Café philo décembre 100e
Café philosophique de Montargis - Page 29
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Prochain rendez-vous du café philo : bientôt...
Le café philosophique de Montargis continue sur Internet.
Nous continuerons à publier sur ce site textes, musiques, vidéos et documents pendant toute cette période si particulière.
Le prochain café philo aura pour titre ce sujet : "Peut-on réussir sans aucun effort ni aucun talent ?"
Photo : P.C., Pexels
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Annulation du café philo prévu le 20 mars 2020
Le café philosophique de Montargis vous informe que suite aux mesures de précautions prises au niveau national en raison de la crise du Covid-19, le café philo prévu le vendredi 20 mars est annulé.
Nous vous tiendrons très bientôt au courant de la suite de la programmation du café philosophique.
Merci de votre attention.
Photo : Madison Inouye - Pexels
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Merci aux participants de la séance du 6 mars
Le café philosophique de Montargis se réunissait pour une séance exceptionne au Hangar de Châlette-sur-Loing le vendredi 6 mars. Le débat portait autour de cette question : "L femme est-elle un homme comme les autres?"
Environ 50 personnes étaient présentes pour cette séance. Merci à l'équipe du Hangar et à l'association Femmes solidaires pour leur accueil.
La prochaine séance au Belman de Montargis aura lieu le vendredi 20 mars 2020 pour une séance autour de ce sujet : "Peut-on réussir sans aucun effort ni aucun talent ?"
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La femme est-elle un homme comme les autres?
Le café philosophique de Montargis proposera une séance exceptionnelle au Hanger de Châlette-sur-Loing à 19 heures, dans le cadre d'une représentation des Monologues du Vagin. Cette pièce de théâtre emblématique sera proposée par la Compagnie Je Est Un Autre.
Le café philosophique de Montargis proposera avant cette représentation une séance autour du droit des femmes. Le débat portera sur cette question : "La femme est-elle un homme comme les autres ?"
La question de la place de la femme dans la société et de l'égalité homme-femme sont des sujets toujours brûlant, spécialement depuis les mouvements #MeToo ou Balance Ton Porc. Le café philosophique de Montargis proposera de débattre autour de la question de l’égalité hommes-femmes et du sexe. Comment définir un homme et une femme ? Quels rôles leur attribue-t-on ? Ces rôles sont-ils interchangeables ? Une égalité du genre doit-elle conduire à une indifférenciation des rôles ? Quid du féminisme ?
Ce sont autant de points qui seront discutés et débattus le vendredi 6 mars, à partir de 19 heures au Hanger de Châlette-sur-Loing.
La participation sera libre et gratuite.
Photo : Catherine - Pexels
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"Christine"
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Beauvoir : Fille ou garçon
C'est ici que les petites filles vont d'abord apparaître comme privilégiées. Un second sevrage, moins brutal, plus lent que le premier, soustrait le corps de la mère aux étreintes de l'enfant ; mais c'est aux garçons surtout qu'on refuse peu à peu baisers et caresses ; quant à la fillette, on continue à la cajoler, on lui permet de vivre dans les jupes de sa mère, le père la prend sur ses genoux et flatte ses cheveux ; on l'habille avec des robes douces comme des baisers, on est indulgent à ses larmes et à ses caprices, on la coiffe avec soin, on s'amuse de ses mines et de ses coquetteries : des contacts charnels et des regards complaisants la protègent contre l'angoisse de la solitude. Au petit garçon, au contraire, on va interdire même la coquetterie, ses manoeuvres de séduction, ses comédies agacent. "Un homme ne demande pas qu'on l'embrasse... Un homme ne se regarde pas dans les glaces... Un homme ne pleure pas", lui dit-on. On veut qu'il soit "un petit homme" ; c'est en s'affranchissant des adultes qu'il obtiendra leur suffrage. Il plaira en ne paraissant pas chercher à plaire.
Beaucoup de garçons, effrayés de la dure indépendance à laquelle on les condamne, souhaitent alors être des filles ; au temps où on les habillait d'abord comme elles, c'est souvent avec des larmes qu'ils abandonnaient la robe pour le pantalon, qu'ils voyaient couper leurs boucles. Certains choisissent obstinément la féminité, ce qui est une des manières de s'orienter vers l'homosexualité : "Je souhaitai passionnément d'être fille et je poussai l'inconscience de la grandeur d'être homme jusqu'à prétendre pisser assis", raconte Maurice Sachs. Cependant si le garçon apparaît d'abord comme moins favorisé que ses soeurs, c'est qu'on a sur lui de plus grands desseins. Les exigences auxquelles on le soumet impliquent immédiatement une valorisation. Dans ses souvenirs Maurras raconte qu'il était jaloux d'un cadet que sa mère et sa grand-mère cajolaient : son père le saisit par la main et l'emmena hors de la chambre : "Nous sommes des hommes ; laissons ces femmes", lui dit-il. On persuade l'enfant que c'est à cause de la supériorité des garçons qu'il leur est demandé davantage ; pour l'encourager dans le chemin difficile qui est le sien, on lui insuffle l'orgueil de sa virilité.
Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe, tome 1 (1949)
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Beauvoir : "On ne naît pas femme : on le devient"
On ne naît pas femme : on le devient. Aucun destin biologique, psychique, économique ne définit la figure que revêt au sein de la société la femelle humaine ; c'est l'ensemble de la civilisation qui élabore ce produit intermédiaire entre le mâle et le castrat qu'on qualifie de féminin. Seule la médiation d'autrui peut constituer un individu comme un Autre. En tant qu'il existe pour soi, l'enfant ne saurait se saisir comme sexuellement différencié. Chez les filles et les garçons, le corps est d'abord le rayonnement d'une subjectivité, l'instrument qui effectue la compréhension du monde : c'est à travers les yeux, les mains, non par les parties sexuelles qu'ils appréhendent l'univers. Le drame de la naissance, celui du sevrage se déroulent de la même manière pour les nourrissons des deux sexes ; ils ont les mêmes intérêts et les mêmes plaisirs ; la succion est d'abord la source de leurs sensations les plus agréables ; puis ils passent par une phase anale où ils tirent leurs plus grandes satisfactions des fonctions excrétoires qui leur sont communes ; leur développement génital est analogue ; ils explorent leur corps avec la même curiosité et la même indifférence ; du clitoris et du pénis ils tirent un même plaisir incertain ; dans la mesure où déjà leur sensibilité s'objective, elle se tourne vers la mère : c'est la chair féminine douce, lisse élastique qui suscite des désirs sexuels et ces désirs sont préhensifs ; c'est d'une manière agressive que la fille, comme le garçon, embrasse sa mère, la palpe, la caresse ; ils ont la même jalousie s'il naît un nouvel enfant ; ils la manifestent par les mêmes conduites : colères, bouderie, troubles urinaires ; ils recourent aux mêmes coquetteries pour capter l'amour des adultes. Jusqu'à douze ans la fillette est aussi robuste que ses frères, elle manifeste les mêmes capacités intellectuelles ; il n'y a aucun domaine où il lui soit interdit de rivaliser avec eux. Si, bien avant la puberté, et parfois même dès sa toute petite enfance, elle nous apparaît déjà comme sexuellement spécifiée, ce n'est pas que de mystérieux instincts immédiatement la vouent à la passivité, à la coquetterie, à la maternité : c'est que l'intervention d'autrui dans la vie de l'enfant est presque originelle et que dès ses premières années sa vocation lui est impérieusement insufflée.
Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe, tome 1 (1949)
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"Mai 68 vu par les femmes: la prise de conscience du machisme"
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Beauvoir : "Laissez-nous exister avant de nous demander de justifier notre existence"
Comment les femmes auraient-elles jamais eu du génie alors que toute possibilité d’accomplir une œuvre géniale – ou même une œuvre tout court – leur était refusée ? La vieille Europe a naguère accablé de son mépris les Américains barbares qui ne possédaient ni artistes ni écrivains : « Laissez-nous exister avant de nous demander de justifier notre existence », répondit en substance Jefferson. Les Noirs font les mêmes réponses aux racistes qui leur reprochent de n’avoir produit ni un Whitman ni un Melville. Le prolétariat français ne peut non plus opposer aucun nom à ceux de Racine ou de Mallarmé. La femme libre est seulement en train de naître ; quand elle se sera conquise, peut-être justifiera-t-elle la prophétie de Rimbaud : « Les poètes seront ! Quand sera brisé l’infini servage de la femme, quand elle vivra pour elle et par elle, l’homme – jusqu’ici abominable – lui ayant donné son renvoi, elle sera poète elle aussi ! La femme trouvera l’inconnu ! Ses mondes d’idées différeront-ils des nôtres ? Elle trouvera des choses étranges, insondables, repoussantes, délicieuses, nous les prendrons, nous les comprendrons ». Il n’’est pas sûr que ces « mondes d’idées » soient différents de ceux des hommes puisque c’est en s’assimilant à eux qu’elle s’affranchira ; pour savoir dans quelle mesure elle demeurera singulière, dans quelle mesure ces singularités garderont de l’importance, il faudrait se hasarder à des anticipations bien hardies. Ce qui est certain, c’est que jusqu’ici les possibilités de la femme ont été étouffées et perdues pour l’humanité et qu’il est grand temps dans son intérêt et dans celui de tous qu’on lui laisse enfin courir toutes ses chances.
Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe (1949)
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Pfefferkorn : Sexe et genre (2)
Le mot sexe se réfère aux différences biologiques entre mâles et femelles... Le genre, lui, est une question de culture... Les connexions entre la nature et la culture, ici entre le sexe et le genre, sont elles-mêmes sociales, culturelles et historiques, elles n’ont rien de naturel. Dans cette perspective, le masculin et le féminin sont imposés culturellement au mâle et à la femelle pour en faire un homme et une femme... La définition du masculin et du féminin renvoie désormais à des constructions ou des productions sociales et à des stéréotypes sociaux.
Roland Pfefferkorn, Inégalités et rapports sociaux (2007)
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Pfefferkorn : Sexe et genre
Le mot sexe se réfère aux différences biologiques entre mâles et femelles... Le genre, lui, est une question de culture... Les connexions entre la nature et la culture, ici entre le sexe et le genre, sont elles-mêmes sociales, culturelles et historiques, elles n’ont rien de naturel. Dans cette perspective, le masculin et le féminin sont imposés culturellement au mâle et à la femelle pour en faire un homme et une femme... La définition du masculin et du féminin renvoie désormais à des constructions ou des productions sociales et à des stéréotypes sociaux.
Roland Pfefferkorn, Inégalités et rapports sociaux (2007)
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Pfefferkorn : Le concept de patriarcat
Le concept de patriarcat présente deux avantages majeurs. En premier lieu, il permet d’insister sur le fait que l’oppression des femmes résulte d’un fonctionnement systémique qui n’est en aucun cas réductible au système capitaliste. En second lieu, il permet d’introduire la question de l’exploitation par les hommes du travail effectué par les femmes dans le cadre domestique. Il met par conséquent l’accent sur une dimension matérielle de l’oppression qui va bien au-delà de la seule référence à la domination.
Roland Pfefferkorn, Inégalités et rapports sociaux (2007)
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La valise philosophique du mois : les femmes et le mensonge
La "Valise philosophique" du café philo est toujours disponible et vous accompagne pour illustrer nos débats.
Comme pour chaque séance, nous vous avons préparé des documents, textes, extraits de films ou de musiques servant à illustrer et enrichir les débats mensuels.
Sur la colonne de droite, vous pouvez retrouver les documents autour de la séance spéciale du vendredi 6 mars 2020 qui aura pour thème : "La femme est-elle un homme comme les autres?"
Restez attentifs : régulièrement de nouveaux documents viendront alimenter cette rubrique d'ici la séance.
Photo : VisionPic .net - Pexels
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Rousseau : Les inégalités
C’est de l’homme que j’ai à parler, et la question que j’examine m’apprend que je vais parler à des hommes, car on n’en propose point de semblables quand on craint d’honorer la vérité. Je défendrai donc avec confiance la cause de l’humanité devant les sages qui m’y invitent, et je ne serai pas mécontent de moi-même si je me rends digne de mon sujet et de mes juges.
Je conçois dans l’espèce humaine deux sortes d’inégalités ; l’une que j’appelle naturelle ou physique parce qu’elle est établie par la nature, et qui consiste dans la différence des âges, de la santé, des forces du corps et des qualités de l’esprit, ou de l’âme; l’autre qu’on peut appeler inégalité morale ou politique parce qu’elle dépend d’une sorte de convention, et qu’elle est établie, ou du moins autorisée par le consentement des hommes. Celle-ci consiste dans les différents privilèges dont quelques-uns jouissent, au préjudice des autres, comme d’être plus riches, plus honorés, plus puissants qu’eux, ou même de s’en en faire obéir.
On ne peut pas demander quelle est la source de l’inégalité naturelle, parce que la réponse se trouverait énoncée dans la simple définition du mot : on peut encore moi chercher s’il n’y aurait point quelque liaison essentielle entre les deux inégalités; car ce serait demander, en d’autres termes, si ceux qui commandent valent nécessairement mieux que ceux qui obéissent et si la force du corps ou de l’esprit, la sagesse ou la vertu, se trouvent toujours dans les mêmes individus en proportion de la puissance ou de la richesse. Question bonne peut-être à agiter entre des esclaves entendus de leurs maîtres, mais qui ne convient pas à des hommes raisonnables et libres qui cherchent la vérité.»
Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’inégalité et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755)
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"Drôle d'époque"
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Bourdieu : La domination masculine
Pour comprendre la domination masculine qui est une forme particulière et particulièrement accomplie de la violence symbolique [...), on peut s’appuyer sur l’analyse d’un ordre institutionnel qui, comme toute institution, existe de deux façons, d’une part, dans les choses, sous forme, par exemple, de divisions spatiales entre les espaces féminins et les espaces masculins, sous forme d’instruments différenciés, masculins ou féminins, etc. et, d’autre part, dans les cerveaux, dans les esprits, sous forme de principes de vision et de division, de taxinomies, de principes de classement...
La forme spécifique de la domination masculine (est) la violence symbolique comme contrainte par corps. Pour que la domination symbolique fonctionne, il faut que les dominés aient incorporé les structures selon lesquelles les dominants les perçoivent ; que la soumission ne soit pas un acte de la conscience, susceptible d’être compris dans la logique de la contrainte ou dans la logique du consentement alternative...
Le fondement de la situation dominée de la femme, et sa perpétuation par-delà les différences temporelles et spatiales, réside dans le fait que, dans cette économie, elle est plutôt objet que sujet... Je retiendrai seulement le rôle passif, celui qui est conféré à la femme dans cette logique et qui me semble être au fondement, encore aujourd’hui, du rapport que les femmes entretiennent avec leur corps et qui tient au fait que leur être social est un être-perçu, un percipi, un être pour le regard et, si je puis dire, par le regard et susceptible d’être utilisé, à ce titre, comme un capital symbolique. L’aliénation symbolique à laquelle elles sont condamnées du fait qu’elles sont vouées à être perçues et à se percevoir à travers les catégories dominantes, c’est-à-dire masculines, se retraduit dans l’expérience même que les femmes ont de leur corps et du regard des autres.
Pierre Bourdieu, Nouvelles réflexions sur la domination masculine (2002)
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Beauvoir : Le féminin et la passivité
Ainsi, la passivité qui caractérisera essentiellement la femme "féminine" est un trait qui se développe en elle dès ses premières années. Mais il est faux de prétendre que c’est là une donnée biologique ; en vérité, c’est un destin qui lui est imposé par ses éducateurs et par la société... On lui apprend que pour plaire il faut chercher à plaire, il faut se faire objet ; elle doit donc renoncer à son autonomie. On la traite comme une poupée vivante et on lui refuse la liberté ; ainsi se noue un cercle vicieux ; car moins elle exercera sa liberté pour comprendre, saisir et découvrir le monde qui l’entoure, moins elle trouvera en lui de ressources, moins elle osera s’affirmer comme sujet ; si on l’y encourageait, elle pourrait manifester la même exubérance vivante, la même curiosité, le même esprit d’initiative, la même hardiesse qu’un garçon.
Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe (1949)
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Beauvoir : On ne naît pas femme, on le devient
On ne naît pas femme : on le devient. Aucun destin biologique, psychique, économique ne définit la figure que revêt au sein de la société la femelle humaine ; c’est l’ensemble de la civilisation qui élabore ce produit intermédiaire entre le mâle et le castrat qu’on qualifie de féminin. Seule la médiation d’autrui peut constituer un individu comme un Autre. En tant qu’il existe pour soi, l’enfant ne saurait se saisir comme sexuellement différencié... Si, bien avant la puberté, et parfois même dès sa toute petite enfance, (la fille) nous apparaît déjà comme sexuellement spécifiée, ce n’est pas que de mystérieux instincts immédiatement la vouent à la passivité, à la coquetterie, à la maternité : c’est que l’intervention d’autrui dans la vie de l’enfant est presque originelle et que dès ses premières années sa vocation lui est impérieusement insufflée.
Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe (1949)
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Ils ont dit, au sujet du féminisme et de la femme
"Primitivement, il y avait trois espèces d'hommes, les uns tout hommes, les autres tout femmes, les troisièmes homme et femme, les Androgynes, espèce tout à fait inférieure aux deux premières." [Platon]
"Les hommes nés des hommes doubles s'aiment entre eux, comme les femmes nées des femmes doubles s'aiment entre elles, comme les femmes nées des Androgynes aiment les hommes, et comme les hommes nés de ces mêmes Androgynes ont de l'amour pour les femmes." [Platon]
"Malheureuse, tu as crié « ma belle ». Tu aurais fait du joli si tu avais dit ça à l’assemblée !" [Aristophane]
"La femme est un être occasionnel et accidentel" [Thomas d'Aquin]
"Je réponds qu'il était nécessaire qu’une femme soit faite, ainsi que le disent les Écritures, une aide pour l’homme ; en réalité pas comme une compagne aidant à d’autres travaux, car on dit que l’homme peut être plus efficacement aidé par un autre homme dans d’autres travaux ; mais elle est une aide au travail de reproduction." [Thomas d'Aquin]
"Par le mariage la femme devient libre, par lui, l’homme perd sa liberté." [Emmanuel Kant]
"Il n’y a que les femmes qui sachent aimer; les hommes n’y entendent rien." [Denis Diderot]
"Le seul aspect de la femme révèle qu’elle n’est destinée ni aux grands travaux de l’intelligence, ni aux grands travaux matériels. Elle paie sa dette à la vie non par l’action mais par la souffrance, les douleurs de l’enfantement, les soins inquiets de l’enfance ; elle doit obéir à l’homme, être une compagne patiente qui le rassérène." [Arthur Schopenhauer]
"En tout cas, puisque les lois ont accordé aux femmes les mêmes droits qu’aux hommes, elles auraient bien dû aussi leur conférer une raison virile." [Arthur Schopenhauer]
"Une moitié de l’espèce humaine est hors de l’égalité, il faut l’y faire rentrer : donner pour contrepoids au droit de l’homme le droit de la femme." [Victor Hugo]
"Ce qui dans la femme inspire le respect et bien souvent la crainte, c’est sa nature, plus « naturelle » que celle de l’homme (...) [et] le caractère insaisissable (...) de ses désirs et de ses vertus." [Friedrich Nietzsche]
"A supposer que la vérité soit femme, n’a-t-on pas lieu de soupçonner que tous les philosophes, pour autant qu’ils furent dogmatiques, n’entendent pas grand-chose aux femmes ?" [Friedrich Nietzsche]
"On ne fonde pas le mariage sur « l’amour », on le fonde sur l’instinct de l’espèce, sur l’instinct de propriété (la femme et les enfants étant des propriétés), sur l’instinct de la domination qui sans cesse s’organise dans la famille en petite souveraineté." [Friedrich Nietzsche]
"Tout homme porte en soi l’image de la femme qui lui vient de sa mère. C’est elle qui le détermine à respecter les femmes en général ou bien à les mépriser ou bien à ne sentir pour toutes qu’indifférence." [Friedrich Nietzsche]
"L’amour devient immense, nous ne songeons pas combien la femme réelle y tient peu de place." [Marcel Proust]
"De tout temps les hommes se sont creusé la tête sur l’énigme de la féminité... Vous aussi, vous ne vous êtes sans doute pas exclus de cette réflexion ; dans la mesure où vous êtes des hommes ; on ne l’attend pas des femmes qui se trouvent parmi vous, elles sont elles-mêmes cette énigme." [Sigmund Freud]
"Il nous faut maintenant reconnaître que la petite fille est un petit homme." [Sigmund Freud]
"Les femmes, c'est le continent noir." [Sigmund Freud]
"Après trente ans passés à étudier la psychologie féminine, je n’ai toujours pas trouvé de réponse à la grande question: Que veulent-elles au juste?" [Sigmund Freud]
"Appeler les femmes “le sexe faible” est une diffamation ; c’est l’injustice de l’homme envers la femme. Si la non-violence est la loi de l’humanité, l’avenir appartient aux femmes." [Gandhi]
"Le masculin et le féminin sont les créations culturelles d’une société fondée, entre autres hiérarchies, sur une hiérarchie de genre." [Pierre Bourdieu]
"On ne naît pas femme : on le devient." [Simone de Beauvoir]
"La passivité qui caractérisera essentiellement la femme "féminine" est un trait qui se développe en elle dès ses premières années. Mais il est faux de prétendre que c'est là une donnée biologique ; en vérité, c'est un destin qui lui est imposé par ses éducateurs et par la société." [Simone de Beauvoir]
"[L'homosexualité est] pour la femme une manière parmi d'autres de résoudre les problèmes posés par sa condition en général, par sa situation érotique en particulier." [Simone de Beauvoir]
"Les femmes se forgent à elles-mêmes les chaînes dont l’homme ne souhaite pas les charger." [Simone de Beauvoir]
Les droits abstraits sont bien loin d'être partout intégralement reconnus aux femmes : en Suisse, elles ne votent pas encore ; en France la loi de 1942 maintient sous une forme atténuée les prérogatives de l'époux. Et les droits abstraits, nous venons de le dire, n'ont jamais suffi à assurer à la femme une prise concrète sur le monde : entre les deux sexes, il n'y a pas aujourd'hui encore de véritable égalité." [Simone de Beauvoir]
"On persuade l'enfant que c'est à cause de la supériorité des garçons qu'il leur est demandé davantage ; pour l'encourager dans le chemin difficile qui est le sien, on lui insuffle l'orgueil de sa virilité." [Simone de Beauvoir]
"Les femmes : j'aimais les couleurs de leurs vêtements ; leur démarche ; la cruauté de certains visages ; de temps en temps, la beauté presque parfaite d'un autre visage, totalement et superbement féminin." [Charles Bukowski]
"Aliénant et culpabilisant pour les femmes, le mythe de l'instinct maternel se révèle ravageur pour les enfants, et en parti[culier pour les fils." [Élisabeth Badinter]
"L'amour maternel est infiniment complexe et imparfait. Loin d'être un instinct, il faut plutôt un petit miracle pour que cet amour soit tel qu'on nous le décrit." [Élisabeth Badinter]
Il faut être ignorant des problèmes identitaires pour croire qu'une même génération d'hommes, élevée dans l'ancien modèle, réussirait d'un coup le triple saut périlleux : la remise en question d'une virilité ancestrale, l'acceptation d'une féminité redoutée et l'invention d'une autre masculinité compatible avec elle." [Élisabeth Badinter]
Bander est le symbole de sa puissance et le pénis est une arme, disent les radicales américaines, dont l'homme se sert pour posséder et rabaisser la femme." [Élisabeth Badinter]
"Nous avons rappelé qu’une femme n’est pas femme du fait de sa nature biologique, mais d’abord du fait de sa place dans le système symbolique qui organise les sociétés et les lois de la parole et du langage." Markos Zafiropoulos]
"Penser la différence sexuelle, c’est jeter le doute, et permettre de libérer la phrase de la pensée. Libérer la pensée de la pensée." [Mireille Calle-Gruber]
"Cette affirmation de supériorité liée à des métaphores viriles, transparaît assez constamment dans les œuvres de la tradition philosophique." [Michèle Le Doeuff]
"Je dis "vagin" parce que je veux que cessent ces horreurs." [Eve Ensler]
"Nous n'avons jamais une relation simple, transparente, indéniable au sexe biologique." [Judth Butler]
"Nous ne pouvons pas ignorer la sédimentation des normes sexuelles. Nous avons besoin de normes pour que le monde fonctionne, mais nous pouvons chercher des normes qui nous conviennent mieux." [Judth Butler]
Photo : Elina Krima - Pexels
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"Tout peut changer, et les femmes comptaient à Hollywood ?"
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Ensler : Les monologues du vagin
"Vagin." Voilà, ça y est, je l’ai dit. "Vagin" - je le redis. Depuis que je travaille sur cette pièce, je le dis encore et encore. Je le dis au théâtre bien sûr, dans des facultés, dans des salons, dans des cafés, dans des dîners, à la radio, dans beaucoup de pays. Je le dis à la télé quand on me permet de le faire. Je le dis cent vingt trois fois quand je donne ce spectacle, Les Monologues du vagin, qui est fondé sur les interviews de plus de deux cents femmes à propos de leur vagin. Je le dis dans mon sommeil. Je le dis parce que je suis censée ne pas le dire. Je le dis parce que c’est un mot indicible - un mot qui provoque l’angoisse, la gêne, le mépris et le dégoût.
Je le dis parce que je crois que ce qu’on ne dit pas, on ne le voit pas, on ne le reconnaît pas, on ne se le rappelle pas. Ce qu’on ne dit pas devient un secret et les secrets souvent engendrent la honte, la peur et les mythes. Je le dis parce que je veux pouvoir un jour le dire naturellement, sans éprouver de honte ou de culpabilité.
Je le dis parce que je n’ai pas trouvé un mot qui soit plus général, qui décrive réellement toute cette zone et tout ce qui la compose. "Chatte" serait certainement un mot bien meilleur, mais il véhicule trop de choses. "Vulve" est un bon mot ; plus spécifique. Mais je crois que la plupart d’entre nous ne savent pas clairement ce qu’inclut la vulve.
Je dis "vagin", parce que depuis que j’ai commencé à le dire j’ai découvert à quel point j’étais morcelée, à quel point mon esprit était déconnecté de mon corps. Mon vagin était quelque chose là-bas, loin, très loin. Je vivais rarement en lui, je ne lui rendais même pas visite. Trop occupée à travailler, à écrire ; à être une mère, une amie. Je ne voyais pas mon vagin comme ma ressource essentielle, un lieu de subsistance, d’humour et de créativité. C’était une chose lourde, là, chargée de peur. J’avais été violée, petite fille, et bien que j’aie grandi et que j’aie fait tout ce qu’une adulte peut faire avec son vagin, je n’étais jamais vraiment revenue dans cette partie de mon corps après avoir été violée. En fait, j’avais vécu presque toute ma vie sans mon moteur, sans mon centre de gravité, sans mon deuxième cœur.Je dis "vagin" parce que je veux que les gens me répondent et ils le font. D’une façon ou d’une autre. Ils ont tout fait pour censurer le mot dans la communication, là où passaient Les Monologues du vagin : dans la pub des grands quotidiens, sur les affiches, sur les billets, sur les enseignes des théâtres, sur les répondeurs où une voix disait seulement Les Monologues ou les Monologues du V.
Et quand je demande : « Pourquoi ? "Vagin" n’est pas un mot pornographique. Ce n’est qu’un terme médical qui désigne une partie du corps, comme "coude", "main" ou "côte". »
On me dit : « Ce n’est peut-être pas pornographique, mais c’est sale. Si nos petites filles l’entendent, qu’allons-nous leur dire ? »Eve Ensler, Les Monologues du vagin (1996)
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La femme est-elle un homme comme les autres? 2
Le café philosophique de Montargis proposera une séance exceptionnelle au Hanger de Châlette-sur-Loing à 19 heures, dans le cadre d'une représentation des Monologues du Vagin.
Le débat portera sur cette question : "La femme est-elle un homme comme les autres ?" Un sujet qui avait fait l'objet d'un débat il y a quelques années.
La participation sera libre et gratuite.
Photo : Chelsi Peter - Pexels
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Les monologues du vagin
Depuis sa parution aux États-Unis en 1998, Les Monologues du vagin a déclenché un véritable phénomène culturel : rarement pièce de théatre aura été jouée tant de fois, en tant de lieux différents, devant des publics si divers… Mais que sont donc ces Monologues dans lesquels toutes les femmes se reconnaissent ? Il s’agit ni plus ni moins de la célébration touchante et drole du dernier des tabous : celui de la sexualité féminine. Malicieux et impertinent, tendre et subtil, le chef- d’œuvre d’Eve Ensler donne la parole aux femmes, à leurs fantasmes et craintes les plus intimes. Cette pièce est considérée comme un pilier du féminisme. À ce jour, la pièce a été traduite en 46 langues et interprétée dans plus de cent-trente pays.
Le Hangar, vendredi 6 mars à partir de 20h30
Théâtre à partir de 14 ans
Cie Je est un autre -
Merci aux participants de la séance du 21 février
Le café philosophique de Montargis se réunissait le vendredi 21 février. Le débat portait autour de cette question : "Peut-on mentir ?"
Environ 30 personnes étaient présentes pour cette séance. Merci à l'équipe de l'Hôtel de France et du Belman.
La prochaine séance sera exceptionnelle : le vendredi 6 mars, le café philo proposera une séance le 6 mars 2020 au Hanger de Châlette-sur-Loing, dans le cadre d'une représentation théâtrale Les Monologues du Vagin (20H30). La séance aura aura lieu à 19H et aura pour thème : "La femme est-elle un homme comme les autres ?"
Le vendredi 20 mars, le café philosophique de Montargis sera de retour au Belman pour une séance autour de ce sujet : "Peut-on réussir sans aucun effort ni aucun talent ?"
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Les autorités françaises ont-elles menties au sujet du nuage radioactif de Tcherbobyl ?
Vrai ou faux ? Mensonge ou non ? Après Tchernobyl, les autorités françaises ont-elles vraiment prétendu que le nuage radioactif s'était "arrêté à la frontière" ? Francetvinfo revient sur ce qui apparaît aujourd'hui comme une fake news : lire cette enquête ici.
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Devient-on quelqu’un d’autre quand on ment?
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"Le nuage radioactif de Tchernobyl ne touchera pas la France"
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Alain : Ce qu'est le mensonge
Le mensonge consiste à tromper, sur ce qu'on sait être vrai, une personne à qui l'on doit cette vérité-là. Le mensonge est donc un abus de confiance ; il suppose qu'au moins implicitement on a promis de dire la vérité. À quelqu'un qui me demande son chemin, il est implicite que je dois cette vérité-là ; mais non pas s'il me demande quels sont les défauts d'un de mes amis. Le juge lui-même admet qu'on ne prête point serment, si on est l'ami, l'employeur ou l'employé de l'inculpé. Et il peut être de notre devoir de refuser le serment (un prêtre au sujet d'une confession). Seulement refuser le serment c'est quelquefois avouer. Il faudrait alors jurer, et puis mentir ? Telles sont les difficultés en cette question, que les parents, les précepteurs et les juges ont intérêt à simplifier."
Alain, Définitions (1929-1934)
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Pascal : L'homme n'est que déguisement, mensonge et hypocrisie
Chaque degré de bonne fortune qui nous élève dans le monde nous éloigne davantage de la vérité, parce qu'on appréhende plus de blesser ceux dont l'affection est plus utile et l'aversion plus dangereuse. Un prince sera la fable de toute l'Europe, et lui seul n'en saura rien. Je ne m'en étonne pas : dire la vérité est utile à celui à qui on la dit, mais désavantageux à ceux qui la disent, parce qu'ils se font haïr. Or, ceux qui vivent avec les princes aiment mieux leurs intérêts que celui du prince qu'ils servent ; et ainsi, ils n'ont garde de lui procurer un avantage en se nuisant à eux-mêmes. Ce malheur est sans doute plus grand et plus ordinaire dans les plus grandes fortunes ; mais les moindres n'en sont pas exemptes, parce qu'il y a toujours quelque intérêt à se faire aimer des hommes. Ainsi la vie humaine n'est qu'une illusion perpétuelle ; on ne fait que s'entre-tromper et s'entre-flatter. Personne ne parle de nous en notre présence comme il en parle en notre absence. L'union qui est entre les hommes n'est fondée que sur cette mutuelle tromperie ; et peu d'amitiés subsisteraient, si chacun savait ce que son ami dit de lui lorsqu'il n'y est pas, quoiqu'il en parle alors sincèrement et sans passion. L'homme n'est donc que déguisement, que mensonge et hypocrisie, et en soi-même et à l'égard des autres. Il ne veut donc pas qu'on lui dise la vérité. Il évite de la dire aux autres ; et toutes ces dispositions, si éloignées de la justice et de la raison, ont une racine naturelle dans son cœur."
Blaise Pascal, Pensées (+1662)