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  • FLASH-BACK...

    Catherine Armessen, qui accompagnera Claire et Bruno pour la prochaine séance "Manipulations dans le couple : Pourquoi rester ? Comment partir ?" avait précédemment co-animé un autre de nos cafés philosophiques. 

    Il s'agissait de la séance du 24 juin 2011 intitulée (saison 2) : "Pensées sectaires : où s'arrête ma liberté ?" Rendez-vous sur ce lien pour en savoir plus.

     

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  • QU'EST-CE QU'UN PERVERS NARCISSIQUE ?

    On parle de manipulation mentale lorsqu’un individu ou un groupe exerce, d’une façon ou d’une autre, une tentative de contrôle, le plus souvent psychique, sur autrui entraînant une déstabilisation des processus décisionnels, de la capacité à juger, du pouvoir d’auto critique.

    Autrement dit, la manipulation mentale est le fait d’obtenir de quelqu’un qu’il fasse ou pense quelque chose, sans qu’il ne s’en aperçoive véritablement, sans qu’il puisse décoder que sa réflexion est hors service.

    Le mécanisme d’emprise par un pervers narcissique

    Nouvel Obs.jpgLorsqu’elle vise à exercer une emprise sur autrui, la manipulation mentale est l’oeuvre d’un manipulateur, en psychopathologie on l’appelle un pervers narcissique. Rien ne le distingue particulièrement, et si nous croisons son chemin, il y a de grandes chances pour que nous le trouvions sympathique, accueillant, intelligent et même cultivé. Les manoeuvres qu’il déploie sont dissimulées et n’alertent pas.

    Cette capacité à manipuler n’est donc pas l’apanage de n’importe qui, elle est celle du pervers narcissique dont la description a été faite à la fin des années 80, notamment par Alberto Eiguier, psychiatre et psychanalyste, dans son livre Le pervers narcissique et son complice.

    Le titre même de l’ouvrage indique la nécessité d’un "autre" sur qui va se déployer la manipulation. Ce "complice" doit également avoir certaines dispositions psychologiques qui vont l’amener à se "soumettre". 

    Le pervers narcissique

    Un pervers narcissique est un individu présentant une personnalité marquée à la fois par un narcissisme exacerbé et des traits de perversion morale :

    - le narcissisme est une composante de toute personnalité, fondation en quelque sorte de notre Moi et de l’amour de soi. Sa fragilité, ses insuffisances conduisent à des troubles dits « narcissiques », comme le besoin inlassable d’être admiré associé à un besoin de reconnaissance et d’empathie.

    - La perversion est aussi une composante commune de la personnalité de chacun : c’est le fait de détourner. La pathologie associée correspond à un type particulier de personnalité, tendant vers la satisfaction de ses désirs et de ses besoins aux dépens des autres. Il va donc utiliser l’autre à ses propres fins sans aucun respect d’autrui. 

    Parler de manipulation ne peut se faire qu’en décrivant comment fonctionne le pervers narcissique. Celui-ci, sous l’influence de son Moi grandiose, essaie de créer un lien avec autrui en s’attaquant tout particulièrement à l’intégrité narcissique de ce dernier, c’est-à-dire au fondement même de sa personnalité afin de la désarmer et de se l’approprier.

    Il attaque la confiance de soi et l’auto-estime chez l’autre ; il cherche et réussit à faire croire que le lien de dépendance de l’autre envers lui est irremplaçable, et que c’est l’autre qui en a besoin et qui le sollicite : voilà le détournement.

    Le pervers narcissique est envieux de la pensée autonome de sa proie, de son intensité émotionnelle et de sa créativité. Ce qui exacerbe sa possessivité, c’est le fait de se lancer « à la conquête » du territoire psychique de l’autre. Il ignore ce qui peut aller à l’encontre de son propre intérêt. Ce qui importe pour lui, c’est de regonfler son Moi et pour cela il veut un « être » qui l’admire et qui va lui renvoyer une image extraordinaire ou prestigieuse de lui-même.

    Le pervers narcissique traite autrui comme une chose, un ustensile. Il faut donc avoir une certaine prédisposition psychopathologique pour pouvoir pratiquer une manipulation mentale, dont le but n’est pas une communication ni un échange, mais un « discours falsifié » qui amène à une conversion.

    Si l’auditeur, dont le parcours de vie se trouve en attente, en questionnement, en défaillance, est disponible pour cette écoute, il est prêt à répondre au chant des sirènes et à écouter toute la fable jusqu’à son dénouement...

    Télécharger ici l'étude complète de l'UNADFI

     
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  • COMPTE-RENDU DE LA SÉANCE "L'AMOUR PEUT-IL SE PASSER DE NORMES ?"

    Thème du débat : "L’amour peut-il se passer de normes ?" 

    Date : 3 mai 2013 à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée.

    Pour débattre du sujet, "L’amour peut-il se passer de normes ?" environ 80 personnes s’étaient données rendez-vous à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée.

    Pour cette 32ème séance, le sujet élu par les participants du débat précédent était l’amour et surtout sur les normes qui pourraient l’encadrer voire le contrarier. Que seraient ces normes ? se demande Bruno. Seraient-ce des règles que l’on définirait en société ? Qui dit norme dit-il normalité, une normalité qui placerait les sentiments amoureux sous l’égide des lois ? Y a-t-il une seule façon d’aimer ? De même, y a-t-il un "art d’aimer", pour reprendre le titre d’une œuvre d’Ovide ? De même, n’y aurait-il pas plusieurs types amours : un homme pour une femme, une mère pour son enfant, etc. 

    L’amour est un sentiment qui vous assaille, dit un premier intervenant : "Le patron c’est le sentiment". Donc, mettre des normes pour contrarier un mouvement naturel et incontrôlable peut paraître absurde. Les questions posées pourraient être celles-ci : doit-on parler plutôt de normes sociales mises en place pour circonscrire l’amour ou bien est-ce le sentiment amoureux qui véhicule ses propres normes ? À ce sujet, une intervenante prend l’exemple de la polygamie (chez les canards, par exemple, comme le rappelle malicieusement une participante). Ce type d’union, proscrit en France, est accepté par certaines civilisations. À son instar, les normes sociales peuvent aller dans des sens différents au sein du genre humain, suivant telle ou telle culture. Une participante émet l’idée que lorsque l’amour est mis à l’épreuve il peut être amené à faire céder des normes : par exemple, on peut tuer pour défendre son enfant, donc enfreindre la loi.

    Finalement, de quelles normes parle-t-on et peuvent-elles être en contradiction avec la nature ? La loi, ajoute Claire, règle et norme la relation amoureuse alors même que l’amour se définit par l’apparition d’un sentiment d’attachement a priori naturel et subi plus que voulu. 

    Mais de quel amour parle-t-on au juste ? En français, contrairement à d’autres langues, le même mot – "amour" – qualifie des notions bien différentes : l’amour "sentiment amoureux", l’amour maternel ou paternel, l’amour religieux, l’amour de la patrie, l’amour amitié, etc. En anglais, dit un participant, il y a au moins deux mots différents : "to like" et "to love". Le français utilise certes un même mot, répond une autre intervenante, mais on peut l’exprimer différemment, avec subtilité : dire "je t’aime" à son ami(e) n’est pas le même "je t’aime" dit à son amoureux(se).

    Un intervenant parle des trois types d’amour identifiés par les philosophes : l’amour sexuel (éros), l’amitié (philia) et l’amour du prochain (agapè). À cela s’ajoute le storgê, l’amour familial. Cette distinction illustre la complexité d’une définition de l’amour, un sentiment à multiples facettes, omniprésent dans nos vies quotidiennes comme dans les arts mais difficilement définissable. Il apparaît en cours de débat que l’amour est une "auberge espagnole" !

    Une participante estime que l’on aime – sauf exceptions – relativement peu de personnes au cours de notre vie. Une autre personne souligne l’amalgame que nous tous, en société, faisons lorsque nous parlons de l’amour : on confondrait l’amour physique, la passion et le véritable amour valorisant et pérenne. Finalement le point commun de ces amours théorisés – éros, philia, agapè et storgê – n’est-ce pas le plaisir d’être ensemble et le bonheur de partager un moment avec autrui ?

    Un jeune intervenant parle de l’importance d’ajouter à cela l’amour-amitié, souvent oublié. Oui, on peut aimer ses amis d’un amour inconditionnel ! C’est ce que beaucoup de jeunes gens connaissent – le débat de ce soir est d’ailleurs suivi par nombre d’adolescents ! 

    Mais si je dis "je t’aime" à un ami, pourrait-ce être le même que pour un amoureux ? Il apparaît pour certains que ce ne soit pas la même chose que le sentiment amoureux. L’un des critères, aujourd’hui plus ou moins lâche, est celui de la sexualité. Dans ce dernier type d’amour – celui qui est le plus valorisé dans notre vécu – se donner à autrui passe par un don du corps et de son intimité. Nous disons "lâche" dans la mesure où je peux avoir une relation sexuelle avec tel(le) ou tel(le) sans que le sentiment amoureux ne soit présent, chez un(e) ami(e) par exemple. La sexualité ne semblerait donc pas être un critère absolu – ne parle-t-on pas d’ailleurs d’amour platonique, comme le remarque un jeune intervenant ? Pour d’autres participants du café philo, l’amitié (que d’aucuns mettent un cran en dessous du sentiment amoureux ) est une forme d’amour en ce qu’il ouvre un vaste champ à l’écoute, au désintéressement, à la complicité, au dépassement dans ma relation avec mon ami(e) et à l’altruisme.  

    Il encore dit que lorsque j’aime, le jugement de l’autre est suspendu au profit du désintéressement. Voilà qui pourrait être le premier point commun de ces différents amours. Je me donne corps et âme à autrui de la même manière que le patriote se sacrifie sans condition par "amour" pour son drapeau, sans douter du bien-fondé de son choix. Bruno rappelle l’exemple d’Alberto Moravia dans Le Mépris (cf. lien). Dans ce texte, l’amour cesse à partir du moment où l’autre commence à me juger. Il y a aussi une part de jeu et de manipulation (ce qui nous renvoie au débat du 7 juin 2013).

    Il est aussi dit que derrière la recherche perpétuelle de l’émotion se cache la quête de soi-même. Je rechercherais une image que le miroir me renvoie. Qu’est-ce que nous attendons réellement de l’amour ? Claire évoque Hegel. Pour ce dernier, la première raison d’être de l’être humain est la reconnaissance d’autrui. L’amour est sans doute polysémique : "amour" est le même mot avec plusieurs réalités mais à chaque fois il est question de reconnaissance pour l’être aimé, un des fondements de l’humanité. 

    Une autre question est alors posée : l’amour doit-il être réciproque ou peut-il être unilatéral ? Peut-on aimer quelqu’un qui ne nous aime pas en retour ? Comme le disait Jacques Lacan, "L’amour c’est donner ce que l’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas." Une phrase terrible et pessimiste – pour ne pas dire cynique mais qui ne semble pas résister à la réalité des faits : qui dit amour dit don mais dit aussi échange.

    Lorsqu’il est question de l’amour, on est dans un processus très intime, résultat d’un passé, d’une enfance, d’une éducation, d’expériences personnelles ; mais il s’agit aussi d’un processus intime inscrit au sein de la société. Nous sommes sans cesse dans le partage, dans la cohabitation avec l’autre et à rechercher chez l’autre un amour, ce qui se concrétise aussi par la sexualité dans la relation amoureuse. Voilà tout le paradoxe de ce sentiment complexe et très personnel : on est sans cesse dans ce mélange de l’intime et du public. 

    Dans une relation amoureuse, il y a dans cet élan émotionnel personnel et égoïste, une relation avec autrui que l’on souhaite voir durer dans le temps. C’est la mise à l’épreuve, voire le manque, qui valident ce sentiment. Un participant s’interroge sur la manière dont l’amour s’aborde dans la durée : comment "transformer le besoin en envie" pour reprendre une phrase du chanteur Daniel Balavoine ("Qu’est-ce qui pourrait sauver l’amour ?") ? Quand on est dans le besoin, on est dans la dépendance, on sent le manque. Le pur amour est dans le "démarrage", dans une liberté guidée simplement par un besoin irrépréhensible d’être avec l’autre, d’être dans le don et l’échange (comment ne pas citer à ce sujet cet extrait du roman Belle du Seigneur d'Albert Cohen ?). Puis, lorsque le couple s’installe dans la durée, lorsqu’un contrat a remplacé le désir dopé par l’interdit (un thème bien connu de la littérature : Roméo et Juliette, Lolita, les tragédies classiques de Corneille, etc.), là commence un nouvel amour, avec deux désirs juxtaposés – du moins si l’ennui n’a pas fait irruption chez l’un ou l’autre ("En amour, il y en a un qui souffre et un qui s’ennuie" disait Honoré de Balzac).   

    Dans le véritable amour, on ne se regarderait pas seulement soi-même, tel le reflet d’un miroir évoqué plus haut, mais aussi et surtout l’autre, dans un regard fait de respect afin de le valoriser, quand ce n’est pas pour le "sauver". Pour le coup, on est dans l’altérité. Une altérité qui peut aller jusqu’à faire des folies et transgresser des normes, tant le besoin d’amour est indubitablement partagé par l’humanité : "plutôt souffrir que vivre sans amour", émet une participante, tant l’homme est un être de communication, de société et d’émotion. 

    La question est ensuite de savoir si un art d’aimer existe et si une norme amoureuse est en jeu dans ma relation avec autrui. 

    Il est difficile, réagit une participante, de normer quelque chose qui n’appartient pas au domaine de la raison. D’autant plus que la physiologie joue à plein lorsque le sentiment amoureux nous envahit. La norme s’adresse au contraire au cortex, alors que l’amygdale est le centre de l’émotion. Ce qui se joue est le jeu d’influence entre l’incontrôlable sentiment amoureux et la raison qui nous serviraient à définir une norme. 

    Face au tsunami que peut constituer la passion amoureuse, la norme a quelque chose de rassurant lorsqu’elle n’est pas coercitive. C’est sûrement possible, dit une participante, qu’une élaboration de schémas mentaux nous permette de baliser un parcours, d’établir des normes afin de garder l’amour sous contrôle. Voilà à quoi ces normes pourraient servir : contrôler. Encore faudrait-il que ce contrôle soit possible. Pour plusieurs participants, il existe et il est actif. La raison joue souvent pleinement son rôle afin d’endiguer la violence des sentiments. On peut certes "aimer à perdre la raison" (Aragon), dans une passion déraisonnée mais l’amour parvient souvent à rester sous contrôle et est délimité par la raison et certaines normes.  

    Qu’entend-on par norme ? La norme c’est d’abord et surtout le regard de la société qui, dans un souci de "normalité", peut contraindre – ou plutôt veut contraindre – à des sentiments amoureux ou à des passions qu’elle juge contraire à ses principes. 

    Que serait donc l’amour "hors norme" ? Une participante évoque un reportage troublant – et, à plus d’un égard, choquant – qui s’intéressait à des personnes pédophiles vivant sous un autocontrôle permanent, car obligés de dompter des désirs interdits et proscrits par la loi. Le "hors norme" est également très représenté dans les arts. La littérature nous en offre des exemples par milliers. Bruno évoque l’aventure du philosophe Abélard et de sa jeune maîtresse Héloïse (cf. cet article ici). Il s’agissait d’une relation jugée scandaleuse et hors norme au XIIème siècle. Mais l’exemple le plus célèbre d’un amour contrarié par la société reste Roméo et Juliette, le célèbre drame de Shakespeare. Or, dans cet exemple, dit Bruno, l’objectif de cet amour hors norme est, justement, de rentrer dans la norme, se faire accepter par leurs familles respectives – les Montaigu et les Capulet – et par la société de Vérone. Pour Roméo et Juliette, cette histoire d’amour n’a-t-elle pas été conditionnée et "dopée" par les barrières qui se sont élevées entre les jeunes amoureux ? N’est-ce pas l’interdit et le hors-norme qui conditionne certains amours ? Dit autrement, l’idylle entre Roméo et Juliette aurait-elle pu s’aimer sans cette barrière et cet interdit ? Cf. aussi cet extrait Roméo et Juliette.

    Un participant réagit en soulignant que lorsque l’on parle de normes transgressées, il ne s’agit pas des normes de l’amour mais d’autres normes – sociétales, religieuses, politiques, etc. Cela ne veut pas dire, répond une intervenante, que les normes de l’amour soient absentes : elles existeraient indubitablement, quand bien même la violation d’autres normes serait nécessaire pour cela. C’est l’exemple dit plus haut avec l’exemple du meurtre pour protéger cet autre que je chéri – mon enfant, mon amant, mes parents, etc.

    Qui dit norme, dit institutionnalisation et dit mariage. La religion prend une place capitale dans l’institutionnalisation des normes – non sans hypocrisie, ajoute un participant. Il existe cependant, ajoute une participante, des normes qui seraient "naturelles" et des désirs universellement réprouvés : la zoophilie, la pédophilie, pour ne prendre que ces exemples, car ces deux penchants représenteraient dans l’inconscient collectif une mise en danger de l’humanité. Finalement, c’est la société qui construit la plupart des normes, dans le cadre d’un sentiment amoureux que l’on peut estimer éphémère ("L’Amour dure trois ans" pour reprendre le titre d’un film récent). Une des normes, justement, serait que les normes sociales ne devraient pas interférer avec celles de l’amour. Pour autant, il y a des règles ("ou des moyennes" !) en amour : "je veux bien être avec lui ou elle à condition de… sauf si…" 

    Pour un participant, quand on parle de norme, il y a la notion de contrat entre plusieurs êtres, dans un consentement mutuel et libre. L’essentiel est de "pouvoir sortir du jeu" lorsqu’on souhaite (par le divorce par exemple). Or, réagit Claire, si on parle de "contrat", cela reviendrait à se contredire sur cette définition de l’amour, ce sentiment naturel qui nous prend par surprise ("Je ne sais pas pourquoi… Je n’y peux rien…") et qui nous mène à défier des normes culturelles. S’il y a consentement, dans le cadre d’un contrat sentimental, la raison prend toute sa place et, du coup, ne fait plus du sentiment amoureux le maître du jeu. 

    Il y a autant d’amours que d’amoureux. Chacun ferait donc ce qu’il veut. Or, nous sommes dans une période socialement perturbée par cette question du mariage pour tous (cf. ce clin d'oeil). Force est de constater que la liberté de jouir de sa relation amoureuse en contractant un mariage semble poser problème à une part importante de la population. Claire précise qu’il n’est bien entendu pas question d’ouvrir un débat sur ce mariage pour tous. Elle constate par contre que le consentement mutuel n’apparaît plus comme une règle exclusive mais serait soumis, pour certains, à des conditions strictes – seuls les hétérosexuels peuvent se marier. La contradiction est là : chacun peut en théorie faire ce qu’il veut de sa vie sentimentale, être avec qui il/elle veut ; cependant, l’idée d’une union universelle, entre deux personnes du même sexe, semble poser problème. Les manifestations contre le mariage pour tous le montre : deux groupes antagonistes, pour ne pas dire irréconciliables, luttent pour imposer leur propre norme du mariage, autrement dit d’une union amoureuse. La norme ne serait-elle pas, réagit un participant : on ne devrait pas interdire le mariage à deux personnes qui souhaitent vivre leur amour pleinement et ensemble ?  

    L’amour maternel ou parental (storgê) est sans doute aussi là où se cristallise le sentiment amoureux. Il nécessite en tout cas des normes, intervient un participant : sans les règles instruites par des parents, que de dégâts ! Il est intéressant, réagit une participante, que l’amour parental soit défini d’une manière très normée. L’amour parental "normal" consisterait en cette vérité d’airain : les parents aiment leur(s) enfant(s). Mais une telle vérité ne résiste pas à l’épreuve des faits, poursuit-elle : combien de pères ou de mères n’aiment pas leur enfants ? Ce qui n’est du reste pas forcément réciproque. Les faits-divers sont remplis de drames ayant pour origine une storgê bancale voire inexistante. La norme qui dit : "J’ai des enfants donc je les aime" est battue en brèche. L’actualité nous le montre quotidiennement, ce que l’on peut bien évidemment déplorer. Ce qui nous semble une "a-normalité" – un enfant non aimé par ses parents – pourra avoir des conséquences sur la vie sentimentale de cet être, sauf si une forme de résilience existe.

    Nous sommes là face à ce qui ressemble à une norme : transmettre quelque chose à quelqu’un. On est dans l’"amour d’obédience" : l’amour de parents pour leur enfant, l’amour-amitié chez les adolescents, la passion amoureuse, etc. On échange des rires, du plaisir, des larmes, parfois plus encore ! Qui dit transmission dit aussi don.  

    L’âge pourrait-il être une norme ? Il semblerait que ce ne soit pas un facteur déterminant, à l’instar de l’exemple de Lolita (Nabokov) car le sentiment amoureux agit sur moi telle une nouvelle virginité. Que le coup de foudre m’assaille à vingt, quarante ou soixante ans, où est la différence ? Vivre par contre avec la même personne pendant des années relève d’une autre perspective ! Il existe en tout cas des phases, des alternances entre l’ennui et la possession (Schopenhauer). 

    De toute manière, le vécu est capital dans le sentiment amoureux. Quelle est la limite que l’on se donne dans la relation à deux, au risque que l’un ou l’autre se perde ? Ce n’est pas un mouvement figé mais qui évolue dans une certaine dynamique : l’amour unilatéral n’existe pas, sauf peut-être lorsque l’on parle d’amour religieux. Il est dit que l’établissement de normes, ou plutôt de bornes, est nécessaire pour la pérennité d’un amour, qu’il soit au sein d’un couple, dans l’amitié ou pour son/ses enfant(s). L’une de ces bornes pourrait être la fidélité à l’autre. Si un minimum de règles est absent, l’épanouissement ne peut se développer pleinement. Dans ce cas, la fuite est sans doute nécessaire. 

    Dans un couple, être poreux vis à vis de l’autre semble n’avoir aucun intérêt. Nous sommes-là face à une seconde norme : sa propre préservation. L’amour, sentiment édifiant et sublimant, peut faire fi des normes sociales ou du moins peut les dépasser afin de m’élever et d’être heureux. En clair, jusqu’où suis-je prêt à aller dans mon projet amoureux ? 

    Lorsque l’on regarde la vie privée des philosophes qui ont parlé d’amour, dit Claire, il apparaît qu’un débat philosophique rationnel sur ce sujet devient problématique. Ces intellectuels ont souvent vécu des expériences peu édifiantes : pour prendre ces exemples, Kant a vécu seul et la vie personnelle de Jean-Jacques Rousseau a été un désastre. Amoureux fou puis marié avec une femme plus âgée que lui – mais qui ne l’aimait pas ! – l’auteur de l’Émile a eu cinq enfants qu’il a tous abandonnés après la mort de sa compagne. Lui-même avouait ceci, non sans lucidité : "Tous ces sages contemplatifs qui ont passé leur vie à l’étude du cœur humaine, en savent moins sur les vrais signes de l’amour que la plus bornée des femmes sensibles". Cf. aussi ce texte de Rousseau. Hegel, qui a fondé la relation intersubjective, disait qu’il avait un besoin d’amour primal pour être reconnu, au risque, assurait-il, d’être sacrifié d’être méprisé et de tomber dans un esclavage sentimental. Il affirmait pouvoir accepter cette aliénation à condition d’être reconnu. Or, Hegel avait beau disserter sur cet élan sentimental, il multipliait les conquêtes sans vergogne, au risque de l’immoralité. D’aucuns pourrait le qualifier de "salaud fini", un dénominatif qui porte en creux une norme qui a déjà été évoquée en cours de débat : la fidélité. Ces exemples illustrent en conclusion la complexité à philosopher sur l’amour, un sentiment "irraisonnable" et difficile à raisonner.

    Pour la séance suivante, rendez-vous est pris le vendredi 7 juin (et non le 31 mai comme prévu à l’origine) pour un café philo exceptionnel intitulé "Manipulation dans le couple : pourquoi rester ? Comment partir ?" Catherine Armessen, médecin et auteur du roman La Marionnette accompagnera Claire et Bruno pour un débat qui n’est pas sans rapport avec le sujet qui était débattu ce soir. 

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  • QUELQUES CHIFFRES AU SUJET DE LA VIOLENCE CONJUGALE

    violence-conjugale.jpgLes violences au sein du couple représentent plus du quart de l’ensemble des actes de violence.

    En France, une femme meurt en moyenne tous les 3 jours.

    47 573 faits ont été enregistrés par la gendarmerie et la police en 2008.

    156 Femmes sont mortes sous les coups de leurs conjoints.

    27 Hommes sont morts tués par leurs compagnes mais les trois quarts battaient leurs femmes.

    25 % de toutes les morts violentes ont eu lieu dans le cadre du couple.

    38 %  des crimes conjugaux sont liés à la séparation.

    37 % des auteurs masculin d’homicides se sont suicidés après leurs actes.

    20 % des homicides sont commis sous l’emprise de l’alcool ou de produits stupéfiants.

    Pour en savoir plus, lire également ce document

     

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  • COMPTE-RENDU DE LA SÉANCE "PUIS-JE FAIRE CE QUE JE VEUX DE MON CORPS ?"

    Thème du débat : "Puis-je faire ce que je veux de mon corps ?"

    Date : 22 mars 2013 à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée.

    Environ 130 personnes étaient réunies pour cette séance du 22 mars 2013, une séance exceptionnelle en ce qu’elle était co-animée par Claire, Bruno et surtout des élèves de Terminale littéraire pour un sujet sur le corps. "Puis-je faire ce que je veux de mon corps ?" : voilà la question posée au public venu en nombre à cette séance.

    Un tel sujet pose la question du corps et de son rapport avec notre propre identité. Dit autrement, le corps est-il sacré ou n’est-il que l’enveloppe corporelle de mon esprit ? Dans ce cas, en quoi la libre disposition de ce corps poserait-elle problème, étant entendu que chaque corps est unique et a priori inaliénable ? Il est vrai que le corps nous accompagne toujours et partout, comme le rappelle Michel Foucault (cf. également ce lien), y compris lorsque ce corps est traumatisé ou à l’état végétatif. Mieux, notre personne se construit autour de notre corps. Chacun peut en apprendre beaucoup sur lui-même grâce à lui. Même s’il peut nous nous trahir, le corps a souvent des messages importants à véhiculer à propos de notre attitude, de nos vêtements, de notre sourire, etc.

    À la question "Puis-je faire ce que je veux de mon corps ?", un premier participant répond que cette liberté que je peux revendiquer vis-à-vis de ce corps qui m’appartient est d’emblée limitée : "La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres" (Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen, art. 4), rappelle-t-il. Je suis bien entendu propriétaire de mon corps mais ce corps fait également partie intégrante de la société qui peut avoir son mot à dire. L’État légifère sur la santé, l’éthique, le handicap, la gestation pour autrui, les dons d’organes, etc. Au final, la libre disposition du corps est surveillée et encadrée. Elle est dans les faits soumise à des normes sinon des limites. Tout se passe comme si nos sociétés avaient édicté elles-mêmes des règles pour l’utilisation du corps.  

    Une des co-animatrices s’interroge d’emblée sur cette limite. Elle y voit une contradiction avec le Code civil pour qui le corps est inviolable. Cf. cet article. Cette inviolabilité me rendrait maître de cette enveloppe dont j’ai la possession pleine et entière. Possession ou usufruit ? s’interrogent en substance plusieurs participants.  

    Quels sont les faits qui me permettraient de disposer de mon corps à ma guise ? Cette libre utilisation recouvre des réalités bien différentes et aux conséquences multiples. La première citée par les participants du café philo est celle de la grossesse, un événement courant mais non exempt de dangers. Lorsque je suis enceinte, mon corps est soumis à une épreuve longue et difficile pour le corps physique, épreuve que, généralement, je choisis afin de donner la vie à un être. Cet être ne sera autonome et libre qu’après les neuf mois de ma grossesse. Il est dit que le bébé ne fait pas partie de mon corps : il l’habite. Je choisis de donner la vie à un autre que moi-même qui a lui-même ses propres limites. La grossesse est ce moment où le corps est contraint, avec son lot de douleurs pendant l’accouchement. Mais c’est aussi, rappelle une intervenante, un moment pendant laquelle, très souvent, l’esprit est en harmonie car libre de ce choix. 

    Cette liberté d’utiliser mon de corps pour procréer est traitée de manière frontale dans le film 17 Filles. Inspiré d’un fait divers survenu aux États-Unis en 2008, cette fiction raconte le choix fait par 17 adolescentes encore mineures de tomber enceinte en même temps (bande annonce ici). L’État aurait-il son mot à dire pour interdire cette décision ? Rien n’est moins sûr : dans ce film, un professeur rappelle que ni le législateur ni les parents ne peuvent contraindre une jeune fille ou jeune femme à avorter. La libre disposition du corps à cette fin est donc entière, même si elle peut susciter la réprobation.

    Parler de cet exemple nous conduit inévitablement à parler d’un sujet d’actualité : la gestation pour autrui, interdite par la loi. Le législateur justifie cela pour des raisons éthiques : outre les effets secondaires (psychologiques notamment), le risque est que le corps se marchandise comme n’importe quel bien, avec tous les abus que cela entraîne. Nous y reviendrons plus loin en cours de débat.    

    La libre utilisation du corps recouvre d’autres réalités discutées par les co-organisateurs et les participants. Ceux-ci évoquent la sexualité. Je peux faire le choix d’user librement et gratuitement de mon corps à des fins sexuelles, comme le décrit Catherine Millet dans son récit La Vie sexuelle de Catherine M. Mais je peux également choisir – ce qui est infiniment plus controversé – de louer mon corps à des fins mercantiles. C’est le cas de la prostitution : dans ce cas, je tarife mon corps à des fins sexuelles, une liberté que moralement la société réprouve, voire peut condamner – encore que la personne incriminée peut être autant sinon plus le client que le "prestataire", comme le rappellent plusieurs participants. Cette utilisation du corps à ma guise est d’ailleurs réclamée par un "Syndicat des travailleurs du sexe" (STRASS) pour qui la prostitution est une profession comme une autre, répondant à un besoin spécifique, voire à "une utilité publique" : "En quoi il y a de mal à se payer du plaisir lorsque l’on n’est pas très beau ?" demande une participante.

    Certes, pour parler de ce sujet polémique, le corps devient un outil de travail mais ne l’est-il pas également s’agissant d’autres professions que la société accepte ? Les mannequins imposent un régime sévère à des fins mercantiles afin de coller à certains canons de beauté. Elles peuvent mettre leur santé en jeu lorsque des régimes draconiens leur sont imposé (cf. cet article). Les artistes – l’Homme-lézard pour prendre l’exemple cité par un participant – mettent en scène leur corps – souvent pour le plus grand plaisir du public. Nous pourrions même dire "mettent en danger leur corps" lorsqu’il s’agit de performances extrêmes (cf. cet exemple). L'exemple des acteurs exhibant leur corps au pour le cinéma ou le théâtre est également cité au cours de cette séance. Dans ces cas, la libre disposition du corps ne pose pas de problème à la société car celle-ci considère que ses principes moraux ne sont pas mis en jeu. Puis-je remodeler mon corps par un chirurgien esthétique ? Rien ni personne ne me l’interdit, mise à part certaines conditions (cf. cet extrait de la série Nip/tuck). Des cabinets ont pignon sur rue. Même chose pour les salles de musculation. 

    La société va par contre légiférer contre des pratiques qu’elle considère comme dangereuse pour ses fondements : le suicide, l’euthanasie, la prise de drogue ou la gestation pour autrui posent la question de la liberté, une liberté que l’État et la société met en balance avec ses propres règles collectives, sa morale,  mais aussi avec la protection du ou des individus. Une protection très relative : la consommation de drogues douces comme le cannabis est interdite alors que la consommation d’alcool – qui peut faire des ravages incalculables – est tolérée sinon défendue ; je peux également m’exhiber librement sur un blog ou sur ma page Facebook sans que la société y ait à redire, sauf si cela pose un problème flagrant de protection ou de sécurité la protection des mineurs, par exemple, cf. cet article). De manière bien différente, le port du voile pose des questions d’ordre éthique : liberté religieuse contre défense de la liberté individuelle laïque ; défense de la pratique religieuse contre défense du féminisme (cf. ce lien). 

    Qu’est-ce qui se joue donc dans cette liberté consentie ou non par la société ? Il apparaît que le maître-mot est celui de morale et plus précisément de morale judéo-chrétienne, acceptée en France unanimement pendant des siècles avant d’être discutée voire combattue durant notre période contemporaine. Toute société civilisée impose des règles, qu’elles soient écrites ou non. La pratique de la prostitution heurte de plein fouet une religion catholique traditionnellement dogmatique et mal à l’aise avec la sexualité en général. "Puis-je faire ce que je veux de mon corps ?" Les autorités religieuses semblent répondre par la négative car, comme le rappelle Claire,  derrière le "puis-je", il y a le "dois-je".  

    Un autre facteur intervient : l’argent. Claire pose cette question : peut-on choisir librement lorsque l’argent est la finalité ? Il semble que la morale ne soit pas le seul critère à l’aune duquel la société juge l’utilisation du corps. Autrement dit, je peux juger choquant le témoignage de Catherine Millet lorsqu’elle parle de son choix d’une sexualité débridée, sans que j’aie à y redire toutefois ; mais je peux avoir beaucoup plus de mal à accepter la "vente" ou la "location" du corps de telle ou tel. Une jeune participante parle, certes, du choix pleinement assumé – voire de plaisir ! – de certaines prostituées – femmes ou hommes – à exercer leur métier ; il n’en reste pas moins que, s’agissant de la prostitution, l’argent est toujours la condition sine qua non de cette pratique largement désapprouvée. Ce qui se joue dans cette libre disposition de mon corps est le désintéressement de l’acte. De la même manière, les dons d’organes ou de gamètes sont libres et gratuits en France, contrairement à d’autres pays (comme les États-Unis ou la Grande-Bretagne) : or, singulièrement, c’est dans notre pays que les dons sont les plus faibles si on les compare avec les nations ou les dons sont payés – et même mal payés ! En clair, l’utilisation du corps n’est pas librement consentie lorsque l’argent voire le trafic mercantile (le proxénétisme pour la prostitution) entre en jeu. Un participant cite l’exemple de Fantine dans Les Misérables de Victor Hugo, obligée pour des raisons financières de vendre une partie de son corps, ses cheveux en l’occurrence, pour survivre !

    Oui, l’argent peut être un facteur faussant, voire aliénant (Karl Marx n’est pas loin !), ma liberté de disposer de mon corps. Ce facteur peut être tout autant cruel lorsqu’il devient au contraire un frein à cette liberté : la réflexologie, la sophrologie ou le massage ne sont pas accessibles à tous ne serait-ce que pour des raisons financières.

    Ce qui est encore débattu au cours de ce débat est la question de la relation entre corps et esprit : "Le corps pense", dit Freud. La communication non verbale est parfois bien plus parlante que des mots. Mieux, Emmanuel Levinas rappelle que la première relation – sinon la relation essentielle – que nous pouvons avoir autrui c’est à travers le corps de l’autre. Or, si je choisis de faire de mon corps un outil, dit un participant, je dissocie le corps et l’esprit. Pour d’autres participants, il n’y a pas dissociation : on peut toucher mon corps mais on ne touchera pas à mon esprit. Claire se demande à ce sujet si le scandale qui a eu lieu il y a quelques années à l’occasion de l’exposition "Our Bodies", une exhibition de cadavres à des fins esthétiques, ne tenait pas autant à la présentation de corps morts (issus sans doute d’anciens condamnés à mort chinois, ce qui a indubitablement choqué le public : cf. ce lien) que de leur mise en scène morbide. Installer des corps humains dans des situations grotesques car réservées habituellement à des vivants (par exemple sur une bicyclette), voilà qui heurta bien plus nos concitoyens que la simple présentation de corps sans vie. Bruno rappelle à ce sujet que les archéologues ont l’habitude de déterrer des restes humains sans que cela ne suscite d’émotion particulière. 

    Jusqu’où va la violation du corps, en définitif ? "Il n’est un corps que par homonymie" dit Aristote. On pourrait donc faire de lui ce qu’on veut après notre mort. Pour un croyant, lorsque le corps est décédé l’esprit doit être dissocié, ce qui n’est pas courant dans la tradition judéo-chrétienne. 

    Il apparaît pour plusieurs intervenants qu’il y a symbiose entre le corps et l’esprit. Nous parlions de l’identité lors de la séance précédente (Débat "Puis-je savoir qui je suis ?). Nous y sommes de nouveau car la conscience de l’Être met aussi en scène le corps. Dans notre société, c’est d’abord le corps que nous voyons d’autrui. Mon corps c’est moi : s’il y a asymétrie entre ce que je voudrais que les autres voient de moi et ce qu’ils voient, finalement ne suis-je pas d’abord que ce que les autres voient de moi ? 

    La fin du débat est brièvement consacrée à cette question : lorsque mon corps est une prison, puis-je m’en libérer ? Il apparaît que dans ce cas la société est autorisée à décider pour moi et à m’imposer, pour des raisons éthiques, l’acceptation d’une situation que je peux considérer comme inacceptable. Elle impose que mon corps soit préservé et que je ne puisse pas m’en libérer. L’humoriste Guillaume Bats, un homme déformé par le handicap, en a fait son cheval de bataille, pour ne pas dire la source de son inspiration comique. Oui, nos sociétés imposent que l’individu soit protégé, y compris lorsque le corps est un handicap insurmontable ! Pour pouvoir le surmonter, des expédients seraient proposés afin de permettre une meilleure intégration des personnes handicapées, ne pouvant user librement de leur corps. Une intervenante parle de "fable", tant la société ignore l’adaptation des personnes handicapées : celles-ci "font avec" dans la vie quotidienne, tant les outils mis à leur disposition font souvent peu cas des personnes en état de handicap (distributeurs de billets trop hauts, voies publiques impraticables, feux rouges pour les personnes malvoyantes et aveugles). Puis-je faire ce que je veux de mon corps ? Dans ce cas, la réponse est clairement non !  

    En fin de séance, trois sujets sont mis au vote pour le rendez-vous du café philo du 3 mai 2013 : "Justice : surveiller, punir ou guérir ?", "Histoire contre devoir de mémoire" et "L’amour peut-il se passer de normes ?" Les participants choisissent de désigner ce dernier sujet. 

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  • CHANGEMENT DE DATE DE NOTRE PROCHAINE SÉANCE !

    ATTENTION !

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    Notez bien que la prochaine séance du café philosophique de Montargis aura lieu le vendredi 7 juin 2013 à 19 heures à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée (et non pas le 31 mai comme annoncé précédemment).

    Cette séance, intitulée "Manipulation dans le couple : pourquoi rester ? Comment partir ?", verra la participation exceptionnelle de Catherine Armessen.

    Merci de votre attention et à bientôt !

     

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  • FÊTE DE LA PHILO : DU 25 MAI AU 17 JUIN 2013 (ANNONCE)

    Pour la première année, est organisée en France une fête de la philosophie du 25 mai au 17 juin 2013 :

    fete-de-la-philo.jpgUn rendez-vous inédit de portée nationale pour :

    • renouer avec une philosophie vivante, jouer sur un désir de philo ;

    • dire et partager ensemble les pensées universelles de grands auteurs classiques et d’auteurs contemporains de toutes cultures.

    Une fête populaire et gratuite avec :

    • des événements programmés dans l’espace public, dans des lieux institutionnels de la culture et de l’enseignement (théâtres, musées, instituts,
    clubs, universités...), dans des cafés et des restaurants ;

    • des initiatives en librairies (tables et vitrines philo, rencontres, débats...) ;

    • des appels à la philo diffusés dans les médias, sur le web par les partenaires de la Fête de la philo.

    Un mouvement participatif et citoyen

    • interculturel et intergénérationnel ;

    • porté par des échanges de pensées, de maximes, par des débats et des rencontres inattendues ;

    • lors de happenings philo populaires (lectures, débats, performances dans la rue...) ;

    • sur Internet et les réseaux sociaux.

    • lancement national le 25 mai, jour de la Sainte-Sophie ;

    • des événements tous les jours, jusqu’au 17 juin, jour de l’épreuve de philosophie du Baccalauréat ;

    • de multiples initiatives spontanées dans toute la France ;

    • un site internet dédié : www.fetedelaphilo.com

    En bref : 3 semaines pour explorer et partager des pensées.

    Communiqué de presse téléchargeable.



     

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  • LE CAFÉ PHILO BIENTÔT SUR RADIO CHÂLETTE

    Le café philosophique de Montargis sera bientôt présent sur Radio Chalette dans une série d'émissions intitulées (non sans malice !) "Philosophie de comptoir".

    chalette.jpgLa première émission intitulée "Puis-je savoir qui je suis ?" portera sur le débat qui avait eu lieu à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée le 1er mars 2013. Elle sera composée de larges extraits de ce café philo, d'interventions de Claire et de Bruno ainsi que d'extraits audios et musicaux.

    Très bientôt, sur ce site, nous vous en dirons plus.

     

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  • MERCI AUX PARTICIPANTS DE LA SÉANCE DU 3 MAI 2013

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    Le café philosophique de Montargis du vendredi 3 mai 2013 réunissait environ 80 personnes pour un débat qui s'intitulait : "L'amour peut-il se passer de normes ?"

    Claire et Bruno tiennent à remercier les personnes présentes. Bientôt, sur ce site, vous retrouverez comme d'habitude le compte-rendu de cette séance. Notez bien que le compte-rendu de la séance précédente sera également très bientôt en ligne...

    La prochaine séance du café philosophique de Montargis aura lieu le vendredi 7 juin 2013 (changement de date) à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée. Pour l'occasion, Claire et Bruno seront exceptionnellement accompagnés de Catherine Armessen, médecin et auteur de La Marionnette (éd. Feuillages). Le débat sera intitulé : "Manipulation dans le couple : pourquoi rester ? Comment partir ?"

     

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  • SÉANCE DU 3 MAI 2013 : L'AMOUR PEUT-IL SE PASSER DE NORMES ?

    Affiche L'amour peut-il se passer de normes image.jpg

    La prochaine séance du café philosophique de Montargis aura lieu le vendredi 3 mai 2013 à 19H à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée.

    Le débat sera intitulé : "L'amour peut-il se passer de normes ?"

    Illustration de l'affiche du café philo de ce mois : Thomas Valentin, Couple d'amoureux (détail), avec son aimable autorisation. Voir également cet article


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