Café philo décembre 100e
Sarraute : Mentir
YVONNE : Mais Pierre est si intransigeant, si intolérant… Vous savez, mon petit Pierre, à qui vous me faites penser ? À ce personnage, je ne sais plus dans quel roman, dont quelqu’un disait : il ne laisse jamais personne mentir un peu… [1]
LUCIE : C’est vrai, Pierre, vous êtes terrible… On ne peut pas, comme ça, se faire le redresseur de torts, le justicier… Ça ne vous va pas, je vous assure.
PIERRE : Mais puisque je vous dis que ça a jailli malgré moi… c’est comme une poussée… Rien… la roue… le bûcher
JULIETTE (avec une gravité naïve) : C’est la vérité qui pousse comme ça. Il faut le dire à la décharge de Pierre : quand elle se met à pousser, la vérité…
JEANNE : Oui, hein, c’est dur à contenir… Ça demande un espace vital, on n’a pas idée… Ça a une force d’expansion…Nathalie Sarraute, Le Mensonge (1965)