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Victor Hugo : Je n’ai point de colère et cela vous étonne

Je n’ai point de colère et cela vous étonne.
Votre tonnerre tousse et vous croyez qu’il tonne ;
Grondants, vous essoufflez sur moi votre aquilon :
Votre petit éclair me pique le talon ;
Je n’ai pas l’air de voir la peine qu’il se donne ;
Vous sentez quelque chose en moi qui vous pardonne,
Cela vous froisse. Au fait, on est trop châtié
De vouloir faire mal et de faire pitié.
Quoi ! s’unir contre un homme, en tenter l’escalade,
Et n’avoir même pas l’honneur d’une ruade !
Ne pas recevoir même un soufflet ! c’est blessant.
Le proscrit parfois tombe et jamais ne descend ;
Il laisse autour de lui grincer la haine infâme ;
Ce n’est pas pour cela qu’il dérange son âme,
Donc soyez furieux. Serai-je irrité ? Non.
Je doute que j’en vienne à savoir votre nom.
Les vieux bannis pensifs sont une race inculte ;
Avant de nous fâcher parce qu’on nous insulte,
C’est notre usage à nous qui sommes exigeants
De regarder un peu la stature des gens.

Victor Hugo, L’Année terrible (1872)

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