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  • Delale : Le complexe de Cendrillon

    419fNUC4-+L._SX195_.jpgPar-delà le seul chevalier c'est toute une societé qui prostitue ainsi ses filles par les mariages arrangés ou par les liaisons consenties des jeunes hommes bien nés avec des jeunes filles de basse naissance. Pute légale (la femme mariée de force), pute qui n'est pas désignée comme telle (la maitresse, argentée ou non) ou pute tout court (la prostituée des rues ou des bordels) : la seule chose qui differe, au XVIIIe siècle, c'est le contrat signé au départ.

    Manon, au XVIIIe siècle et au-delà : nous sommes encore traversées par de telles représentations, nous qui subissons encore le « complexe de Cendrillon », qui sommes enjointes à attendre notre « prince charmant » et incitées à nous modeler, adolescentes, sur des films comme Pretty Woman plutôt que sur Breakfast at Tiffany.

    Sarah Delale, Pour en finir avec la passion : L'abus en littérature (2023)

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  • Plaut, "F'âme(s)"

    F'âme(s) se veut célébration.
    F'âme(s) se veut ré-enchantement.
    F'âme(s) se veut solidarité, sororité, fraternité.
    F'âme(s) se veut sensibilité.

    Échanges qui rassemblent.
    Qui festoient autour de
    thématiques essentielles.

    F'âme(s) se veut journée culturelle.
    Réunion d'acteu•ice• du territoire. 

    Celles et ceux qui luttent chaque jour.
    Celles et ceux qui travaillent au contact
    de la souffrance.
    De la discrimination.
    Du sexisme.
    De la violence.

    F'âme(s) se veut enfin accord des voix.
    Voix artistiques, sociales, associatives,
    médicales, philosophiques.

    Chorale de valeurs.
    Chorale d'Humanité.

    Pause vitale dans le brouhaha du monde.

    Pour nous écouter
    et mieux nous rassembler.

    Aurélie Plaut, Compagnie Je est un autre

    Photo : Pexels - Wendy Wei

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  • Le Café Philo, partenaire de l'événement "F'âme(s)"

    Le Café Philosophique de Montargis sera partenaire de l'événement "F'âme(s)" à Châlette-sur-Loing, le samedi 16 mars prochain, à 18H.

    Cette journée est consacrée aux femmes, à meurs droits et aux égalités hommes-femmes.

    Pour rappel, le débat du Café Philo portera sur cette question : "Une Cité sans hommes est-elle souhaitable?"

    Affiche de la Journée "F'âme(s)"

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  • Prochain Café Philo au Hangar

    Notez bien la date et l'horaire de la prochaine séance du Café Philo. 

    Le débat, qui portera sur la question "Une Cité sans hommes est-elle souhaitable ?", aura lieu au Hangar de Châlette-sur-Loing (5 Rue de la Forêt, 45120 Châlette-sur-Loing), le samedi 16 mars 2024 à 18 heures. 

    A bientôt.

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  • Manon Garcia : "Les hommes ne sont pas (tous) coupables"

    On-ne-nait-pas-soumise-on-le-devient.pngLes hommes ne sont pas (tous) coupables

    Dire que la soumission est le fruit de la situation n'est pas seulement émancipeur en ce qu'on comprend ainsi qu'en changeant la situation on pourra espérer échapper à la soumission, mais parce que cela permet de clarifier les responsabilités des individus. Par le concept de situation, Beauvoir montre que les femmes ne sont absolument pas responsables lorsqu'elles consentent à se soumettre, mais elle montre aussi que les hommes, en tant qu'individus, ne sont pas non plus complètement responsables de cette soumission. Les hommes particuliers ne font rien pour soumettre les femmes; comme les femmes, ils sont jetés dans un monde dans lequel des significations, des normes sociales sont toujours déjà là. À ce titre, Beauvoir n'assigne pas de responsabilité individuelle aux hommes. Elle se contente de souligner qu'ils bénéficient, du privilège du dominant, qui consiste à voir sa perspective comme la perspective neutre, objective et donc vraie, et à neutraliser l'altérité des autres.

    Si les femmes, sont contraintes par leur situation, les hommes le sont aussi.

    Manon Garcia, On ne naît pas soumise, on le devient (2018)

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  • Cherry : Matriarchie

    cherryC'est au bout de quelques mois que la stratégie de Maurepas avait porté ses fruits. Forte de trois millions d'inscrits dans toute la France, elle était désormais à la tête d'une communauté qui pesait dans le débat politique. Et si sa demeure ne pouvait accueillir que quelques centaines de sympathisants, elle savait maintenant qu'elle pourrait bénéficier du soutien de milliers d'autres femmes pour créer des initiatives similaires et accueillir le reste de ses inscrits dans de bonnes conditions, car ces dernières étaient maintenant presque toutes de son côté.

    Les sondages sortaient toutes les semaines et il était clair que le taux d'abstention masculin allait être nettement en hausse sur ces élections, certains maris avaient même donné procuration à leur femme. Mais qui est vraiment sûr de la loyauté de son épouse lorsque les enjeux sont aussi colossaux ?

    Flore Cherry, Matriarchie (2022)

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  • Beauvoir : "On ne naît pas femme, on le devient"

    On ne naît pas femme : on le devient. Aucun destin biologique, psychique, économique ne définit la figure que revêt au sein de la société la femelle humaine ; c'est l'ensemble de la civilisation qui élabore ce produit intermédiaire entre le mâle et le castrat qu'on qualifie de féminin. Seule la médiation d'autrui peut constituer un individu comme un Autre. En tant qu'il existe pour soi, l'enfant ne saurait se saisir comme sexuellement différencié. Chez les filles et les garçons, le corps est d'abord le rayonnement d'une subjectivité, l'instrument qui effectue la compréhension du monde : c'est à travers les yeux, les mains, non par les parties sexuelles qu'ils appréhendent l'univers. Le drame de la naissance, celui du sevrage se déroulent de la même manière pour les nourrissons des deux sexes ; ils ont les mêmes intérêts et les mêmes plaisirs ; la succion est d'abord la source de leurs sensations les plus agréables ; puis ils passent par une phase anale où ils tirent leurs plus grandes satisfactions des fonctions excrétoires qui leur sont communes ; leur développement génital est analogue ; ils explorent leur corps avec la même curiosité et la même indifférence ; du clitoris et du pénis ils tirent un même plaisir incertain ; dans la mesure où déjà leur sensibilité s'objective, elle se tourne vers la mère : c'est la chair féminine douce, lisse élastique qui suscite des désirs sexuels et ces désirs sont préhensifs ; c'est d'une manière agressive que la fille, comme le garçon, embrasse sa mère, la palpe, la caresse ; ils ont la même jalousie s'il naît un nouvel enfant ; ils la manifestent par les mêmes conduites : colères, bouderie, troubles urinaires ; ils recourent aux mêmes coquetteries pour capter l'amour des adultes. Jusqu'à douze ans la fillette est aussi robuste que ses frères, elle manifeste les mêmes capacités intellectuelles ; il n'y a aucun domaine où il lui soit interdit de rivaliser avec eux. Si, bien avant la puberté, et parfois même dès sa toute petite enfance, elle nous apparaît déjà comme sexuellement spécifiée, ce n'est pas que de mystérieux instincts immédiatement la vouent à la passivité, à la coquetterie, à la maternité : c'est que l'intervention d'autrui dans la vie de l'enfant est presque originelle et que dès ses premières années sa vocation lui est impérieusement insufflée.

    Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe (1949)

    Photo : Pexdels - Alexander Krivitskiy 

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  • Beauvoir : "Un monde où les hommes et les femmes seraient égaux est facile à imaginer"

    Un monde où les hommes et les femmes seraient égaux est facile à imaginer car c’est exactement celui qu’avait promis la révolution soviétique : les femmes élevées et formées exactement comme les hommes travailleraient dans les mêmes conditions et pour les mêmes salaires ; la liberté érotique serait admise par les mœurs, mais l’acte sexuel ne serait plus considéré comme un « service » qui se rémunère ; la femme serait obligée de s’assurer un autre gagne-pain ; le mariage reposerait sur un libre engagement que les époux pourraient dénoncer dès qu’ils voudraient ; la maternité serait libre, c’est-à-dire qu’on autoriserait le birth-control et l’avortement et qu’en revanche on donnerait à toutes les mères et à leurs enfants exactement les mêmes droits, qu’elles soient mariées ou non ; les congés de grossesse seraient payés par la collectivité qui assumerait la charge des enfants, ce qui ne veut pas dire qu’on retirerait ceux-ci à leurs parents mais qu’on ne les leur abandonnerait pas.

    Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe (1949)

    Photo : Pexels - Ryan Klaus

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  • La valise philosophique du mois : Café philo du 16 mars

    Retrouvez notre traditionnelle "Valise philosophique" du mois. Elle est consacrée à la séance du vendredi 16 mars 2024 qui aura pour sujet : ""Une cité sans hommes est-elle souhaitable ?"" Cette séance aura lieu au Hangar de Châlette.

    Comme pour chaque séance, nous vous avons préparé (colonne de gauche) des documents, textes, extraits de films ou de musiques servant à illustrer et enrichir les débats mensuels.

    Restez attentifs : régulièrement de nouveaux documents viendront alimenter cette rubrique d'ici la séance.

    Photo : Mikhail Nilov- Pexels

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  • Kleist : Penthésilée

    Penthesilea.jpgPENTHESILEE.
    Et voilà ce qui faut décidé en Conseil par le peuple :
    Libres comme le vent dans les plaines sont
    Les femmes ayant accompli un tel acte héroïque,
    Et elles ne serviront plus le sexe masculin.
    Un État, indépendant, serait bâti,
    Un État des femmes, que désormais aucune autre
    Voix d'homme despotique ne subjuguerait plus,
    Qui se donnerait solennellement ses propres lois,
    Qui n'obéirait qu'à lui-même, se défendrait lui-même.

    Heinrich von Kleist, Penthésilée (1808)

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  • "La grenade"

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  • Wollstonecraft : Défense des droits de la femme

    81F1m9EoknL._AC_UF1000,1000_QL80_.jpgSi les Femmes doivent être exclues de la participation aux droits naturels du genre humain, et totalement privées de donner leurs voix, du moins dans ce qui les concerne particulièrement, prouvez d’abord, pour vous laver du reproche d’injustice et d’abus, qu’elles manquent de raison : autrement cette tache dans votre nouvelle constitution, la première qui ait été fondée sur la raison, témoignera toujours aux siècles à venir, que l’homme ne peut s’empêcher d’agir en tyran, et la tyrannie dans quelque partie de la société qu'elle lève son front d’airain, détruira toujours la moralité...

    J’espère trouver grâce aux yeux de mon propre sexe, si je traite les Femmes comme des créatures raisonnables, au lieu de flatter leurs attraits séducteurs, et de les regarder comme dans un état d’enfance perpétuelle, qui les rend incapables de se soutenir sans lisières. Je désire vivement de montrer en quoi consiste la véritable dignité, la félicité réelle de l’homme. Je désire persuader aux Femmes qu’elles doivent tâcher d’acquérir la force de l’âme et du corps, et les convaincre que des phrases mielleuses, la sensibilité exagérée du cœur, la délicatesse outrée de sentiments, et le raffinement exquis du goût sont presque synonymes des différentes épithètes consacrées à exprimer la faiblesse. En un mot, que ces êtres qui ne sont que des objets de pitié, et de cette espèce d’affection qu’on a nommé tendresse, ne tarderont pas à devenir les objets du mépris.

    Mary Wollstonecraft, Défense des droits de la femme (1792)

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  • Focus sur le Café Philosophique de Montargis dans Les Carnets de Jeanne

    Le média Les Carnets de Jeanne était présent lors de la 100e séance du Café Philosophique de Montargis. 

    retrouvez sur le compte Instagram des Carnets de Jeanne l'interview en trois parties de Bruno, pour tout savoir (ou presque) au sujet du Café Philo. 

    https://www.instagram.com/les_carnets_de_jeanne_

     
     
     
     
     
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  • "Run The World"

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  • Machiavel : Dangers du joug matrimonial

    CVT_CVT_Histoire-du-diable-qui-prit-femme_3986.pngÀ ce tapage Roderigo ouvrit de grandes oreilles ; et ne sachant ce que cela voulait dire, dans son étonnement il demanda, plein de trouble, à Giov. Matteo, ce que tout ce tumulte signifiait. Giov. Matteo, feignant une grande frayeur, lui répondit aussitôt : « Hélas ! mon cher Boderigo, Dieu me pardonne, c'est ta femme qui vient te trouver. » C'est vraiment merveille de voir à quel point l'esprit de Roderigo fut épouvanté en entendant prononcer le nom seul de sa femme : sa frayeur fut si grande, que, sans réfléchir s'il était possible ou raisonnable que ce fût elle, sans répondre un seul mot, il s'enfuit tout tremblant, délivrant ainsi la jeune fille, et aimant mieux retourner en enfer rendre compte de ses actions, que de se soumettre de nouveau aux ennuis, aux désagréments et aux dangers qui accompagnent le joug matrimonial.

    Nicolas Machiavel, Histoire du diable qui prit femme (1515)

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  • Platon : Le gouvernement du plus fort

    9782081488113.jpgEt chaque gouvernement établit les lois pour son propre avantage : la démocratie des lois démocratiques, la tyrannie des lois tyranniques et les autres de même ; ces lois établies, ils déclarent juste, pour les gouvernés, leur propre avantage, et punissent celui qui le transgresse comme violateur de la loi et coupable d'injustice.

    Voici donc, homme excellent, ce que j'affirme : dans toutes les cités le juste est une même chose : l'avantageux au gouvernement constitué; or celui-ci est le plus fort, d'où il suit, pour tout homme qui raisonne bien, que partout le juste est une même chose : l'avantageux au plus fort.

    Platon, La République (Ve. s. av JC)

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  • "Eve lève-toi"

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  • Olympe de Gouges : Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne

    olympedegouges.jpegFemme, réveille-toi ; le tocsin de la raison se fait entendre dans tout l’univers ; reconnais tes droits. Le puissant empire de la nature n’est plus environné de préjugés, de fanatisme, de superstition et de mensonges. Le flambeau de la vérité a dissipé tous les nuages de la sottise et de l’usurpation.

    L’homme esclave a multiplié ses forces, a eu besoin de recourir aux tiennes pour briser ses fers. Devenu libre, il est devenu injuste envers sa compagne. O femmes ! Femmes, quand cesserez-vous d’être aveugles ? Quels sont les avantages que vous avez recueillis dans la révolution ? Un mépris plus marqué, un dédain plus signalé.

    Dans les siècles de corruption vous n’avez régné que sur la faiblesse des hommes. Votre empire est détruit ; que vous reste-t-il )donc ? La conviction des injustices de l’homme. La réclamation de votre patrimoine, fondée sur les sages décrets de la nature ; qu’auriez-vous à redouter pour une si belle entreprise ? Le bon mot du Législateur des noces de Cana ?

    Craignez-vous que nos Législateurs Français, correcteurs de cette morale, longtemps accrochée aux branches de la politique, mais qui n’est plus de saison, ne vous répètent : femmes, qu’y a-t-il de commun entre nous et vous? Tout, auriez-vous à répondre. S’ils s’obstinaient, dans leur faiblesse, à mettre cette inconséquence en contradiction avec leurs principes, opposez courageusement la force de la raison aux vaines prétentions de supériorité; réunissez-vous sous les étendards de la philosophie; déployez toute l’énergie de votre caractère, et vous verrez bientôt ces orgueilleux, non serviles adorateurs rampant à vos pieds, mais fiers de partager avec vous les trésors de l’Etre suprême. Quelles que soient les barrières que l’on vous oppose, il est en votre pouvoir de les affranchir ; vous n’avez qu’à le vouloir.

    Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791)

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  • Christine de Pizan : "Ne les princes ne les daignent entendre"

    christinedepizan.jpgHelas ! ou donc trouveront reconfort
    Pouvres vesves, de leurs biens despoillées,
    Puis qu'en France qui sieult estre le port
    De leur salut, et ou les exillées  
    Seulent fouïr et les desconseillées,
     Mais or n'i ont plus amistié ?
    Les nobles gens n'en ont nulle pitié,
    Aussi n'ont clers li greigneur ne li mendré,
    Ne les princes ne les daignent entendre.

    Des chevaliers n'ont elles nesun port,
    Par les prelaz ne sont bien conseillées,
    Ne les juges ne les gardent de tort,
    Des officiers n'aroient deux maillées  
    De bon respons; des poissans traveillées
     Sont en maint cas, n'a la moitié
    Devers les grans n'aroient exploitié
    Jamais nul jour, alleurs ont a entendre,
    Ne les princes ne les daignent entendre.

    Ou pourront mais fuïr, puis que ressort
    N'ont en France, la ou leur sont baillées
    Esperences vaines, conseil de mort,
    Voies d'Enfer leur sont appareillées,  
    S'elles veulent croire voies broullées
     Et faulz consaulx, ou apointié
    N'est de leur fait, nul n'ont si acointié
    Qui leur aide sanz a aucun mal tendre,
    Ne les princes ne les daignent entendre.

    Bons et vaillans, or soient esveilliées
    Voz grans bontez, ou vesves sont taillées
     D'avoir mains maulz de cuer haitié;  
    Secourez les et croiez mon dittié,
    Car nul ne voy qui vers elles soit tendre,
    Ne les princes ne les daignent entendre.

    Christine de Pizan, Autres Ballades, VI (XVe s.)

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  • Christine de Pizan : La Cité des Dames

    christinedepizan.jpg"Ainsi, ma chère enfant, c’est à toi entre toutes les femmes que revient le privilège de faire et de bâtir la Cité des Dames. Et, pour accomplir cette œuvre, tu prendras et puiseras l’eau vive en nous trois, comme en une source claire ; nous te livrerons des matériaux plus durs et plus résistants que n’est le marbre massif avant d’être cimenté. Ainsi ta Cité sera d’une beauté sans pareille et demeurera éternellement en ce monde.
    "Tu as lu, en effet, comment le roi Tros fonda la grande cité de Troie avec l’aide d’Apollon, de Minerve et de Neptune (que les anciens prenaient pour des dieux), et comment Cadmus fonda la ville de Thèbes sous l’injonction divine ; mais toutefois, avec le temps, ces villes s’écroulèrent et tombèrent en ruine. Mais moi, sibylle véritable, je t’annonce que jamais la Cité que tu fonderas avec notre aide ne sombrera dans le néant ; elle sera au contraire à jamais prospère, malgré l’envie de tous ses ennemis ; on lui livrera maints assauts, mais elle ne sera jamais prise ni vaincue.

    "L’histoire t’enseigne que le royaume d’Amazonie fut autrefois établi grâce à l’initiative de nombreuses femmes fort courageuses qui méprisaient la condition d’esclave. Elles le maintinrent longtemps sous l’empire successif de différentes reines : c’étaient des dames très illustres qu’elles élisaient et qui les gouvernaient sagement en conservant l’Etat dans toute sa puissance. Du temps de leur règne, elles conquirent une grande partie de l’Orient et semèrent la panique dans les terres avoisinantes, faisant trembler jusqu’aux habitants de la Grèce, qui était alors la fleur des nations. Et pourtant, malgré cette force et cet empire, leur royaume – comme il en va de toute puissance – finit par s’écrouler, de sorte que seul le nom en survit aujourd’hui.

    "Mais l’édifice de la Cité que tu as la charge de construire, et que tu bâtiras, sera bien plus fort ; d’un commun accord, nous avons décidé toutes trois que je te fournirais un mortier résistant et incorruptible, afin que tu fasses de solides fondations, que tu lèves tout autour les grands murs hauts et épais avec leurs hautes tours larges et grandes, les bastions avec leurs fossés, les bastides artificielles et naturelles, ainsi qu’il convient à une place bien défendue.

    Sous notre conseil, tu jetteras très profondément les fondations, pour qu’elles en soient plus sûres, et tu élèveras ensuite les murs à une telle hauteur qu’ils ne craindront aucun adversaire. Mon enfant, je t’ai expliqué les raisons de notre venue, et pour que tu accordes plus de poids à mes dires, je veux maintenant te révéler mon nom. Rien qu’à l’entendre, tu sauras que tu as en moi, si tu veux bien écouter mes conseils, une guide et une directrice pour achever ton œuvre sans jamais commettre de faute. On m’appelle Dame Raison ; tu peux te féliciter d’être en si bonnes mains. Mais je m’en tiendrai là pour l’instant. "

    Christine de Pizan, La Cité des Dames (1405)

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  • "Sumuru, la cité sans hommes"

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