Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

malebranche

  • Malebranche : la recherche de la vérité

    9782080712882-475x500-1.jpgNous venons de voir qu’on ne tombe dans l’erreur, que parce que l’on ne fait pas l’usage qu’on devrait faire de sa liberté ; que c’est faute de modérer l’empressement et l’ardeur de la volonté pour les seules apparences de la vérité, qu’on se trompe, et que l’erreur ne consiste que dans un consentement de la volonté qui a plus d’étendue que la perception de l’entendement, puisqu’on ne se tromperait point si l’on ne jugeait simplement que de ce que l’on voit.

    I. Mais, quoiqu’à proprement parler il n’y ait que le mauvais usage de la liberté qui soit cause de l’erreur, on peut dire néanmoins que nous avons beaucoup de facultés qui sont cause de nos erreurs, non pas causes véritables, mais causes qu’on peut appeler occasionnelles. Toutes nos manières d’apercevoir nous sont autant d’occasions de nous tromper. Car puisque nos faux jugements renferment deux choses, le consentement de la volonté, et la perception de l’entendement ; il est bien clair que toutes nos manières d’apercevoir nous peuvent donner quelque occasion de nous tromper, puisqu’elles nous peuvent porter à des consentements précipités !

    Or, parce qu’il est nécessaire de faire d’abord sentir à l’esprit ses faiblesses et ses égarements, afin qu’il entre dans de justes désirs de s’en délivrer, et qu’il se défasse avec plus de facilités de ses préjugés, on va tâcher de faire une division exacte de ses manières d’apercevoir, qui seront comme autant de chefs à chacun desquels on rapportera dans la suite les différentes erreurs auxquelles nous sommes sujets.

    L’âme peut apercevoir les choses en trois manières, par l’entendement pur, par l’imagination, par les sens.

    Nicolas de Malebranche, De la recherche de la vérité (1674)

    Lien permanent Catégories : =>Saison. 15, Documents, Textes et livres, [112 - À VENIR] "Chacun sa vérité ?" Imprimer 0 commentaire Pin it!
  • Malebranche : "Il n’y a que le mérite qui devrait nous distinguer"

    La nature humaine étant égale dans tous les hommes, et faite pour la raison, il n’y a que le mérite qui devrait nous distinguer, et la raison nous conduire. Mais le péché ayant laissé la concupiscence dans ceux qui l’ont commis et dans leurs descendants, les hommes, quoi que naturellement tous égaux, ont cessé de former entre eux une société d’égalité sous une même loi, la raison. La force, la loi des brutes, celle qui a déféré au lion l’empire des animaux, est devenue la maîtresse parmi les hommes; et l’ambition des uns et la nécessité des autres a obligé tous les peuples à abandonner pour ainsi dire à Dieu, leur roi naturel et légitime et la raison universelle, leur loi inviolable, pour choisir des protecteurs visibles, qui pussent par la force les défendre contre une force ennemie. C’est donc le péché qui a introduit dans le monde la différence des qualités et des conditions; car le péché ou la concupiscence supposée, c’est une nécessité qu’il y ait ces différences. La raison même le veut ainsi, parce que la force est une loi qui doit ranger ceux qui ne suivent plus la raison. Enfin Dieu même a approuvé ces différences, comme il était évident par les Saintes Écritures.

    Nicolas Malebranche, Traité de morale (1684)

    Lien permanent Catégories : =>Saison. 12, Documents, Textes et livres, [91] "Peut-on réussir sans effort ni talent ?" Imprimer 0 commentaire Pin it!
  • Malebranche : Recherche du bonheur et vertus chrétiennes

    Tout le monde se pique de raison, et tout le monde y renonce : cela parait se contredire, mais rien n'est plus vrai. Tout le monde se pique de raison, parce que tout homme porte écrit dans le fond de son être que d'avoir part a la raison, c'est un droit essentiel a notre nature. Mais tout le monde y renonce parce qu'on ne peut s'unir a la raison, et recevoir d'elle la lumière et l'intelligence, sans une espèce de travail fort désolant, a cause qu'il n'y a rien qui flatte les sens. Ainsi les hommes voulant invinciblement être heureux, ils laissent la le travail de l'attention, qui les rend actuellement malheureux. Mais s'ils le laissent, ils prétendent ordinairement que c'est par raison.

    Le voluptueux croit devoir préférer les plaisirs actuels a une vue sèche et abstraite de la vérité qui coûte néanmoins beaucoup de peine. L'ambitieux prétend que l'objet de la passion est quelque chose de réel, et que les biens intelligibles ne sont qu'illusions et que fantômes ; car d'ordinaire, on juge de la solidité des biens par l'impression qu'ils font sur l'imagination et sur les sens. Il y a même des personnes de pitié, qui prouvent par raison qu'il faut renoncer a la raison, que ce n'est point la lumière mais la foi seule qui doit nous conduire et que L'obeïssance aveugle est la principale vertu des chrétiens.

    Nicolas Malebranche, La Recherche de la Vérité (1674-1675)

    Lien permanent Catégories : =>Saison. 11, Documents, Textes et livres, [87] "Peut-on faire le bonheur des autres..." Imprimer 0 commentaire Pin it!