Café philo décembre 100e
Rice : Entretien avec un vampire
Je suivis Lestat en bas, dans la rue, et marchai longtemps. Les rues étaient sales à l'époque, c'étaient en fait de véritables caniveaux qui séparaient les îlots de maisons, et toute la ville était très sombre, si l'on compare aux villes de maintenant. Les lumières étaient comme des phares sur une mer obscure. Même dans l'aube qui se levait lentement, seuls les mansardes et les porches des maisons émergeaient de l'ombre, et pour un mortel les rues étroites que je trouvais sur mon chemin n'étaient que de ténébreux tunnels. Suis-je damné? Suis-je une émanation diabolique? Ma vraie nature est-elle une nature démoniaque? Je tournais et retournais sans cesse ces questions dans ma tête. Et, si cela est, pourquoi me révoulté-je contre cette nature, pourquoi ai-je tremblé quand Babette m'a jeté cette lanterne emflammée, pourquoi me détournde dégoût lorsque Lestat tue? Que suis-je devenu en me transformant en vamoire? Oò vais-je aller? Et pendant tout ce temps, tandis que mon désir de mort me faisait négliger ma soif, elle n'en devenait que plus ardente. Mes veines dessinaient un réseau de douleur dans ma chair, mes tempes palpitaient, et finalement je ne pus en supporter davantage...
Anne Rice, Entretien avec un Vampire" (1976)