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[100] Spéciale 100e du Café Philo - Page 2

  • Hume : Impressions et idées

    Toutes les perceptions de l’esprit humain se répartissent en deux genres distincts, que j’appellerai impressions et idées. La différence entre ces perceptions consiste dans les degrés de force et de vivacité avec lesquels elles frappent l’esprit et font leur chemin dans notre pensée ou conscience. Les perceptions qui entrent avec le plus de force et de violence, nous pouvons les nommer impressions ; et sous ce terme, je comprends toutes nos sensations, passions et émotions, telles qu’elles font leur première apparition dans l’âme. Par idées, j’entends les images affaiblies des impressions dans la pensée et le raisonnement. Telles sont, par exemple, toutes les perceptions excitées par le présent discours, à l’exception seulement de celles qui proviennent de la vue et du toucher, et à l’exception du plaisir immédiat ou du désagrément qu’il peut occasionner.

    David, Hume, Traité de la nature humaine (1739)

    Photo : Pexels - KoolShooters

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  • Campagna : Prostitution et dignité

    51kmjuO26LL._AC_UF1000,1000_QL80_.jpgOn est en droit de se demander ce que les autorités publiques auraient fait s'il n'y avait pas toujours eu des femmes qui acceptaient d'avoir des rapports prostitutionnels. Seraient-elles allées jusqu'à obliger certaines femmes à se prostituer ¹ ? Aurait-il été pire de voir se propager les viols de femmes honnêtes et les actes homosexuels ou de forcer certaines femmes à se prostituer ? À ma connaissance, les glossateurs et commentateurs n'ont pas abordé cette question. Après tout, il y avait toujours suffisamment de femmes qui se prostituaient.


    1. On peut par exemple songer à des filles et des femmes qui auraient été faites prisonnières lors de guerres. Si les nations chrétiennes s'étaient mises d'accord entre elles pour abolir la mise en esclavage des prisonniers de guerre, cette entorse au ius gentium en vigueur au Moyen Âge ne valait pas pour les guerres entreprises contre des nations non chrétiennes.

    Norbert Campagna, Prostitution et dignité (2008)

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  • Styron : Le choix de Sophie

    Le-choix-de-Sophie.jpgAu camp, les gens se comportaient de manières très différentes, certains de façon lâche ou égoïste, d'autres avec beaucoup de bravoure et de noblesse. Il n'y avait pas de règle. Non. Mais c'était un endroit tellement abominable, Auschwitz, Stingo, tellement abominable qu'on a peine à y croire, qu'à dire vrai on n'avait pas le droit de dire que telle ou telle personne aurait dû faire preuve de plus de générosité ou de noblesse, comme dans l'autre monde. Si un homme ou une femme venait à faire quelque chose de noble, alors on pouvait les admirer comme on les aurait admirés n'importe où, mais les Nazis étaient des assassins et quand ils cessaient d'assassiner les gens c'était pour les transformer en animaux malades, si bien que si les gens faisaient des choses qui n'étaient pas très nobles et même s'ils se transformaient en animaux, eh bien, il fallait le comprendre, avec horreur peut-être mais aussi avec pitié, parce que chacun savait qu'il suffisait d'un rien pour qu'il se comporte lui aussi comme un animal.

    William Styron, Le choix de Sophie (1979)

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  • Browning: Des bourreaux volontaires et ordinaires

    4723.1658484402.jpgJ'ai bien peur que nous ne vivions dans un monde où la guerre et le racisme sont omniprésents, où les pouvoirs de mobilisation et de légitimation du gouvernement sont puissants et croissants, où le sentiment de la responsabilité personnelle est toujours plus atténué par la spécialisation et la bureaucratisation, et où le groupe de pairs exerce des pressions considérables sur la conduite de chacun et fixe les normes morales. Dans un pareil monde, je le crains, les gouvernements modernes qui souhaitent commettre un meurtre collectif échoueront rarement dans leurs efforts par incapacité à amener des "hommes ordinaires" à devenir leurs "bourreaux volontaires".

    Christopher R. Browning, Des hommes ordinaires : Le 101e bataillon de réserve de la police allemande et la Solution finale en Pologne (1994)

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  • "I comme Icare. L'expérience Milgram racontée par Henri Verneuil"

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  • Ogien : "L'Influence de l'odeur des croissants chauds sur la bonté humaine"

    CVT_Linfluence-de-lodeur-des-croissants-chauds-sur-l_4205.jpgAu vue de certaines recherches récentes en psychologie morale, on pourrait penser que les humains sont non seulement plus moraux qu’on a tendance à le dire, mais beaucoup trop moraux, c’est-à-dire beaucoup trop enclins à juger les autres, à faire la police morale, à fouiner dans la vie des gens, à se prendre pour des saints.

    C’est ce que John Stuart Mill suggérait déjà lorsqu’il écrivait : « Il n’est pas difficile de montrer, par de nombreux exemples, qu’étendre les limites de ce qu’on peut appeler la police morale, jusqu’à ce qu’elle empiète sur la liberté la plus incontestablement légitime de l’individu, est, de tous les penchants humains, l’un des plus universels.

    Ruwen Ogien, L'Influence de l'odeur des croissants chauds sur la bonté humaine (2011)

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  • Mauron : expériences de pensée

    Supposons que vous trouviez un anneau magique qui vous permette, en pivotant le chaton sur votre doigt, de vous rendre invisible à volonté. Donneriez-vous libre cours à vos mauvais penchants pour devenir un pickpocket insaisissable, pour ne jamais prendre de billet de train, pour tricher au casino ni vu ni connu ou encore pour strausskahniser incognito ? Ou allez-vous continuer de marcher droit, le ciel étoilé au-dessus de vous et la loi morale inscrite au dedans ? Autre expérience de pensée : un tramway dont les freins ont brusquement lâché dévale une voie qui descend dans une tranchée étroite. En aval, cinq ouvriers travaillent sur la voie et ne pourront pas se mettre à l’abri faute de place. Mais un peu au-dessus du groupe d’ouvriers, il y a un aiguillage qui pourrait faire bifurquer le tramway sur une autre voie, où travaille un ouvrier, lui aussi coincé par l’exiguïté des lieux. Vous promenant innocemment dans ces parages, vous êtes en position d’actionner l’aiguillage, sauvant ainsi cinq vies au prix du sacrifice d’une vie ? Le faites-vous ?

    Alex Mauron, in Revue médicale suisse
    https://www.revmed.ch

    Photo : Pexels - Fox

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  • Aristote : L’acte volontaire et le choix    

    Étant donné que ce qui est fait sous la contrainte ou par ignorance est involontaire, l’acte volontaire semblerait être ce dont le principe réside dans l’agent lui-même connaissant les circonstances particulières au sein desquelles son action se produit… Après avoir défini à la fois l’acte volontaire et l’acte involontaire, nous devons ensuite traiter en détail du choix car cette notion semble bien être étroitement apparentée à la vertu, et permettre, mieux que les actes, de porter un jugement sur le caractère de quelqu’un. 
    Le choix est manifestement quelque chose de volontaire, tout en n’étant pas cependant identique à l’acte volontaire, lequel a une plus grande extension. En effet, tandis qu’à l’action volontaire enfants et animaux ont part, il n’en est pas de même pour le choix ; et les actes accomplis spontanément nous pouvons bien les appeler volontaires, mais non pas dire qu’ils sont faits par choix… En effet, le choix n’est pas une chose commune à l’homme et aux êtres dépourvus de raison, à la différence de ce qui a lieu pour la concupiscence et l’impulsivité… Le choix n’est pas non plus un simple souhait, bien qu’il en soit visiblement fort voisin. Il n’y a pas de choix, en effet, pour les choses impossibles, et si on prétendait faire porter son choix sur elles, on passerait pour insensé ; au contraire, il peut y avoir souhait des choses impossibles, par exemple de l’immortalité. D’autre part, le souhait peut porter sur des choses (possibles) qu’on ne saurait d’aucune manière mener à bonne fin par soi-même, par exemple faire que tel ou tel athlète remporte la victoire ; au contraire, le choix ne s’exerce jamais sur de pareilles choses, mais seulement sur celles qu’on pense pouvoir produire par ses propres moyens. En outre, le souhait porte plutôt sur la fin, et le choix, sur les moyens pour parvenir à la fin : par exemple, nous souhaitons être en bonne santé, mais nous choisissons les moyens qui nous feront être en bonne santé ; nous pouvons dire encore que nous souhaitons d’être heureux, mais il est inexact de dire que nous choisissons de l’être : car, d’une façon générale, le choix porte, selon toute apparence, sur les choses qui dépendent de nous.

    Aristote, Ethique à Nicomaque, III (IVe s. av JC)

    Photo : Pexels - Andres Ayrton

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  • Platon : La maïeutique

    Théétète — Mais sache-le bien, Socrate, maintes fois déjà j'ai entrepris cet examen, excité par tes questions, dont l'écho venait jusqu'à moi. Malheureusement, je ne puis ni me satisfaire des réponses que je formule, ni trouver, en celles que j'entends formuler, l'exactitude que tu exiges, ni, suprême ressource, me délivrer du tourment de savoir.

    Socrate — C'est que tu ressens les douleurs, ô mon cher Théétète, douleurs non de vacuité, mais de plénitude.

    Théétète — Je ne sais, Socrate, je ne fais que dire ce que j'éprouve.

    Socrate — Or çà, ridicule garçon, n'as-tu pas ouï dire que je suis fils d'une accoucheuse, qui fut des plus imposantes et des plus nobles, Phénarète ?

    Théétète — Je l'ai ouï dire.

    Socrate — Et que j'exerce le même art, l'as-tu ouï dire aussi ?

    Théétète — Aucunement.

    Socrate — Sache-le donc bien, mais ne va pas me vendre aux autres. Ils sont, en effet bien loin, mon ami, de penser que je possède cet art. Eux, qui point ne savent, ce n'est pas cela qu'ils disent de moi, mais bien que je suis tout à fait bizarre et ne crée dans les esprits que perplexités. As-tu ouï dire cela aussi ?

    Théétète — Oui donc.

    Socrate — T'en dirai-je la cause ?

    Théétète — Je t'en prie absolument.

    Socrate — Rappelle-toi tous les us et coutumes des accoucheuses, et tu saisiras plus facilement ce que je veux t'apprendre... Mon art de maïeutique a mêmes attributions générales que le leur. La différence est qu'il délivre les hommes et non les femmes et que c'est les âmes qu'il surveille en leur travail d'enfantement, non point les corps. Mais le plus grand privilège de l'art que, moi, je pratique est qu'il sait faire l'épreuve et discerner, en toute rigueur, si c'est apparence vaine et mensongère qu'enfante la réflexion du jeune homme, ou si c'est fruit de vie et de vérité. J'ai, en effet, même impuissance que les accoucheuses [3]. Enfanter en sagesse n'est point en mon pouvoir, et le blâme dont plusieurs déjà m'ont fait opprobre, qu'aux autres posant question je ne donne jamais mon avis personnel sur aucun sujet et que la cause en est dans le néant de ma propre sagesse, est blâme véridique. La vraie cause, la voici : accoucher les autres est contrainte que le dieu m'impose ; procréer est puissance dont il m'a écarté. Je ne suis donc moi-même sage à aucun degré et je n'ai, par-devers moi, nulle trouvaille qui le soit et que mon âme à moi ait d'elle-même enfantée. Mais ceux qui viennent à mon commerce, à leur premier abord, semblent, quelques-uns même totalement, ne rien savoir. Or tous, à mesure qu'avance leur commerce et pour autant que le dieu leur en accorde faveur, merveilleuse est l'allure dont ils progressent, à leur propre jugement comme à celui des autres. Le fait est pourtant clair qu'ils n'ont jamais rien appris de moi, et qu'eux seuls ont, dans leur propre sein, conçu cette richesse des beaux pensers qu'ils découvrent et mettent au jour.

    Platon, Théétète (Ve s. av JC)

    Photo : Pexels - Magda Ehlers

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  • Prochaine séance : la 100e du Café Philo

    La prochaine séance du Café philosophique de Montargis se déroulera à la Médiathèque de Montargis le vendredi 19 janvier prochain à 19 heures.

    Au menu, non pas UN mais DES débats sur les expériences de pensée, mais aussi des surprises que nous vous concoctons. 

    A bientôt !

    Photo : Pexels - Karolina Grabowska

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  • "Connaissez-vous les expériences de pensée ?"

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  • Borges : L'Aleph

    CVT_cvt_LAleph_4933.jpgLa pensée la plus fugace obéit à un dessein invisible et peut couronner, ou commencer, une forme secrète. J'en connais qui faisaient le mal pour que le bien en résulte dans les siècles à venir ou pour qu'il en soit résulté dans les siècles passés... A cette lumière, tous nos actes sont justes, mais ils sont aussi indifférents. Il n'y a pas de mérites moraux ou intellectuels. Homère composa l'Odyssée ; aussitôt accordé un délai infini avec des circonstances et des changements infinis, l'impossible était de ne pas composer, au moins une fois, l'Odyssée. Personne n'est quelqu'un, un seul homme immortel est tous les hommes. Comme Corneille Agrippa, je suis dieu, je suis héros, je suis philosophe, je suis démon et je suis monde, ce qui est une manière fatigante de dire que je ne suis pas.

    Jorge Luis Borges, L'Aleph (1944-1952)

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  • Merci aux participants de la séance du 24 novembre

    Le vendredi 24 novembre, une cinquantaine de personnes était présente pour la séance à la Médiathèque de Montargis consacrée à ce sujet : "Nos actes nous engagent-ils plus que nos paroles ?"

    Merci à la Médiathèque de Montargis de nous avoir accueilli.

    La séance suivante aura lieu le 19 janvier à 19 heures, toujours à la Médiathèque. Il s'agira d'une 100e séance. Pour l'occasion, il y aura non pas un  mais plusieurs débats autour d'expériences de pensées, avec également des surprises !

    A bientôt ! 

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  • Bergson : Quelle est la fonction primitive du langage ?

    bergsonD'où viennent les idées qui s'échangent ? Quelle est la portée des mots ? Il ne faut pas croire que la vie sociale soit une habitude acquise et transmise. L'homme est organisé pour la cité comme la fourmi pour la fourmilière, avec cette différence pourtant que la fourmi possède les moyens tout faits d'atteindre le but, tandis que nous apportons ce qu'il faut pour les réinventer et par conséquent pour en varier la forme. Chaque mot de notre langue a donc beau être conventionnel, le langage n'est pas une convention, et il est aussi naturel à l'homme de parler que de marcher. Or, quelle est la fonction primitive du langage ? C'est d'établir une communication en vue d'une coopération. Le langage transmet des ordres ou des avertissements. Il prescrit ou il décrit. Dans le premier cas, c'est l'appel à l'action immédiate ; dans le second, c'est le signalement de la chose ou de quelqu'une de ses propriétés, en vue de l'action future. Mais, dans un cas comme dans l'autre, la fonction est industrielle, commerciale, militaire, toujours sociale. Les choses que le langage décrit ont été découpées dans le réel par la perception humaine en vue du travail humain. Les propriétés qu'il signale sont les appels de la chose à une activité humaine. Le mot sera donc le même, comme nous le disions, quand la démarche suggérée sera la même, et notre esprit attribuera à des choses diverses la même propriété, se les représentera de la même manière, les groupera enfin sous la même idée, partout où la suggestion du même parti à tirer, de la même action à faire, suscitera le même mot. Telles sont les origines du mot et de l'idée.

    Henri Bergson, La pensée et le mouvant (1922)

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  • Notez bien pour la prochaine saison

    La saison 14 du café philosophique de Montargis promet quelques événements à déjà noter sur vos agendas.

    Le 24 novembre, l'équipe du Café philo proposera une séance à la Médiathèque de Montargis, qui nous fait l'honneur de nous accueillir de nouveau. 

    Le vendredi 19 janvier, le Café philosophique de Montargis proposera sa 100e séance. Au menu, des surprises et un débat que nous espérons animer.

    Le samedi 16 mars, séance spéciale au Hangar de Châlette.

    Photo : Pexels - Charmaine

     

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