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Meris Angioletti : au sujet de son exposition aux Tanneries

J’ai imaginé la nuit comme un espace d’anomalie et d’hybridation, où les barrières entre les êtres, humains et extra-humains, vivants et morts, et les pensées, conscientes et inconscientes, sont plus perméables.

Le point de départ pour la construction de l’exposition est le projet Onirocritique, un laboratoire en devenir pour le développement de rêves lucides collectifs. L’ensemble des voix qui partagent leurs expériences oniriques génère un lieu d’écoute, mais aussi de sommeil, de lecture, de repos, qui prend la forme d’un tapis, tissé par superposition de strates géologiques, d’où il est possible de faire l’expérience de l’exposition à l’horizontal. D’autres paroles viennent se mélanger, portées par des os, fabriqués en résine et coquillages, comme si les tréfonds de la mer avaient leur propre langue, audible par le touché des os du corps humain (mâchoire, vertèbres, côtes flottantes etc.) qui, à travers leurs vibrations, comme une caisse de résonance, participent à l’articulation et à l’émission vocale.

La nuit devient ainsi un lieu privilégié de communication, qui s’ouvre au renversement des locuteurs. C’est le cas des êtres qui animent la chasse nocturne de Hellequin, ancêtre du carnaval, et qui, entre vacarme de cornes, rafales de vent et cris d’oiseaux nocturnes (voir aussi la vidéo Interno Notte), viennent porter un message de fertilité du sol et de la végétation. Les feuilles éparpillées ainsi que les fresques à la craie, matière qui rappelle l’art populaire des madonnari italiens et leurs « apparitions » des saint·e·s et madonnes dans les rues, réactivent les traces de cet Arlequin sauvage, qui mène le renversement jusqu’à la figure d’un arbre dont les branches poussent vers le bas, énigme du Pendu, l’arcane 12 du Tarots de Marseille.

Au fil des métamorphoses, une nuit de pleine lune réveille le monde de l’au-delà et une urne funéraire, fabriquée en cendres, décrit au sol un cercle d’argile blanche qui porte en lui la mémoire et réactive une autre rencontre nocturne, une nuit de lecture qui a eu lieu sur cette même argile (Onirocritica#4, Coimbra, 2022).

Apparitions dans l’obscurité, les œuvres deviennent des expériences, des exercices pour apprendre à voir dans le noir.

Meris Angioletti (2023)

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