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Café philosophique de Montargis - Page 40

  • Millman : Socrate dans une station service

    Socrate se contenta de hocher la tête et continua de remplir le réservoir. Lorsqu’il fut plein, in continua encore. L’essence se mit à déborder et à couler sur le sol.

    « Socrate ! Le réservoir est plein… regarde ce que tu as fait ! »

    Ignorant mon appel, il laissait toujours l’essence couler et dit: « Dan, tu débordes d’idées préconçues, comme ce réservoir; tu regorges de connaissances inutiles. Tu détiens nombre de faits et d’opinion, mais tu ne sais presque rien de toi-même. Avant de pouvoir apprendre, il te faudra commencer par vider ton réservoir ». Il me sourit, me fit un clin d’oeil, puis ajouta en arrêtant la pompe: « Tu veux bien nettoyer cette saleté ? »

    Dan Millman, Le Guerrier pacifique (1980)

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  • Kant : Démonstration mathématique et connaissance philosophique

    Seule une preuve apodictique, en tant qu'elle est intuitive, peut s'appeler démonstration. L'expérience nous enseigne sans doute ce qui est, mais non point que cela ne pourrait en aucun cas être autrement. C'est pourquoi des arguments empiriques ne peuvent fournir nulle preuve apodictique... Seule la mathématique contient donc des démonstrations, parce qu'elle dérive sa connaissance non de concepts, mais de la construction de ceux-ci c'est-à-dire de l'intuition qui peut être donnée a priori comme correspondant aux concepts... Par opposition, la connaissance philosophique doit se passer de cet avantage... Ce pourquoi je donnerais plus volontiers aux preuves philosophiques le nom de preuves discursives que celui de démonstrations, parce qu'elles ne peuvent s'opérer qu'à travers de simples mots (en évoquant l'objet en pensée), tandis que les démonstrations, comme l'expression déjà l'indique, se développent dans l'intuition de l'objet.

    De tout cela s'ensuit donc qu'il n'est nullement adapté à la nature de la philosophie, notamment dans le domaine de la raison pure, de parader en se donnant des airs dogmatiques et de se parer avec les titres et les emblèmes de la mathématique, puisqu'elle ne relève pas du même ordre que celle-ci, quand bien même elle a tous les motifs de placer ses espoirs dans une union fraternelle avec elle. Ce sont là de vaines prétentions qui jamais ne peuvent aboutir, mais qui bien plutôt doivent faire revenir la philosophie à son dessein de découvrir les illusions d'une raison méconnaissant ses limites et ramener, par l'intermédiaire d'une clarification suffisante de nos concepts, la présomption de la spéculation à une connaissance de soi-même modeste, mais solidement étayée. La raison ne pourra donc pas, dans ses tentatives transcendantales, regarder devant elle avec la même assurance que si la route qu'elle a parcourue conduisait directement au but, ni compter sur les prémisses qu'elle a adoptées pour fondement avec une telle audace qu'il ne lui serait pas nécessaire de regarder plus souvent vers l'arrière et de considérer attentivement si d'aventure ne se découvrent pas dans le cours de ses raisonnements des fautes qui seraient passées inaperçues dans les principes et qui rendraient nécessaire soit de les déterminer davantage, soit d'en changer tout à fait.

    Emmanuel Kant, Critique de la raison pure (1781)

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  • Spinoza :"Il n’est pas d’hommes qu’on juge moins propres à gouverner l’État que les philosophes"

    Les philosophes conçoivent les affections qui se livrent bataille en nous, comme des vices dans lesquels les hommes tombent par leur faute, c’est pourquoi ils ont accoutumé de les tourner en dérision, de les déplorer, de les réprimander, ou, quand ils veulent paraître plus moraux, de les détester. Ils croient ainsi agir divinement et s’élever au faîte de la sagesse, prodiguant toutes sortes de louanges à une nature humaine qui n’existe nulle part, et flétrissant par leurs discours celle qui existe réellement. Ils conçoivent les hommes en effet, non tels qu’ils sont, mais tels qu’eux-mêmes voudraient qu’ils fussent : de là cette conséquence, que la plupart, au lieu d’une éthique, ont écrit une satire, et n’ont jamais eu en politique de vues qui puissent être mises en pratique, la politique, telle qu’ils la conçoivent, devant être tenue pour une chimère, ou comme convenant soit au pays d’Utopie, soit à l’âge d’or, c’est-à-dire à un temps où nulle institution n’était nécessaire. Entre toutes les sciences, donc, qui ont une application, c’est la politique où la théorie passe pour différer le plus de la pratique, et il n’est pas d’hommes qu’on juge moins propres à gouverner l’État, que les théoriciens, c’est-à-dire les philosophes.

    Baruch Spinoza, Traité politique (1677)

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  • La valise philosophique du mois

    La "Valise philosophique" du café philo est toujours disponible et vous accompagne pour illustrer nos débats.

    Comme pour chaque séance, nous vous avons préparé des documents, textes, extraits de films ou de musiques servant à illustrer et enrichir les débats mensuels.

    Sur la colonne de droite, vous pouvez retrouver les documents autour de la séance du vendredi 4 octobre 2019, pour les 10 ans du café philo - qui aura pour thème : "Un bon philosophe a-t-il toujours raison?"

    Restez attentifs : régulièrement de nouveaux documents viendront alimenter cette rubrique d'ici la séance.

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  • Nietzsche : Le philosophe est-il de son temps?

    J'ai de plus en plus le sentiment que le philosophe pour être nécessairement un homme du demain et de l'après-demain, s'est toujours trouvé et devait se trouver en contradiction avec son aujourd'hui : son ennemi fut tout à coup l'idéal de l'aujourd'hui. Jusqu'à présent, tous ces extraordinaires promoteurs de l'homme que l'on appelle des philosophes et qui se sentent eux-mêmes rarement amis de la sagesse, mais plutôt bouffons déplaisants et points d'interrogation dangereux -, ont trouvé leur tâche, leur dure tâche, non voulue, inéluctable, mais finalement la grandeur de leur tâche dans le fait d'être la mauvaise conscience de leur temps. En soumettant précisément les vertus de leur temps à la vivisection et en leur plaçant le scalpel sur la poitrine, ils trahirent ce qui était leur propre secret : découvrir une nouvelle grandeur de l'homme, un chemin nouveau, jamais foulé, menant à l'accroissement de sa grandeur. A chaque fois, ils dévoilèrent combien d'hypocrisie, de commodité paresseuse, de laisser-aller et d'avachissement, combien de mensonges se dissimulait sous le type que la moralité de leur temps vénérait le plus, combien de vertu avait fait son temps : chaque fois, ils dirent : "Il nous faut aller par là, nous en aller tout là-bas, là où vous êtes aujourd'hui le moins chez vous."

    Friedrich Nietzsche, Par-delà le Bien et le Mal (1886)

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  • Gramsci : Tous les hommes peuvent philosopher

    Il faut détruire le préjugé très répandu que la philosophie est quelque chose de très difficile du fait qu'elle est l'activité intellectuelle propre d'une catégorie déterminée de savants spécialisés ou de philosophes professionnels ayant un système philosophique. Il faut donc démontrer en tout premier lieu que tous les hommes sont "philosophes", en définissant les limites et les caractères de cette "philosophie spontanée", propre à tout le monde, c'est-à-dire de la philosophie qui est contenue : 1) dans le langage même, qui est un ensemble de notions et de concepts déterminés et non certes exclusivement de mots grammaticalement vides de contenu. 2) dans le sens commun et le bon sens. 3) dans la religion populaire et donc également dans tout le système de croyances, de superstitions, opinions, façons de voir et d'agir qui sont ramassées généralement dans ce qu'on appelle le folklore. Une fois démontré que tout le monde est philosophe, chacun à sa manière, il est vrai, et de façon inconsciente - car même dans la manifestation la plus humble d'une quelconque activité intellectuelle, le "langage" par exemple, est contenue une conception du monde déterminée -, on passe au second moment, qui est celui de la critique et de la conscience, c'est-à-dire à la question : est-il préférable de "penser" sans en avoir une conscience critique, sans souci d'unité et au gré des circonstances, autrement dit de "participer" à une conception du monde imposée mécaniquement par le milieu ambiant; ce qui revient à dire par un de ces nombreux groupes sociaux dans lesquels tout homme est automatiquement entraîné dès son entrée dans le monde conscient (et qui peut être son village ou sa province, avoir ses racines dans la paroisse et dans l' "activité intellectuelle" du curé ou de l'ancêtre patriarcal dont la "sagesse" fait loi, de la bonne femme qui a hérité de la science des sorcières ou du petit intellectuel aigri dans sa propre sottise et son impuissance à agir); ou bien est-il préférable d'élaborer sa propre conception du monde consciemment et suivant une attitude critique et par conséquent, en liaison avec le travail de son propre cerveau, choisir sa propre sphère d'activité, participer activement à la production de l'histoire du monde, être à soi-même son propre guide au lieu d'accepter, passivement et de l'extérieur, une empreinte imposée à sa propre personnalité ?

    Antonio Gramsci, Textes (1932)

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  • Épicure : Nécessité de la philosophie

    Quand on est jeune, il ne faut pas hésiter à s’adonner à la philosophie, et quand on est vieux il ne faut pas se lasser d’en poursuivre l’étude. Car personne ne peut soutenir qu’il est trop jeune ou trop vieux pour acquérir la santé de l’âme. Celui qui prétendrait que l’heure de philosopher n’est pas encore venue ou qu’elle est déjà passée, ressemblerait à celui qui dirait que l’heure n’est pas encore arrivée d’être heureux ou qu’elle est déjà passée. Il faut donc que le jeune homme aussi bien que le vieillard cultivent la philosophie : celui-ci pour qu’il se sente rajeunir au souvenir des biens que la fortune lui a accordée dans le passé, celui-là pour être, malgré sa jeunesse, aussi intrépide en face de l’avenir qu’un homme avancé en âge. Il convient ainsi de s’appliquer assidûment à tout ce qui peut nous procurer la félicité, s’il est vrai que quand elle est en notre possession nous avons tout ce que nous pouvons avoir, et que quand elle nous manque nous faisons tout pour l’obtenir. Tâche, par conséquent, de mettre à profit et d’appliquer les enseignements que je n’ai cessé de t’adresser, en te pénétrant de l’idée que ce sont là des principes nécessaires pour vivre comme il faut.

    Épicure, Lettre à Ménécée (IVe s. av. JC)

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  • Épictète : La philosophie et l'opinion

    Voici le point de départ de la philosophie : la conscience du conflit qui met aux prises les hommes entre eux, la recherche de l'origine de ce conflit, la condamnation de la simple opinion et la défiance à son égard, une sorte de critique de l'opinion pour déterminer si on a raison de la tenir, l’invention d'une norme, de même que nous avons inventé la balance pour la détermination du poids, ou le cordeau pour distinguer ce qui est droit et ce qui est tordu.

    Est-ce là le point de départ de la philosophie ? Est juste tout ce qui paraît tel à chacun ? Et comment est-il possible que les opinions qui se contredisent soient justes ? Par conséquent, non pas toutes. Mais celles qui nous paraissent à nous justes ? Pourquoi à nous plutôt qu'aux Syriens, plutôt qu'aux Égyptiens ? Plutôt que celles qui paraissent telles à moi ou à un tel ? Pas plus les unes que les autres. Donc l'opinion de chacun n'est pas suffisante pour déterminer la vérité.

    Nous ne nous contentons pas non plus quand il s'agit de poids ou de mesures de la simple apparence, mais nous avons inventé une norme pour ces différents cas. Et dans le cas présent, n'y a-t-il donc aucune norme supérieure à l'opinion ? Et comment est-il possible qu'il n'y ait aucun moyen de déterminer et de découvrir ce qu'il y a pour les hommes de plus nécessaire ?

    —Il y a donc une norme.

    Alors, pourquoi ne pas la chercher et ne pas la trouver, et après l'avoir trouvée, pourquoi ne pas nous en servir par la suite rigoureusement, sans nous en écarter d'un pouce ? Car voilà, à mon avis, ce qui, une fois trouvé, délivrera de leur folie les gens qui se servent en tout d'une seule mesure, l’opinion, et nous permettra désormais, partant de principes connus et clairement définis, de nous servir, pour juger des cas particuliers, d'un système de prénotions.

    Épictète, Entretiens (IIe s. ap. JC)

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  • Averroès : Vérité et philosophie

    1. Le propos de ce discours est de rechercher (...) si l'étude de la philosophie et des sciences (…) est permise par la Loi révélée, ou bien condamnée par elle, ou bien encore prescrite, soit en tant que recommandation, soit en tant qu'obligation. Nous disons donc :

    2. Si l'acte de philosopher ne consiste en rien d'autre que dans l'examen rationnel des choses, et dans le fait de réfléchir sur eux en tant qu'ils constituent la preuve de l'existence de l'Artisan (…); et si la Révélation recommande bien aux hommes de réfléchir sur les choses et les y encourage, alors il est évident que l'activité désignée sous ce nom [de philosophie] est, en vertu de la Loi révélée, soit obligatoire, soit recommandée.

    3. Que la Révélation nous appelle à réfléchir sur les choses en faisant usage de la raison, et exige de nous que nous les connaissions par ce moyen, voilà qui appert à l'évidence de maints versets du Livre de Dieu - béni et exalté soit-Il. En témoigne, par exemple, l'énoncé divin : "Réfléchissez donc, ô vous qui êtes doués de clairvoyance" (...) ; ou par exemple l’énoncé divin : "Que n’examinent-ils le royaume des cieux et de la terre."

    18. Puisque donc cette révélation est la vérité, et qu’elle appelle à pratiquer l’examen rationnel qui assure la connaissance de la vérité, alors nous, musulmans, savons de science certaine que l’examen [des choses] par la démonstration n’entraînera nulle contradiction avec les enseignements apportés par le Texte révélé : car la vérité ne peut être contraire à la vérité, mais s’accorde avec elle et témoigne en sa faveur.

    19. S’il en est ainsi, et que l’examen aboutit à une connaissance quelconque à propos d’un étant quel qu’il soit, alors de deux choses l’une : soit sur cet étant le Texte révélé se tait, soit il énonce une connaissance à son sujet. Dans le premier cas, il n’y a même pas lieu à contradiction... Dans le second, de deux choses l’une : soit le sens manifeste de l’énoncé est en accord avec le résultat de la démonstration, soit il le contredit. S’il y a accord, il n’y a rien à en dire; s’il y a contradiction, alors il faut interpréter le sens obvie.

    Averroès, Discours décisif (1180-1190)

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  • Russell : La valeur de la philosophie

    La valeur de la philosophie doit en réalité surtout résider dans son caractère incertain même. Celui qui n’a aucune teinture de philosophie traverse l’existence, prisonnier de préjugés dérivés du sens commun, des croyances habituelles à son temps ou à son pays et de convictions qui ont grandi en lui sans la coopération ni le consentement de la raison.

    Pour un tel individu, le monde tend à devenir défini, fini, évident ; les objets ordinaires ne font pas naître de questions et les possibilités peu familières sont rejetées avec mépris. Dès que nous commençons à penser conformément à la philosophie, au contraire, nous voyons, comme il a été dit dans nos premiers chapitres, que même les choses les plus ordinaires de la vie quotidienne posent des problèmes auxquels on ne trouve que des réponses très incomplètes. La philosophie, bien qu’elle ne soit pas en mesure de nous donner avec certitude la réponse aux doutes qui nous assiègent, peut tout de même suggérer des possibilités qui élargissent le champ de notre pensée et délivre celle-ci de la tyrannie de l’habitude. Tout en ébranlant notre certitude concernant la nature de ce qui nous entoure, elle accroît énormément notre connaissance d’une réalité possible et différente ; elle fait disparaître le dogmatisme quelque peu arrogant de ceux qui n’ont jamais parcouru la région du doute libérateur, et elle garde intact notre sentiment d’émerveillement en nous faisant voir les choses familières sous un aspect nouveau.

    Bertrand Russell, Problèmes de philosophie (1912)

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  • Descartes : Peut-on vivre sans philosopher?

    Descartes : Peut-on vivre sans philosopher?
    J’aurais voulu premièrement y expliquer ce que c’est que la philosophie, en commençant par les choses les plus vulgaires, comme sont : que ce mot philosophie signifie l’étude de la sagesse, et que par la sagesse on n’entend pas seulement la prudence dans les affaires mais une parfaite connaissance de toutes les choses que l’homme peut savoir, tant pour la conduite de sa vie que pour la conservation de sa santé et 1’invention de tous les arts ; et qu’afin que cette connaissance soit telle, il est nécessaire qu’elle soit déduite des premières causes, en sorte que pour étudier à l’acquérir, ce qui se nomme proprement philosopher, il faut commencer par la recherche de ces premières causes, c’est-à-dire des principes ; et que ces principes doivent avoir deux conditions : l’une, qu’ils soient si clairs et si évidents que l’esprit humain ne puisse douter de leur vérité lorsqu’il s’applique avec attention à les considérer, l’autre, que ce soit d’eux que dépende là connaissance des autres choses, en sorte qu’ils puissent être connus sans elles, mais non pas réciproquement elles sans eux ; et qu’après cela il faut tâcher de déduire tellement de ces principes la connaissance des choses qui en dépendent, qu’il n’y ait rien en toute la suite des déductions qu’on en fait qui ne soit très manifeste. Il n’y a véritablement que Dieu seul qui soit parfaitement sage c’est-à-dire : qui ait l’entière connaissance de la vérité de toutes choses ; mais on peut dire que les hommes ont plus ou moins de sagesse à raison de ce qu’ils ont plus ou moins de connaissance des vérités plus importantes. Et je crois qu’il n’y a rien en ceci dont tous les doctes ne demeurent d’accord.

    J’aurais ensuite fait considérer l’utilité de cette philosophie, et montré que, puisqu’elle s’étend à tout ce que l’esprit humain peut savoir, on doit croire que c’est elle seule qui nous distingue des plus sauvages et barbares, et que chaque nation est d’autant plus civilisée et polie que les hommes y philosophent mieux ; et ainsi que c’est le plus grand bien qui puisse être en un État que d’avoir de vrais philosophes. Et outre cela que, pour chaque homme en particulier, il n’est pas seulement utile de vivre avec ceux qui s’appliquent à cette étude, mais qu’il est incomparablement meilleur de s’y appliquer soi-même ; comme sans doute il vaut beaucoup mieux se servir de ses propres yeux pour se conduire, et jouir par même moyen de la beauté des couleurs et de la lumière, que non pas de les avoir fermés et suivre la conduite d’un autre ; mais ce dernier est encore meilleur que de les tenir fermés et n’avoir que soi pour se conduire. C’est proprement avoir les yeux fermés, sans tâcher jamais de les ouvrir, que de vivre sans philosopher ; et le plaisir de voir toutes les choses que notre vue découvre-n’est point comparable à la satisfaction que donne la connaissance de celles qu’on trouve par la philosophie ; et, enfin, cette étude est plus nécessaire pour régler nos mœurs et nous conduire en cette vie, que n’est l’usage de nos yeux pour guider nos pas. Les bêtes brutes, qui n’ont que leur corps à conserver, s’occupent continuellement à chercher de quoi le nourrir ; mais les hommes, dont la principale partie est l’esprit, devraient employer leurs principaux soins à la recherche de la sagesse, qui en est la vraie nourriture ; et je m’assure aussi qu’il y en a plusieurs qui n’y manqueraient pas, s’ils avaient espérance d’y réussir, et qu’ils sussent combien ils en sont capables. Il n’y a point d’âme tant soit peu noble qui demeure si fort attachée aux objets des sens qu’elle ne s’en détourne quelquefois pour souhaiter quelque autre plus grand bien, nonobstant qu’elle ignore souvent en quoi il consiste. Ceux que la fortune favorise le plus, qui ont abondance de santé, d’honneurs, de richesses, ne sont pas plus exempts de ce désir que les autres ; au contraire, je me persuade que ce sont eux qui soupirent avec le plus d’ardeur après un autre bien, plus souverain que tous ceux qu’ils possèdent.

    René Descartes, Principes de la philosophie (1647)

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  • Descartes : La vraie philosophie

    Il doit commencer tout de bon à s’appliquer à la vraie philosophie, dont la première partie est la métaphysique qui contient les principes de la connaissance entre lesquels est l’explication des principaux attributs de Dieu, de l’immatérialité de nos âmes et de toutes les notions claires et simples qui sont en nous. La seconde est la physique, en laquelle, après avoir trouvé les vrais principes des choses matérielles, on examine en général comment l’univers est composé... En suite de quoi il est besoin aussi d’examiner en particulier la nature des plantes, celle des animaux, et surtout celle de l’homme... Ainsi toute la philosophie est comme un arbre dont les racines sont la métaphysique, le tronc est la physique et les branches qui sortent de ce tronc sont toutes les autres sciences.

    René Descartes, Principes de la philosophie (1647)

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  • "Le banquet"

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  • During : Philosophie et science-fiction

    On pourrait dire, pour faire bref, qu'il est essentiel à la science-fiction de produire des fictions de monde qui soient moins des mondes fictifs que des conjectures. L'effet propre des conjectures est de remettre en jeu des visions du monde, en testant la consistance des univers qu'elles produisent : non pas simplement des constructions "imaginaires", aussi profondes soient-elles, mais des procédures de variation destinées à révéler les présupposés latents de nos propres schémas de pensée, à mettre à l'épreuve la fermeté ou la cohérence de certaines doctrines, la nécessité ou la contingence de leurs catégories ou de leurs principes, pour autant qu'ils prétendent configurer un monde en général. Philip K. Dick disait en ce sens que le vrai héro d'un roman de science-fiction n'est jamais un personnage, mais une idée nouvelle dont on étudie les développements logiques et narratifs, en la faisant prendre corps en un lieu et un temps donnés, dans le cadre d'une société et d'un monde possibles.

    Ainsi s'éclaire le rapport particulier qu'entretient la science-fiction au savoir scientifique d'un côté, à la philosophie de l'autre. Comme l'explique Guy Lardreau, la science-fiction dans sa vocation proprement spéculative "ne mobilise pas une philosophie, elle a pour ambition, parfois avouée, en tout cas la plus profonde, de se substituer à la philosophie." En construisant des mondes ou en en défaisant d'autres, elle reflète dans l'ordre de l'imaginaire et de la fiction la question insistante de la philosophie elle-même : celle de la consistance de la réalité ou de l'expérience que nous pouvons en faire. Au revers de ses fictions et de ses symboles, elle fait pressentir la tension de la pensée vers un Autre absolu du monde (quel que soit le nom qui le désigne : Un, Réel, etc.), qui résiste au savoir et projette du même coup sur l'ensemble de notre "réalité" une atmosphère d'étrangeté qui n'est pas sans rapport avec l'affect fondamental de la philosophie, l'étonnement.

    Elie During, La matrice à philosophies (2003)

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  • Premières séances de la saison 11

    Le café philosophique de Montargis proposera la première séance de la saison 11 le vendredi 4 octobre 2019 à 19 heures au Belman. Il s'agira d'une soirée spéciale "10 ans du Café philo". le débat portera sur cette question : "Un bon philosophe a-t-il toujours raison?

    La séance spéciale aura lieu le vendredi 15 novembre 2019, 19 heures, au Belman. Le sujet du débat sera choisi par les participants du débat du 4 octobre.

    Le vendredi 6 décembre à 18 heures, le café philosophie proposera une séance spéciale à la médiathèque de Montargis, sur le thème de l'art. Quatre sujets seront proposés : "Que dit le musée de nous-même ?", "L’art a-t-il vraiment un but ?" "L’art doit-il toujours se prendre au sérieux ?" et "Peut-on tirer des leçons de l’histoire de l’art ?"

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  • Comte-Sponville : Quel est le but de la philosophie ?

    Si l'on demande à quoi sert la philosophie, la première réponse qui vient à l'esprit est : à rien ! Ce n'est pas forcément une manière de la condamner. Plusieurs philosophes vous diront que cette absence d'utilité la rend au contraire infiniment précieuse dans un monde où tout sert à quelque chose. « L'utile est toujours laid », disait Théophile Gautier, et certains auront tendance à penser que la philosophie est d'autant plus belle qu'elle est inutile. Telle n'est pas ma pensée. (...)
    Il est vrai qu'il y a des tas de choses tout à fait estimables qui ne servent à rien. La musique, l'amour, le plaisir, en un sens, ne servent à rien. Et le bonheur, à quoi sert-il ? A rien, bien sûr ! Cela n'empêche pourtant pas que l'on fasse de la musique, que l'on fasse l'amour, ou que l'on tente d'être heureux... Mais c'est qu'on recherche le plaisir, l'amour ou le bonheur pour eux-mêmes : l'agrément qu'il y a à jouir, à aimer, à être heureux se suffit à lui-même. Est-ce le cas de philosophie ?

    Soyons franc : elle frappe par sa difficulté plutôt que par son agrément. Elle est fatigante, ennuyeuse, angoissante parfois. À tel point que si, vraiment, elle ne servait à rien, on en déconseillerait la tentative à tout un chacun. Plutôt qu'un plaisir ou un art, la philosophie est d'abord un travail. Elle n'est pas que cela. Mais je crois qu'elle est avant tout un travail, avec tout ce que le travail a de pénible et souvent d'ingrat. Comme tout travail doit servir à quelque chose, la question devient : à quoi sert la philosophie ? A-t-elle un enjeu pratique ? Je crois que oui. La philosophie sert à vivre, simplement. Son but est à mes yeux le bien-vivre ou le mieux-vivre, c'est-à-dire le bonheur, ou qui peut nous en rapprocher.

    En faisant du bonheur le but de la philosophie, je m'appuie sur une tradition fort ancienne et multiforme, et d'abord sur la tradition grecque. J'en extrairais volontiers la belle définition de la philosophie que donnait Épicure, et qui va à l'encontre de l'opinion reçue selon laquelle on ne pourrait définir ce qu'est la philosophie. « La philosophie, disait Épicure, est une activité qui, par des discours et des raisonnements nous procure la vie heureuse. » J'aime tout, dans cette définition. Que la philosophie y soit une activité, et pas seulement une théorie. Qu'elle procède par discours et raisonnements, et pas seulement par intuitions et visions. Qu'elle tende au bonheur !

    Je donnerai pour ma part la même définition quant au fond, formulée dans un langage peut-être plus moderne : la philosophie est une activité discursive, qui a la vie pour objet, la raison pour moyen et le bonheur pour but. Je pense répondre ainsi aux deux questions : « Qu'est-ce que la philosophie et à quoi sert-elle ? » Car ces deux questions n'en font qu'une. Inutile de préciser que cette définition est mienne. Elle ne prétend pas valoir pour toutes les philosophies. Mais cela même est philosophique.

    Il faut encore préciser. Dire que la philosophie sert à vivre mieux, à être plus heureux, n'est évidemment pas à entendre comme l'annonce qu'il existerait des spécialistes à même de faire votre bonheur à votre place, tout comme une femme de ménage peut faire votre ménage pour que vous n'ayez pas à le faire. Les philosophes ne sont pas les femmes de ménage de l'esprit. Leur existence ne saurait vous dispenser de philosopher. Ils ne peuvent servir qu'à vous aider à philosopher vous-même, par vous-même, pour vous-même.

    C'est parce que la philosophie sert à vivre qu'elle ne peut appartenir en propre aux philosophes de métier. Et c'est pourquoi aussi personne ne peut se dispenser de philosopher. Dès lors qu'on essaie de penser sa vie et de vivre sa pensée, on philosophe, peu ou prou, et plus ou moins bien. Les grands auteurs nous aident seulement à philosopher un peu mieux.

    Il reste encore à préciser que si le bonheur est le but de la philosophie, il n'est pas sa norme. Ce n'est pas parce qu'une idée me rend heureux que je dois la penser ; c'est uniquement parce qu'elle me paraît vraie. Il ne s'agit donc pas de penser ce qui me rend heureux, ce qui serait faire du bonheur la norme et soumettre la philosophie à une espèce de pragmatisme éthique. Il s'agit de penser ce qui me paraît vrai. Or s'il y a contradiction entre ces deux exigences, la normativité du vrai et la finalité du bonheur, la dignité du philosophe se joue toute entière dans le fait qu'il choisit la vérité. Si quelqu'un a le choix entre un bonheur et une vérité, il n'est philosophe qu'en tant qu'il choisit la vérité.

    Cet amour du vrai me semble commun à tous les philosophes. À tel point que ceux qui ne se soumettraient pas à cette norme de la vérité, de mon point de vue, ne seraient plus des philosophes, mais bien ce que la tradition appelle des sophistes. Car si la philosophie sert à quelque chose, c'est en fin de compte à chercher le bonheur dans la vérité. Le but et la norme de la philosophie se rencontre ici, et cette rencontre, quand elle est effective, définit la sagesse. Ce bonheur ne serait pas fait, comme la plupart des plaisirs contingents. Ni d'illusions et de mensonges. Ce bonheur serait fait de vérité, et c'est ce qu'on appelle la béatitude : le bonheur dans la vérité, ou l'amour vrai du vrai.

    André Comte-Sponville, Une éducation philosophique (1989)

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  • Hegel : La philosophie une affaire sérieuse

    Il paraît particulièrement nécessaire de faire de nouveau de la philosophie une affaire sérieuse. Pour toutes les sciences, les arts, les talents, les techniques, prévaut la conviction qu'on ne les possède pas sans se donner de la peine et sans faire l'effort de les apprendre et de les pratiquer. Si quiconque ayant des yeux et des doigts, à qui on fournit du cuir et un instrument, n'est pas pour cela en mesure de faire des souliers, de nos jours domine le préjugé selon lequel chacun sait immédiatement philosopher et apprécier la philosophie puisqu'il possède l'unité de mesure nécessaire dans sa raison naturelle - comme si chacun ne possédait pas aussi dans son pied la mesure d'un soulier. Il semble que l'on fait consister proprement la possession de la philosophie dans le manque de connaissances et d'études, et que celle-là finit où celles-ci commencent.

    Hegel, Phénoménologie de l'esprit (1807)

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  • Satie : La Mort de Socrate

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  • Gounelle : Le philosophe qui n'était pas sage

    Ah !, le quotidien.. Comme il est plus aisé de disserter sur les grands principes que de faire face au jour le jour aux soucis qui se mettent en travers de son chemin.. .Mais il avait quand même, au fil des ans, remporté d'infimes victoires sur lui-même, commençant progressivement à lâcher prise sur son image,l'envie d'être reconnu, le besoin d'avoir raison, s'abstenant de réagir sans cesse aux critiques injustifiées ou aux méchancetés des autres, apprenant lentement à tourner la page des regrets, à renoncer à la nostalgie des bonheurs passés, ces sables mouvants de mélancolie dans lesquels il avait souvent eu la complaisance de s'abandonner. Il était même parvenu à se libérer un peu, juste un peu, de l'étreinte des envies, apprenant à jouir davantage de chaque instant de la vie, de ses relations, de son travail, sans rien désirer d'autre que ce qu'il avait déjà...

    Laurent Gounelle, Le philosophe qui n'était pas sage (2008)

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  • 10 ans du café philo

    C’est en octobre 2009 que le café philosophique de Montargis a été créé. À l’initiative de deux passionnés de philosophie, l’idée a été de créée à Montargis, au départ au cœur du quartier du centre commercial de la Chaussée, un café philosophique.

    Drôle d’idée, qui pouvait laisser sceptique autant, d’une part, les réfractaires à cette discipline considérée – à tort – comme inaccessible, et d’autre part, celles et ceux qui pensent que la philosophie ne pouvait être réservée qu’à une élite.

    Cette aventure, qui ne devait durer au départ que quelques mois et quatre ou cinq séances, s’est pourtant installée dans la durée : 10 ans, 11 saisons et près de 85 séances plus tard, le café philo continue sa route. Il est resté fidèle à ses idées du début – proposer des débats ouverts à tous et au monde, et sans jamais de parti-pris –, mais non sans avoir connu plusieurs changements : une équipe d’animateurs élargis, un nouveau lieu de rendez-vous (Le Belman), des cafés philos décentralisés (La médiathèque de Montargis, Les Tanneries, Le Vox), une série d’émission de radios et un site Internet riche et fourni.

    Pour fêter ses 10 ans, le café philo proposera un rendez-vous exceptionnel le vendredi 4 octobre 2019, avec pas mal de surprises à la clé.

    Le débat portera sur cette question : « Un bon philosophe a-t-il toujours raison ? »

    La participation sera, comme d’habitude, libre et gratuite.

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  • Séance spéciale 10 ans "Un bon philosophe a-t-il toujours raison ?"

    Le café philosophique de Montargis donne rendez-vous le vendredi 4 octobre 2019 au Belman pour une séance exceptionnelle spéciale 10 ans du Café philo. Il s'agira aussi de la première séance de sa 11ème saison.

    Le débat portera sur cette question : "Un bon philosophe a-t-il toujours raison ?"

    La participation sera libre et gratuite.

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  • Alain : Penser, c'est dire non

    Penser, c’est dire non. Remarquez que le signe du oui est d’un homme qui s’endort ; au contraire le réveil secoue la tête et dit non. Non à quoi ? Au monde, au tyran, au prêcheur ? Ce n’est que l’apparence. En tous ces cas-là, c’est à elle-même que la pensée dit non. Elle rompt l’heureux acquiescement. Elle se sépare d’elle-même. Elle combat contre elle-même. Il n’y a pas au monde d’autre combat. Ce qui fait que le monde me trompe par ses perspectives, ses brouillards, ses chocs détournés, c’est que je consens, c’est que je ne cherche pas autre chose. Et ce qui fait que le tyran est maître de moi, c’est que je respecte au lieu d’examiner. Même une doctrine vraie, elle tombe au faux par cette somnolence. C’est par croire que les hommes sont esclaves. Réfléchir, c’est nier ce que l’on croit. Qui croit ne sait même plus ce qu’il croit. Qui se contente de sa pensée ne pense plus rien.

    Alain, Propos (1951)

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  • Un bon philosophe a-t-il toujours raison ?

    C’est en octobre 2009 que le café philosophique de Montargis a été créé. À l’initiative de deux passionnés de philosophie, l’idée a été de créée à Montargis, au départ au coeur du quartier du centre commercial de la Chaussée, un café philosophique.

    Drôle d’idée, qui pouvait laisser sceptique autant, d’une part, les réfractaires à cette discipline considérée – à tort – comme inaccessible, et d’autre part, celles et ceux qui pensent que la philosophie ne pouvait être réservée qu’à une élite.

    Cette aventure, qui ne devait durer au départ que quelques mois et quatre ou cinq séances, s’est pourtant installée dans la durée : 10 ans, 11 saisons et près de 85 séances plus tard, le café philo continue sa route. Il est resté fidèle à ses idées du début – proposer des débats ouverts à tous et au monde, et sans jamais de parti-pris –, mais non sans avoir connu plusieurs changements : une équipe d’animateurs élargis, un nouveau lieu de rendez-vous (Le Belman), des cafés philos décentralisés (La médiathèque de Montargis, Les Tanneries, Le Vox), une série d’émission de radios et un site Internet riche et fourni.

    Pour fêter ses 10 ans, le café philo proposera un rendez-vous exceptionnel le vendredi 4 octobre 2019, avec pas mal de surprises à la clé.

    Le débat portera sur cette question : « Un bon philosophe a-t-il toujours raison ? »

    La participation sera, comme d’habitude, libre et gratuite.

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  • Coup de projecteur sur le Café Art & Culture de Montargis

    Le "Cercle Littéraire Curtinien" et l'association "Art et Culture Montargis" recevront au Belman, le vendredi 20 septembre 2019 à 18h, la chanteuse Stone (du fameux duo Stone & Charden).

    Au programme :
    - 1ère partie à l'hôtel de France (entrée gratuite) : séance de dédicaces et entretien autour de son livre autobiographique, Complètement Stone.

    - 2ème partie à Courtenay, à 20h (repas sur réservation) : séance de dédicaces et échange avec les convives au café Le Bise Trot - 19 rue de Villeneuve.

    Réservation du repas auprès de Michelle Georgel : 06 86 30 12 19

    http://www.art-et-culture-montargis.com

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  • Annonce : café philo à la médiathèque de Montargis en décembre

    Capture.JPG

    Nous annonçons avec la médiathèque de Montargis le café philo spécial qui aura lieu à la médiathèque de Montargis le vendredi 6 décembre à 18 heures.

    Programmation Médiathèque Montargis, dernier trimestre 2019

    Lien permanent Catégories : =>Saison. 11, [86] Séance Médiathèque de Montargis, l'art Imprimer 0 commentaire Pin it!
  • Bilan de la saison 10 en attendant la saison 11

    Pour la saison 10 du café philo, 9 séances ont été proposées, "Va-t-on trop vite?", "Obéir ou désobéir?", "Peut-on être seul•e au milieu des autres?", "Le désir n'est-il que le manque?", "Est-on possesseur de son corps?", "Un bon artiste est-il un artiste mort ?", "Peut-on se mettre à la place des autres?", "Les hommes ont-ils besoin d'être gouvernés?" et "Les apparences sont-elles toujours trompeuse ?"

    Ces séances ont réuni en moyenne une quarantaine de personnes, des participants qui sont pour beaucoup dans la pérennité de l'animation philosophique de Montargis.

    Durant cette saison, deux séances exceptionnelles ont eu lieu, des séances décentralisées : la première au Vox de Château-Renard, pour la première fois ("Obéir ou désobéir?") et la seconde à la Médiathèque de Montargis qui nous accueillait pour la deuxième année consécutive ("Un bon artiste est-il un artiste mort ?").

    En attendant la saison 11 qui commencera le 4 octobre avec une séance spéciale 11e anniversaire ("Un bon philosophe a-t-il toujours raison?"), nous vous souhaitons de bonnes vacances.

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