycéens de Terminale littéraire.  

    Bientôt, sur ce site, vous retrouverez comme d'habitude le compte-rendu de cette séance.

    Les personnes présentes lors de ce café philo ont élu le sujet de la prochaine séance qui aura lieu le vendredi 3 mai 2013 toujours à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée. Le débat sera intitulé : "L'amour peut-il se passer de normes ?"

    Affiche de la prochaine séance ici.

     

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  • NOTRE PROCHAINE SÉANCE : LE 22 MARS 2013

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    La prochaine séance du café philosophique de Montargis aura lieu le vendredi 22 mars 2013 à 19H à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée.

    Le débat sera intitulé : "Puis-je faire ce que je veux de mon corps ?"

    Il sera exceptionnellement anim par des lycéens de Terminale littéraire.


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  • PUIS-JE FAIRE CE QUE JE VEUX DE MON CORPS ?

    LOge de théâtre Vienne 1928.JPGVendredi 22 mars, à partir de 19 h, à la Brasserie du centre commercial de La Chaussée, se tiendra un café philo atypique. Atypique, il le sera quant aux médiateurs : des élèves de Terminale littéraire du lycée Saint-François-de-Sales de Gien co-animeront le débat, en compagnie des animateurs habituels, Claire et Bruno. Atypique ensuite en raison du sujet que les participants du précédent débat ont élu, à savoir : "Puis-je faire ce que je veux de mon corps ?" 

    Mon corps, mon enveloppe physique, la structure matérielle de mon être, m'appartient. Il est ma propriété. A priori donc, puisque j'en suis le propriétaire, j'en dispose à mon gré. Pourquoi alors m'en interdire certaines formes de commercialisation ? Mon corps est-il sacré ? Quel lien entretient-il avec mon âme ? N'en est-il que l'enveloppe ou bien pense-t-il avec ma conscience ? Quel rôle joue-t-il dans ma définition ? N'en est-il que la partie visible et donc superficielle ?

    Ce sont autant de questions que les lycéens co-animateurs seront heureux de débattre, vendredi soir, 22 mars, à la Brasserie du centre commercial de La Chaussée, dès 19 heures.

    Participation libre et gratuite.

     
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  • COMPTE-RENDU DE LA SÉANCE "PUIS-JE SAVOIR QUI JE SUIS ?"

    Thème du débat : "Puis-je savoir qui je suis ?" 

    Date : 1er mars 2013 à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée.

    De 110 à 120 personnes étaient présentes ce 1er mars 2013 pour la 30ème séance du café philosophique de Montargis intitulée "Puis-je savoir qui je suis ?" A noter que cette séance est enregistrée par Radio Châlette, dans le cadre d'une future émission.

    Il faut préciser, dit Claire en préambule, qu’un tel sujet est fondamental en philosophie. Le thème de la conscience ouvre d’ailleurs le programme de philosophie en classe de Terminale. La question de ce café philo est de s’interroger sur la connaissance de soi-même : peut-on réellement savoir qui on est ? Le premier des philosophes, Socrate, n’a de cesse d’affirmer que se connaître soi-même doit être un slogan de vie, même si c’est difficile. Est-ce impossible ?    

    Il est vrai, dit une intervenante, que cette question est celle "de toute une vie". Y répondre c’est passer par l’introspection comme par le regard des autres dans la société. Cette interrogation sur la conscience de soi, ajoute Claie, c’est aussi celle que s’est posée René Descartes dans les Méditations métaphysiques. Alors qu’il sort diplômé de la Flèche et que l’auteur du Discours de la Méthode est promis à un brillant avenir, il en vient à réfléchir sur lui-même. Qui est-il, finalement ? Son Moi est-il essentiellement constitué de son savoir ? Ou bien est-ce l’expérience vécue dans le monde ? L’identité dépend-elle de son environnement ou n’y a-t-il pas un Moi autonome ? Descartes se met alors à douter de tout : le doute hyperbolique vient de là. La question de savoir qui on est constitue une question abyssale qui renvoie, plusieurs siècles plus tard, à l’existentialisme sartrienComme Descartes  il convient donc de s’interroger. Y a-t-il un moi ou y en a-t-il plusieurs ? Le Moi reste-t-il le même lorsque l’on est seul ou en société, avec son conjoint, ses amis, ses collègues de travail ? Ou bien sommes-nous la somme de tout cela ? Quel est le rôle d’autrui dans notre Moi ? 

    Un participant ajoute une autre question : est-ce que je renvoie aux autres mon propre Moi, un reflet fidèle ? Cette question de savoir qui on est se pose après une confrontation avec autrui : "Ce n’est pas moi" s’entend-on dire après telle ou telle situation. Je peux me dire que la personne que les autres voient en moi est en dissymétrie avec ce que je crois être. Qui est le véritable moi-même ? Est-ce celui que je suis persuadé être ou est-ce celui que tous les autres décrivent ?

    Lorsque l’on se pose la question de savoir qui l’on est, il convient de se demander l’utilité d’une telle question. L’introspection se trouve très souvent cantonnée à la recherche de jalons afin de se "projeter" dans le monde et avec les autres. Le repli sur soi par cette introspection sert des objectifs la plupart du temps concrets voire triviaux : quelle direction vais-je prendre dans ma vie pour que je sois en accord avec mon Moi? Quel choix dois-je faire pour arriver à une satisfaction personnelle ? Au contraire, se raconter des histoires – sur soi – peut être un pis-aller acceptable voire nécessaire, comme le montre admirablement le livre et le film Shutter Island

    Un participant propose de s’intéresser à l’identité, le cœur de ce savoir qui intéresse le café philo de ce soir. L’identité est multiple et le Moi n’est pas une entité fixe que l’on définirait une bonne fois pour toute telle une carte d’identité ou un passeport. Le Moi est à géométrie variable, dépendant de ce que l’on voit de nous et de ce que les autres voient de nous. De plus, nos vécus successifs transforment le Moi, le rendant de fait multiple, faisant apparaître et disparaître anciens et nouveaux Mois. Rechercher qui on est peut ainsi apparaître vain, si ce n’est que cette quête perpétuelle contribue à étancher la soif insatiable de notre curiosité. 

    Rebondissant sur cette intervention, une participante suggère de comparer ce Moi multidimensionnel à un oignon – ou à la planète terre: au centre, se trouve un noyau  constitué par notre vécu infantile. Le Moi de l’enfance ce sont les premiers temps de notre vie, avec toute cette cohorte d’émotions primaires, d’environnements familiaux et de souvenirs basiques. Au-dessus de ce noyau se superposent, telles des peaux d’oignon, de nouvelles couches : celle(s) de l’adolescence, celle(s) de notre vie professionnelle, etc. Cette participante considère qu’il y a des permanences (l’environnement parental, les émotions primaires, les premières blessures de l’enfance ou notre éducation) mais aussi des faits contingents (des amours, des rencontres marquantes ou des choix professionnels). Ce sont ces faits contingents qui nous rendent responsables de notre identité, en dépit de ce "noyau dur" construit durant notre enfance. Un "noyau dur" parfois lourd à porter : Guy Georges, le tueur en série condamné durant les années 90, se faisait lui-même procureur de la société ou de l’éducation pour justifier la cruauté de ses actes !

    Il est dit que les caractères singuliers de ce Moi sont définis en grande partie par l’éducation. Celle-ci a bon dos car elle définirait notre identité dès les premières années – ce noyau dur dont il a été question précédemment, qui est également l’époque où le Je se construit. Un tel raccourci pose problème dans le sens où notre expérience montre qu’un environnement et une éducation identiques, y compris au sein d’une même sphère familiale, n’empêchent pas – loin de là – de donner vie à des identités différentes. "Nous sommes tous différents", rappelle un participant et "les quelque 80 milliards d’humains qui peuplent la terre le sont tout autant". Ces différences peuvent s’expliquer, argumente une nouvelle intervenante, par l’histoire de notre famille et celle de nos aïeux comme par les desideratas que les parents projettent pour leur enfant, avant même sa naissance. La conception sartrienne d’une existence fondatrice de l’identité est en lutte contre des facteurs innés et hérités d’un passé prénatal. Edmond Marc dit que dans un premier stade, je ne suis que le résultat du façonnement de mes parents dans l’éducation. C’est dans un deuxième temps, avec l’entrée sur scène du Je, que je choisis de partir à la recherche de mon Moi et de sortir du schéma initial. Connaître son identité, savoir qui on est, c’est lutter contre une identité récalcitrante qui ne vient pas de nulle part (secrets de familles, environnements familiaux, modèles culturels, projections de nos parents, etc.). Au bout du compte, comme le dit une participante, cette démarche nous entraîne vers une acceptation de soi, un "amour de soi", nous permettant de trouver une voie pour évoluer, changer et vivre sa vie ("On n’a qu’une vie !").

    Un nouvel intervenant s’étonne de constater que la recherche de Soi prend souvent une tournure anxiogène : "Pourquoi s’inquiéter de qui on est ?" s’interroge-t-il. Cela peut permettre d’éviter de faire du mal autour de soi et à soi, répond une autre personne. Une telle question sur l’utilité de la connaissance du Je renvoie à la pratique psychanalytique. Sigmund Freud a tracé un chemin afin de nous aider à révéler notre Moi profond, rappelle une participante. Se connaître permet de comprendre pourquoi on agit de telle ou telle façon. Lorsque Freud dit que le Moi n’est pas maître dans sa propre maison, il ajoute aussi qu’il en est même réduit à des renseignements rares et fragmentaires. La conscience me permet, certes, de m’interroger sur moi-même mais elle ne sait que très peu de choses sur l’identité.

    Une intervenante considère que se connaître soi-même, cette introspection dont nous débattons, sert avant tout à se projeter dans l’avenir et à se jauger avant de faire un grand saut vers l’inconnu. Mais dans ce cas, la connaissance de soi n’est-elle pas – une nouvelle fois – vaine, dans le sens où nos choix sont en grande partie prédéfinis par des faits passés et par notre identité ? Une sorte de déterminisme conduirait nos actes et ces choix n’en seraient pas vraiment. Autrement dit, notre identité ne serait non pas en construction mais subie. Claire se demande si se connaître soi-même ce ne serait pas partir à la recherche d’un passé oublié.  

    Oui, se connaître soi-même peu sembler une démarche d’autant plus intimidante et vaine que notre situation dans le monde a été, quelque part, subie. Nous sommes issus du néant, dit un nouvel intervenant, et nous sommes appelés à rejoindre un nouveau néant après notre mort. Entre ces deux néants, je me construis et je prends conscience de Moi dans un environnement subi. Le fameux "connais-toi toi-même", ajoute cette personne, est important et doit nous suivre toute notre vie, sans pour autant nous inhiber. Cette invite doit nous servir à nous projeter dans notre action, dans nos projets et dans nos envies. L’interrogation perpétuelle peut être dangereuse dans le sens où elle peut nous paralyser. Cette démarche de surgir et se projeter dans la vie est proprement sartrienne : "L’existence précède l’essence", disait Jean-Paul Sartre, ajoutant aussitôt que cette existence a un train de retard sur l’essence. L’identité nous pose réellement un problème, dans le sens où il nous est difficile, voire impossible, de définir des caractères singuliers, nécessaires et suffisants de notre identité. Le retour sur le Moi-même, nous dit encore Sartre, ne sera finalement possible qu’après notre mort et c’est à autrui qu’il reviendra de définir notre propre Moi – lorsque nous ne serons plus !      

    Une intervenante s’interroge sur la question de la connaissance de soi chez les autres civilisations. Il a été dit que le "Connais-toi toi-même" platonicien est une pierre fondatrice de la philosophie occidentale. En réponse à cette interrogation, une participante parle de la place du Moi dans la philosophie bouddhiste. Dans cette sphère culturelle et cultuelle, le Moi n’existe pas car l’existence est basée sur l’impermanence ; il n’y a pas de continuum du Moi ni de dualité entre soi et les autres. Une autre participante considère que les questions sur le Moi, le Je et l’identité sont des concepts très occidentaux qui ne sont pas aussi présents par exemple dans les cultures africaines. Dans ces civilisations, c’est le groupe et la communauté qui priment. L’individu ne vaut que par rapport au groupe et à la fonction qu’il occupe au sein de ce groupe, au point qu’il peut être sacrifié en tant que Moi. Ce qui n’est pas sans poser problème dans un monde globalisé : l’individualisme inhérent à nos sociétés modernes tend à l’emporter sur l’ensemble du globe terrestre, au détriment de traditions multiséculaires où la communauté prime.

    Lorsque l’on parle des pays où le Je n’existerait pas ou, du moins, serait étouffé par un groupe, il faut, dit un nouvel intervenant, considérer que derrière cette toute-puissance du groupe se terre un Moi qui ne cherche qu’à s’affirmer. Dans ces communautés, aux yeux de l’autre, je ne peux exister que par rapport aux fonctions que j’occupe. Cette idée n’est finalement pas si éloignée de ce que nous vivons en Occident. Lorsque Sartre fait dire à Garcin dans Huis Clos : "L’enfer c’est les autres" il révèle que ce personnage est incapable d’agir en opposition aux autres, avec ce que l’on dit de lui. Dans cette incapacité de changer son essence, il ne peut que constater cet enfer existentiel.  

    Au sujet de l’identité vécue dans d’autres civilisations, un participant évoque l’exemple des cultures finno-ougriennes (Finlande, Pays Baltes, Hongrie, etc.). En Finlande la construction du Moi se passe durant l’enfance, suivant un processus durant lequel la pression sociale joue pleinement son rôle. À l’origine, le Je n’existe pas dans la langue finnoise ; il n’y a pas de genre dans les prénoms. Le "il" permet de parler d’un homme ou d’une femme. Devenus plus grands, les petits enfants disent "moi" mais ne disent pas "tu" : ils disent "ça", parlant  indistinctement de leurs parents, d’un camarade d’école, d’un chien ou d’une voiture. À l’origine de leur éducation, la distinction sujet/objet est abolie. Vers l’âge de sept ans, apparaissent les distinctions filles/garçons, sous la pression sociale. On le voit bien : l’identité révélée – qui n’est pas sans poser des problèmes d’identification sexuelle en Finlande – est très variable selon les groupes culturels et linguistiques.     

    L’énonciation du Je est capital dans cette construction de l’identité, nous dit Kant. À partir du moment où le sujet parle de lui en disant, non pas "Claire veut…", mais "Je veux…", le sujet s’élève au dessus du rang d’objet. Il devient maître de lui-même. À l’opposé, dans le Baudelaire de Sartre  ce dernier nous dit qu’à partir du moment où cesse l’identification à la mère et où le Je apparaît, le sujet se retrouve seul car responsable de ce qu’il fait : il n’a plus aucun guide et devient responsable de ses actes. Lorsque je deviens sujet, je prends une dignité, je deviens un être humain, donc libre, autonome et responsable. Se connaître soi-même participe de cette identification : c’est se mettre une barrière autant que se distinguer d’autrui.

    Il a été dit que la connaissance de soi participe de notre projection dans le monde en tant qu’être existant. Savoir qui je suis par l’introspection me servirait à construire ma vie : le cheminement intérieur guiderait notre marche dans le monde. Mais n’est-ce pas qu’une vue de l’esprit ? s’interroge Claire. Dans le film Camille redouble, Noémie Lovski va à rebours de cette idée. C’est le désir qui guide nos actes et l’introspection approfondie, notre confrontation à l’abyme existentiel de cette interrogation, n’a lieu que pour peu de personnes et durant peu de temps. 

    Cette quête de soi, ce retour en arrière pour refaire ce que l’on estime avoir raté, participe aussi de la thérapie, estime un intervenant. L’inconscience se manifeste dans cette connaissance de soi : on peut avoir l’impression de ne pas se connaître consciemment ; dans ce cas, la clé se joue dans l’inconscient : la psychanalyse remonte par le biais de la parole vers l’inconscient permettant de se découvrir soi-même. 

    Cependant, l’angoisse peut être telle que la connaissance de soi est refusée, que ce soit par la syncope dans Camille Redouble – que l’on pourrait assimiler à une forme de folie – ou par la schizophrénie dans Shutter Island de Martin Scorcese dans lequel le personnage principal choisit de vivre en héros plutôt que de mourir en monstre, au risque de devoir se raconter une histoire (le film se clot par une question posée par le personnage joué par Leonardo di Caprio : "Qu’est ce qu’il y a de pire pour vous : vivre en monstre ou mourir en homme de bien ?"). Dans cet exemple, la connaissance de soi se heurte à un mur et à un refus. Est-ce réellement condamnable ? se demande un intervenant pour qui les zones d’ombre – et donc la méconnaissance de soi – font partie de notre identité.

    Parler de la découverte de soi nous conduit à parler de la construction scientifique de l’homme. L’identité physique – clonage, sélection de la couleur des yeux, des cheveux, de peau, etc. – peut être techniquement choisie. Toutefois, ce contrôle est chimérique en ce que l’identité humaine dépasse des caractères physiques que l’on manipulerait. La part de l’éducation dans la construction du Moi joue mais, plus que tout, le maître mot est tout de même ma responsabilité dans le monde et mes choix.

    Au terme de ce débat, conclut Bruno, il apparaît que lorsque nous nous interrogeons sur la connaissance du Moi, c’est finalement des autres dont il est surtout question : l’enfant construisant son Je avec ses parents, la place de la culture ou de la nature dans la construction de mon identité ou mes choix de me projeter ou non dans le monde.

    La fin de cette séance est consacrée au vote du sujet du 22 mars 2013 qui sera co-animé par des élèves de Terminale. Trois sujets sont proposés : "Puis-je faire ce que je veux de mon corps ?", "L’école m’apprend-elle à devenir quelqu’un ?" et "L’amour peut-il se passer de normes ?" Les participants votent pour le sujet "Puis-je faire ce que je veux de mon corps ?"

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  • MERCI AUX PARTICIPANTS DE LA SÉANCE DU 1ER MARS 2013

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    Il y avait une forte affluence au café philosophique de Montargis le 1er mars 2013 : environ 120 personnes étaient présentes à cette séance qui avait pour titre : "Puis-je savoir qui je suis ?"

    Merci aux participants d'être venus en nombre.  

    Bientôt, sur ce site, le compte-rendu de cette séance.

    Notez également une nouveauté : les séances du café philosophique de Montargis feront l'objet d'ici quelques semaines d'émissions régulières sur Radio Châlette. Nous vous en dirons plus sur ce site très bientôt.  

    Claire et Bruno fixent le prochain rendez-vous le vendredi 22 mars mars 2013 à 19 heures à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée pour un débat intitulé : "Puis-je faire ce que je veux de mon corps ?"

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  • NOTRE SÉANCE DU VENDREDI 1ER MARS 2013

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    La prochaine séance du café philosophique de Montargis aura lieu le vendredi 1er mars 2013 à 19H à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée.

    Le débat sera intitulé : "Puis-je savoir qui je suis ?"

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  • NOS DEUX PROCHAINS RENDEZ-VOUS

    Notez bien les deux prochains rendez-vous du café philosophique de Montargis :

    - Le débat du vendredi 1er mars 2013 est intitulé : "Puis-je savoir qui je suis ?"

    - La séance suivante est fixée le vendredi 22 mars. Elle sera co-animée par des élèves de Terminale littéraire du Lycée Saint-François-de-Sales de Gien. Le sujet sera choisi lors de la séance précédente.  

    Ces deux séances auront lieu comme d'habitude à 19 heures à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée.

     

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  • PROCHAIN CAFÉ PHILOSOPHIQUE VENDREDI PROCHAIN : "PUIS-JE SAVOIR QUI JE SUIS ?"

    Le vendredi 1er mars 2013 à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée, les participants du prochain café philosophique de Montargis auront à s’interroger… sur eux-mêmes ! 

    Mary nolan reflet.jpg"Puis-je savoir qui je suis ?" Telle sera la question qui leur sera posée et autour de laquelle ils débattront.

    Dans la mesure où chaque être humain est doué d’une conscience – c’est-à-dire qu’il sait qu’il pense et agit en plus du fait de penser – il est un sujet capable de dire qui il est, plus que n’importe qui d’autre. Et pourtant, à quoi tient cette sagesse ? De quels éléments est-elle constituée ? Est-ce vraiment une sagesse de soi-même ou simplement une croyance, voire une simple sensation de soi que la conscience permet ?

    Ce sont autant d’interrogations qui seront débattues au cours de cette nouvelle séance, ouverte à tous et animée par Claire et Bruno.

    Rendez-vous pour ce café philosophique le vendredi 1er mars 2013 à 19 heures à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée de Montargis.

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  • COMPTE-RENDU DE LA SÉANCE "OSER LA GENTILLESSE"

    Thème du débat : "Oser la gentillesse : est-ce encore possible ?" 

    Date : 1er février 2013 à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée.

    Le 1er février 2013, de 75 à 80 personnes étaient invitées à débattre, au cours de cette 29ème séance du café philosophique de Montargis, d’un sujet relativement peu étudié en philosophie : la gentillesse. Ce thème avait été proposé en novembre 2012 par une participante. Pour expliquer cette suggestion, elle estime que la gentillesse, comportement rare et positif, a tendance à se raréfier de nos jours. Il s’agit même, d’après elle, d’une qualité peu mise en valeur voire moquée. Claire interroge l’assistance au sujet de cette attitude à l’altruisme peu en vogue, semble-t-il, de nos jours. "Oser la gentillesse : est-ce encore possible ?" Dit autrement, le gentil est-il ringard?

    Un intervenant réagit en s’interrogeant d’emblée sur le qualificatif de "positif" s’agissant de la gentillesse. En est-on si sûrs ? Qu’une telle attitude – être gentil – soit parée de certaines qualités, personne ne le niera ; il n’en reste pas moins que dans la vie sociétale, être gentil n’est pas le nec plus ultra. Dans la vie en entreprise – pour ne prendre que cet exemple – la gentillesse a difficilement sa place. La gentillesse est dans ce milieu une aberration pour ne pas dire une tare. "Être trop gentil" c’est se mettre en état d’infériorité. La vie économique ne fait pas cas des sentiments ni de la morale. Un autre intervenant va dans ce sens : être gentil est une qualité indéniable ; cependant, être gentil partout, tout le temps, n’est pas souhaitable sauf à vouloir être une "victime" perpétuelle. Ce même intervenant considère d’ailleurs que le gentil porte de lourdes responsabilités dans les périodes difficiles de notre Histoire. Les grandes dictatures, dit-il, s’appuient le plus souvent sur l’indolence des gentils pour asseoir leur pouvoir. Le café philosophique avait débattu précédemment sur la question "La vérité est-elle toujours bonne à dire ?" A cette occasion, le débat avait porté sur le "mensonge par humanité" théorisé par Emmanuel Kant. On peut poser une question similaire au sujet de la gentillesse : "La gentillesse est-elle toujours bonne à montrer ?" La réponse semble être a priori : non.

    Avant d’aller plus loin, Claire et Bruno proposent de s’intéresser à cette définition de la gentillesse. Comment la définir ? Bonté ? Bienveillance ? Claire reprend une définition du Larousse : "Gentil, ille (adjectif) : Qui manifeste de la bienveillance ; aimable, complaisant". Dans notre imaginaire, le gentil est cet être incongru, brave mais sans intelligence dont on se moque aisément. Il y a par exemple ce terme péjoratif de "gentillet", facilement usité. Paradoxalement, le gentleman, son pendant anglais, serait paré de toutes les qualités : humain, élégant, vertueux, "classieux". Force est de constater, dit encore Claire, que la gentillesse est considérée avec dédain par les philosophes en général. Ce n’est ni une vertu (ou, au mieux, ajoute Bruno, "une petite vertu"), ni une sagesse ni un concept intéressant a priori: le mot "gentillesse" n’apparaît même pas dans le célèbre Dictionnaire vocabulaire technique et philosophique d'André Lalande. En France, un philosophe, Emmanuel Jaffelin, a cependant consacré plusieurs essais sur cette "petite vertu" souvent considérée avec mépris (Éloge de la Gentillesse et Petit Éloge de la Gentillesse, cf. son site Internet : http://gentillesse.blogspot.fr). Pour tout dire, il est difficile de définir exactement la gentillesse, tant le terme nous échappe : bonté ? Bienveillance ? Générosité ? Altruisme ?

    Bien que nous ne soyons pas dans un "café historique" mais dans un café philosophique, Bruno souhaite s’arrêter rapidement sur cette histoire du gentil à travers les âges ainsi que sur son étymologie. Le gentil vient à l’origine du mot latin gens qui désignait ces lignées familiales nobles qui possédaient un ancêtre commun. Par la suite, les juifs ont employé le terme de "gentil" ceux qui ne croyaient pas en Yahvé – à ne pas confondre avec les "païens" qui étaient ceux qui croyaient en des dieux qualifiés d’impies. On passe les siècles. Au XVIème siècle, le philosophe humaniste Guillaume Budé invente le terme de "gentilhomme". Il créé ainsi le modèle de l’homme idéal qui est remarquable par ses attitudes et son style de vie. Ce gentilhomme est sensé être le pendant du noble. Ce terme va faire florès. On le retrouve traduit en anglais sous l’appellation de "gentleman". Or, alors que le gentleman continuera longtemps d’être utilisé, notamment dans les pays anglo-saxons, le "gentilhomme" disparaît à partir de la Révolution française de notre société et de notre vocabulaire. Le mot est même dénaturé sous le terme de "gentil". Or, qu’est devenu aujourd’hui ce gentil – ex "gentilhomme" – sinon le gentillet ? Au contraire du gentleman considéré comme respectable et exemplaire, le gentil est "ce (ou cette) brave qui ne peut rien refuser et qui passe tout", au risque de devenir victime de quolibets ou, pire, d’abus : "trop bon, trop con" dit l’expression populaire ! L’un des personnages les plus emblématiques du gentil semble être celui de François Pinon, anti-héros involontaire du Dîner de Cons, interprété magistralement par Jacques Villeret (cf. c lien). On le voit, le terme de "gentil" a subi toutes les avanies au point d’avoir été dévalorisé. 

    Dévalorisé mais pas rejeté cependant. En effet, depuis 2009, la France adopte la journée de la gentillesse, fixée chaque 13 novembre (http://journee-de-la-gentillesse.psychologies.com). Cette journée est née au Japon sous le terme de "Small Kindness Movement", officialisée en 1998 : voilà donc venue l’heure de la revanche du gentil ! Cette journée s’est symptomatiquement développée en France en 2007, au début du quinquennat d’un Président de la République réputé pour son sens de la pugnacité et de l’égotisme – Nicolas Sarkozy. Il est cocasse d’apprendre, dit Claire, que, comme chaque année, le prix remis au Gentil de l’Année a été décerné en 2012 à… un autre Président de la République : François Hollande. Mais, ça, dit Bruno sous forme de boutade, c’était avant l’intervention militaire de la France au Mali!

    Le gentil serait donc, en dépit des qualités qu’on veut bien lui attribuer, cet être en décalage avec notre société obnubilée par la réussite, l’argent et la compétition sous toutes ses formes. Un être considéré, du moins dans notre pays, comme sous-évalué. 

    En est-on certain ? demande un participant. Des expériences scientifiques menées sur des animaux tendent à prouver que plus la cohésion d’un groupe ethnologique ou éthologique est forte, plus la solidarité y est importante et plus ce groupe voit ses chances de survie s’accroître. L’idée selon laquelle la gentillesse serait un frein à la réussite d’une société ou d’une entreprise économique paraît largement infondée. Une étude, rappelle un nouveau participant, affirme que "Les sociétés qui comptent le plus fort pourcentage de salariés engagés ont collectivement accru leur bénéfice d'exploitation de 19 % et leur bénéfice par action de 28 % d'un exercice à l'autre" (étude du Cabinet Towers Perrin, citation d’Emmanuel Jaffelin, cf. cet article). Être gentil semblerait donc n’être pas une incongruité dans la jungle du monde économique. Tout le monde aurait même à y gagner : dirigeants, actionnaires, salariés, familles de salariés et toute la société ! Bruno cite Woody Allen à ce sujet : "Dans votre ascension professionnelle, soyez toujours très gentil pour ceux que vous dépassez en montant. Vous les retrouverez au même endroit en redescendant."

    Un participant intervient pour témoigner sur la difficulté des gentils à assumer parfois leurs comportements : on agit avec altruisme dans telle ou telle situation, sans état d’âme ; savoir qu’on a été ensuite floué, pour ne pas dire trahi, devient douloureux. Dans ce cas, être qualifié de "gentil" prend une notion aussi péjorative que si la personne en face nous avait traité avec condescendance de "gentillet" !

    Un intervenant appuie sur la nécessité de faire de la gentillesse une qualité à user avec précaution. L’expérience de Milgram dans les années 60 (une expérience de conditionnement de citoyens ordinaires à infliger de pseudos tortures à l’électricité à des cobayes inconnus) prouve s’il en était que faire de la docilité un style de vie peut être dangereux. De même, la vie en entreprise prouve que savoir dire non est une absolue nécessité pour ne pas devenir victime. 

    Si l’on parle d’ambition et de compétition – dans le milieu sportif, à l’école, lors de concours, etc. – la gentillesse n’est pas le comportement adéquat non plus. Pour tout dire, non seulement elle n’est pas la bienvenue mais elle est en plus en terre inconnue. Si je participe à une course importante, je n’ai pas à considérer mon adversaire autrement que comme un adversaire à battre. La gentillesse n’a pas son mot à dire. Pour autant, comme le constate un nouveau participant, la compétition sportive n’exclut pas le respect de l’autre et c’est sans doute par le fair-play que la gentillesse se manifeste. Pour aller dans ce sens, Bruno fait référence au Tournoi des VI Nations et à cette fameuse définition du rugby : "Un sport de voyous joué par des gentlemen" !   

    Claire oriente le débat sur l’intitulé de cette séance : "Oser la gentillesse". "Oser" : ce verbe entendrait montrer qu’être gentil ne va pas de soi, que cela nécessite une forme d’effort. La question est de savoir si cette qualité est naturelle ou bien culturelle. Dit autrement, "l’homme est-il naturellement bon ?" comme l’affirmait Jean-Jacques Rousseau ou bien "l’homme est-il un loup pour l’homme ?" comme l’écrivait au contraire Thomas Hobbes. Il semblerait au vu du débat qui a cours autour de cette question que la culture a un rôle déterminant dans le développement de la gentillesse. 

    L’un des plus beaux terrains d’observation de cette gentillesse en construction se trouve sur les cours de récréation, durant les premiers âges de la vie. Claire évoque à ce sujet une anecdote : une enfant de deux ans bousculée par un petit camarade de jeux et au sujet duquel la maman se félicitait de ses capacités à se battre. La jeune victime, en revanche, avait le tort de ne pas être suffisamment pugnace ou, dit autrement, d’être "trop gentille". Nous avons tous été témoins de ces scènes familières autour de bacs à sable, de toboggans et autres balançoires : les tout petits auraient très vite des comportements sociaux qui les distinguent les uns des autres. Ces comportements, plusieurs participants – enseignants dans le cycle élémentaire – sont d’accord pour dire qu’ils sont façonnés par le culturel. L’enfant est amoral dès son jeune âge. C’est par l’expérience et en côtoyant ses semblables qu’il se construit. En somme, pour reprendre une célèbre expression de Simone de Beauvoir, on ne naît pas gentil : on le devient ! Encore que beaucoup d’entre nous ont constaté que deux éducations identiques – le mot "identique" est cependant fortement à nuancer – voient plusieurs frères et sœurs adopter des comportements différents : l’un(e) pourra être gentil(le), l’autre pas. Nature et culture restent, encore une fois, des sujets de débat, voire de controverse.         

    La gentillesse semblerait s’acquérir par l’expérience. L’un des aspects de ce comportement se manifeste par la non-violence, cette faculté à réagir à une agression par le pacifisme. Bruno rappelle qu’il y a un moins de trois ans, le café philosophique de Montargis traitait de cette non-violence. À l’époque, l’intervenant, Vincent Roussel, de la Coordination française pour la Décennie, avait insisté sur l’éducation des enfants à la non-violence afin de dégoupiller les conflits en classe et sur les cours de récréation. Cette recommandation n’est, hélas, toujours qu’un vœu pieu !

    L’assistance du café philosophique poursuit sa discussion sur la place du culturel dans notre appréhension de la gentillesse. Une participante, de nationalité anglaise, porte un éclairage intéressant sur le gentil tel qu’il est vu en France. Nous avons dit que le "gentilhomme" avait disparu de notre paysage sociétal et que le gentil, son lointain avatar français, avait mauvaise presse. Cette participante confirme qu’elle a constaté chez beaucoup de nos concitoyens cette propension à déconsidérer la gentillesse. La mauvaise humeur et l’esprit râleur sont des caractéristiques françaises que nombre d’étrangers stigmatisent chez nous. Au contraire, en Grande-Bretagne, être gentil n’est pas une tare, loin de là. Être "kind" (de "kindness" : gentillesse) est une qualité appréciée, sans être dévalorisée. Ce n’est pas un hasard si le mot "gentleman" soit encore utilisé là-bas, alors que le "gentilhomme" est mort depuis longtemps en France. Bruno avance une explication à cette désaffection : après la Révolution française, en même temps que la société d’Ancien Régime disparaît (dont le gentilhomme), le besoin légitime d’égalité dans la société devient soif d’égalitarisme et méfiance vis-à-vis de notre voisin. Suis-je vraiment à égalité avec lui ? Si je montre altruiste, n’y a-t-il pas le risque que je sois "volé" par celui que je viendrais aider ? Emmanuel Jaffelin affirme ceci : "En France c'est plus difficile qu'ailleurs, la faute à la Révolution française qui a inscrit dans notre ADN un égalitarisme forcené, on pense qu'on s'abaisse en donnant, alors qu'en donnant, on se grandit" (cf. cet article). Loin d’être portée au pinacle, la gentillesse peut facilement être considérée avec méfiance ("Une certaine qualité de gentillesse est toujours signe de trahison" disait François Mauriac). 

    Il appartient sans doute à chacun de nous, dit un nouvel intervenant, de travailler à cette gentillesse. Comme il le rappelle à travers une fable indienne : deux loups luttent en nous, un bon et un mauvais ; le gagnant sera celui que nous nourriront. 

    Résultat d’un apprentissage, la gentillesse ou son absence peuvent également être dans certains cas le fruit d’un caractère inné, comme le rappelle une participante. C’est l’exemple – certes, extrême – des psychopathes, des cas pathologiques incapables de ressentir autre chose que l’envie, la colère, la haine mais jamais des sentiments empathiques, sauf à vouloir dissimuler ou mentir. 

    Un participant apporte un nouvel éclairage sur la gentillesse, un éclairage religieux et culturel ! Évoquer le pacifisme du gentil vient en résonance de l’invite de Jésus dans les Évangiles à "tendre la joue droite lorsque quelqu’un frappe la joue gauche" ("Vous avez appris qu'il a été dit: Œil pour œil et dent pour dent. Et moi, je vous dis de ne pas tenir tête au méchant; mais si quelqu'un te frappe sur la joue droite, tends-lui encore l'autre. Et à celui qui veut t'appeler en justice pour avoir ta tunique, abandonne encore ton manteau…" Évangile de Mathieu, V, 38-40). À l’instar de Gandhi, en se faisant l’apôtre (sic) de la non-violence, Jésus encourage chaque homme à accepter docilement une situation de conflit. N’est-ce pas aussi la caractéristique chez le gentil ? Un autre passage biblique évoque la figure légendaire d’un homme désintéressé se sacrifiant pour aider autrui (ou son prochain) : le "bon Samaritain". Cette fable nous conte l’histoire d’un homme blessé par des brigands qu’un étranger passant par là vient secourir sans état d’âme : le texte de cette fable ce trouve sur ce lien.

    Cette parabole a été commentée par Françoise Dolto. La célèbre psychanalyste, prouve, s’il en est, que la gentillesse n’a pas été totalement oubliée du milieu philosophique. Dans son ouvrage L’Évangile au risque de la Psychanalyse, elle dit ceci au sujet de ce Bon Samaritain : "Notre prochain, c'est tous ceux qui, à l'occasion du destin, se sont trouvés là quand nous avions besoin d'aide, et nous l'ont donnée, sans que nous l'ayons demandée, et qui nous ont secourus sans même en garder le souvenir. Ils nous ont donné de leur plus-value de vitalité. Ils nous ont pris en charge un temps,' en un lieu où leur destin croisait notre chemin." Ce Bon Samaritain a eu un comportement exemplaire et édifiant. Est-ce pour autant jouable dans la vie de tous les jours ? Jacques Prévert ne disait-il pas, non sans cynisme, en parlant du geste de charité de l’évêque saint Martin de Tours partageant son manteau avec un pauvre frigorifié que "saint Martin a donné la moitié de son manteau à un pauvre : comme ça, ils ont eu froid tous les deux" ? 

    Mais c’est surtout de l’autre côté de l’Atlantique que nous vient l’apport le plus décisif au sujet de la gentillesse. Des philosophes contemporains ont étudié ce thème via l’éthique du Care (du verbe "to care" qui signifie : "soigner", "s’occuper de"). Ce mouvement philosophique née aux États-Unis (avec des spécialistes des sciences humaines telles Carol Gillian, Francesca Cancian ou Joan Tronto) durant les années 80 s’est développé en Europe ces dernières années, et plus particulièrement en France depuis une dizaine d’années (Paulette Guinchard, Sandra Laugier ou Patricia Paperman). L’éthique du Care a pour ambition de s’intéresser à l’altruisme et d’allier la raison à l’émotion. Les spécialistes du Care expliquent que nous sommes fondamentalement des êtres relationnels en perpétuelle interdépendance. En fin de compte, résume Bruno, l’ambition de l’éthique du Care est, dans une société contemporaine moulée dans l’individualisme, de "réparer le monde". Cf. interview de Carol Gillian sur notre site et cet article d’éclairage sur l’Éthique du Care

    Ce mouvement philosophique, qui n’en est qu’à ses débuts – et qui reste malgré tout encore très critiqué – place la gentillesse non plus comme un mouvement sentimental désuet propre à rire, ni comme une faiblesse dont il faudrait se méfier, mais comme une authentique vertu : une "petite vertu" comme le dit une certaine littérature un peu maladroitement, tant cette expression a une autre connotation… Bref, la gentillesse appartient à ces actes moraux désintéressés dont beaucoup peuvent regretter le délitement mais qui ne demande qu’à se développer.      

    Cette séance du café philosophique se termine par la mise au vote de trois propositions de sujets pour le prochain débat : "Justice : surveiller, punir ou guérir ?", "Et si on parlait d’amour ?" et "Puis-je savoir qui je suis ?" C’est ce dernier sujet qui est choisi. Rendez-vous le vendredi 1er mars 2013 pour une nouvelle séance du café philo, même lieu, même heure. Claire rappelle enfin que la séance qui suivra (programmée le 29 mars 2013, à confirmer) sera, comme en 2012 à la même époque, co-animée par des élèves de Terminale littéraire du Lycée Saint François de Sales de Gien

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  • QUI SUIS-JE POUR MOI ET POUR LES AUTRES ?

    Hume s’est intéressé à l’identité. L’humain, nous dit-il, pense qu’il traverse toute sa vie avec une identité, alors que nous ne somme "nous" que par instants, par périodes, des périodes de notre vie.

    qui-suis-je-post.jpgNotre identité serait à projeter sur de nombreuses périodes et c’est comme faire un diaporama d’une personnalité qui ne sera pas exactement celle de l’instant où la question se pose. C’est un ensemble persistant de ce "moi évolutif", ce qu’Hegel nomme cette "conscience de soi". La vie est continuelle mobilité. Notre identité est à ce point changeante que nous n’avons pas précisément le même génome toute notre vie.

    Et si je change, si je brise l’armure, si je rejette le formatage que j’ai accepté, même à mon insu, je deviendrai enfin "moi" ; et en agissant différemment d’aujourd’hui je ne me trahirai pas sauf aux yeux de quelques uns. "Notre vrai moi n’est pas tout entier en nous", nous disait Jean-Jacques Rousseau. Autrement dit,  mon identité est en grande partie la résultante de l’endroit où je suis né, en quelle époque, dans quel milieu. Mon identité est en grande partie, une contingence, "une reproduction de l’autre" comme nous le dit Michel Foucault, dans son œuvre, Le Gouvernement de Soi et des Autres.

    Pouvons-nous nous montrer aux autres tels que nous sommes ? Ou, ne pas trop se découvrir, se cacher plus ou moins, mettre le masque  pour se protéger? Si je montre quelles sont mes faiblesses, quelle propension j’ai à m’émouvoir, ou à m’attrister, ou ma compassion envers les autres, je prends le risque que des personnes utilisent ces éléments, m’utilisent en tant que moyen pour leurs propres buts : "Tout esprit profond a besoin d’un masque… un être caché a besoin de la parole pour se taire et pour taire… et veut esquiver la communication, en fait un masque vagabonde à son effigie dans le cœur de sa tête et de ses amis (Nietzsche. Par delà le Bien et le Mal)".

    Guy Louis Pannetier, Café philo de Chevilly-Larue et L'Haÿ-les-Roses

    Avec les remerciements du Café philosophique de Montargis

     

     
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  • MERCI AUX PARTICIPANTS DE LA SÉANCE DU 1ER FÉVRIER 2013

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    De 70 à 75 personnes étaient présentes à la séance du 1er février du café philosophique de Montargis. Cette séance avait pour titre : "Oser la gentillesse : est-ce encore possible ?"

    Merci aux participants d'être venus en nombre pour débattre d'un sujet, la gentillesse, que la philosophie semble traiter trop peu.  

    Bientôt, sur ce site, le compte-rendu de cette séance.

    Claire et Bruno fixent le prochain rendez-vous le vendredi 1er mars 2013 à 19 heures à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée.

    Ce débat, dont le sujet a été choisi par les participants, aura pour titre : "Puis-je savoir qui je suis ?".

    Affiche de la prochaine séance

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  • NOTRE PROCHAINE SÉANCE : LE 1ER FÉVRIER 2013

    Affiche gentillesse normal.jpg

    La prochaine séance du café philosophique de Montargis aura lieu le vendredi 1er février 2013 à 19H à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée.

    Le débat sera intitulé : "Oser la gentileesse : est-ce encore possible ?"


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  • ON PARLE DU CAFÉ PHILO ICI

    gentillesseLa République du Centre parle de nortre prochaine séance sur son site Internet.

    Rendez-vous sur ce lien ici.

    L'excellent site Gatinais-info nous fait également (comme à son habitude !) l'honneur d'un coup de projecteur sur son site. Merci également à eux.


     

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  • PROCHAIN DÉBAT DU CAFÉ PHILOSOPHIQUE SUR LA GENTILLESSE, VENDREDI 1ER FÉVRIER

    Le café philosophique de Montargis propose le 1er février 2013 à 19 heures à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée son prochain débat. Il aura pour titre: "Oser la gentillesse : est-ce encore possible ?"

    VAN-GOGH-le-bon-samaritain.jpgEntre Noël et la Saint-Valentin, c’est à cette qualité qu’est la gentillesse que les participants du café philo sont décidés à s’attaquer. Toujours attendu et souvent oublié, le gentil est aujourd’hui moqué, tant cette qualité semble superflue autant qu’inutile dans un monde où seule l’efficacité du gain importe. La bonté apparaît souvent frustrée et frustrante étant donnée la dévalorisation qu’elle subit. Pourtant, pendant que le gentil se trouve « bien brave » de faire ce que l’on refuse, le gentleman, lui, impose sa classe et suppose admiration. Il est le vertueux auquel on ne peut rien refuser. Alors, oser la gentillesse aujourd’hui est-ce possible ? Est-ce un devoir d’être gentil ou bien ne se doit-on de l’être qu’avec ceux qui l’ont été avec nous ? Finalement, l’acte moral est-il désintéressé ?

    Ce sont quelques-unes des questions au sujet desquelles les participants du café philosophique de Montargis seront invités à débattre.

    Rendez-vous pour cette séance le vendredi 1er février 2013 à 19 heures à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée de Montargis.

     

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  • CAROL GILLIAN ET LA PHILOSOPHIE DU CARE (INTERVIEW)

    Nous traduisons ici de larges extraits de l'interview de la philosophe américaine Carol Gillian réalisée pour le site Internet Ethics Of Care (trad. café philosophique de Montargis).

    Ethic of Care : Où travaillez-vous en ce moment ? 

    Carol Gilian : Je suis professeur d'université à l’université de New York, enseignante à l'École de Droit de la Steinhardt School of Culture, Education and Human Development et à la Graduate School of Arts and Sciences.

    Pouvez-vous nous parler de votre recherche et de sa relation avec l’éthique du care ?

    Mes recherches sur l'identité et sur le développement moral m'a conduit à identifier l'éthique du care  comme "voix différente", une voix qui allie le moi avec autrui et la raison avec l'émotion. En transcendant ces binômes on est passé au paradigme de la théorie psychologique et moral. L'éthique du care part du principe que nous, êtres humains, nous sommes fondamentalement des êtres relationnels, des êtres sensibles, et que la condition humaine implique l’interconnexion et l'interdépendance.

    cg.jpgComment avez-vous été impliqué dans l'éthique du care ?

    Je suis venu à écrire sur une éthique du care après avoir écouté la façon dont les gens parlent de leurs expériences de conflit moral et des choix auxquels ils sont confrontés. Ma recherche a porté sur des situations réelles, plutôt qu’hypothétiques, de conflits moraux et de choix... J'ai été poussé à écrire sur une éthique du care suite aux contradictions que j'ai remarquées lorsque s’exprimaient les théoriciens de la morale et les gens de la rue.

    Comment définiriez-vous l'éthique du care

    Comme une éthique fondée sur la parole et sur les relations humaines, comme sur l'importance de chacun d'avoir une voix, d'être écouté attentivement (en leur nom propre et sans dénaturer leurs propos) et d’être entendu avec respect. Une éthique du care oriente notre attention vers la nécessité de réactivité les relations humaines (attention, écoute, réponse) et vers le coût du manque de communication avec nous-même ou avec autrui. La logique du care est inductive, contextuelle, psychologique, plutôt que déductive ou mathématique.

    Quelle est la chose la plus importante que vous avez appris de l'éthique du care

    Que la morale est fondée sur une logique psychologique. Elle reflète la façon dont nous nous connaissons nous-même grâce à nos relations avec autrui. Elle nous parle aussi des origines du mensonge moral dans les relations humaines car elles donnent lieu à des préoccupations au sujet de l'injustice et de l'insouciance. En étudiant son développement, j'ai réalisé que les préoccupations concernant l'oppression et celles au sujet de l'abandon sont intégrées dans le cycle de la vie humaine, que le pouvoir agit différemment avec les enfants et avec les adultes et enfin que les soins sont essentiels pour la survie humaine. L’éthique du care parle de ces préoccupations.

    Qui considérez-vous comme spécialistes le(s) plus important(s) dans ce domaine? 

    Les personnes qui ont participé à ma recherche sont de grands artistes : auteurs dramatiques, romanciers et poètes. Ils ont amélioré notre compréhension de la condition humaine à travers le temps et les cultures. Dans l'élaboration de ma réflexion sur l'éthique du care, j'ai aussi beaucoup appris des écrits de philosophes moraux tels que Hannah Arendt, Simone Weil, Iris Murdoch, Suzanne Langer, Martha Nussbaum, Stanley Cavell et David Hume.

    Quel travail sur l'éthique du care vous semble le plus important? 

    À l'heure actuelle, les écrits de Michael Slote, ainsi que le travail fait à Paris par la philosophe morale Sandra Laugier et la sociologue Patricia Paperman.

    Parmi vos livres ou articles, lesquels nous conseillez-vous ? 

    Joining the Resistance (2011, non traduit en français), en particulier le premier et le dernier chapitre, mais également Une Voix différente (1982, éd. Champs Flammarion, 2008) et The Birth of Pleasure (2002, non traduit en français). Pour l'éthique du care appliqué à la démocratie et à la résistance au patriarcat, je voudrais également recommander le livre que j’ai publié en 2009 avec David A.J. Richards (un collègue de l’Université de New-York, expert en droit constitutionnel et philosophe de la morale) : The Deepening Darkness: Patriarchy, Resistance, and Democracy’s Future (Cambridge University Press). [Les Temps obscurs : Le Patriarcat, la Résistance, et le Futur de la Démocratie, non traduit en français].

    Quelles sont les questions importantes à soulever pour l’avenir de l'éthique du care

    D’abord, répondre à la question de savoir pourquoi l'éthique du care est encore attaquée (en particulier aux États-Unis mais aussi maintenant en Europe). Ensuite, examiner l'éthique du care à la lumière des nouveaux éléments de preuve dans les sciences humaines, à savoir que nous, humains, nous sommes par nature empathiques ainsi que des êtres sensibles et programmés pour la coopération. Plutôt que de demander comment nous pouvons être capables de prendre soin d’autrui, les grandes questions sont plutôt : comment ne parvenons-nous pas à prendre soin d’autrui et comment pouvons-nous perdre la capacité d'empathie et de compréhension mutuelle ? Il est également essentiel de préciser que dans un cadre patriarcal, l'éthique du care est une éthique "féminine", alors que dans le cadre démocratique il y a une éthique humaine fondée sur les valeurs démocratiques fondamentales: l'importance de chacun d'avoir une voix et d'être écouté avec soin et avec respect. De là, ce principe d'égalité permettant de traiter les conflits dans les relations humaines. La multitude de voix devient alors partie intégrante de la vitalité d'une société démocratique.

    L’éthique féministe du care est une éthique de la résistance aux injustices inhérentes au patriarcat (associer soins et compassion avec les femmes plutôt que qu’avec l’ensemble des hommes, la féminisation du travail de soins, la prestation de soins en tant que simple élément de la justice - en faire une simple question d'obligations spéciales ou de relations interpersonnelles). Une éthique féministe du care oriente la lutte historique pour la démocratie sans le patriarcat : c'est l'éthique d'une société démocratique. Il transcende les particularités entre les sexes et les hiérarchies qui structurent les institutions patriarcales et les cultures. Une éthique du care est essentielle à la survie humaine et aussi à la réalisation d'une société mondiale...

     

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  • COMPTE-RENDU DE LA SÉANCE "CATASTROPHE ! LA FIN DU MONDE ? LA PEUR PEUT-ELLE ÊTRE BONNE CONSEILLÈRE ?"

    Thème du débat : "Catastrophe ! La fin du monde ? La peur peut-elle être bonne conseillère ?" 

    Date : 21 décembre 2012 à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée.

    Pour cette dernière séance de l’année 2012, veille de départ en vacances, environ 50 personnes étaient présentes pour un débat intitulé : "Catastrophe ! La fin du monde ? La peur peut-elle être bonne conseillère ?"

    Bruno explique qu’en préparant les séances de cette saison, Claire et lui-même se sont rendus compte que ce rendez-vous de décembre tombait précisément le jour au cours duquel une fin du monde, prévue par les Mayas (pour en savoir plus sur cette prédiction, rendez-vous sur ce lien), devait advenir – du moins, à en croire plusieurs mouvements apocalyptiques ! L’occasion était trop belle : organiser un débat philosophique, non pas tant sur la fin du monde que sur la peur, avait tout son sens. Comme souvent, c’est à partir d’une expression populaire ("La peur est mauvaise conseillère") que le débat philosophique s’oriente.

    Un premier participant réagit à cette expression par deux types de réactions que l’on peut avoir face à la peur. Le marin ne part-il pas en haute mer avec une dose de peur certaine ? Cette peur peut être certes tétanisante lorsqu’un coup dur survient ; mais que cette peur disparaisse et le marin, par manque de vigilance, sera surpris par un événement dont il n’aura su ou pu se méfier. Sur ce simple exemple est concentré toute l’ambivalence de la peur, bonne ou mauvaise conseillère selon les cas de figure.

    Un deuxième participant souhaite réhabiliter la peur qui a bien mauvaise presse. Oui, la peur fait intrinsèquement partie de l’homme ! Elle nous suit et peut nous aider à faire les bons choix. "Seuls les fous n’ont pas peur !" ajoute-t-il. Rebondissant sur cette remarque, quelqu’un émet la remarque que la folie est un terme psychiatrique difficile à manier. Il affirme par ailleurs que la peur, plutôt que d’être simplement prise comme une fatalité, doit être au contraire domptée et vaincue. Cette domestication de ce réflexe primaire n’a rien d’irréaliste. Il existe même des procédés thérapeutiques et comportementaux ad hoc. Est-ce encore possible ? Car, après tout, dit Bruno, on a d’abord peur de ce que l’on ne connaît pas : qu’est-ce qui nous effraie dans la mort sinon la peur de l’inconnue après elle ?  

    Un nouvel intervenant, Jean-Dominique Paoli, co-animateur de la séance précédente sur la mémoire, souhaite faire un éclaircissement sur la manière dont le cerveau réagit dans une situation de peur. Que se passe-t-il face à un événement anxiogène ? Le cerveau a deux attitudes. Dans un premier temps, il a un réflexe de défense. Le corps se tétanise un court laps de temps afin de mieux se protéger par la suite. Dans un second temps, une autre partie du cerveau s’active afin d’analyser la situation et interpréter cet éventuel danger et comment y échapper. C’est dans ce deuxième temps simplement que la peur se manifeste.

    Considéré de cette manière, la peur apparaît comme un mécanisme primaire de défense, qui ne distinguerait pas l’homme de l’animal. La peur, en tant que phénomène de défense, tétanise, on l’a dit. Des régimes totalitaires l’ont bien compris qui l’utilisent à seule fin d’annihiler la résistance des populations. Il y aurait a priori, dit Claire, une sorte d’universalité dans ce sentiment commun à tous. Chacun peut même lister ces peurs communes capables de nous tétaniser et nous hérisser les poils : peur des araignées, des souris, des serpents, du vide, etc. La peur est-elle donc si universelle que cela ?

    Non, répond un nouvel intervenant, pour qui la peur, loin d'être commune à tous, est avant tout un phénomène culturel. Ces exemples considérés comme universels (reptiles, rats, serpents, etc.) ne sont que des phobies très occidentales. Il ajoute que dans le pays d’où il est originaire – la Centrafrique – ces facteurs de peurs n’existent pas. Craindre une souris a, dans son pays d'origine, moins de sens que sursauter au son d’une cuillère tombée sur le sol. Par contre, il est extrêmement fréquent qu’un bruit soudain, une sirène, une voiture assourdissante ou même un uniforme de policier apeurent un habitant de ce pays, que ce soit là-bas ou ici.

    Cette fameuse fin du monde rabattue ad nauseam dans les médias ne participe-t-elle pas d’un semblable mouvement culturel ? Pourquoi y croire et pourquoi ne pas y croire ? La fin de notre monde (et non pas la fin du monde) surviendra, assurément, dans un laps de temps plus ou moins (très) long, poursuit ce participant. Il y a eu des fins de mondes par le passé – entendons des grandes extinctions massives, comme celles des dinosaures (cf. ce lien). Celle de notre monde humain n’y échappera sans doute pas, même si ce terme se calcule en milliers voire millions d’années.  Il y a même fort à parier que nous n’en serons pas les témoins. Cette prévision apocalyptique n’est pas la première : elle a été précédée de quelque 180 annonces similaires depuis l’époque romaine ! Elle s’inscrit dans une sorte de culture eschatologique que ne partagent pas la totalité de la population mondiale. Ce qui n’empêche pas, affirme Claire, que l’annonce d’une apocalypse le 21 décembre 2012 suscite un engouement extraordinaire pour un petit village de l’Aude, Bugarach, considéré par certains comme une base extra-terrestre.

    "Comment vaincre notre peur ?" demande une dame, qui ne cache pas s’être fait violence en affrontant sa propre peur de réagir en public. Finalement, au cœur de cette question se trouve notre capacité en tant qu’homme à reconnaître ce sentiment et à le comprendre pour mieux l’affronter et le dépasser.

    Là, sans doute, se trouve la clé d’une peur bénéfique. Claire ne cache pas avoir été surprise, en préparant cette séance, de voir tout le bienfait accordé par les pédopsychiatres à ces contes terrifiants pour enfants (plus d'informations sur cet article). La peur est utilisée à des fins pédagogiques pour les plus petits. Les héros de notre enfance affrontent, pour notre plus grand bienfait, des situations épouvantables, voire sanglantes. Le jeune lecteur vit et accompagne cette situation par procuration jusqu’à la clôture de l’histoire : la peur était bien là mais elle a été dépassée. Tout cela n’était qu’imagination, sans risque malgré l’histoire apeurante ! Ce sentiment est sans doute similaire au ressenti des adolescents – et aussi des moins jeunes ! – à la vision d’un film d’horreur…

    Affronter sa peur c’est sans doute en comprendre les ressorts. S’éduquer grâce à la peur, on le voit avec les exemples précédents, c’est affronter ses propres démons, se dépasser, grandir, s’endurcir et entrer dans  le monde des adultes. Les terreurs nocturnes ne sont-elles pas avant tout l’apanage de l’enfant ou de l’adolescent, se demande Claire ? Ces peurs irrationnelles doivent être dépassées pour permettre sa construction personnelle.

    Un participant évoque un autre aspect bénéfique de cette peur : celle des adeptes de sports extrêmes (pour aller plus loin, rendez-vous sur cette page) capables et surtout friands de dépasser leur peur pour réaliser des exploits hors norme. Récemment, le milieu sportif a été endeuillé par la mort de Patrick Edlinger. Cet alpiniste de l’extrême spécialiste de l’escalade à mains nus, avait fait du risque et de la peur son quotidien. Depuis plusieurs années cependant, ce sportif célèbre ne pratiquait quasiment plus suite à un accident qui avait failli lui coûter la vie. N’est-il pas poignant de constater qu’après avoir risqué la mort, Patrick Edlinger s’était contraint à abandonner peu à peu sa passion. En abandonnant sa passion, en choisissant de ne plus risquer sa vie et de ne plus affronter sa peur, n’est-il pas mort une première fois ?  

    Au terme de ce café philosophique, il a été dessiné un panorama de la peur, sentiment complexe à géométrie variable, largement évoquée et utilisée dans le cadre de cette fin du monde annoncée - et qui, finalement, n’a pas eu lieu ! 

    Blind-test

    La séance se termine par un blind-test – le premier de cette saison – consacré à la peur:

    - Combien d’inscriptions mayas ont prédit la fin du monde ? Réponse: 0

    - Qui a dit : "N’ayez pas peur ! De quoi faut-il ne pas avoir peur ? Avant tout de faire la vérité sur nous-mêmes." Réponse: Jean-Paul II

    - Lars Von Trier est l’auteur d’un film récent et remarqué sur la fin du monde. Quel est ce film? Réponse : Melancholia

    - Quel romancier français a dit : "La vraie peur, c’est quelque chose comme une réminiscence des terreurs fantastiques d’autrefois"? Réponse : Maupassant

    - Quel homme d’État et médecin français est l’auteur des Prophéties ? Réponse : Nostradamus

    - Sous quel nom français est connu le film d’épouvante JawsRéponse : Les Dents de la Mer

    - Qui a dit : « "Que de fois nous mourons de notre peur de mourir." Réponse : Sénèque

    - Baudelaire a traduit en français les nouvelles de cet écrivain américain spécialiste de l’épouvante. Qui est-il ? Réponse : Edgar Allan Poe

    - En 1938, ce réalisateur américain a créé une panique monstrueuse aux USA en adaptant pour la radio La Guerre des Mondes. Qui est-il? Réponse : Orson Welles

    - Qui a dit : "La fin du monde n'est pas encore pour demain." Réponse : Tite-Live

    La gagnante repart avec le dernier livre de Michel Onfray, Rendre la Raison populaire. Félicitations à elle.

    La prochaine séance du café philosophique aura lieu le 1er février 2013 (même lieu, même heure) au lieu du 25 janvier comme prévu initialement (ce changement de date ayant été décidé afin de ne pas léser l’association des Cramés de la Bobine qui tient son assemblée générale le dernier vendredi de janvier). Le sujet de la séance du 1er février sera consacré à la gentillesse : "Oser la gentillesse : est-ce encore possible ?"

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  • ATTENTION, RETENEZ BIEN NOTRE PROCHAINE DATE !

    La prochaine séance du café philosophique de Montargis aura lieu le vendredi 1er février 2013 à 19H à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée.

    Habituellement, nos rendez-vous se déroulent le dernier vendredi de chaque mois. Exceptionnellement, nous avons choisi de décaler d'une semaine le débat qui devait se dérouler initialement le 25 janvier afin de ne pas concurrencer l'assemblée générale de nos amis des Cramés de la Bobine.

    Notre séance du 1er février aura pour titre : "Oser la gentillesse !"

     

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