Compte-rendu du débat de "La Philo sous les arbres" le 23 juin 2018 (04/07/2018)
Le café philo se réunissait pour sa toute dernière séance de la saison aux Tanneries d’Amilly. Il s’agissait d’un rendez-vous exceptionnel, une "Philo sous les arbres," organisé le samedi 23 juin, dans le cadre des (f)estivales organisées par les Tanneries le week-end du 23 au 24 juin. Cette manifestation entrait dans le cadre de l’exposition Formes d’Histoires (28 avril au 2 septembre 2018). La Philo sous les arbres proposait de débattre notamment autour de cette question : "Qu’est-ce que les contes ont à nous raconter ?"
Les participants du café philo commençaient cette séance exceptionnel par une visite de l’exposition. L’enjeu de celle-ci porte sur les liens entre le réel et l’imaginaire, la vérité et la fiction, mais aussi les nouvelles formes artistiques et les contes et légendes. D’une certaine manière, les participants du café philo étaient invités à passer, telle la petite Alice, de l’autre côté du miroir (Claire-voie de Laetitia de Chocqueuse). À côté d’installations choc (le Tronçonné de Fabien Mérelle), engagées (Marion Baruch) ou surréalistes (le zèbre "Troché de face" de Ghyslain Bertholon), l’imaginaire des contes et légendes populaires est largement convié. Les créatures et les légendes populaires peuplent l’exposition : licornes, monstres mythologiques, l’âne de Peau d’Âne, les objets enchantés (le balai de Cendrillon en cristal Svaroski d'Andrey Frugier).
Une fois à l’extérieur du bâtiment d’exposition, le café philo s’installe sous les arbres du parc des Tanneries pour une discussion conviviale d’abord autour de l’art contemporain. La question de la réception de l’art contemporain par le public. Y aurait-il besoin d’un "mode d’emploi" pour appréhender telle ou telle œuvre qualifiée d’hermétique ? A priori, de quoi est-il question dans une exposition d’art sinon de réception personnelle d’une création ? Bergson parle de la fonction de l’art cherchant hors de nous et en nous des choses qui ne frappaient pas jusqu’alors notre conscience ? N’est-il pas question d’œuvre ouverte (Umberto Eco) ? Un cartel, un titre et quelques mots sembleraient suffire pour "comprendre" ce qu’a voulu créer l’artiste.
Cependant, ce dernier semblerait devoir proposer bien plus encore, a fortiori à une époque où des grands courants artistiques (romantisme, expressionnisme, etc.) ont disparu. Il est question de "recette de cuisine" que doivent proposer ces artistes afin de faire parler leurs œuvres. Il est bien question de langage, un langage artistique comme on parle de langage musical : écouter du Wagner n’est sans doute pas la même chose qu’écouter du Bach. De la même manière que l’art contemporain peut être aussi hermétique que l’art du Moyen Âge.
Mais dans ce langage contemporain, et à notre époque moderne, qu’est-ce que les contes ont encore à nous raconter ? Un participant évoque ces histoires de notre enfance que nos parents nous racontaient pour nous parler de faits trop dures pour être reçus par de jeunes enfants. Et encore, ces contes ont été édulcorées : l’histoire du Petit Chaperon Rouge n’a pas de happy end dans sa version d’origine, La Belle ne sacrifie pas sa virginité pour la Bête mais est contrainte par son père et la Belle au Bois dormant est réveillée par bien autre chose qu’un baiser…
Oui, les contes ont à nous raconter sur nous, nos vies. Lorsqu’Edi Dubien parle de métamorphoses et de transformations, c’est aussi de lui dont il est question. Peau d’Âne pourrait bien symboliser cette idée du changement d’apparence, de métamorphoses et, pourquoi pas, de sexe…
Ce débat aux Tanneries vient ainsi clôturer la neuvième saison du café philo. Les organisateurs prennent déjà rendez-vous le 21 septembre 2018 au Belman pour une prochaine séance.
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