"LA SOCIÉTÉ TOLÈRE DE MOINS EN MOINS LES ESPACES DE DÉVIANCE" (24/11/2011)

Joël Zaffran est professeur en sociologie, spécialiste des questions de temps scolaire et de loisirs des adolescents. Il dirige le département de sociologie de l'université Bordeaux-II et le centre de formation en sciences sociales appliquées. Son dernier ouvrage, Le Temps de l'adolescence, entre contraintes et libertés, est paru en 2010 aux Presses universitaires de Rennes. Entretien.

Pourquoi les adolescents ne vont-ils pas vers les activités et les installations que les collectivités locales leur proposent ? Ce constat est-il régional, et quelle est votre analyse sur le sujet ?

Cela part d'un constat simple, régional et national : à partir de 12 ans, on observe une chute de fréquentation des structures de loisirs. Cette désaffection n'est pas qu'une question financière, car elle touche aussi les zones sensibles, où l'offre de loisirs est souvent gratuite. Ce constat questionne les collectivités soucieuses de rendre captif le public adolescent. Elles y répondent à partir du modèle du marché, à savoir par l'ajustement de l'offre de loisirs à la demande des jeunes. C'est une erreur, car, en ouvrant la porte des besoins, on descelle dans le même temps le tonneau des Danaïdes : un besoin en appelle un autre. Cela oblige à des arbitrages épineux entre les activités à financer et les demandes qui ne seront pas retenues. De plus, ces arbitrages sont faits en ayant une vue partielle sur ce que doivent être les loisirs des adolescents puisqu'ils procèdent d'une vision "adultocentrée" sur leurs demandes. De sorte que si les deux ou trois activités retenues n'attirent pas les jeunes, on en conclut, un peu rapidement, que les adolescents sont irresponsables et irrationnels, et qu'il est inutile, par conséquent, de leur demander leur avis. Cela ne fait que conforter l'attitude de défiance et de suspicion vis-à-vis des jeunes...

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Source : Le Monde

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