Café philo décembre 100e
Feuerbach : "Mais quelle est cette différence essentielle entre l'homme et l'animal ?" (1)
Mais quelle est cette différence essentielle entre l'homme et l'animal ? Il n'y a point à cette question de réponse plus simple, plus générale et en même temps plus populaire que celle-ci : c'est la conscience – mais conscience dans le sens strict du mot ; car on ne peut refuser la conscience aux animaux si on lui donne le sens de sentiment de soi-même, de faculté d'apercevoir, de distinguer et même de juger par les sens les objets extérieurs. La conscience dans le sens vrai n'existe que chez un être qui peut faire de son essence, de son espèce l'objet de sa pensée. L'animal se sent bien comme individu, il a bien le sentiment de lui même ; mais il ne se connaît pas comme espèce, et c'est pourquoi il est dépourvu de la conscience dont le nom dérive de savoir. Là où il y a conscience, là il y a capacité pour la science. La science n'est que la conscience des espèces. Dans la vie, nous sommes en rapport avec des individus, mais dans la science avec des genres, et il n'y a qu'un être capable de connaître sa propre essence, son espèce, qui puisse examiner les choses et les êtres différents de lui et s'en faire une idée qui réponde exactement à la nature spéciale de chacun d'eux.
Ludwig Feuerbach, L'Essence du christianisme (1841)
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