Le café philosophique de Montargis se réunissait le 19 juillet 2019 pour une nouvelle séance, portant sur le sujet "Les apparences sont-elles toujours trompeuses ?" Ce sujet s’inspire d’un lieu commun, une formule "populaire" (les "apparences trompeuses" ; "l’habit ne fait pas le moine"), qu’il s’agit de remettre en question.
Une courte vidéo publicitaire est diffusée en début de séance : en ce qu’elle thématise des apparences trompeuses et cocasses, cette publicité nous introduit dans le sujet.
Un premier intervenant affirme que les apparences sont parfois trompeuses, parfois non. Par ailleurs, il souligne le lien entre apparences et perception : l’apparence est d’abord une question de "sens" (la vue, l’ouï, le goût, etc.) ; or nos sens sont imparfaits et variables en fonction des individus. Il faut donc se demander, d’une part, si nos sens sont fiables ; d’autre part, si l’interprétation qu’on donne de nos sensations est correcte. Sachant que cette interprétation est soumise à nos croyances, à nos préjugés, etc. on peut penser que notre façon d’appréhender la réalité est biaisée, voire très peu fiable.
Un deuxième intervenant rebondit : notre perception du monde est prisonnière de nos dispositifs sensoriels et cérébraux – qui sont foncièrement limités. Nous captons une toute petite partie des ondes lumineuses et sonores, et à partir de cela, nous interprétons le monde. Or cette interprétation ne peut qu’être partielle. Par ailleurs, la science démontre que la réalité est souvent contre-intuitive (c’est-à-dire que le monde "perçu" ne correspond souvent pas à la réalité des choses, comme étant décrite par la science : apparemment, la terre est plate ; apparemment, c’est le Soleil qui tourne autour de la terre, et non vice-versa).
Un troisième intervenant déplace alors le débat, en s’interrogeant sur les rapports entre "apparence" et "image". L’"apparence" est d’abord l’"image". Or l’image, ce n’est pas la réalité : ce n’est qu’une "partie" de la réalité. Cela ne peut que renvoyer à la théorie de la perception d’Henri Bergson (Le Rire, 1900), selon laquelle le sujet percevant "découpe", par ses sens, des portions de réel. Le fruit d’un tel "découpage" est, donc, une "image". L’intervenant poursuit avec un exemple : lorsqu’on se regarde dans un miroir, on s’aperçoit que notre main droite est devenue notre main gauche. Pourtant, cet être symétrique par rapport à nous (apparence), c’est bien nous-mêmes (réalité) ! Dès lors, comment aller au-delà de l’image ? L’intervenant conclut en disant que les apparences sont toujours trompeuses, puisque essentiellement partielles.
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