Salter : Bonheur et vie conjugale (28/10/2024)

CVT_Un-bonheur-parfait_3291.pngViri fut ému de retrouver cette image de la vie conjugale sous sa forme la plus pure, la plus généreuse, par laquelle il avait lui-même si souvent bouleversé les autres. Soudain, il se sentit vulnérable, impuissant. Il eut l’impression de ne rien savoir, d’avoir tout oublié. Il essaya de voir des failles dans leur bonheur, mais sa surface l’éblouissait. Les doigts de Claire dépourvus de bagues, leur minceur et leur nudité, le contour de ses joues, de ses genoux, le troublaient. Il connut un de ces moments de panique inavouables où l’on se rend compte que sa propre vie n’est rien.

Nedra vit aussi cette image, qui avait pour elle un autre sens : elle prouvait que la vie exigeait de l’égoïsme, de l’isolement et que, même dans un autre pays, une femme totalement inconnue pouvait le lui révéler d’une façon si limpide, car les Alba, elle en était sûre, tenaient à un certain mode de vie et l’avaient trouvé - par chance, ensemble.

James Salter, Un bonheur parfait (2008)

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