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  • Madame de La Fayette : La Princesse de Clèves

    81NNH-z6yXL.jpgIl parut alors une beauté à la cour, qui attira les yeux de tout le monde, et l'on doit croire que c'était une beauté parfaite, puisqu'elle donna de l'admiration dans un lieu où l'on était si accoutumé à voir de belles personnes. Elle était de la même maison que le vidame de Chartres, et une des plus grandes héritières de France. Son père était mort jeune, et l'avait laissée sous la conduite de madame de Chartres, sa femme, dont le bien, la vertu et le mérite étaient extraordinaires. Après avoir perdu son mari, elle avait passé plusieurs années sans revenir à la cour. Pendant cette absence, elle avait donné ses soins à l'éducation de sa fille ; mais elle ne travailla pas seulement à cultiver son esprit et sa beauté ; elle songea aussi à lui donner de la vertu et à la lui rendre aimable. La plupart des mères s'imaginent qu'il suffit de ne parler jamais de galanterie devant les jeunes personnes pour les en éloigner. Madame de Chartres avait une opinion opposée ; elle faisait souvent à sa fille des peintures de l'amour ; elle lui montrait ce qu'il a d'agréable pour la persuader plus aisément sur ce qu'elle lui en apprenait de dangereux ; elle lui contait le peu de sincérité des hommes, leurs tromperies et leur infidélité, les malheurs domestiques où plongent les engagements ; et elle lui faisait voir, d'un autre côté, quelle tranquillité suivait la vie d'une honnête femme, et combien la vertu donnait d'éclat et d'élévation à une personne qui avait de la beauté et de la naissance. 

    Madame de La Fayette, La Princesse de Clèves (1878)

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  • Prochaine séance le 25 novembre 2022

    Le café philosophique de Montargis proposera sa prochaine séance le vendredi 25 novembre 2022 à 19 heures au Belman (entrée, Hôtel de France, Montargis).

    Le débat portera autour de cette question : "Sait-on ce que l'on désire ?"

    A bientôt.

    Affiche de la séance "Sait-on ce que l'on désire ?"

     

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  • Merci aux participants de la séance du 28 octobre à la Médiathèque

    Environ 30 personnes étaient présentes lors de la séance à la Médiathèque, le vendredi 28 octobre. Le sujet portait sur cette question : "A quoi bon voyager ?" Merci à tous les participants et à l'équipe de la Médiathèque et de l'AME. 

    L'équipe du café philo fixe d'ores et déjà son prochain rendez-vous le vendredi 25 novembre pour un débat qui aura pour sujet cette question : "Sait-on ce qu'on désire ?"

    A bientôt.

    Photo : Médiathèque de Montargis

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  • Tolkien : Bilbo le Hobbit

    9782013973014-T.jpgJe le crois aisément – dans ces parages ! Nous sommes des gens simples et tranquilles, et nous n’avons que faire d’aventures. Ce ne sont que de vilaines choses, des sources d’ennuis et de désagréments ! Elles vous mettent en retard pour le dîner ! Je ne vois vraiment pas le plaisir que l’on peut y trouver » dit notre M. Baggins – et il passa un pouce sous ses bretelles, tout en émettant un nouveau rond de fumée encore plus grand que le précédent.

    JRR Tolkien, Le Hobbit (1937)

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  • Ils ou elles ont dit au sujet du voyage

    "Un bon voyageur n’a ni plans établis ni destination." [Lao Tseu]

    "Un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas." [Lao Tseu]

    "Plus on voyage au loin, moins on se connaît." [Lao Tseu]

    "La foule ne sait pas que sans cette revue universelle, sans ce vagabondage, il est impossible de rencontrer la vérité […]. Moi aussi, au souvenir du passé, je me sens saisi de crainte et me demande comment il me faudra traverser à la nage un si rude et si vaste océan de discours. [Platon]

    "L’aventure en vaut la peine." [Aristote]

    "Toute la vie n'est qu'un voyage vers la mort." [Sénèque]

    "Le monde est un livre et ceux qui ne voyagent pas n’en ont lu qu’une page." [s. Augustin]

    "Le voyage est donc une double rencontre, celle d'autres que moi et celle de moi-même, comme un autre aux yeux des autres." [Montaigne]

    "Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage." [Joachim Du Bellay] 

    "Il faut voyager pour frotter et limer sa cervelle contre celle d'autrui." [Montaigne]

    "Le voyage à l'étranger est une invitation à devenir soi-même un étranger pour les autres." [Montaigne]

    "Avec le temps, la passion des grands voyages s'éteint, à moins qu'on n'ait voyagé assez longtemps pour devenir étranger à sa patrie." [Gérard de Nerval]

    "Voyager est fatal aux préjugés, à l’intolérance et à l’étroitesse d’esprit." [Mark Twain]

    "En vérité, je ne voyage pas, moi, pour atteindre un endroit précis, mais pour marcher : simple plaisir de voyager." [Robert Louis Stevenson]

    "Rien ne développe l’intelligence comme les voyages." [Émile Zola]

    "Si vous ne savez pas où vous allez, n’importe quel chemin vous y mènera." [Lewis Carroll]

    "Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux." [Marcel Proust]

    "Le voyage pour moi, ce n'est pas arriver, c'est partir. C’est l'imprévu de la prochaine escale, c'est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose, c'est demain, éternellement demain." [Roland Dorgelès]

    "Le voyage n'est nécessaire qu'aux imaginations courtes." [Colette]

    "Il faut que la pensée voyage et contemple, si l'on veut que le corps soit bien." [Alain]

    "Tous ceux qui errent ne sont pas perdus." [JRR Tolkien]

    "Rien ne vaut la recherche lorsqu’on veut trouver quelque chose." [JRR Tolkien]

    "Une destination n’est jamais un lieu, mais une nouvelle façon de voir les choses." [Henry Miller]

    "Je ne hais pas les voyages, je hais les conditions, pour un pauvre intellectuel, de voyager. Peut-être que si je voyageais autrement, j’adorerais les voyages." [Gilles Deleuze]

    "Un voyage s'inscrit simultanément dans l'espace, dans le temps, et dans la hiérarchie sociale." [Claude Lévi-Strauss]

    "N’hésitez jamais à partir loin, au-delà de toutes les mers, toutes les frontières, tous les pays, toutes les croyances." [Amin Maalouf]

    "Certains pensent qu'ils font un voyage, en fait, c'est le voyage qui vous fait ou vous défait." [Nicolas Bouvier]

    "Le plus beau voyage, c'est celui qu'on n’a pas encore fait." [Loïck Peyron]

    "Un voyage, c’est une folie qui nous obsède, nous emporte dans le mythe." [Sylvain Tesson]

    "Le voyage est une fuite contre la routine, la monotonie, la familiarité, la soumission à la régulation du gouvernement collectif." [Sylvain Tesson]

    Photo : Pexels - Andrea Piacquadio

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  • À quoi bon voyager ?

    Une séance spéciale est proposée par le café philosophique de Montargis qui organisera son prochain rendez-vous le vendredi 28 octobre prochain à 19 heures à la Médiathèque de Montargis. Cet automne, la Médiathèque organise un cycle consacré à l’aéronautique et intitulé "Carnet de vol". L’occasion est trop bonne pour l’équipe du café philo qui organisera un débat portant sur cette question : "A quoi bon voyager ?"

    "Les voyages forment la jeunesse", dit l’adage, Et il semble en effet que l’éducation des élites européennes a accordé une grande place à l’importance de découvrir des pays et des cultures à travers des voyages. Le voyage n’aurait-il que des vertus ? Et d’abord, qu’entend-on par "voyager" ? Que cherche-t-on dans le voyage ? Le dépaysement ? L’extraordinaire loin de chez soi ? Sortir de la routine d’un quotidien pesant ? Voyager est-ce forcément partir à l’aventure ? Les participants du café philo pourront tout aussi débattre du nomadisme, du tourisme et de la recherche de l’inattendu, source de questionnements et d’étonnements – qui sont au cœur de la philosophie !

    Rendez-vous donc à l’Atrium de la Médiathèque de Montargis pour cette 93e séance du café philo, le vendredi 28 octobre 2022 à 19 heures.

    La participation sera libre et gratuite.

    https://agorame-pom.c3rb.org/rendez-vous

    Photo : Pexels - Jackson Toev

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  • Stevenson : Voyage avec un âne dans les Cévennes

    9782081412064.jpgLe monde extérieur de qui nous nous défendons dans nos demeures semblait somme toute un endroit délicieusement habitable. Chaque nuit, un lit y était préparé, eût-on dit, pour attendre l'homme dans les champs où Dieu tient maison ouverte. Je songeais que j'avais redécouvert une de ces vérités qui sont révélées aux sauvages et qui se dérobent aux économistes. Du moins, avais-je découvert pour moi une volupté nouvelle. Et pourtant, alors même que je m'exaltais dans ma solitude, je pris conscience d'un manque singulier. Je souhaitais une compagne qui s'allongerait près de moi au clair des étoiles, silencieuse et immobile, mais dont la main ne cesserait de toucher la mienne. Car il existe une camaraderie plus reposante même que la solitude et qui, bien comprise, est la solitude portée à son point de perfection. Et vivre à la belle étoile avec la femme que l'on aime est de toutes les vies la plus totale et la plus libre.

    Robert Louis Stevenson, Voyage avec un âne dans les Cévennes (1879)

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  • "L'Abécédaire de Gilles Deleuze : V comme Voyage"

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  • Le Café Philo de Montargis à la Médiathèque de Montargis

    Le vendredi 28 Octobre à 19 heures à l'Atrium de la Médiathèqu de Montargis, le café philo se réunira pour une séance décentralisée.   

    Le café philo de Montargis proposera une rencontre par mois autour d’une thématique abordée par le biais de la philosophie. Et ce mois-ci, c’est à la médiathèque qu’il s’installe ! L’occasion donc de débattre et échanger, dans une atmosphère détendue et conviviale.  

    Entrée libre

    Affiche café philo - Médiathèque AME

    https://agorame-pom.c3rb.org/rendez-vous/en-ce-moment-a-venir/1057-le-cafe-philo-de-montargis-a-la-mediatheque-mediatheque-de-l-ame-montargis

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  • Kerouac : Sur la Route

    Kerouac.jpgJe pris le car à Washington. Une fois là, je perdis du temps à me balader ; je me détournai de mon chemin pour visiter les Monts Bleus, entendis l'oiseau de Shenandoah et visitai le tombeau de Stonewall Jackson ; au crépuscule, me voici en train de cracher dans la rivière Kanawha puis c'est la nuit folklorique de Charleston, en Virginie de l'Ouest ; à minuit, Ashland, au Kentucky, et une fille charmante sous la marquise d'un cinéma fermé. L'obscur et mystérieux Ohio et Cincinnati à l'aube. Puis de nouveau les champs de l'Indiana et Saint-Louis, comme toujours au milieu de ses grands nuages vallonnés de l'après-midi. Les galets boueux et les troncs d'arbres du Montana, les vapeurs démolis, les vestiges antiques ; les herbages et les filins le long du fleuve. Le poème incessant. De nuit, le Missouri, les champs du Kansas, les vaches nocturnes du Kansas dans de mystérieux espaces, des villes de boîtes de biscuits avec une mer au bout de chaque rue ; l'aube à Abilene. Les herbages du Kansas de l'Est cèdent la place aux prairies du Kansas de l'Ouest qui gravissent les pentes de la nuit occidentale.

    Jack Kerouac, Sur la Route (1957)

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  • Madame de Staël : Voyager et découvrir

    Delphine.jpgCertainement votre destinée n’est pas plus malheureuse en elle-même parce que le ciel est sombre, les auberges noires, la terre couverte de neige, et parce que vous ne rencontrez que des visages inconnus dans un pays où vous arrivez pour la première fois, cependant, ces circonstances excitent au fond du cœur toutes les pensées tristes, et comme la vie humaine est sombre en elle-même, du moment que la distraction a cessé, du moment surtout que la nature voile toutes ses merveilles, obscurcit son langage, il semble que le Créateur se retire de vous. Non, je ne vivrai jamais dans le Nord ; mon âme n’a plus assez de jeunesse pour se passer du soleil. Si l’on est mécontent des hommes, les regards ne rencontrent dans la campagne que des brouillards ténébreux. Où trouver dans un tel pays l’image de l’espérance.

    Madame de Staël, Delphine (1802)

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  • Zoom sur les Simonnet aux Tanneries d'Amilly

    "Les registres du jeu" : le cycle d'expositions organisées par le centre d'art contemporain des Tanneries d'Amilly commence ce 8 octobre avec le couple de sculpteurs Marthe et Jean-Marie Simonnet.

    Les reliefs infinis ou illimités, engagés il y a plus de 30 ans, et dont les toutes dernières formes ont été réalisées pour l’exposition en sont une élégante expression. Marthe Simonnet dirait qu’au terme de cette mise en jeu, le féminin se fait le prolongement du masculin devenu lui-même prolongement du féminin : si les formes modulaires produites s’emboitent et s’épousent – clin d’œil au couple d’artistes, à 50 ans de création artistique menée à 4 mains – pour former un hexaèdre régulier, possiblement clos sur lui-même remplissant tout l’espace sans laisser de vide entre les pièces identiques le composant, dès lors qu’elles s’ouvrent, la possibilité d’un infini se déploie dans une promesse sans limite, et dans un rythme qui fonde l’autre sens du terme allure.

    Il reste au public à découvrir les créations exceptionnelles de ces joueurs facétieux que sont Marthe et Jean-Marie Simonnet. Cela se passera aux Tanneries d'Amilly, du 8 octobre au 18 décembre 2022.

    Exposition "Les Simonnet", Les Tanneries, Amilly (45)
    Du 8 octobre au 18 décembre 2022
    https://www.lestanneries.fr/exposition/les-simonnet

    Photo : Marthe et Jean-Marie Simonnet, Vue de l’exposition "Les Simonnet"
    Galerie Haute - Les Tanneries – CAC, Amilly, 2022

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  • Madame de Staël : Voyager en solitaire

    Le sentiment d’isolement que fait éprouver cette situation, ce sentiment pénible, quand on est seul, est précisément ce qui rend les jouissances de l’affection plus délicieuses. Vous ne connaissez personne, personne ne vous connaît ; vous traversez des pays nouveaux, votre curiosité est agréablement satisfaite, mais rien ne vous distrait de l’idée profonde qui remplit votre cœur ; vous aimez à sentir à chaque instant la différence de cet univers étranger qui passe devant vos yeux, avec cet être cher, si intime, que vous avez près de vous, et qu’aucune affaire, aucune relation de société ne vous enlèvera, même pour un moment.

    Madame de Stael, Delphine (1802)

    Photo : Jure Širić

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  • Claude Lévi-Strauss : Tristes Tropiques

    tristestropiques.jpgOn conçoit généralement les voyages comme un déplacement dans l'espace. C'est peu. Un voyage s'inscrit simultanément dans l'espace, dans le temps, et dans la hiérarchie sociale. Chaque impression n'est définissable qu'en la rapportant solidairement à ces trois axes, et comme l'espace possède à lui seul trois dimensions, il en faudrait au moins cinq pour se faire du voyage une représentation adéquate. Je l'éprouve tout de suite en débarquant au Brésil. Sans doute suis-je de l'autre côté de l'Atlantique et de l'équateur, et tout près du tropique. Bien des choses me l'attestent : cette chaleur tranquille et humide qui affranchit mon corps de l'habituel poids de la laine et supprime l'opposition (que je découvre rétrospectivement comme une des constantes de ma civilisation) entre la maison et la rue ; d'ailleurs, j'apprendrai vite que c'est seulement pour en introduire une autre, entre l'homme et la brousse, que mes paysages intégralement humanisés ne comportaient pas ; il y a aussi les palmiers, des fleurs nouvelles, et, à la devanture des cafés, ces amas de noix de coco vertes où l'on aspire, après les avoir décapitées, une eau sucrée et fraîche qui sent la cave.

      Mais j'éprouve aussi d'autres changements : j'étais pauvre et je suis riche ; d'abord parce que ma condition matérielle a changé ensuite parce que le prix des produits locaux est incroyablement bas ; cet ananas me coûterait vingt sous, ce régime de bananes deux francs, ces poulets qu'un boutiquier italien fait rôtir à la broche, quatre francs. On dirait le Palais de Dame Tartine. Enfin, l'état de disponibilité qu'instaure une escale, chance gratuitement offerte mais qui s'accompagne du sentiment de la contrainte d'en profiter, crée une attitude ambiguë propice à la suspension des contrôles les plus habituels et à la libération presque rituelle de la prodigalité. Sans doute le voyage peut-il agir de façon diamétralement opposée, j'en ai fait l'expérience quand je suis arrivé sans argent à New York après l'armistice ; mais, qu'il s'agisse en plus ou en moins, dans le sens d'une amélioration de la condition matérielle ou dans celui de sa détérioration, il faudrait un miracle pour que le voyage ne correspondît sous ce rapport à aucun changement. En même temps qu'il transporte à des milliers de kilomètres, le voyage fait gravir ou descendre quelques degrés dans l'échelle des statuts. Il déplace, mais aussi il déclasse – pour le meilleur et pour le pire – et la couleur et la saveur des lieux ne peuvent être dissociées du rang toujours imprévu où il vous installe pour les goûter.
      Il y eut un temps où le voyage confrontait le voyageur à des civilisations radicalement différentes de la sienne et qui s'imposaient d'abord par leur étrangeté. Voilà quelques siècles que ces occasions deviennent de plus en plus rares. Que ce soit dans l'Inde ou en Amérique, le voyageur moderne est moins surpris qu'il ne reconnaît. En choisissant des objectifs et des itinéraires, on se donne surtout la liberté de préférer telle date de pénétration, tel rythme d'envahissement de la civilisation mécanique à tels autres. La quête de l'exotisme se ramène à la collection d'états anticipés ou retardés d'un développement familier. Le voyageur devient un antiquaire, contraint par le manque d'objets à délaisser sa galerie d'art nègre pour se rabattre sur des souvenirs vieillots, marchandés au cours de ses promenades au marché aux puces de la terre habitée.

    Claude Lévi-Strauss, Tristes Tropiques (1955) 

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  • "Le guide philosophique du voyage avec Montaigne"

    Montaignevoyage.jpg

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  • Saint-Exupéry : Vol de Nuit

    237_6.jpgIl aurait pu lutter encore, tenter sa chance: il n'y a pas de fatalité extérieur. Mais il y a une fatalité intérieure: vient une minute où l'on se découvre vulnérable; alors les fautes vous attirent comme un vertige.

    C'est à cette minute que luirent sur sa tête, dans une déchirure de la tempête, comme un appât mortel au fond d'une nasse, quelques étoiles. Il jugea bien que c'était un piège: on voit trois étoiles dans un trou, on monte vers elles, ensuite on ne peut plus descendre, on reste là à mordre les étoiles.

    Mais sa faim de lumière était telle qu'il monta.

    Saint-Exupéry, Vol de Nuit (1931)

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  • "Peut-on se libérer de son passé ?" : la séance comme si vous y étiez

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