Café philo décembre 100e
LE SPORT EXTRÊME OU LE PLAISIR D'AFFRONTER SA PEUR
Par Maude Landreville
Il faudrait martyriser longtemps un skater pour lui faire avouer qu’il est en fait un sportif. En effet, son passe-temps, peut-être sa passion, est inclus dans ce que l’on nomme les sports extrêmes. Certains diront que l’émergence de ces sports dits aussi de glisse n’est qu’un pot-pourri de pratiques dont la principale caractéristique semble être de vouloir mourir jeune. Pourtant, plus qu’un simple loisir, la pratique d’activités comme le parapente, la planche à neige, le surf et autres semble être un phénomène croissant. Plutôt que d’en traiter d’un point de vue anthropologique en tant que sous-culture, il s’agira ici de faire la genèse des événements ou des courants qui ont mené à cette révolution dans le monde des activités physiques. Par un survol du mouvement, je tenterai de démontrer comment le phénomène prend ou perd de l’ampleur selon qu’on l’analyse à travers une lunette d’approche plus spécifique et économique ou par celle, plus globalisante, de la psychologie.
Une recherche d’absolu
Tout d’abord, la racine du mot “sport” est anglaise: on part de desport pour en arriver en français à s’amuser. L’étymologie nous amène à remarquer la dimension ludique dans les sports extrêmes comparativement aux sports tels que nous les connaissons avec leurs règles et leurs records. En effet, il n’y a pas de définition comme telle des X sports. On les différencie entre autres par leur manque de résultats. L’importance est mise non pas dans la pratique à long terme d’un sport en vue de produire une performance, mais dans l’exécution, dans ce qu’elle contient en elle-même d’absolu. Faute de définition, voici une liste (un peu longue, mais incomplète) de ces pratiques et qui laisse quelques interrogations: surf, patins à roues alignées, windsurf (planche à voile), deltaplane, parachute, bodysurf, rafting, canyonning, benji, vtt, skate-board, snakeboard, footbag, vol libre, hydrospeed, ultramarathon, nage en eau vive, escalade, parapente, cerf-volant acrobatique, freesby, skysurf, monoski, ski extrême, via ferrata (“lignes de vie”, randonnée à la cime des montagnes avec cables et échelles), snowscoot, boomerang, etc. La plupart de ces sports alternatifs sont nés après 1970 et continuent de procréer. Ils sont en général en rapport direct avec la nature, se pratiquent en solo et pas par n’importe qui. C’est qu’ils imposent une certaine attitude (rebelle?), un langage particulier et un look. Alain Loret (1995) parle même d’une génération glisse dans son livre. Est-ce que toute cette mode ne serait en fait qu’une facette d’une société de consommation, qu’une preuve de plus de l’emprise de la culture américaine? L’argent serait-il encore le coupable? La question mérite d’être soulevée.