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Café philosophique de Montargis - Page 70

  • VIVRE DEBOUT

    Et si l'attitude à adopter face à la religion pouvait s'inspirer de ce texte du philosophe Alain ?

    "La vie est un travail qu'il faut faire debout. Assis, couché, à genoux, rien de cela n'est bon. Ces pensées me venaient comme je suivais un enterrement de village. Des nuages lourds voilaient le soleil d'instant en instant ; après la route qui serpente à mi-côte, ce fut le chemin pavé et l'escalier de pierre, et la paix d'une vieille église toute blanche, avec des ogives simples et parfaites. Dans ces formes justes, dans le chant liturgique, dans les replis de la cérémonie, on percevait la mesure et la décence convenables à des vivants qui se savent mortels. Car nous avons cette charge à porter; elle nous tient bien aux épaules ; il n'y a qu'à marcher avec ; car nous ne sommes pas des ânes pour nous rouler. Aussi, quand le bât nous blesse, ce n'est pas assez de la nature pour nous rappeler notre métier d'hommes, car elle meurt sans savoir. Il faut des choses humaines, comme l'ogive et les discours liturgiques -, des choses humaines qui soient bien appuyées par terre, qui soient bien égales des deux côtés, et qui marchent selon une règle...

    "Tous ces rites sont parfaits ; exactement à notre mesure ; je n'y vois rien de surhumain ; les hommes y ont suffi. Il fallait cette marche réglée, ces chants, ces formes, ces témoignages, cette politesse étudiée, pour discipliner le désespoir.Jusqu'où tomberaient les malheureux si tous leurs semblables s'enfuyaient en se bouchant les yeux et les oreilless ? Ou, pis encore, si tous leurs semblables, réveillant leur propre désespoir, se jetaient dans des lamentations désordonnées ? Mais, tout au contraire, l'humanité se range comme pour dire -. « Nous savons ce que c'est. »

    "Parbleu, si l'on voulait, qui donc dans cette foule n'a pas mille bonnes raisons de se précipiter et de mordre la terre? Qui donc, comme ces Mercenaires, n'aurait pas de blessures à montrer? Mais comme il y a des vêtements pour cacher l'animal, ainsi la cérémonie habille les douleurs comme il faut. La religion est vraie en tout le reste, et menteuse seulement en ce qu'elle dit. Car s'il y avait un Dieu au ciel, comment ne pas crier de terreur ou de colère ? Mais il y a une raison commune, fille de la terre comme nous, mais le plus beau fruit de la terre, et le vrai Dieu, s'il nous en faut un, selon laquelle le courage plie en même temps que le corps ; d'où chacun sait bien qu'il faut se redresser et regarder au loin, par-dessus les peines. Non pas couché. Non pas même à genoux. La vie est un travail qu'il faut faire debout."

     

    Emile Chartier, dit Alain, Propos d'un Normand

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  • MERCI !

    Merci à tous les participants de la deuxième séance du café philosophique de Montargis qui avait lieu à la Brasserie de la Chaussée le samedi 7 novembre dernier.

    Le thème abordé portait sur la religion, un sujet sensible propre à susciter controverses et discussions animées. Cela a été le cas. Cela a aussi été l'occasion de balayer quelques idées reçues, notamment sur l'Islam.

    Au final, ce fut un bel exemple de débat ouvert sur un sujet qui n'était pas si facile que cela.

     

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  • ANALYSE DU TEXTE DE KARL MARX

    L'analyse de Marx contient d'abord une définition théorique de la religion, à vrai dire assez peu originale: Dieu est le "reflet" de l'homme, mais un reflet grossi qui donne l'image de l'homme accompli (le "surhomme"). Mais ce processus de transfert à Dieu n'est pas perçu comme tel. Il est mystifié puisque Dieu apparaît comme une réalité autonome, alors qu'il n'est qu'un "reflet". La lutte contre la religion consiste à dissiper cette mystification. Mais cette tâche est déjà accomplie. En disant dès l'entrée que "la critique de la religion est faite en substance", Marx avoue que sa critique ne vient pas de lui, qu'elle relève du champ idéologique des autres, de Feuerbach et de toute la gauche hégélienne. Pourtant Marx restera fidèle à cette définition jusque dans Le Capital (1867) où il écrit: "Le monde religieux n'est que le reflet du monde réel", encore que le contexte ait changé. Il convient de retenir l'idée fondamentale: la religion est un "reflet", plus tard Marx dira une "idéologie" dont la racine est l'homme, non pas l'homme abstrait, "hors du monde", mais l'homme concret, situé dans le monde, pris dans un contexte social précis.

    Marx comprend donc la genèse de la religion à la manière de Feuerbach, encore que la base à partir de laquelle s'opère la projection de Dieu soit plus précise et plus concrète. Tout comme Feuerbach, il souligne le caractère "illusoire" de cette opposition homme/Dieu. Le reflet n'est que le rêve (une fantasmagorie, un produit de l'imagination) de ce que l'homme ne possède pas, mais aspire à posséder. Ce reflet est néfaste, car il voile à l'homme sa propre réalité, le détourne de la chercher en ce monde et de réaliser ici-bas ses rêves d'accomplissement. La réappropriation de la réalité humaine passe donc par la critique de la religion, c'est-à-dire par la dénonciation de son caractère illusoire. Il faut réduire la religion à l'homme, car c'est "l'homme qui fait la religion, ce n'est pas la religion qui fait l'homme". Ne se reconnaissant pas dans le monde où il vit, l'homme projette hors de lui un monde idéal, fantastique, dans lequel il "réalise" (mais ce n'est qu'une "apparence") ce qui lui manque. Voilà comment se "fait" Dieu.

    Certes, Marx laisse dans l'ombre une question essentielle: pourquoi l'homme refuse-t-il de vivre dans le monde social tel qu'il est, quitte à le transformer, et cherche-t-il une réalisation imaginaire qui ne lui procure qu'une satisfaction illusoire ? C'est un fait, l'homme a besoin d'évasion. Il vit dans une "situation qui a besoin d'illusions". Si Marx ne dit pas pourquoi l'homme en vient à troquer sa situation réelle, difficile et frustrante, pour une situation imaginaire, lénifiante et épanouissante, il apporte cependant une précision éclairante sur la fonction que remplit la religion. Celle-ci a une fonction de "consolation" et de "justification". Dans un monde trop dur, elle joue donc un rôle pratique en introduisant une apparente logique dans un monde sans logique (un monde à l'envers) et en prodiguant des promesses que le monde est incapable de satisfaire.

    On a ainsi deux faces dans la religion. D'une part, elle est l'"expression" de la détresse réelle, le signe d'une société qui va de travers. Si tout allait bien dans le monde, l'homme ne se porterait pas vers les sphères illusoires. D'autre part, la religion est une "protestation" contre cette détresse, révélation d'un monde sans coeur, mais aussi dénonciation. Mais cette dénonciation reste illusoire puisqu'au lieu de mobiliser l'homme pour transformer le monde, elle provoque la fuite vers un autre monde. C'est pourquoi Marx résume son jugement sur la religion dans cette formule lapidaire: elle est l'opium du peuple. Il importe de saisir l'exacte portée de cette formule. Marx ne considère pas la religion comme un opium pour le peuple, inventé par une caste de profiteurs, prêtres ou princes, désireux de maintenir le peuple dans l'oppression. Elle est un opium du peuple, que le peuple s'administre lui-même pour supporter sa misère et son exploitation. Mais, aux yeux de Marx, ce type de protestation est inefficace, puisqu'au lieu de devenir lutte contre un monde injuste, elle organise l'évasion vers un monde imaginaire.

    C'est pourquoi, à ce stade de sa réflexion, Marx juge la lutte contre la religion comme un moment indispensable de la lutte sociale. Il estime en effet que l'homme ne sera disponible pour une lutte réelle en ce monde que s'il renonce à son illusion d'un autre monde. Il écrit: "La critique de la religion est la condition préliminaire de toute critique". Et plus loin, il explicite sa pensée: "La critique de la religion détruit les illusions de l'homme pour qu'il pense, agisse, façonne sa réalité comme un homme sans illusions parvenu à l'âge de la raison." Sa pensée se modifiera sur ce point. Plus tard, il estimera qu'il faut changer la "réalité" pour faire disparaître le "reflet" religieux. Ici, son opinion est qu'il faut commencer par supprimer les illusions pour que l'homme s'intéresse au monde réel, car tant que l'homme est fasciné par le ciel, il est inapte à la lutte. En d'autres termes, Marx invite à une prise de conscience de l'illusion religieuse. C'est dans la mesure où l'homme se défait de la fausse image de lui-même que lui propose la religion qu'il deviendra un homme de la terre, prêt à y réaliser pleinement sa vie. Il faut donc lui ôter la fausse espérance de l'au-delà afin d'éveiller en lui un espoir terrestre et une conscience révolutionnaire.

    Claire

     

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  • LA DEUXIÈME SÉANCE DU CAFÉ PHILO ARRIVE À GRANDS PAS

    Plus que quelques heures avant la deuxième séance du café philo qui traitera de l'un des sujets les plus complexes et les plus délicats qui soit : la religion.

    Nous vous attendons nombreux.

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  • PROCHAIN RENDEZ-VOUS ?

    Rel.JPGLe 3 novembre dernier se tenait la première séance du café philosophique à La Brasserie de la Chaussée. Le thème traité était celui de la liberté. Après le succès de cette première séance, les organisateurs, Claire et Bruno, vous donnent rendez-vous pour une nouvelle séance, le samedi 7 novembre à 18h30, toujours à la Brasserie de la Chaussée.

    Au programme cette fois, la religion et la question de savoir si, comme  Karl Marx le dit, elle est vraiment l’opium du peuple …

    Alors qu’en France la religion d’Etat n’est plus et que la république française se veut laïque, peut-on dire que la foi perdure, et que, si oui, elle est illusoire ? Qu’apporte la foi ? Est-ce le bien-être de l’opium, l’émerveillement et la confiance dans ce qui n’existe pas ? A contrario, les valeurs prônées par la société française ne sont-elles pas directement inspirées des dogmes religieux ? La tolérance et l’amour du prochain sont-ils dès lors respectés ? On a tendance à dire que la religion et sa pratique ont de moins en moins de place dans nos sociétés occidentalisées. Pourtant les courants dits extrémistes, voire intégristes, n’ont jamais connus autant d’adeptes.

    Alors, la religion a-t-elle encore sa place dans notre vie ? Est-elle nécessaire à celle-ci, voire suffisante ?

    Tous les citoyens, de quelque confession qu’ils soient, sont invités et attendus à ce débat philosophique.

    Venez faire part de votre expérience religieuse, ou au contraire de votre inexpérience en la matière. Il s’agira pour nous de tenter de répondre à cette question en redéfinissant, ensemble, la notion de religion. Qu’est-elle, et même qui est-elle pour l’homme ?

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  • MERCI !

    Claire et Bruno, les animateurs et créateurs du Café Philo de Montargis, tiennent à remercier les participants de la première séance de ce tout nouveau lieu de rendez-vous philosophique.

    Plus de trente personnes étaient présentes à la Brasserie de la Chaussée pour discuter autour de ce thème : "Autrui : obstacle à ma liberté ?"

    Nous reviendrons dans les prochains jours sur cette première rencontre passionnante.

    En attendant, bravo et merci à tous. Ce succès va permettre au café philosophique de Montargis de continuer cette aventure.

     

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  • D'OÙ VIENNENT LES CAFÉS PHILOSOPHIQUES ?

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    L'origine lointaine des cafés philosophiques peut certainement se retrouver dans les salons littéraires et artistiques du XVIIIème siècle.

    Le premier café philosophique serait né en 1992. Le philosophe Marc Sautet, son fondateur, souhaitait créer un lieu original de discussions à vocation philosophique, un lieu qui plus est ouvert à tous, à la différence notable des salons des Lumières.

    Le succès du premier café philosophique (au Café des Phares, place de la Bastille, photo ci-dessous, 1994) a été tel qu'à sa suite de nombreux lieux similaires ont essaimé un peu partout, en France et dans le monde.

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    Les cafés philosophiques auraient pu être de "sympathiques inventions" vouées à rester éphémères. Il n'en est rien : des cafés philos ont disparu ; d'autres apparaissent. L'un des derniers en date, celui de Montargis, entend être comme ses congénères un passionnant lieu citoyen de discussions philosophiques.

    Pour aller plus loin, rendez-vous sur l'article consacré par Wikipédia sur les cafés philosophiques.

    Lien permanent Catégories : Tournée des cafés philos Imprimer 0 commentaire Pin it!
  • BIENVENUE SUR LE SITE DU CAFÉ PHILOSOPHIQUE DE MONTARGIS !

    café philo,philosophie,claire,bruno,montargis,la chausséeBienvenue sur le site du café philosophique de Montargis.

    Ce blog a pour objectif d'être un lien pour les participants du café philosophique de Montargis.

    Les animateurs de ce site offriront aux Internautes des informations sur les débats : compte-rendus des séances, documents, dépêches sur l'actualité philosophique, photos, vidéos ou musiques.

    L'objectif est que ce site devienne une plateforme vivante, afin de prouver que la philosophie, loin d'être une science rébarbative et élitiste, est une activité séduisante et ouverte à tous.

    Le café philosophique de Montargis proposera son tout premier débat le 3 octobre 2009 sur le thème de la liberté. Il aura pour titre : "Autrui : obstacle à ma liberté ?" Les médiateurs et animateurs de cette séance, Claire et Bruno (créateurs et animateurs également de ce blog), auront le plaisir de vous accueillir à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée à Montargis.

    Retrouvez toutes les séances du café philosophique de Montargis sur ce lien.

     

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